PROJET AUTOBLOG


PsyEtGeek

source: PsyEtGeek

⇐ retour index

Des jeux vidéo pour mieux respirer

mardi 24 septembre 2019 à 16:00

Au terme d’une revue de la littérature (9 articles) les auteurs concluent que les jeux permettent aux patients d’augmenter légèrement leurs connaissances sur la maladie et le traitement qui leur est donné. 

Dans le cadre de maladies respiratoires, les médecins prescrivent en plus des traitements médicamenteux des rééducations qui ont pour but d’augmenter le fonctionnement du système respiratoire du patient et sa qualité de vie. Mais l’adhésion au traitement est souvent pauvre. Dans ce contexte, les jeux vidéo peuvent jouer un rôle intéressant en transformant une rééducation ennuyeuse en quelque chose d’intéressant. Cette hypothèse est confirmée par la revue de la littérature de Sánchez et ses collègues.

EA Sport Active 2, Wii Fit plus, mais aussi des jeux sérieux comme Bronkie’s Asthma Adventure ont été utilisé pendant 35 minutes au cours de 3 à six interventions. Même si les effets mesurés sont très variables, les auteurs rapportent des améliorations intéressantes. Par exemple, une étude rapporte une augmentation de la force musculaires et deux autres une meilleure ventilation pulmonaire. Cependant, la plupart des interventions visant à éduquer les patients sur leur maladie (6/9) les effets positifs se notent surtout dans les domaines de la connaissance de la maladie et des médicaments utilisés pour la traiter

Il est évident que les jeux vidéo à eux seuls ne peuvent pas être une solution thérapeutique. Mais ils peuvent avoir, dans des conditions contrôlées par un professionnel, des effets significatifs. Ces effets sont notés au niveau physiologique et au-delà puisque les patients rapportent une meilleure connaissance de la maladie et de sa gestion. Au final, c’est le bien-être général du patient qui est amélioré.


REFERENCE

Torres Sánchez, I., Megías Salmerón, Y., López López, L., Ortiz Rubio, A., Rodríguez Torres, J., & Valenza, M. C. (2019). Videogames in the Treatment of Obstructive Respiratory Diseases: A Systematic Review. Games for health journal, 8(4), 237-249.

La lumière bleue des écrans ne détruit PAS la rétine

dimanche 8 septembre 2019 à 08:59

Alors que les écrans continuent a se multiplier, ils suscitent de nouvelles inquiétudes. Après avoir été accusés de susciter des troubles tels que le Trouble de l’Hyperactivité avec Déficit de l’Attention, ou  le Trouble du Spectre Autistique , ils sont accusé de provoquer des troubles oculaires aussi graves que la DMLA. Le journal Science et Avenir titre “La lumière bleue des écrans provoque l’autodestruction de la rétine”. Des fabricants  proposent des lunettes filtrantes censées protéger les utilisateurs. Heureusement, personne ne risque la destruction de sa rétine en utilisant un ordinateur ou un smartphone. Voici ce que la recherche a mis en évidence. 

La lumière blanche est décomposable en plusieurs couleurs qui varient en fonction de leur longueur d’onde et de leur énergie. Les rayons ultraviolets sont invisibles contrairement aux aux autres couleurs du spectre lumineux. Dans le spectre du visible, la lumière bleu est celle qui a le plus haut niveau d’énergie tandis que la lumière rouge a le niveau d’énergie le plus faible. La lumière du soleil est la principale source de lumière bleue. Être à l’extérieur pendant la journée est donc un moyen d’être exposé à la lumière bleue. Les écrans d’ordinateur et les smartphone sont également une source de lumière bleue  mais en quantité plus faible que celle que l’on peut trouver à l’extérieur (Rucket et al. 2015)

Alors que l’oeil est bien adapté au blocage des rayons ultraviolets, il est bien moins compétent pour la lumière bleue. En fait, toute la lumière bleue traverse la cornée et atteint la rétine. La questions est donc savoir comment cette lumière affecte la rétine. 

C’est ici qu’intervient la recherche commentée par le journal Science et Avenir. Les chercheurs ont bien mis en évidence que la lumière bleue cause des changements dans la rétine qui évoquent la dégénérescence maculaire. Mais les cellules testées par les chercheurs ne sont pas issues de l’étude. Par ailleurs ces cellules n’ont pas été exposées à la lumière dont les cellules de l’oeil sont exposée à la lumière. Enfin, la partie des cellules qui a été affectée par la rétine dans les expérience ne touche pas la rétine dans les yeux des êtres vivants. On est donc très loin d’une destruction de la rétine par la lumière des écrans. 

La lumière bleue est essentielle à la bonne santé. Elle a été associé à des éléments positifs dans les domaines cognitifs et affectifs. Les performances en mémoire sont meilleures avec de la lumière bleue et elle est utilisée dans la thérapie lumineuse pour traiter la dépression saisonnière. Elle intervient également dans la régulation du cycle circadien. Dans certaines conditions elles peut même augmenter la qualité du sommeil (Ayaki et al, 2013; Scheuermaier et al., 2018)

La lumière bleue peut aussi avoir des effets négatifs sur le sommeil. La recherche a mise en évidence que la lumière des bleue émise par les écrans ralenti la libération de la mélatonine qui est impliquée le sommeil (Münch et al. 2016) Cependant, cet effet est faible puique l’on parle de quelques minutes de retard à l’endormissement. Porter des lunettes filtrantes n’est pas nécessairement une solution car la quantité de lumière bleue reçue sur la rétine n’est pas le seul facteur pris à prendre en compte. Le niveau d’éveil de la personne et le contenu des images est aussi à prendre en compte. Il est par exemple évident qu’un  programme plein de suspense maintient plus facilement éveillé qu’un programme d’ASMR. Ainsi, il n’est pas possible d’expliquer les modifications de l’endormissement ou du sommeil uniquement par la lumière bleue des écrans

Nous ne disposons pas de preuve directe que la lumière émise par les écrans suscite des dommages chez l’homme. L’Académie Américaine d’Ophtalmologie rappelle qu’aucun élément ne laisse penser que la lumière des écrans cause des dommages aux yeux. L’utilisation de lunettes filtrantes n’est pas non plus recommandée car il n’existe aucune étude qui montre que cette protection puisse avoir un effet protecteur contre les mélanomes oculaires. 

ll n’a jamais été démontré que la quantité de rayonnement provenant d’un ordinateur cause une maladie oculaire, à l’exception de la sensation de fatigue oculaire et de sécheresse des yeux causée par une diminution du clignement des yeux associée à l’utilisation d’un ordinateur.” Académie Américaine d’Ophtalmologie

Pour l’Académie Américaine d’Ophtalmologie, dans l’état actuel des connaissances, prendre des mesures de prévention contre la lumière bleue émise par les écrans  est prématuré car il n’y a pas de preuve qu’elle soit directement la cause de problèmes et que ces mesures peuvent avoir des effets secondaires encore plus dommageables.

Vous pouvez donc continuer à regarder vos écrans dans les yeux.

REFERENCES

Ayaki, M., Muramatsu, M., Negishi, K., & Tsubota, K. (2013). Improvements in sleep quality and gait speed after cataract surgery. Rejuvenation research, 16(1), 35-42.

Scheuermaier, K., Münch, M., Ronda, J. M., & Duffy, J. F. (2018). Improved cognitive morning performance in healthy older adults following blue-enriched light exposure on the previous evening. Behavioural brain research, 348, 267-275.

Münch, M., Nowozin, C., Regente, J., Bes, F., De Zeeuw, J., Hädel, S., … & Kunz, D. (2016). Blue-enriched morning light as a countermeasure to light at the wrong time: effects on cognition, sleepiness, sleep, and circadian phase. Neuropsychobiology, 74(4), 207-218.

Zhao, Z. C., Zhou, Y., Tan, G., & Li, J. (2018). Research progress about the effect and prevention of blue light on eyes. International journal of ophthalmology, 11(12), 1999.

Ratnayake, K., Payton, J. L., Lakmal, O. H., & Karunarathne, A. (2018). Blue light excited retinal intercepts cellular signaling. Scientific reports, 8(1), 10207.

2019-08 Recherches en cyberpsychologie

mercredi 4 septembre 2019 à 08:18

Selon la revue de la littérature menée par NAa et ses collègues, les exergames (c’est a dire les jeux vidéo basés sur l’exercice physique) augmentent l’activité physique, réduisent l’IMC, la graisse dans les tissus et ont un impact psychologique ce qui en fait des outils intéressant dans le combat contre l’obésité des enfants.

Goh, Jones et Copello explorent les motivations des joueurs de jeux vidéo et l’impact de des jeux vidéo sur le bien-être. L’étude transversale suit 165 personnes pour lequelles le nombre d’heures de jeu vidéo, le bientre, l’estime de soi, le sentiment d’efficacité sont évalués. Les auteurs constatent une corrélation entre des temps de jeu importants et des niveaux de bien-être faibles.

Les auteurs examinent comment les pratiques numériques des jeunes sont décrites dans la presse

Les auteurs trouvent une relation entre un score elevé a la Smartphone Addiction Scale et la détresse socio-émotionnelle et le névrotisme. Pas de lien n’est trouvé entre l’addiction au smartphone, l’extraversion, l’ouverture à l’expérience, l’agréabilité et le caractère consciencieux

Boerboom et Europa examinent comment est ce que les jeux vidéo peuvent conduire des personnes à s’intéresser à l’archéologie Si cela peut passer par des jeux vidéo comportant des thèmes archéologiques, il est nécessaire de mieux comprendre quel genre de jeu est le mieux approprié

Robinson, N. E. I. (2019). Performances and publics while watching and live-streaming video games on Twitch. tv.

Robinson examine les pratiques sociales des utilisateurs de Twitch.tv en utilisant des entretiens et l’observation participante. La plateforme de streaming est décrite comme un réseau social utilisé dans des stratégies personnelles. Les interactions entre les utilisateurs sont décrites.

Les jeux vidéo n’ont pas d’effet sur le sommeil. Les résultats sont limités par la taille de l’échantillon (1 personne)

Une revue systématique des études sur Pokémon Go! permet de faire le point sur ce jeu-phénomène

Synder analyse le #GamerGate en s’appyant sur des données collectées sur Reddit et le jeu vidéo Kingdom Come : Delivrance pour mettre en évidence les tensions et les contradictions politiques qui le traversent; il conclut en affirmant que l’algorithme de Reddit rend difficile le développement des communutés féministes.

Les auteurs explorent la relation entre l’utilisaiton de l’Internet, le surpods et l’obésité par une revue de la littérature des études transversales. Les résultats indiquent un lien entre l’utilisaiton de l’Internet et la probabilité d’être obèse ou en surpoids.

Les auteurs trouvent une corrélation négative entre les temps de jeux et le bien-être. Plus les temps de jeu sont importants, plus le bien-être des joueurs est faible.

[Mode d’emploi] Les enfants, les adolescents, les média sociaux et les parents

mercredi 4 septembre 2019 à 08:08

U

Les adolescents utilisent régulièrement les réseaux sociaux et les messageries pour communiquer avec leurs proches. Cette numérisation de vie sociale, émotionnelle et cognitive des adolescent suscite du stress et parfois des inquiétudes de la part de leurs parents. La solution est, comme souvent, avant tout une question d’éducation qui passe par une identification claire des aspects positifs et négatifs de la vie numérique et par un accompagnement des enfants dès leur plus jeune âge.

Les BONNES NOUVELLES

Les réseaux sociaux permettent aux enfants de nourrir leurs relations sociales. Contrairement à une idée reçue, peu font la course aux amis ou se servent des réseaux sociaux pour discuter avec de parfaits inconnus.

Les réseaux sociaux sont profondément intégrés a la vie sociale des adolescents. D’une façon générale, les réseaux sociaux et les applications de messagerie permettent aux adolescents :

  1. d’être connectés avec leurs amis et leur famille
  2. de s’informer
  3. de rencontrer des personnes qui partagent les même intérêts
  4. de faire leur travail scolaire

Les MOINS BONNES NOUVELLES

Au delà de leur intérêt réel, les réseaux sociaux sont aussi un cause de stress et de problèmes pour les adolescents. Les réseaux sociaux, et les applications de messagerie ont été associées à des ruptures dans la vie privée des enfants, le harcèlement et des agressions sexuelles

Certaines enquêtes montrent que la plupart des adolescents postent des images d’eux-même sur Internet, utilisent leur vrai nom, donnent le nom de leur établissement scolaire et donnent leur numéro de téléphone ou leur date de naissance  aux applications. Beaucoup ont rencontré sur Internet des contenus qui les ont choqué ou mis à l’a l’aise ou été confrontés à une publicité qui ne les concernait pas

Le harcèlement en ligne – c’est à dire l’utilisation massive d’application de communication pour agresser une personne ou un groupe de personne – est très dommageable.  Il peut prendre la forme d’attaques écrites (textes et image ou), verbales. il peut également s’agir de mises à l’écart (exclusion de groupes) ou de vols d’identité. Le harcèlement en ligne a été associé à une diminution de l’estime de soi, à la dépression et à des conduites suicidaires. 

Les interactions en ligne peuvent aussi prendre une connotation sexuelle.  Il est évalué qu’un collégien sur 2 a déjà vu des images pornographiques en ligne et que le chiffre monte à 9  adolescent sur 10 a la fin du lycée. L’internet est aussi l’occasion de sollicitations sexuelles directes de la part d’autres adolescents ou d’adultes. 


Ce QUE les PARENT PEUVENT FAIRE

Il est important que les parents puissent être informés des problèmes que leurs enfants peuvent rencontrer en ligne. Pour ce faire, il faut que la vie numérique des enfants soit un objet de conversation banal. Les parents s’intéressent a ce qui se passe sur les terrains de sport et les centres de loisirs, pourquoi ne s’intéresserait-ils pas de ce qui se passe sur les terrains de jeu numériques ?

Ce QUE les ENFANTS DOIVENT FAIRE

Réfléchir avant de poster. La facilité avec laquelle il est possible de poster du contenu fait parfois oublier cette règle simple : ce nouveau message est il vraiment utile ?

Penser à sa grand-mère. Ne rien dire/faire en ligne qui ferait rougir sa grand-mère est une règle qui protège de bien des désagrément

Les étrangers sont des étrangers. Ne pas partager avec des étrangers c’est à dire des partenaire de jeu ou des personnes rencontrées sur un réseau social ou une messagerie des éléments personnel (Âge, sexe, adresse, nom)

Évaluer ce qui est affiché. Tout ce qui est publié en ligne doit faire l’objet d’une évaluation critique : qui le dit ? pourquoi ? quel effet est recherché ? quelles sont les preuves qui sont apportées ?

Les RECOMMANDATIONS pour les  PARENTS d’ENFANTS de MOINS de 3 ANS

Il existe encore peu de recherches sur les très jeunes enfants et les média parce que le phénomène est encore relativement nouveau. Pourtant, les éléments publiés et ce que les psychologues savent du développement de l’enfant plaident en faveur d’un embargo (Tisseron, 2013). Quelques recherches montrent qu’après 18 mois, quelques applications peuvent être une médiation utile entre l’enfant et le parent. Il reste pas moins qu’entre 0 et trois, le parent reste largement le meilleur écran. Dans tous les cas, a cet âge, un enfant seul devant un écran est un enfant qui perd son temps ou qui perd des opportunités de développement.

Les RECOMMANDATIONS pour les PARENTS d’ENFANTS de 3 à 6 ANS

Entre trois et six ans, l’enfant s’approprie le monde par des jeux symboliques et psychodramatique. Cette période est la saison haute des jeux en faire semblant ou l’enfant explore par les gestes et l’imagination quantité de situations. Il se déplace sur la flèche du temps en imaginant ce qu’il fera quand il sera grand. Il peut aussi revisiter le passé en reprenant des expériences qui ont été source d’anxiété ou de plaisir. Ces jeux sont essentiels au développement de l’enfant. Le service qu’ils rendent ne peut en aucun cas être remplacé par un jeu vidéo ou une application éducative.

Il reste pas moins que dans un monde numérisé, les enfants jouent avec des objets numériques tout comme les enfants des sociétés précédentes jouent avec les objets qui évoquent l’activité de leurs parents. Ici, l’embargo total sur les objets numériques est contre productif.  Mais les parents doivent garder en tête que les applications numériques ne sont intéressantes du point de vue du développement de l’enfant que si les pratiques numériques sont accompagnées

Les RECOMMANDATIONS pour les  PARENTS d’ENFANTS DE 6 à 12 ANS

Entre 6 et t 12 ans, l’enfant entre dans une période où il s’approprie les codes sociaux de son groupe social. Sur le plan cognitif, il comprend le monde avec plus de complexité. Affectivement, il apprend peu à peu à se décentrer. C’est une longue période pendant laquelle les écrans deviennent de plus en plus utiles pour les apprentissages, la vie sociale et les loisirs. 

Durant cette période, le rôle des parents devient encore plus important. La décision de limiter ou pas l’accès aux applications numérique leur revient car rien dans la recherche ne permet de donner des indications précises. La meilleure façon de faire est sans doute de se centrer sur l’enfant en gardant en tête que tout excès peut être le signe d’une difficulté développementale mais que toutes les difficulté développementale ne se traduit pas nécessairement par des excès. Concrètement, cela signifie qu’un enfant de 10 ans qui passe tous ses temps libre sur Minecraft peut être dans un moment compliqué de son développement mais il peut aussi profiter de ces moments pour s’exprimer et être créatif.  Pour tous les enfants, les activités numériques ne doivent jamais se faire au détriment du sommeil, de l’alimentation, des interactions sociales ou du travail scolaire.

Les RECOMMANDATIONS POUR les  PARENTS d’ADOLESCENTS 

L’adolescence est un moment particulier pendant lequel la personne construit son identité adulte avec la nouvelle donne apportée par la puberté. Cette construction de soi l’amène à privilégier les interactions avec d’autres personnes que les membres de sa famille et à  entrer dans une vie relationnelle qui comprend l’expression amoureuse et sexuelle. Les réseaux sociaux sont des espaces dans lesquels cette relationnelle, amicale, amoureuse et sexuelle trouve à s’exprimer.



Les smartphones ne nuisent PAS aux adolescents.

lundi 2 septembre 2019 à 07:23


Alors que le monde se numérise à la vitesse grand V, l’utilisation que les adolescents ont de leurs smartphones continue de susciter des inquiétudes. Les smartphones sont régulièrement accusés de couper les adolescents de la “vraie vie”, de les empêcher d’avoir les expériences qui leur sont utiles pour leur développement voir même de créer de nouveaux troubles comme le FOMO ou l’addiction au smartphone. 

Ces inquiétudes sont compréhensibles. L’adolescence est un moment clé du développement comme le montre le fait que la moitié des troubles mentaux commencent durant cette période. Il est donc nécessaire de protéger ce moment de développement de toute influence fâcheuse.

Cependant, contrairement à une croyance bien ancrée, les smartphones ne sont pas un obstacle au bon développement des adolescents. Le temps que les adolescents passent en ligne et sur leurs smartphones n’est pas associés à des troubles de santé mentale. Une étude récente menée par Jensen, George, Russell et Odger ont interrogé 2000 adolescents de 9 à 15 ans de l’état de Caroline du Nord (USA) plusieurs fois par jour sur des symptômes de santé mentale. Les adolescents devaient également quotidiennement répondre à des questions sur leur utilisation des applications numériques. Une année plus tard, 400 adolescents de ce groupe ont été à nouveau suivis par les chercheurs. Les résultats de cette étude longitudinale ne montrent pas de lien entre l’utilisation des applications numériques et des symptômes de santé mentale.

L’étude trouve par ailleurs quelques bénéfices à utiliser le smartphone. Par exemple, les adolescents qui envoient le plus de message sont ceux qui ont les niveaux de dépression les plus bas. Les auteurs montrent également que les adolescents ne vont pas moins bien lorsqu’ils utilisent plus les applications numériques. Leur santé mentale n’est pas non plus moins bonne lorsqu’ils utilisent moins les applications numériques.

Cette étude va dans le sens d’une publication antérieur de Jelenchick, Eichhoff et Moreno qui n’avaient pas trouvé de lien entre l’utilisation des réseaux sociaux et la dépression et surtout de l’immense méta-synthèse de Orben et Przybylski (2019) qui montré que la santé mentale des adolescents et l’utilisation des smartphones était faiblement corrélée. On est donc loin des alarmes de Kross et ses collègues qui affirmaient que Facebook sapait le bien-être des adolescents

Toutes ces études indiquent deux choses importantes. La première est que le rôle des média dans le développement des adolescents est toujours minime. Ce résultat rejoint les études faites sur l’influence de la télévision sur les enfants et les adolescents. Ce sont les personnes avec lesquelles les adolescents interagissent qui sont les principales sources d’influences positives et négatives. parmi ces personnes, les parents sont bien évidement les premiers pourvoyeurs de bonne et mauvaise santé mentale.

Le second élément à retenir est que pour comprendre la part que les média jouent dans le développement des adolescents, le temps est une clé trop grossière. Il faut comprendre combien de temps les adolescents passent avec les applications numériques, mais surtout comment ils le passent. Avoir du fun sur Snapchat avec des copains n’est pas la même expérience que procrastiner sur la même plateforme. 

Pour les parents, cela signifie qu’il est moins important de réguler le temps passé sur les applications numériques que de les accompagner dans les usages qui leur sont le plus utile.

SOURCES 

Kross, E., Verduyn, P., Demiralp, E., Park, J., Lee, D. S., Lin, N., … & Ybarra, O. (2013). Facebook use predicts declines in subjective well-being in young adults. PloS one, 8(8), e69841.

Jelenchick, L. A., Eickhoff, J. C., & Moreno, M. A. (2013). “Facebook depression?” Social networking site use and depression in older adolescents. Journal of Adolescent Health, 52(1), 128-130.

Jensen, M., George, M. J., Russell, M. R., & Odgers, C. L. (2019). Young Adolescents’ Digital Technology Use and Adolescents’ Mental Health Symptoms: Little Evidence of Longitudinal or Daily Linkages. Clinical Psychological Science, 2167702619859336.

Orben, A., & Przybylski, A. K. (2019). The association between adolescent well-being and digital technology use. Nature Human Behaviour, 3(2), 173.