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Pandémie et Planète

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Nous devons comprendre la pandémie de Covid-19 comme une sous-crise de la crise climatique. L'inaction face au changement climatique, comme l'inaction face au Covid-19, n'est pas liée à un manque de reconnaissance de la gravité de ces crises, mais est due au problème de privilégier la création de richesse au détriment des vies humaines. Les décès dus à ces deux crises sont des meurtres sociaux. Cet article est paru dans la revue de stratégie, d'ananyse et de culture socialiste canadienne MidnightSun en juin 2021.

Ce n'est que quelques mois après la grève mondiale pour le climat, peut-être la plus grande mobilisation mondiale jamais organisée pour agir contre la crise climatique, que la pandémie de Covid-19 a englouti le monde. Une crise s'est superposée à une autre. Les parallèles entre la pandémie et la crise climatique sont nombreux ; toutes deux peuvent être comprises comme des manifestations de la crise plus large du capitalisme. En parcourant certains points de rencontre entre les deux, peut être pourrons-nous apprendre quelque chose pour nous aider à les affronter.

Le capitalisme, à la fois origine et terrain

Au cours des deux dernières décennies, le mouvement pour la justice climatique a articulé une analyse qui désigne le capitalisme et le colonialisme comme causes fondamentales du changement climatique. Le capitalisme repose sur l'exploitation continue du travail de personnes qui transforment les ressources naturelles en objets ayant une valeur marchande. C'est un système mû par la-croissance-ou-la-mort qui, en son cœur, suppose une expropriation sans fin du monde naturel pour être utilisé dans son processus de production. La majeure partie des profits tirés de la dégradation de l'environnement et des humains est reversée à une petite classe capitaliste : les 1% les plus riches du monde sont responsables de deux fois plus d'émissions que les 50% les plus pauvres. Le développement capitaliste racial s'est historiquement appuyé, et continue de s'appuyer, sur la violence, l'esclavage et la dépossession des terres indigènes pour assouvir son besoin de croissance constante. Dans le même temps, et de manière disproportionnée, il se décharge des effets de la destruction de l'environnement sur cell·eux qui sont déjà les plus exploité·es : les communautés noires, indigènes et pauvres du monde entier. L'idéologie suprématiste blanche est utilisée pour rationaliser ce développement.

Le capitalisme racial, le colonialisme et la suprématie blanche sont des causes fondamentales non seulement du changement climatique, mais aussi de la pandémie. L'extractivisme et la dépossession des terres ont conduit à de plus grandes perturbations des écosystèmes par les humains, augmentant ainsi les risques de débordement zoonotique, où un nouvel agent pathogène est transmis des animaux non humains aux humains. Le changement climatique lui-même, avec ses phénomènes météorologiques extrêmes et ses chocs sur les écosystèmes existants, peut accroître le risque de ces débordements.

 Ces causes fondamentales du changement climatique et de la pandémie façonnent le terrain des inégalités raciales et économiques sur lequel les crises se déroulent. Les communautés les plus touchées par le capitalisme racial sont également celles qui ont été rendues les plus vulnérables aux crises écologiques et épidémiologiques, tandis que les riches sont en mesure de mobiliser des ressources pour se protéger des événements climatiques extrêmes (par exemple, en construisant des dispositifs de protection contre les inondations ou en déménageant) et s'abriter chez ell·eux du SRAS-CoV-2 (ou même se déplacer à travers le monde pour le fuir). Ce n'est pas une coïncidence si les habitant·es des quartiers anciennement « redlined » - communautés à prédominance noire aux États-Unis qui ont d'abord été exclues des prêts au logement, puis ciblées par des politiques de prêts prédatrices - sont affecté·es de manière disproportionnée non seulement par les chaleurs extrêmes et les inondations, mais aussi par le Covid-19. Et par les catastrophes sociales qui ont suivi, comme les expulsions.

Ce que cachent les modèles

En dépit de l'origine systémique de la pandémie et de la crise climatique, les réponses qui leur sont apportées prennent souvent appui sur quelque chose de bien plus limité : leurs trajectoires hypothétiques modélisées. Tous les deux ans, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publie des rapports qui modélisent la manière dont différentes interventions supplémentaires sur le climat pourraient conduire à des avenirs différents. Les organisations environnementales traditionnelles utilisent souvent ces projections pour souligner l'urgence de la crise et définir l'ampleur de leurs revendications. La logique graduelle de ces modèles climatiques et économiques se reflète également dans des politiques telles que la tarification du carbone, qui tentent d'attribuer un prix de marché aux productions industrielles à l'origine du changement climatique, mais n'abordent pas la manière dont les niveaux de préjudices climatiques nécessaires au capitalisme détruiront la planète. Une énergie rhétorique importante est dépensée pour organiser les preuves afin de convaincre les gens d'« écouter la science ». Cela suppose que le problème réside dans le fait que des personnes ou l'État ne comprennent pas la science, ou ne la prennent pas suffisamment au sérieux parce que les effets de la dégradation de l'environnement semblent lointains.

Cette centralité de la modélisation prédictive s'est intensifiée au cours de la pandémie, car nous avons été constamment tenus au courant des modèles épidémiologiques décrivant les trajectoires possibles des nouvelles infections et des décès dus au Covid. Bien qu'elle ait été intégrée avec succès dans les réponses à la pandémie dans certaines parties du monde (la Nouvelle-Zélande en est le principal exemple), la modélisation seule n'a souvent pas réussi à susciter une réponse de santé publique adéquate de la part des États capitalistes, ce qui a entraîné des décès évitables en masse (comme aux États-Unis, au Brésil et en Inde, une somme de désastres particulièrement abjects). Ces modèles sont des outils essentiels qui peuvent nous aider à comprendre les crises auxquelles nous sommes confronté·es. Mais lorsque nous leur accordons une confiance excessive, nous oublions que les modèles ne sont que cela : des abstractions du monde réel, imprégnées d'hypothèses et contraintes par la nécessité statistique de limiter la portée des causes étudiées. En tant que tels, ils peuvent masquer les structures d'oppression qui constituent à la fois l'origine et le terrain des crises, ainsi que les contestations politiques qui se déploient dans la lutte pour y répondre. 

Responsabilité individuelle, meurtre social

De nombreuses organisations environnementales traditionnelles se sont historiquement attachées à convaincre d'agir à une échelle individuelle plutôt qu'à s'organiser collectivement contre les forces capitalistes au cœur de la crise climatique. Cette focale individuelle accompagne l'hypothèse selon laquelle il est difficile de susciter une action de masse sur le changement climatique parce que les effets du réchauffement planétaire semblent abstraits et éloignés dans le temps. De même, même si les preuves sont claires que le Covid-19 peut être considéré comme une maladie professionnelle qui se propage de manière significative par la transmission sur les lieux de travail, de nombreux·ses dirigeant·es politiques ont continué à blâmer non pas les patron·nes qui créent des conditions de travail dangereuses, mais les travailleur·euses qui en souffrent et en meurent. 

Lorsque Friedrich Engels a écrit sur la mort des membres de la classe ouvrière à Manchester en 1845, il a utilisé la notion de « meurtre social ». Il a rassemblé des preuves que ces décès étaient le résultat de conditions créées par le capitalisme, et que la classe capitaliste le savait et avait choisi de ne pas agir. Il en a été de même tout au long de la pandémie de Covid-19. Et l'inaction de la classe dirigeante à laquelle nous assistons actuellement devrait mettre un terme à toute idée selon laquelle une inaction similaire face au changement climatique serait due au fait que ses effets sont « abstraits ». Contrairement aux modèles climatiques, les modèles de la maladie infectieuse Covid-19 prévoyaient et prévoient encore des cas et des décès dans un avenir très proche, et pourtant la plupart des dirigeant·es politiques ont choisi de tolérer une quantité importante de maladies et de décès afin de maintenir les circuits de capitaux. À l'heure actuelle, aux États-Unis, il y a environ 300 décès dus au Covid-19 chaque jour, pourtant, les directives du CDC, les messages de l'administration Biden et la suppression des avantages sociaux et des moratoires contre les expulsions ont tous fait pression sur les travailleur·euses pour qu'iels retournent sur des lieux de travail souvent dangereux. Pendant ce temps, la croissance de la richesse des milliardaires aux États-Unis s'est accélérée pendant la pandémie. L'inaction face au changement climatique, comme l'inaction face au Covid-19, n'est pas liée à un manque de reconnaissance de la gravité de ces crises, mais est due au problème de privilégier la création de richesse au détriment des vies humaines. Les décès dus à ces deux crises sont des meurtres sociaux.

Fin de partie

Les propositions visant à atteindre le « zéro Covid », c'est-à-dire à supprimer le virus plutôt que le tolérer jusqu'à ce qu'il menace de submerger les systèmes de soins de santé, ont été rejetées comme étant peu pratiques et trop difficiles à mettre en œuvre. Pour parvenir à une suppression quasi-totale du virus dans une région donnée, il faudrait envisager de fermer les lieux de travail, de garantir des conditions de sécurité dans les lieux de travail qui ne peuvent pas être fermés, de déployer massivement des ressources pour les tests et les équipements de protection individuelle (EPI), de procéder à des libérations de prisonnier·es et d'interdire les expulsions. Il n'est pas de bon augure pour la lutte contre le changement climatique que de nombreux·ses dirigeant·es politiques dans le monde se soient abstenu·es de prendre des mesures aussi décisives pour prévenir les décès massifs (en particulier après la première vague de la pandémie), tandis que la plupart des organisations de la société civile n'ont trouvé aucune tactique capable de pousser ces dirigeant·es à adopter une réponse politique plus humaine.

Alors que dans les pays riches comme les États-Unis et le Canada, les vaccins apparaissent comme des solutions technologique miraculeuses, élaborés pratiquement du jour au lendemain, ils sont en fait conçus sur des principes et des technologies issus de décennies d'investissements publics dans la science à travers le monde. Pourtant, les régimes de propriété intellectuelle ont limité l'accès de la plupart des pays du monde aux vaccins en les transformant en marchandises. Les États du Nord ont conclu des accords avec des sociétés pharmaceutiques monopolistiques pour obtenir un accès prioritaire, tout en défendant fermement le droit de ces sociétés à réaliser des profits privés obscènes sur le dos du financement public. Et même un accord équitable sur les vaccins ne les transformerait pas en une solution systémique. Ce sont des solutions temporaires qui doivent être repensées à mesure que de nouvelles maladies apparaissent et que les maladies existantes mutent. La décision du Nord global de permettre à la crise du Covid-19 de se poursuivre dans la plupart des pays du monde augmente le risque d'apparition de variants du virus nécessitant une nouvelle conception de vaccins ; cette décision a donc l'effet pervers d'augmenter les profits potentiels futurs des monopoles pharmaceutiques. De la crise climatique à cette pandémie en passant par la prochaine, se reposer sur le capitalisme pour trouver des réponses est une voie qui mène au désastre.

Que devons-nous faire ?

Les deux crises du Covid-19 et du changement climatique ont des origines entremêlées, elles ont exacerbé les inégalités existantes de manière similaire, et elles ont souvent été confrontées aux mêmes types de réponses graduelles et technocratiques. L'affinité entre ces luttes a des implications sur la façon dont nous les affrontons.

D'une part, la réponse inopérante face au Covid-19 devrait tempérer tout espoir que l'éloignement apparent du changement climatique (l'idée qu'il s'agit d'une crise « abstraite », « future ») puisse expliquer l'inaction climatique. L'expérience de la pandémie devrait nous amener à nous demander si les stratégies d'organisation visant à rendre le changement climatique plus « réel » pour le public ou les décideur·euses politiques sont une réponse. Nous avons assisté à une acceptation durable de la mort de masse, en particulier lorsque les personnes qui meurent sont âgées, handicapées, indigènes, noires, migrantes, racisées, féminisées et pauvres. Les États capitalistes et les dirigeant·es politiques d'une grande partie du monde ont protégé le capital pendant la pandémie, même au prix d'un nombre énorme de décès évitables. Cette expérience devrait clarifier le fait que la lutte pour la justice climatique est en son cœur une lutte contre le capitalisme et la suprématie blanche, et ne consiste pas à convaincre les élites des vertus morales de l'action.

Nous devons également comprendre cette pandémie comme une sous-crise de la crise climatique. Il est désormais presque certain que nous continuerons à voir de nouveaux débordements zoonotiques, ainsi que de nouveaux variants du SRAS-CoV-2, des phénomènes qui peuvent être considérés comme des ramifications du changement climatique, l'organisation de la justice climatique devrait articuler une analyse qui lie ces fils ensemble. La lutte contre les maladies infectieuses devient alors indissociable de la lutte pour la justice climatique.

Et comme le démontrent les monopoles sur les vaccins, les avancées technologiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre ou à se protéger contre les phénomènes météorologiques extrêmes auront tendance à être exclusives, à favoriser les riches et à être orientées vers la maximisation du profit privé. Il est important de se rappeler que des idées dangereuses comme la géo-ingénierie, qui, selon le capitalisme vert, pourraient sauver la planète (et aussi faire beaucoup d'argent), ne sont pas analogues aux vaccins qui ont été étudiés et testés pendant plus d'un siècle. Le capitalisme vert n'est pas la solution. Nous devons nous battre pour l'investissement public dans la science et la technologie, et nous battre pour que les bénéfices de cette recherche soient accessibles à tous·tes - en particulier à cell·eux qui sont le plus gravement menacé·es par les pandémies et les crises climatiques que le capitalisme engendre.

Tout comme le mouvement pour la justice climatique doit tirer des leçons de la pandémie, la santé publique a beaucoup à apprendre de la justice climatique. Les partisan·nes de la justice climatique n'ont pas hésité à identifier le capitalisme, le colonialisme et la suprématie blanche comme des causes profondes de la crise climatique. Cell·eux qui luttent pour la justice en matière de santé devraient établir des liens équivalents, puisque ces mêmes forces dégradent la vie humaine et entraînent la maladie et la mort. La justice climatique et la justice sanitaire peuvent sembler plus étroitement liées aujourd'hui que jamais, mais elles l'ont toujours été. Plus nous soulignerons les liens durables entre ces luttes, plus nous pourrons identifier nos ennemis communs et unir nos efforts pour les combattre.

Sudipta Saha, est chercheur en santé publique et s'intéresse à l'économie politique de la santé. Il est impliqué dans Climate Justice Toronto.

Les Bourses du travail, une expression de l'autonomie ouvrière

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

On peut considérer que les Bourses du travail sont la première marque de maturité du syndicalisme révolutionnaire naissant en France en 1892. C'est la spécificité du mouvement ouvrier et syndical français qui se réorganise suite au massacre de la Commune de Paris, achevée par la Semaine sanglante (du 21 au 28 mai 1871).

C'est en parallèle la réaction au syndicalisme corporatiste (contraire de interprofessionnel) de la Fédération Nationale des Syndicats, contrôlée par le Parti Ouvrier Français de Jules Guesde, premier propagandiste du marxisme dans l'hexagone en y apportant néanmoins une vision social-démocrate et avant-gardiste : contrôle du syndicat par le parti politique formé en élite. La Bourse du travail, apparu en 1887 à Paris, était en premier lieu une structure ancêtre à ce que l'on pourrait nommer aujourd'hui Pôle Emploi. C'était un bureau de placement pour les ouvriers et également un lieu qui permettait d'informer et relayer les demandes d'emplois et les formations professionnelles selon une zone géographique donnée. Comme ces bâtiment, étaient fréquentés et gérés que par des ouvriers, les Bourses du travail devinrent vite des lieux d'échanges, de communications puis de coordination avec petit à petit une conscience de classe qui émergea et qui transforma la Bourse du Travail en lieu de contre-pouvoir.

Devant ce nouvel outil et son efficacité populaire, d'autres Bourses du Travail voient le jour sur le territoire jusqu'à la création en 1892 d'une Fédération des Bourses du travail.

Marseille 20/03/2009

Le syndicalisme révolutionnaire apparaît en corollaire avec l'entrée massive dans ces structures de militants ouvriers anarchistes qui abandonnent à cette période leur stratégie « illégaliste » de la « propagande par le fait » (attentats, braquages) en proie à une terrible répression et des militants ouvriers blanquistes et allemanistes (socialistes révolutionnaires) abandonnant leur stratégie « insurrectionaliste » (insurrections spontanée et continues), les Bourses du Travail se transforment en véritable arme prolétarienne de contre-culture, formation, contre-pouvoir et sociabilité ouvrière.

Avec cette dynamique de fusion de ces trois courants révolutionnaires prolétariens, elles portent alors une solidarité dépassant les diversités de professions et de corporations pour s'inscrire dans une solidarité de proximité géographique, d'aspiration à la transformation sociale, car les militants ouvriers l'ont compris, c'est bien à travers la solidarité interprofessionnelle que l'éveil révolutionnaire vers le socialisme est le plus apte à s'affirmer et se développer. En effet, la finalité du projet des Bourses du Travail était d'être à la fois un outil d'émancipation intégrale des travailleurs-euses et un instrument d'organisation de la société future, en assurant la formation d'une classe ouvrière autonome grâce aux multiples services qu'elles proposaient. L'efficacité est telle qu'en 1896 on dénombre 46 Bourses du travail qui ont fédérés 862 syndicats.On estime à 48% le nombre de syndiqués en 1900 rattachés à une Bourse du Travail via l'adhésion de leur syndicat.

La Bourse du Travail ne se limitait pas à une lutte de classe quotidienne, les militants ouvriers révolutionnaires et syndicalistes ont formé la structure pour qu'elle soit en capacité de se substituer aux institutions bourgeoises. Concrètement, dans le processus révolutionnaire la Bourse du travail devait prendre le pouvoir sur la municipalité, le conseil général ou le département, mais aussi et surtout réorganiser la production, la circulation et la répartition des services locaux et des produits matériels. Elle apparaît alors comme étant la seule structure capable d'assurer une socialisation réelle sur l'échelon local/départemental/régional.

En 1902, la Fédération des Bourses du travail fusionne avec la Confédération Général du Travail crée en 1895 sur les cendres de l'ancienne fédération corporative des syndicats en perte de vitesse. Cela va permettre d'incorporer les Bourses du Travail dans ce qu'on appelle les Unions Locales ou Union Départementale de la Confédération et ainsi donner une vision nationale voir internationale de la révolution sociale car l'Union Locale, la Bourse du travail, pouvait alors assurer le lien sur de plus grosses échelles via la structure confédérale.

Bref, les Bourses du travail, après le premier rôle institutionnel d'en faire des bureaux de placement et des locaux de réunions, deviennent très vite des centres d'éducation populaire – comme disait Fernand Pelloutier : « Éduquer pour révolter » – et des foyers d'agitation constante d'autonomie ouvrière où les militants ouvriers se forgent leur propre expérience. L'action syndicale que les Bourses mènent se définit par le rôle solidaire envers les grèves locales, voire nationales, même si elle n'avait pas vocation à être actrices premières, l'instrument de lutte étant alors le syndicat groupant les travailleurs-euses concerné-es. La Bourse jouait bien souvent un rôle déterminant en raison de l'expérience et des conseils qu'elle pouvait donner, de la capacité d'intervention et d'organisation de ses militants ou encore de la solidarité financière et morale qu'elle entraînait. Mais elle se définit aussi dans une implication dynamique lors de journées comme le 1er mai, par la diffusion et la formation des idées, par des revendications du syndicalisme d'époque comme la journée de huit heures, par la grève générale ou encore l'antimilitarisme et anti-guerre à la veille du premier conflit mondial.

En étant une structure d'entente, de regroupement et de coordination au niveau local, le but principal des Bourses en cas de mouvement de grève était la solidarité à tous les niveaux, auprès de toutes les corporations de la ville, de la localité : par exemple, l'organisation d'une caisse de grève afin de pouvoir soutenir financièrement toutes les corporations engagées dans un conflit social, et l'envoi de militants sur les lieux afin de servir de conseillers et d'orateurs. Bien souvent, l'intervention de militants expérimentés des Bourses dans un conflit fut déterminante pour la réussite de celui-ci.

Les militants syndicalistes des Bourses du Travail de cette époque étaient convaincus que pour arriver à l'émancipation du prolétariat, il fallait lui donner les moyens de s'émanciper, de pouvoir porter et assumer un projet de transformation sociale dont les bases sont posées dans le monde capitaliste par les organisations de classe et d'autonomie ouvrière : les syndicats d'industries, les Unions Locales et les Bourses du Travail.

L'objectif des Bourses du travail était donc de rendre le socialisme plus attrayant en privilégiant cette autonomie, en organisant des fêtes, des conférences et soirées musicales ou théâtrales qui débouchaient sur des causeries, des débats autour de thèmes politiques, culturels et du travail, tout en gardant une pratique de classe, c'est-à-dire que, contrairement aux partis et organisations politiques, tout était organisé par la classe et pour la classe suivant la devise de la Première Internationale (association de travailleurs créée en 1864 par des militants révolutionnaires essentiellement français et anglais) : « l'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ».

Tiré du site Cahier d'histoire

Urgent : Suite à l'expulsion de l'Ambassade des immigrés

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Suite à l'expulsion de l'Ambassade des immigrés, au moins 7 de nos camarades ont été arrêtés et emmenés au commissariat.

Rassemblement devant le commissariat au 22 rue de l'Aubrac, 12e arrondissement.

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Ligne 18 - Terminus Saclay ! - Grande marche le samedi 22 octobre

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Samedi 22 octobre sur le plateau de Saclay, stoppons le saccage des terres agricoles fertiles en Ile-de-France !
Rendez-vous 10h gare de Saint-Quentin en Yvelines (RER C)
Étape vers 12h30 à Villaroy puis pique-nique et animations
Départ de Villaroy à 15h (action symbolique sur le futur tracé de la ligne 18)
Arrivée à Saclay à 18h

Autour de Paris, sur le plateau de Saclay au sud, sur le triangle de Gonesse au nord, les lignes 17 et 18 du Grand Paris Express, prévues en plein champ, menacent de détruire des milliers d'hectares de terres fertiles. Ces deux projets inutiles et ruineux (d'un coût total près de 9 milliards d'euros) sont imposés sans réel débat, alors que tant de besoins de transport ne sont pas satisfaits. Sous prétexte d'un « développement économique » jamais questionné, de promesses d'emploi et de logement jamais tenues, c'est un Grand Paris de béton qui n'en finit pas de s'étendre.

Dans les zones denses, le béton coule aussi à flots : les chantiers du nouveau métro, ses gigantesques gares et ses équipements olympiques, éventrent les quartiers, détruisent les derniers jardins et espaces de vie, produisant des millions de tonnes de déchets pollués et chassant toujours plus loin les populations modestes. Pendant ce temps, les habitant.e.s de la banlieue s'entassent chaque jour dans les lignes vétustes et bondées du RER, ou perdent des heures dans la pollution des bouchons routiers.

Le projet du Grand Paris, ce n'est pas le ruissellement des richesses, c'est un modèle mortifère et obsolète de compétition stérile entre métropoles, de mobilité frénétique, de surenchère technologique et d'inégalités sociales exacerbées. A l'antipode des urgences climatique et environnementale, ces mégapoles tentaculaires perpétuent la vision d'un monde sans limites, consumériste et déconnecté du vivant. Elles ne peuvent survivre que par la prédation implacable de leurs périphéries, où les plateformes logistiques géantes finiront par disputer nos dernières terres nourricières aux fermes-usine de l'agro-industrie.

Face aux bouleversements qui s'annoncent, c'est un autre monde que nous voulons. Les experts et les scientifiques le répètent : en Ile-de-France comme ailleurs, notre dépendance énergétique et alimentaire doit nous amener à réduire les flux. Pour cela, il faut réduire les trajets domicile-travail à la source, en aménageant et préservant des bassins de vie à taille humaine, autonomes, où chacun.e pourra travailler, se déplacer de manière apaisée, produire et consommer une alimentation saine et locale, et reconstruire un lien respectueux avec autrui et la nature.

Sur le plateau de Saclay, le samedi 22 octobre prochain, nous marcherons pour dénoncer les aberrations écocides et anachroniques du Grand Paris, et reprendre en main l'avenir de nos territoires. Nous demandons :

- l'abandon définitif du tronçon ouest de la ligne 18, du tronçon nord de la ligne 17 et de sa gare en plein champ de Gonesse, et un moratoire sur tous les chantiers pharaoniques et inutiles du Grand Paris

  • la réaffectation des budgets correspondants à l'entretien et la rénovation des transports du quotidien (notamment les RER B, C et D), et le développement des mobilités douces (marche, vélo) et des dessertes de proximité, seules à même de réduire l'utilisation de la voiture
  • la sanctuarisation des jardins et terres agricoles nourricières de l'Ile-de-France, la création et le renforcement de filières de production alimentaires locales et de qualité, le soutien à une agriculture paysanne et nourricière et le développement de services de proximité dans les centre-villes (sanitaire et social, éducation-formation, petit commerce et artisanat, services publics, économie sociale et solidaire).
  • une véritable démarche démocratique, transparente et contradictoire, impliquant largement les citoyen.ne.s, et au premier chef les habitant.e.s, dans les choix d'aménagement de leurs territoires

La préfecture des Hauts-de-Seine délivre 83 récépissés aux grévistes sans papiers du piquet de RSI

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Les travailleurs sans-papiers intérimaires de RSI (Gennevilliers - 92) ont débuté leur grève le 2 novembre 2021. La préfecture du 92 leur délivre enfin 83 récépissés.

La lutte continue pour la régularisation de tous les occupants des piquets de DPD et Chronopost

Les travailleurs sans-papiers de la plateforme de DPD du Coudray-Montceaux, de l'agence Chronopost d'Alfortville et de l'agence d'intérim RSI de Gennevilliers sont en grève depuis l'automne 2021. La principale revendication dans ce conflit du travail est la régularisation des travailleurs en lutte des 3 piquets dans le cadre d'une négociation collective.

M. Darmanin a reçu le 29 septembre une délégation concernant uniquement la situation du piquet de RSI à Gennevilliers. suite à l'interpellation de Mme Faucillon, députée des Hauts-de-Seine. Depuis, la préfecture des Hauts-de-Seine a convoqué 83 des occupants qui ont reçu des récépissés avec autorisation de travail avec la mention « a demandé un premier titre de séjour portant la mention travailleur temporaire ». C'est une première étape importante pour les camarades en grève depuis bientôt un an !

Cette avancée sur RSI est un premier résultat de la mobilisation unitaire et du soutien réciproque des 3 piquets depuis le début de cette lune commune. Il reste plusieurs personnes, occupants du piquet depuis le début, qui n'ont toujours pas de perspective de régularisation. Quant à la demande portée sur le récépissé, elle ne correspond bien sûr pas à notre revendication qui est celle d'un titre pérenne.

Cependant, aucune réponse n'a été donnée concernant les piquets de DPD et Chronopost alors même que l'État est un actionnaire stratégique du donneur d'ordre qu'est La Poste.

Nous demandons donc des réponses concrètes pour la régularisation de l'ensemble des occupants des 3 piquets, dans cette lutte qui dure depuis bientôt un an.

Nous avons fait une nouvelle demande d'audience au Ministère de l'Intérieur pour la régularisation de l'ensemble des occupants des piquets de travailleurs sans papiers en grève !

Nous appelons l'ensemble des personnes qui soutiennent notre lune à venir renforcer nos cortèges dans les manifestations suivantes ;

  • Jeudi 20 octobre à 12h : manifestation à Créteil, de La Poste Créteil Eglise (1 rue de Paris) jusqu'à la préfecture du 94
  • Mardi 25 octobre à 13h : manifestation de Porte d'Orléans jusqu'au siège de Chronopost (3 Bd Romain Roland, 75014 Paris)
  • Jeudi 27 octobre à 13h : manifestation à Évry, de la mairie (Place des droits de l'homme) jusqu'à la préfecture du 91 (boulevard de France).

Le 17 octobre 2022

Collectif des travailleurs sans papiers de Vitry-sur-Seine (CTSPV), Solidaires, Sud PTT