Il me semble que l'article du monde mélange les choses et ne fait pas la distinction entre «complotiste» étiquette qu'on colle à un adversaire dans le but de le décrédibiliser qui relève de la rhétorique, une stratégie mise en avant dans un guide de relations publiques des US qui date de plusieurs décénnies, et l'individu ou groupe d'individus qui a une croyance dans une théorie du complot.
C'est l'usage généralisé de l'étiquette rhétorique qui a fait perdre son sens au mot et qui nous a amené dans la situation actuelle où le mot "complotiste" ne veut plus rien dire sinon «j'essaye de décrédibiliser un adversaire pour ne pas avoir à répondre à ses arguments». être complotiste est parfois porté avec fierté et certain s'auto-qualifie de complotiste tellement ce mot est devenu un symbole de l'anti-système et la défiance contre un état menteur.
La théorie du complot fonctionne en exploitant des biais cognitifs que nous avons tous et se perpétue par la tendance humaine à éviter la dissonance cognitive, et elle se répands en accéléré au travers des rézosocios, à cela s'ajoute un contexte où les politiques sont bouffies de mensonges éhontés alors que le contexte économique et social va accélérant vers une catastrophe qu'on voit tous venir à cause de la convergence du changement climatique et qu'on arrive aux limites du capitalisme basé sur la croissance.
Si certaines théorie du complot comme la terre plate ou les vaccins qui servent à implanter des puces 5G pour contrôler les populations sont triviales à démonter, ça n'empêche pas de nombreuses personnes d'y croire et de continuer d'y croire même face aux preuves, Tandis que d'autres reposent sur des faits comme la possibilité d'utiliser un compteur linky pour profiler et surveiller les habitants du logement, la part qui consiste à dire que c'est pensé et voulu en amont par un petit groupe de personnes influentes est difficilement démontrable et n'a pas besoin d'être vraie pour que la surveillance par linky devienne ensuite une réalité.
Et c'est là toute la différence entre la théorie du complot et les complots. La première est une croyance qui résiste aux preuves et pourrait être assimilée à une forme de croyance religieuse car elle est intériorisée par les croyants qui parfois définissent ou construisent leur personnalité avec cette croyance faisant partie d'intégrante de qui ils sont, allant jusqu'au fanatisme. Tandis que les seconds sont monnaie courante, l'histoire de l'humanité est jonchée de complots. Juste les complots c'est comme les startups, il n'y en a qu'une infime partie qui réussissent. Ce qu'on appelle les think tanks, les groupes d'influence ou même le lobbying pourraient être assimilés à des formes de complots puisque ce sont des petits groupes qui utilisent leur pouvoir ou leur influence pour mettre en avant leurs intérêts aux détriments du reste de la population. On peut citer l'exemple bien documenté de la célèbre réunion des dirigeants des industriels du tabac dans les années 1950 pour lutter contre le lien démontré par la science que fumer des cigarettes cause le cancer (la carrière de edward bernays ou les relations publiques en général en sont autant d'exemples).
Toutefois la plupart du temps le complot est fantasmé pour donner corps au mythe spéciste de l'être humain supérieur en lui accordant le pouvoir de planifier et causer intentionnellement des événements qui se produisent la plupart du temps sous l'effet du haards, de conséquences inattendues ou de convergences d'intérêts. La triste réalité c'est que l'humain est relativement médiocre et incapable de prendre du recul ou d'agir de manière concerté à l'échelle globale ou de se projeter dans le temps sur une durée un peu longue, et cette réalité explique nettement mieux l'urgence climatique actuelle alors qu'on est au courant depuis plus de 50 ans qu'un complot d'une poignée de puissant qui cherche à causer ce changement pour des raisons absurdes.
Il est toutefois intéréssant de noter que les systèmes éducatifs scolaires pour la grande majorité n'apprennent pas la pensée critique, omettent l'apprentissage des biais cognitifs et de comment s'en prémunir. Ce qui permettrait sans aucun doute de limiter l'emprise des théories du complot.
Pour la petite anecdote, j'ai passé des années à l'époque d'échelon et de carnivore a alerter sur la généralisation de la surveillance et la plupart du temps je me faisais traiter de complotiste pour ne pas avoir à regarder les éléments prouvant l'existence de cette surveillance et de la direction vers laquelle ça engageait notre société. si les révélations de snowden ont changé une chose, c'est que ces accusations de complotisme vis à vis de la surveillance globale ont céssé du jour au lendemain.
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