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source: La Quadrature du Net

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QSPTAG #308 — 17 mai 2024

vendredi 17 mai 2024 à 17:13

Déjà une proposition de loi pour étendre la VSA dans les transports

C’est une logique que nous avions dénoncée comme un risque : la légalisation des « expérimentations » de vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans le cadre des JO ouvrait la porte à une banalisation et à une extension de la VSA dans d’autres contextes. Cassandre avait raison, et l’extension de l’usage de la VSA, avant même son « évaluation », connaît déjà une nouvelle avancée.

Le Sénat a voté en février une proposition de loi que l’Assemblée nationale a commencé d’étudier en commission des lois ce mercredi 15 mai. Cette loi « relative au renforcement de la sûreté dans les transports » comporte un article 9 qui autoriserait l’utilisation de logiciels de VSA pour analyser a posteriori les images de vidéosurveillance prises dans les transports publics (SNCF et RATP en tête) dans le cadre d’enquêtes pénales. Les logiciels sont notamment capables d’isoler et de suivre une personne sur une grande quantité d’images et de reconstituer son trajet, sans que les agents aient besoin de visionner des heures d’enregistrements.

La stratégie est à la fois habile et grossière. On voit bien qu’elle avance à petits pas, autorisant un usage après l’autre, pour masquer la progression de la VSA en la disséminant dans une poussière de lois et de cas d’usages qui paraissent à chaque fois restreints. Mais il suffit d’un pas de recul pour voir que les prétentions à la sagesse et à la prudence, colportées par le terme « expérimentation » n’ont pas tenu très longtemps. Nous appelons évidemment les député·es à rejeter cet article qui veut légaliser des pratiques pour l’instant illégales dans la surveillance des transports en commun. Toutes les explications dans notre article.

Lire l’article : https://www.laquadrature.net/2024/05/14/vsa-lassemblee-discute-deja-son-extension-aux-transports/
Notre page de campagne contre la VSA : laquadrature.net/vsa

Recours contre le blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie

Dans un contexte de grande violence et de crise politique majeure en Nouvelle-Calédonie, le gouvernement a décidé de couper d’autorité l’accès à TikTok sur le territoire calédonien. Par-delà les questions de sécurité invoquées, cette censure arbitraire constitue un précédent très inquiétant, et une application directe des intentions de censure exprimées par Emmanuel Macron et le gouvernement lors des révoltes urbaines de l’été 2023. Nous avons déposé un référé-liberté (procédure d’urgence) devant le Conseil d’État pour contester cette mesure de censure. Plus de détails dans notre communiqué de presse.

Lire le communiqué : https://www.laquadrature.net/2024/05/17/la-quadrature-du-net-attaque-en-justice-le-blocage-de-tiktok-en-nouvelle-caledonie/

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Présentation des grands chantiers de 2024 : https://www.laquadrature.net/donner/ et https://www.laquadrature.net/2023/11/15/de-nouveaux-combats-pour-2024/
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Agenda

La Quadrature dans les médias

Vidéosurveillance algorithmique (VSA)

Blocage de TikTok

Divers

La Quadrature du Net attaque en justice le blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie

vendredi 17 mai 2024 à 12:16

Par un référé-liberté déposé ce jour, La Quadrature du Net demande au Conseil d’État la suspension de la décision du Premier ministre Gabriel Attal de bloquer en Nouvelle-Calédonie la plateforme TikTok. Par cette décision de blocage, le gouvernement porte un coup inédit et particulièrement grave à la liberté d’expression en ligne, que ni le contexte local ni la toxicité de la plateforme ne peuvent justifier dans un État de droit.

Les réflexes autoritaires du gouvernement

Alors que la situation en Nouvelle-Calédonie atteint un stade dramatique, après trois ans de crise, et que le dialogue politique semble rompu suite à la décision du gouvernement et du Parlement de modifier les règles d’accession au collège électoral au détriment des indépendantistes kanaks, le gouvernement a décidé de revenir à de vieux réflexes autoritaires et coloniaux. Outre l’envoi de forces armées, il a ainsi choisi de bloquer purement et simplement la plateforme TikTok sur le territoire de Nouvelle-Calédonie. Selon Numerama, le premier ministre justifie cette mesure « en raison des ingérences et de la manipulation dont fait l’objet la plateforme dont la maison mère est chinoise », ajoutant que l’application serait « utilisée en tant que support de diffusion de désinformation sur les réseaux sociaux, alimenté par des pays étrangers, et relayé par les émeutiers ».

Or, pour mettre en œuvre cette censure, quoi de mieux qu’une des lois d’exception dont le gouvernement systématise l’usage ces dernières années ? En déclarant l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie, le gouvernement s’est autorisé à expérimenter un article de la loi de 1955, ajouté en 2017 : la possibilité de bloquer les plateformes en ligne « provoquant à la commission d’actes de terrorisme ou en faisant l’apologie ».

Personne n’est dupe : en réalité, le blocage de TikTok n’est absolument pas justifié par une quelconque présence sur la plateforme de contenus terroristes, mais bien par le fait qu’il s’agit d’une plateforme centrale dans l’expression en ligne des personnes qui en viennent aujourd’hui à se révolter. Cette décision de s’en prendre aux moyens de communication lors de moments de contestation violente – une première dans l’Union européenne et qui paraît digne des régimes russe ou turc, régulièrement condamnés par la CEDH pour atteintes à la liberté d’expression1Très logiquement, nous nous appuyons donc dans notre recours sur les précédents jurisprudentiels de la CEDH sanctionnant ces deux pays en raison des atteintes à la liberté d’expression contraires à la Convention européenne des droits de l’homme.<script type="text/javascript"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_23578_4_1').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_23578_4_1', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [10, 10], }); – a déjà été éprouvée l’année dernière, après la mort de Nahel Merzouk.

À l’été 2023, Emmanuel Macron avait exprimé son souhait de pouvoir bloquer les réseaux sociaux lors de moments de crise. Le président de la République s’était alors lancé dans une véritable course à l’échalote autoritaire contre les plateformes en ligne, blâmant les jeux vidéos, puis les réseaux sociaux qu’il voulait alors pouvoir bloquer et sur lesquels il voulait accentuer la fin généralisée de l’anonymat en ligne (déjà bien amoché en pratique). À ce moment-là, les plateformes avaient répondu présentes pour censurer les contenus relatifs aux évènements et aux violences dans les banlieues. Nous avions alors dénoncé cette collaboration entre plateformes privées et pouvoirs publics, unis pour brimer la liberté d’expression au nom du « retour de l’ordre » (voir notre analyse). Aujourd’hui le gouvernement persiste et signe dans sa volonté de mettre au pas les moyens de communications, cette fois-ci en choisissant la voie explicitement autoritaire : le blocage total.

La Nouvelle-Calédonie, terrain d’expérimentation

La décision de bloquer TikTok en Nouvelle-Calédonie constitue pour le gouvernement une première mise en pratique du programme macroniste de censure en ligne annoncé l’été dernier. L’occasion paraît idéale pour le pouvoir : d’une part du fait du relatif désintérêt des médias français pour l’archipel (il aura fallu attendre plusieurs jours, et notamment un premier mort parmi les habitant·es, pour que la presse en métropole commence à traiter de l’actualité calédonienne) et d’autre part parce que ce territoire dispose de règles juridiques différentes, notamment vis-à-vis du droit de l’Union européenne. De cette manière, le gouvernement croit pouvoir éteindre la révolte sans répondre aux griefs de manifestants, en refusant d’aborder la question du rôle de la réforme constitutionnelle sur les élections calédoniennes dans le malaise de la population kanak.

L’objectif de cette décision de censure consiste avant tout à étouffer l’expression d’une révolte. Elle constitue aussi un ballon d’essai avant une possible généralisation de ce type de mesure. De ce point de vue, le contexte politique semble favorable. Dans un récent rapport faisant suite aux révoltes urbaines de 2023, la commission des Lois du Sénat ne demandait rien d’autre que ce qui est en train d’être appliqué en Nouvelle-Calédonie : le blocage des réseaux sociaux et des sanctions plus dures contre les personnes les ayant utilisés lors des révoltes d’une partie de la jeunesse des quartiers populaires l’an dernier.

Lutter contre la surenchère autoritaire

Par notre recours en référé déposé ce jour, nous tentons donc de stopper une machine autoritaire lancée à pleine vitesse. Ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas de défendre TikTok, une plateforme dont la toxicité avérée commence à être prise en compte par le législateur. Mais les pouvoirs publics restent obnubilés par la nationalité chinoise des détenteurs des capitaux de la plateforme, alors qu’au fond pas grand-chose ne sépare le modèle de TikTok de celui d’Instagram, de Snapchat ou d’autres réseaux dominants. Au-delà de TikTok et de la tutelle exercée par le régime chinois, c’est l’ensemble de l’économie politique liée à ces réseaux sociaux centralisés, fondés sur la collecte et l’exploitation massive des données des utilisateurices, organisés autour d’algorithmes et d’interfaces toxiques, qu’il convient de démanteler. C’est notamment pour promouvoir des alternatives favorables à la liberté d’expression et protectrices des droits que nous appelons à imposer l’interopérabilité des réseaux sociaux.

Par ce recours, il s’agit de dénoncer haut et fort cette mesure autoritaire inédite dans un régime qui se prétend démocratique, mais aussi d’empêcher que ces désirs de contrôle puissent trouver une quelconque légitimité politique ou juridique à l’avenir. Alors que la loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique (SREN) a été votée et promet une large remise en question de l’anonymat en ligne et une plus grande censure administrative, alors que la lutte contre le terrorisme sert plus que jamais de prétexte à étouffer l’expression en ligne et les contestations, il faut continuer à agir.

Dans ce contexte, La Quadrature a d’autant plus besoin de vous. Le recours que nous avons déposé aujourd’hui ne serait pas possible sans votre soutien. Rejoignez-nous dans nos combats, pour ne pas rester silencieux.euses face aux attaques autoritaires du gouvernement. Et si vous le pouvez, faites-nous un don sur https://www.laquadrature.net/donner/

References

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1 Très logiquement, nous nous appuyons donc dans notre recours sur les précédents jurisprudentiels de la CEDH sanctionnant ces deux pays en raison des atteintes à la liberté d’expression contraires à la Convention européenne des droits de l’homme.
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VSA : l’Assemblée discute déjà son extension aux transports

mardi 14 mai 2024 à 13:43

Alors que les expérimentations de vidéosurveillance algorithmique (VSA) prévues par la loi relative aux Jeux Olympiques ont à peine débuté et qu’aucune évaluation n’a encore été réalisée, le gouvernement passe déjà à la vitesse supérieure. Mercredi 15 mai, la commission des lois de l’Assemblée va discuter d’une proposition de loi visant à légaliser une nouvelle forme de VSA, en utilisant cette fois-ci comme excuse la sécurité dans les transports. Derrière ce texte passé presque inaperçu se cache une nouvelle avancée sécuritaire mais surtout un agenda politique assumé : celui de la généralisation sur le long terme des technologies de surveillance algorithmique des espaces publics. Le rapporteur Clément Beaune a refusé de nous auditionner. Pourtant nous aurions eu beaucoup à lui dire sur les dangers de cette technologie et les contradictions du gouvernement qui trahit sans scrupule les promesses formulées il n’y a même pas un an.

Vous vous souvenez de la loi Sécurité globale ? Voici sa petite sœur, la proposition de loi « relative au renforcement de la sûreté dans les transports ». Adoptée en février par le Sénat, ce texte propose les pires projets sécuritaires : captation du son dans les wagons, pérennisation des caméras-piétons pour les agent·es et extension aux chauffeur·euses de bus, autorisation donnée aux régies de transports pour traiter des données sensibles (ce qui permettrait de collecter des données liées à l’origine raciale, les données de santé ou encore les opinions religieuses et politiques) ou encore transmission directe au ministère public des procès-verbaux d’infractions commises dans les transports.

Expérimenter pour banaliser et légitimer

Mais surtout, cette proposition de loi envisage une nouvelle expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique jusqu’en 2027. Son article 9 est un quasi copié-collé de l’article 10 de la loi relative aux Jeux olympiques adoptée l’année dernière et qui prévoyait l’utilisation d’algorithmes de reconnaissance de comportements dans un cadre soit-disant « expérimental » pour tout évènement récréatif, sportif et culturel. Alors que les premiers déploiements ont à peine commencé, que des sénateur·rices ont constaté dans un récent rapport que ces dispositifs ne seront pas suffisamment opérationnels pour les JO de Paris et que l’évaluation prévue par la loi n’a pas encore été faite, ce nouveau texte discuté demain propose de rendre légal un autre type de logiciel d’analyse de flux vidéos.

En l’occurrence, il s’agirait d’autoriser des traitements de données ayant pour but d’« extraire et exporter les images » réquisitionnées par la police dans le cadre d’enquêtes pénales. Derrière cette formule floue, nous devinons qu’il s’agit en réalité des algorithmes de VSA dits « a posteriori » dont nous documentons l’usage depuis des années dans le cadre de l’initiative Technopolice.

En effet, s’il est très facile d’effectuer une recherche dans un document texte, la tâche s’avère plus compliquée et chronophage lorsqu’il s’agit d’effectuer une recherche dans un flux vidéo. La VSA « a posteriori » permet d’ automatiser des recherches dans des archives vidéo. Comme nous l’expliquons dans notre brochure détaillée publiée début mai, cela consiste à lancer des requêtes de reconnaissance d’image afin de faire remonter l’ensemble des bandes vidéos correspondant à certains critères thématiques comme détecter l’ensemble des hommes portant un t-shirt jaune et un pantalon noir repérés dans une zone géographique donnée durant les dernières 24h. Concrètement, cela permet de retracer le parcours de quelqu’un dans une ville. La VSA peut également raccourcir le temps de visionnage en condensant des heures ou des jours de vidéos en quelques minutes. Le rôle de la VSA dans cet usage est de sélectionner les passages susceptibles d’intéresser la police et de faire une ellipse sur le reste du temps de vidéo. Cette technologie repose sur l’analyse et le tri des caractéristiques biométriques des personnes, ce qui la rend totalement illégale.

Le plus connu des logiciels permettant de tels usages est celui de Briefcam, une entreprise israélienne rachetée par le groupe japonais Canon. Pas moins de 200 villes françaises seraient dotées de sa technologie de VSA, qui permet aussi de faire de la reconnaissance faciale. Le manuel d’utilisation que nous avons obtenu ainsi que les vidéos promotionnelles1 Voir notamment cette vidéo à partir de 3:12<script type="text/javascript"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_23556_2_1').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_23556_2_1', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [10, 10], }); sont parlantes quant aux capacités de ces algorithmes de tri et de catégorisation des personnes, considérés comme de simples « objets ».

Comme toute technologie de VSA, elle permet à la police d’augmenter son contrôle de l’espace public, réduisant ainsi l’anonymat et les libertés que l’on y exerce. Mais la VSA étend également les logiques policières en les automatisant. Toute décision opérée sur le logiciel ne fait que refléter un choix humain, en l’occurrence celui des policiers, et généralise les habitudes qu’ils ont en matière de surveillance de l’espace public. Qu’il s’agisse des critères physiques choisis pour mettre en œuvre des filtres de tri et de repérage (par exemple, un homme vêtu d’un jogging et d’une casquette), des lieux ciblés par cette analyse (abords d’un lieu militant ou quartier populaire…) ou encore de la fonctionnalité choisie (pour retrouver le parcours de quelqu’un ou pour ne repérer qu’une certaine catégorie de personne), chacune des utilisations de cette VSA renforce des pratiques policières discriminantes et créé un risque supplémentaire de surveillance.

Une hypocrisie de plus : légaliser l’illégal

Bien que ces logiciels soient massivement utilisés par la police dans de nombreuses villes de France, et ce en toute illégalité, la proposition de loi discutée ce mercredi cantonne « l’expérimentation » aux transports pour trois ans. En pratique, seules la RATP ou la SNCF seront donc autorisées par la loi à avoir recours à ces algorithmes, et uniquement pour répondre à des réquisitions d’enregistrements dans le cadre d’enquêtes pénales. Plutôt que de condamner ces utilisations illégales et massives de VSA, le gouvernement a donc choisi de les légitimer au travers d’un texte qui semble en apparence circonscrit et proportionné. Comme pour la loi relative aux Jeux Olympiques, le gouvernement souhaite avancer par « petit pas » pour mettre en œuvre sa stratégie de légalisation, en concentrant l’attention sur un spectre réduit d’usages encadrés par des lois « expérimentales ».

Usages de la VSA

Ces cadres « expérimentaux » permettent de donner l’apparence d’un aspect éphémère et réversible pour construire l’acceptabilité sociale d’une technologie autoritaire. Mais il ne fait que peu de doute que ces dispositifs seront soit pérennisés soit étendus à de nouveaux usages L’arrivée de ce texte, un an à peine après celui de la loi JO, en est le meilleur exemple. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les transports aient été choisis pour mettre en application cette nouvelle accélération. En effet, ceux-ci jouent un rôle moteur dans la promotion de la VSA en France. En 2022, la CNIL avait lancé une consultation publique sur le sujet et les contributions de la RATP et de la SNCF étaient éloquentes quant à leurs intentions de surveillance.

Aussi, comme l’a rappelé Mediapart, la SNCF expérimente régulièrement depuis 2017, de façon totalement illégale, plusieurs logiciels de surveillance dans les gares achetés auprès de plusieurs entreprises. Début mai, nous avons dénoncé à la CNIL un de ces programmes illégaux mis en œuvre par la SNCF, Prevent PCP, qui vise à faire de la filature automatisée de personnes dans les gares, sur la base de leurs attributs physiques et biométriques, sous prétexte de retrouver les personnes qui abandonneraient un bagage en gare. Quant à la RATP, elle a expérimenté la vidéosurveillance algorithmique dans ses rames et sur ses quais avec Evitech et Wintics. Bref, la proposition de loi apparaît taillée sur mesure pour légaliser une partie des dispositifs de VSA d’ores et déjà utilisés illégalement par la SNCF ou la RATP.

Un Parlement instrumentalisé

Qu’il s’agisse de cette proposition de loi sur les transports ou de la loi relative aux Jeux olympiques adoptée en mai 2023, l’intention qui préside à ces textes n’est pas d’engager une discussion sincère sur l’utilité de la VSA, mais d’entériner des états de fait. Le Sénat et l’Assemblée nationale apparaissent alors comme de simples chambre d’enregistrement du gouvernement, qui trahit ses engagements et multiplie les manœuvres rendant impossible un réel débat parlementaire.

En effet, celui-ci n’a pas peur de s’asseoir sur ses promesses faites l’année dernière aux député·es et sénateur·ices. Lors des débats sur la loi sur les Jeux Olympiques, aussi bien le rapporteur Guillaume Vuilletet que Gerald Darmanin assuraient mordicus aux parlementaires inquiets que de nombreuses garanties avaient été prévues, et notamment puisqu’il s’agissait d’une « expérimentation », que seul l’aboutissement d’un processus d’évaluation permettrait d’aller plus loin. Les modalités de cet examen ont été précisées par un décret du 11 octobre 2023 et un comité a été nommé pour rendre un rapport d’ici fin mars 2025. Mais ces gardes-fous, pourtant votés par la représentation nationale il y a un an, sont balayés d’un revers de main aujourd’hui : sans attendre ce rapport, le gouvernement préfère avancer, en assumant avoir menti aux parlementaires.

D’autre part, le processus législatif qui entoure ce texte sur les transports démontre que le gouvernement refuse au Parlement les conditions d’un débat serein et approfondi. Comme son nom l’indique, ce texte est une proposition de loi, c’est à dire une initiative parlementaire et non gouvernementale, déposée en l’occurrence par Philippe Tabarot, un sénateur LR. Celui-ci n’est pas sans lien avec le sujet puisqu’il a été plusieurs années à la tête de la régie des transports PACA puis vice-président de la Commission des transports de Régions de France.

Or, compte tenu du fait qu’il s’agit d’une proposition de loi de l’opposition, ce texte ne pouvait en théorie être transféré à l’Assemblée qu’au travers d’une « niche » du parti LR. C’était sans compter la volonté de l’exécutif de le mettre à l’ordre du jour de son propre chef. En outre, le gouvernement n’a pas hésité à recourir une fois de plus à l’excuse des Jeux olympiques pour déclencher une procédure accélérée pour l’examen du loi, prétextant que ce texte devait entrer en vigueur avant cet évènement en juillet. Mais ce n’est pas tout. Alors que l’année dernière, pour la loi JO, le gouvernement avait au minimum posé les conditions d’un examen parlementaire informé, ici aucune étude d’impact, aucun avis de la CNIL, aucune explication de la technologie couverte par l’article 9 n’a été publiée ou transmise aux parlementaires.

Les député·es vont donc voter un texte sans comprendre les implications techniques et les conséquences en termes de surveillance de cet usage de la VSA, qui sera très probablement minimisée et mal expliquée par le rapporteur Clément Beaune. D’ailleurs, ce dernier ne semble pas disposé à un quelconque débat : lorsque nous lui avons demandé à être auditionné afin d’en savoir plus sur le contenu de ce texte ainsi que pour alerter sur ses dangers, l’administration de l’Assemblée nationale a refusé, prétextant un « calendrier trop chargé ».

Faire passer un texte à toute vitesse, faire primer l’opportunisme politique sur la transparence démocratique et refuser d’écouter une association de défense des droits qui travaille depuis des années sur le sujet, c’est tout le jeu démocratique qui est bafoué. Une fois de plus, il n’y a aucune volonté de la part des pouvoirs publics d’examiner sincèrement l’utilité ou les dangers de la VSA, et encore moins de démanteler l’infrastructure de surveillance illégalement déployée depuis des années. En réalité, les intérêts politiques et sécuritaires priment et les garde-fous démocratiques sont réduits à de purs instruments cosmétiques.

Cette proposition de loi sur les transports constitue une étape de plus dans le déploiement de la surveillance automatisée des rues, au bénéfice de la police et des industriels de la Technopolice. Alors que le gouvernement ne s’embarrasse même plus à permettre les conditions d’un débat parlementaire, mobilisons-nous ! Interpellez votre député·e sur ce texte ou bien créez vous-même la contestation dans votre ville ou votre département. Car à coté de ces débats législatifs, la VSA continue de s’installer de façon illégale à travers le pays, souvent à l’échelon des collectivité locales. Pour dénoncer cette hypocrisie et refuser le projet de société de surveillance de l’espace public, nous avons lancé un kit de mobilisation il y a deux semaines. Vous pouvez y trouver ressources, modes d’action et des affiches pour faire valoir une opposition populaire à la VSA. Rejoignez la campagne sur www.laquadrature.net/vsa, et si vous le pouvez, faites un don sur www.laquadrature.net/donner !

References

References
1 Voir notamment cette vidéo à partir de 3:12
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QSPTAG #307 — 3 mai 2024

vendredi 3 mai 2024 à 16:55

Lancement de notre campagne contre la VSA

La loi JO de 2023 a légalisé des « expérimentations » de vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans un cadre précis : des événements « festifs, sportifs ou culturels », sur une période donnée (jusqu’en mars 2025), et pour surveiller seulement huit critères parmi lesquels les départs de feu, les franchissements de ligne ou les mouvements de foule par exemple. Mais on le sait depuis longtemps grâce à notre campagne Technopolice, la VSA est déjà présente et utilisée dans des dizaines de communes sans aucun cadre légal. La SNCF expérimente par exemple depuis plusieurs mois un dispositif appelé Prevent PCP et qui dépasse largement le cadre délimité par la loi JO.

C’est pourquoi nous lançons cette semaine une grande campagne contre la VSA légale et illégale, en profitant de l’intérêt suscité par les JO, pour dénoncer l’hypocrisie consistant à légaliser petit à petit, et à banaliser par le fait, un système de surveillance qui sert à la fois des intérêts électoraux, industriels et policiers au mépris complet des droits fondamentaux et sans aucun débat démocratique.

Première action de cette campagne : une plainte devant la CNIL contre le dispositif Prevent PCPC de la SNCF. Pour en savoir plus sur la campagne, lisez notre communiqué de lancement ! Et retrouvez sur notre page de campagne les éléments de communication et de sensibilisation que nous avons préparés. Ils seront complétés au fil de la campagne.

Lire le communiqué de lancement de la campagne : https://www.laquadrature.net/2024/05/02/contre-lempire-de-la-videosurveillance-algorithmique-la-quadrature-du-net-contre-attaque/
Le site de campagne : hhttps://www.laquadrature.net/vsa/

Hadopi : la CJUE renonce à protéger l’anonymat en ligne

C’est une affaire qui commence en 2019. Dans le cadre de nos actions contre Hadopi, nous avions soulevé devant le Conseil d’État le problème de l’absence de contrôle préalable à la collecte des adresses IP et de l’identité civile des internautes, et la question de la licéité de cette collecte au regard du droit de l’UE. Après un circuit complet, du Conseil d’État au Conseil constitutionnel et retour, le Conseil d’État avait décidé de transmettre le problème sous forme d’une « question préjudicielle » à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Celle-ci a rendu une décision très décevante ce mardi 30 avril. À rebours de sa décision de 2020, la CJUE autorise toujours la collecte massive de l’identité civile des internautes, et admet désormais que l’association de celle-ci avec l’adresse IP et une communication peut se faire pour n’importe quel motif. Elle semble valider de guerre lasse la pratique illicite des États européens depuis des années. Tous les détails de cette décision et de ses conséquences dans notre article de réaction.

Lire notre réaction : https://www.laquadrature.net/2024/04/30/surveillance-et-hadopi-la-justice-europeenne-enterre-un-peu-plus-lanonymat-en-ligne/

Soutenir La Quadrature en 2024

Nous avons besoin de vous pour travailler en 2024, et nous avons pour le moment atteint 60% de notre objectif de collecte. N’hésitez pas à faire un don de soutien à l’association, ou à faire connaître notre campagne de dons autour de vous. Merci pour votre aide !

Présentation des grands chantiers de 2024 : https://www.laquadrature.net/donner/ et https://www.laquadrature.net/2023/11/15/de-nouveaux-combats-pour-2024/
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Agenda

La Quadrature dans les médias

VSA et JO

Divers

Contre l’empire de la vidéosurveillance algorithmique, La Quadrature du Net contre-attaque

jeudi 2 mai 2024 à 16:02

L’« expérimentation » de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans le cadre fixé par la loi « Jeux Olympiques » adoptée l’an dernier n’en est pas une : elle n’est qu’une manœuvre hypocrite destinée à légaliser par petites touches une infrastructure policière déjà massivement déployée en France. Pour contrer cette stratégie, La Quadrature du Net lance aujourd’hui une campagne visant à nourrir l’opposition populaire à la VSA, une technologie basée sur des techniques d’« Intelligence Artificielle » qui s’assimile à un contrôle constant et automatisé des espaces publics, et qui marque un tournant historique dans la surveillance d’État. Une plainte a également été déposée devant la CNIL afin de dénoncer l’hypocrisie des promoteurs de la VSA et pointer l’incurie de l’autorité de protection des données personnelles.

Le prétexte des Jeux Olympiques

Depuis quelques jours, les services de police du pays et les services de sécurité des sociétés de transport ont légalement recours à la VSA1Voir notre article consacré aux premiers arrêtés préfectoraux autorisant le recours à la VSA.<script type="text/javascript"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_23505_2_1').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_23505_2_1', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [10, 10], });. Fin avril, invoquant des afflux importants de personnes liés à des matchs de foot ou des concerts, la préfecture de police de Paris a en effet autorisé la SNCF et la RATP à utiliser les technologies de la startup Wintics pour croiser les flux des centaines de caméras installées dans certaines gares et stations de métro parisiennes2Les catégories d’événements à repérer par les systèmes de VSA reprennent une partie des catégories prévues par la loi de 2023, en l’espèce : franchissement ou présence d’une personne dans une zone interdite ou sensible, densité trop importante de personnes, mouvement de foule, présence d’objets abandonnés.<script type="text/javascript"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_23505_2_2').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_23505_2_2', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [10, 10], });. Ces « expérimentations » vont se poursuivre jusqu’en mars 2025, dans le cadre juridique fixé par la loi relative aux Jeux Olympiques adoptée l’an dernier.

Qu’importe l’efficacité dérisoire de ces systèmes de surveillance automatisée des espaces publics. Pour le ministère de l’intérieur, les industriels et leurs relais politiques, ces expérimentations servent avant tout à détourner l’attention, alors qu’en parallèle, des centaines de systèmes de VSA sont illégalement utilisés depuis des années par l’État, les collectivités locales ou les régies de transport. Il s’agit aussi de faire oublier qu’au croisement d’intérêts économiques, électoralistes et autoritaires, les promoteurs de la Technopolice travaillent depuis des années à l’imposition de la VSA partout sur le territoire.

Le pire est à venir

De fait, les projets de loi visant à pérenniser la VSA en recourant aux applications les plus sensibles – à l’image de la reconnaissance faciale en temps réel dans l’espace public ou de la vidéoverbalisation automatique des petites infractions – sont pour certains déjà dans les cartons.

La proposition de loi Transports est un parfait exemple : l’Assemblée nationale s’apprête à débattre de cette proposition poussée par la droite sénatoriale et visant à légaliser la VSA dans les transports. Le gouvernement soutient l’initiative parlementaire puisqu’il a activé la procédure accélérée sur ce texte, sans même attendre les évaluations imposées par la loi JO3Guillaume Jacquot. « Transports : le Sénat adopte une proposition de loi qui renforce l’arsenal de sécurité, avec le soutien du gouvernement », Public Sénat, 14 février 2024.<script type="text/javascript"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_23505_2_3').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_23505_2_3', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [10, 10], });.

Par ailleurs, en juin 2023, soit moins de trois mois après l’adoption de la loi JO, le Sénat reprenait un projet d’expérimentation d’abord mûri par la majorité macroniste en adoptant une proposition de loi prévoyant une expérimentation de trois ans de la reconnaissance faciale couplée à la vidéosurveillance. « Trop tôt », avait en substance répondu le gouvernement, estimant que les conditions politiques n’étaient pas réunies et préférant s’en tenir à une stratégie des petits pas4Simon Barbarit, « Reconnaissance faciale : le Sénat adopte une proposition de loi pour expérimenter cette technologie ». Public Sénat, 12 juin 2023.<script type="text/javascript"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_23505_2_4').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_23505_2_4', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [10, 10], });.

Dénoncer l’hypocrisie ambiante

Pour mieux illustrer l’hypocrisie des « expérimentations » liées à la loi JO, La Quadrature du Net vient de déposer une plainte devant la CNIL contre un déploiement de la VSA totalement illégal et resté largement sous les radars : le projet Prevent PCP.

Associant la SNCF et la RATP avec un panel d’entreprises, dont le groupe Atos et ChapsVision (par ailleurs toutes deux prestataires des expérimentations liées à la loi JO), Prevent PCP prend formellement la forme d’un marché public subventionné par l’Union européenne. En pratique, les entreprises voient leurs systèmes de VSA déployés dans des grandes gares à travers l’Europe pour détecter des « bagages abandonnés », via une méthode reposant sur l’identification et le suivi des propriétaires des bagages. En France, ces systèmes de VSA sont ainsi déployés depuis des mois dans la gare du Nord et la gare de Lyon à Paris ou, plus récemment, dans la gare de Marseille-Saint-Charles.

Grâce aux éléments mis au jour par le groupe local Technopolice Marseille, La Quadrature du Net a donc déposé une plainte devant la CNIL contre ce projet, qui n’est qu’un exemple parmi les centaines de déploiements illégaux de la VSA en France. À travers cette démarche, il s’agit de renvoyer l’autorité en charge de la protection des données personnelles au rôle qui devrait être le sien, alors qu’elle laisse proliférer des projets illégaux de VSA tout en accompagnant le processus de légalisation. Cette plainte permet également de souligner l’hypocrisie des protagonistes de Prevent PCP : alors même qu’elles prennent part à l’expérimentation de la VSA prévue par loi JO, la SNCF, la RATP, Atos ou ChapsVision se livrent en parallèle à des déploiements dépourvus de toute base légale.

Nourrir une opposition populaire à la VSA

Aujourd’hui, La Quadrature du Net lance également différents outils destinés à nourrir des mobilisations contre la VSA dans les prochains mois, et résister à sa légalisation programmée. Une brochure détaillée expliquant les dangers de la VSA, ainsi que des affiches destinées à informer la population sont disponibles sur cette page de campagne dédiée, qui sera enrichie dans les semaines et mois à venir5La page de campagne est disponible à l’adresse laquadrature.net/vsa.<script type="text/javascript"> jQuery('#footnote_plugin_tooltip_23505_2_5').tooltip({ tip: '#footnote_plugin_tooltip_text_23505_2_5', tipClass: 'footnote_tooltip', effect: 'fade', predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: 'top right', relative: true, offset: [10, 10], });.

Cette campagne contre la VSA s’inscrit dans le cadre de l’initiative Technopolice, lancée en 2019 par La Quadrature pour résister au nouvelles technologies de surveillance policière. Le site Technopolice propose un forum public ainsi qu’une plateforme de documentation participative (appelée le « carré »), libre d’utilisation et destinés à organiser et fédérer des collectifs locaux opposés à ces technologies.

Pour faire la lumière sur les arrêtés préfectoraux qui autorisent localement la VSA dans le cadre de la loi JO, nous avons également lancé un compte Mastodon, Attrap’Surveillance, qui analyse les recueils des actes administratifs des préfectures et diffuse des alertes lorsque des autorisations de surveillance policière sont détectées. C’est ce dispositif qui a permis de repérer mi-avril les premiers arrêtés de VSA. Dans les prochaines semaines, il permettra d’être averti des expérimentations de la VSA autorisées par les préfets afin de les dénoncer.

Par tous les moyens, il nous faut faire valoir notre refus d’un contrôle permanent de nos faits et gestes, dénoncer ces expérimentations, documenter les projets illégaux qui continuent de proliférer, et nous organiser localement pour battre en brèche la Technopolice. Ensemble, luttons pour que l’espace public ne se transforme pas définitivement en lieu de répression policière, pour que nos villes et nos villages soient des espaces de liberté, de créativité et de rencontres !

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References

References
1 Voir notre article consacré aux premiers arrêtés préfectoraux autorisant le recours à la VSA.
2 Les catégories d’événements à repérer par les systèmes de VSA reprennent une partie des catégories prévues par la loi de 2023, en l’espèce : franchissement ou présence d’une personne dans une zone interdite ou sensible, densité trop importante de personnes, mouvement de foule, présence d’objets abandonnés.
3 Guillaume Jacquot. « Transports : le Sénat adopte une proposition de loi qui renforce l’arsenal de sécurité, avec le soutien du gouvernement », Public Sénat, 14 février 2024.
4 Simon Barbarit, « Reconnaissance faciale : le Sénat adopte une proposition de loi pour expérimenter cette technologie ». Public Sénat, 12 juin 2023.
5 La page de campagne est disponible à l’adresse laquadrature.net/vsa.
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