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Crise sociale : c’est l’injustice qui est en cause

dimanche 5 juin 2016 à 12:35

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La loi travail n’est potentiellement qu’un déclencheur d’un malaise de société bien plus profond. Les dernières révélations des Panama Papers ne sont qu’une partie du puzzle, celui d’un système profondément injuste que les populations des pays développés commencent à parfaitement cerner, et subissent de plein fouet depuis la crise financière de 2008. Les « soulèvements » populaires (ou contestations) sont toujours causés par une accumulation d’injustices à l’encontre du plus grand nombre, et ce, au profit d’une minorité. Où en est-on sur le front de l’injustice dans les sociétés riches — et plus particulièrement dans la société française ?

Ecrasement économique

Les réglementations budgétaires européennes — votées par les parlementaires UMP et socialistes, dans le cadre du Traité de Lisbonne (remplaçant celui de 2005 pourtant rejeté en France à 54% par référendum, tout comme aux Pays-Bas) — sont le combustible de la crise, mais pas son moteur. Le TSCG était censé être renégocié par François Hollande, qui — en tant que candidat — jouait à fond la carte du contestataire de l’austérité, facteur pour lui de « moins-disant social ». Las, à peine élu, Hollande courait embrasser Merkel pour la rassurer sur le TSCG : les 3% de déficit budgétaire ne devaient — enfin de compte — surtout pas être remis en cause, et toutes les réformes à appliquer dans les pays de l’Union devaient donc être calquées sur cette statistique absurde, avec comme seul méthode : la réduction des dépenses de l’Etat alliée à des réformes dites « structurelles ». Cette terminologie de « réformes structurelles » a été, et est toujours unilatérale, basée sur les préconisations du FMI, de la commission européenne de Bruxelles et de la BCE. Ce sont des réformes économiquement « libérales » : baisse des « coûts du travail » (nommées les « charges »), donc abaissement des parts de cotisations sociales pour les entreprises — avec à la clef la baisse des recettes fiscales et sociales —, « assouplissement du droit travail » (retrait des protections sociales des salariés), et baisse des impôts pour les entreprises pour améliorer la « compétitivité » (baisse des recettes de l’Etat, encore une fois).

Alors que l’économie mondiale a connu des ralentissements colossaux, voire des récessions pour certains pays, depuis la crise financière de 2008 partie des Etats-Unis, la France dirigée par François Hollande a entretenu la crise économique par ses différents « plans de réforme » : le CICE a, à lui seul, coûté 45 milliards d’euros publics en faveur des entreprises qui ont reconstruit leurs marges mais n’ont — en toute logique — pas investi, vu le contexte quasi-récessif. Et donc pas embauché.

La baisse des dépenses pour les services publics ainsi que celles des dotations aux collectivités territoriales sont venues couronner le grippage de la machine : plus aucun investissement digne de ce nom n’est effectué au niveau national. Le dernier recours, quand une crise économique internationale sévit, est la relance par les investissements publics, ce qu’Obama a bien compris depuis 2010 et a permis aux Etats-Unis d’éviter l’écroulement de l’économie du pays. En France, il semble que suivre les demandes de la Commission et du FMI est plus central que tenter de relancer la machine. Cette option de « vassalisation » française au TSCG et donc aux demandes absurdes et technocratiques de l’Union est un carburant qui entretient le moteur principal de la crise : la captation des richesses et l’explosion des injustices.

Le moteur : la captation des richesses

L’écrasement économique pratiqué dans l’UE via des politiques absurdes, contreproductives et analysées comme telles par les meilleurs spécialistes de la chose, s’il est un carburant de la crise, n’est ni anodin, ni sans objet. Ce carburant alimente un moteur. Le moteur est celui de la captation des richesses. Les LuxLeaks ont dévoilé un trou noir fiscal au cœur de l’Europe des 28, au sein du pays dont l’ancien premier ministre, Jean-Claude Junker est aujourd’hui président de la Commission de Bruxelles : le Luxembourg. Ce pays à organisé le détournement de la fiscalité des plus grandes multinationales à son profit, créant ainsi une gigantesque « trappe fiscale » à l’échelle du continent. Des centaines de milliards d’euros sont ainsi détournés des budgets d’Etats pour augmenter les profits des actionnaires des multinationales, tandis qu’il est demandé aux populations européennes de « faire des sacrifices ».

Les « richesses » créés France sont de grande ampleur : ce petit pays est la cinquième ou sixième puissance économique au monde et possède les plus grandes entreprises de secteurs aussi divers et cruciaux que l’automobile, l’eau, l’énergie, le bâtiment ou encore les médicaments. Ces entreprises de taille mondiale ont pu le devenir grâce à la mise en place d’infrastructures de qualité, infrastructures payées par… la contribution… des populations. Grâce à leur travail. Tant que la redistribution proportionnelle aux efforts [de ceux qui participaient à la créer], établie comme « justice sociale », fonctionnait à peu près normalement, ces outils de création de richesses fournis par un ensemble de puissance économiques capitalistes ne posaient pas de problème. Au contraire. L’Etat investisseur a pu ainsi améliorer le système de santé, éducatif, des transports, etc, pendant des décennies. La « modernisation » de l’une des plus grandes puissances mondiales a pu s’opérer, et sa population en profiter, d’un point de vue capitaliste : accès au crédit, aux aides sociales, à l’éducation, à la consommation, etc.

Le virage qui caractérise le moment où ce statu-quo ne tient plus est celui observé aujourd’hui : l’injustice par la captation des richesses d’une petite minorité au détriment de la grande majorité. Quand l’Etat réduit les moyens des hôpitaux, abaisse les remboursements des soins, retire ses dotations à tous les niveaux, la population commence à nettement moins bien vivre. Alors que dans le même temps, les bénéfices des grands groupes explosent, que les dividendes de leurs actionnaires sont maintenus quoi qu’il en coûte en termes de casse sociale, et que leurs dirigeants se font payer des salaires inimaginables pour 99% des Français, il est demandé aux plus modestes, par le personnel politique, d’encore plus « contribuer » tout en acceptant de perdre (en pouvoir d’achat, en protection sociale). Cette inversion de la justice sociale ne peut que créer du ressentiment. Surtout quand les affaires de corruption se succèdent, démontrant qu’à tous les niveaux, cette inversion est calculée, orientée, et surtout : organisée.

Projet univoque mafieux ?

Les Panama Papers révèlent une partie de l’organisation de la captation des richesses au niveau mondial, et soulignent leur caractère systémique, tout comme les LuxLeaks ou bien encore, les décisions absurdes et injustes de la Commission. Les plus grandes banques utilisent les mêmes circuits financiers pour soustraire une partie de leurs bénéfices aux taxations publiques (le bien commun) que les organisations mafieuses. La grande machine à soustraire, blanchir l’argent (du plus grand nombre) se révèle d’une puissance inouïe, et pose des questions sur la véritable marche du monde. La confusion entre ceux censés maintenir l’équilibre et la justice dans les sociétés (les politiques) et ceux qui cherchent à en profiter à n’importe quel prix (les criminels) est mise à jour par l’ensemble des phénomènes politico-économiques décrits plus haut. De façon plus limpide, les organisations criminelles travaillent avec les mêmes outils que les décideurs politiques ou économiques, et une partie de ces trois « secteurs » est active dans les trois sphères. L’idée que l’organisation globale des sociétés, au profit unique des grandes « machines à cash », qui mêlent activités légales et illégales, respectant ou non les réglementations, soit le fait de mafias criminelles ou assimilées, commence à faire son chemin. Un chemin inquiétant que les extrêmes droites mondiales ont su capter et qu’elles sont en train de capitaliser en termes électoraux.

Le projet de société français, s’il a été large à une époque (éducation, culture, émancipation, solidarité, etc) est aujourd’hui univoque et potentiellement mafieux. L’objectif déclaré des politiques pour le pays, n’a d’autre objet que l’enrichissement. Croissance et bénéfices sont l’unique but à atteindre que propose le pouvoir politique. Exactement comme le font les structures économiques légales ou illégales. Les « affaires » de corruption se succèdent, dévoilant toujours un peu plus la porosité entre cercles mafieux illégaux et cercles officiels légaux, mêlant dirigeants d’entreprises, personnels politiques, personnes d’influence ou autres hommes et femmes de « pouvoir ».

Le propre des mafias (ou de ceux qui utilisent les mêmes méthodes pour parvenir à leurs fins) est le contrôle : pour faire « taire » tout ce qui pourrait entraver la bonne marche de leurs affaires. En France, c’est la presse qui possède ce pouvoir de dénonciation à l’encontre des « mafias » ou assimilés. Comment la faire taire ? En toute logique, 80% de la presse à été rachetée par ceux-là mêmes qui possèdent les plus grosses « affaires » du pays. Sept milliardaires ont racheté la quasi totalité des journaux, ou groupes de médias sans qu’aucune voix politique ne s’élève pour les en empêcher. Quand les pratiques illégales de l’entreprise Free pour fermer certaines de ses activités — en poussant les gens à démissionner — sont dévoilées (par ce qu’il reste de presse indépendante), le quotidien français le plus réputé, le Monde, n’en touche pas un mot. Logique : l’un des trois patrons-actionnaire du Monde, Xavier Niels, dirige l’entreprise Free.

L’injustice peut-elle augmenter sans conséquences graves ?

La réponse à cette question se trouve dans l’observation des pires systèmes politiques, les moins respectueux des droits humains. Plus une société possède un système démocratique de qualité, moins l’injustice peut s’y répandre : des organes de contrôles y existent, des moyens importants sont donnés pour réprimer la corruption, et la société dans son principe même de fonctionnement politique tente de ne pas laisser l’injustice s’y répandre. La corruption, et son lot d’injustices est le propre des sociétés de « basse fréquence démocratique », ou bien entendu, des dictatures. Les pouvoirs en place y sont le plus souvent mélés aux organisations souterraines les plus criminelles, la répression des populations — lorsqu’elles tentent de se soulever contre l’injustice en place — y est la règle. Dans ces sociétés baignées d’injustice, les conséquences sont graves pour les individus qui ne participent pas à l’exercice du pouvoir politico-économique et mafieux, en termes de difficultés quotidiennes et d’indignation morale. Mais au fond, ces sociétés continuent à fonctionner, voire à se développer fortement d’un point de vue macro-économique, comme dans le cas de la Chine. L’injustice et la corruption ne sont pas les ennemies des systèmes capitalistes. Au contraire.

Un pays comme la France est en train — sous la volonté d’un homme élu un peu par défaut, aidé de quelques lieutenants politiques — de dégrader son fonctionnement démocratique de manière accélérée, sous les yeux effarés d’une partie conséquente de la population.  La réponse du gouvernement Valls et du chef de l’Etat face à la contestation de la fameuse loi travail (demandée en haut lieu, par les instances européennes) atteste de ce basculement d’une démocratie —  certes imparfaite mais jusqu’à il y a encore peu de temps, un tant soit peu « vivante » — vers ce nouveau système de basse fréquence démocratique. Des élections ont lieu, des gens sont élus, des médias informent ou désinforment, des manifestations sont réprimées avec des outils de répression policière démesurés, des juges oublient de juger ou jugent en fonction de critères de classe, des pressions sont exercées, des lobbies imposent en coulisses leurs volonté, des influences de masse sont exercées, des pans entiers de populations courbent l’échine, craignent pour leur avenir, et pour leur présent. Le pouvoir politique, au service du projet mafieux global continue d’imposer et amplifie la nouvelle gestion univoque  de la société. Quoi qu’il en coûte en termes de Droit, de risques de violences, de destruction du contrat social.

Les Français sont conscients de ces phénomènes, certainement dans des proportions importantes, mais ils continuent de croire que leurs choix individuels sont les bons, et que ce sont les politiques les seuls responsables de cette dégradation. L’un des choix individuels français est pourtant celui de se laisser manipuler devant des écrans de télévision et de croire « penser » la société en toute liberté, alors que [les Français] ne font majoritairement qu’une seule chose : cautionner l’injustice par leur passivité quotidienne et leur collaboration active au système en place — qu’ils dénoncent par ailleurs.

La « délivrance » et le changement ne surviendront qu’à une condition pour les Français: accepter de sortir de l’état d’hypnose dans lequel ils sont plongés en jetant leurs télévisions à la poubelle, puis en sortant dehors respirer l’air, rencontrer leurs congénères et dire fermement à leurs « maîtres » politiques, censés être à leur service : « ça suffit ».

Quand on sait l’angoisse procurée par une seule soirée sans télévision chez 80% des Français, jeunes inclus, il est clair que cette option ne surviendra pas de si tôt…

A moins que d’autres options ne soient envisageables ?

Quelques minutes de douceur

samedi 4 juin 2016 à 20:30

Il y a des gens qui savent façonner la beauté et la douceur avec des « petits riens ». Nous tenions à vous faire partager cela en ces temps où la communion des esprits est une denrée rare. C’est ce qu’a fait Bobby McFerrin dans cette vidéo.

Et si vous avez un peu de temps et un vidéo-club près de chez vous, nous vous recommandons de voir Camp X-Ray (aussi connu sous le titre « The Guard »). Cela résonne avec tout ceci qui est très ancien.

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Démocratie française : le virage

mardi 31 mai 2016 à 22:57

Error-404_Democracy_2Oh, bien entendu, il est assez naturel de blâmer François Hollande, Manuel Valls et dans une moindre mesure leur supplétif, Bernard Cazeneuve. Oui, ils sont responsables des violences policières actuelles. Et elles ne sont pas anecdotiques. Mais se contenter de reprocher aux homes politiques leur dérive sécuritaire, leur entrain à faire basculer la Démocratie dans… Autre chose, c’est un peu court.

Non, il faut aussi se lancer dans une petite introspection. Nous, les Français, qui avons accepté de signer un contrat social, celui qui nous unit et qui octroie à quelques politiques le droit de disposer de notre pouvoir souverain, devrions réfléchir aux transformations que l’on nous impose. Elles ne sont pas dans le contrat. Devons-nous les accepter ? L’article 3 de la constitution est pourtant clair : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum« . Ne voyez-vous pas le basculement en cours imposé par vos représentants sans votre consentement ?

Prenons un exemple. Quelle différence voyez-vous entre la répression des printemps arabes qui s’opposaient à un pouvoir en place et celle de ceux qui s’opposent à la Loi Travail ? Elle est simple. Dans le premier cas, les forces de maintien de l’ordre tiraient à balles réelles. Dans le second, elles utilisent des grenades de désencerclement et des balles en caoutchouc. Jusqu’à quand ? Déjà plusieurs cas de policiers sortant leurs armes à feu pour intimider les manifestants ont été rapportés. Combien de temps avant qu’un manifestant ne soit tué dans un dérapage ? Aujourd’hui on compte déjà des éborgnés par flash-ball, un jeune-homme dans le coma après qu’un policier ait lancé une grenade vers lui sans aucune raison, des femmes tabassées, des grand-mères blessées… Le tout sans conséquences juridiques notables. Y compris lorsque les victimes sont des enfants.

Demain, ce sera vous, votre enfant, votre grand-mère…

Accepter ce changement dans votre contrat social, ce n’est pas simplement être passif face aux blessés actuels. Se dire que cela ne vous concerne pas parce que vous ne vous rendez pas dans les manifestations, c’est un calcul à courte vue. Demain, lorsque la Démocratie aura fini de basculer, vous serez la cible. Ou vos enfants… Ils tabassent déjà des grand-mères comme si elles étaient de dangereux casseurs.

Photo :  @gaelic69 (s'il peut nous contacter...)

Photo : @gaelic69 (s’il peut nous contacter…)

En ne sanctionnant pas les actions des représentants, les Français leur accordent un droit implicite à continuer, à durcir encore leur position. C’est une responsabilité collective, des Français, de la presse qui fait tourner en boucle les images de casseurs, mais pas celles des violences policières pourtant abondantes, des hommes et femmes politiques qui continuent à donner des moyens surdimensionnés au gouvernement afin qu’il mène une politiques ultra-sécuritaire là où elle n’est pas nécessaire, à part, peut-être, pour tenter de maintenir un système à bout de souffle.

Peut-être n’avez vous pas eu l’occasion de voir à la télévision ou de lire dans la presse la trop longue liste des dérapages des forces de maintien de l’ordre ces dernières semaines, cela explique peut-être pourquoi vous n’avez pas réagi ?

Violences policières lors de la manifestation du 17 mai (auteurs Nathalie Loubeyre et Joël Labat) from Reporterre on Vimeo.

Où est passée l’énergie?

On est bien loin de l’énergie positive qui s’était dégagée après les attentats. Le pays semblait s’unir, rêver d’un avenir commun. Le gouvernement en place a réussi à gâcher cette opportunité. Il y avait une fenêtre pour mettre un terme à la montée de l’individualisme, de la haine, du racisme et de la xénophobie. Elle a promptement été refermée. A croire que François Hollande et Manuel Valls excellent dans le rôle de l’enfant qui casse le beau jouet que l’on vient de lui offrir. Les espoirs après cinq ans de sarkozysme étaient immenses. Ils ont tous été déçus. Mieux, le gouvernement a fait imploser la gauche qui va se faire laminer lors de l’élection présidentielle, laissant la place à la droite ou même l’extrême-droite. C’est dire si « lui président » a bien fait les choses…

 

Et pendant ce temps… Les enfants et les adultes meurent aux portes de l’Europe et le gouvernement a tout le loisir de s’en désintéresser sans que personne ne s’en émeuve outre mesure. Comment peut-on le laisser faire ?

 

Mais à quoi peut bien servir une 🍏 Watch?

mardi 31 mai 2016 à 22:12

🍏 Inc

horlogeNous noterons la présence de 🍏 plutôt qu’un bête mot avec de bêtes lettres. Le logo plutôt qu’un mot, après Prince et son love symbol O(+>, c’est un tantinet ringard.

L’idée étant clairement que ce produit devienne un nom commun, comme scotch ou frigidaire. Bon, ce mot existe déjà, et en anglais, il y a un double sens : montre et regarder.

Apple est célèbre pour transformer des brouettes en objets de culte sympathiques. Proposer l’iPhone a l’époque des Nokia moches et immortels, des Palm Pilot moche et moche, des machins Java clinquants et inutilisables, a été une rupture. Bon, ok, le téléphone en a profité pour perdre son usage de téléphone, mais on ne va pas non plus pinailler, il est quand même devenu un terminal pour consommer du forfait réseau, de la musique ou même des films (des petits films), et il a quand même permis la création de Snapchat ou de commander son Über qui libère. Il a aussi permis de constituer une collection de pouces, parce que les codes PINs, c’est has been, et aussi de payer son Starbuck sans payer, euh, sans contact.

Par contre, de nos jours, le succès, c’est la croissance, et une fois que l’on a saturé le marché du haut de gamme, que même les pauvres ne veulent pas d’une version au rabais, et que l’Empire Galactique n’est pour l’instant constitué que d’une seule planète, la Terre, c’est la cagagne. Même avec des batteries soudées et des appareils qui se plient quand on s’assoit dessus, le taux de renouvèlement n’est pas suffisant. Il faut donc trouver une idée, un peu plus disruptive que le gros iPod, qui a encore du mal à éradiquer la presse papier. La faute au poisson qu’on emballe, je suppose.

Donc, après le gros, il reste le petit, et donc la montre.

La montre

Une montre, c’est une horloge que l’on a mise dans sa poche, puis au poignet. Sauf que pour avoir l’heure et les poignets libres, on peut regarder sur son écran, ou, effort suprême, sortir son téléphone de sa poche.

La montre ne sert plus qu’à montrer que l’on a réussi à plus de 50 ans. De toute façon, à l’ère de Twitter, on n’a plus le temps de lire l’heure, on reste scotché dans l’état « à la bourre ».

Donc, pour disrupter la montre, il suffit de lui coller un écran couleur, tactile et du réseau. Sauf que non. Les évolutions se font par palier.

Ajouter un quartz apporte la précision et dispense de régler l’heure une fois par semaine, en échange d’une pile qui dure des années.

Ajouter un écran LCD (tellement laid) dispense de l’effort de lire des aiguilles, sans trop bouffer de piles.

Ajouter un écran couleur rétroéclairé et du réseau sans fil, on change d’échelle, on passe de l’électronique civilisée à la barbarie informatique. On passe surtout à une autonomie d’une journée, complète, si on sert les fesses.

Donc, voilà, on une montre qu’il faut sortir de veille, un fond d’écran avec des aiguilles qui tournent, super avancée pour l’humanité. Apple n’a clairement rien inventé, Motorola a sorti il y a quelques temps un machin rond (très important le rond), que tout le monde a déjà oublié.

Allez, on va rajouter des trucs, la connexion avec le smartphone qui va piailler via le réseau Bluetooth (je vous laisse imaginer l’hygiène dentaire de Dent Bleue le viking). Déjà le brrrrt de l’iPhone ou les alertes sur l’ordinateur saucissonnent votre temps de cerveau disponible, là, on monte la dose d’interruption à 16h par jour. La montre est de fait un accessoire du téléphone, pas sa remplaçante.

L’écran permet d’afficher trois lignes, et nos gros doigts permettent peu d’interaction. On peut lui causer comme à Kit dans K2000. Le progrès n’est pas encore super flagrant.

On va donc y coller des capteurs. Deux leds pour le rythme cardiaque, un accéléromètre et un gyroscope. Voilà, la montre sait maintenant quand vous glandez ou faites du sport. Elle sait aussi quand vous niquez ou plus simplement votre stress, bref tout ce que votre coeur peut dénoncer.

Apple appelle ça santé, en proposant une image vertueuse, votre montre va vous servir de coach et vous pousser à mettre un short ridicule et des baskets colorés, pour maintenir votre karma à niveau.

Sauf qu’Apple vous connaît, il a votre numéro de téléphone, votre mail, votre carte bleue, votre capacité de concentration, votre position géographique, votre empreinte digitale, votre sexe, et maintenant votre coeur.

Quand Apple parle santé, il pense à assurance santé, et pas à santé tout court. Assurer uniquement les bien portants qui ont de la thune, d’un coup, ça devient beaucoup, beaucoup plus intéressant que de donner l’heure. Enfin, donner, c’est le terme officiel, toujours aussi risible.

Do you speak ça va mieux ?

jeudi 26 mai 2016 à 21:09

hollande26 mai 2016.

Suite à l’opération manche de pioche de la CGT, j’avais séché la précédente manif, ambiance de merde, et surtout pas envie d’être là pour le match retour. L’affaire s’est finalement apaisée.

Les manifs saute-mouton, c’est folklorique, mais ce n’est pas terriblement efficace. Donc, cette fois-ci, pour booster un peu la manif, il y a une bonne couche de grève dans des secteurs stratégiques. Raffineries, dockers, routiers, centrales nucléaires, journaux papier. La panique des toxicos du pétrole est d’ailleurs belle à voir : 5 fois la consommation normale, juste pour le stress.

Donc, grâce à ce contexte, la manif du jour est de suite beaucoup plus crédible. La foule est très dense, dès la sortie du métro. La tête du cortège, la seconde moitié, quoi, et un assemblage de divers syndicats classiques. J’imagine que l’idée est d’éviter à la CGT la tentation de sortir les manches de pioche. Pour faire les gros yeux à la CGT, ils leur ont collé dans les pattes la FSU, les profs, quoi, ce qui semble logique.

Donc, bon trajet, Bastille-Nation, bonne ambiance, bonne densité, bonne météo. Pas de flic sur le trajet, pas de tension, on a un peu l’impression de voir une manif témoin, comme les maisons du même nom.

Ça n’avance pas vite, mais sans trop non plus piétiner. J’ai quand même la crainte que ce quinquennat ait défoncé réformé la notion de normalité pour une manif. Mais oui, c’est une manif normale : il y a le grand couillon avec son grand panneau coloré à bout de bras au-dessus de la tête. Il s’incruste dans la banderole de tête, va poser devant les CRS. Ce type est une starlette sur la croisette de Cannes. Les bimbos ont leurs seins en plastique, lui a sa pancarte (ainsi que des dettes). Il est un poil reloud avec son omniprésence.

Mais, au tournant du boulevard Reuilly Diderot, on peut entendre les détonations des grenades de désencerclement. C’est grillé pour la manif exemplaire.

On commence à entendre l’hélicoptère jaune en vol stationnaire, pour que son gros oeil puissent surveiller tout ça.

Des panneaux publicitaires sont défoncés puis bombés. C’est ballot, avec la clef, il est possible de changer l’affiche sans rien péter, et ça a bien fonctionné jusqu’à présent. La vitrine Skoda a pris cher, mais n’a pas cédé. Les banques sont de toute façon déjà repeintes, et leurs vitrines sont maintenant des panneaux de bois.

En remontant le boulevard, à chaque gros croisement, il y a des CRS derrière leurs murs à roulette, pour les petites rues, ils son en retrait, plus discret. Par contre, la foule prend toute la largeur, et les CRS ne s’amusent plus avec leurs inquiétantes remontées de manif par les trottoirs. Il y a d’ailleurs beaucoup moins de casques chez les manifestants, mais les masques à poussières restent universels et intergénérationnels. Ça va mieux. Ça va même tellement mieux que l’on peut arriver jusqu’au MK2, juste avant la place de la Nation. Le FSU avec son micro sur son camion continue son karaoké, il enchaîne son intégrale de l’internationale (avec le couplet censuré anti militariste), un chant féministe et d’autres machins avec du rouge dedans.

Là, ça bouchonne pour de vrai. Il y a toujours ce microclimat sur la place de la Nation, ce gros cumulus qui marque chaque fin de manif. De loin, c’est dur de savoir si c’est du fumigène ou de la lacrymo, le vent est pour nous.

Ah tiens, ils font du tri sélectif sur la place, d’un côté, partent plusieurs volées de déchets recyclables. Au bout d’un long moment, l’autre coté réponds avec des tirs de lacrymo, avec ces jolies traînées en paraboles. M’en fous, le vent est des travers. Ah non, il tourne, raaah, ça pue toujours autant ces conneries, ça pique le nez, les yeux, mais aussi le visage. J’espère qu’ils ne testent pas ces cochonneries sur des animaux, par ce que sinon, BB serait très colère.

La foule commence à refluer, les totos insultent les syndicalistes en les traitant de lâches, les SO sont vexés. Ah tiens, un SO de la CGT qui traite un toto de stalinien. Rah, on avait dit pas les parents pour les insultes. Vexés, les syndicats braillent « On ne recule pas« , et ça marche à peu près.

C’est quand même la première fois que je suis si près de la destination de la manif. Une manif de bout en bout, ce luxe.

De toute façon, comme les rues perpendiculaires sont murées, il faut remonter sur des kilomètres, et stresser l’arrière de la manif, pour pouvoir partir. Donc, s’il y a masse, autant avancer.

Champion du monde, pour la première fois depuis cette vague de manif je peux mettre le pied sur la place, dans une ambiance presque calme. Des street medics apaisent des gens défoncés au gaz, assis par terre. Ça va mieux. Les CRS gardent leur distance, pas de baqueux visibles. Ça va mieux. Ça va mieux, mais j’ai quand même l’impression de traverser une rivière en Amazonie avec les piranhas de chaque côté. Ils sont pénibles avec leur fascination pour les nasses, pour les murs, pour les bouilloires. Comment faire une dispersion sans porte de sortie? Il faut faire un tirage à la roulette, repérer un trou officiel dans les lignes de flics, et avoir confiance dans sa tête de benêt inoffensif pour réussir le test du délit de sale gueule. Bingo, ça passe. Visiblement, ce sont des CRS frais, ils sont étonnement détendus et constructifs.

Ah tiens, je suis dans le vent, ça pique de nouveau, une mémé impotente en terrasse se fait gazer, ça va mieux.

J’imagine bien que la dizaine de détonations corresponds à autant d’éclats de caoutchouc dans les guibolles du début de la manif, il faudra regarder le compte rendu de Taranis news pour avoir un contre point. Mais surtout, ne pas oublier : ça va mieux.