« À quoi bon quand celles et ceux qui te liront seront a priori plutôt d’accord avec toi, dans les grandes lignes. À quoi bon quand celles et ceux que tu aimerais avoir comme lecteurs et lectrices, en dehors du cercle anarcho-féministe en gros, passent leur chemin. Étiquetée comme il se doit, le lectorat est déjà d’ores et déjà délimité strictement, après tout je vais pas lire tellement de choses en dehors de ce cercle là, moi non plus.
Je pense à ça parce que quelqu’un de mon entourage s’est mis à me causer de chemtrails, et je me suis sentie on ne peut plus démunie et inutile : tout ce que je pouvais lui envoyer d’articles scientifiques ou politiques pour contrer son discours était invalidé de fait. Invalidé (et donc non lu) parce que étiqueté dans le sens inverse du poil. »
Billet un peu désespéré face aux théories conspirationnistes difficiles à contrer avec les méthodes habituelles (avec des arguments).
− Yvain
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... oui, c'est pas évident d'argumenter dans ce genre de cas...
D'autant plus dur, qu'en plus tu te reprends parfois des références à tes propres arguments détournés, déformés et vidés de leur sens dans les dents...
D'autant plus dur quand c'est un proche, un ami ou quelqu'un de ta famille et que tu oscille entre marcher sur des œuf pour ne pas perdre quelqu'un à qui tu tiens ou foncer franchement dans le tas pour crever l’abcès une bonne fois pour toute, parce qu'entre proche on devrait pouvoir avoir des désaccords sans que ça casse quoi que ce soit...
D'autant plus dur quand, après un où deux accrochages plus ou moins sérieux, tu essaye de la jouer diplomate et d'éviter le sujet et que la (les) personne(s) en face font tout pour le remettre sur le tapis, à coup d'allusion à la con que tu fait (sans succès) mine de ne pas comprendre, ou en orientant systématiquement la discussion sur le point qui fâche... voire plus fourbe, en te sortant ce magnifique exemple de manipulation : "tu es quelqu'un que j'aime et que j'estime, ce que tu pense est important pour moi, donne moi ton avis, je veux sincèrement savoir ce que tu en pense" pour, une heure plus tard, foutre à la poubelle tout ce que tu viens de dire au motifs que tu es "naïf", "idéaliste", voire que "tu as le cerveau lavé par les conneries du Système" et de te ressortir la soupe conspi du départ en espérant "t'ouvrir les yeux"...
Tout ça pour à la fin te reprocher de manquer de tolérance, de ne pas être ouvert à leurs idées et à leurs arguments, quand ils n'ont même pas pris la peine de ne serait-ce qu'écouter un dixième de ce que tu a tenté de leur dire, qu'ils n'en n'ont retenu qu'une grossière caricature...
D'autant plus dur quand tu sais que que la personne en face de toi va mal, et qu'en s'enfonçant dans ses délires, elle ne fait qu'empirer sa situation, se couper de plus en plus du reste du monde, mais que tu ne connaît aucun moyen pour l'en sortir sans empirer la situation, sans confirmer ses croyance et l'enfoncer encore plus, et surtout, sans provoquer la rupture que tu veux justement éviter...
D'autant plus dur quand tu sais que la personne en face de toi est tombée sur ces thèses exactement de la manière décrite par l'article : en toute bonne foi, en cherchant à comprendre, par curiosité, par colère, par révolte, parfois par désespoir...
Oui, je vois vraiment, vraiment bien ce que l'auteur du billet veut dire...
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