nabella, le 22/07/2014 à 14:03
Merde, vous m'coupez l'herbe sous le pied les gars ! Je comptais aussi faire une réponse-fleuve à cet article quelque peu ... à côté de la plaque.
Par contre, clairement, je ne cautionne pas du tout la forme de la critique contre cet article :
Oui, la BD est à côté de la plaque.
Oui, une personne de plus (un homme, comme souvent) se vautre dans une incompréhension de la problématique, une déformation du problème et une caricature des militants impliqués dans ce combat.
Mais si cette BD est puante pour celui qui a compris le problème, qui a creusé le sujet, elle est pourtant révélatrice d'une réaction courante chez beaucoup d'humains sur cette planète. Une majorité d'humain en fait, hommes et femmes compris : les revendications féministes et les militants qui les portent passent pour ce qu'ils ne sont pas.
Pourquoi ? Parce que les auteurs de ce genre d'analyse ont, légitimement, l'impression de se faire agresser par le moindre militant féministe. Et là aussi on pourrait dire que ça tourne au harcèlement.
Pour l'exemple, que ce soit dans la réaction de Vader ou celle de Kevin, le champ lexical et le ton peuvent ressembler à de l'agressivité (attaques contre l'auteur, ton familier, mots grossiers).
De même dans de nombreux autres publications féministes : celui qui n'a pas compris le problème du féminisme est d'abord agressé, surtout agressé.
Et la pédagogie, l'explication pour accompagner le "non-éclairé" est souvent soit à la fin, soit cachée au milieu des "violences verbales", soit carrément absentes.
Sérieusement, je pense qu'il serait de bon ton de comprendre que la majorité des gens n'écoutent pas quand on leur cri dans les oreilles.
On a plusieurs millénaires de formatage dans les dents, on ne peut pas en vouloir à ceux qui ne comprennent pas spontanément le problème : il faut leur expliquer, les accompagner.
Un exemple pour bien expliquer le problème : l'histoire du projet crocodile et du fait que tous les hommes soient représentés en croco'.
Bien sûr, quand on est sensibilisé ou bien quand nos valeurs/nos expériences sont telles que la compréhension est instantanées, on saisi vite que le mal n'est pas dans l'unique mâle qui ouvre sa gueule, mais aussi dans tous ceux autour qui ne disent rien.
Mais la plupart du temps, l'homme qui tombe sur ces illustrations du projet crocodile :
- n'a jamais été l'instigateur d'un harcèlement (ou ne s'en ai jamais rendu compte)
- n'a (quasiment) jamais été témoins d'un harcèlement de rue (les mecs qui harcèlent font ça bien, ces cougnauds) ou ne s'en ai jamais rendu compte
Et quand bien même il en aurait été vaguement témoin ou acteur :
- il n'a pas la sensibilité/l'expérience pour comprendre ce qu'il y a de mal à ne pas agir
- il n'a aucune idée du "pouvoir" qu'il a pour empêcher que ça arrive
En effet, avant qu'on m'en instruise et que je passe réellement du temps à réfléchir à la question, je n'avais pas idée des moyens que j'avais pour agir, même d'un simple regard désapprobateur.
Donc essayons, toutes et tous, d'être plus pédagogues dans nos critiques, contre-critiques, remarques et autres actions humanistes et féministes.
Tiens, au passage, une remarque, un parallèle (sur la forme) qui me vient à cause de l'actualité du moment : le problème machisme/féminisme VS le conflit israélo-palestinien.
Israël y est l'homme-harceleur, et la Palestine y est la féministe.
Israël enchaine les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, impunément et de nombreuses réactions se font entendre pour dénoncer ces faits. Ces réactions sont majoritairement anti-israélienne, anti-sionistes mais le climat que ça génère flirt parfois avec l'anti-judaisme.
Forcement, de nombreux juifs se sentent atteint par ces réactions contre Israël qui englobe au passage tous les juifs (tout comme les réactions féministes semblent souvent englober tous les hommes). Alors certains juifs se font entendre : "nous ne sommes pas tous comme ça, perso', je désapprouve ce que fait Israël".
Oui ... sauf que la majorité des juifs, comme la majorité des hommes, reste silencieuse et n'exprime pas leur désapprobation. Au final, qui ne dit mot consent : tous ces juifs qui se taisent sur le conflit israélo-palestinien sont comme les crocodiles : pas coupable directement, mais coupable de se taire et de laisser faire.
Car personne n'est en meilleur position que quelqu'un d'une même communauté pour se faire entendre de ses "confrères" : je pense que les hommes arriveront généralement mieux que les femmes à faire comprendre à d'autres hommes le problème de notre entêtement patriarcale ; tout comme je pense que les juifs arriveront généralement mieux à faire comprendre aux autres juifs et à Israël que ce conflit est injuste et inhumain.
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Kevin Merigot, le 22/07/2014 à 14:21
Là encore, j'allais partir sur un commentaire-fleuve. Et puis :
http://bleu-pale.fr/links/?UxTT4AEn particulier ce passage :
"Qu'on le veuille ou pas, même en étant ultra-vigilant sur les mots qu'on emploie, sur les attitudes qu'on déploit, etc... la pression est telle qu'on est parfois lourd (l'exemple sur le emploi du mot viol est un exemple, parmi de nombreux autres), chiant, sexiste, etc... On participe à sa reproduction.
Mais c'est pas parce que c'est désagréable à entendre que la domination masculine n'existe pas.
Mais c'est pas parce vous vous êtes fait rentré dedans un peu brutalement par une féministe un jour que que ce sont des dangereuses extrémistes. (Vouloir leur expliquer comment elles devraient lutter pour leur égalité, c'est d'un mépris... Imaginez, toute proportion gardée, un blanc esclavagiste qui expliquerait à un noir esclave que, non, là, quand même, il va trop loin, brailler parce qu'il a des chaines, ça va trop loin...)"
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pandouillaroux, le 22/07/2014 à 18:48
la suite! XD, enfin j'aime bien...
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