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La Syrie ne ping plus

vendredi 30 novembre 2012 à 12:12

Depuis maintenant 24 heures, la Syrie est totalement déconnectée d’Internet. L’alarmisme ne doit pas forcément être de mise. À l’heure actuelle, les spéculations sur la raison de cette coupure vont bon train. Le régime accuse « des terroristes qui auraient coupé un câble » alors que la presse internationale semble s’accorder sur la thèse d’une action du pouvoir syrien. Si le régime était bien derrière cette coupure, alors, nous aurions de très sérieuses raisons de redouter une offensive importante et meurtrière. Mais une troisième thèse est avancée, celle de la destruction des terminaisons téléphoniques et Internet qui assurent la connectivité de tout le pays via le Syrian Telecom Establishment (le FAI des FAI syriens).

Le réseau ultra centralisé syrien pourrait avoir été victime d’une destruction d’équipements suite à des combats proches de la zone de l’aéroport, zone dans laquelle ces équipements de la STE seraient justement localisés. Ces installations abritaient autant les terminaisons des lignes ADSL que les équipements  assurant la téléphonie filaire, une architecture « à l’iranienne » comme le souligne dans un tweet le professeur Kavé Salamatian 

Cette thèse nous semble parfaitement cohérente car outre le fait que l’aéroport a été fermé à toute circulation et qu’il semble bien que de violents combats s’y soient hier déroulés, nous pouvons également comparer aujourd’hui cette coupure spectaculaire avec celle que nous avions observée en Égypte. Le président Mubarak avait alors ordonné à tous les fournisseurs d’accès Internet de supprimer les routes BGP qui assurent la connectivité entre les différents systèmes autonomes et assurent ainsi leur connectivité au reste du monde.

La principale différence entre les blackouts syriens et Egyptiens que nous pouvons aujourd’hui observer, c’est que les infrastructures « vitales », comme les marchés boursiers et les banques avaient été épargnés pendant le blackout égyptien. Ce n’est pas le cas en Syrie où l’on constate par exemple que le Damascus Stocks Exchange est, lui aussi, down : http://www.dse.sy/

Suivre l’évolution de l’état du réseau syrien:

 

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Doha et Arte : Hummmmm comme c’est beau à voir tout ça…

mercredi 28 novembre 2012 à 20:05

Ah, oui, c’est vraiment magnifique, splendide, superbe : du grand journalisme. Regardez cette vidéo, à partir de 11:39 (rien ne vous empêche de regarder le premier sujet, bien entendu), et faites-vous une idée. Ecoutez attentivement, observez les attitudes des débatteurs, des journalistes, de l’orientation, des images qui se glissent au milieu du sujet. Des temps de parole aussi. Un grand moment de télé. Vraiment. Mais tout ça mérite peut-être que le pauvre mathématicien, invité sur ce plateau, ait un droit de réponse un peu plus conséquent, parce que là, très franchement, c’est limite pour lui. Reflets va s’empresser de pallier la chose : Benoît Rittaud a le droit de s’exprimer, mais ailleurs que dans une mascarade politicienne, propagandiste et médiatique en diable. Ce qu’a été cette émission…

Bon visionnage…


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Extrême-droite et droite extrême

mercredi 28 novembre 2012 à 18:52

Remettons-en une couche… Tous les commentateurs sont épuisés. Des jours que cela dure. Copé, Fillon, l’UMP qui n’en finit pas d’exploser… Et tous ceux qui ont une fibre républicaine de regretter l’arrivée à la tête du parti de droite de Copé, représentant supposé de la droite extrême alors que Fillon serait plutôt le représentant d’une droite sociale, de type gaulliste. Oui, mais non. François Fillon a été l’artisan d’une politique pendant cinq ans qui a montré son vrai visage. Nicolas Sarkozy ne se cachait pas, il se disait « décomplexé« . C’est dire s’il était en accord avec ses propres idées et celles de M. Buisson, ancien d’extrême droite, comme Alain Madelin, Patrick Devedjian, Claude Goasguen, Alain Robert, des ministres du gouvernement Fillon ou membres de l’UMP.

Le ministère de l’identité nationale, les tests ADN pour le regroupement familial, la circulaire anti-roms, on en passe, c’est une politique déployée et appliquée par François Fillon et qui n’a rien à envier à celle des pains au chocolat de Jean-François Copé.

Pour bien comprendre ce qu’il y a dans la tête de la droite d’aujourd’hui, qu’elle soit tendance Copé, tendance Fillon ou tendance Sarkozy, il suffit de suivre des comptes Twitter qui font peur.

Ça donne des trucs étrangement similaires, comme ceci :

Et cela :

Une pensée franchement émue et attristée pour tous les gens de droite qui ne se reconnaissent pas dans ces valeurs. Ils sont orphelins.

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Dis-donc Kitetoa, tu ne serais pas un peu mégalo, toussa, toussa ?

mercredi 28 novembre 2012 à 18:51

Un lecteur m’a interpelé à propos du papier sur l’Express qui a vu le chasseur qui a vu l’ours qui a vu les Américains. Selon lui, à juste titre peut-être, de la lecture de l’article, je regretterais que des journalistes viennent « empiéter » sur ce que je considèrerais comme une sorte de pré carré (dans le cas précis, la cyberguerre). D’autres, y compris Emmanuel Paquette, co-auteur du dossier de l’Express s’insurgent : je serais persuadé d’avoir raison et d’être le seul à détenir LA vérité. Un peu mégalo, un peu imbu de sa suffisance, quoi…

Me voilà habillé pour l’hiver. Je voulais initialement poster un commentaire sous l’article visé, mais finalement j’écris ces quelques lignes de clarification ici, dans la rubrique « On s’en fout« .

Depuis 1997, je publie des tonnes d’articles sur ces sujets. La sécurité informatique (personnellement, je dirais plutôt l’insécurité informatique), la cyber guéguerre, etc. Mes articles sont librement reproductibles (ce que l’on appelle aujourd’hui CC). Le roman que j’ai écrit sur la cyber guéguerre, librement téléchageable, est même modifiable à loisir, c’est dire si je suis attaché à mes écrits…

J’ai toujours essayé de vulgariser, de partager le savoir, mon côté hackeur (de pizzas) sans doute.

C’est aussi très logique.

Si je pense pouvoir partager un savoir, c’est qu’il me vient de quelque part. Il me vient de ceux que je considère comme la crème des hackers, qui ont eu la patience et la gentillesse de partager leur propre savoir avec moi pendant des années.

Je leur dois d’avoir vu des choses que personne d’autre ne verra (non, je ne suis pas mégalo). Des choses qui défient l’imagination. De quoi générer des articles franchement alarmistes sur les risques informatiques. Ce que je n’ai jamais fait, je crois. Je leur dois de comprendre certaines choses techniques (dans des limites très étroites avouons-le, mais au delà de celles de certains journalistes). Ce savoir reçu et mon âge avancé (en temps Internet) m’apportent une vision assez panoramique et historique qui m’aident à relativiser certaines informations, à les replacer dans un contexte.

Ce qui m’a été donné, je me dois de le rendre, de le partager à nouveau, avec d’autres. C’est le sens de mes articles. C’est aussi ce qui m’a poussé à toujours répondre présent lorsque l’on m’interrogeait sur ces sujets. Que ce soit dans des conférences, dans des universités, dans des écoles de journalisme, ou lorsque des confrères journalistes me le demandaient. Je me souviens d’avoir montré sur mon écran les techniques utilisées pour les articles de la rubrique « Le monde fou, fou, fou des admins » de Kitetoa.com à un confrère de Libération en 2000. C’était, pour moi, normal et logique puisqu’il en avait fait la demande. Dès lors, rien ne l’empêchait d’utiliser ces techniques et de faire le même genre d’articles s’il le souhaitait.

Alors, que des journalistes se mettent à écrire sur ces sujets, cela me parait évidemment une bonne chose. Plus on est de fous, plus on rit et plus le public est averti de la réalité des choses. En revanche, que des journalistes, ou pas, écrivent des choses abracadabrantesques sur les sujets en question (mais c’est valable aussi pour les autres sujets que je connais un peu, comme l’économie ou la politique), cela m’énerve. Cela m’énerve pour leurs lecteurs qui sont trompés, cela m’énerve pour la presse qui se discrédite auprès de son public, cela m’attriste pour eux. Le sensationnalisme n’a jamais été ma tasse de thé.

Rien de plus.

 

 

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La Grèce est sauvée et l’europe avec !

mercredi 28 novembre 2012 à 12:20

Si vous avez lu l’éditorial du Monde après la décision des ministres des finances européens, vous savez que la Grèce est sauvée, au prix d’un « bricolage intelligent« , et l’Europe avec elle. Si, si. On parle de désamour du public pour la presse, ce dont Reflets se désespère, mais il faut l’avouer, les journalistes, parfois, donnent l’impression de vivre dans une autre réalité. D’où peut-être cette déconnexion avec leur lectorat. Combien de sommets européens de la dernière chance depuis le début de la crise de la dette souveraine ? Combien d’engagements jamais tenus ? Trois ans de sauvetage de la Grèce qui ne l’est finalement jamais… Et pourtant, à chaque nouvelle annonce, il reste des commentateurs pour se féliciter d’accords de pure forme, totalement biaisés car aux antipodes des possibles et de la réalité macro-économique.

Il y avait pourtant un indice qui aurait dû mettre la puce à l’oreille à l’éditorialiste du Monde : Christine Lagarde s’est félicitéede cette décision qui, selon elle, permettra à la Grèce de se remettre « sur la voie d’une dette viable« . On en reparlera lors du prochain sommet de la dernière chance. Christine Laboulette Lagarde est spécialiste des déclarations improbables de ce type. C’est un indicateur inversé de la réalité macro-économique…

“I welcome the initiatives agreed today by the Eurogroup aimed at further supporting Greece’s economic reform program and making a substantial contribution to the sustainability of its debt. This builds on the significant efforts by the Greek government to carry forward its fiscal and structural reform agenda.

(…)

“Taken together, these measures will help to bring back Greece’s debt ratio to a sustainable path and facilitate a gradual return to market financing. The debt ratio is expected to decrease to 124 percent of GDP by 2020 through significant upfront debt reduction measures of 20 percent of GDP. In addition, I welcome the commitment by European partners to bring back Greece’s debt to substantially below 110 percent of GDP by 2022, conditional on full implementation of the program by Greece. This represents a major debt reduction for Greece relative to its current debt trajectory.

Pour ceux qui n’ont pas lu l’éditorial du Monde, le voici :

Du côté des économistes, on est nettement moins optimistes.

Grant Williams explique par exemple que la cata économique est en train de se propager aux pays qui constituent le coeur de l’Europe, notamment l’Allemagne, les Pays-Bas et… la France. Notre pays a par ailleurs enregistré un nouveau bond impressionnant du nombre de chômeurs en octobre.

En tenant compte des personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi a progressé de 1,6%, soit 71.500 personnes de plus, pour atteindre 4.587.000 (+9,4% sur un an). Avec les départements d’Outre-mer, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B et C est de 4.870.800. Il s’agit d’un niveau inégalé et de la dix-huitième hausse mensuelle consécutive.

Mais revenons à Grant Williams :

The eurozone economy continued to deteriorate at an alarming pace in November, and is entrenched in the steepest downturn since mid-2009. Officially, the region saw only a very modest slide back into recession in the third quarter, with GDP falling by a mere 0.1%, but the PMI suggests that the downturn is set to gather pace significantly in the fourth quarter. The final three months of the year could see GDP fall by as much as 0.5%.

While it is reassuring to have seen signs of stabilisation in some survey indicators, the overall rate of decline remains severe and has spread to encompass Germany, suggesting the situation could deteriorate further in the coming months. With jobs being cut at the second-fastest rate since January 2010 and expectations for the year ahead in the services sector slumping to the lowest since March 2009, firms have clearly become increasingly anxious about the economic outlook and are seeking to control costs as much as possible. All this suggests that any swift return to growth is unlikely.

There isn’t much new here, this is the same dynamic I have been commenting on for well over a year now. In recent weeks it has become all too obvious that economic weakness has now got a firm grip on « the core » of the EZ with the downgrade of France and the acceleration of a downturn in the Netherlands. Germany too is slowly weakening as the PMI report shows.

So no surprises here, and we continue to travel along the path of expected outcomes.

Attempts at internal devaluation across Southern Europe are crushing aggregate demand in those countries, this is flowing back into the « core » via the tradeable sectors, lowering manufacturing production and output, which is in turn pulling down the service sectors of those countries. External surpluses require a counterparty external deficit, and, as I’ve explained many times before, when you’re all each other’s trade partners and are all trying the same trick, it simply becomes a race to the bottom.

(…)

The current political convulsions over Greece show the European leadership are once again losing their grasp on the situation with politically sanitised « kick the can » solutions up for offer while they hope for god-knows-what to occur to dig them out of the hole they’ve all dug themselves. Previously this type of failure would inevitably be met with another round of emergency action from the ECB, but with the OMT in place, Draghi looks to be at his limits.

That all being the case, 2013 is certainly looking extremely risky in terms of political and social stability in many nations because, as you can see from the data, this just ain’t getting any better.

D’après-vous, une analyse de ce genre, c’est un signe que les choses s’améliorent ? Que la Grèce est sortie d’affaire ?

Le dernier accord sur la Grèce permet de gagner encore un peu de temps. Tout le monde ferme les yeux sur la réalité des choses et personne ne verbalise la profondeur abyssale de la crise et l’horreur de la chaîne de Ponzi qui est mise en place. Car si cela est verbalisé, tout s’écroule. Tant que l’on ne définit pas la réalité, on peut continuer de croire qu’elle est autre. Pourtant l’issue est connue.

A force de créer du « faux argent », on court à l’explosion ultime.

Les pays s’endettent à des taux élevés auprès de leurs banques nationales qui pour leur part se financent auprès de la banque centrale européenne à des taux faibles. Et lorsque les banques sont en état de quasi faillite, les états les sauvent avec de l’argent public, de l’argent venu d’Europe et/ou du FMI. Personne ne voit ce qui cloche ? Même pas les journalistes du Monde ? Quelqu’un s’est demandé ce que le dernier haircut annoncé va représenter pour les comptes des banques grecques ? D’où viendra l’argent pour les re-re-re-re-sauver ? On en est qu’au troisième sauvetage de la Grèce, vivement le quatrième. Qui ne maquera pas d’arriver, comme l’indiquent les analystes de la Société Générale :

At this stage, we have yet to see the detailed numbers behind the new agreement, but are encouraged that the measures announced mark an additional step in the right direction. Our concern remains that this will not suffice to make Greek public finances sustainable and allow Greece to return to market financing in 2017. The potential for shortfalls on implementation of austerity and structural reform are one risk, but our real concern is economic growth. To date, weaker-than-expected growth outcomes explain a 37% of GDP debt overshoot. Consequently, while this plan should buy time up to the German election in the autumn of 2013, we expect additional measures to help Greek debt sustainability will be required beyond this date.

It was encouraging in this context to see the door left open at the press conference for further measures once Greece reaches a primary surplus. Also under review is the possibility to lower the Greek financing share of European structural funds. This latter measure could be a positive for growth in unlocking funds for different measures. In our opinion, something more substantial will be required, with official sector debt forgiveness a very real, but politically challenging, possibility.

Pendant que Le Monde se félicite, que Christine Laboulette Lagarde crie victoire, que les Européens se félicitent d’avoir sauvé la Grèce une nouvelle fois, la réalité est toute autre. Le Financial Times Deutscheland explique tranquillement, mais tout seul, que le vice-ministre allemand des finances, Thomas Steffen, conduit un groupe de réflexion sur la sortie de la Grèce de la zone euro.

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