Sans compter qu'on retrouve la même rengaine sur "la morale n'existe pas" (voir les commentaires). Alors, soyons clair : c'est vrai. La morale (respectivement la justice, l'éthique, l'égalité, etc.) n'existe pas. La vie est absurde. Nous sommes insignifiants dans l'univers.
Voilà, c'est dit. Maintenant ma question c'est : qu'est ce qu'on fait ? Est-ce que l'on devient tous nihilistes, acceptant tout et cessant de construire des choses avant de commettre un suicide collectif ? Certains (faux) nihilistes se servent justement de ce type de raisonnement pour justifier tout et n'importe quoi, c'est même la base de ce fameux cynisme moderne que l'on retrouve dans les classes dirigeantes (politique, patronat, etc.).
Le biais dans ce raisonnement c'est de mettre sur le même plan des concepts physiques (l'existence d'un objet) et des concepts construits (la morale) tout en conservant l'idée que seuls les concepts physiques ont du sens. Forcément, les concepts construits n'ont pas d'existence physique et ne peuvent pas être réifiés, félicitations pour cette "géniale" observation. Par contre, considérer que seuls les concepts construits n'ont pas de sens, c'est déjà construire une échelle de valeur : il y a mise en avant de certains concepts par rapport à d'autres. C'est la base de l'esprit humain, comme l'exprime Hume lorsqu'il énonce que la raison est asservie aux passions.
Bref, à un moment donné, il faut passer à autre chose et fixer des choses relativement à des objectifs qui sont eux-mêmes fixés ; il n'y a pas une seule activité humaine qui déroge à cette règle d'ailleurs, même les plus rationnelles (p.ex. privilégier une théorie scientifique à une autre, sur des critères choisis). D'ailleurs, spoiler alert, il est tout à faire possible de formaliser des objectifs et des valeurs puis de raisonner dessus, tout comme on peut le faire sur n'importe quel concept construit dans n'importe quelle théorie logique construite.
Sinon, l'auteur de l'article n'a pas tout compris au biais de confirmation. Certes ce biais porte sur le caractère sélectif de notre raisonnement dès lors que nous avons des idées ou des hypothèses bien ancrées, mais il n'a rien à voir avec l'intuition. Beaucoup de scientifiques se font avoir par le biais de confirmation, même lorsque leurs raisonnements sont très sophistiqués ou leurs hypothèses très solides.
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