source: Reflets.info
Incapable de voir la colère qui vient, ou trop certain de pouvoir l'éteindre à coups de LBD 40, de grenades lacrymogènes, de poursuites judiciaires et de mesurettes, l'exécutif prépare un avenir pour le moins incertain
Il y a eu le temps des annonces visant à calmer les gilets jaunes. C'est la séquence "Macron prend la parole après un long silence". Les mesurettes présentées comme des concessions énormes n'ont convaincu personne. Il n'aura fallu que quelques heures aux médias les plus respectueux de l'ordre établi pour comprendre que ces concessions ne concerneraient qu'une infime partie de la population et qu'elles représenteraient un gain de pouvoir d'achat minime. C'est dire si les gilets jaunes les plus énervés ont été déçus... Puis est venu le temps que l'exécutif, tous bords politiques confondus, connait le mieux : celui de la force. Depuis le début de la semaine, les forces de l'ordre évacuent les ronds-points.
Christophe Castaner a été limpide : "Ça suffit pour la sécurité des gilets jaunes, de nos concitoyens, pour la sécurité de nos forces de l'ordre [...] On ne peut pas continuer à paralyser l'économie française, paralyser le commerce dans nos villages, dans nos villes en embolisant un rond-point [...] Nous avons commencé dès la semaine dernière, des ronds-points ont été évacués, nous allons poursuivre cela".
C'est donc une valse à trois temps que joue le gouvernement.
Premier temps : effrayer les manifestants. Il y a eu les arrestations, les garde-à-vues arbitraires, les rappels à la loi et les poursuites devant les tribunaux, les tirs de LDB 40 massifs avec son cortège de blessés graves, les tirs de...
Grâce à un "gros travail en amont", selon les mots d'un policier, il y avait beaucoup moins de monde ce 15 décembre. Ce qui n'a pas empêché les forces de l'ordre de nasser, d'inonder de gaz lacrymogène des manifestants ne présentant pour la plupart aucun danger.
Les politiques, les syndicats, la presse, les éditorialistes, s'étaient relayé depuis les annonces d'Emmanuel Macron pour appeler les manifestants à rester chez eux. La police était paraît-il, "épuisée" par les casseurs et l'attentat de Strasbourg imposait, entendait-on, de ne pas manifester. Ils sont venus quand même. De province, de grande banlieue. Ils ont réussi à rejoindre le coeur de Paris en dépit de tous les bâtons dans les roues qu'on leur avait mis : nombre inédit de stations de métro fermées, gares fermées, contrôles en gare en province au départ... A l'arrivée...
Toute la journée, comme le 8 décembre, les forces de l'ordre ont nassé les manifestants, ce qui permettait de fractionner les groupes et éviter des images avec l'avenue des Champs-Elysées remplie. A ceux qui se massaient devant un des nombreux barrages dans les nasses, les policiers n'ont pas hésité à manier le gaz lacrymogène et les matraques. On a même vu fleurir dans la capitale des escadrons de motards de police, l'un conduisant, l'autre pointant le tristement célèbre LDB 40, comme un revival des voltigeurs qui avaient tué Malik Oussekine. L'exécutif maintient sa politique de répression gratuite face à des manifestants pour la plupart inoffensifs.
En créant des confrontations, en blessant gravement des manifestants souvent pacifiques ou ne présentant aucun danger pour les policiers, les méthodes de maintien de l'ordre posent question. Il est temps de les repenser.
Si l'on écoute France-Info et BFMTV (pour ne parler que de ces médias), les gilets jaunes devraient s'abstenir de manifester samedi 15 décembre parce que les forces de l'ordre seraient "épuisées" par les affrontements avec les casseurs. Si personne ne peut nier la présence de casseurs et de personnes venues uniquement pour en découdre avec la police, le déroulé de la manifestation du 8 décembre montre surtout une volonté de répression de la part des forces de l'ordre, qui ne pouvait que créer des affrontements. De fait, la police a passé la journée à nasser des groupes de personnes parfaitement pacifiques, à les disperser ensuite à grand renfort de gaz lacrymogènes et de tirs tendus de LDB 40, (successeur des flashball) à les re-nasser, puis les re-disperser, et ainsi de suite.
Ce n'est pas une vue de l'esprit de la part de Reflets, puisque c'est également ce qu'ont constaté les journalistes du Monde. Tout cela est très éloigné du récit des événements qu'en font les journalistes qui commentent depuis leurs studios.
L'usage massif des lacrymogènes sur des populations pacifiques ou des tirs tendus de LDB 40 posent question.
Lors des manifestations étudiantes de 1986 contre le projet de loi Devaquet, Malik Oussekine est tué par deux policiers d'une unité particulière rattachée au préfet de police : celles des voltigeurs. Ils circulent à moto. L'un conduit, l'autre...
Ah les grands projets ! Quels meilleurs témoignages de la grandeur d'une civilisation. Le phare d'Alexandrie : un symbole mais aussi un outil qui permettra de guider le commerce en Méditerranée pendant plus de quinze siècles. La grande muraille de Chine : une construction défensive qui servira de moyen de communication et permettra l'émergence de la fameuse route de la soie.
Des ouvrages permettant le développement. Des ouvrages fait pour marquer les esprits à travers les contrées et les siècles. Des ouvrages qui ont eu leur place dans des temps où les îlots de stabilité étaient rares. Un temps ou nous avions besoin de faire rayonner les lumières de la civilisation face aux étendues sauvages.
Mais ce sauvage nous manque cruellement aujourd'hui.
Pour ce nouvel article de notre série sur l'impératif climatique, nous nous attelons aux grands projets. Et les grands projets, chez nous, c'est Vinci. La société est un symbole avec des ouvrages marquants comme le Tunnel sous la Manche, l'usine marémotrice de la Rance, le centre Pompidou ou le stade de France. Mais Vinci symbolise aussi le débat sur les grands projets inutiles son ombre planant sur les luttes de Notre Dame de Landes ou le contournement autoroutier de Strasbourg.
Partons en chasse sur la piste de ce géant de la construction. Passons au crible certaines de ses œuvres. Peut-être en tirerons nous assez d'enseignements pour mieux nous armer dans le débat face à l'internationale du béton.
De quand dater la naissance de Vinci ?
Se situerait-elle en 1817, année de naissance de la "Maison Jean et Chabrié", première née d'une myriade de 2100 entreprises qui composent...
Ça a dû cogiter dur chez les communicants du président. Le mot d'ordre au lendemain de son allocution télévisée : il faut savoir arrêter un mouvement". Et arrêter de se payer la tête des gens, c'est possible ?
C'est la question qui brûle toutes les lèvres, celles des commentateurs professionnels, celles des journalistes, et sans aucun doute celle de la fine équipe de l'Elysée qui a orchestré le théâtre de lundi soir 20 heures : "Est-ce que ça va marcher ?". Est-ce que les gens vont gober l'affaire et arrêter ce mouvement qui commence, il faut bien le dire, à faire paniquer l'exécutif. Mais visiblement pas encore assez pour proposer quelque chose de tangible aux gilets jaunes.
La trouille des équipes d'Emmanuel Macron est particulièrement bien dépeinte dans un article du Canard Enchaîné du 12 décembre. Extraits : "le Chateau s’est transforme, le 8 decembre, en un veritable chateau fort [...] _500 gardes republicains du premier regiment d’infanterie, plus une petite centaine de flics et de gendarmes du Groupe de securite de la presidence de la Republique ont rapplique. Avec tout l’arsenal necessaire, notamment des lances a eau, pour repousser d’eventuels assaillants, des drones, pour les voir arriver de loin, tandis qu’a l’exterieur un helico etait pret a exfiltrer le chef de l’Etat." Ne manquaient que l’huile bouillante et les archers... Le palais presidentiel etait isole au centre d’un immense no man’s land, baptise "bunker institutionnel", englobant le ministere de l’Interieur, la place de la Concorde et l’Assemblee nationale.