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S.I.Lex

Site original : S.I.Lex

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Un petit pas pour l’auteur, un grand pas pour le domaine public volontaire !

samedi 2 mars 2013 à 10:20

Je vous avais parlé, il y a quinze jours, du projet un peu fou de l’auteur Pouhiou, qui a lancé sur Ulule un crowdfunding pour faire en sorte que ces romans deviennent non seulement libres, mais gratuits. Seulement à la mi-parcours, l’opération est déjà un succès ! Un grand bravo à Pouhiou et merci à tous ceux qui l’ont soutenu.

Je m’étais engagé à faire passer S.I.Lex sous licence CC0 (Creative Commons Zéro) si Pouhiou réussissait son pari, ce qui équivaut à un versement dans le domaine public volontaire. Les mentions légales du blog ont été modifiées et c’est à présent chose faite.

Pouhiou m’a posé quelques questions à propos de cette décision, qui ont été publiées sur le Framablog et que je reprends ci-dessous.

Et n’oubliez pas qu’il vous reste encore plus de deux semaines pour soutenir le projet de Pouhiou !

***

(Pouhiou speaking ) En lançant le blog de mon roman feuilleton, j’ai eu d’instinct l’envie que cette histoire appartienne à ses lecteurs. Qu’ils s’en emparent. C’était une certitude que je ne savais pas comment appliquer dans les faits. M’intéressant au livre et au droit d’auteur, je suivais déjà le blog S.I.Lex écrit par un certain Calimaq. Ce mec, passionné et passionnant, arrive à transformer un sujet à priori lourd et chiant (la propriété intellectuelle) en une épopée rocambolesque. A force d’exemples, de décryptages, de coups de sang et de coup de cœur, il nous plonge dans les eaux du copy-right-left-up&down, on baigne en Absurdie et l’on ressort de son blog plus juriste qu’on y est rentré… sans même s’en apercevoir.

Un de ses billets m’a fait prendre conscience que la place de mes œuvres était dans le domaine public. J’ai donc passé tous mes écrits sous la licence CC0 et l’ai chaudement remercié dans cet article.

Il est né de cet échange une amitié intellectuelle. Calimaq s’est mis à défendre et mon œuvre, et la démarche qui l’accompagnait. Je me suis engagé dans SavoirsCom1, un collectif qu’il a co-fondé pour la défense des biens communs informationnels. Je ne compte plus les fois où l’on s’est dit « merci », tant chacun semble admirer et être complice de ce que fait l’autre. C’est ce genre d’émulation où la réflexion de l’autre nourrit la tienne, et te mène un poil plus vite, un poil plus loin que là où tu te serais rendu tout seul.

Quand, avec Framasoft, on a initié ce crowdfunding fou (toujours en cours sur Ulule) pour que le lancement de #MonOrchide (livre II des NoéNautes) puisse financer la distribution gratuite d’exemplaires de #Smartarded (le livre I), Calimaq a répondu présent. Il a fait un bel article pour promouvoir cette expérience . Mais, chose inattendue, il a ajouté ce post-scriptum explosif :

PS : allez, moi aussi, je mets quelque chose dans la balance. Si Pouhiou réussit son pari, je passe S.I.lex en CC0. Ceci n’est pas une parole en l’air !

Le pari est réussi. En 22 jours, on a atteint les 2200 € qui nous permettront de distribuer au moins 32 exemplaires de #Smartarded. Grâce à une mobilisation peu commune il ne nous a fallu que la moitié des 45 jours prévus (ce qui veut dire qu’il reste trois semaines pour battre tous les records et accroître le nombre de livres à distribuer !)

Le pari est réussi, et S.I.Lex devient un dommage collatéral : Calimaq tient sa part du contrat, élevant son blog dans le Domaine Public Vivant. Je sais que, le connaissant, ce n’est pas un geste anodin. Une belle occasion de discuter avec lui de licences, d’écriture, et de qu’est-ce que ça veut bien dire, toutes ces choses-là…

***

Less is more. Par 200MoreMontrealStencils. CC-BY. Source : Flickr

Pouhiou : Tu m’as fait un super article sur ton blog S.I.Lex, qui a été repris par ActuaLitté. Cela m’a beaucoup aidé à faire connaitre le projet. C’était déjà énorme (merci ^^). Pourquoi avoir en plus ajouté la licence de ton blog dans la balance ?

Calimaq : Cela fait un moment que je m’intéresse à ce que tu fais autour du cycle des Noenautes et d’après ce que tu as écrit sur ton blog, un des billets que j’avais publié sur S.I.Lex t’avait influencé dans ta décision d’adopter la licence CC0 pour ton premier roman #Smartarded.

Quand j’ai vu que tu lançais cette opération de crowdfunding, j’ai voulu la soutenir et la faire connaître, parce que je trouve qu’elle bouscule la manière dont nous avons l’habitude d’appréhender des notions fondamentales, comme celles du gratuit et du payant. Avec la licence CC0, tu as renoncé à tes droits d’auteur pour que tes œuvres soient complètement libres, tout en réussissant à faire paraître ton roman chez Framabook. C’est déjà en soi assez perturbant pour les schémas habituels. Mais tu ne t’es pas arrêté là et par le financement collaboratif, tu as cherché à faire en sorte qu’un maximum de livres en papier deviennent gratuits afin de pouvoir les offrir.

Le plus intéressant dans ta démarche, je trouve, c’est que derrière ces décisions, il y a un modèle économique bien pensé, qui utilise le crowdfunding pour raccourcir la chaîne de l’auteur au lecteur, dans le but de diminuer les coûts. Tu démontres de manière paradoxale que la gratuité a toujours un coût. C’est typiquement le genre d’approches alternatives qui retiennent mon attention, parce que je trouve qu’elles font avancer la réflexion. Dans le contexte actuel de crispations autour des questions de droit d’auteur, qui sont particulièrement vives dans le secteur du livre, je pense que des initiatives comme les tiennes sont importantes. J’ai aussi beaucoup apprécié la lecture de ton premier roman #Smartarded et j’ai commencé à lire la suite #MonOrchide par petites touches sur ton blog. Tout cela a fait que j’ai voulu te soutenir en écrivant un billet sur S.I.lex et je me réjouis de ta réussite.

Merci ! Mais là tu parles plus de moi que de toi, hein… J’ai bien saisi que ce billet a été un élément déclencheur, mais est-ce qu’il s’agit d’un coup de tête ou est-ce que ça fait partie d’une réflexion personnelle plus… ancienne ?

Au-delà du billet, pourquoi avoir promis de changer la licence de mon blog si ton pari réussissait ? Peut-être d’abord un peu par superstition, pour porter chance à ton projet, en engageant quelque chose qui me tenait vraiment à cœur. Par ailleurs, je me posais des questions à propos de la licence de S.I.Lex depuis un certain temps. À vrai dire depuis le moment où j’ai écrit le billet Rien n’est à nous : grandeur et misère du domaine public volontaire. J’y montrais comment un certain nombre de créateurs dans le passé avaient choisi pour diverses raisons de renoncer aux droits sur leurs œuvres pour se placer en dehors de la logique de la propriété intellectuelle : Léon Tolstoï, Romain Rolland, Jean Giono, les affichistes de mai 68, les situationnistes, le musicien folk Woodie Guthrie.

Le domaine public est une notion qui a une grande importance pour moi et pour laquelle j’essaie de me battre. Il m’a semblé que le moment était venu de franchir le pas et de placer ma propre création, S.I.Lex, dans le domaine public volontaire.

Ton blog était en licence CC-BY (la seule condition de partage est de citer l’auteur). Là tu le passes en CC0. C’est quoi, au fond, la différence ?

Juridiquement dans le cadre du droit français, il n’y a pas tellement de différences. En effet, le Code de Propriété Intellectuelle ne permet pas dans notre pays de renoncer valablement à son droit moral, ce qui signifie qu’on doit théoriquement interpréter la CC0 comme une CC-BY. Je n’ai pas la possibilité légale de renoncer à mon droit à la paternité. Ce caractère inaliénable du droit moral a été voulu pour protéger l’auteur dans le cadre des contrats d’édition. Même dans le cas des « nègres » (ou, plus joliment dit, Ghostwriters en anglais), il reste possible pour eux de réclamer devant un juge la paternité d’un texte écrit pour quelqu’un d’autre, quand bien même ils se seraient engagés par contrat à ne pas révéler leur identité (on a des jurisprudences intéressantes à ce sujet dès le 19ème siècle, notamment dans l’affaire qui opposa Alexandre Dumas à l’un de ses collaborateurs, Auguste Maquet.)

Le problème, c’est que l’application trop rigide de ce principe aujourd’hui peut conduire à « protéger » l’auteur contre lui-même, alors qu’il manifeste clairement la volonté de renoncer à ses droits. La licence CC0 a d’ailleurs été obligée de prendre en compte cet état de fait, en précisant que l’auteur renonce à ces droits « dans la mesure permise par la loi ». Cela veut dire que l’effet de la CC0 varie selon les pays : aux États-Unis, où le droit moral n’existe pas vraiment, il est total ; en France, il reste juridiquement incomplet, puisque le droit moral persiste. Le seul pays à l’heure actuelle qui reconnaisse explicitement la possibilité de verser ses œuvres dans le domaine public volontaire, c’est le Chili.

Donc passer de CC-BY (licence déjà très ouverte) à CC0 n’a pas beaucoup d’effets pratiques… tant que la propriété intellectuelle n’est pas réformée en France. Malgré tout, je ne t’imagine pas homme à manier ces licences à la légère. Si passer de la CC-BY au Domaine Public Vivant n’est pas un choix pratique, il est de quel ordre ?

Cette décision revêt à mes yeux une valeur symbolique et psychologique importante, en tant qu’auteur. Je ne suis pas comme toi auteur de littérature ou de théâtre, mais j’ai un rapport profond avec l’écriture. J’écris sur S.I.Lex par besoin viscéral d’écrire et quand je décroche de l’écriture, je périclite littéralement. Pour moi, l’écriture a aussi une importance comme trace que l’on laisse de soi au-delà de son existence. Du coup, le BY – la paternité – gardait une vraie importance à mes yeux, comme une sorte de « cordon ombilical » ou de minimum minimorum du droit d’auteur, dont il était difficile de se détourner. Couper ce cordon en adoptant la CC0 n’était pas anodin et il m’a fallu un certain temps – et un coup de pouce de ta part – pour lâcher prise !

Quel est l’intérêt, pour toi, de mettre de son vivant des textes dans le domaine public ?

Pour moi, l’intérêt principal, c’est de sortir en dehors du cadre du droit d’auteur. Avec les licences libres, on passe de la logique du copyright à celle du copyleft, mais on reste encore dans le système du droit d’auteur. Les licences libres ne sont pas une négation du droit d’auteur, mais une autre manière de le faire fonctionner. Avec la licence CC0, on n’est plus dans le copyright, ni même dans le copyleft, mais littéralement dans le copy-out. On décide sciemment que son œuvre n’est plus saisie par le droit d’auteur et ne doit plus être comprise à travers ce filtre. Je ne prétends pas que cette voie doive être suivie par tous les auteurs. Mais au stade où j’en suis, c’est cohérent avec ma démarche.

Tu dis de ton côté que tu n’as pas l’impression que tes textes ne t’appartiennent pas, mais que tu “digères” des éléments extérieurs que tu restitues par tes écrits. De mon côté, j’ai très tôt été sensible aux effets d’intelligence collective sur la Toile, avec le sentiment que je me devais de rendre à l’intelligence collective ce qu’elle me donne. Il n’y a pas un seul de mes billets qui n’ait été déclenché par les conversations et les échanges dans les flux. Dès lors, le meilleur moyen d’être cohérent avec moi-même, c’est d’opter pour le domaine public volontaire.

Par ailleurs, je pense important de montrer que le domaine public n’est pas seulement une chose du passé, mais qu’il peut être vivant aujourd’hui. En tant qu’auteur de son vivant, contribuer à alimenter le domaine public, c’est la meilleure manière de s’en faire l’ambassadeur et d’agrandir le cercle des biens communs de la connaissance.

OK : on a tous les deux ce souci de cohérence. C’est bien beau d’utiliser une licence parce qu’elle te met en adéquation avec ce que tu ressens de ta production intellectuelle… Mais il y a forcément des pragmatiques qui vont nous traiter d’utopistes ! Ils vont nous rappeler qu’on vit dans un monde où les enjeux commerciaux prévalent et où — selon eux — les circonstances font qu’il vaudrait mieux armer et protéger ses œuvres… D’un point de vue pratique, la clause non commerciale (NC) est un outil redoutable quand la CC0 est une passoire ! Du coup, une licence, c’est la conséquence d’un ressenti théorique ou la résultante d’un besoin pratique d’outil légal ?

C’est sans doute assez souvent le résultat d’un compromis entre les deux. Il faut considérer la situation des auteurs dans leur diversité et de multiples stratégies sont envisageables avec les licences. Les choses peuvent varier également selon les domaines de la création. Quand on voit un Cory Doctorow ou un Lawrence Lessig publier leurs ouvrages chez des éditeurs traditionnels et placer les versions numériques sous CC-BY-NC, je trouve que c’est une stratégie compréhensible et qu’ils ont par ce biais contribué à faire avancer la cause, en diffusant leurs idées dans un large cercle.

Beaucoup de créateurs en revanche ne cherchent pas un retour financier pour les œuvres qu’ils produisent. C’est le cas pour la plupart des amateurs qui créent des contenus sur Internet. Dans ce genre de situation, la réservation de l’usage commercial n’est généralement pas justifiée et choisir cette clause impose des contraintes sans réelle nécessité. Mais dans certaines situations, la clause NC peut constituer un élément intéressant pour permettre la circulation des œuvres tout en mettant en place un modèle économique. Il y a un débat assez vif en ce moment sur la légitimité de la clause NC, notamment telle qu’elle figure dans les licences Creative Commons. Je ne fais pas partie de ceux qui condamnent cette clause de manière systématique et j’ai déjà essayé de montrer que ce serait une erreur selon moi de la supprimer.

Malgré cela, tu n’as jamais mis de clause NC sur ton blog S.I.Lex...

Dans mon propre cas, je n’en vois absolument pas l’intérêt… Mon objectif en écrivant de cette manière est d’être lu par un maximum de personnes. Si certains de mes billets sont repris sur d’autres sites, y compris des sites se livrant à des activités commerciales, cela ne peut qu’augmenter l’exposition de mes écrits. J’ai d’ailleurs toujours fonctionné depuis le lancement de S.I.Lex dans un « écosystème » de sites. Très vite, j’ai eu la chance de voir certains de mes billets repris par le regretté OWNI. Cela a grandement contribué à faire connaître S.I.Lex et à développer mon lectorat. D’autres sites me reprennent régulièrement, comme Actualitté ou plus récemment Slate.fr. J’ai toujours considéré que S.I.lex était une sorte de plateforme de tir, où je posais des écrits qui pouvaient ensuite aller faire leur vie ailleurs. Avec une licence NC, les choses auraient été beaucoup plus compliquées.

La licence CC0 est peut-être une passoire, mais dans les conditions particulières qui sont les miennes comme auteur, elle conviendra parfaitement à ce que je veux faire de mes créations. Même si un éditeur vient publier certains de mes billets sous forme de livre dans un recueil, cela ne fera que contribuer encore à leur diffusion.

Du coup, tu n’exiges plus que l’on te cite comme source de tes écrits… de manière légale, c’est ça ? C’est un peu comme moi en fait : tu ne brandis pas d’arme juridique. Plutôt que de les craindre, tu donnes ta confiance aux personnes qui s’inspireront de (ou diffuseront) tes écrits. Confiance en le fait qu’elles soient assez respectueuses pour citer leur source.

La question qui peut se poser est celle du plagiat, quelqu’un qui viendrait s’approprier certains de mes textes en les publiant sous son nom. C’est une chose qui m’est déjà arrivée une fois et j’avoue que cela m’avait laissé une sensation assez désagréable.

Mais une personne comme l’artiste Nina Paley dit des choses très intéressantes sur les rapports entre le copyright et le plagiat. Elle considère en effet que le droit d’auteur paradoxalement favorise davantage le plagiat qu’il ne l’empêche. Elle explique également que le fait de créditer l’auteur relève en fait d’un système de régulation sociale qui n’a pas nécessairement besoin du droit pour fonctionner. Il s’agit en fait davantage de règles éthiques que des communautés se donnent. Nina Paley place d’ailleurs ses créations dans le domaine public volontaire en utilisant la non-licence Copyheart ou la CC0. Elle dit vouloir en cela faire œuvre de « non-violence légale » et je trouve que c’est un discours inspirant.

Un des pivots du libre, c’est sa viralité. On m’affirme que des processus du type la clause SA ont permis au libre de se développer tel qu’il est aujourd’hui. Pour mon compte, la SA est trop paradoxale. Je dis toujours que la première des libertés c’est de ne pas me lire. Dans la même veine, obliger les gens qui adapteront/traduiront/réécriront/diffuseront mes romans à mettre leur production sous licence libre, ça me semble créer de l’enclosure. Ce serait un peu comme forcer les gens à se vacciner au lieu de leur montrer comme on est mieux une fois bien portant… Et du coup j’aperçois que ton blog S.I.Lex n’était même pas sous clause SA ? Pourquoi ?

C’est une question intéressante et là aussi, je m’étais longuement posé la question lorsque j’avais choisi ma licence.

La clause de partage à l’identique est très importante dans beaucoup de domaines, comme celui du logiciel libre qui est fondé sur cette idée qu’il ne doit pas y avoir de possibilité de supprimer les libertés conférées à tous par la licence. Contrairement à ce que tu dis, je soutiendrais que le SA garantit au contraire qu’il ne puisse jamais y avoir d’enclosure sur une œuvre. Personne ne peut plus s’approprier de manière définitive un contenu placé sous Share-Alike. C’est pourquoi il me semble que c’est un type de licence adapté pour les biens communs que des communautés veulent protéger des risques d’enclosure. Si l’on prend le cas de Wikipédia, la licence CC-BY-SA est parfaitement adaptée, à la fois au travail collaboratif et aux réutilisations des contenus. Elle garantit que cela puisse se faire, même à titre commercial, mais sans réappropriation.

Cependant, je peux comprendre que tu ne veuilles pas placer tes écrits sous le régime du partage à l’identique, et c’est aussi la conclusion à laquelle j’étais arrivé pour S.I.Lex. Si je prends le cas des billets que reprenait OWNI par exemple, les choses auraient été trop compliquées avec une CC-BY-SA. En effet, OWNI reprenait mes billets, mais en les modifiant légèrement. Les journalistes de la plate-forme changeaient généralement le titre, ajoutaient des intertitres, inséraient des illustrations, des vidéos et parfois même des infographies. Il arrivait également que certains de mes billets soient traduits en anglais pour alimenter OWNI.eu. Tout cet apport éditorial était à mes yeux excellent, mais d’un point de vue juridique, il s’agissait d’adaptations de mes créations, ce qui aurait déclenché la clause de partage à l’identique si j’avais choisi une CC-BY-SA. Or OWNI était sous CC-BY-NC-SA et il n’aurait pas été simple pour eux d’intégrer mes billets si je n’avais pas laissé une grande ouverture avec la CC-BY.

De plus, la CC-BY-SA n’est pas toujours simple à appliquer, comme l’avait prouvé l’affaire qui avait opposé Michel Houellebecq à Wikimedia, lorsque qu’il avait intégré dans son roman La Carte et le Territoire des extraits d’articles de Wikipédia sans mention de la source, ni crédits des auteurs.

Le domaine public et le libre ne sont pas exactement superposables. Le propre du domaine public, c’est de constituer un réservoir complètement ouvert dans lequel on peut venir puiser pour alimenter sa création sans contraintes. Les deux approches sont importantes et complémentaires.

Mais attends, de nous jours, entre les CopyrightMadness, les guerres de brevets, ceux qui s’approprient mon grain de maïs ou ton rectangle à bords arrondis… Avec tous ces abus du côté de la propriété intellectuelle et des biens communs… Y’a pas plus important ou plus urgent que de s’occuper du domaine public ?

Oui, c’est certain qu’il existe des sujets alarmants sur lesquels il devient urgent d’agir. Je ne suis pas seulement engagé pour la défense du domaine public, mais plus globalement pour la promotion des biens communs de la connaissance, ce que je fais au sein du collectif SavoirsCom1. Je milite également aux côtés de la Quadrature du Net pour la légalisation des échanges non-marchands et la mise en place de solutions de financement mutualisées pour la création, comme la contribution créative ou le revenu de base.

Néanmoins, je pense que le domaine public peut constituer un bon angle d’attaque pour s’engager dans une réforme positive de la propriété intellectuelle. On a un peu l’impression d’être aujourd’hui face à une forteresse imprenable et on n’arrive pas à sortir des débats autour de la répression du partage des œuvres, qui continuent à monopoliser l’attention du législateur comme on le voit bien avec les travaux de la mission Lescure. C’est pourquoi il me paraît intéressant d’ouvrir de nouveaux fronts qui permettront de défendre l’idée que nous possédons des droits positifs sur la culture. Le domaine public peut être une piste en ce sens et j’ai fait des propositions de réforme législative pour consacrer et renforcer cette notion dans le Code de Propriété Intellectuelle.

Par ailleurs, tu évoques le Copyright Madness, mais le domaine public pourrait aussi être un moyen de lutter contre les pires dérapages de la propriété intellectuelle. On a vu par exemple récemment des laboratoires pharmaceutiques déposer valablement des brevets en Australie sur les gènes responsables du cancer du sein, ce qui est absolument terrifiant puisque cela signifie que tout chercheur qui voudra mettre au point un remède devra leur verser des royalties. Aux États-Unis, Monsanto a relancé une offensive en justice pour empêcher des agriculteurs de replanter des semences de variétés brevetées et l’entreprise semble en passe de l’emporter. Cela peut avoir des conséquences dramatiques au niveau mondial.

Ces dérives ont un lien avec le domaine public, parce que celui-ci ne contient pas seulement les œuvres anciennes, mais aussi tout ce qui ne devrait pas pouvoir faire l’objet d’une appropriation exclusive. Cela vaut pour certains éléments de la Culture, mais aussi pour des choses aussi essentielles que le génome humain ou les semences.

Le domaine public devrait être le bouclier qui protège tous ces éléments fondamentaux de la folie de l’appropriation, mais c’est à nous de le promouvoir et de le faire vivre pour qu’il puisse remplir ce rôle.

Je crois qu’on ne peut pas trouver de meilleure conclusion ! Merci à toi, Calimaq.

Zazen bell with Enso in Background. Par Spoktu. CC-BY-SA. Source : Wikimedia Commons.


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Photographies, Creative Commons et Clause non-commerciale (Réponse à l’UPP)

vendredi 1 mars 2013 à 17:31

L’Union des Photographes Professionnels a réagi à un article paru dans Numerama « Lescure envisage-t-il de rendre les Creative Commons payantes ? » par un communiqué de presse dans lequel je suis directement cité. Guillaume Champeau a déjà répondu sur Numerama pour les passages le concernant, mais je souhaite le faire également de mon côté, afin de pouvoir apporter des précisions importantes, mes propos ayant été sérieusement déformés par l’UPP.

Quand tu lis un communiqué de presse de l’UPP… (Facepalm, par Brandon Grasley. CC-BY. Source : Flickr)

Voici le passage en cause, que je cite in extenso :

L’UPP loin de « faire la guerre aux amateurs » qui, pour rappel, sont également auteurs, s’est d’ores et déjà exprimée sur les Creative Commons. La diffusion des œuvres ne doit pas se faire au détriment du financement de la création, essentiel à son renouvellement. Les Creatives Commons devraient permettre aux auteurs de créer un lien avec le public et non les pousser à renoncer à leurs droits.

L’UPP s’est donc uniquement prononcée contre l’option commerciale des licences Creative Commons qui permet à des sociétés de cumuler toujours plus de capital sans rémunérer les auteurs.

L’expérience pilote de la SACEM (voir ici) sous licence Creative Commons option non-commercial, lancée début janvier 2012, a  le mérite de définir ce qu’est un usage commercial.

 Contrairement aux propos tenus par Guillaume Champeau, ce n’est pas forcément le cas d’une image publiée sur un site Internet où figure de la publicité.

 Ce raisonnement a également été soutenu par Lionel Maurel, tant repris par Numerama.com (!), dans son article Le non commercial, avenir de la culture libre», le 18 octobre 2012, sur le site Owni. Il fait valoir, à juste titre, qu’une majorité des Commoners réservent l’usage commercial, notamment dans le secteur de la photographie, pour lequel ce modèle n’est pas adapté et dangereux pour la profession.

L’UPP confond deux choses différentes et tire des conclusions complètement erronées de l’article que j’ai écrit à propos de la clause non-commerciale des Creative Commons (republié sur S.I.lex sous le titre Défense et illustration de la clause non-commerciale).

Je fais partie des personnes qui estiment que l’emploi de la clause NC des licences Creative Commons peut être légitime selon les situations, sinon même intéressant pour mettre en place des modèles économiques, tout en laissant circuler les oeuvres sur Internet. J’ai écrit l’article en question dans un contexte où, dans le cadre du passage à la nouvelle version des licences Creative Commons, certains membres de la communauté s’étaient exprimés pour supprimer la clause non-commerciale des options proposées par les Creative Commons.

J’ai défendu alors que ce serait une très mauvaise idée, d’une part parce que le choix de la clause NC est majoritaire parmi ceux qui utilisent les licences Creative Commons et d’autre part, parce que dans certains cas, comme je l’ai dit plus haut, je pense que l’usage de cette clause est justifié.

Notamment dans le domaine de la photographie, on trouve des créateurs qui ont très bien réussi à mettre en place des modèles économiques en diffusant leurs clichés sous une licence comportant la clause NC (voir les travaux de Jonathan Worth ou Trey Ratcliff).

Par ailleurs, je pense essentiel de ne pas discréditer la notion de Non-commercial, car elle serait amenée à jouer un rôle essentiel dans le cadre de la légalisation des échanges non-marchands, qui me paraît constituer une direction majeure pour la réforme du droit d’auteur, et qui figure dans les programmes défendus par la Quadrature du Net ou par le Parti Pirate.

NO. Par nathangibbs. CC-BY-NC-SA. Source : Flickr

Ceci étant dit, je désapprouve profondément les positions de l’UPP concernant les licences libres. L’UPP considère en effet que les photographies placées sous des licences autorisant les usages commerciaux font une concurrence déloyale aux photographes professionnels et elle cherche d’une manière ou d’une autre à faire en sorte que ces usages gratuits deviennent impossibles.

C’est ce qui les a conduit par exemple à dénoncer le concours Wiki Loves Monuments lancé par la fondation Wikimedia en écrivant jusqu’au Ministère de la Culture et à demander à ce que Wikipédia change sa licence pour en plus permettre les usages commerciaux (si,si…). L’UPP a lancé par ailleurs une Association contre le libre de droits, dont l’action confond dans un même élan la lutte contre les microstocks photo (à mon sens légitime) avec les photographies sous licence libre.

Dans son Manifeste pour les photographes, qui liste ses propositions  en direction des pouvoirs publics, l’UPP va beaucoup plus loin et elle s’en prend directement aux pratiques amateurs :

Le développement d’une offre de photographies gratuites par des sites communautaires (ex : Flick’r ou Wikimedia) ou offre low cost (0,14 € l’image) par des banques d’images appelées microstocks (ex : Fotolia) a eu des effets catastrophiques sur le marché de la photographie professionnelle. Fondées sur des logiques de contributions d’amateurs (crowdsourcing), ces offres déloyales à l’égard des photographes professionnels ont créé un effet d’aubaine dont profitent un nombre croissant d’utilisateurs professionnels.

La solution qu’elle propose consiste à demander un modification du Code de Propriété Intellectuelle « prévoyant que l’usage professionnel d’œuvres photographiques est présumé avoir un caractère onéreux« . Une telle disposition aurait l’effet catastrophique de « neutraliser » l’effet des licences libres et de mettre en place une sorte de NC universel qui pèserait sur toutes les photographies postées en ligne.

J’ai eu l’occasion dans plusieurs billets de dénoncer ces projets, qui constituent selon moi une forme particulièrement exacerbée de la guerre au partage qui fait rage actuellement. Par ailleurs, lors de notre audition avec Silvère Mercier pour le collectif SavoirsCom1 devant la Mission Lescure, j’ai eu l’occasion de défendre la légitimité des pratiques amateurs, notamment dans le domaine de la photographie en ligne.

Pour que les choses soient donc absolument claires, j’insiste donc sur le fait que l’usage de licences libres, autorisant les usages commerciaux, a toute sa légitimité, dans la mesure où c’est le choix retenu par les auteurs. J’utilise d’ailleurs depuis le début la licence CC-BY pour S.I.Lex et je dénie à quiconque le droit de m’interdire de le faire.

Vouloir interdire ce type de licences, comme le souhaite l’UPP, me paraît particulièrement néfaste et dangereux. Je dirais même que cela bafoue complètement la philosophie intrinsèque au droit d’auteur, qui veut que c’est à l’auteur de décider souverainement des usages de ses créations. Ce sont pourtant des propositions que l’UPP a faites devant la mission Lescure, qui semble heureusement ne pas être en voie d’être retenues, d’après le démenti apporté par Pierre Lescure cette semaine.

Ceci étant dit, je ne condamne pas l’ensemble des propositions que fait l’UPP dans son manifeste et j’ai déjà eu l’occasion de dire dans un autre billet qu’un compromis pourrait sans doute être trouvé, à condition justement que ces professionnels cessent de se tromper de cible, de stigmatiser les amateurs et d’amalgamer des choses qui n’ont rien à voir, comme les microstocks photo et les photographies sous licence libre. L’UPP constitue un des rares représentants de titulaires (avec la Spedidam) qui se prononce encore en faveur de la licence globale. Leurs propositions contre les contrats proposés par certains éditeurs ou contre la pratique abusive du « D.R. » me paraissent aussi intéressantes. Cela peut constituer une base de dialogue.

Je me tiens à la disposition de l’UPP pour prolonger cette discussion, mais je réagirai à nouveau avec la plus grande énergie si l’on continue à déformer mes propos.


Classé dans:Alternatives : Copyleft et Culture Libre Tagged: Creative Commons, Lescure, licences libres, non commercial, numerama, photographie, UPP

Harlem Shake : encore un mème qui secoue le droit d’auteur

mercredi 27 février 2013 à 12:47

Après le phénomène Gangnam Style en 2012, la folie du Harlem Shake est en train de faire naître à vitesse grand V un nouveau mème, bien parti pour battre tous les records. La vidéo qui a mis le feu aux poudres a été postée seulement le 2 février et déjà plus de 100 000 reprises, parodies, détournements ou remix sont apparus sur Youtube, totalisant plus de 400 millions de vues (avec quelques 70 vidéos à plus de un million de vues chacune).

Contrefaçon dès l’origine

Même si l’on retrouve dans ce nouveau cas des ingrédients semblables à ceux qui ont fait le succès de Gangnam Style, l’arrière plan juridique du Harlem Shake est sensiblement différent. En effet, l’épicentre du phénomène, à savoir la première vidéo postée, constitue une contrefaçon du droit d’auteur, puisque elle réutilise sans autorisation une musique protégée, composée par DJ Baauer. Même dans le cadre plus souple du fair use américain, il est douteux qu’un tel usage d’un morceau de musique puisse être considéré comme légal, alors que Gagnam Style avait été volontairement posté sur Youtube par PSY et son label.

Dans le cas du Harlem Shake, il est particulièrement intéressant de relever comment le système actuel a pu non seulement « tolérer » cette illégalité, mais aussi lui donner une résonance énorme pour faciliter sa monétisation. Le phénomène Gagnam Style avait déjà montré comment une approche plus souple du droit d’auteur pouvait aider des créateurs à gagner en visibilité, par le biais des remix réalisés par les fans. La propagation virale du Harlem Shake ne fait que confirmer cette tendance, en soulignant le rôle central joué par Youtube et son système de filtrage des contenus : ContentID.

ContentID, machine à sous et machine à mèmes

Google propose en effet aux titulaires de droits, grâce à son système de filtrage automatique des contenus ContentID, de réagir de différentes manières face à la réutilisation sans autorisation de leurs oeuvres : ils peuvent choisir de bloquer les vidéos repérées, de ne rien faire ou décider d’autoriser la circulation des oeuvres, en contrepartie d’une monétisation via un partage des revenus publicitaires.

C’est cette dernière solution qui a été retenue par Mad Decent, le label de DJ Baauer, lorsqu’ils ont décidé de charger la vidéo du Harlem Shake sur Youtube à l’été 2012. Leur motivation était alors de profiter des effets du partage en ligne pour attirer l’attention sur leur titre :

« We’ve, from the beginning, been very much a proponent of allowing everybody to do whatever they want with our stuff, as long we’re able to monetize it,” says Jasper Goggins, the manager of the label. “It’s a great way to help spread the music.”

Ce faisant,  les ayants droit rentrent alors dans un modèle économique particulier, mis en place par Youtube.  ContentID repère automatiquement, grâce à un système d’empreintes, les chargements sur la plateforme de l’oeuvre signalée par les ayants droit (ici en l’occurrence la piste son du Harlem Shake). S’ils ont accepté la monétisation, au lieu de bloquer les vidéos, ContentID signale l’information à une entreprise nommée INDMusic qui insère des publicités dans les vidéos postées par les utilisateurs.

Un article publié sur le site Bilbaord.com explique dans le détail comment les quatre personnes qui travaillent pour INDMusic monétisent les contenus pour Youtube et les titulaires de droits. Les métadonnées très précises transmises par ContentID leur permettent de repérer et de suivre en temps réel les remix pour y insérer des publicités et des liens payants :

Within days of their uploading, and often hours, the Web’s biggest and most-watched « Harlem » clips — the University of Georgia’s Men’s Swim & Dive Team video, the Maker Studios office spoof, the Norwegian army edition — have been claimed by INDmusic or Content ID’s automated system and monetized for Mad Decent through pre-roll, overlay or banner advertising that aired adjacent to the clips, as well as click-to-buy links to iTunes, Amazon MP3, Google Play and eMusic.

Par la suite, les sommes récoltées sont réparties entre les différents acteurs selon les principes suivants :

Of those 103 million video views, YouTube is able to charge an estimated average of $2 for every thousand viewers — that translates to $206,000. Of that $206,000, INDmusic collects a rolling 10% of the total revenue, with another 45% (or $92,700) going to YouTube, according to preferred partner terms first reported by the Wall Street Journal. Multiple executives familiar with terms for YouTube channel partners tell Billboard that of the remaining 45% ($92,700), 10% ($9,270) goes to the person who uploaded the video and the remainder goes to the master rights owners and publisher, both of whom are Mad Decent in this case. In other words, 103 million views translates to roughly $83,500 in Mad Decent money.

On a donc toute une chaîne de valeur qui se construit sur ce qui à la base – ne l’oublions pas – constitue une violation du droit d’auteur… Et comme dans le cas de Gangnam Style, cette circulation massive de l’oeuvre n’empêche pas les ventes par ailleurs, puisque qu’Harlem Shake caracole en tête des charts.

Tolérance à géométrie variable

Ce système particulier, qui « recycle » la contrefaçon pour en faire de l’argent, ne vaut bien entendu que dans les limites de Youtube et le choix de la monétisation fait sur la plateforme ne vaut pas autorisation générale de réutiliser leur oeuvre.

Dans la cas d’Harlem Shake, un clash virulent a éclaté la semaine dernière entre DJ Baauer et la rappeuse américaine Azealia Banks, qui illustre très bien ces limites. La chanteuse a en effet voulu, non pas détourner ou remixer le morceau original sur Youtube, mais produire une nouvelle interprétation en posant ses propres paroles sur la musique. Cela a entraîné une réaction de la part de DJ Baauer et de son label, qui se sont opposés à ce qu’ils considéraient, non plus comme un hommage des fans, mais comme un acte de parasitisme de la part d’un « concurrent » professionnel.

On notera d’ailleurs qu’Azealia Banks avait conscience qu’elle s’exposait à des ennuis, car plutôt que de passer par Youtube, elle a sciemment choisi de poster sa musique sur Soundcloud et une vidéo sur Vimeo, afin d’éviter d’être repérée par le filtre automatique de ContentID. D’un côté, on ne peut pas reprocher à un auteur de s’opposer à une réutilisation de son oeuvre qu’il n’approuve pas. De l’autre, on peut tout de même s’étonner de le voir accepter des myriades de réutilisations sur Youtube, pas toujours d’un très bon goût, pour réagir ensuite contre une artiste qui souhaite proposer sa propre interprétation.

Techdirt va même plus loin, en faisant remarquer que Baauer admet lui-même avoir pioché des sons à droite et à gauche sur Internet pour composer son morceau, sans demander d’autorisation, ce qui en fait en soi dès l’origine un remix, et non une composition entièrement originale…

Au delà de la polémique, ce cas illustre bien le fait que ContentID crée un système à géométrie variable, qui n’est qu’une simple tolérance et non la consécration d’une véritable liberté pour les usages transformatifs. C’est peut-être d’ailleurs ce qui pose fondamentalement problème dans cette affaire.

Accepter le filtrage pour pouvoir remixer en paix ?

Je faisais déjà cette réflexion à propos du cas Gangnam Style. Ces exemples, dans lesquels des artistes choisissent de desserrer les contraintes du droit d’auteur pour autoriser les usages, sont intéressants et ils dessinent sans doute de nouvelles formes constructives de rapports entre les créateurs et le public.

Mais à défaut d’une consécration par la loi de la liberté de remixer des contenus protégés, c’est un acteur privé – et non le moindre – qui a construit un cadre dans lequel les pratiques de réutilisations créatives sont « tolérées », à condition qu’elles puissent être monétisées. ContentID s’avère très efficace, mais il possède aussi une face obscure, assez préoccupante par les perspectives de contrôle qu’il rend possibles.

S’agissant d’un algorithme faisant application des règles de droits, il se transforme trop souvent en un « Robocopyright » frappant à l’aveugle, en provoquant au passage des dérapages spectaculaires. Le dernier en date a été le retrait en Allemagne de la  vidéo du météore qui s’est écrasé en Russie, simplement parce qu’elle avait été tournée depuis l’habitacle d’une voiture dans laquelle l’autoradio était allumé ! Le système a reconnu la chanson et a appliqué mécaniquement la demande de retrait formulé par la GEMA, l’équivalent de la SACEM en Allemagne…

Par ailleurs, il n’est pas normal que les titulaires de droits puissent dans toutes les hypothèses décider souverainement d’autoriser ou non la réutilisation de leurs oeuvres. Le fair use aux Etats-Unis, l’exception de parodie ou de citation chez nous, peuvent dans certaines hypothèses couvrir les pratiques transformatives. Or, une affaire récente a montré que ContentID pouvait parfois prendre le pas sur ces exceptions prévues par la loi.

A la fin de l’année dernière, un mashup célèbre, « Buffy vs Edward » dans lequel se croisent les héros de Buffy contre les Vampires et de Twilight, a été retiré par ContentID suite à une demande formulée par la firme Lionsgate, qui venaient de racheter les droits des films de la franchise Twilight.

L’auteur de ce mashup, qui totalise plus de 3 millions de vues sur Youtube, raconte sur son blog le parcours du combattant qu’il a subi pour faire rétablir la vidéo en ligne, alors qu’elle répond à l’évidence aux critères du fair use. Google est censé en effet avoir mis en place une procédure d’appel permettant aux utilisateurs de Youtube de mieux faire valoir leurs droits lorsque le système repère ce qu’il considère comme une infraction. Mais il apparaît dans cette affaire que Lionsgate s’est en fait entêté à demander le retrait de la vidéo, parce qu’il voulait que des publicités soient insérées dans le mashup afin de le monétiser.

Or l’auteur ne le souhaitait pas et c’était son droit le plus légitime, puisque la vidéo avait bien été créée sous le couvert du fair use, lequel n’implique pas que l’usage soit compensé financièrement. Toute l’affaire est d’autant plus choquante que le Copyright Office américain avait cité peu de temps auparavant dans un rapport « Buffy vs Edward » comme exemple de mashup créé en accord avec les règles du fair use

***

Comme c’était déjà le cas avec Gangnam Style, le succès de Harlem Shake laisse une impression étrange.

D’un côté, on peut se réjouir que des pratiques emblématiques de la culture numérique trouvent peu à peu leur chemin, alors que l’arrière-plan législatif reste en panne pour les consacrer. De l’autre, on peut déplorer que cette lacune dans la loi contribue au final à renforcer la position d’un acteur comme Google et lui offre le loisir de capter la valeur générée par cet usage. Sans compter que les moyens techniques mis en place pour assurer la monétisation peuvent tout à fait être détournés de leur but pour établir un système à grande échelle de filtrage des contenus. Comme le montre bien cet article du 1709 Blog, ContentID a fini par prendre une ampleur considérable avec plus de 8 millions de références dans sa base de données et capable d’inspecter plus de 100 ans de vidéos par jour !

On ne s’étonnera pas par exemple de voir la Hadopi tresser les louanges de ContentID dans son rapport sur la lutte contre le streaming et le direct download et rêver que toutes les plateformes de partage ne mettent en place des systèmes identiques pour prouver leur bonne foi en matière de respect du droit d’auteur. Ce serait alors les libertés qui seraient fortement secouées…

Mise à jour du 04/03/2013 : Sur le 1709 blog, on va jusqu’à se demander dans quelle mesure le concept même de la vidéo du Harlem Shake pourrait être protégé par le copyright (avec heureusement, une réponse négative…) :

To be clear, it is unlikely that the Harlem Shake concept would be protected by copyright, as it is an idea or a formula for a video rather than a work itself.

Cela dit, les chorégraphies peuvent être protégées comme oeuvre et le plagiat chorégraphique est une chose qui existe.

Mise à jour du 04/03/2013 : A lire également, cette excellente réflexion critique de Mike Masnick sur Techdirt, qui se demande s’il est juste que le système ContentID récompense à ce point Baauer pour l’usage de cette musique, alors que les véritables acteurs qui ont créé le mème sont laissé dans un angle mort… Cela pose la question épineuse de la répartition équitable de la valeur dans le cas des remix et mashups.

Mise à jour du 11/03/2013 : Cette belle histoire va sans doute hélas se terminer en queue de poisson… DJ Baueer s’est fait rattraper par le copyright. Deux autres musiciens ont décidé de le traîner en justice, parce qu’il a repris deux phrases extraites de morceaux qu’ils avaient composés pour les inclure dans le Harlem Shake. Cette fois, ContentID ne peut plus être d’aucune utilité et l’affaire devra être tranchée par les tribunaux (à moins qu’elle ne se termine par une transaction, comme c’est fréquent aux Etats-Unis). Il existe aux USA des systèmes de licences que les DJ doivent acquérir pour pouvoir utiliser des samples, mais Baueer peut aussi essayer de revendiquer le bénéfice du fair use, vu qu’il se contente de reprendre deux courtes phrases. A suivre !


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Le choix de la BnF : sacrifier le domaine public pour numériser les indisponibles

lundi 18 février 2013 à 09:22

La polémique en cours sur les accords de partenariats conclus par la BnF avec des sociétés privées pour la numérisation de ses fonds rebondit à nouveau, pour entrer cette fois en collision avec un autre dossier brûlant dans lequel l’établissement est impliqué : la numérisation des livres indisponibles du XXème siècle.

Un document interne publié vendredi par Actualitté dévoile en effet que la BnF s’apprête à utiliser ses propres chaînes pour numériser les 10 000 premiers ouvrages indisponibles. Or ce marché de numérisation, passé auprès des sociétés Jouve-Safig-Diadéis, n’avait pas à l’origine été conçu pour accueillir de tels ouvrages, mais bien des livres du domaine public, afin qu’ils soient rendus accessibles en ligne via Gallica, sa bibliothèque numérique.

En page 3, le document indique qu’ : « En 2013, les 10 000 premiers indisponibles seront numérisés dans le cadre du marché de numérisation d’imprimés en cours (prestataire Jouve/Numen). » Et un schéma en page 4 mentionne explicitement que la « numérisation sur le marché Jouve-Safig-Diadéis de 10 000 oeuvres » se fera « sur crédits CNL marché Jouve« , pour un montant de l’ordre d’un million d’euros.

Le sacrifice d’Isaac. Caravage. Domaine public. Source : Wikimedia Commons.

En faisant ce choix, la BnF s’apprête en réalité à sacrifier la numérisation et la mise en ligne en accès gratuit pour tous du domaine public à un projet éminemment politique, qui bénéficiera avant tout aux éditeurs français.

En effet, ces ouvrages indisponibles n’ont pas vocation à être mis en ligne, mais à être vendus via une Société de Projet, aux simples particuliers ainsi qu’à des « bibliothèques clientes« , comme l’indique le document. Ces livres indisponibles ne font à l’heure actuelle plus l’objet d’une commercialisation active, mais ils restent protégés par des droits d’auteur. Il aura fallu le vote en mars 2012 d’une loi spécifique pour régler les questions juridiques épineuses soulevées par ce projet, déclenchant au passage de fortes protestations de la part de représentants d’auteurs, se plaignant que le dispositif de gestion collective imaginé est fortement déséquilibré au profit des éditeurs.

Jusqu’à présent, il avait été partout annoncé que la numérisation des indisponibles se ferait par le biais des Investissements d’avenir, issus du grand emprunt national lancé par le précédent gouvernement, mais Actualitté avait déjà révélé en juillet 2012 que l’argent de la numérisation par Jouve pourrait bien être utilisé par la BnF pour les indisponibles, ce qui soulevait de nombreuses interrogations.

Nous en avons à présent la confirmation et il s’agit d’un emploi éminemment contestable de ces crédits, notamment au regard de la polémique qui a éclaté à propos des accords de partenariats relatifs à la numérisation du domaine public. En effet, la numérisation opérée par Jouve-Safig-Diadéis est financée par le biais de crédits versés par le Centre National du Livre (CNL), eux même issus de la redevance pour copie privée, dont les français s’acquittent lorsqu’ils achètent des supports vierges et des appareils électroniques. Ces crédits représentent de véritables subventions, sans obligation de remboursement de la part de la BnF, ce qui lui a permis de mettre en ligne jusqu’à présent les oeuvres du domaine public. Ce mode de financement est particulièrement « sain », car s’agissant d’une taxe affectée, il n’impacte pas les finances de l’État, tout en permettant la mise en ligne du patrimoine national en accès gratuit, pour le bénéfice de tous.

Or Bruno Racine, président de la BnF, affirme que ce sont les restrictions budgétaires qui l’ont obligé à se tourner vers d’autres solutions, impliquant d’accepter que les ouvrages ne seront pas mis en ligne pendant 10 ans, le temps que la firme ProQuest, choisie dans le cadre des partenariats, puisse rentabiliser les investissements nécessaires à la numérisation des ouvrages anciens.

Mais si la BnF manque d’argent pour numériser le domaine public, comment se fait-il qu’elle décide de numériser entièrement à ses frais, sur les crédits du CNL, 10 000 livres indisponibles, amputant d’autant au passage la part à consacrer au domaine public ? Ce faisait, elle offre aux éditeurs français un immense cadeau,  car sans cette manne providentielle, ces 10 000 premiers indisponibles auraient dû être numérisés avec l’argent des Investissements d’avenir, impliquant à terme un remboursement. Les éditeurs dans ce dispositif sont triplement gagnants : ils conservent par la loi leurs droits sur les ouvrages, alors qu’ils auraient dû retourner légitimement aux auteurs pour défaut d’exploitation ; la numérisation des fonds est entièrement prise en charge par la BnF, sur des fonds publics ; la commercialisation des ouvrages leur assurera un retour financier, via une société de gestion collective (certainement la SOFIA, en tout état de cause).

Mais ce n’est pas tout, car la chaîne de numérisation Safig-Jouve-Diadéis n’était pas dédiée uniquement à la numérisation des seuls fonds de la BnF. Elle servait également pour un tiers des volumes traités à numériser les collections confiées par d’autres bibliothèques françaises. Ces dernières vont être les grandes perdantes dans cette affaire, car elles se voient doublement, sinon triplement, spoliées. La  BnF préfère numériser des oeuvres indisponibles plutôt que leurs collections d’oeuvres du domaine public. Elles sont aussi les cibles commerciales visées par la base de données ProQuest, avec une part des bénéfices reversées à la filiale BnF-Partenariats, alors que partout ailleurs en Europe, ProQuest a offert un accès gratuit aux corpus dans le pays d’origine.  Et le document publié aujourd’hui nous dit qu’elles sont également envisagées comme des « clientes » pour l’achat des livres indisponibles !

La révélation de ce revirement de politique de la part de la BnF jette une lumière crue sur les arguments avancés par Bruno Racine dans sa tribune publiée la semaine dernière dans les colonnes du Monde pour justifier son action. A l’en croire, la crise budgétaire aurait rendu nécessaire le recours à ces partenariats public-privé pour éviter que la numérisation du domaine public ne s’étale sur de longues années. Mais cet établissement, soit disant pris à la gorge financièrement, est encore capable de faire un cadeau d’un million d’euros pour numériser 10 000 livres indisponibles à la place du domaine public… La crise a bon dos et il faut sans doute creuser davantage pour comprendre les motivations réelles à l’oeuvre dans ces affaires.

Si l’on voit bien l’intérêt pour la BnF, et encore plus pour les éditeurs, il est patent que ces faveurs se font au détriment de l’intérêt du public, qui n’aura accès en ligne ni au domaine public, ni aux livres indisponibles, et au détriment des autres bibliothèques françaises, littéralement traitées comme des vaches à lait.

Bruno Racine récuse les accusations de « privatisation » et « d’expropriation du domaine public« , qui ont été lancées à l’encontre des partenariats public-privé. Mais il est à présent manifeste que la situation est bien plus grave encore : nous assistons à une instrumentalisation politique du processus de numérisation du patrimoine et à son inféodation au service d’intérêts privés . Le Salon du Livre approche et c’est sans doute la cause de tous ces empressements de la part des acteurs impliqués dans le dossier des Indisponibles, tandis que la parution du décret nécessaire à la mise en oeuvre du dispositif est annoncée comme imminente.

Les Indisponibles et les appels à partenariats sont deux dossiers qui ont baigné de bout en bout dans une profonde opacité, mais les pièces du puzzle commencent à s’emboîter. Il ne s’agit plus seulement de protéger le domaine public des atteintes qu’on veut lui faire subir, mais de mettre un terme à ces dérives préoccupantes s’agissant d’un établissement public.


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C’est l’histoire d’un roman qui veut être gratuit (et qui a besoin de vous !)

dimanche 10 février 2013 à 21:46

J’ai déjà à plusieurs reprises parlé sur S.I.Lex de l’aventure des Noénautes (ici, ou ). Lancée il y a un an par l’auteur Pouhiou, elle a consisté pour lui à écrire un roman feuilleton sur un blog, au rythme de quatre épisodes par semaine durant quatre mois. De ce marathon d’écriture à ciel ouvert est né un premier roman, #Smartarded,  puis un second ,#MonOrchide, que l’auteur a choisi de diffuser gratuitement en ligne.

Pour aller plus loin dans cette dynamique de partage, indissociable de sa démarche d’écriture, Pouhiou a décidé de placer volontairement ses écrits dans le domaine public, en optant pour la licence CC0 (Creative Commons Zéro). L’éditeur Framabook lui a ensuite proposé d’éditer son premier roman sous la forme d’un livre papier et si l’aventure s’était arrêtée là, on aurait déjà pu considérer qu’il s’agissait d’une belle histoire de Culture Libre.

Mais à l’occasion du premier anniversaire de son projet, Pouhiou se lance - et nous lance à tous – un nouveau défi pour faire en sorte que son roman devienne non seulement libre, mais gratuit… jusqu’au papier !

J’ai pour habitude de dire que « Mon roman est gratuit. Ce qu’on achète, c’est un objet fait de papier sur lequel l’histoire a été imprimée. »

J’ai envie qu’on me fasse mentir. Que le livre papier puisse devenir « gratuit » à son tour. J’ai envie de voir le regard surpris des gens à qui j’offrirai les 217 pages de #Smartarded en leur disant.

C’est gratuit. Ce qui veut dire que ça a déjà été payé.

Il a fallu les efforts d’un auteur, d’un éditeur et d’une foule de lecteurs pour que cet exemplaire vous soit offert… C’est dire combien on a eu envie de le partager avec vous…

Concrètement, Pouhiou a lancé une opération de crowdfunding sur la plateforme Ulule, dont les dons seront utilisés pour imprimer de nouveaux exemplaires de son premier roman #Smartarded, afin qu’ils puissent être distribués gratuitement, à l’occasion de conférences, de rencontres, de salons.

Pouhiou avait déjà initié un jeu de cache-cache génial avec la notion d’auteur, par le biais de la licence CC0. Voilà qu’il se joue à présent des notions de gratuit et de payant et nous entraîne jusqu’au bout de la logique du don. La gratuité est souvent attaquée, comme si elle dévalorisait les oeuvres, mais Pouhiou nous invite à secouer un peu ces préjugés.

Il nous montre aussi paradoxalement que la gratuité a toujours un prix et qu’il faut bien mettre en place un modèle économique pour que des choses soient gratuites. Certains de ces modèles économiques sont rapaces et instrumentalisent la gratuité pour en faire un piège à contenus. Mais d’autres peuvent être vertueux et comme Pouhiou a fait voeu de « non-violence légale » avec la licence CC0, il nous propose d’explorer les potentialités de cette économie du don et du contre-don, en nous offrant une chose très précieuse : la liberté de payer.

Bien sûr, comme dans toute opération de crowdfunding, les donateurs sont récompensés pour leurs dons par des gratifications. Les premières vous permettront par exemple de recevoir l’eBook du second roman #MonOrchide en avant première sur votre boîte mail, d’obtenir des clés USB ou des livres papier dédicacés. Mais des dons un peu plus importants vous ouvriront droit à des récompenses plus originales !

La récompense « Ceci n’est pas qu’un partage«  (c’est celle que j’ai choisie of course) vous donne par exemple le grand privilège de… renoncer à votre récompense  ! Au lieu de recevoir un exemplaire papier, vous acceptez qu’il soit donné gratuitement par Pouhiou en votre nom. Excellente mise en abime du concept ! Less is more !

Pour 150 euros, avec la récompense « Ceci n’est pas qu’une question d’ego« , un des personnages du troisième roman à venir portera carrément votre nom ou votre pseudo. Une façon pour Pouhiou de prolonger les jeux d’écriture interactifs avec les lecteurs, qu’il a déjà mis en oeuvre dans les romans précédents, en leur demandant par exemple de lui offrir des phrases à insérer dans son texte.

Avis à mes collègues bibliothécaires, la récompense ultime « Ceci n’est pas qu’une rencontre » est faite pour vous ! Pour 200 euros, Pouhiou en personne se déplacera dans votre établissement pour une conférence, une lecture publique, un atelier d’écriture ou tout autre proposition indécente que vous lui feriez. Et il viendra les bras chargés d’exemplaires de son roman, que vous pourrez ainsi faire entrer dans vos collections. J’avais déjà écrit un billet pour inciter les bibliothécaires à intégrer les eBooks libres de Pouhiou dans leur offre, voilà une excellente occasion d’augmenter encore l’expérience.

D’autres soutiennent déjà cette initiative, comme Antoine Viry sur @Diffuser.net, qui vient de lancer un vrai-faux concours de remix pour emmener les mots de Pouhiou « là où il ne l’aurait même pas imaginé« . C’est aussi ce genre de choses que permet la licence CC0 !

Sur son site Noénaute, Pouhiou a inscrit cette phrase : « Il n’y a pas de marketing, il n’y a que toi« . A nous donc de faire en sorte que cette aventure continue et il reste encore plus d’un mois pour que la campagne de Pouhiou atteigne son objectif ! Quelque chose me dit qu’il va réussir, mais plus les dons seront importants et plus ce succès permettra à sa démarche de rebondir plus loin encore.

PS : allez, moi aussi, je mets quelque chose dans la balance. Si Pouhiou réussit son pari, je passe S.I.lex en CC0. Ceci n’est pas une parole en l’air !


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