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L’école autorise une seule liberté d’expression : celle de Najat

mercredi 28 janvier 2015 à 20:32
badcharlie

Bad Charlie, par Nemo

 

« Il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves » : c’est ainsi que la Ministre de l’Education nationale résume la problématique des réactions négatives d’une partie des élèves à l’injonction gouvernementale de la minute de silence en mémoire des morts du 7,8 et 9 janvier 2015. Le principe retenu par Najat Vallaud-Belkacem est assez simple : les mômes doivent communier… et la fermer. Ils doivent « être Charlie », bénir la liberté d’expression, mais sans autre vocation que celle de la Ministre. Une forme de liberté d’expression univoque. Tu es libre de dire « Je suis Charlie », mon petit, mais il n’y a pas de MAIS ! Et c’est tout.

Extrait : « Même là où il n’y a pas eu d’incidents, il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves. Et nous avons tous entendu les « Oui je soutiens Charlie, mais », les « deux poids, deux mesures », les « pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ?«  Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à l’école, qui est chargée de transmettre des valeurs »


Najat Vallaud-Belkacem : « L’école est en… par LCP

Et oui, l’école n’est plus là pour permettre le questionnement, d’après la Ministre. L’école est désormais une « entreprise » pour formater les esprits, pas les former transmettre des valeurs. Celles de Najat ? L’idée même de discuter des « oui, mais » n’est pas venue à l’esprit de Najat. Non. Les questions lui sont « insupportables« . Pauvre Najat, traumatisée par les questions de la jeunesse. Les élèves vont donc pouvoir aller se régaler des théories du complot qui fleurissent à propos de cet évènement. Pour se dire, qu’effectivement, la liberté d’expression n’est pas la même pour tous : pour preuve, la leur n’est pas autorisée, même dans le questionnement !

Aujourd’hui, Ahmed, 8 ans, s’est vu convoqué à Nice par la police, après que le directeur et son instituteur ont porté plainte contre lui, selon Rue89 (lien vers l’article au dessus). Ahmed, en CE2, a dit qu’il « était avec les terroristes« . Sommé d’expliquer ce qu’était un terroriste, cet apologiste en herbe n’a pas réussi à donner un début de définition. C’est une circonstance aggravante chef ?

Bienvenus, jeunes gens, dans le « brave new world » du Parti socialiste gouvernemental 2.0

L’illustration originale de ce billet est l’œuvre de  Nemo, un dessinateur de talent qui vient de rejoindre l’équipe de Reflets. Longue vie à lui chez nous (et ailleurs aussi) !

Géopolitique des câbles et migrations fantômes des armes numériques

mercredi 28 janvier 2015 à 15:47

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Qu’on se le dise, les produits Qosmos n’ont jamais été opérationnels en Syrie ! Thibaut Bechetoille, le patron de la société française le répète à l’envie. Devant la presse, devant les enquêteurs ou les juges qui planchent sur une éventuelle complicité de torture et de crimes contre l’Humanité. Oui, Qosmos a bien participé à un projet d’installation d’un système de surveillance globale en Syrie via le projet ASFADOR, mais non, ses sondes DPI n’ont jamais été opérationnelles. Une défense un tantinet désespérée qui semble un peu contredite par certains documents et aspects techniques. En outre, l’aventure syrienne de Qosmos et d’AREA (le consortium qui vendait le système global) pose à nouveau la question de la géopolitique des câbles et de la migration fantôme des armes numériques, contre lesquelles rien n’a été fait. Dans le cas de Qosmos, un document que nous avons pu authentifier laisse entendre que les développements du projet ASFADOR ont pu finalement atterrir en Iran ou être achevés par une société iranienne. Comme des outils BlueCoat avaient fini leur course en Iran ou en Syrie en dépit d’un embargo américain.

Thibaut Bechetoille, PDG de Qosmos © extrait d'une vidéo de Tivipro.tv

Thibaut Bechetoille, PDG de Qosmos © extrait d’une vidéo de Tivipro.tv

Comme nous l’avions déjà relevé dans une enquête commune avec Mediapart (premier article, deuxième article, troisième article), les exactions du pouvoir Syrien avaient déjà commencé depuis près de huit mois quand Qosmos décide, selon elle, de se retirer du projet ASFADOR visant à livrer à Bachar el-Assad une solution de surveillance globale. Un retrait tardif qui ne prend en compte ni la répression pendant des mois, ni celle qui a précédé, les régimes de Bachar el-Assad ou de son père précédemment, n’étant pas connus pour leur aspect démocratique et respectueux de l’opposition. La société Qosmos, comme Amesys, est visée par une information judiciaire pour complicité d’actes de torture en Syrie ouverte auprès du pôle crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre du TGI de Paris. Ce qui, soit dit en passant ne l’empêche pas de recevoir des prix pour son « leadership » sur son marché, avec la bénédiction -toujours- de BPIFinance.

Pourtant, l’éthique lors de la vente de tels produits à des dictateurs ou des Etats policiers, comme pour Bull/Amesys avec la Libye, est visiblement hors champ de réflexion des sociétés produisant de tels outils. Jusqu’au moment ou, bien entendu, la situation devient intenable.

bloodyamesys

Les sondes livrées par Qosmos n’ont jamais été opérationnelles, indiquent tous les dirigeants de Qosmos lorsque la presse les interroge ou que les enquêteurs ou les juges leur posent des questions. Qui plus est, de manière unilatérale, Qosmos a décidé (mais il n’y a pas de trace écrite de cela) de ne plus fournir quoi que ce soit pour le dossier syrien dès le 17 octobre 2011.

Voilà qui devrait rassurer les méchants « droit-de-l’hommistes » qui critiquement ces marchés avec des dictateurs ou des Etats policiers et tentent d’empêcher des entreprises innovantes de faire du business en rond tout en contribuant à la fois à réduire le déficit commercial français et à faire plaisir aux services de renseignement.

Certains objecteront peut-être tout de même que six mois plus tôt, en avril 2011, la FIDH s’inquiétait de la répression croissante et des massacres perpétrés par le pouvoir syrien.

Les outils de surveillance massive disparaissent ou émigrent ?

Reflets avait, avec Telecomix, démontré que des appliances BlueCoat s’étaient retrouvées en Syrie où elles participaient à l’infrastructure de censure du Web, en dépit de l’embargo américain pour la vente de tels produits à ce pays. Cela avait déclenché une enquête du gouvernement américain qui s’était achevée avec une amende pour un revendeur BlueCoat. D’autres matériels de ce type s’étaient retrouvés en Iran. Selon certains spécialistes, on trouverait même en Iran des outils d’interception américains très performants. C’est dire si ces solutions savent migrer telles des fantômes, passant allègrement les frontières en dépit d’embargos, de lois, d’arrangements de Wassenaar, etc.

Personne ne sait ce qu’il est advenu des Eagles d’Amesys déployés en Libye. Personne ne sait non plus ce que sont devenus les développements, les solutions, opérationnelles ou pas, déployées en Syrie par Area. Ce sujet n’est abordé ni par les entreprises prises la main dans le pot de confiture, ni par la presse qui a de toutes façons du mal à accéder à ces destinations.

Depuis l’enquête conjointe de Mediapart et de Reflets, nous sommes en possession d’un document, une fuite, semblant émaner du ministère de la défense syrien.

leaked-Feb13th-central-monitoring-system-STE-Iran

En voici une traduction libre en Anglais :

Syrian Arab Republic
Communications Department
Legal Office
Number CD/M/1421
Date 2012/2/13
Highly Confidential

Mr. Minister of telecommunications and technology
After the apology of Italian company AREA on fulfilling what was left from the contract No.8 of year 2010 that was contracted to import and install a central monitoring system and after it endured the consequences of not completing the project, and in reference to the management order No. 1/1/13/395 dated 2012/2/4 from the Syrian Telecom Establishment (STE) about retrieving all remaining works related to the mentioned contract.
Please inform STE to transfer all non committed funds from the total value of the funds allocated to the mentioned project, from the STE account in the Syrian commercial bank to the account of the communications department in Syrian commercial bank plus all insurance amounts related to the contract, as a contract with the Iranian side (The direct agreement [comprendre « le consultant » NDLR]) has been made to continue all remaining works of the contract in compliance with the higher orders on the subject which cited faster delivery.

With thanks to your cooperation

Signed
Major General
Head of Communications Department
Sealed
Ministry of defense
Communications Department CD

Jusqu’à présent, nous n’avions pas pu authentifier ce document. D’autant qu’il semblait rédigé sur une page blanche, sans en-tête. Le point qui permettait toutefois de penser qu’il était authentique, est qu’il est rédigé dans un « jargon » administratif qui correspond à ce type de courrier.

Un élément nouveau est apparu qui nous permet de l’authentifier à 99,99%. Il s’agit du numéro évoqué pour le contrat avec AREA. Ce numéro est le même que celui évoqué dans le courrier envoyé par AREA, cette fois-ci, à STE pour mettre fin au contrat. Or il ne doit pas y avoir beaucoup de monde connaissant ce fameux numéro.

L’Iran caché derrière le contrat ASFADOR ?

Une lecture rapide du document laisse entendre que l’Iran serait en fait le client caché derrière le client syrien. Un moyen de contourner un embargo évident. En outre, le 6 décembre dernier, l’Iran a annoncé être en mesure d’identifier tout internaute se connectant à Internet. Exactement ce que savait faire la sonde Radius de Qosmos, opérationnelle, elle (selon les mots d’un employé de Qosmos), en juin 2011. Troublant. Mais les choses sont sans doute plus compliquées.

D’une part le document parle du « consultant » iranien. S’il s’agit probablement dans le contexte d’une entreprise de conseil, il ne s’agit pas forcément de l’Iran en tant que pays. Plutôt une société représentant les intérêts d’un service ou d’un courant iranien.

D’autre part, la géopolitique des câbles va dans le sens d’un contrat passé pour contrebalancer une perte de « visibilité » sur la région de la part des services de renseignement italiens, mais aussi de leurs homologues français et allemands.

Quelques mois avant la signature du contrat ASFADOR, les services italiens ont perdu un point d’écoute important : Telecom Italia s’est retirée  d’Ìran pour qui elle assurait une forte connectivité. Elle a opéré ce retrait en augmentant les tarifs. Les Iraniens se sont rabatus sur la Russie. A l’époque, la Syrie assurait la majorité du trafic vers le Liban.

Si l’on observe le consortium d’entreprises réunies au sein du projet ASFADOR, on constate assez rapidement qu’il s’agit d’un consortium d’entreprises très proches des services respectifs des pays desquels elles sont originaires : Area en Italie, Qosmos en France, Utimaco en Allemagne…

En septembre 2011, Qosmos avait bénéficié d’un investissement de 10 millions d’euros de la part du Fonds stratégique d’investissement (FSI) qui l’avait aidée à lever des fonds (20 millions d’euros). Qosmos et le FSI saluaient cette arrivée de fonds en ces termes : « La levée de fonds permettra particulièrement de financer l’expansion de  Qosmos à l’international, et de soutenir le développement de nouveaux  produits, les actions marketing à l’international et d’éventuelles  acquisitions« .

Les sondes migratrices

Qosmos a admis avoir livré des sondes à la Syrie. Mais affirme sans rire que :

  1. elles n’ont jamais été fonctionnelles, la preuve, la recette n’a jamais été faite.
  2. elles n’ont jamais pu être fonctionnelles après le retrait car il n’y avait plus de mises à jour. Et selon Qosmos, « les protocoles » surveillés « évoluent constamment ». Du coup, sans mises à jour, on n’écouterait plus rien.

Le nombre de machines (IBM) équipées de sondes Qosmos installées et Syrie et qui sont donc depuis le retrait de Qosmos d’ASFADOR officiellement « Missing In  Action« , varie selon les témoignages.

Entre deux et dix.

Lorsque le contrat a été rompu, les fonds sur place en Syrie ont été gelés. Le client a également pu récupérer ce qui reste du projet, donc probablement les configurations, les POCs, la documentation, les sondes livrées. Qu’est devenu tout ce matériel ? Voilà une question qui ne semble pas intéresser grand monde. Pour Qomos, l’argument massue étant que sans mises à jour des « protocoles » surveillés, il n’y a plus rien à en faire.

Un argument qui ne convainc pas tout le monde. D’une part, le Protobook, ou une partie du Protobook (qui regroupe le détail des protocoles écoutés et comment ils le sont) a peut être été livré et conservé sur place. Il n’est pas impossible de le faire évoluer, avec les bonnes personnes sous la main. D’autre part, certains « protocoles » sont plus figés que d’autres. Le temps n’altère pas la capacité à les écouter. Enfin, la Syrie, ou l’Iran, ont les moyens techniques, en tant qu’Etats, d’aligner des développeurs qui poursuivront le travail. La migration fantôme des armes développées par des Etats dits démocratiques, avec un soutien actif des autorités et souvent des services de renseignement, est donc un point crucial. Encore une fois, aucune frontière, aucun embargo, aucune loi, aucun arrangement de Wassenaar ne les arrêtera.

Radio Reflets #5 : le terrorisme…

mardi 27 janvier 2015 à 02:09

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#RadioReflets5 - mardi 27 janvier 2015.

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Le thème :

Pour sa cinquième émission de radio, Reflets va tenter d’analyser le phénomène du terrorisme. Nous avions annoncé ce thème au cours de Radio Reflets #4, avant les événements de janvier à la rédaction de Charlie Hebdo, de Montrouge et du supermarché casher. Un peu de temps s’est écoulé après cette tragédie. Nous essayerons d’explorer cette thématique avec le plus de recul possible.

L’invité : Laurent Bonelli : maître de conférences en science politique à l’université Paris X Nanterre et rattaché à l’institut des sciences sociales du politique (ISP). Il est spécialisé dans les questions de sécurité urbaine, de surveillance et de lutte contre le terrorisme. Il est corédacteur en chef de la revue Cultures & Conflits et membre de l’équipe éditoriale de la revue International Political Sociology (Blackwell). Il participe également au réseau scientifique TERRA (Travaux, Études, Recherches sur les Réfugiés et l’Asile) et à la revue en ligne Asylon(s). Il intervient régulièrement comme expert dans les travaux sur la cohésion sociale du Conseil de l’Europe. Il participe également à la revue Cultures et Conflits. Animateurs : Drapher, Kitetoa Technique et programmation musicale : Epimae. Le flux audio est assuré par Tryphon Hashtag : #RadioReflets5 La date : le mardi 27 janvier 2015, de 17h30 à 18h30.

12 cigarettes (5)

lundi 26 janvier 2015 à 13:14

face

 

Partie 5 : hésitation

— « Il a créé l’univers ? Vous pouvez m’expliquer cette affirmation ? »

Elle vrilla ses yeux dans les siens. C’était le moment. Tout se jouait maintenant. Elle inspira lentement puis se jeta à l’eau :

— « Il a re-créé l’univers si vous voulez… avec le C-Quantum. Enfin, au départ c’était une reproduction. Parfaite. A l’identique. Un programme quantique qui débutait à l’origine sans aucune donnée quantique, sans rien. Puis le code se lançait, et ce que l’on nomme la lumière, la matière jaillissait dans les tréfonds de la machine. Il était possible de visionner cet univers, identique au nôtre. Et dans la machine, en quelques secondes, des équivalents de millions d’années se déroulaient, qui pouvaient être freinés, si on le désirait, ou se dérouler en accéléré. C’était tellement inconcevable, incroyable que tout le monde eut peur. Sauf lui. Ils lui ont dit d’arrêter la machine, de détruire le code. Il ne voulait pas… »

Le médecin pencha la tête :

— « L’univers dans une machine… je ne comprends pas bien ce que cela signifie, ni ce qu’il y a de si effrayant. C’était en fin de compte un monde virtuel, une reproduction de notre monde, mais en informatique. Ca n’a rien d’extraordinaire, bien que ce soit original et surement révolutionnaire, parce qu’effectué avec ce fameux calculateur quantique, mais…. »

La femme eut une moue amusée.

— « Vous ne saisissez pas bien ce que les scientifiques ont compris avec cette démonstration. Ce n’était pas un jeu qu’il avait codé. Il avait démontré… — Elle fit une pause — Il avait démontré… que nous étions dans un programme informatique. Que l’univers n’était rien d’autre qu’un code quantique. Et ce code, il l’avait recréé. »

Le médecin fronça les sourcils. Il pensa aux 12 cigarettes. Au boitier d’argent. Au fumeur de la salle 42. A cette femme. A son rôle à lui. Sa fonction. Ses responsabilités. A ce lieu. S’il appuyait, la sécurité serait là en moins de deux minutes et la femme serait arrêtée, désactivée. Il hésita. Il avait envie d’en savoir plus. Il lui répondit le plus tranquillement possible.

— « Il aurait donc démontré que nous sommes le produit d’un programme d’informatique quantique ? En recréant le programme, si je vous suis bien, qui serait la structure de notre univers ? Et cette découverte l’a mené ici ? Pourquoi, d’après vous est-il ici ? »

— « Parce qu’il a refusé de s’arrêter. Parce qu’il est allé plus loin. Sans que personne ne le sache. Et parce qu’il est impérieux que je puisse justement avoir accès à lui. Pour qu’il change le code. »

Le médecin tapota rapidement : « paranoïa, délires obsessionnels, psychose ? »

— « Je vois. Vous voulez qu’il change le code ? Quel code ? »

— « Vous vous en doutez, docteur, non ? »

Le médecin déglutit. Un tremblement incontrôlé s’était emparé de sa jambe. Il n’avait pas le choix. Il allait devoir passer en niveau 2. C’était certainement un événement aléatoire imprévisible. On l’avait prévenu de cette possibilité : ce genre de choses étaient possibles. Et lui, ne s’était pas méfié depuis le début. Il s’en voulut. Immanquablement.

(Vous pourrez retrouver la suite et l’intégralité de cette nouvelle ainsi que d’autres, prochainement, au format ebook et à la vente sur Reflets)

Syriza : oligarchic test ON

lundi 26 janvier 2015 à 12:07

syriza-bayraklar

Ils avaient peur, maintenant ils sont effrayés, c’est une catastrophe ! Les rouges de Syriza ont gagné les élections législatives anticipées en Grèce ! Terrible ! Le séisme anti-europe débute en Grèce, tout va s’écrouler, on est foutus. Imaginez quand même que les gens, là-bas, avec leur bulletin de vote, ont viré les partis à la solde de la Troïka. Ces partis qui pratiquaient depuis 6 ans la même politique libérale commandée depuis Bruxelles et qui a mis à genoux le pays. C’est grave. Très grave. Pourquoi ? Parce que ce sont des gens de la gauche « radicale », Syriza. Et dans gauche radicale, il y a « radicale ». Houlala.

La gauche est radicale quand elle n’est pas à droite

C’est un peu ça qui est drôle dans l’histoire de l’élection de Syriza : ce parti n’est pas considéré comme un parti de gauche, mais comme un parti de gauche radicale. Ce qui voudrait dire que les partis-sociaux démocrates européens, qui poussent en permanence à la politique libérale que veut la droite européenne, seraient à gauche, mais seulement à gauche et « pas radicaux ». Etrange détournement sémantique que de faire de partis de droite déclarés à gauche des partis de gauche, alors qu’ils font la politique des partis de droite. Mais le fond de l’affaire n’est pas là. Ce qui est bien avec la presque majorité (à deux sièges près) de Syriza, c’est que la politique qu’ils comptent mener est quasiment la politique proposée par les partis sociaux-démocrates du type le « Parti socialiste français » ! Mais avant d’être élus. Parce qu’une fois élus, les socialistes français n’étaient plus de « gauche » (radicale ou non) : ils ne voulaient plus de transformation sociale, plus de renégociation du traité sur la convergence (le machin qui détermine l’austérité obligatoire), plus de régulation forte de la finance, etc…

Syriza : un gros test pour l’oligarchie

En réalité, si Syriza tient ses promesses (qui ne sont pas de sortir de l’UE ou de l’euro), c’est la mise en cause des politiques voulues par l’oligarchie européenne, qui se profile. Si le peuple grec, son économie, vont mieux — avec une politique sociale, de redistribution des richesses, une lutte contre la corruption réelle, un arrêt de l’austérité — l’oligarchie sera démasquée. Discréditée. Un petit pays, représentant 2% de l’économie européenne, ayant été écroulé par les politiques droitières, anti-sociales du FMI, de la Commission européenne, de la BCE et des dirigeants des plus grosse économies du continent, pourrait démontrer qu’en pratiquant une politique de gauche, la sortie de crise est possible. Le redressement économique, social,  d’un pays de la zone euro, serait alors une démonstration. De l’escroquerie des actions politiques de réduction budgétaires, des politiques d’austérité, mais aussi des dirigeants qui les ont soutenues. Comment vont-ils faire, nos dirigeants, pour continuer à faire passer la pilule de la rigueur qui n’a aucun effet positif, si la Grèce démontre qu’en faisant l’inverse, ça fonctionne ?

Hollande, tu le sens le virage ?

Flanby est très emmerdé. S’il s’effraye de l’arrivée de Syriza au pouvoir, il fait le jeu de la droite et passe pour un pur escroc. S’il applaudit, il passe pour un imbécile, puisque la politique que veut mener Syriza est celle contre laquelle il lutte. Il doit attendre. Et croiser les doigts pour que ça ne marche pas en Grèce. Que ce soit pire qu’avant. Mais il aura des aides, Hollande, pour faire chuter la Grèce : les marchés financiers, en premier lieu. Et des pressions de la Commission aussi. Pourvu que le virage grec ne soit pas une réussite. Sinon, c’est toute l’oligarchie qui va se retrouver à poil devant les populations. « Eh bé alors, vous nous avez pourtant dit que la seule solution valable c’était l’austérité, et le réformes du marché du travail, des retraites, du chômage, et là, ils font l’inverse, et ça fonctionne mieux, et chez nous c’est pire ? Non, mais ho, hé, ça va mal aller, hein ! C’est quoi ce truc ? Pourquoi que vous nous avez mentis, hein ? » viendra dire le bon peuple, c’est-à-dire nous. Pour la plupart, en tout cas. Enfin, espérons-le.

Bref. Tout ça est amusant. Sauf qu’évidemment, en embuscade, devinez qui est là ? Les « bas du front », qui soutiennent… Syriza ! Le comble. Mais bon, on sait que le rateau est large chez eux désormais. Très large. En France, on n’est de toute façon pas assez mal en point pour avoir envie d’essayer une politique de gauche de type Syriza. Ce serait trop risqué pour nos actions en bourse, nos bien immobiliers, nos cooptations, copinages, avantages, et autres privilèges — bien répartis dans une part non négligeable de la population. A moins que l’exemple grec, suivi d’un exemple espagnol ne réveille quelque chose ici ?

A voir…