Quand on lit la BD de Mawi objectivement, on se rend compte qu'elle dit exactement le contraire: que le problème du consentement n'est pas "la faute des hommes" mais un problème général dans la société de respecter ses limites et les limites des autres et que tout le monde en est affecté, y compris l'auteur de la bd, qui l'affirme pourtant explicitement.
Du coup, oui, quand tu trouves ça "culpabilisant pour les hommes", c'est qu'il y a effectivement un problème.
Après, tu peux dire que tu n'as pas de biais envers les femmes, mais que tu as un biais envers les discours que tu identifies de la mouvance "féministe non-amateur" (c-à-d de la mouvance qui s'implique plus dans la réflexion que juste des réactions comme celle de Beaulieu).
C'est un peu comme dire "Je ne vole pas des oranges, je vole des citrons ! Comment oses-tu dire que je vole des oranges, je me sens offensé !".
Le problème reste le même: pour un même discours, la perception de celui-ci se fera différemment en fonction de celui qui l'émet.
Et ensuite, il faut encore montrer que tu n'as pas tendance à considérer plus facilement une femme qui parle du sexisme des hommes comme "féministe non-amateur" qu'un homme qui parle du sexisme des hommes, ce qui serait quand même on ne peut plus logique.
J'ai l'impression qu'il y a un groupe de gens qui sont choqués pour être choqués: dire qu'ils peuvent avoir un biais en fonction du genre équivaut pour eux à dire qu'on pense qu'ils sont des beaufs qui font des blagues sur les femmes qui doivent rester dans la cuisine à longueur de journée.
Sauf qu'il y a tout une palette entre les deux: on peut très bien ne pas se dire "oui, les femmes sont quand même moins bien que les hommes" et quand même avoir un biais envers le genre.
Évidemment, si parler de ça, qui est pourtant un élément essentiel, signifie forcément qu'on est un mauvais féministe pointilleux, les choses ne risquent pas d'avancer, vu qu'une partie importante de la réflexion est écartée.
La question serait: comment aurais-tu fait cette BD pour qu'elle parle de la même chose mais ne te paraisse pas culpabilisant ? Sans doute que sans t'en rendre compte, si le personnage principal avait été un homme déclarant au début avoir compris quelque chose et faisant son auto-critique, ta sensation du fait que ce discours est culpabilisant aurait été différent. Donc, oui, tu aurais dans ce cas bel et bien un biais en fonction du genre de celui qui émet le discours.
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