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Derrière les assistants vocaux, des humains vous entendent

vendredi 18 mai 2018 à 16:38

18 mai 2018 - Cette semaine, nous sommes allés à la rencontre de Julie, qui a travaillé pour une entreprise chargée d' « améliorer » le fonctionnement de Cortana, l’assistant vocal de Microsoft, en écoutant une à une diverses paroles captées par la machine (volontairement ou non).

Nous partageons ici son témoignage édifiant, en vidéo ainsi qu'à l'écrit (en fin d'article).

Comme nous le rappelle Antonio Casilli ci-dessous, ce récit souligne exactement les pratiques très « humaines » que l'on retrouve en masse sous les miroirs trompeurs d'une soi-disant « intelligence artificielle ».

Contre l'emprise des GAFAM sur nos vies, signez les plaintes collectives sur gafam.laquadrature.net

Les humains derrière Cortana, par Antonio Casilli

Antonio Casilli, membre de La Quadrature du Net, est chercheur à l'EHESS et maître de conférence à Télécom ParisTech (voir son site).

Qui écoute vos conversations quand vous utilisez un assistant vocal comme Cortana ? Qui regarde vos requêtes quand vous utilisez un moteur de recherche comme Bing ? « Personne », vous assurent les concepteurs de ces dispositifs, « ce sont des machines ». La réalité est toute autre, comme l'atteste ce témoignage : une jeune femme qui, sans contrat de travail et sans aucun accord de confidentialité, a retranscrit des milliers de conversations privées, recherches d'information, noms et coordonnées personnelles de personnes utilisant des produits Microsoft.

Son métier ? Dresseuse d'IA.

Malgré les allégations de leurs producteurs, les assistants virtuels qui équipent les enceintes connectées trônant dans nos salles à manger ou qui se nichent jusque dans nos poches, installés sur nos smartphones, ne naissent pas intelligents. Ils doivent apprendre à interpréter les requêtes et les habitudes de leurs utilisateurs.

Cet apprentissage est aidé par des êtres humains, qui vérifient la pertinence des réponses des assistants virtuels aux questions de leurs propriétaires. Mais plus souvent encore, ces êtres humains « entraînent » les dispositifs, en leurs fournissant des données déjà préparées, des requêtes avec des réponses toutes faites (ex. « Quelle est la météo aujourd'hui ? » : « Il fait 23 degrés » ou « Il pleut »), des phrases auxquelles ils fournissent des interprétations (ex. savoir dans quel contexte « la flotte » signifie « un ensemble de navires » ou « la pluie »).

Ces dresseurs d'intelligences artificielles sont parfois des télétravailleurs payés à l'heure par des entreprises spécialisées. Dans d'autres cas, ils sont des « travailleurs à la pièce » recrutés sur des services web que l'on appelle des plateformes de micro-travail.

Celle de Microsoft s'appelle UHRS et propose des rémunérations de 3, 2, voire même 1 centime de dollar par micro-tâche (retranscrire un mot, labelliser une image…). Parfois les personnes qui trient vos requêtes, regardent vos photos, écoutent vos propos sont situés dans votre pays, voire dans votre ville (peut-être vos voisins d'en bas ?). D'autres fois, ils sont des travailleurs précaires de pays francophones, comme la Tunisie, le Maroc ou Madagascar (qui s'est dernièrement imposé comme « leader français de l'intelligence artificielle »

Les logiciels à activation vocale tels Cortana, Siri ou Alexa sont des agents conversationnels qui possèdent une forte composante de travail non-artificiel. Cette implication humaine introduit des risques sociétaux spécifiques. La confidentialité des données personnelles utilisées pour entraîner les solutions intelligentes est à risque. Ces IA présupposent le transfert de quantités importantes de données à caractère personnel et existent dans une zone grise légale et éthique.

Dans la mesure où les usagers des services numériques ignorent la présence d'êtres humains dans les coulisses de l'IA, ils sous-estiment les risques qui pèsent sur leur vie privée. Il est urgent de répertorier les atteintes à la privacy et à la confidentialité associées à cette forme de « digital labor », afin d'en estimer la portée pour informer, sensibiliser, et mieux protéger les personnes les plus exposées.

Témoignage complet de Julie

J'ai travaillé comme transcripteuse ('transcriber') pour améliorer la qualité de la version française de Cortana, "votre assistante personnelle virtuelle" proposée par Microsoft. Je travaillais en télétravail pour une entreprise chinoise qui avait Microsoft pour client. J'ai commencé en Avril 2017 et arrêté en Décembre 2017.

J'ai pu constater directement le type de données que Microsoft collecte via son petit monstre Cortana, car les données audio qu'elle collectait passaient entre nos mains (et nos oreilles !) pour analyse et correction.

Microsoft, voulant améliorer les capacités de compréhension de Cortana, collectait les données des utilisateurs 'consentants'. Donc, quand ces utilisateurs s'adressaient à Cortana, celle-ci collectait, enregistrait ce qu'ils disaient. Ensuite, Microsoft récupérait tout ça, envoyait une partie des enregistrements à la compagnie pour laquelle je travaillais, et celle-ci mettait le tout sur notre plate-forme de télétravail.

Les transcripteurs se connectaient, et écoutaient un par un les enregistrements. Les pistes étaient généralement très courtes, entre 3 et 15 secondes en moyenne (mais pouvaient parfois durer plusieurs minutes). En fonction des projets sur lesquels on travaillait, on devait réaliser entre 120 et 170 transcriptions/heure. Plusieurs milliers de pistes étaient déposées quotidiennement sur notre plate-forme.

On écoutait l'enregistrement audio, ensuite un texte s'affichait, nous montrant ce que Cortana avait compris et retranscrit. Notre travail était de vérifier si elle avait bien compris - si ce n'était pas le cas, on devait corriger le texte, la moindre faute de compréhension, de conjugaison ou d'orthographe. Une autre partie du travail consistait à ajouter des tags dans le texte signalant les événements sonores qui pourraient expliquer pourquoi Cortana avait mal compris ceci ou mieux compris cela.

Je n'ai pas le détail de la suite du processus, mais j'imagine qu'ensuite, les données que nous corrigions étaient envoyées à une équipe de techniciens, programmeurs et autres génies de l'informatique qui s'occupaient de faire comprendre à Cortana comment ne pas répéter les mêmes erreurs.

Je me demandais à chaque fois si ces gens avaient conscience qu'une personne extérieure allaient entendre leurs petits délires sexuels

Les données qu'on écoutait allaient d'Utilisateur A qui dit simplement "Hey Cortana, quelle sera la météo demain?" à Utilisateur B qui demande en chuchotant à Cortana de lui trouver des vidéos porno de telle ou telle catégorie...

Il y avait leurs recherches internet, leurs interactions directes avec Cortana ("Hey Cortana, raconte-moi une blague", "imite la poule", "est-ce que tu m'aimes?", "est-ce que tu ressens la douleur?"…). Les utilisateurs peuvent aussi dicter du texte : messages, documents texte (résumés de cours, comptes-rendus professionnels...), adresses GPS, courriers administratifs (avec par exemple leur numéro de sécurité sociale), etc. ; nous avions accès à tout ça.

Elle peut être connectée à des consoles Xbox, on avait donc aussi des enregistrements provenant de ce service-là. Il y avait notamment des morceaux de communication en ligne (principalement d'ados et d'enfants) qui discutent sur les jeux en réseaux.

On avait également de nombreux extraits de conversations en ligne, sûrement sur Skype, provenant de personnes qui utilisaient un service de traduction instantanée (Microsoft Translator mais peut-être aussi Skype Translator, je ne suis pas certaine).

Nous n'avions jamais l'intégralité des conversations évidemment, elles étaient découpées en petites pistes ; cependant on pouvait tomber sur plusieurs morceaux d'une même conversation dans une même série de transcriptions (c'était suffisant pour dresser un profil basique de l'utilisateur ou de son humeur du moment par exemple).

On avait des conversations diverses, vraiment toutes sortes de choses, notamment souvent les séances sexcams de certains utilisateurs qui avaient besoin d'un service de traduction pour se faire comprendre, et dans ces cas-là les transcriptions étaient très explicites (parfois amusantes, parfois glauques). Je me demandais à chaque fois si ces gens avaient conscience qu'une personne extérieure allaient entendre leurs petits délires sexuels. Cortana ne fait pas le tri...

Enfin, il y avait beaucoup d'enregistrements involontaires, où des personnes discutent entre elles (dans leur voiture, à la maison, avec leurs enfants sur le chemin de l'école...) tandis que Cortana est dans les parages (tablette, téléphone portable, ordinateur, etc.) et s'est déclenchée de manière non-sollicitée et a tout enregistré.

(D'ailleurs, on avait aussi beaucoup d'utilisateurs qui insultaient tout simplement Cortana, car elle s'était déclenchée de façon non-sollicitée, ou avait mal compris une requête... Vous n'imaginez pas le nombre de fois où j'ai entendu "Sale pute Cortana !" )

On avait ainsi accès à énormément de données personnelles, que ce soit des bribes de conversations privées en ligne ou bien hors ligne.

N'importe qui pouvait être engagé

Pour pouvoir être embauché (ils recrutaient en grand nombre), il fallait s'inscrire sur le site de l'entreprise, postuler puis suivre une formation en ligne conclue par un un examen final. Si on avait un pourcentage de réussite satisfaisant, on était engagé. Auquel cas, le manager nous faisait créer un compte sur le site internet de télétravail (une plate-forme externe, utilisée par plusieurs compagnies comme celle qui m'avait engagée), et le travail commençait.

Il n'y avait pas besoin d'envoyer son CV, ni aucun entretien individuel avec un responsable ou un manager (ni par téléphone, ni par Skype, ni e-mail, rien). N'importe qui pouvait être engagé et avoir accès aux enregistrements du moment qu'ils en avaient les compétences techniques, que l'examen final avait été réussi. Pourtant, nous avions accès à des informations sensibles et personnelles.

Beaucoup de personnes ignorent ou oublient que les données collectées par Cortana (et autres outils du genre) ne sont pas uniquement traitées par des robots, mais bien aussi par des êtres-humains.

En m'inscrivant sur le site de l'entreprise, j'ai accepté ses conditions d'utilisations en cochant machinalement des petites cases, celles-ci parlaient d'une multitudes de choses, mais à ce que je me souviens il n'y avait pas d'emphase spéciale sur le respect de la vie privée des utilisateurs de nos clients. Et à aucun moment j'ai signé de ma main un contrat de confidentialité.

Ils m'ont pourtant bien demandé de signer et renvoyer un document relatif aux taxes et impôts ; ils auraient pu en faire autant pour le respect de la confidentialité.

Et sur plus d'une cinquantaine de pages d'instructions détaillées sur comment traiter les transcriptions, pas une seule ligne ne mentionnait le respect de la vie privée des utilisateurs. Pas un seul des nombreux e-mails du manager que nous recevions chaque semaine, rien n'a jamais été dédié au respect de la vie privée (en ligne et hors ligne) des utilisateurs.

Et ce dont je parle ici ne concerne pas uniquement les utilisateurs français de Cortana, il y avait des équipes de transcripteurs pour une multitudes de langues (anglais, portugais, espagnol, etc.). On avait le même manager et les mêmes instructions générales.

En théorie, les données étaient anonymes pour les transcripteurs, c'est-à-dire que nous n'avions jamais les identifiants des utilisateurs que nous écoutions, et les pistes étaient généralement distribuées de façon aléatoire et désordonnée, en plus d'être parfois découpées. Cependant, inévitablement il arrivait que les utilisateurs révèlent un numéro de téléphone, une adresse, des coordonnées, date de naissance, numéros importants, événements auxquels ils allaient se rendre, etc.

Certaines voix se reconnaissent facilement, et bien que les pistes étaient aléatoires et dans le désordre, mises bout à bout elles auraient dans quelques cas pu suffire à un transcripteur déterminé pour identifier un utilisateur. De plus, on travaillait tous depuis nos propres ordinateurs, il était donc facile de récupérer les enregistrements qu'on traitait si on le voulait.

Selon moi, ce n'était pas bien sécurisé, surtout quand on considère le fait qu'on avait aussi beaucoup d'enregistrements provenant d'enfants. Mais il faut comprendre que ce genre de traitement de données est de toute façon impossible à sécuriser entièrement (encore moins quand on sous-traite), car des données récoltées massivement ne peuvent pas être triées parfaitement, des informations sensibles passeront toujours.

Beaucoup d'utilisateurs se sentent dépassés par tout ça, et les GAFAM savent exactement comment en tirer parti

Enfin, j'aimerais parler du fait qu'il me semble évident que la plupart des logiciels de reconnaissance vocale et assistants virtuels doivent se construire comme Cortana, donc il est important que les gens mesurent ce qu'utiliser de tels logiciels implique (ce que j'ai décrit n'est assurément pas juste typique à Microsoft).

Avec l'affluence des nouveaux ''assistants personnels virtuels'', le champs des possibles pour la collecte de données s'est développé de manière fulgurante.
Le modèle de Microsoft (et les autres GAFAM) n'est pas basé sur le respect de la vie privée et la non-intrusion, c'est le contraire.

Les outils comme Cortana sont hautement intrusifs et ont accès à une liste impressionnante de données personnelles, qu'ils exploitent et développent simultanément.

La collecte de données qu'ils peuvent permettre peut être utilisée à votre insu, détournée, utilisée contre votre gré, tombée entre de mauvaises mains, être exploitée à des fins auxquelles vous n'avez jamais consciemment donné votre accord…

Personnaliser les paramètres de confidentialité de services de ce genre requiert parfois des compétences en informatique qui dépassent l'utilisateur amateur, et des écrans de fumée font oublier que vous sacrifiez et marchandez votre vie privée à l'aide de formules comme "personnalisation du contenu", "optimisation des résultats", "amélioration de votre expérience et de nos services".

Beaucoup d'utilisateurs se sentent dépassés par tout ça, et les GAFAM savent exactement comment en tirer parti.

Merci beaucoup à Julie pour son témoignage !

Contre l'emprise des GAFAM sur nos vies, signez les plaintes collectives sur gafam.laquadrature.net

Newsletter #78

jeudi 17 mai 2018 à 19:07

Salut à toutes et à tous !

Voici la newsletter 78 de La Quadrature du Net !

Sommaire

L'activité de La Quadrature du Net

Newsletter, le retour

La newsletter de La Quadrature est enfin de retour !
Pourquoi un tel silence ? L'équipe des salariés de l'association a connu une recomposition importante, après le départ de Chris et d'Adrienne à la fin de l'été 2017. Il a fallu redistribuer les rôles, prendre ses marques en tâtonnant un peu. Et puis l'automne et l'hiver ont été chargés, entre la campagne de dons (un grand merci pour votre soutien renouvelé pour une année !), l'organisation du CCC (https://www.ccc.de/en/) - nouvellement installé à Leipzig - et une actualité politique animée - grâce aux diverses lois imaginées par le gouvernement Macron et à notre nouvelle campagne pour la protection des données personnelles.
Cette newsletter présente donc l'essentiel de l'actualité de ces trois derniers mois (janvier-mars 2018), pour ceux qui nous suivent de loin. Si vous cherchez des infos plus détaillées et surtout plus fréquentes sur nos actions, le bulletin QPSTAG (Que se passe-t-il au Garage ?) est diffusé chaque semaine sur la liste discussion@laquadrature.net.
Inscrivez-vous aux listes de diffusion ici : https://wiki.laquadrature.net/Listes_de_discussion

Nouveaux membres

Le 12 mars dernier, nous avons annoncé l'arrivée de nouveaux membres au sein de l'association, avec deux objectifs : acter l'engagement de bénévoles parmi les plus proches et les plus impliqués, et ouvrir l'espace de réflexion de l'association en accueillant des compétences et des sensibilités plus diverses. La première AG de ce nouveau groupe de travail a eu lieu pendant le week-end de Pâques, du samedi 31 mars au lundi 2 avril.
Une annonce à lire ici : https://www.laquadrature.net/fr/ouverture_nouveaux_membres

Campagne de dons 2017-2018

Merci beaucoup ! Grâce à vous, nous avons rassemblé assez d'argent pour faire fonctionner l'association jusqu'à la fin de 2018. Le bilan est en ligne sur notre site. Rendez-vous à la fin de l'année pour tenter de prolonger l'action une année encore !
Le bilan de campagne à lire ici :https://www.laquadrature.net/fr/bilan_campagne_dons_2017

Données personnelles sur tous les fronts

C'est le gros sujet de ce début d'année !
Entre l'entrée en application du RGPD à partir du 25 mai, la discussion autour du projet de loi sur les données personnelles, et l'affaire Cambridge Analytica qui met à jour le modèle économique de Facebook et d'innombrables autres sociétés du web, le problème de l'exploitation illégale de nos données personnelles a connu en ce début d'année un gros regain d'intérêt dans les médias. La Quadrature du Net a participé au débat à chaque fois qu'elle en a eu l'occasion.

Données personnelles : le projet de loi

Mi-mars, le projet de loi données personnelles était au Sénat. La commission en charge du dossier a refusé d'amender le texte pour encadrer les activités des services de renseignement, malgré les obligations édictées par la directive européenne. La Quadrature du Net a donc rédigé des amendements et invité les sénateurs et sénatrices de tous bords à les soutenir. Notre appel a été entendu, et nos amendements les plus importants ont été déposés et soutenus. Un seul a été accepté, concernant le chiffrement.
Début avril, après le vote du projet de loi au Sénat, est arrivée l'heure de la commission mixte paritaire, chargée de trouver un accord entre les deux textes votés à l'Assemblée nationale et au Sénat. À la veille de ce moment important, l'Observatoire des Libertés et du Numérique (OLN), dont fait partie La Quadrature du Net, a publié une lettre adressée aux parlementaires. Elle réaffirmait les points cruciaux à nos yeux, comme le droit au chiffrement et à la portabilité des données.
La commission mixte paritaire s'est finalement séparée sans arriver à un accord. Le texte repart donc pour une nouvelle navette entre les deux chambres.
Invitation à soutenir nos amendements au Sénat : https://www.laquadrature.net/fr/pjl_rgpd_senat_com
Nos amendements (PDF) : https://www.laquadrature.net/files/amendements_lqdn_pjl_rgpd_27_02_2018.pdf
Lettre ouverte de l'OLN aux membres de la CMP : https://www.laquadrature.net/fr/cmp_pjl_rgpd

Action de groupe contre les GAFAM

Le RGPD entre en application le 25 mai, mais nous avons des doutes sur le fait qu'il soit bien appliqué comme il se doit. Est-ce que des entreprises comme Facebook ont vraiment l'intention de cesser cette surveillance de masse dont elles tirent tous leurs profits ? On en doutait alors on a pris les devants. Le 16 avril, on a lancé une campagne visant à récolter un maximum de mandats pour mener UNE ACTION DE GROUPE CONTRE LES GAFAM !!! La CNIL pourra, à partir du 24 mai, sanctionner à hauteur de 4% du chiffre d'affaires mondial mais si on veut qu'elle agisse il faut qu'on soit nombreux à rejoindre l'action de groupe.
Rejoignez l'action : https://gafam.laquadrature.net/#poster
Rejoignez-nous dans notre action (pour rappel, les particuliers donnant mandat à La Quadrature dans le cadre de cette action de groupe ne prennent aucun risque personnel, que ce soit sur un plan juridique ou financier) et faites circuler l'information autour de vous !

Données personnelles : ePrivacy

Certaines dispositions du RGPD, protectrices pour les utilisateurs, gênent beaucoup les entreprises privées qui prospèrent actuellement sur l'exploitation de nos données personnelles. Certaines d'entre elles (publicitaires et groupes de presse en tête) ont donc écrit au gouvernement français (PDF) pour le supplier de réintroduire dans le règlement ePrivacy (toujours en discussion) des dispositions qui leur permettraient de continuer leur juteux business. « L’économie de la donnée est un pilier de la croissance, de la création d’emplois et du progrès » : le gouvernement de la « Start-up Nation » n'a pas dû être très difficile à convaincre avec de telles phrases. La Quadrature adresse à son tour une lettre ouverte aux ministres.
Un lettre ouverte à lire ici : https://www.laquadrature.net/fr/eprivacy_marchandisation

Surveillance : Marseille, ville laboratoire

La mairie de Marseille veut déployer un « observatoire Big Data de la tranquillité publique », confié à une entreprise privée : ce grand fourre-tout sécuritaire agrègera des informations venues des services de police, des pompiers, de la justice, de la sécurité routière, de la vidéosurveillance urbaine, des hôpitaux et même de la météo pour prédire les zones d'espace et de temps où des faits de délinquances sont susceptibles d'avoir lieu. Les habitants seront aussi invités à alimenter la base de données, à l'aide d'une application mobile, dans le genre de celle que lance de son côté la ville de Nice (Reporty).
Félix Tréguer, président de La Quadrature du Net et habitant de Marseille, a exercé le droit d'accès aux documents administratifs que détient chaque citoyen pour obtenir le Cahier des Clauses Techniques Particulières qui décrit le objectifs et les moyens du dispositif.
Il livre son analyse.
Une tribune à lire ici : https://www.laquadrature.net/fr/surveillance_big_data_marseille

Opérateurs téléphoniques : que savent-ils de nous ?

Les opérateurs téléphoniques collectent une grande quantité de données personnelles à travers nos téléphones (métadata de nos échanges, géolocalisation, etc.) : mais lesquelles précisément, et sont-ils prêts à le reconnaître ? Pour le savoir, quatre bénévoles de La Quadrature du Net ont écrit aux quatre grands opérateurs mobiles français (Orange, Free Mobile, Bouygues Telecom et SFR) pour leur demander l'accès, autorisé par la loi, aux données personnelles détenues par leurs fournisseurs téléphoniques respectifs. Trois mois plus tard, aucune réponse satisfaisante. Mais l'étape suivante était prévue : quatre plaintes ont donc été déposées auprès de la CNIL, une contre chaque opérateur. On attend désormais les réponses...
Une histoire à suivre, à lire ici : https://www.laquadrature.net/fr/conservation_operateurs

Au secours, les recours !

Quand une loi est votée, on peut encore la changer : il suffit de l'attaquer devant le Conseil constitutionnel – et de gagner. C'est ce à quoi s'emploient La Quadrature du Net, FDN et la Fédération FDN, dans le groupe informel des Exégètes amateurs. Mais cet hiver, deux recours devant le Conseil constitutionnel ont reçu un jugement défavorable.
D'abord, le « recours Chambord », jugement rendu le 2 février dernier : il s'agissait de rendre à tous le droit de photographier les monuments nationaux. Malheureusement, le Conseil constitutionnel a confirmé le « droit à l'image » consenti en 2016 aux gestionnaires de ces momuments. Une décision que Lionel Maurel, membre fondateur de La Quadrature du Net, analyse en détail dans ses conséquences.
Le 4 mars, le Conseil constitutionnel a rejeté le recours déposé pour contester l'obligation faite à une personne gardée à vue de remettre à la police ses clefs de chiffrement. Une décision assortie de conditions (l'aval d'un juge, en particulier), mais une déception expliquée dans notre analyse.
Décision Chiffrement : texte du recours https://www.laquadrature.net/fr/conseil-constitutionnel-clefs-chiffrement et décision du Conseil constitutionnel https://www.laquadrature.net/fr/le-conseil-constitutionnel-restreint-le-...
Décision Chambord : https://www.laquadrature.net/fr/apres-d%C3%A9cision-chambord-comment-sortir-d-un-domaine-public-residuel

FAKE NEWS, FAUX DÉBAT

Emmanuel Macron veut une loi pour interdire les « fake news », les fausses nouvelles et les manipulations médiatiques en ligne qui ont connu leur heure de gloire au moment de l'élection de Donald Trump aux États-Unis d'Amérique. La Commission européenne se pose elle aussi la question de savoir si elle peut aussi légiférer de son côté. La Quadrature du Net a donc répondu à sa consultation, pour dire non : la question des fake news est un faux problème, il s'agit avant tout d'un problème de logique économique desplateformes et des réseaux sociaux.
Une réponse à consultation à lire ici : https://www.laquadrature.net/fr/consultation_fake_news


Revue de Presse

Action contre les GAFAM

Pourquoi attaquer Apple ?

vendredi 11 mai 2018 à 16:55

11 Mai 2018 - Le troisième monstre qu'on attaque, c'est Apple. Il est bien différent de ses deux frères déjà traités ici (Google et Facebook), car il ne centre pas ses profits sur l'exploitation de nos données personnelles. Ce géant-là est avant tout un géant de la communication, il sait donc bien se donner une image d'élève modèle alors qu'il n'est pas irréprochable... ni inattaquable !

Contre l'emprise des GAFAM sur nos vies, allez dès maintenant sur gafam.laquadrature.net signer les plaintes collectives que nous déposerons le 25 mai devant la CNIL.

L'entreprise Apple

Apple, c'est 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et tout autant de réserve en trésorerie (pour comparer, le budget annuel de l'État français est d'environ 300 milliards). En bourse, l'ensemble des actions de l'entreprise vaudrait maintenant 1 000 milliards de dollars, ce qui en fait la première capitalisation boursière du monde.

Fondée en 1976, notamment par Steeve Jobs et bien avant l'avènement d'Internet, l'entreprise se centre sur la vente de ses propres ordinateurs, équipés de systèmes d'exploitation qu'elle développe elle-même.

En 1984, Apple annonce le lancement de son Macintosh au moyen d'une publicité vidéo réalisée par Ridley Scott, naïvement intitulée « 1984 » et posant l'entreprise en rempart contre une future société de surveillance (la vidéo originale est disponible sur YouTube, mais nous lui préférons le détournement qu'en ont fait nos amis de la Startuffe Nation !). Tout comme le slogan interne de Google, « Don't be evil », la posture prise en 1984 par Apple n'est finalement qu'une sinistre anti-prophétie : l'entreprise jouera bien un rôle décisif dans la transformation des outils numériques en moyens d'enfermement et de contrôle.

Par la suite, Apple ne cessera d'ailleurs pas de briller par ses stratégies de communication aussi confuses qu'insidieuses : sa fameuse injonction « Think different » ne nous disant surtout pas « de quoi » il s'agirait penser différemment, elle nous demande surtout, en vérité, de penser différemment « de nous-même » (de notre singularité) pour « penser Apple » et nous fondre dans un « cool » finalement très commun.

En 2007, il y a à peine plus de 10 ans, sort l'iPhone. Ses ventes ont placé l'entreprise dans sa situation économique actuelle, représentant désormais 70% de son chiffre d'affaire (les 30% restants étant à peu près équitablement répartis entre les ventes d'iPad, de Mac et de services). Aujourd'hui, environ un smartphone sur cinq vendu dans le monde l'est par Apple.

Le modèle Apple

Le modèle économique d'Apple, centré sur la vente au public de ses seules machines, repose sur l'enfermement de ses clients : s'assurer que ceux-ci n'achèteront que du matériel Apple. Pour cela, l'entreprise entend garder tout contrôle sur l'utilisation que ses clients peuvent faire des produits qu'ils ont achetés.

Les systèmes d'exploitation livrés avec les machines Apple - iOS et Mac OS - sont ainsi de pures boites noires : leur code source est gardé secret, empêchant qu'on puisse prendre connaissance de leur fonctionnement pour l'adapter à nos besoins, en dehors du contrôle d'Apple.

Son App Store est aussi une parfaite illustration de cette prison dorée : Apple limite les logiciels téléchargeables selon ses propres critères, s'assurant que ses utilisateurs n'aient accès qu'à des services tiers « de qualité » - conformes à son modèle économique et à sa stratégie d'enfermement (Apple prenant au passage 30% du prix de vente des applications payantes, il a d'ailleurs tout intérêt à favoriser celles-ci).

Enfin, une fois que ses utilisateurs ont payé pour utiliser divers logiciels non-libres via l'App Store, il devient bien difficile pour eux, économiquement, de se tourner vers d'autres systèmes qu'Apple, où l'accès à certains de ces logiciels ne serait plus possible - et où l'argent dépensé pour les acheter serait perdu.

L'emprisonnement est parfait.

Un enfermement (aussi) matériel

Hélas, le modèle d'enfermement d'Apple ne se limite pas aux logiciels : la connectique des iPhones n'est pas compatible avec le standard Micro-USB utilisé par tous les autres constructeurs, obligeant ainsi à acheter des câbles spécifiques. De même, les derniers iPhones n'ont pas de prise jack pour le casque audio, obligeant à acheter un adaptateur supplémentaire si on ne souhaite pas utiliser les écouteurs Bluetooth d'Apple.

La dernière caricature en date de ce modèle est la nouvelle enceinte d'Apple, HomePod, qui requiert un iPhone pour s'installer et ne peut jouer que de la musique principalement fournie par les services d'Apple (iTunes, Apple Music...).

Enfin, une fois qu'Apple peut entièrement contrôler l'utilisation de ses appareils, la route lui est grande ouverte pour en programmer l'obsolescence et pousser à l'achat d'appareils plus récents. Ainsi, l'hiver dernier, accusée par des observateurs extérieurs, l'entreprise a été contrainte de reconnaître que des mises à jour avaient volontairement ralenti les anciens modèles de ses téléphones.

Apple a expliqué que ce changement visait à protéger les téléphones les plus anciens dont la batterie était usée. Mais sa réponse, qu'elle soit sincère ou non, ne fait que souligner le véritable problème : ses iPhone sont conçus pour ne pas permettre une réparation ou un changement de batterie simple. Ralentir les vieux modèles n'était « utile » que dans la mesure où ceux-ci n'étaient pas conçus pour durer.

Vie privée : un faux ami

Apple vendant surtout du matériel, la surveillance de masse n'est a priori pas aussi utile pour lui que pour les autres GAFAM. L'entreprise en profite donc pour se présenter comme un défenseur de la vie privée.

Par exemple sur son navigateur Web, Safari, les cookies tiers, qui sont utilisés pour retracer l'activité d'une personne sur différents sites Internet, sont bloqués par défaut. L'entreprise présente cela comme une mesure de protection de la vie privée, et c'est vrai, mais c'est aussi pour elle une façon de ramener le marché de la publicité vers le secteur des applications mobiles, où non seulement le traçage n'est pas bloqué mais, au contraire, directement offert par Apple.

C'est ce que nous attaquons.

Une définition « hors-loi » des données personnelles

Dans son « engagement de confidentialité », qu'on est obligé d'accepter pour utiliser ses services, Apple s'autorise à utiliser nos données personnelles dans certains cas limités, se donnant l'image d'un entreprise respectueuse de ses utilisateurs.

Pourtant, aussitôt, Apple s'autorise à « collecter, utiliser, transférer et divulguer des données non-personnelles à quelque fin que ce soit », incluant parmi ces données :

Cette liste révèle que la définition des « données personnelles » retenue par Apple est bien différente de celle retenue par le droit européen. En droit européen, une information est une donnée personnelle du moment qu'elle peut être associée à une personne unique, peu importe que l'identité de cette personne soit connue ou non. Or, l'identifiant unique de l'appareil, l'adresse IP ou, dans bien des cas aussi, les recherches effectuées ou la localisation, sont bien associables à une personne unique par elles-mêmes.

Ainsi, l'entreprise a beau jeu de préciser que « si nous associons des données non-personnelles à des données personnelles, les données ainsi combinées seront traitées comme des données à caractère personnel ». En effet, les données qu'elle dit « non-personnelles » et qu'elle associe ensembles constituent déja des données personnelles, que le droit européen interdit d'utiliser « à quelque fin que ce soit ». C'est bien pourtant ce qu'Apple nous demande d'accepter pour utiliser ses services (et sans qu'on sache dans quelle mesure il utilise ou utilisera un jour ce blanc-seing).

Le méga-cookie Apple

En dehors de l'immense incertitude quant aux pouvoirs qu'Apple s'arroge via sa définition erronée des « données non-personnelles », un danger est déjà parfaitement actuel : l'identifiant publicitaire unique qu'Apple fournit à chaque application.

Comme nous l'avions déjà vu pour Google (le fonctionnement est identique), Apple associe à chaque appareil un identifiant unique à fins publicitaires. Cet identifiant est librement accessible par chaque application installée (l'utilisateur n'est pas invité à en autoriser l'accès au cas par cas - l'accès est automatiquement donné).

Cet identifiant, encore plus efficace qu'un simple « cookie », permet d'individualiser chaque utilisateur et, ainsi, de retracer parfaitement ses activités sur l'ensemble de ses applications. Apple fournit donc à des entreprises tierces un outil décisif pour établir le profil de chaque utilisateur - pour sonder notre esprit afin de mieux nous manipuler, de nous soumettre la bonne publicité au bon moment (exactement de la même façon que nous le décrivions au sujet de Facebook).

On comprend facilement l'intérêt qu'en tire Apple : attirer sur ses plateformes le plus grand nombre d'applications, afin que celles-ci attirent le plus grand nombre d'utilisateurs, qui se retrouveront enfermés dans le système Apple.

Tel que déjà évoqué, les entreprises tierces sont d'autant plus incitées à venir sur l'App Store depuis que Apple les empêche de recourir aux juteux « cookies tiers » sur le Web - que Safari bloque par défaut. En effet, à quoi bon se battre contre Apple pour surveiller la population sur des sites internets alors que cette même entreprise offre gratuitement les moyens de le faire sur des applications ? La protection offerte par Safari apparaît dès lors sous des traits biens cyniques.

Un identifiant illégal

Contrairement au méga-cookie offert par Google sur Android, celui d'Apple est désactivable : l'utilisateur peut lui donner comme valeur « 0 ». Ce faisant, Apple prétend « laisser le choix » de se soumettre ou non à la surveillance massive qu'il permet.

Or, ce choix est largement illusoire : au moment de l'acquisition et de l'installation d'un appareil, le méga-cookie d'Apple est activé par défaut, et l'utilisateur n'est pas invité à faire le moindre choix à son sujet. Ce n'est qu'ultérieurement, s'il a connaissance de l'option appropriée et en comprend le fonctionnement et l'intérêt, que l'utilisateur peut vraiment faire ce choix. Et Apple sait pertinemment que la plupart de ses clients n'auront pas cette connaissance ou cette compréhension, et qu'aucun choix ne leur aura donc été véritablement donné.

C'est pourtant bien ce qu'exige la loi. La directive « ePrivacy » exige le consentement de l'utilisateur pour accéder aux informations contenues sur sa machine, tel que ce méga-cookie. Le règlement général sur la protection des données (RGPD) exige que ce consentement soit donné de façon explicite, par un acte positif dont le seul but est d'accepter l'accès aux données. Or, Apple ne demande jamais ce consentement, le considérant comme étant donné par défaut.

Pour respecter la loi, il devrait, au moment de l'installation de la machine, exiger que l'utilisateur choisisse s'il veut ou non que lui soit associé un identifiant publicitaire unique. Si l'utilisateur refuse, il doit pouvoir terminer l'installation et utiliser librement l'appareil. C'est ce que nous exigerons collectivement devant la CNIL.

D'ailleurs, la solution que nous exigeons est bien celle qui avait été retenue par Microsoft, l'été dernier, pour mettre Windows 10 en conformité avec la loi lorsque la CNIL lui faisait des reproches semblables à ceux que nous formulons aujourd'hui. Si Apple souhaite véritablement respecter les droits de ses utilisateurs, tel qu'il le prétend aujourd'hui hypocritement, la voie lui est donc clairement ouverte.

S'il ne prend pas cette voie, il sera le GAFAM dont la sanction, d'un montant maximum de 8 milliards d'euros, sera, pour l'Europe, la plus rentable. De quoi commencer à rééquilibrer les conséquences de son évasion fiscale, qui lui a déjà valu en 2016 une amende de 13 milliards d'euros, encore en attente de paiement (pour approfondir cet aspect, plus éloigné de notre action centrée sur les données personnelles, voir les actions conduites par ATTAC).

Contre l'emprise des GAFAM sur nos vies, allez dès maintenant sur gafam.laquadrature.net signer les plaintes collectives que nous déposerons le 25 mai devant la CNIL.

Pourquoi attaquer Google ?

jeudi 3 mai 2018 à 18:20

03 Mai 2018 - Deuxième titan de l'Internet que nous attaquons, Google est plus subtil dans sa surveillance. La stratégie est différente de celle de Facebook mais tout autant contraire à nos libertés. Démystifions cela.

L'entreprise

Fondée il y a 20 ans par Larry Page et Sergueï Brin, créateurs du moteur de recherche Google, l'entreprise compte aujourd'hui 74 000 salariés et 90,6 milliards d'euros de chiffre d'affaire. Son modèle économique n'est pas exclusivement basé sur la publicité, bien que ses revenus publicitaires représentent 86 % de son chiffre d'affaires.

Aujourd'hui, Google est une filiale d'Alphabet, la maison-mère d'un groupe implanté partout dans le monde1. Ses services se sont multipliés : gestion des e-mails avec Gmail, du calendrier avec Agenda, stockage et édition de documents avec Drive et Gsuite, mobile avec Android, publication de vidéos avec Youtube, etc.

Ce que Google sait de nous

Google soumet presque tous ses services à un corpus unique de « règles de confidentialité » qui prévoient que l'entreprise peut collecter :

Google explique utiliser toutes ces données pour mieux cibler ses utilisateurs afin de leur proposer les publicités les plus à même de les convaincre, au bon moment. Comme nous l'avons vu avec Facebook, l'analyse en masse d'informations d'apparence anodines permet d'établir des corrélations censées cerner en détail l'intimité de chaque personne.

Même si Google permet de limiter l'interconnexion de certains types de données brutes (localisation, recherches effectuées et vidéos consultées), il ne laisse aucun contrôle sur tous les autres types de données. Surtout, il ne permet pas de bloquer l'analyse faite sur les données dérivées (nos profils), qui sont pourtant les plus sensibles, et que nous sommes contraints d'abandonner à Google pour utiliser ses services. L'accès aux services Google implique l'obligation de céder ces informations personnelles. Cet abandon résultant d'un consentement non-libre, l'analyse de ces données est illicite — c'est ce que nous attaquons.

La chimère du contrôle

Il ne faut pas se tromper sur le soi-disant contrôle que Google nous laisserait sur l'interconnexion de certains types de données (localisation, recherches, vidéos). Par défaut, Google récupère et croise une quantité monstrueuse de données. Il ne suffit pas que l'entreprise nous donne la possibilité de limiter certaines mesures pour que celles-ci deviennent licites. Qui a déjà activé les options limitant la collecte de données personnelles par Google ? L'entreprise tente de s'acheter une image en laissant à l'utilisateur, par un acte volontaire, cette possibilité, en sachant pertinemment que la majorité des utilisateur ne le feront pas. Le consentement est alors dérobé.

Heureusement, le règlement général sur la protection des données (RGPD) a parfaitement anticipé cette tentative de contourner notre volonté. Il prévoit précisément que, pour être valide, notre consentement doit être explicite : « il ne saurait dès lors y avoir de consentement en cas de silence, de cases cochées par défaut ou d'inactivité » (considérant 32). Or, les mesures de surveillance sur lesquelles Google feint de nous laisser un certain contrôle sont « acceptées » par défaut au moyen de cases précochées. Puisqu'elles ne reposent pas sur un consentement explicite, ces mesures sont illicites — nous l'attaquons aussi.

Gmail

Google s'autorise à analyser le contenu des e-mails de ses utilisateurs, envoyés comme reçus. L'entreprise se permet ainsi clairement d'analyser les correspondances de ses utilisateurs. Plus sournois encore, Google lit les conversations avec les correspondants des utilisateurs de Gmail alors que ceux-ci n'ont jamais donné leur consentement et n'ont même jamais été informés de cette surveillance.

De plus, même si Google a annoncé (EN) ne plus souhaiter analyser le contenu des e-mails à des fins publicitaires, ses « règles » continuent à l'y autoriser — rendant ses déclarations bien superficielles.

Dans tous les cas, en dehors de l'analyse à des fins publicitaires, Google entend bien continuer à analyser les contenus des e-mails pour « nourrir » ses algorithmes de prédiction (et les algorithmes de Google sont, sur le long terme, probablement ce que l'entreprise a de plus précieux).

Ainsi, sur Gmail, l'entreprise présente ses algorithmes comme des assistants à la gestion des rendez-vous et des correspondances et en affiche fièrement l'ambition : remplacer les humains dans la multitude de choix qu'elle juge « secondaires » (avec qui parler, quand, pour dire quoi), pour que l'humanité reste concentrée sur ce à quoi elle devrait être dédiée - être productive.

Enfin, s'agissant de son activité traditionnelle — la publicité —, Google ne se cache pas de continuer à analyser les métadonnées des e-mails (qui parle avec qui, quand, à quelle fréquence) pour identifier plus précisément ses utilisateurs et leurs contacts. Cette analyse se retrouve également dans l'application maison de messageries instantanées, Allo : les messages sont par défaut enregistrés sur les serveurs de GooglePire, les messages vocaux sont écoutés et transcrits par Google et l'utilisateur ne peut pas s'y opposer.

Ces métadonnées, qui sont créées « par des machines, pour des machines », sont bien plus simples à analyser automatiquement que le contenu des e-mails (écrit par des humains, et donc soumis à la subtilité du langage) tout en pouvant révéler des informations au moins aussi intimes : savoir que vous écrivez subitement à un cancerologue peut révéler plus d'informations sur votre état de santé que le détail de ce que vous lui dites, par exemple.

Ici, au cœur de l'activité de Google, plus question de laisser à l'utilisateur le moindre contrôle sur ce qui peut être ou non analysé — pour utiliser Gmail, nous devons entièrement céder notre droit fondamental à la confidentialité de nos communications (ainsi que celui de nos correspondants, malgré eux).

Google nous piste sur le Web

16 % du chiffre d'affaires de Google proviennent de ses activités d'entremetteur publicitaire, qui consiste à mettre en relation des annonceurs avec « plus de deux millions » de sites ou blogs tiers qui souhaitent se rémunérer par la publicité ciblée. Sur chacun de ces sites, c'est Google qui affiche techniquement chaque publicité, et cet affichage lui permet de déposer les cookies et autres pisteurs grâce auxquels il peut retracer la navigation de tout internaute (inscrit ou non à ses services). Ici encore, nous n'avons jamais consenti de façon valide à ce pistage.

De l'exacte même façon, Google nous piste sur les innombrables sites qui ont recours au service Google Analytics. Ce service aide les sites à analyser l'identité de leurs visiteurs, tout en laissant Google accéder aux mêmes informations.

Une simple analyse de trafic2sur des sites comme lemonde.fr, lefigaro.fr, hadopi.fr ou defense.gouv.fr permet par exemple de constater qu'en accédant à ces sites, diverses requêtes sont envoyées à doubleclick.net (la régie publicitaire de Google) et/ou google-analytics.com, permettant à Google de connaître ne serait-ce que notre adresse IP, la configuration unique de notre navigateur et l'adresse URL de chaque page visitée sur chacun de ces sites.

Les responsables de ces sites sont tout autant responsables que Google de ce pistage illégal - nous nous en prendrons à eux plus tard - par lequel le géant publicitaire peut encore plus précisément nous ficher.

Enfin, Google compte bien étendre sa présence sur l'ensemble du Web en régulant lui-même la publicité : en configurant son navigateur Google Chrome (utilisé par 60 % des internautes) pour qu'il bloque partout sur le Web les publicités qui ne correspondraient pas aux critères (de format, d'ergonomie...) décidés par l'entreprise. Le message est ainsi clair : « si vous voulez faire de la publicité en ligne, utilisez les services Google, vous vous éviterez bien des soucis ! »

D'une pierre trois coups, Google passe d'une part pour un défenseur de la vie privée (puisqu'il bloque certaines publicités intrusives), incite d'autre part les internautes à désactiver les bloqueurs tiers (tel que uBlocks Origin qui neutralise efficacement nombre de traçeurs de Google) puisque que Google Chrome en intègre un par défaut, et incite enfin encore plus d'éditeurs de page Web à afficher ses publicités et donc à intégrer ses traçeurs, partout, tout le temps.

Youtube

La plus grosse plateforme vidéo d'Internet (et le second site le plus visité au monde, d'après Alexa), Youtube, appartient à Google.

Youtube ne se contente pas seulement d'héberger des vidéos : il s'agit d'un véritable média social de contenus multimédia, qui met en relation des individus et régule ces relations.

En effet, lorsqu'une vidéo est visionnée sur Youtube, dans 70 % des cas, l'utilisateur à été amené à cliquer sur cette vidéo via l'algorithme de recommandation de Youtube. Un ancien employé de Youtube, Guillaume Chaslot3, expose les conséquences de de cet algorithme. Le but de l'algorithme n'est pas de servir l'utilisateur mais de servir la plateforme, c'est-à-dire de faire en sorte que l'on reste le plus longtemps possible sur la plateforme, devant les publicités. L'employé raconte que lors de la mise en ligne d'une vidéo, celle-ci est d'abord montrée à un échantillon de personnes et n'est recommandée aux autres utilisateurs que si elle a retenu cet échantillon de spectateurs suffisamment longtemps devant l'écran.

Cet algorithme ne se pose pas la question du contenu - de sa nature, de son message… En pratique, cependant, l'ancien employé constate que les contenus les plus mis en avant se trouvent être les contenus agressifs, diffamants, choquants ou complotistes. Guillaume Chaslot compare : « C'est comme une bagarre dans la rue, les gens s'arrêtent pour regarder .»

Nécessairement, on comprend que, en réponse à cet algorithme, de nombreux créateurs de contenus se soient spontanément adaptés, proposant des contenus de plus en plus agressifs.

Dans le but de faire le maximum de vues, Youtube surveille donc le moindre des faits et gestes des utilisateurs afin de les mettre dans la condition la plus propice à recevoir de la publicité et afin de les laisser exposés à cette publicité le plus longtemps possible… mais ce n'est pas tout !

Youtube, désirant ne pas perdre une seconde de visionnage de ses utilisateurs, ne prend pas le risque de leur recommander des contenus trop extravagants et se complait à les laisser dans leur zone de confort. L'ancien employé déclare qu'ils ont refusé plusieurs fois de modifier l'algorithme de façon à ce que celui-ci ouvre l'utilisateur à des contenus inhabituels. Dans ces conditions, le débat public est entièrement déformé, les discussions les plus subtiles ou précises, jugées peu rentables, s'exposant à une censure par enterrement.

De plus, Youtube bénéficie du statut d'hébergeur et n'est donc pas considéré comme étant a priori responsable des propos tenus sur sa plateforme. En revanche, il est tenu de retirer un contenu « manifestement illicite » si celui-ci lui a été notifié. Compte tenu de la quantité de contenus que brasse Youtube, il a décidé d'automatiser la censure des contenus potentiellement « illicites », portant atteinte au droit de certains « auteurs », au moyen de son RobotCopyright, appelé « ContentID ». Pour être reconnu « auteur » sur la plateforme, il faut répondre à des critères fixés par Youtube. Une fois qu'un contenu est protégé par ce droit attribué par Youtube (en pratique, il s'agit en majorité de grosses chaînes de télévision), la plateforme se permet de démonétiser ou supprimer les vidéos réutilisant le contenu « protégé » à la demande de leur « auteurs ».

Un moyen de censure de plus qui démontre que Youtube ne souhaite pas permettre à chacun de s'exprimer (contrairement à son slogan « Broadcast yourself ») mais cherche simplement à administrer l'espace de débat public pour favoriser la centralisation et le contrôle de l'information. Et pour cause, cette censure et cet enfermement dans un espace de confort est le meilleur moyen d'emprisonner les utilisateurs dans son écosystème au service de la publicité.

Contrairement à ce que Google tente de nous faire croire, la surveillance et la censure ne sont pas la condition inévitable pour s'échanger des vidéos en ligne. On peut parfaitement le faire en total respect de nos droits. PeerTube est une plateforme de partage de vidéos proposant les mêmes fonctionnalités que Youtube mais fonctionne avec des rouages différents. Les vidéos ne sont pas toutes hébergées au même endroit : n'importe qui peut créer son instance et héberger chez lui des vidéos. Les différentes instances sont ensuite connectées entre elles. Chaque instance a donc ses propres règles, il n'y a pas une politique de censure unifiée comme sur Youtube, et surtout ces règles ne sont pas dictées par une logique commerciale.

Infiltration de l'open source sur Android, cheval de Troie de la surveillance

Google porte le logiciel Android, son système d'exploitation pour smartphones. En diffusant des outils réutilisables afin d'« aider » les développeurs à développer des applications mobiles pour Android, Google a réussi à faire largement adopter ses « pratiques » par de nombreux développeurs : les codes diffusés contiennent souvent des pisteurs Google et ceux-ci se retrouvent ainsi intégrés dans de nombreuses applications qui, a priori, n'ont absolument aucune raison de révéler à l'entreprise des informations sur leurs utilisateurs.

C'est ce que révèle parfaitement l'association Exodus Privacy : des traces des pisteurs Google Ads, Firebase Analytics, Google Analytics ou DoubleClick ont été retrouvées dans le code de plus de 3 000 applications analysées, dont Deezer, Spotify, Uber, Tinder, Twitter, Le Figaro, L'Equipe, Crédit Agricole, Boursorama ou Angry Birds.

Par ailleurs, Google tente régulièrement de s'acheter une image au sein du milieu du logiciel libre. Ainsi, les sources de Android sont libres de droit. Cela ne veut pas dire que son développement est ouvert : Google choisit quasiment seul les directions dans le développement du système.

En outre, en plus du système Android stricto sensu, Google impose aux constructeurs de smartphones d'embarquer sur leurs produits les mouchards que sont ses applications. En effet, le marché des applications étant ce qu'il est, les constructeurs de smartphone considèrent qu'un téléphone Android ne se vendra pas s'il n'intègre pas le Play Store (magasin d'applications) fourni par Google.

Or, pour pourvoir accéder au Play Store, un téléphone doit avoir les applications de surveillance de Google. Ces services Google étendent les possibilités du système et deviennent parfois indispensables pour faire fonctionner un certain nombre d'applications4, permettant à l'entreprise de traquer les utilisateurs de smartphones : la géolocalisation continue de l'utilisateur est récupérée, permettant à Google de connaître les habitudes de déplacement des usagers ; la liste des réseaux WiFi est envoyée à Google quand bien même l'utilisateur a désactivé le WiFi de son téléphone ; le Play Store impose de synchroniser son compte Google, permettant un recoupage encore plus fin des données.

Et, bien évidemment, ces services Google ne sont pas libres. Android devient donc le prétexte open-source pour placer dans la poche de l'utilisateur toute une série d'applications Google dont le but est d'espionner. Cela n'empêche pas l'entreprise de communiquer massivement sur ses projets libres très souvent intéressés, à l'image de son dernier outil libre de tracking.

Enfin, l'intégration du Play Store conduit à attribuer automatiquement un identifiant publicitaire unique à chaque utilisateur. Cet identifiant est gratuitement mis à disposition de toutes les applications et, à la façon d'un « méga-cookie », permet aux applications de tracer le comportement des utilisateurs sur l'ensemble des services utilisés. Ici, les outils de surveillance de Google sont gracieusement offerts à des développeurs tiers afin d'attirer le plus grand nombre d'applications sur Android — où Google, au sommet de cette structure, pourra librement surveiller tout un chacun.

Rejoignez la procédure

Les comptes 2017 de La Quadrature du Net

mercredi 2 mai 2018 à 13:24

La Quadrature du Net a pour habitude de publier sur son site web ses comptes annuels. Voici ceux de l'année 2017, qui ont été approuvés par l'Assemblée Générale du 1 avril 2018.

Commentaire de présentation

La Quadrature du Net est une association déclarée depuis 2013. La campagne de dons de 2016 a été similaire à la précédente, assurant une fois encore une bonne partie du financement sur 2017, notamment grâce aux dons récurrents et ponctuels qui (hors des temps de campagne de dons) représentent plus de 13 000 € par mois. Grâce à ces campagnes de dons et ces dons individuels réguliers, plus de 70% de notre budget est ainsi assuré.

Les dépenses pour 2017 sont assez similaires à celles de 2016, la majorité des dépenses venant des salaires des permanents et stagiaires de l'association, qui permettent d'assurer son activité au jour le jour.

Benjamin Sonntag pour La Quadrature du Net

Les comptes 2017

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Banque  2017

%

1. SOLDE EN DEBUT DE MOIS

   

Encaissement

   

A1. Dons LQDN

   

Dons individuels

263 570,53 €

72%

Dons entreprises

11 652,26 €

3%

Dons fondations

79 693,36 €

22%

Remboursements conférences

3 721,51 €

2%

Financement d’un poste aidé

3 496,80 €

2%

Intérêts financiers

567,89 €

-%

2. TOTAL RECETTES

362 702,35 €

100%

B. Décaissements

   

B1. d'exploitation

   

B1.1 Dépenses LQDN

   

Salaires

163 293,02 €

41%

URSSAF & Tickets Restau

141 115,00 €

35%

Local (Loyer, EDF, Tel)

28 234,65 €

7%

Frais Généraux (poste, service, buro...)

5 470,14 €

2%

Équipements (informatique, vidéo …)

4 387,58 €

1%

Transport

17 109,13 €

4%

Campagnes, Communauté

14 676,40 €

4%

Frais bancaires, Assurance

3 199,49 €

1%

Divers (goodies, projets ponctuels...)

13 079,97 €

3%

Prestations de service

7 445,00 €

2%

3. TOTAL DÉPENSES

398 010,38 €

100%

C1.  Epargne

   

Livret A & Instrument Financier

83 178,55 €

 

Z1. Totaux

   

Résultat

-35 304,83 €

 
     

Compte courant au 31.12.2017

160 294,96 €

Livret A au 31.12.2017

83 178,55 €

Solde trésorerie

243 473,51 €