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source: La Quadrature du Net

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[Vidéo] Lancement de la campagne contre la loi « terrorisme » chez Mozilla

mardi 16 septembre 2014 à 10:57

Paris, 16 septembre 2014 — Nous avons lancé le 5 septembre 2014, une campagne citoyenne contre le « projet de loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme »  présenté par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Pour l'occasion, nous avons invité citoyens, journalistes et parlementaires à venir découvrir ce projet de loi dangereux. La captation vidéo effectuée par Mozilla reprend l'ensemble des interventions de cet événement.

Au programme :

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Action urgente : début de l'examen du projet de loi « terrorisme »

lundi 15 septembre 2014 à 14:12

Le projet de loi « Terrorisme » de Bernard Cazeneuve commencera à être débattu aujourd'hui 15 septembre 2014 à partir de 17h pour être voté au terme de cinq séances, probablement jeudi.

Il est urgent de contacter vos députés pour les convaincre de ne pas voter ce projet de loi inefficace et liberticide, ou au minimum de voter ces amendements qui réduisent la nocivité des mesures programmées par le gouvernementaux :

Pour permettre aux citoyens de se mobiliser, La Quadrature du Net met à leur disposition :

« Nous appelons les citoyens à la vigilance et à l'action : le ministère de l'Intérieur met beaucoup d'efforts pour occuper médiatiquement l'espace et répéter à l'envi que ce projet de loi réglera les problèmes de radicalisation djihadiste sans toucher à nos libertés individuelles. Nous savons que cela est faux, que le projet de loi terrorisme est inefficace sur la forme et dangereux sur le fond. Appelez vos députés, écrivez-leur un email, expliquez-leur le fond de ce projet de loi. C'est le moment de montrer à vos députés qu'ils doivent défendre nos libertés avant tout ! » déclare Adrienne Charmet, coordinatrice des campagnes de La Quadrature du Net.

[Mediapart] Le projet de loi antiterroriste vise Internet

dimanche 14 septembre 2014 à 13:37

Au nom de la lutte contre les « loups solitaires » et le départ de Français pour le djihad en Syrie, les députés s'apprêtent à voter un projet de loi qui prévoit de censurer des sites faisant « l'apologie du terrorisme » et de sanctionner « la préparation » d'un attentat sur internet. Une attaque sans précédent dans les libertés numériques qui offre de nouveaux pouvoirs aux forces de police. […]

Ce tour de vis sécuritaire sans précédent sur internet a suscité la mobilisation des principales associations de défense des libertés sur internet : La Quadrature du Net, la Ligue des droits de l’homme, Reporters sans frontières, le Syndicat de la magistrature ou encore l’April. Réunies au sein d'un collectif, elles ont lancé au début du mois de septembre une « campagne citoyenne » accompagnée d’un site, Presumes-terroristes.fr, proposant une analyse détaillée du projet de loi et incitant les internautes à contacter leur député. […]

Cette approche sécuritaire d’internet est largement partagée sur les bancs de l’Assemblée nationale. Et il y a de fortes chances pour que le projet de loi sur le terrorisme soit adopté sans modification substantielle, comme le fut au mois de décembre dernier la loi de programmation militaire qui avait déjà élargi l’accès des services de renseignements français aux données des opérateurs de communications électroniques, des fournisseurs d'accès à Internet et des hébergeurs de sites. Malgré, déjà, une forte mobilisation des associations, des réticences du CNNum et l’opposition de quelques députés, le texte avait finalement été adopté par 164 voix contre 146. […]

http://www.mediapart.fr/journal/france/140914/le-projet-de-loi-antiterro...

Loi sur le terrorisme : un gouvernement hors sujet

vendredi 12 septembre 2014 à 14:34

Tribune de Jean Cattan, membre du collège d’orientation stratégique de La Quadrature du Net, publiée initialement le 12 septembre 2014 dans Next INpact

Voici un rapport qui arrive à point nommé. Quelques jours avant l'examen du projet de loi « terrorisme » en première lecture à l'Assemblée nationale, le Conseil d’État publie une étude extensive sur « Le numérique et les droits fondamentaux ». Droits fondamentaux a-t-on dit ? Oui, dans les grands titres au moins, le rapport entend contribuer à la définition et à la réalité de ces droits. Si certaines des mesures proposées risquent d'aggraver la répression, la démarche d'ensemble reste claire : le numérique fait évoluer nos droits fondamentaux, aux pouvoirs publics d'en assurer une protection plus efficace.

Certes, les mesures proposées sont souvent timides et parfois dangereuses, notamment sur la liberté d'expression. Ainsi, la section du rapport et des études du Conseil d’État se refuse à restreindre la portée du blocage de sites Internet, et au contraire laisse la porte ouverte à la censure administrative de l'expression publique à la fois inefficace et disproportionnée.

Pour autant, il est à remarquer que le blocage n'est nullement évoqué par le Conseil d'État pour enrichir l'arsenal des pouvoirs publics en matière de lutte contre le terrorisme. En cette matière, l'attention des rédacteurs porte plutôt, et à l'inverse serait-on tenté de dire, sur l'équilibre qui doit être recherché dans une société démocratique entre la protection des données personnelles et la lutte contre le terrorisme, face aux excès de cette dernière depuis près de quinze ans.

À cet effet, le Conseil d’État s'attache d'abord à mettre en avant le fait que « la collecte de renseignement par la surveillance des communications électroniques est un élément essentiel de la stratégie de défense et de sécurité de la France » (pp.195 et s.), puis à tirer les conséquences de l'annulation de la directive sur la « rétention des données » par la Cour de justice de l'Union européenne quant à la sauvegarde de la sûreté de l’État (pp. 197 et s.) et, plus encore, à défendre l'idée selon laquelle « les garanties entourant la surveillance des communications doivent être renforcées sans porter atteinte à l’efficacité de la lutte contre le crime organisé, du terrorisme et des autres atteintes à la sécurité nationale » (pp. 207 et s.).

La mise en cause de l'équilibre des droits dans une société de surveillance de masse

En somme, même s'il échoue à condamner le blocage des sites terroristes ou manque de se prononcer ouvertement sur ce point, le Conseil d’État se consacre à ce qui nous paraît essentiel : la mise en cause de l'équilibre des droits dans une société de surveillance de masse au nom, notamment, de la lutte antiterroriste :

Rapport du Conseil d'Etat 2014 p.207 et 208

C'est l'objet des propositions n°38 à 42 mais surtout de nombreux développements interpellant légitimement la représentation nationale sur la nécessité d'encadrer plus avant l'accès aux données de communication par les pouvoirs publics (pp. 207 et s.).

Autant de développements qui nous font penser qu'en lieu et place des débats auxquels nous assisterons à compter de la semaine prochaine, le Parlement devrait plutôt aborder les questions que soulève le rapport du Conseil d’État. Par exemple, la collecte et la conservation des données par les fournisseurs d'accès à Internet peuvent-elles et doivent-elles être permanentes et générales ? Ou, comment accroître les contrôles indépendants sur les opérations de surveillance ? Des questions qui sont en fait des thématiques législatives imposées par le droit européen, mais dont le législateur français fait fi en préférant étendre sans entrave les modalités de perquisition en ligne (article 10 du projet de loi) ou de déchiffrement (article 11 du projet de loi).

Enfin, toujours dans la perspective d'un débat parlementaire sur un projet attentatoire à la liberté d'expression, le rapport nous offre quelques perspectives bienvenues, comme cette citation faite de la Cour suprême américaine par Me Winston Maxwell dans sa contribution personnelle au rapport : « Dès 1927, la Cour Suprême reconnaît que pour lutter contre des idées abjectes, « le meilleur remède est la communication de plus d’idées, non un silence imposé » (Référence étant faite à « Whitney v. California, 274 U.S. 357 (1927) »).

Le blocage des sites n'apporte rien

Il ne s'agit pas de tomber dans l'américanisme ou le libertarisme béat, seulement de s'interroger sur le résultat de nos expériences passées, y compris françaises. Pour ce qui concerne le blocage des sites, nous savons que celui-ci n'apporte rien. Il ne fait rien pour les victimes, n'empêche en rien la commission des crimes et délits et met au contraire sur la sellette la liberté d'expression et d'information de nombreuses personnes. On l'a dit et redit mais surtout expérimenté. C'est le cas en matière de protection du droit d'auteur notamment. Pendant que de nombreux sites sont bloqués, l'industrie du streaming illicite de masse perdure tout en générant des profits occultes et indus. Sous d'autres noms, sous d'autres formes, on aura beau le cacher, le mal désigné est toujours là.

Pour ce qui est du terrorisme, que l'on nous démontre en premier lieu en quoi l'administration doit être préférée au juge pour bloquer les contenus concernés (article 9 du projet de loi). Que l'on nous démontre que le simple fait de bloquer un site - mesure facilement contournable - joue un rôle pour prévenir le passage au terrorisme. Que l'on nous dise en quoi les procédures judiciaires d'urgence ne sont pas satisfaisantes ou ne peuvent pas être renforcées.

Et si le terrorisme doit apparaître sur Internet, avec son lot d'horreurs et de bêtises, alors jugeons-le et condamnons-le comme on juge et condamne les terroristes dans nos tribunaux, de manière contradictoire, transparente et publique. Mais n'acceptons pas la mise sous silence préalable entre les murs de l'administration. Il en va de la légitimité de notre combat pour la paix et de notre capacité à rester fidèles aux valeurs de la démocratie et de l'État de droit.

Le projet de loi « Terrorisme », symbole de la déliquescence politique ?

vendredi 12 septembre 2014 à 10:36

Tribune d'Adrienne Charmet, coordinatrice des campagnes de La Quadrature du Net

À la veille du vote du projet de loi contre le terrorisme de Bernard Cazeneuve, dans un contexte de grave crise politique, les députés tardent à s'engager publiquement sur cette attaque frontale contre les droits fondamentaux et Internet. Il est plus que jamais nécessaire de rappeler aux parlementaires que la lutte contre le terrorisme ne peut pas servir à cautionner des atteintes nettes contre les libertés fondamentales.

Le projet de loi de lutte contre le terrorisme va être discuté à l'Assemblée nationale à partir de lundi après-midi, en procédure d'urgence (une seule lecture par chaque chambre). Dans l'indifférence politique la plus totale et par des mesures disparates, de nombreux points centraux de nos libertés d'information, d'expression, de circulation vont être dégradés.

Nous assistons à un spectacle politique désolant, où Internet et de façon plus générale les libertés individuelles sont rendues responsables d'une augmentation de l'attirance vers les idées radicales et restreints comme tels.

Ce projet de loi est porté par ceux-là même qui s'opposaient aux lois sécuritaires de l'époque de Nicolas Sarkozy. Englué dans des scandales moraux, fiscaux et politiques à répétition et une déprime économique et sociale générale, le gouvernement cherche à rassurer la population par une loi d'affichage, de communication politique, aux mesures inefficaces ou dangereuses.

Utilisant l'émotion et la peur, ce projet de loi installe des mesures qui attaquent le pacte républicain, la séparation des pouvoirs et l'État de droit. Loin de ramener calme et confiance dans la population et la classe politique, ce type de procédé ne fait que concourir à la crise de confiance majeure qui se joue aujourd'hui en France. Si le gouvernement défend son projet en garantissant une application mesurée des restrictions aux libertés, nous savons qu'une fois la loi mise en œuvre plus personne ne contrôlera son application en réalité.

Lutter contre le terrorisme est indispensable, mais cette cause ne doit pas céder aux objectifs des terroristes : attaquer nos libertés et l'État de droit, c'est justement faire le jeu des terroristes, de leur programme de terreur. Défendre nos valeurs coûte que coûte, développer des réponses fortes sur le fond et irréprochables sur la forme, porter des contre-discours, restaurer l'envie de démocratie : c'est sur cela que le gouvernement devrait travailler, plutôt que de faire voter des lois qui rendent Internet et les libertés individuelles responsables de la poussée radicale.

L'opposition à ce projet de loi est massive, chez les citoyens, chez les défenseurs des libertés, des droits de l'homme, de la presse, chez les connaisseurs d'Internet jusqu'au plus près du gouvernement. Ce serait l'honneur de nos représentants nationaux que de s'opposer à cette instrumentalisation de la peur en défendant nos acquis démocratiques.

Quatre jours de débat parlementaire sont prévus la semaine prochaine, encadrant le vote de confiance au gouvernement. En cette rentrée politique agitée, les parlementaires engageront leur crédibilité sur leur gestion de nos droits fondamentaux. Les citoyens-électeurs seront aux premières loges.