Alors que les ayants droit britanniques, appâtés par la formidable communication de la Hadopi, ont eux-aussi décidé d’imposer pour 2015 un système de détection des téléchargements dans leur beau pays, ils se sont aussi rendus compte qu’ils ne pourront rien faire d’autre que d’envoyer des avertissements sans que les internautes ne risquent concrètement quoi que ce soit…
Cela me rappelle étrangement la situation en France, même si la Hadopi n’a jamais voulu l’admettre, argumentant que des dossiers sont régulièrement envoyés au parquet. On se souvient avec des larmes (de rire) de la première condamnation ridicule suite à une dénonciation de la Hadopi. Les autres dossiers n’ont pas été très médiatisés et sont restés fort peu nombreux.
En bref, en France aussi, le formidable système de surveillance des téléchargements ne peut qu’envoyer des avertissements sans que les internautes ne risquent grand chose en retour. Car il faudrait aussi démontrer que l’adresse IP est une donnée suffisante pour prouver une quelconque infraction (ce que l’Elysée a déjà nié par le passé).
Quoi qu’il en soit, la course à la condamnation pour de simples téléchargements semble donc bien abandonnée de l’autre côté de la Manche. Quand est-ce que nous admettrons la même chose chez nous ? Quand est-ce que la grande hypocrisie du téléchargement sur Internet cessera pour qu’enfin les ayants droit et leurs représentants admettent que si tout le monde commentent sur Twitter les épisodes de Game of Thrones le lendemain de leur diffusion aux USA, ce n’est pas parce que la majorité des internautes français s’est abonnée à la chaîne OCS ou qu’ils possèdent un accès caché à HBO, mais bien parce que TOUT LE MONDE télécharge comme des porcs.
Et comment leur en vouloir quand on voit l’état déplorable de l’offre légale en France ? N’y a-t-il que l’arrivée prochaine du mastodonte américain Netflix dans nos contrées qui va forcer les acteurs français à se bouger le cul pour nous pondre une offre permettant de télécharger des films sans avoir des verrous à la con et à un prix raisonnable pour des fichiers numériques ? On le fait pour la musique, pourquoi ne pas le faire pour le cinéma et les séries ? Netflix a fait le pari de proposer une offre qui soit suffisamment attractive pour que le piratage soit moins intéressant pour ses clients, et c’est exactement cela qui a fait baisser le piratage aux Etats-Unis. Ils ont choisi d’évoluer en prenant en compte les sites de téléchargement existants, plutôt que de les ignorer.
Mais le problème semble surtout venir d’ailleurs : les chaînes de télévision possèdent bien trop d’influence en France pour permettre l’arrivée d’une bonne offre vidéo en ligne…
