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La cyber guerre, ça fait des cyber morts

mercredi 17 octobre 2012 à 13:34

Cela fait des années que Kitetoa.com raconte cela, dans ses articles, dans des conférences… La cyber guerre, ça fait des cyber morts. Ce n’est donc pas bien grave. Il faut dire que la dramatisation d’un possible cyber Pearl Haror, d’une putain de cyber guerre menée par des affreux pirates chinois terroristo-pédophilo-iraniens ne perd pas de terrain. Elle est remise à la Une de toute la presse en ligne assez régulièrement. Principalement par les cranes d’oeuf du Pentagone et de la communauté américaine du renseignement. Mais aussi par de (sacrés) consultants.

Pour une raison assez simple et déjà expliquée dans une palanquée d’articles : avec la fin de l’opposition des blocs (Est/Ouest – Communistes/Capitalistes), l’immense communauté du renseignement et l’énorme appareil militaire américain a vu dans le cyberespace une sorte de nouvelle frontière, une nouvelle pompe à budgets mirobolants.

Il suffisait de crier au loup pour que l’on sorte des sous afin d’acheter des fusils. En l’occurrence, expliquer régulièrement que les « infrastructures vitales » du pays étaient à la merci de gamins aux cheveux longs, un peu autistes, incontrôlables (les vilains nakeurs à nageoire jaune) et  pire, à la merci de cyber terroristes pédophiles financés par des Etats félons.

C’est un principe simple : diffuser du FUD (Fear, uncertainty and doubt). Car la peur est l’arme ultime et ça, les agences de renseignement, les politiques et les militaires le savent très bien.

Avec le FUD, on fait passer toutes les lois liberticides que l’on veut, on obtient tous les budgets que l’on veut.

Les mots ont un sens

Ils en avaient, jusqu’ici du moins, car cela semble de moins en moins être le cas.

Prenez la guerre…

Kim Phuc peut en parler. Elle a vu s’abattre sur elle, enfant, innocente, l’horreur de la guerre. A coup de Napalm.

Si cette photo d’elle a contribué à mettre un terme à la guerre du Vietnam, elle n’a visiblement pas mis un terme à la folie guerrière des empires.

Cette folie se manifeste par de véritables morts. Ce ne sont pas des serveurs informatiques victimes d’une bête DDoS remis en ligne quelques heures plus tard… Ce ne sont pas quelques données informatiques envolées puis retrouvées dans des backups. Non, non, ce sont de vrais morts. Avec du sang et des larmes. De vrais torturés avec de vrais morceaux d’horreur dedans… Ce sont aussi 295 attaques par drones au dessus du Pakistan depuis le début du mandat de Barack Obama (contre 52 pour George Bush) avec une volonté de cibler aussi des civils (176 enfants tués).

Du côté de la cyber guerre, je n’ai jamais pu compter un seul mort et je met au défi les experts en « cyber guerre » (la cyber connerie est-elle plus dangereuse que la connerie ?) et en sécurité informatique de me citer un seul réseau électrique à l’échelle d’un pays, un seul opérateur téléphonique dont l’infrastructure (forcément vitale, hein…) a été définitivement « fermé » par les affreux cyber-terroristes, cyber-combattants ou autre pédo-pirates… Une centrale nucléaire qui a explosé après le piratage de haut vol des « pirates chinois » peut-être ?

Tiens, tant qu’on en parle… Les cyber-terroristes…

Voyez-vous, le terrorisme, dans le temps, c’était un truc qui consistait à frapper des innocents pour terroriser un pays, une population, un gouvernement. Ça consistait à tuer un maximum de personnes de la manière la plus violente possible. Le terrorisme, c’était ça, ou ça, ou encore ça, ou ceci.

Au rayon cyber terrorisme, les exemples montrent que l’on parle d’autre chose. Un truc très FUDien, permettant à des consultants d’engranger des sommes rondelettes pour leurs conseils inutiles.

Quel con-sultant peut raisonnablement affirmer qu’il parle de terrorisme lorsqu’il évoque de ridicules attaques de sites Web ? Les familles des vrais morts dus au vrai terrorisme apprécieront.

Il y a des baffes qui se perdent… Et pas que cyber, les baffes…

 

 

 

 

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Les bourreaux de la crise passent-ils aux aveux ?

mardi 16 octobre 2012 à 14:10

Banques centrales, FMI, plusieurs signaux tendent à montrer que les institutions largement coupables de l’aggravation de la crise financière sont en train d’opérer un virage idéologique en admettant leurs erreurs, devant les évidences factuelles, mais aussi la pression de nouvelles écoles de pensée.

Le peuple a raison d’avoir mal au QE…

Tout d’abord, la Banque d’Angleterre commence à battre en retraite. Dans un intéressant rapport publié en juillet dernier à l’attention du Trésor britannique, la Banque centrale le reconnaît : sa politique de quantitative easing n’est pas neutre sur la répartition des richesses. La Banque explique en conclusion de son étude (que corroborent les conclusions d’une autre étude universitaire venant tout juste de paraître) :

« En soutenant le prix d’une certaine gamme d’actifs financiers, les rachats d’actifs ont boosté la valeur de la richesse financière des ménages en dehors des fonds de pension, mais cela est lourdement asymétrique puisque les 5 % de ménages les plus riches possèdent 40 % de ces actifs. »

La Banque tente certes de se justifier en invoquant le fait que sa politique monétaire a permis d’éviter un effondrement financier pire encore, mais trop tard, le mot est lâché : asymétrique ! C’est en effet sur ce point précis que le bât blesse : selon quel principe démocratique une banque centrale devrait-elle favoriser tel ou tel groupe de citoyens ? Selon quels critères ? Avec quelle légitimité ?

Le débat sur cette question semble émerger au Royaume-Uni. On vient ainsi d’apprendre que le comité du Trésor au Parlement britannique va lancer une enquête visant à élucider davantage encore les effets de la politique monétaire de la Bank of England et, en particulier, à identifier « les gagnants et les perdants » de celle-ci.

Voilà qui promet, d’autant que la Banque centrale est en phase de recrutement de son prochain gouverneur, le mandat de Mervyn King arrivant à échéance l’année prochaine. Déjà, des iconoclastes ont postulé.

Le FMI change de fusil d’épaule

Un autre bourreau qui essaye d’esquiver les critiques est le Fonds monétaire international. Dans le dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales (pdf), l’économiste en chef du Fonds, Olivier Blanchard, reconnaît platement une mauvaise prévision de l’impact des redressements fiscaux sur la croissance. Dans La Tribune, Ivan Best résume :

« Le FMI examine ce que les experts appellent les multiplicateurs keynésiens, autrement dit l’impact sur l’économie des mesures d’austérité (ou de relance, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui). Si une réduction de dépense publique d’un euro entraîne une baisse du PIB d’un euro, le multiplicateur est alors estimé à un. Avant la crise, il était d’usage, c’était en tous cas celui en cours au FMI, de considérer que l’effet multiplicateur était limité à 0,5. Mais l’examen de la situation des grands pays industriels depuis le début de la crise conduit à réviser totalement cette estimation. Le multiplicateur serait actuellement compris entre 0,9 et 1,7. »

En gros, le FMI explique que si la politique monétaire n’est pas assez accommodante et/ou que la croissance n’est pas assez soutenue, alors les politiques d’austérité sont vouées à l’échec. De là à dire que le FMI va soudainement promouvoir des politiques budgétaires expansionnistes, serait bien entendu exagéré. Le FMI reste le FMI, une arme reste une arme. Mais il s’agit tout de même d’un retournement de veste important qu’il va falloir surveiller de près.

Mais revenons à nos amies les banques centrales.

La Fed sort de ses réserves

De l’autre côté de l’Atlantique, un autre événement estival a également quelque peu bouleversé le paysage des banques centrales. Ainsi, lors de la dernière messe de famille des banquiers centraux, réunis annuellement à Jackson Hole aux États-Unis, la blogosphère US s’est notamment émue d’un papier du réputé économiste, Michael Woodford.

Dans ce long papier (pdf), l’économiste de l’université de Columbia défend – sans vraiment le dire, mais c’est la règle… – le NGDP targeting, une théorie en vogue dans les milieux anglo-saxons, selon laquelle la banque centrale devrait avoir pour objectif un certain niveau de croissance nominale du PIB plutôt qu’un objectif de maintien de l’inflation. Argument majeur de cette théorie : une croissance nominale soutenue, même inflationniste, est préférable à une faible inflation pouvant dériver en récession. En effet, cette dernière rend les dettes impossibles à rembourser.

Apparemment, la démonstration de Woodford (qui rejoint d’ailleurs la position de Charles Evans, le banquier central ‘hétérodoxe’ de la Fed de Chicago) a eu de l’influence au sein de la Fed. Lors d’une de ses dernières sorties, le patron de la Fed, Ben Bernanke, a ainsi annoncé un nouveau round de QE, mais cette fois-ci dans un esprit différent, puisque la Fed a explicitement exprimé le caractère illimité dans le temps de son intervention, tant que le chômage ne diminue pas suffisamment.

Comme l’explique The Economist, ce qui est significatif n’est peut-être pas tant la nouvelle politique de la Fed que les inspirations qui l’ont conduite, à savoir la blogosphère économique :

« Cela est en partie dû à l’efficacité de l’idée elle-même et des arguments déployés par Scott Sumner (N.D.A. le grand manitou-blogueur du NGDP targeting) [...]. Les blogs ont aidé son idée à trouver son audience. Et à mesure que l’audience a augmenté, Sumner a su trouver des points de vente pour promouvoir ses vues. Et à travers les blogs, les économistes qui ont adopté l’idée ont pu communiquer et approfondir leurs arguments, jusqu’à former ce qui a ensuite été reconnu comme la première école de pensée née sur internet : le market monetarism. »

Pour l’hebdomadaire, cette décision de la Fed va constituer un véritable test grandeur nature du bien-fondé de cette école de pensée. Si non seulement les banquiers centraux commencent à reconnaître que leurs théories ne marchent pas bien et qu’en plus ils commencent à expérimenter d’autres méthodes… Comme un certain Nicolas dirait : tout devient possible !

Quand le vent tourne… les girouettes aussi !

Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car est-ce bien surprenant après tout ? Quand l’acharnement idéologique ne produit pas seulement le contraire des effets escomptés, mais la colère des peuples en prime, il y a bien un moment où la raison reprend le dessus.

Non que les oligarques vont soudainement se mettre à servir l’intérêt général ou même prendre conscience de l’inconsistance de leurs modèles économiques. Le réveil, s’il en est un, n’est probablement que la simple prise de conscience que leurs intérêts privés ainsi que leur soif de pouvoir est, à un certain point, corrélé avec le bien-être de leurs subordonnés. Ou, pour paraphraser un certain chanteur français habitué de la controverse :

« On est certes pas du même monde, mais on est tous embarqués sur la même planète ! »

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Je mets les pieds dans le plat du libéralisme détaxé… pour une fois.

mardi 16 octobre 2012 à 12:18

Il y a quelque chose que je n’aime pas, c’est l’idée que pour faire de l’innovation, il n’y a qu’une seule solution : la défiscalisation.

Ce n’est pas que je sois contre par principe. On peut très bien imaginer que pour des raisons d’intérêt général, la nation considère qu’il soit utile de favoriser tel ou tel dispositif. Par exemple des éoliennes pour compenser l’achat de pétrole, soutenir tel ou tel produit dans sa phase de démarrage, apporter une aide ici ou là, mais l’idée que plus rien de nouveau ne puisse se passer sans le petit avantage fiscal, ça me déprime.

On voit bien le problème. Il y aurait d’un côté le bas peuple, le business à l’ancienne, le mec normal, et là paf, tu passes à la casserole de l’inspecteur des impôts. Et de l’autre l’avant-garde, l’élite techno, le cercle des petits malins, et pour eux, la route à grande vitesse où l’on peut doubler sans souci, le grand accélérateur de croissance, le paquet cadeau garanti.

Je vais vous le dire tout net, je n’y crois pas. Ce qui me choque, c’est le côté automatique du dispositif. C’est innovant, donc chic, donc dérogatoire. On fera des statistiques après pour voir si c’est vrai.

Je ne pense pas que la détaxe soit décisive pour le soutien à l’innovation et ceci pour deux raisons : d’une part au niveau de celui qui finance, style le pharmacien de province qui se fait appeler le 18 décembre par son banquier qui lui susurre au téléphone : « Au fait, vous avez pensé à vos impôts de l’année prochaine ? » Et qui lui refile le premier produit maison qui lui passe sous la main, c’est-à-dire n’importe quoi. Vous vous imaginez que le pharmacien de Tulle en Corrèze va se lancer dans la lecture de Techcrunch pour miser sur la startup qui va bien ?

Et également au niveau de l’équipe qui bosse sur le projet. Il y a des centaines de paramètres à prendre en compte pour mener une entreprise au succès, mais très franchement, je n’ai encore jamais vu la défiscalisation produire de la bonne ligne de code ou de la user experience !

Je ne crois pas du tout que l’espoir de défiscalisation soit un critère de sélection de bons projets, de motivation des équipes et de succès. Ça me rappelle un peu toutes les mesures qui avaient été mises en place dans ce pays pour le soutien à l’emploi et qui s’étaient soldées par des chiffres du chômage parmi les plus élevés du monde.

Je crois tout au contraire que le yoyo de la défiscalisation conduit à produire des business models délirants, à mettre en œuvre des solutions qui ne verront jamais le jour, à entretenir un petit monde de l’entre-soi, décalé des réalités économiques, centré sur lui-même et quelques sensibilités pseudo libérées, in the cloud.

Vous me direz : « D’accord, tu as raison, on le sait déjà, mais comment entretenir la flamme d’une jeunesse désabusée, motiver les mecs à bosser tous les weekends, réveiller l’âme de l’entrepreneur dans le petit fonctionnaire qui sommeille en chacun de nous ? »

Ça, c’est une autre histoire…

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L’écologie, ce n’est pas réduire sa pollution en Co2 #LesMoissonsDuFutur

lundi 15 octobre 2012 à 10:08

Ce nouveau documentaire de Marie-Monique Robin, « Les moissons du futur », (réalisatrice entre autres de « Le monde selon Monsanto », « Du poison dans nos assiettes ») est incontournable. Il pose les véritables problèmes et enjeux  écologiques planétaires, qui sont ceux de l’agriculture. Il sera diffusé demain, 16 octobre 2012, sur Arte à 20h.

Ce n’est pas « la planète » qu’il faut sauver, mais l’humanité : si l’être humain dans son ensemble ne parviendra peut-être pas au XXIIème siècle, ce n’est pas parce que des prévisions de +4°c se révèleront exactes ou pas, mais bien parce que la crise alimentaire et agricole en cours aura atteint des sommets inconnus jusque là.

En réalité, ce documentaire, « Les moissons du futur » est une ode à l’espoir : ce voyage à travers la planète, de l’Amérique centrale, Amérique du Nord, à l’Afrique de l’Est, au Japon en passant par l’Allemagne, démontre que des solutions écologiques, d’agro-écologie, existent, et sont déjà appliquées. Ce sont ces solutions qui peuvent nous « sauver » du désastre, et elles sont agricoles.

Parce que les arbres, les plantes cultivées sont la vie, que la pollution humaine n’est pas celle des rejets de Co2 (bien qu’on trouve quelques morceaux de discours réchauffiste dans le documentaire, politiquement correct français oblige) mais bien celle des pesticides et engrais chimiques qui épuisent les terres, tuent la biodiversité et condamnent les êtres humains à termes.

Dans ce documentaire, il y a de l’économie, de « l’écologie véritable, centrée sur les réalités », de la science, des analyses politiques, et des êtres humains qui démontrent que la voie tracée par l’agro-industrie depuis 60 ans n’est pas tenable et doit être abandonnée. Les affirmations totalement fausse sur l’impossibilité de cultiver sans la chimie continuent d’influencer le plus grand nombre alors que c’est l’inverse qui s’avère exact : c’est là que l’écologie doit travailler. Le reste n’est que diversion.

Il faut prendre ces 90 minutes à regarder ce documentaire, si l’on s’intéresse aux véritable problème écologiques mondiaux. Et que l’on est prêt à accepter que l’écologie est autre chose que la simple communication des gouvernements avec pour but  réel le contrôle social des dites populations.

Pendant que les adeptes du Grenelle convainquent les foules de réduire leurs émissions de Co2, les êtres humains, les terres, crèvent sous les coups de boutoirs de l’agro-chimie et du lobby des OGM qui amènent des solutions contre le réchauffement climatique. Y aurait-il comme un paradoxe étrange ? Les « écologistes » français défenseurs du GIEC et de la politique environnementale devraient se poser la question.

 


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Science et idéologie : une relation à haut risque #climategate

samedi 13 octobre 2012 à 10:14

Si de nombreux débats, des questionnements de fond sur des problématiques importantes, touchant à de nombreux domaines, n’ont plus véritablement lieu et sont remplacés par des confrontations de points de vue, d’attaques et d’ostracisme, il est important d’en comprendre les causes et les effets. Ce phénomène de plus en plus présent dans toutes les sphères publiques, professionnelles, semble être causé par un principe de plus en plus répandu : l’idéologie. Et la lutte de pouvoir qu’elle entraîne.

Cette affirmation à caractère général peut être perçue comme une simplification. Et pourtant c’est une réalité, et si l’on s’accorde pour dire que le débat politique est désormais orienté autour des valeurs et de la morale pour finir par faire l’impasse sur les véritables enjeux politiques et économiques qui devraient l’animer, la science n’échappe pas à ce glissement des plus inquiétants.

Et c’est un scientifique, de très haut niveau, spécialiste du climat qui l’affirme, anciennement membre du GIEC : Richard S. Lindzen. Si il est une science qui est devenue idéologique, c’est bien celle du climat, et ce chercheur l’exprime et le démontre.

L’idéologie, la science…et leur interaction

Avant de chercher à comprendre comment et pourquoi cette science climatique est devenue idéologique, donc politique (et économique) grâce au chercheur Richard S. Lindzen, il faut bien définir ce que recouvre le mot « idéologie ». Le dictionnaire Larousse nous donne trois définitions :

- Système d’idées générales constituant un corps de doctrine philosophique et politique à la base d’un comportement individuel ou collectif : L’idéologie marxiste. L’idéologie nationaliste.

- Ensemble des représentations dans lesquelles les hommes vivent leurs rapports à leurs conditions d’existence (culture, mode de vie, croyance) : L’idéologie des romantiques allemands du XIXe s.

- Système spéculatif vague et nébuleux.

Les représentations dans lesquelles les hommes vivent leurs rapports à leurs conditions d’existence : il y a donc de nombreuses idéologies à l’heure actuelle qui « poussent », influencent, travaillent à faire que leur représentation, qu’ils estiment la meilleure, soit celle qui s’impose. Quitte à tricher ou s’arranger avec la réalité. Sachant qu’une idéologie peut aussi définir un système spéculatif et nébuleux. Et ceux qui travaillent à découvrir des vérités, c’est-à-dire des réalités prouvées, sont le plus souvent des scientifiques.

Certains peuvent être des idéologues, mais la majorité sont avant tout des « amoureux de la science », et ne cherchent pas à faire coïncider leurs découvertes ou leurs travaux avec leurs croyances, leurs représentations diverses et variées des rapports aux conditions d’existence. Ou participer à un système spéculatif et nébuleux.

Sauf que leur dépendance financière aux Etats, aux institutions, est très importante, et que si une idéologie émerge, une politique précise, reliée à leur spécialité, il leur devient difficile, (surtout pour continuer à être financés), d’aller à l’encontre de cette idéologie, celle des décideurs financiers. Pour comprendre ce phénomène et ses implications, le mieux est d’écouter Lindzen qui explique très bien ce phénomène dans la recherche sur le climat.

L’étude du réchauffement climatique : au début…tout était normal

Richard S. Lindzen est un chercheur du centre de météorologie et de physique océanique du, « Massachusetts Institute of Technology, » (MIT) à Cambridge, Massachusetts, aux USA. Diplômé en 1964. Spécialiste de l’atmosphère, des influences hydrauliques sur le climat,  des moussons, Lindzen a participé à la rédaction du second rapport du GIEC en 1995, pour en démissionner en 2001, lors de la sortie du troisième rapport intitulé « Bilan 2001 des changements climatiques ». Le document qui suit date de 1994. Il est une synthèse du chercheur à une époque où il n’y a ni consensus établi, ni débat public ou politique sur le réchauffement climatique. Mais des directions fortes de la part du GIEC en faveur d’un réchauffement climatique causé par les gaz à effet de serre, particulièrement le Co2.

(…)Compte tenu de la variabilité normale du climat, on peut raisonnablement s’attendre qu’il y ait des climats futurs à la fois plus chauds et plus froids que le régime actuel. Ceci, cependant, ne confirme guère la crainte actuelle que l’augmentation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère mènera à un réchauffement catastrophique(…)

Lindzen n’est pas convaincu par les théories scientifiques du réchauffement causé par les gaz à effet de serre, et plus particulièrement par le Co2. Il le dit très clairement dès le début de son exposé. Puis il critique un rapport du GIEC (pour lequel il travaille) datant de quatre ans et mis à jour deux ans auparavant :

L’évaluation scientifique du GIEC (voir note 1) ainsi que la mise à jour actuelle (Houghton et al., 1990, 1992) reconnaissent tous deux que les variations de température au cours du siècle passé (un réchauffement net de 0,45 ° C + 0,15 ° C) sont compatibles avec la variabilité naturelle et moindre que ce qu’elle se serait attendue pour les modèles de prévision sur le réchauffement d’environ 1,3 ° C d’équilibre pour un doublement du CO2 – en supposant que tous les changements au cours du siècle passé étaient dues au CO2 (voir note 2). 

L’évaluation scientifique du GIEC admet à l’époque que les réchauffements par la variation de température au cours des siècles sont compatibles avec la variabilité naturelleIl faut rappeler que le GIEC a été créé en 1988 par deux organisations de l’ONU à la demande du G7 (aujourd’hui G20) : l’organisation météorologique mondiale (OMM) et le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Ce groupe intergouvernemental, malgré ce qui est souvent répété, n’est pas une organisation scientifique d’étude du climat puisqu’elle « n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents ». Elle se fonde donc sur « des évaluations principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue » (wikipedia). Des publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue, comme celles de Lindzen.

Richard S. Lindzen exprime dans ce document de 1994 pourquoi il conteste la variation de température établie dans le rapport du GIEC :

En supposant que tous les changements au cours du siècle passé étaient dus au CO2 …Bien sûr, cela semble peu probable pour l’essentiel du réchauffement survenu avant 1940. Ainsi, les données fournies ne suggèrent ou démontrent les scénarios de réchauffement en cours. Pas plus que les simples considérations sur l’effet de serre. Tous les autres facteurs demeurant constants, le réchauffement par effet de serre à l’équilibre, résultant d’un doublement du CO2, est estimé entre environ 0,5 ° C et 1,2 ° C (Ramanathan, 1981, Lindzen et al 1982, Houghton et al, 1990;.. Sun et Lindzen, 1993a). Ces valeurs peuvent paraître faibles, mais le CO2 n’est qu’un gaz à effet de mineur. Si tout le CO2  était retiré de l’atmosphère, la vapeur d’eau et les nuages pourrait encore fournir la majeure partie de l’effet de serre présent (la température moyenne globale est réduite d’environ 1,5 ° C).

La suite de l’exposé de Lindzen donne des clés de compréhension sur les effets d’interaction entre les radiations solaires, les océans : le chercheur cherche dans sa spécialité : l’effet de serre, les réponses climatiques, etc… Sa spécialité, l’atmosphère, lui font simplement dire que ce n’est pas du côté du Co2 qu’il faut chercher, mais que de nombreux autres interférences complexes sont à étudier. Ce qui ne va pas dans le sens que le GIEC a déjà fortement imprimé.

Que s’est-il passé en 18 ans ?

A l’époque, en 1994, il n’y a pas de « climato-sceptiques », mais des chercheurs, spécialistes du climat, spécialistes des champs complexes qui influencent ce climat. L’idéologie n’est pas présente en tant que telle dans le débat scientifique puisque ce ne sont pas des débats mais des confrontations de recherches scientifiques. Lindzen va donc continuer ses travaux sur le climat, puis en 2001, refusera de signer le troisième rapport du GIEC et claquera la porte du groupe intergouvernemenatal avec fracas.

Mais que reproche donc Lindzen au GIEC et de façon plus générale à la tournure qu’a prise la recherche scientifique sur le climat ?

Une conférence écrite en 2008, traduite en français, répond à de nombreuses questions à ce propos : sur le GIEC, l’indépendance des chercheurs, les changements de paradigme de la recherche scientifique. Ce document est véritablement passionnant. Il indique avec précision la prégnance de l’idéologie et de l’économie sur la science du climat :

Quelques passages tirés de cette conférence permettent de résumer les constats du chercheur :

(…)Ce changement de point de vue s’est produit pour l’essentiel sans  commentaires. Néanmoins, la fin de la guerre froide, en supprimant une grosse part de cette peur motrice, a imposé une réévaluation de la situation. Le gros de la réflexion a été consacrée à mettre l’accent sur d’autres sources de peur : la compétitivité, la santé, l’épuisement des ressources et l’environnement.(…)

Lindzen exprime que la peur peut être un facteur au cours de l’histoire pour pousser la science à aller dans un certain sens. Le sens actuel est celui de la compétitivité, la santé, l’épuisement des ressources et l’environnement, ce qui s’entend très bien. Il précise un peu plus loin sa pensée :

(…)Mais ces considérations dépassent de loin mon sujet, qui consiste à  examiner les conséquences  d’employer la peur perçue  comme fondement du soutien apporté à la science. La conjonction du changement d’échelle et de l’affaiblissement de l’importance accordée à l’excellence est, d’un certain point de vue, un phénomène dévastateur, qui facilite grandement la possibilité d’une direction politique de la science, et de la création de structures tributaires. Avec de telles structures, les garde-fous les plus  évidents comme le contrôle par les pairs ou la  pleine responsabilisation s’effondrent, et se mettent même à contribuer à la perpétuation des défauts du système. Miller (2007) traite spécifiquement de la manière dont le système favorise tout spécialement le dogmatisme et le conformisme(…)

Cette analyse a des conséquences, Lindzen les exprime très bien :

(…)Une conséquence de  ce développement semble avoir été  une diminution d’intérêt pour la théorie, en raison de sa difficulté intrinsèque et de sa petite échelle, au profit de la simulation (qui demande de gros investissements financiers pour mener à bien les calculs), et de l’encouragement porté à de vastes programmes affranchis de tout objectif précis. En un mot, nous sommes entrés dans un nouveau paradigme dans lequel la simulation et les programmes ont remplacé la théorie et l’observation, où le pouvoir politique détermine largement la nature de l’activité scientifique, et où le rôle principal des sociétés savantes consiste en des actions de lobbying auprès de la puissance publique pour obtenir des avantages particuliers.(…)

Et sur la climatologie, le chercheur du MIT explicite très bien la situation qu’a engendré ce changement de paradigme :

(…)La situation est particulièrement sévère dans un domaine aussi peu développé que  la climatologie. Ce domaine  fait traditionnellement partie de  diverses disciplines comme  la météorologie, l’océanographie, la géographie, la géochimie, etc. Ces disciplines sont elles-mêmes peu développées et immatures. En même temps, ces disciplines peuvent facilement être associées à des désastres naturels. Enfin, les sciences du climat ont été prises pour cible par un important mouvement politique représentant l’écologie dont l’effort principal a été d’associer  les désastres naturels du système terrestre aux activités humaines, créant la peur et favorisant des projets politiques de réformes sociétales et de contrôle. La suite du présent article décrit brièvement comment tout cela s’est articulé au travers de la question climatique.(…)

A chacun, à la lecture des analyses de Lindzen d’observer ce qu’il s’est passé sur la liaison dangereuse entre idéologie et recherche scientifique, dans le domaine de la climatologie en particulier, et d’en tirer les conclusions qu’il souhaite. Pour information, il faut savoir que si les scientifiques qui ont quitté le GIEC et contestent ses conclusions, dénoncent les méthodes et les orientations idéologiques du GIEC, sont souvent accusés de travailler pour le lobby pétrolier (ce qu’il faudrait prouver pour une grande partie d’entre eux), de nombreux décideurs d’organismes scientifiques soutenant le GIEC ne sont pas exempts de collusions idéologiques, politiques ou économiques. Loin de là. Robert Napier, ancien directeur du WWF UK de 1999 à 2007 a été président du conseil d’administration de l’Office météorologique britannique de 2006 jusqu’à…septembre dernier. L’institut Postdam, plus grand institut de recherche sur le réchauffement climatique en Allemagne a comme représentant scientifique pour le rapport 2013 du GIEC, Bill Hare (William Hare, une recherche de « Hare » dans le document permet de le trouver en tant que Lead Author),  qui est aussi directeur de campagne de…Greenpeace (archive). La liste est très longue des promoteurs du réchauffement climatique reliés à des organisations « écologistes » ou si l’on est plus précis, des organisations de défense d’une certiane vision écologiste que l’on pourrait intituler « écologisme ». Mais cet aspect des choses est trop vaste pour être développé dans cet article.

Reste la question centrale : la recherche en climatologie, en toute indépendance est-elle encore possible ?

Post scriptum : Petite précision sur le film qui a emballé les esprits et fait basculer l’opinion : « Une vérité qui dérange ». Al Gore a eu le prix Nobel de la paix avec le GIEC grâce à ce film (aujourd’hui, c’est l’Union européenne…). Mais les pays anglo-saxons sont plus aptes à remettre en cause certaines affirmations, qui, en France, ne se discutent pas. C’est le cas pour le film d’Al Gore, film politique et pétri d’erreurs, ou d’inexactitudes dont plusieurs ont été reconnues par le GIEC. En 2007, un directeur d’école, Stewart Dimmock, a porté plainte contre le gouvernement britannique qui avait annoncé son intention de diffuser le film dans les écoles en l’accusant de faire du lavage de cerveau. En octobre 2007, la Haute Cour de Londres a décidé que pour pouvoir diffuser ce film le Gouvernement britannique devait modifier le guide de diffusion aux enseignants (Guidance Notes to Teachers) pour mettre en évidence que :

1. le film est une œuvre politique qui ne montre qu’un seul point de vue

2. si les enseignants présentent le film sans le signaler clairement, ils peuvent se trouver en violation de la section 406 de l’ »Education Act 1996″ et coupables d’endoctrinement politique.

3. Onze inexactitudes (inaccuracies) doivent être en particulier portées à l’attention des enfants des écoles

En juillet 2007, un article publié dans le Chicago Sun-Times intitulé « les prévisions alarmistes sur le réchauffement planétaire fondent devant la rigueur scientifique » a accusé Al Gore de mentir tout au long de son film. (source wikipedia)

Le jugement de la cour anglaise est toujours consultable en ligne.

Et pour finir, un peu de littérature, avec cet ouvrage fort intéressant : « LE GIEC EST MORT, vive la science! Une critique implacable mais rigoureuse du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat », de Drieu Godefridi, juriste et docteur en philosophie (Paris IV -Sorbonne) et l’auteur, récemment, de «Le droit public» (2009) et «Arbitraire et droit dans l’Athènes antique» (Folia Electronica Classica, 2010).

« La critique de Drieu Godefridi se situe sur un tout autre plan: celui de la critique philosophique et épistémologique. L’apport de son travail est de nous montrer comment tout ce que l’on peut reprocher aujourd’hui au GIEC – notamment sa dérive quasi totalitaire vers l’intolérance de tout point de vue un tant soit peu dissident – plonge ses racines au plus profond des concepts qui ont servi de matrice à sa mise en place et à son développement. Si l’on était dans le domaine du vivant, nous dirions que tout était déjà ses « gènes ». Principalement, l’essai de Godefridi nous ramène à ce théorème fondamental de la philosophie des sciences selon lequel si l’objet de la Science est de nous dire « ce qui est », elle ne peut en tout état de cause pas nous dire « ce qui doit être », car dans toute action, dans toute décision, dans tout choix économique, politique et social intervient nécessairement un élément irréductible de subjectivité individuelle qui fait qu’on ne pourra jamais déduire des « normes » faussement qualifiées de scientifiques, de ce qui n’est qu’une simple explication scientifique de faits. »

Question à l’auteur: Qu’entendez-vous par « les gribouillages de Claude Allègre » ? N’est-il pas surprenant, vous qui êtes critique à l’égard du GIEC, de vous en prendre à Claude Allègre?

Réponse de Drieu Godefridi: Je crois que si l’on veut éviter au débat climatique, public en général, de sombrer dans l’esprit de meute, qui répond au lynchage médiatique (lobby du pétrole!) par un autre lynchage médiatique (lobby du nucléaire!), il faut être capable de conserver son esprit critique même à l’égard de ses alliés objectifs. Le problème avec Claude Allègre, dont je m’empresse de saluer le courage personnel, est double : d’une part son livre, en fait une longue interview en forme de coup médiatique, est criblé d’erreurs; d’autre part, l’attitude méprisante, voire carrément grossière, de son auteur à l’égard de ses contradicteurs a largement contribué à ruiner le débat climatique en France. Le débat public mérite mieux que des invectives!

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