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La Quadrature du Net

source: La Quadrature du Net

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Les goélands abattent leur premier drone

lundi 18 mai 2020 à 12:33

Suite à notre recours, l’ordonnance du Conseil d’État est une victoire historique contre la surveillance par drone. La décision reconnaît l’illégalité de tout drone qui, volant suffisamment bas et étant équipé de caméra, permet à la police de détecter des individus, que ce soit par leurs habits ou un signe distinctif.

D’après le Conseil d’État, cette illégalité ne saurait être corrigée que par un arrêté ministériel pris après avis de la CNIL. Dans l’attente d’un tel arrêté, que nous recevrons de pied ferme, la police devra maintenir au sol la grande majorité de ses drones dans l’ensemble du pays. En effet, l’ordonnance d’aujourd’hui concerne le déploiement de drones pour lutter contre le virus et on peut douter que les autres drones de la police soient déployés pour un motif plus impérieux — qui permettraient de se passer d’un arrêté.

D’autres outils de la Technopolice restent sans cadre juridique et continuent pourtant de se déployer : vidéosurveillance automatisée, capteurs sonores, police prédictive… Une telle décision nous encourage à continuer nos combats.

EDRi demande l’interdiction de la surveillance biométrique

jeudi 14 mai 2020 à 17:40

L’association internationale EDRi, soutenue par La Quadrature du Net, lance une campagne européenne pour faire interdire la reconnaissance faciale et plus généralement la surveillance de masse biométrique. Nous publions la traduction du communiqué de lancement.

À travers toute l’Europe, des technologies de reconnaissance faciale et d’identification biométrique, intrusives et violant les droits, se répandent discrètement dans les espaces publics. Comme la Commission européenne consulte le public à ce sujet, EDRI appelle les États membres de l’UE à garantir que de telles technologies soient totalement interdites, à la fois dans la loi et dans la pratique.

Circulez, y a rien à voir…

À la fin de l’année 2019, au moins 15 pays européens ont expérimenté des technologies de surveillance de masse utilisant l’identification biométrique, comme la reconnaissance faciale. Ces technologies sont conçues pour surveiller, suivre et analyser les individus, pour les noter et les juger dans leur vie quotidienne.
Pire, plusieurs gouvernements l’ont fait en collaboration avec des entreprises technologiques secrètes, en l’absence de débat public et sans avoir démontré que ces systèmes respectent les critères les plus élémentaires de responsabilité, de nécessité, de proportionnalité, de légitimité, de légalité ou de sécurité.

Quelques milliers de caméras pour les gouverner tous

Sans la vie privée, vous n’avez plus de conversations privées avec vos ami·es, votre famille, votre supérieur ou même votre docteur. Votre militantisme et votreengagement pour sauver la planète sont connus de tous et toutes. Si vous lancez l’alerte pour dénoncer un fait d’exploitation ou de corruption, ou si vous assistez à une manifestation politique qui déplaît à votre gouvernement, on peut vous retrouver. Vous perdez de fait le droit d’assister à une cérémonie religieuse ou à une réunion syndicale sans qu’on garde un œil sur vous, le droit d’étreindre votre partenaire sans que quelqu’un vous regarde, le droit de flâner librement sans que quelqu’un puisse trouver ça louche.

La surveillance de masse permanente supprime le droit d’être réellement seul et instaure l’obligation d’être constamment surveillé et contrôlé.

COVID-1984 ?

Les débats autour de la pandémie de coronavirus ont vu naître des idées d’applications et d’autres propositions pour étendre rapidement les systèmes de surveillance, sous couvert de santé publique. Le risque est considérable que les dégâts causés par cet élargissement des mesures de surveillance survivent à l’épidémie. On peut se demander, par exemple, si les employeurs enlèveront les caméras thermiques des bureaux une fois la pandémie passée.

Les systèmes de surveillance biométriques exacerbent les inégalités structurelles, accélèrent la création de fichiers et de « profilages » illégaux, ont un effet intimidant sur les libertés d’expression et de réunion, et limitent les capacités de chacun·e à participer à des activités sociales publiques.

Fanny Hidvegi, responsable de la politique européenne à Access Now, insiste sur ce point :

« Les droits humains s’appliquent en temps de crise et d’urgence. On ne doit pas avoir à choisir entre la vie privée et la santé : protéger les droits numériques favorise la santé publique. La suspension des droits à la protection des données en Hongrie est la preuve que l’UE doit renforcer la protection des droits fondamentaux. »

La surveillance biométrique : une architecture d’oppression

Se présentant comme une « architecture d’oppression », la capture et le traitement non ciblé de données biométriques sensibles permet aux gouvernements et aux entreprises d’enregistrer en permanence et en détail qui vous rencontrez, où vous allez, ce que vous faites. Cela leur permet aussi d’utiliser ces informations contre vous — que ce soit par les pouvoirs publics pour faire appliquer la loi ou à des fins commerciales. Une fois ces enregistrements reliés à nos visages et corps, il n’y a plus de retour possible, nous sommes marqués au fer rouge. Il ne peut y avoir de place pour de telles pratiques dans une société démocratique.

Ioannis Kouvakas, juriste chez Privacy International (PI), membre d’EDRi met en garde :

« L’introduction de la reconnaissance faciale dans les villes est une idée extrémiste et dystopique qui menace explicitement nos libertés et pose des questions fondamentales sur le type de société dans laquelle nous voulons vivre. En tant que technique de surveillance très intrusive, elle offre aux autorités de nouvelles opportunités de s’en prendre à la démocratie sous prétexte de la défendre. Nous devons interdire son déploiement dès maintenant et de manière définitive avant qu’il ne soit trop tard. »

EDRi demande donc une interdiction immédiate et permanente de la surveillance de masse biométrique dans l’Union européenne.

La surveillance de masse biométrique est illégale

Cette interdiction est fondée sur les droits et protections consacrés par la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) et la Directive Police Justice. Ensemble, ces textes garantissent aux résidents de l’UE de vivre sans la crainte d’un traitement arbitraire ou d’un abus de pouvoir, et le respect de leur autonomie. La surveillance de masse biométrique constitue une violation de l’essence de ces textes et une violation du cœur même des droits fondamentaux de l’UE.

Une fois que des systèmes qui normalisent et légitiment la surveillance constante de tout le monde sont en place, nos sociétés glissent vers l’autoritarisme. L’UE doit donc veiller, par des moyens notamment législatifs, à ce que la surveillance de masse biométrique soit totalement interdite en droit et en pratique. Lotte Houwing, conseillère politique chez Bits of Freedom (BoF), membre d’EDRi, déclare :

« Les mesures que nous prenons aujourd’hui façonnent le monde de demain. Il est de la plus haute importance que nous gardions cela à l’esprit et que nous ne laissions pas la crise du COVID-19 nous faire sombrer dans un état de surveillance (de masse). La surveillance n’est pas un médicament. »

L’UE réglemente tout, des médicaments aux jouets pour enfants. Il est inimaginable qu’un médicament dont l’efficacité n’a pas été prouvée ou un jouet présentant des risques importants pour la santé des enfants soient autorisés sur le marché. Cependant, en ce qui concerne la captation et le traitement des données biométriques, en particulier à la volée dans les espaces publics, l’UE a été un foyer pour les expérimentations illégales. D’après une étude de 2020, plus de 80% des Européens sont pourtant opposés aux partages de leurs données faciales avec les autorités.

EDRi appelle la Commission européenne, le Parlement européen et les États membres à respecter leurs valeurs et à protéger nos sociétés en interdisant la surveillance de masse biométrique. S’ils s’y refusent, nous augmentons nos chances de voir naître une dystopie numérique incontrôlable.

Vote final de la « loi haine »

lundi 11 mai 2020 à 14:38

L’urgence de LREM est de donner à la police de nouveaux pouvoirs pour lutter contre le « terrorisme » sur Internet. L’Assemblée nationale votera le 13 mai 2020 la proposition de loi de Laetitia Avia qui, initialement présentée comme une loi « contre la haine », s’est transformée en janvier dernier en une loi « antiterroriste », telle qu’on en connait depuis des années, de plus en plus éloignée du principe de séparation des pouvoirs. Mercredi sera la dernière chance pour les député·es de rejeter cette dérive inadmissible.

Pour rappel, la proposition de loi initiale demandait aux très grandes plateformes (Facebook, Youtube, Twitter…) de censurer en 24h certains contenus illicites, tels que des contenus « haineux » signalés par le public ou la police. Pour une large partie, ces obligations seront inapplicables et inutiles, Laetitia Avia ayant systématiquement refusé de s’en prendre à la racine du problème – le modèle économique des géants du Web – en dépit de nos propositions, reprises par tous les bords du Parlement.

L’histoire aurait pu en rester à ce coup d’épée dans l’eau si le gouvernement n’avait pas saisi l’occasion pour pousser sa politique sécuritaire. Le 21 janvier, alors que la loi était examinée une deuxième fois par une Assemblée presque vide, le gouvernement a fait adopter un amendement de dernier minute renversant toute la situation.

Une nouvelle obligation vient éclipser le reste de la loi, ajoutée au paragraphe I de son article 1. Elle exige que tous les sites Web (pas uniquement les plateformes géantes) censurent en 1h (pas en 24h) les contenus signalés par la police comme relevant du « terrorisme » (sans que cette qualification ne soit donnée par un juge, mais par la police seule). Si le site ne censure par le contenu (par exemple car le signalement est envoyé un week-end ou pendant la nuit) la police peut exiger son blocage partout en France par les fournisseurs d’accès à Internet (Orange, SFR…).

La séparation des pouvoirs est entièrement écartée : c’est la police qui décide des critères pour censurer un site (en droit, la notion de « terrorisme » est suffisamment large pour lui donner un large pouvoir discrétionnaire, par exemple contre des manifestants) ; c’est la police qui juge si un site doit être censuré ; c’est la police qui exécute la sanction contre le site. Le juge est entièrement absent de toute la chaîne qui mène à la censure du site.

Le 26 février, le Sénat avait supprimé cette nouvelle disposition. Le texte revient mercredi pour une toute dernière lecture par l’Assemblée nationale, qui aura le dernier mot. Il est indispensable que les député·es suppriment l’article 1, paragraphe I de cette loi, qui permet à la police d’abuser de son pouvoir pour censurer le Web à des fins politiques – en cherchant à censurer les attaques contre le Président ou contre la police, comme elle le fait déjà.

Appelons les député·es sur cette page pour qu’ils rejettent ce texte.

Nous attaquons les drones de la police parisienne

lundi 4 mai 2020 à 10:56

La Quadrature du Net et la Ligue des Droits de l’Homme viennent de déposer un recours en urgence contre le déploiement de drones par la préfecture de police de Paris. Depuis le début du confinement et un peu partout en France, la police prétend se faire assister de drones pour lutter contre les infractions. Pourtant, puisqu’ils sont déployés en l’absence de tout cadre légal spécifique et adapté, ce sont eux qui violent la loi et nos libertés. Nous espérons qu’une victoire à Paris aura des effets dans tout le pays..

Depuis le début du confinement, la police et la gendarmerie utilisent de façon massive et inédite les drones pour surveiller la population et faire appliquer les règles du confinement : diffusion des consignes par haut-parleurs ainsi que surveillance par vidéo pour repérer les contrevenants, guider les patrouilles au sol et filmer les personnes échappant à la police pour mieux les sanctionner après.

Le déploiement de ces drones, déjà utilisés notamment pour la surveillance des manifestations, ne fait que s’amplifier avec la crise sanitaire. En avril, le ministère de l’Intérieur a par ailleurs publié un appel d’offres portant sur l’acquisition de plus de 650 nouveaux drones pour plus que doubler sa flotte. Selon un rapport sénatorial, entre le 24 mars et le 24 avril, la police nationale a déclenché 535 vols de drones dont 251 de surveillance.

Ce déploiement, en plus d’augmenter de manière inédite les capacités de surveillance de la police, se fait en l’absence de tout cadre légal spécifique quant à l’utilisation des images filmées. Aucun texte ne prévoit un délai de suppression pour ces images ou n’en limite l’accès aux seuls agents de la préfecture pour une mission de police identifiée. D’ailleurs, dans un premier temps, cette absence de texte nous a empêchés d’attaquer les drones.

Heureusement, la publication par Mediapart le 25 avril dernier, dans un article de Clément Le Foll et Clément Pouré, de deux documents issus du service de communication de la préfecture de police de Paris a apporté plusieurs éléments concrets nous permettant d’agir en justice. La préfecture y reconnait notamment qu’il n’existe aucun cadre juridique spécifique pour les images captées par les drones, et cela alors qu’ils sont équipés de caméras haute-résolution permettant « la captation, la transmission et l’enregistrement des images » ainsi que « l’identification d’un individu ».

Nous avons déposé samedi un référé-liberté devant le tribunal administratif de Paris pour lui demander de faire cesser immédiatement ce dispositif illégal. Notre recours est notamment fondé sur l’absence de cadre légal spécifique, qui implique de multiples atteintes au droit à la vie privée (absence d’information des personnes filmées ou de délai de conservation de ces images…), et la disproportion de ce dispositif. Il est enfin évident qu’en cas de victoire, les principes d’une telle décision devront être respectés par l’ensemble de la police et de la gendarmerie, partout en France, et pas seulement par la préfecture de police de Paris.

Si la police comptait profiter de la crise sanitaire pour tester ses nouveaux gadgets, elle s’est trompée. Nous sommes là pour la ramener à la froide réalité des choses : ce n’est pas elle qui fait la loi.

Crise sanitaire : la Technopolice envahit l’université

jeudi 30 avril 2020 à 10:41

Dans le contexte de la pandémie, le gouvernement recommande officiellement aux établissements d’enseignement supérieur la télésurveillance des examens à l’aide de dispositifs invasifs, discriminants et manifestement illégaux : reconnaissance faciale, vidéosurveillance par webcam et smartphone, détection de bruits suspects… Ou quand la Technopolice envahit l’enseignement. Ces dispositifs doivent être rejetés dès maintenant

En mars 2020, le ministère de l’Enseignement supérieur a publié un « plan de continuité pédagogique » composé de plusieurs fiches visant à accompagner les établissements dans le contexte de la pandémie (et depuis régulièrement mis à jour). La fiche n°6 « Évaluer et surveiller à distance » indique que « les examens écrits nécessitent une télé-surveillance particulière qui permet de vérifier l’identité de l’étudiant et d’éviter les fraudes. Ils nécessitent donc un recours à des services de télésurveillance ». Le document recommande ensuite aux établissements une liste de fournisseurs de services « qui ont l’habitude de travailler avec des établissements d’enseignement supérieur ».

Cette liste, qui est donc une recommandation officielle du gouvernement, fait la promotion d’outils de surveillance extrêmement invasifs, dangereux et profondément discriminants. Au programme : reconnaissance faciale, vidéosurveillance continue avec analyse comportementale (par utilisation simultanée de la webcam et du smartphone), voire détection sonore de bruits suspects.

Enseignement technopolisé

Commençons par une rapide présentation des pires solutions envisagées :

Managexam propose des solutions de surveillance audio et vidéo, avec « prise de photos fréquentes, régulières ou aléatoires » ou « vidéo captée en continue ». Sur son site, l’entreprise promet de repérer « automatiquement les anomalies pouvant survenir dans la session d’évaluation grâce à une recherche et une classification visuelle de l’environnement des candidats » ;

– C’est le cas également pour Proctorexam, qui propose une « technologie avec deux prises de vues simultanées sur l’étudiant (webcam+appli smartphone) » et Evalbox, qui propose « des algorithmes d’analyse comportementale pour détecter les comportements suspicieux » ;

TestWe, solution qui revient souvent dans les média, offre un système de photographie de la carte d’étudiant ou d’identité par webcam « pour vérifier que la bonne personne est en face de l’écran ». Son PDG, Benoît Sillard, se vante également de mettre « en place actuellement un système à double caméras, celle de l’ordinateur qui filme par l’avant, et celle de votre smartphone qui filme l’ensemble de la pièce, pour vérifier qu’il n’y a pas un deuxième ordinateur ou quelqu’un en train de vous souffler » ;

– et enfin Smowl qui « utilise un algorithme de reconnaissance automatique des visages pour vérifier l’identité de l’utilisateur en ligne et un système qui détecte les comportements incorrects ».

Ces services ne sont malheureusement pas nouveaux et sont déjà utilisés par plusieurs établissements. Selon le document du ministère, c’est notamment le cas de l’Université de Caen-Normandie depuis 2017 et de Sorbonne Université (même s’il est difficile de connaître exactement la solution mise en place). Le contexte de la pandémie provoque une démultiplication leur utilisation et plus de 50 universités et écoles seraient en train d’envisager ce type de procédés.

Surveillance et discrimination

Ces dispositifs sont pourtant profondément intrusifs : ces logiciels bloquent les ordinateur des étudiant.es, déclenchent une double surveillance obligatoire de la webcam et de la caméra du téléphone et nécessitent quelquefois un enregistrement sonore. Mais il est également nécessaire de prendre en compte les profondes discriminations que ces outils risquent d’entraîner, notamment pour les étudiant·es n’ayant pas l’équipement adapté, ou un environnement propice à ce genre d’examens (la surveillance visuelle et sonore nécessite un lieu à soi, sans bruits, etc.).

Ce sont bien ces mêmes arguments qui ont déjà été soulevés par le journal Le Poing (à ne pas confondre avec Le Point) qui souligne le « protocole aussi kafkaïen qu’orwellien, intrusif pour sa vie privée, et lourd de contrainte, en particulier pour les étudiants précaires » et le SNESUP-FSU (syndicat d’enseignement supérieur) qui dénonce ces dispositifs en considérant justement que « la plus grande liberté laissée aux établissements d’une dématérialisation complète des examens pouvant faire appel à de la télésurveillance, outre qu’elle se heurte à des problèmes techniques souvent insurmontables, facilite la réalisation par les établissements d’un suivi individualisé des enseignant·es, au mépris de leur liberté pédagogique, et accentue potentiellement l’inégalité des étudiant·es ».

Illégalités manifestes

Il est encore plus étonnant de voir le gouvernement recommander des solutions aussi manifestement illégales. Car en ce qui concerne le système de reconnaissance faciale ou d’enregistrement sonore d’une voix en particulier, l’article 9 du règlement général sur la protection des données (RGPD) interdit tout traitement de données biométriques « aux fins d’identifier une personne physique de manière unique » – ce qui est bien le cas ici. Et si cette interdiction de principe souffre quelques exceptions, aucune d’elle ne permet d’autoriser ce type d’outils (et sûrement pas le « consentement » de l’élève, qui doit être libre, c’est-à-dire non contraint…).

De manière générale, outre que personne ne devrait être forcé à une surveillance constante par sa webcam ou son téléphone, les solutions décrites ci-dessus ne sont en aucun cas « adéquates, pertinentes et limitées à ce qui est nécessaire » comme le recommande pourtant le RGPD (article 5) – Nous ne voyons pas ici quel objectif rendrait licite une surveillance d’une telle intensité. Ce qui rend la plupart de ces dispositifs simplement illégaux.

Voir le gouvernement recommander de telles solutions illustre sa fuite systématique vers la surveillance numérique. Fuite que nous appelons les établissements d’enseignement à ne pas suivre en renonçant à ces dispositifs invasifs

Recommander ces méthodes est d’autant plus dommageable que des alternatives existent, comme l’annulation ou le report des examens, ou plus simplement le passage d’une évaluation en contrôle terminal à une évaluation en contrôle continu. Mieux encore : cette situation inédite peut être l’occasion de préférer de véritables innovations pédagogiques à de pseudo-innovations techniques. Plutôt que de fonder l’évaluation sur la crainte de la triche, il serait ainsi possible d’évaluer élèves et étudiant·e·s sur leurs compétences, d’aménager individuellement les évaluations, ou de recourir à l’auto-évaluation supervisée.