PROJET AUTOBLOG


Reflets.info

source: Reflets.info

⇐ retour index

Altice, le conte défait

dimanche 6 août 2023 à 16:31

Quand Patrick Drahi décrivait avec ses mots la chute possible de son groupe

Lors d'une émission de dette en 2021, le groupe listait les risques auxquels les futurs investisseurs allaient faire face. Etrangement, c'est exactement ce qui se profile aujourd'hui.

Extrait d'un des documents du projet "Bogosian" - © Reflets

Le groupe Altice a listé lui-même les conditions qui pourraient déclencher le feu nucléaire de la finance. En août 2021 Altice International émettait de la dette remboursable en 2029. Quelque 2,625 milliards en euros et en dollars. Au sein du groupe, ce projet est baptisé « Bogosian ». Dans un « Offering Memorandum » - un document de 662 pages - Altice décrit son offre aux investisseurs.

C'est barbant comme un document légal financier, mais intéressant pour comprendre comment le groupe qualifie lui-même le risque d'un investissement dans ses titres.

Nous vous parlions il y a quelques jours du « Système » et le la possibilité que Patrick Drahi soit lâché par ses créanciers, en période de hausse des taux, ce qui augmente considérablement les remboursements attendus de la part d'Altice, mais aussi au regard de l'enquête portugaise qui menace de s'étendre à d'autres pays.

Les investisseurs pourraient en venir à préférer un capitaine d'industrie ayant un vrai plan entrepreneurial.

La politique de prédation totale mise en lumière par l'enquête portugaise n'est en effet pas très engageante.

Bien qu'il s'agisse d'une précaution légale, la façon dont Patrick Drahi et ses troupes décrivent les risques liés à l'investissement dans la dette émise, conforte cette idée d'un débarquement du timonier. Il y a là comme une sorte de prescience.

C'est à la page 30 que démarre le descriptif des « ...

Altice : Patrick Drahi est-il lâché par le système ?

jeudi 3 août 2023 à 09:31

Il y a des précédents, même pour des hommes d'un tel pouvoir

Patrick Drahi, comme d'autres hommes d'affaires, est un rouage nécessaire du capitalisme. Ils font « circuler » les liquidités. Mais en période difficile, de remontée des taux, la tempête probable qui se profile peut pousser les créanciers à vouloir imposer d'autres timoniers.

Comment payer moins d'impôts en faisant son marché sur la planète ? Atoz a la réponse... - © Reflets

Le bel empire que voilà : Altice, un méga-groupe, présent partout dans le monde et dans des secteurs économiques très variés, de la téléphonie à la presse en passant par la télévision et même une compagnie d'aviation pour jets privés. Mais cet empire a des pieds d'argile. Il s'est construit sur de la dette. Près de 70 milliards. Une paille. Si Patrick Drahi a beau être propriétaire du groupe, cette propriété ne repose que sur la capacité de ses entreprises à rembourser la dette. Tant que les taux sont bas, c'est facile. Il suffit de se « refinancer ». En clair, de réemprunter. En période de remontée des taux, comme c'est nettement le cas actuellement, c'est beaucoup plus compliqué. La « charge » de la dette, c'est à dire ce qu'elle vous coûte chaque année explose. La nouvelle donne économique signe-t-elle la fin de l'empire Drahi ? Les réponses sont multiples. Mais la question qui se pose surtout, c'est de savoir si les pouvoirs, notamment financiers, qui se cachent derrière cette dette monumentale sont prêts à laisser les rênes du groupe à un homme dont tout le monde sait (depuis le début) qu'il a bien plus une politique de prédation vis-à-vis des entreprises entrant dans son groupe, plutôt qu'une attitude entrepreneuriale. Le début de dénouement de l'enquête au Portugal marque-t-il une forme de prélude à la chute du milliardaire ? Il y a des précédents.

Flash-back : en 1994, Mario Conde, un banquier...

Patrick Drahi ne pouvait tout ignorer des magouilles de son bras droit

lundi 31 juillet 2023 à 15:00

La justice portugaise met son nez dans les affaires du milliardaire

Portugal : la justice a arrêté le bras droit de Patrick Drahi, Armando Pereira. Elle le soupçonne de multiples délits financiers. Altice se dit victime des mauvais comportements de son numéro 2, mais Patrick Drahi ignorait-il vraiment tout ?

Armando Pereira, l'ami de toujours - © Caroline Varon

Après plusieurs années d’enquête sur le groupe Altice, la justice portugaise a déclenché le 13 juillet dernier l’opération « Picoas ». Dès le premier jour, le Portugal frappe un grand coup en plaçant en détention provisoire le bras droit de Patrick Drahi, Armando Pereira. L’homme est une star du monde des affaires qui a minutieusement construit sa légende : à peine adolescent, il aurait quitté le Portugal et la misère, avec en tout et pour tout deux pantalons, deux chemises et l’équivalent de 600 euros. C’est en France, aux côtés de Patrick Drahi, qu’il a bâti sa fortune. Il pèserait aujourd’hui près de deux milliards d’euros.

Mais le voilà mis en examen et assigné à résidence dans le cadre d’une affaire portant sur onze délits de corruption et de blanchiment d’argent. Panique au sein du groupe Altice, propriétaire notamment de SFR et BFM qui craint, évidemment, une propagation de l’affaire dans d’autres pays. Car la justice, française notamment, pourrait bien être tentée de passer au peigne fin les méthodes internes. Contacté par Reflets, StreetPress et Blast, le Parquet National Financier a indiqué qu’il ne souhaitait « pas communiquer à ce stade ». Une procédure pourrait-elle être bientôt déclenchée en France ? Patrick Drahi peut-il être touché par l’onde de choc ? Avait-il connaissance des méthodes que la justice portugaise reproche à son ami et bras droit ? Ou plutôt pouvait-il vraiment les ignorer ? Armando Pereira est l’homme avec qui Patrick Drahi a créé Altice en...

Raconter la police

vendredi 28 juillet 2023 à 12:16

Dessous Choc #13

Mikael Corre évoque au micro d’Antoine Bellier son immersion au commissariat de Roubaix. Au plus près du quotidien des policiers, il évite, à travers la description de faits et de situations concrètes, le double écueil de l’idéalisation ou de la stigmatisation d’une profession actuellement en plein questionnement, tant de la part des citoyens que des policiers eux-mêmes.

Le Central, publié chez Bayard - D.R.
Le Central, publié chez Bayard - D.R.
Le sujet des violences policières qui s’invite à nouveau en ce moment dans le débat public intéresse depuis des années le journaliste Mikael Corre. Il y avait consacré un article paru en 2019 dans l’hebdomadaire pour lequel il travaille, La Croix L’Hebdo, sous le titre : « Violences, bavures, des policiers racontent ». Il avait alors longuement interviewé des policiers de Mulhouse sur les situations limites auxquelles ils étaient confrontés pour tenter de comprendre ­- non pas de minimiser encore moins d’excuser -, les raisons pour lesquelles un agent des forces de l’ordre peut un jour basculer dans la violence.

L’article n’avait pas été bien reçu par les policiers qui ont regretté que le journaliste n’évoque pas davantage leur quotidien. Au-delà des fantasmes et des clichés agités par les extrêmes sur le monde de la police, Mikael Corre a donc décidé de rendre compte, au plus près du terrain, ce qu’elle vit. Cela a donné lieu à un long reportage « Au commissariat : un an au cœur de la police », puis au récit Le Central, publié dernièrement aux éditions Bayard. Le journaliste décrit la vie du commissariat de Roubaix, où il a passé de longs mois en immersion : « Je veux comprendre ce que c’est qu’être flic. Entrer dans leur tête. Raconter ce qui se passe, surtout quand il ne se passe rien, ou pas grand-chose. »

Le récit de Mikael Corre n’a pas pour objectif de se positionner pour ou contre la police ou de livrer de grandes théories sur cette dernière, mais de nous faire entr’apercevoir la complexité et les limites d’une institution, qui, qu’on le veuille ou non, est constitutive de notre État de droit. Entre gardes à vues, paperasses et contrôles, dans un quotidien, peut-être plus banal qu’on aurait imaginé, le journaliste, sans biais idéologique, prend le pouls du rapport aujourd’hui fortement questionné entre la police et les citoyens.

Les bonnes affaires immobilières de Dior dans le 8e arrondissement, à Paris

mercredi 12 juillet 2023 à 09:45

On ne dit pas merci au patron...

L'ancien propriétaire d’un appartement de l'avenue Montaigne, acheté par Dior, a déposé plainte pour «entrave à la liberté des enchères ». Il dénonce des conditions de vente truquées et de l’intimidation de la part de la marque de luxe.

Un clin d'oeil que doit apprécier le patron de LVMH... - D.R.

Il y a des remous derrière les belles façades de l’avenue Montaigne, dans la capitale. Cédric L., ancien propriétaire d’un appartement du coin acheté aux enchères par Dior, dénonce des conditions de vente truquées et de l’intimidation de la part de la marque de luxe. Il a déposé une plainte pour « entrave à la liberté des enchères » qui a été rejetée. Décision dont il a fait appel, en avril dernier.

L’histoire commence en 2013, lorsque Cédric L. achète un appartement de 64 mètres carrés, au 28 avenue Montaigne. Le logement, situé au premier étage, est en plein cœur du territoire Dior. A droite, une boutique « Dior enfant », à gauche le siège social de la marque et juste en-dessous, une boutique « Dior maison ». En 2014, Cédric L. décide de rendre son bien commercialisable. Pour cela, il achète une compensation au bailleur social Elogie Siemp. En échange de quoi, celui-ci transforme des locaux commerciaux d’une surface équivalente, quelque part dans Paris, en habitations. Le changement d’usage est validé par la mairie.

Cependant, Cédric L. peine à rembourser son prêt immobilier et à régler l’achat de la compensation. En 2017, il se tourne vers Dior pour lui proposer de louer ou acheter l’appartement. C’est là qu’il est contacté par Bernard Squarcini, ancien directeur central du renseignement intérieur, aujourd’hui consultant pour le groupe LVMH dont Dior fait partie. Après avoir annoncé que « la réflexion [était] toujours en cours pour l’achat [du] local » , Squarcini ne...