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Les jeux vidéo et la psychologie cognitive

mardi 20 décembre 2022 à 09:12

Les jeux vidéo sont une forme de divertissement populaire depuis des décennies et des millions de personnes dans le monde y jouent quotidiennement. Si de nombreuses personnes jouent à des jeux vidéo par pur plaisir, les avantages cognitifs potentiels de ces jeux suscitent également un intérêt croissant de la part des chercheurs en psychologie cognitive.

La psychologie cognitive étudie les processus mentaux impliqués dans l’acquisition, le traitement, le stockage et l’utilisation des informations. Cela inclut des processus tels que l’attention, la perception, la mémoire, la résolution de problèmes et la prise de décision. Certaines recherches suggèrent que les jeux vidéo pourraient améliorer les capacités cognitives de diverses manières, notamment :

Bien qu’il y ait encore beaucoup de recherches à faire dans ce domaine, les avantages cognitifs potentiels des jeux vidéo constituent un domaine d’étude passionnant. À mesure que les jeux vidéo évoluent et deviennent plus sophistiqués, il sera intéressant de voir comment ils continuent d’influer sur nos compétences cognitives et notre bien-être général.

Aider les adolescents TDAH qui ont un investissement problématique des jeux vidéo

vendredi 9 décembre 2022 à 08:26

Il existe une relation spéciale entre les effets hyperactive et les jeux vidéos. Les enfants hyperactifs ont tendance à jouer avec davantage d’intensité et sur des sessions plus longues que les autres enfants. Tycho Dekkers et Jorian Van Hoorn présentent un modèle de l’utilisation problématique des médias sociaux par les adolescents TDAH qui est aussi utile pour les jeux vidéo. Dans ce modèle, l’investissement parfois problématique des adolescents TDAH est expliqué par des facteurs biologiques, sociaux et familiaux.

La neurobiologie explique le TDAH par le fait que certaines zones du cerveau intéressées par les récompenses sont plus facilement stimulées par les récompenses sociales ou non sociales, tandis que celles qui sont responsables du contrôle des impulsions ne sont pas encore en place. Pour donner une image, le cerveau TDAH fonctionne comme une F1 avec une énorme pédale d’accélérateur, un système de freinage sous-dimensionné, et une direction peu fiable. De ce fait, les  adolescents TDAH sont particulièrement sensibles aux récompenses immédiates et ne peuvent pas encore vraiment faire appel aux fonctions exécutives comme la mémoire de travail ou la planification qui permet de se dégager de la tyrannie de l’immédiat. l’attrait des jeux vidéo pour les adolescents TDAH peut s’expliquer par les satisfactions immédiates qu’ils apportent et la rapidité de leurs stimulations

Les interactions sociales sont le second élément à prendre en compte. L’adolescence est une période pendant laquelle les relations sociales sont particulièrement importantes. Les adolescents TDAH ont des difficultés avec leurs pairs parce que l’hyperactivité les conduit à être intrusives, à ne pas respecter les temps de parole ou à être inattentif, ce qui conduit les autres adolescents à les rejeter. La mauvaise qualité des relations sociales peut conduite les adolescents à se tourner vers les médias sociaux pour avoir les interactions sociales dont ils ont besoin. Mais ils peuvent aussi vivre sur les médias sociaux des expériences sociales problématiques. Du fait de la connexion des espaces physiques et numériques, ce qui a vécu en ligne à des répercussions dans la vie familiale et vive versa

Enfin, le TDAH est connecté à la vie familiale. les expériences familiales modèrent ou exacerbent l’expression des troubles des adolescents hyperactifs. D’une façon générale, le TDAH met à rude épreuve les familles. Les parents d’enfants TDAH ont souvent tendance à avoir davantage de comportements négatifs et moins de comportements positifs et sont davantage stressés que les autres. Le TDAH les amène à accroitre leur surveillance sur l’enfant, ce qui a tendance à accroire l’expression des troubles de l’enfant lorsqu’elle a vécu comme contrôlant ou incohérente. pour échapper aux stress familiaux, les adolescents TDAH peuvent avoir pendante à utiliser les médias sociaux comme moyen d’évasion ou comme un espace dans lesquels leurs frustrations peuvent être ventilée

Ces trois dimensions – neurobiologiques, sociales et familiales, doivent être prises en compte pour un traitement efficace du jeu vidéo problématique des adolescents TDAH. Il est tout d’abord important d’avoir un suivi médical pour s’assurer que l’adolescent reçoit le traitement dont il a besoin. Cependant, dans le cadre des troubles psychologiques, un médicament peut être nécessaire, il n’est jamais suffisant. Il est possible et souhaitable d’aider la maturation biologique du cerveau en jouant à des jeux qui sollicitent les fonctions exécutives.Les jeux vidéo dans laquelle une action doit parfois être réprimées ou les jeux de stratégie qui demandent d’utiliser la mémoire de travail, le raisonnement et entraînent la capacité à résoudre les problèmes sont de bons candidats. Il est aussi d’aider l’enfant à planifier des objectifs de jeu. Les jeux vidéo sont souvent divisés en paliers qui permettent de planifier la progression. Chaque joueur doit apprendre à maitriser le personnage joué, optimiser la récolte des ressources nécessaires, avoir une analyse honnête sur ses succès et ses échecs. Les adolescents en général et les adolescents TDAH n’ont pas spontanément ce type d’attitude. Elles peuvent être enseignées par les parents.

Les jeux vidéo suivants peuvent aider les adolescents TDAH à construire/ renforcer leurs fonctions exécutives. 

Les difficultés avec les pairs sont le second point à prendre en compte. Cela peut être fait de deux manières différentes. Tout d’abord, il faut s’intéresser à la vie en ligne des adolescents. Les difficultés dans le monde physique sont fréquemment retrouvées dans les interactions en ligne, ce qui accroit encore davantage la frustration des adolescents TDAH qui espéraient y trouver un refuge temporaire à leurs difficultés sociales. Prendre le temps de discuter des expériences vécues avec les jeux vidéo, les grandes joies comme les frustrations aide grandement les adolescents TDAH. Pendant les discussions, les parents aident l’adolescent à comprendre et mieux gérer les émotions associées aux interactions sociales

Il est aussi possible de proposer un autre type d’expérience au travers des jeux vidéo. Beaucoup de jeux vidéo sont liés à la compétition et la rivalité. Dans ce contexte, gagner est gratifiant, tandis que perdre est source de dévalorisation et de frustration. Pour éviter cela et accroitre l’expérience des adolescents TDAH, il est utile de leur proposer des jeux vidéo basés sur la collaboration qui vont aider à la construction de compétences sociales Ces jeux sont intéressants parce qu’ils contribuent au développement de comportements coopératif en augmentant le sentiment de cohésion et de confiance en soi et dans les autres (Greitemeyer & Cox, 2013).

Les jeux vidéo suivants peuvent aider les adolescents TDAH à construire/renforcer leurs compétences sociales

Les jeux vidéo sont souvent un tresseur important. L’adolescent a fréquemment qu’une seule idée en tête : “jouer aux jeux vidéo” et les parents sont arc-boutés à des interdits difficilement tenables. Il est évident que des limites éducatives sont nécessaires à tous les enfants, mais elles doivent être données d’une manière appropriée. Cela peut se faire en donnant d’abord l’exemple. plusieurs recherches que l’absorption des parents dans des activités numériques est associé à des problèmes chez leurs enfants (McDaniel & Radesky, 2018). Il est important que les parents façonnent par leurs comportements les comportements qu’ils attendent de leurs enfants.

Le style d’intervention est tout autant important.  Limiter le temps de jeu en étant en colère, ruine le potentiel gain éducatif que le parent avait en tête. Il est donc important de travailler à maintenir un climat de confiance entre l’adolescent et les parents parce que ce climat de confiance aide les adolescents à partager leurs expériences avec leurs parents. Aucune personne n’est motivée à partager des aspects de sa vie avec une personne si elle est persuadée qu’elle n’en tirera que des jugements négatifs. Aussi, il est important que les   ne fassent pas des jeux vidéo uniquement un sujet problématique, mais qu’ils s’attachent aussi à comprendre avec l’adolescent ce qu’il cherche et ce qu’il trouve dans cette activité.

En conclusion, l’investissement problématique de certains adolescents qui présentent un TDAH dépend de facteurs neurobiologiques, sociaux et familiaux. Les parents peuvent aider leurs enfants au travers des jeux vidéo en prenant en compte leurs expériences vidéoludiques, en valorisant certains jeux vidéo et en ayant un style d’intervention approprié. 

Laissez les enfants jouer aux jeux vidéos

mardi 29 novembre 2022 à 11:44

Les psychologues sont d’accord sur peu de choses mais ils arrivent assez facilement a s’entendre sur le jeu  si l’on questionne des psychologues sur le jeu, ils répondront les choses suivantes : Le jeu est important dans le développement de l’enfant parce qu’il lui permet d’être créatif, de développer son imagination, sa dextérité, ses capacités physiques et construire des amitiés. Le jeu libre est l’outil avec lequel l’enfant se construit. Le jeu et l’enfance sont indissolublement liés. Un enfant doit jouer. Un enfant qui ne joue pas est un enfant qui est confronté à un problème qu’il n’arrive pas à résoudre, qui est déprimé ou anxieux. Dans un contexte ou une pression toujours plus grande est mise sur des enfants toujours plus jeunes, il est nécessaire de préserver le plus possible le temps de jeu chez l’enfant. Ce temps est si important qu’il est explicitement mentionné dans la Convention des droits de l’enfant des Nations Unies

Beaucoup de parents  rejoignent les psychologues pour reconnaître des vertus au jeu, mais peu pensent que cela s’applique aussi aux jeux vidéo. Le “temps d’écran” devient une sorte de mesure de la parentalité. Le bon parent est celui qui accorde le moins de temps d’écran possible, et le mauvais parent est celui qui laisse trop son enfant devant “les écrans”. Cette position est contre productive puisque la majeure partie du temps libre des enfants est occupée par les jeux vidéo. Limiter le temps de jeu vidéo, c’est donc, mécaniquement, limiter l’occasion de croissance que l’enfant est susceptible de rencontrer dans le jeu (vidéo) 

La position la plus adaptée est de contrôler le temps libre de l’enfant tout en lui laissant la possibilité de faire des choix à l’intérieur de ce temps. Pour l’enfant, cela fait vraiment une différence. La plupart des activités de la journée d’un enfant sont contrôlées par les parents, à partir du moment où il a l’âge d’aller à l’école. Le temps de sommeil, les habits, les déplacements, les activités de loisir, sont le plus souvent choisies par les parents. Dans ce contexte d’hypercontrôle, le temps de jeu est un moratoire dans lequel l’enfant peut faire ses propres choix.  Il devient aussi capable d’observer les conséquences de ses choix et d’en tirer des conclusions. Avoir du temps libre et pouvoir choisir ses activités pendant son temps libre est un des facteurs associé à une bonne santé mentale (McHale et al.. 2001)

Le temps libre est important pour l’enfant parce qu’il lui permet de jouer. L’enfant construit une spirale vertueuse dans laquelle, par le jeu, il développe son imagination, sa dextérité, ses compétences physiques, cognitives, affectives et sociales. Par le jeu, l’enfant apprend à interagir avec son environnement physique, social et symbolique. Il crée et explore des mondes dans lesquels ils peuvent affronter leurs peurs, se conduire comme leurs figures idées, manipuler l’environnement. La maitrise sur les mondes physique, social et symbolique le rend plus confiant en sa capacité à affronter les challenges présents et futurs. Le jeu donne à l’enfant le temps dont il a besoin pour construire des compétences et prendre des décisions. Lorsque les enfants jouent en groupe, ils apprennent comment collaborer, négocier, résoudre les conflits et faire valoir leur point de vue. Tout cela est perdu lorsque le jeu est contrôlé par les adultes. Certes, l’enfant y fait des apprentissages, mais il perd ce que le jeu libre a de plus précieux : la créativité, le leadership et les compétences sociales.

Que se passe-t-il lorsque on laisse aux enfants la possibilité de librement choisir leurs activités ? Il est possible que, laissé à ses propres choix, l’enfant passe tout son temps libre à jouer aux jeux vidéo. C’est même très probable.J’ai connu une jeune adolescente qui passait tout son temps à jouer aux Sims. Ses parents s’en inquiétaient beaucoup, car de leur point de vue, elle passait trop de temps à jouer.  Mais que faisait-elle dans le jeu ? Les parents ne le savaient pas. Elle en parlait pourtant facilement. Elle aimait la vie familiale de ses Sims – une famille comme on en voit dans les sitcoms : un père, une mère, trois enfants et deux voitures dans le garage.  Elle était particulièrement intéressée par le comportement des autres Sims avec l’adolescente de sa famille. Pourquoi, parfois, des amitiés se créaient ? Pourquoi certains Sim étaient si difficiles à amadouer. Ces questions étaient en lien direct avec sa vie actuelle. Pour cette jeune adolescente, l’intérêt amicaux et amoureux prenaient de plus en plus de place. Les Sims était le temps dans lequel elle pouvait se poser et réfléchir à tout cela. Bien sûr, elle aurait pu faire ce travail psychologique avec un autre média. Certains adolescents le font avec des romans, d’autres avec des séries, des animés, des mangas. Mais il est impossible de dire à l’avance pour chaque adolescent quel média ou quelle activité lui sera le plus utile. Une après midi de lecture de l’Illiade vaut-elle mieux qu’un après-midi à jouer à God of War, regarder Sword Art Online ou Pretty Little Liar ? Il n’est pas possible de répondre à cette question, ou, plus exactement, choisir pour l’adolescent, c’est lui imposer des préjugés de classe. 

La possibilité de jouer librement aux jeux vidéo est importante parce que dans cette liberté l’enfant apprend à se réguler . L’intensité avec laquelle un enfant joue aux jeux vidéo dépend de plusieurs facteurs comme la nouveauté et la difficulté. Un nouveau jeu apporte une multitude de sensations, de zones à explorer, de mécanismes à découvrir. La perspective d’avoir tant de choses à découvrir est exaltante ! Mais rien ne se fait sans peine. L’enfant fois aussi apprendre à maitriser le jeu vidéo. Les mécaniques du jeu doivent être identifiées et maitrisées. Même si le jeu vidéo apporte de grands plaisirs, il est aussi l’occasion de grandes désillusions. L’enfant passe de moments de grand plaisir à des moments de déréliction. Le temps de jeu diminue au fur et à mesure que l’enfant maitrise le jeu vidéo.

Certains psychologues affirment que les jeux vidéo ne doivent pas être considérés comme des jeux libres. Pour eux, les jeux libres correspondent à des jeux classiques comme les jeux avec les Lego ou les jeux de rôle. Avec le jeu libre, disent-ils, les enfants développent des compétences cognitives, affectives et sociales. L’expérience du jeu leur apporte des occasions d’être créatif, ce qui augmente leur sentiment d’efficacité et nourrit leur estime de soi. Le jeu leur permet de construire des modèles mentaux, de les appliquer pour résoudre des problèmes, de réguler leurs émotions tout en construisant et maintenant des relations sociales.

Pourtant, tous ces aspects se retrouvent dans les jeux vidéo.  Le jeu libre ne dépend pas d’un média ou d’une activité. Il est tout simplement un jeu motivé intrinsèquement, avec peu de règles ou de structure. Les jeux physiques (courir, grimper, se bagarre), les jeux avec des objets (bâtons et cailloux, jeux avec le sable ou l’eau, jeu avec les jouets) et les jeux psychodramatiques (jouer au docteur, à la maitresse) entrent dans la définition du jeu libre. Ces caractéristiques se retrouvent bien avec les jeux vidéo qui sont  des activités motivées intrinsèquement. Certes la motricité générale n’est pas engagée dans les jeux vidéo (sauf dans les jeux de danse) mais on y incarne bien des rôles. Le jeu libre est il possible avec les jeux vidéo ? Dans aucun doute mais il est plus facile avec certains genres. Space invaders donne peu de liberté au joueur. C’est un jeu règle qui s’apparente au Monopoly. A l’opposé dans Zelda Breath of the Wild ou GTA , le joueur dispose d’une très grande liberté  Le jeu libre est possible avec le jeu vidéo qui n’est, finalement qu’un jeu médiatisé par un objet technique tout comme le jeu avec un camion de pompier est médiatisé par un objet produit industriellement. 

Valoriser le jeu libre je doit pas faire oublié que les jeux réglés sont aussi importants dans le développement des personnes. L’enfance est le temps du jeu libre. Avec l’adolescence, vient le goût pour les jeux réglés. C’est le moment où l’adolescent apprécie les jeux de carte, les parties de Monopoly ou de League of Legends. Ces jeux correspondent mieux aux compétences cognitives affectives et sociales que la personne a besoin de développer. Les relations complexes sue l’on trouve dans les jeux vidéos permettent a l’enfant d’explorer ses nouvelles capacités d’abstraction. Les relations sociales sont expérimentées durant les parties. Enfin, l’adolescence apprend à réguler et exprimer convenablement ses émotions. Les jeux vidéo proposent une triple offre développementale – cognitif, affective et sociale – dont il serait dommage de priver les adolescents.

Les ordinateurs sont des objets de notre quotidien. Ils aident à organiser nos loisirs comme nos activités laborieuses. Ils sont présents pour toutes les grandes découvertes du 20e et du 21e siècle. Pourquoi devrions-nous empêcher nos enfants de jouer avec eux ? Voit-on dans les sociétés de chasseur cueilleurs des adultes empêcher les enfants de jouer avec des armes ou des filets de pêche ? Les enfants ont besoin de ce temps libre de jeu vidéo pour apprivoiser les objets les plus complexes et les plus puissants de notre culture. 

Laisser les enfants libres de jouer aux jeux vidéo donne aux parents de nouvelles occasions de faire leur travail d’éducateur. Cela permet de repérer les situations ou l’enfant joue mal aux jeux vidéo. Certains enfants éprouvent un plaisir pervers à ruiner les parties des autres, ou utilisent le temps de jeu pour agresser gratuitement les autres joueurs. Il ne s’agit pas ici de moment isolé ou l’enfant est agressif parce qu’il est débordé par la situation, mais d’un modèle général de fonctionnement. Dans d’autres cas, l’enfant est trop inhibé pour pouvoir réellement jouer. Et bien sûr, il y a les situations ou arrêter une activité pour passer à une autre suscite des problèmes. Les parents ne doivent pas craindre que leur enfant aime trop les jeux vidéo, mais plutôt la situation ou l’enfant joue pour compenser les émotions désagréables suscitées par des événements extérieurs. Le jeu devient alors une activité obsédante dans laquelle l’enfant s’enferme pour se mettre à l’abris de ses pensées et de ses émotions.

La bataille sur le temps de jeu est clairement une bataille idéologique. la recherche peine à trouver des effets négatifs des jeux vidéo sur le développement et trouve assez facilement une relation entre le temps de jeu. Il est donc temps de laisser les enfants jouer librement aux jeux vidéo 

Un résumé de la recherche sur les jeux vidéo

lundi 14 novembre 2022 à 10:26

La recherche sur les jeux vidéo peut être résumée de la manière suivante. Un effort de recherche important a été consacré à explorer les effets négatifs des jeux vidéo. La relation entre les jeux vidéo et la violence et l’addiction ont été particulièrement étudiée

La recherche sur les jeux vidéo violents est aujourd’hui arrivée à une vision plus équilibrée que les premières recherches qui ont établi une relation entre ces jeux et les comportements agressifs ou violents (Anderson & Bushman, 2001).La question importante est de savoir si, comme l’affirme Dave Grossman, les jeux vidéo sont des “simulateurs de meurtre Des études trouvent un lien avec la violence (Boyle et al., 2011)  mais elles ne modélisent pas avec suffisamment de fidélité les comportements réels.”. En effet, elles reposent sur des autoquestionnaires qui évaluent les attitudes ou les émotions des participants. À partir des résultats des questionnaires, les chercheurs infèrent que les jeux vidéo peuvent être à l’origine de comportemetns agressifs et violents. Quelques études longitudinales trouvent un lien entre le gout pour les jeux vidéo violents et les comportements agressifs quelques années plus tard ((Anderson et al., 2010), mais d’autres études ne trouvent pas  de lien  (Lemmens et al., 2011). Enfin, on ne trouve pas de lien entre les comportements violents ou criminels et les jeux vidéos. Il semble que ce soit davantage le mode de jeu compétitif que les images ou les scénarios violents qui provoquent ces effets (Schmierbach, M.,2010). À ce jour, il est établi que les jeux vidéo violents ont des effets de taille et de durée limitée sur les pensées, les émotions et comportements violents. Aucun est trouvé causal n’est avec les comportements violents criminels

L’addiction aux jeux vidéo commence avec ‘Yvan Goldberg  qui crée en 1993  un Internet Addiction Disorder sur un forum de discussion pour plaisanter.  À sa suite, Kimberley Young et Griffiths lancent chacun de leur côté la recherche académique sur l’addiction aux jeux vidéo en faisant un parallèle entre le trouble lié aux jeux d’argent et de hasard et les comportements excessifs associés à l’Internet ou aux jeux vidéo. La très grande majorité des publications sur l’addiction aux jeux vidéo repose sur une démarche confirmatoire (Billieux et al. 2015) et des études transversales. Ce biais et cette méthodologie mettent largement en doute l’hypothèse selon laquelle les jeux vidéo peuvent être la cause d’une addiction. Les études longitudinales, qui permettent de mieux explorer une éventuelle relation causale, sont rares. Celles qui existent montrent que des difficultés personnes précédent le jeu vidéo problématique (Lemmens et al. 2011). Le jeu vidéo problématique serait donc davantage une conséquence que la cause d’un trouble psychologique (Ko et al., 2005). La définition du trouble de l’addiction  telle qu’elle est donnée aujourd’hui pose également un problème, car elle pathologise n’importe quelle activité pour laquelle la personne a un engagement fort. Enfin, l’engagement important dans un jeu vidéo n’a pas nécessairement de conséquences négatives pour la personne (Van Rooij et al., 2011).

En résumé, s’il est évident que certains joueurs de jeu vidéo présentent des difficultés personnelles (Grüsser et al., 2007; Gentile, 2009), rien ne permet de d’affirmer que ces difficultés sont une conséquence de la pratique des jeux vidéo

Une petite partie de l’effort de recherche sur les jeux vidéo est consacrée à leurs aspects positifs. Les jeux vidéo sont un élément positif dans le développement des jeunes, car ils contribuent au développement de leurs compétences cognitives, affectives et sociales (Granic, 2014). Le jeu vidéo participe au bien-être des personnes parce qu’il apporte des émotions positives (Allahverdipour et al., 2010),  les aides à réguler leurs émotions  (Przybylski et al., 2011,) à se relaxer (Snodgrass et al., 2011b).  Lorsque l’on considère les temps de jeu, les personnes qui ont les troubles la plus importante sont celles qui ne jouent pas et celles qui ont un temps de jeu vidéo important. Pour les autres, le jeu vidéo est plutôt associé à une bonne santé mentale. L’ensemble de ce qui précède suggère que les jeux vidéo sont utilisés comme des régulateurs de la vie émotionnelle, cognitive et sociale.  

 

En conclusion, une grande partie de la recherche a cherché à mettre en évidence des relations entre les jeux vidéo et des aspects négatifs, avec un succès limité. Une petite partie de l’effort de recherche a été consacré a explorer la relation entre les jeux vidéo est des aspects positifs, avec un peu plus de succès

Les jeux vidéos sont associés à de meilleures compétences cognitives chez les jeunes joueurs

lundi 7 novembre 2022 à 09:08
Alors que des commentateurs tentent de maintenir dans l’espace public l’idée que les jeux vidéo sont des neurotoxiques qui nuisent gravement au développement des enfants, les recherches menées sur ce thème apportent des résultats très différents.
Les jeux vidéo sont associés à de meilleures performances cognitives chez de jeunes enfants. Même si des études plus poussées sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes en jeu, ce résultat obtenu par une recherche menée 2217  enfants montre qu’il n’est plus possible de présenter les jeux vidéo comme des médias problématiques. Publiée dans le JAMA Network Open, l’étude a trouvé que les enfants qui rapportent jouer aux jeux vidéo trois heures par jour obtiennent de meilleurs résultats à des tests cognitifs qui mesurent le contrôle de l’impulsion et la mémoire de travail comparativement à des enfants qui jouent moins ou qui ne jouent pas aux jeux vidéo. Les résultats de cette étude s’ajoutent à une liste déjà longue d’études qui montrent un lien entre les jeux vidéo et la cognition. Il semble qu’après avoir consacré beaucoup d’effort à trouver des relations entre les jeux vidéo et des troubles psychologiques, les chercheurs s’intéressent maintenant aux bénéfices que les joueurs peuvent tirer de leur hobby préféré.
La plupart des recherches sur la cognition des joueurs de jeu vidéo se fait avec de jeunes adultes. Cette recherche est précisée parce que les psychologues s’appuient sur des données issues de jeunes enfants. Au total, ils ont pu traiter les réponses a 2217 questionnaires concernant des enfants de 9-10 ans. Ils obtiennent ainsi une vision assez nette des processus de pensée des jeunes gamers. Les réponses ont permis de former un groupe de joueurs de jeux vidéo et un groupe de non-joueurs. La limite de 3 heures par jour a été mise parce que l’Académie Américaine de Pédiatrie avait recommandé que les enfants passent moins de deux heures par jours devant les écrans. Les psychologues ont évalué les performances des enfants à des tests qui mesurent leur capacité à contrôler les impulsions et z mémoriser des informations ainsi que l’active cérébrale des enfants pendant les tests.
Les psychologues ont trouvé que les enfants qui jouent plus de trois heures par jour aux jeux vidéo sont plus rapides et plus précis sur les compétences testées que ceux qui ne jouent pas aux jeux vidéo. Ils ont aussi constaté que le fonctionnement cérébral observe à l’IRM est différents pour les deux groupes. L’analyse des scanners montre que les enfants qui jouent aux jeux vidéo plus de trois heures par jour ont une activité cérébrale plus importante dans des régions associées à l’attention et à la mémoire que ceux qui ne jouent pas aux jeux vidéo. Ils ont aussi une activité cérébrale dans la région frontale du cerveau associé aux tâches cognitives complexes et une active cérébrale moins importante dans les zones associées à la vision
Comment interpréter ces résultats ? Les chercheurs pensent qu’ils sont une conséquence de la pratique de jeux vidéo. En effet, jouer a un jeu vidéo nécessite de contrôler des impulsions et d’utiliser sa mémoire. Plus l’enfant joue aux jeux vidéos, plus il entraîne ces compétences et plus il devient performant dans les jeux vidéo. En ce qui concerne l’activité cérébrale, la faible activité de l’aire visuelle est sans doute liée au fait que les joueurs de jeu vidéo sont plus compétents dans le traitement de l’information visuelle. De ce fait, ils ont besoin d’utiliser moins de ressources.
Les chercheurs se sont aussi intéressés aux effets négatifs des jeux vidéo. Durant les années 2000, de nombreuses recherches ont trouvé fait un lien entre la violence, la dépression, l’agressivité et les jeux vidéos. Ce n’est pas le cas ici. Les enfants qui ont le plus de temps de jeu vidéo ont tendance à avoir de meilleurs résultés sur les tests qui mesurent la santé mentale comparativement aux enfants qui ne jouent pas aux jeux vidéo. Cependant, le résultat n’est pas statistiquement significatif. Il est donc possible que cette tendance soit simplement due au hasard
L’étude est corrélationnelle, ce qui signifie que les relations trouvées ne permettent pas de tirer de conclusion en termes de causes et d’effets. Peut-être que les enfants qui sont performants dans les taches mesurées ont tendance à davantage jouer aux jeux vidéo ? Ou probablement, ils sont devenus performants parce que qu’ils ne jouent pas aux jeux vidéo ? Cette étude ne permet pas de l’affirmer, mais d’autres études expérimentales montrent un effet d’entrainement des fonctions exécutives par le jeu vidéo. Pour ce qui est du lien entre les jeux vidéo et les comportements agressifs et violents, le livre Moral Kombat montre de manière convaincante qu’il repose plus sur les lubies de quelques psychologues que sur des faits.

Que peut-on retenir ? Que la limitation du temps de jeu n’est pas opérante, puisque d’évidence des enfants qui ont un temps de jeu quotidien important ont de meilleures compétences cognitives que ceux qui jouent moins aux jeux vidéo. Cela établit également que présenter les jeux vidéo comme des neurotoxiques est fallacieux, maintient dans le public de fausses idées, qui sont potentiellement préjudiciables aux enfants et à leurs familles.

Chaarani, B., Ortigara, J., Yuan, D., Loso, H., Potter, A., & Garavan, H. P. (2022). Association of Video Gaming With Cognitive Performance Among Children. JAMA Network Open, 5(10), e2235721-e2235721.
Green, C. S., & Bavelier, D. (2003). Action video game modifies visual selective attention. Nature, 423(6939), 534-537.
Markey, P. M., & Ferguson, C. J. (2017). Moral combat: Why the war on violent video games is wrong. BenBella Books, Inc..