Enthousiasmé par les critiques dithyrambiques que l’on nous sert sur tous les médias depuis 2 semaines, je suis allé confiant au cinéma pour aller voir Gravity (en VOST et en 3D pour pouvoir profiter au mieux de cette expérience).
M’attendant à un vrai chef-d’oeuvre du cinéma, à un scénario en béton armé, à un casting de haut-vol et à une expérience de la 3D reléguant Avatar loin derrière… je suis ressorti très déçu de ma séance, avec l’impression de m’être fait avoir par une campagne de promotion trop bien huilée…
N’ayant pas croisé une seule critique négative de ce film, je m’en vais vous donner mon avis personnel. Attention, des trouzaines de milliards de spoilers vont suivre, je vous recommande donc de ne lire la suite de cet article que lorsque vous aurez vu le film (ou que vous n’avez pas envie d’aller le voir).
Pour résumer Gravity, des astronautes se trouvent dans l’espace en train d’effectuer une mission banale pour la NASA, lorsque la destruction d’un satellite russe entraîne une réaction en chaîne aboutissant à l’apparition de véritables boulets de canon dans l’espace, détruisant tout sur leur passage. Bien entendu, nos protagonistes se trouvent pile poil sur la trajectoire de ces débris, ce qui conduit à la destruction de la navette, et à la mort de tout l’équipage, exceptés Sandra Bullock et George Clooney. Ces derniers arrivent à se débrouiller pour approcher la station spatiale ISS, mais George meurt en se sacrifiant pour sauver la vie de Sandra. Cette dernière arrive à atteindre une capsule de secours qui ne peut rejoindre la terre ferme, mais qui est susceptible de l’emmener vers la station spatiale chinoise. Au moment de partir, l’ISS subit à son tour la pluie de débris qui la détruit irrémédiablement. Miss Bullock atteint la station chinoise, qui va être détruite d’ici quelques minutes car elle est en train de pénétrer dans l’atmosphère terrestre, et arrive à lancer la capsule de secours de le station pour atteindre la Terre. Elle manque de se noyer comme une buse une fois arrivée à destination, avant d’arriver à atteindre enfin la terre ferme.
Voilà pour le résumé grossier. Maintenant, qu’est-ce qui ne va pas avec Gravity ?
Oui les images sont superbes, le film est très bien réalisé, les effets spéciaux sont bluffants, etc… Mais j’ai vraiment du mal à voir en quoi on est censé approcher d’un chef-d’oeuvre du cinéma ou d’une expérience 3D hors du commun. Un chef-d’oeuvre est, par définition, un ouvrage parfait ou un modèle du genre. De belles images ne font pas un bon film.
L’un des soucis avec Gravity, c’est que l’on manque complètement d’empathie pour les personnages : ils sont très peu charismatiques, on n’a pas le temps de s’attacher à eux et du coup, on ne vibre pas spécialement quand Sandra Bullock est confrontée à une cascade de situations catastrophiques. La psychologie des protagonistes est très basique (« Bouh je suis dépressive parce que ma fille est morte quand elle avait 4 ans, je n’ai pas la force de vivre. Mais finalement, avec tout ce que j’affronte, je reprends le goût à la vie »). J’ai tellement peu accroché que je n’ai pas retenu le nom des personnages, mais juste celui des acteurs, c’est dire s’ils étaient transparents…
Au niveau du scénario, il me semble que les invraisemblances et hasards fortuits pour provoquer des situations stressantes, pile aux moments opportuns, sont trop téléphonés d’avance. À chaque fois que Sandra débarque quelque part, c’est qu’elle n’a que quelques secondes avant que tout ne parte en vrille, comme par hasard ! Il faudra aussi m’expliquer pourquoi la pluie de débris détruit la navette au début, mais épargne les deux stations spatiales. Par contre, elle ne manque pas de complètement détruire l’ISS au deuxième passage, mais elle continue d’épargner la station spatiale chinoise. Cette dernière sombre dans l’atmosphère terrestre à la fin du film, on ne sait pas trop pourquoi. Sûrement pour rajouter artificiellement du suspense pour le final… Le coup de la noyade manquée de peu à la toute fin du film est aussi de trop dans l’enchaînement des catastrophes. La salle de cinéma entière a même cru qu’elle allait arriver à se coincer dans les algues en nageant sous l’eau, histoire d’avoir encore une énième péripétie à affronter.
Les clichés gros comme des brachiosaures ne manquent pas non plus dans Gravity : le premier personnage qui meurt est l’étranger de service, George Clooney se sacrifie courageusement avec le sourire aux lèvres pour une nenette avec qui il n’avait jusqu’à présent jamais véritablement échangé, parce que c’est un mec bien tout ça tout ça, la partie russe de l’ISS est remplie de pièces d’échec et de Vodka, tandis que les vaisseaux chinois comportent forcément un Bouddha et des raquettes de ping-pong (il faudra qu’ils m’expliquent comment ils jouent à ce sport en apesanteur). Les scénaristes auraient ajouté une station française qu’ils ne se seraient pas privés d’y inclure des baguettes de pain, quelques bérets et 2 ou 3 bouteilles de vin rouge flottant dans les airs…
Quant à la 3D annoncée comme étant véritablement révolutionnaire… quelle déception. Rien de neuf, 3 débris qui volent dans votre direction qui vous feront peut-être cligner un oeil, mais sinon c’est comme d’hab avec les films en 3D : on s’attend à ce que quelque chose sorte de l’écran, et on se retrouve finalement à contempler un film comme si on le regardait par la fenêtre. On a bien un sentiment de profondeur, mais pas de relief ! La pub en 3D pour Haribo est plus impressionnante de ce point de vue ^^
Au final, j’ai eu l’impression d’assister à la projection d’un remake d’Apollo 13, avec des effets spéciaux impressionnants, mais sans le vrai suspens et le charisme des personnages.
Bref, Gravity n’est pas un mauvais film loin de là, on ne s’y ennuie pas et la réalisation est sublime. Mais ce n’est pas non plus « un chef-d’oeuvre du cinéma » comme j’ai pu le voir jusqu’à présent sur tous les médias, loin de là ! Prenez-le comme un bon blockbuster divertissant, mais rien de plus…