Riff's Links"Lors des attentats de janvier, nous étions tous au travail lorsqu'un collègue a appris qu'il y avait eu des tirs à Charlie hebdo. Nous sommes modérateurs pour la presse sur Internet. Dans le cas d'une actualité comme celle-là, nous nous préparons psychologiquement au tsunami de merde qui va arriver ; désolée de l'image mais je n'en vois pas d'autre pour qualifier ce qu'on voit. Nous appelons nos clients, abordons la charte que l'on va appliquer, les points sensibles, les hésitations possibles. On attend confirmation des noms des morts pour pouvoir publier les commentaires qui en parlent.
Nous savons qu'en quelques minutes, des milliers de commentaires vont déferler et que cela ne sera pas beau ; la tristesse de quelques uns sera oubliée, fondue par le racisme et la colère des milliers d'autres. Nous pouvons lire quelques 5 ou 6000 commentaires en une journée pour vous donner une idée. Mes internautes répètent en boucle le néologisme "padamalgam"pour s'empresser d'en faire.
Alors on s'arc boute, on pleure. C'est curieux de pleurer pour un boulot n'est ce pas ?
Le plus paradoxal est qu'on n'a pas le temps de pleurer les morts ; on pleure de ce qu'on lit, on pleure de la haine, on pleure du racisme, on pleure de ce qu'il va advenir si les commentaires se répercutaient un jour dans les urnes."
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