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L’enfant de 3 à 6 ans et les écrans. Les questions à (se) poser

lundi 12 mars 2018 à 07:12

Le challenge de cette période est de passer d’une vie principalement basée sur la relation duelle à une relation triangulaire puis à la vie en groupe. L’enfant explore donc son cercle familial et se prépare à découvrir d’autres cercles de relations dans des activités culturelles, sportives et sociales.

Pendant cette période, l’enfant fait des nombreuses acquisitions. L’intégration psycho-motrice permet à l’enfant de courir, sauter, ramper en toute sécurité; l’enfant a aussi une maîtrise de ses sphincters jusque dans son sommeil. La propreté, le sommeil et l’alimentation sont d’autres conquétes de cette période. Le jeu se transforme également puisque l’on passe des jeux sensori-moteurs à des jeux symboliques puis à des jeux sociaux. L’enfant commence à avoir un intérêt préférentiel pour les objets culturels comme les livres, les films et les jeux vidéo. Cette période est la haute saison du jeu en faire semblant. En un clin d’oeil, l’enfant transforme l’espace en un vaisseau spatial,  une cuisine, un hopital, ou un château-fort. Qu’il vive  des aventures palpitantes ou un quotidien banal, l’enfant s’invente autrement pendant le temps de ses jeux. Dans le même temps, jeu devient social. L’enfant apprend à suivre des règles pour pouvoir jouer avec ses amis

Au début de cette période, l’enfant quitte donc les jeux sensoriels pour des jeux qui sont alimentés par l’imaginaire de la culture populaire et ses propres fantaisies. Les monstres, sorcières et fées, héros et chevaliers lui permettent de revenir sur les expériences vécues avec ses parents et les explorer sous un nouvel angle. Le parent n’est plus un adulte omniscient mais une ogre idiot. Ou au contraire, il est possible de se reposer et de profiter de la sagesse et de la bienveillance d’un très vieux sorcier. Il est aussi possible d’être ce héros actif qui arrive toujours à se sortir de situations compliquées. Le jeu permet d’explorer des anxiétés imaginaires et réelles, de revisiter des sentiments de colère d’abandon ou des joies intenses. Le jeu est un formidable vecteur de croissance car il permet de reconnaître des émotions ou des façons d’être qui étaient tenues à l’écart pour les intégrer au fonctionnement banal de la personnalité

Le contrôle apporté par le jeu apporte de nouveaux degré de fonctionnement à l’enfant de quatre à cinq ans. Lorsqu’un enfant met en scène dans un jeu un scénario agressif, cela lui permet de mieux reconnaître l’agressivité ou la colère qu’il a en lui, mais aussi de d’intégrer les limites qui doivent être mises à la destructivité. Le Prince Noir peut bien détruire tout le château et se livrer aux pires exaction car le Héros arrivera bientôt pour le châtier et il sera justement récompensé de sa bravoure. L’enfant est ici tour à tour celui qui détruit (le Prince Noir) et celui qui limite la destruction (le Héros)  en faisant preuve d’une violence qui reste socialement acceptable

Du fait de la faiblesse de ses capacités cognitives, l’enfant a encore du mal à distinguer son monde interne du monde qui l’entoure. En effet, chez les jeunes enfants, il existe des continuités entre imaginer – ressentir et faire qui facilitent le passage entre mode de pensée basé sur l’imaginaire à un mode de pensée qui prend en compte la réalité externe mais aussi le passage à l’acte. Si l’enfant désire un objet,  il est probable qu’il allonge ngera le bras pour le saisir. L’expérience onirique est une autre voie de satisfaction des désirs. Les rêves et les cauchemars permettent à l’enfant de traiter les émotions et les désirs de la journées. Certains enfants tentent de vivre dans un monde différent de celui de la réalité parce que celle ci est trop menaçante ou trop dangereuse. S’il peut être utile d’échapper un moment à la réalité en s’identifiant avec des personnages qui possèdent de grands pouvoirs, il est problématique de vouloir rester dans ce monde

Cette période est aussi celle du plaisir des histoires partagées car  beaucoup de parents lisent à leur enfant les livres qu’ils ont aimé entendre ou lire lorsqu’ils étaient enfants. Les livres sont une bonne manière de traiter l’anxiété liée a une situation réelle ou imaginaire en la traitant dans un monde fictionnel. Avec les histoires contenues dans les livres, les enfants peuvent explorer ces anxiétés tout en restant en sécurité. Il découvre aussi qu’il n’est pas seul car ses peurs sont partagées par les personnages de ses héros préférés. Les sentiments effrayants peuvent être identifiés, nommés, pensés et discutés.Souvent l’enfant a besoin de lire et relire la même histoire encore et encore afin de la comprendre dans les moindres détails

Sur le plan émotionnel, l’enfant  arrive à s’endormir sans être gêné par les restes de l’excitation de la journée ou les anxiétés qu’il a pu rencontrer. Il faut dire que ses journées sont souvent riches émotionnellement. Du fait de l’élargissement de ses interactions sociales, l’enfant expérimente des émotions très différentes dans une même journée. La jalousie envers un autre enfant, l’envie de posséder un objet, ou la simple joie de courir émaillent sa journée. Le fait qu’il est aussi objet des émotions des autres suscite parfois plaisir et parfois du déplaisir

Les jeux vidéo commencent à être véritablement intéressants à la fin de cette période de développement. Banalement, c’est autour du sixième anniversaire que les enfants reçoivent leurs premières console portables. Même s’ils sont loin d’en avoir une maitrise parfaite, la console de jeu alimente des jeux et des conversations avec les autres enfants. En ce sens, les jeux vidéo peuvent soutenir la vie sociale des enfants.

Les questions suivantes permettent d’évaluer l’utilisation des écrans chez un enfant de deux a six ans :

L’addiction au smartphone n’est PAS une addiction

samedi 10 mars 2018 à 08:44

Une étude publiée récemment dans Frontriers in Psychology  montrent que ce qui est considéré comme dysfonctionnel dans l’utilisation du smartphone est en fait social. Pour le dire autrement, là où certains veulent voir de l’addiction, il faut les effets de notre  notre besoin fondamental d’être en lien avec d’autres êtres humains. Ce besoin est si intense que les auteurs n’hésitent pas à parler d’addiction sociale

Après avoir revu la littérature sur l’usage problématique du smartphone, Samuel VEISSIERE et Moriah STENDEL  arrivent à la conclusion que ces usages problématiques ont tous en commun de satisfaire un besoin besoin de relation. Le modèle utilisé par les auteurs est biologique. En effet, ils  considèrent que la relation de la personne avec son smartphone est comparable à celle qu’un rat peut avoir dans une boîte à Skinner. L’hyperconnectivité apporte des réponses qui sont interprétées comme des récompenses par le cerveau ce qui conduirait, du fait de la fréquence et de l’intensité des stimulations, à des usages problématiques. Là encore, il est possible de discuter voire de critique ce modèle  basé sur le renforcement positif intermittent mais l’important est de voir qu’il apporte des éléments de solution. Si le problème vient de stimulations trop fréquentes et de leur association avec une sensation de plaisir, la solution est tout aussi simple : il suffit de réduire les stimulations. Autrement dit, si nous avons appris à construire des associations, nous pouvons aussi apprendre à régler le flux des notifications en fonction des situations pour déconstruire ces associations Par exemple, au moment ou j’écris ces lignes, je n’ai pas besoin de recevoir des notifications de mes comptes sociaux. Il est aussi important d’apprendre à donner des priorités à l’intérieur d’une application. Facebook est pour moi un immense espace de travail car je peux y trouver facilement des groupes et des personnes qui partagent mes intérêts. Lorsque je travaille sur les mèmes, il m’est utile de recevoir des messages qui traitent des mèmes mais ces messages vont devenir une gêne lorsque que vais travailler quelques semaines plus tard sur les femmes dans le jeu vidéo. Samuel VEISSIERE et Moriah STENDEL proposent d’autres manières de rompre les associations stimulation-récompense comme le fait de s’entendre sur des règles communes d’utilisation au travail ou etablir des attentes claires pour les délais de réponse.

Samuel VEISSIERE et Moriah STENDEL mettent le doigt sur quelque chose de fondatemental  en montrant que l’addiction au smartphone n’est pas une addiction. Il est important de différencier  les addictions des usages (même problématiques) de la technologie car ce sont deux expériences totalement différentes. L’addiction désocialise toujours parce que la personne est totalement centrée sur la satisfaction de ses besoins. Cela est vrai pour les addictions comportementales comme pour les addictions avec produits. Le joueur est enfermé dans une lutte avec le Casino dont il imagine pouvoir sortir vainqueur en empochant le gros lot tandis que l’héroïnomane cherche à retrouver les effets que la drogue provoque en lui et en lui seul. A l’opposé, la technologie – c’est à dire les applications sociales comme Facebook, Instagram etc. – aident à construire des liens. Le plaisir de leur utilisation ne vient pas de la succession des gestes que l’on fait mais des interactions en ligne

Au final, Samuel VEISSIERE et Moriah STENDEL montrent que la source du problème n’est pas dans les téléphones portables mais dans l’anticipation des récompenses apportées par les interactions sociales via les smartphones. L’addiction au smartphone n’est pas une addiction mais le satisfaction anormale du besoin de relation qui est un besoin normal.

 

SOURCE 

Veissière, Samuel PL, and Moriah Stendel. “Hypernatural monitoring: a social rehearsal account of smartphone addiction.” Frontiers in Psychology 9 (2018): 141.

 

AVEZ-VOUS LU? ROHMER 2018 Il faut protéger les enfants

samedi 10 mars 2018 à 07:57

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Thomas ROHMER s’inquiété de l’explosion de la pornographie sur Internet et plus précisément des tubeporn qui se vanteraient de cibler les enfants et les adolescents. Il s’appuie sur l’enquête “Adoles et porno : le X a un coup de clic”  qui rapporte des éléments connus (la moitié des adolescents de 15 ans ont vu un film pornographique) et d’autres moins connus (l’expérience est jugée préparée pour 55% des adolescents; ils estiment à 45% que la pornographie a contribué à leur apprentissage de la sexualité,; 45% ont tenté de reproduire les comportements vus et elle concerne plus les garçons (63%) que les filles (37%). Cependant, pour Thomas ROHMER l’impact de ces images sur la sexualité des adolescents n’est pas scientifiquement démontrée.

Comment répondre aux craintes légitimes des parents et des éducateurs ? Thomas ROHMER donne quelques pistes comme préparer les enfants au fait qu’ils vont rencontrer des images problématiques sur Internet, ne pas blâmer les adolescents qui ont regardé un film pornographique ou contextualiser la pornographie en expliquant son caractère fictionnel

AVEZ-VOUS LU? LAMY 2018 La nouvelles donne

samedi 10 mars 2018 à 07:03

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Pour Anne LAMY, Internet est un espace d’auto-éducation à la sexualité pour les adolescents. Cependant même avec un maître aussi omniprésent qu’Internet, les connaissances des adolescents sur la sexualité restent lacunaires. Anne LAMY note également l’apparition de nouvelles questions sur des pratiques sexuelles. Les filles se demandent si elles y sont obligées et les garçons comment “performer”. Elle insiste sur le fait qu’il ne faut pas tirer des conclusions trop rapide car les déclarations des adolescents en matière de sexualité sont souvent marquée par l’anxiété et le désir de faire réagir les adultes

Anne LAMY appelle à combattre les représentations sexistes et homophobes véhiculées par les média en débattant avec les adolescents sur leurs idées reçues. Une place importante doit être faite sur l’éducation au consentement. De son point de vue, les réseaux sociaux doivent être utilisés par les professionnels pour dialoguer avec les adolescents des questions sexuelles

AVEZ-VOUS LU? GRAVILLON 2018 Liaisons dangereuses?

mercredi 7 mars 2018 à 07:34

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La pornographie est à t elle un effet problématique sur les adolescents ? Non répond Isabelle GRAVILLON à partir d’une série d’entretiens avec Jocelyn LACHANCHE, Marion HAZA,  Florian VÖRÖ et Yann LEROUX. Pour les experts questionnés aucune étude scientifique n’a jamais montré que la pornographie avait des effets délétère sur les adolescents. Plus exactement une rencontre fortuite avec la pornographie par un adolescent qui va banalement bien n’est pas problématiques. Elle n’est davantage lorsque l’adolescent est déjà dans un fonctionnement problématique.. Pour le dire autrement  les images pornographiques n’influencent la sexualité des jeunes que lorsqu’elles renforcent des représentations préexistantes de la virilité, la féminité ou des rapports entre les sexes

L’enquête d’Isabelle GRAVILLON amène deux remarques. Tout d’abord, les réponses données dépendent de la qualité des experts questionnés. J’aurais tendance a penser qu’ils sont légitimes et compétents  mais mon avis est biaisé car je connais Jocelyn LACHANCE et Marion HAZA pour travailler avec eux. ENsuite, et c’est ma seconde remarque, même si Isabelle GRAVILLON a bien su rendre l’essence des entretiens, je pense que les personnes questionnées ne donnent pas d’éléments concrets sur lesquels lecteur peut s’appuyer. Le lecteur a donc le choix entre suivre l’expert ou pas sur la simple base de son ressenti.

SOURCE : Gravillon, I. (2018). Liaisons dangereuses?. L’école des parents, (1), 32-38.