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Gaz de schiste : une bulle ?

vendredi 11 octobre 2013 à 14:16

gasland

Voir l’eau du robinet s’enflammer au contact d’un briquet a de quoi doucher les plus optimistes quant à l’intérêt de l’exploitation des gaz de schiste. C’est, entre autres choses, ce que montrait le film Gasland . Tout spectateur armé d’une once de bon sens comprenait lors du visionnage de ce film qu’il était urgent de mettre un frein à l’exploitation de ce type d’énergie. Une préoccupation écologique toute simple. Si l’on veut conserver un environnement à peu près habitable, il faut interdire ces exploitations. A l’inverse, les pro gaz de schiste assurent que ce nouvel Eldorado créera des centaines de milliers d’emplois, apurera la dette des pays importateurs de pétrole et de gaz, mènera à l’autosuffisance énergétique, ramènera l’amour à ceux qui l’ont perdu, offrira la fortune à ceux qui s’y adonneraient… Bref, un vrai bonheur. En revanche, que l’on soit « pro » ou « anti » gaz de schiste, personne ou presque n’aborde la question qui fâche : ce type d’exploitation est-il rentable ? La France a choisi de ne pas autoriser l’exploitation des gaz de schiste et le Conseil Constitutionnel vient de le confirmer. Vient-elle de perdre des milliards d’euros de recettes, des milliers d’emplois, comment le martèlent les libéraux ? Pas si sûr. Dans une enquête sur ce sujet, votre serviteur avait expliqué l’année dernière chez nos amis d’Arrêt sur Images que l’exploitation des gaz de schiste ressemblait fort, de l’aveu même des exploitants, à une chaîne de Ponzi, bref, à une arnaque. Le tout risquant de se terminer par une explosion de bulle, façon bulle Internet de l’an 2000.

Plusieurs aspects montrent que l’exploitation des gaz de schiste sont un leurre économique.

Cette analyse se base sur les données américaines, ce pays étant en pointe dans l’exploitation.

Avec la surproduction engendrée par ces exploitations, les cours sont trop bas (ils n’ont pas bougé sur un an). Cette surproduction est par ailleurs quasiment impossible à exporter, le pays étant habitué jusqu’ici à importer, n’a pas les infrastructures nécessaires.

Mais surtout, les exploitations reposant sur la technique de fracturation sont plus coûteuses que celles permettant d’extraire du gaz de manière traditionnelle (nappes de gaz). Le cours du gaz naturel ne permet pas de les rentabiliser. Mieux, Les puits ont un rendement maximal durant les premières 24 heures, qui baisse fortement par la suite. Il faut alors recreuser. Pire, ils ont un temps de vie d’exploitation d’environ 3 à 5 ans contre près de 40 ans pour un puits classique.

Mais ce qui est véritablement intéressant à observer, c’est le nombre de plates-formes d’extraction. En 2008, au top d’une activité ayant démarré au début de ce siècle, on comptait 1600 plates-formes. En 2011, seulement 882. La semaine dernière, on n’en comptait plus que 359, soit une baisse de 14.5% sur un an.

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Plus rentables, les exploitations de pétrole sont encore épargnées. Même si elles baissent, c’est dans une moindre proportion.

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Passé plus ou moins inaperçu, une masse d’emails des acteurs de l’extraction de gaz de schiste a été publiée par le New York Times le 25 juin 2011. Leur analyse de leur secteur est confondante.

Il est d’autant plus étrange que les anti gaz de schiste ne se soient pas saisis de cette pluie d’informations que ces emails sont une preuve irréfutable du non intérêt économique de cette prospection.

Voici ce qu’indiquait le quotidien américain en introduction à ces documents (suivez les liens pour lire les emails):

Natural gas companies have been placing enormous bets on the wells they are drilling, saying they will deliver big profits and provide a vast new source of energy for the United States.

But the gas may not be as easy and cheap to extract from shale formations deep underground as the companies are saying, according to hundreds of industry e-mails and internal documents and an analysis of data from thousands of wells.

In the e-mails, energy executives, industry lawyers, state geologists and market analysts voice skepticism about lofty forecasts and question whether companies are intentionally, and even illegally, overstating the productivity of their wells and the size of their reserves. Many of these e-mails also suggest a view that is in stark contrast to more bullish public comments made by the industry, in much the same way that insiders have raised doubts about previous financial bubbles.

“Money is pouring in” from investors even though shale gas is “inherently unprofitable,” an analyst from PNC Wealth Management, an investment company,  wrote to a contractor in a February e-mail. “Reminds you of dot-coms.”

“The word in the world of independents is that the shale plays are just giant Ponzi schemes and the economics just do not work,” an analyst from IHS Drilling Data, an energy research company,  wrote in an e-mail on Aug. 28, 2009.

Company data for more than 10,000 wells in three major shale gas formations raise further questions about the industry’s prospects. There is undoubtedly a vast amount of gas in the formations. The question remains how affordably it can be extracted.

The data show that while there are some very active wells, they are often surrounded by vast zones of less-productive wells that in some cases cost more to drill and operate than the gas they produce is worth. Also, the amount of gas produced by many of the successful wells is falling much faster than initially predicted by energy companies, making it more difficult for them to turn a profit over the long run.

If the industry does not live up to expectations, the impact will be felt widely. Federal and state lawmakers are considering drastically increasing subsidies for the natural gas business in the hope that it will provide low-cost energy for decades to come.

Chaîne de Ponzi, bulle financière, les acteurs du secteurs parlent ouvertement de la non-rentabilité de leur activité. Cette problématique n’est jamais évoquée lorsque les pro exploitation de gaz de schiste sont interrogés dans la presse.

Dommage, ce serait intéressant.

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Non mais c’est quoi ces blogueurs qui critiquent les journalistes ?

jeudi 10 octobre 2013 à 20:05

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Le dernier article de Reflets sur les journaux qui bâtonnent ou tout simplement copient/collent des dépêches d’agences fait couler de l’encre sur Twitter. Or, 140 caractères pour répondre aux critiques, c’est un peu court. La discussion entamée sur Twitter réunissait initialement @VCquz , @Citizen_Sam et @alberror. Le premier travaillant, si j’ai bien compris chez Arrêt sur Images, le deuxième, est « rédacteur en chef du délire« , le troisième travaille à ZDNet. Tous trois, donc, journalistes. Leur argumentaire est grosso-modo le suivant. Reflets est légitime quand il parle de Deep Packet Inspection (et encore, il manque, paraît-il, des preuves de ce que l’on écrit) mais pas du tout lorsqu’il parle de journalisme.

Dire que les groupes de presse produisent des articles de qualité médiocre, copient/collent des dépêches à longueur de journée pour essayer d’avoir l’air de produire quelque chose sur le Web, dire qu’ils sont désormais détenus par des industriels qui n’en attendent rien d’autre qu’une rentabilité à deux chiffres, que ces industriels ne savent pas ce que c’est que la presse, qu’ils réduisent les coûts là où ils ne devraient pas le faire, dire que les journalistes n’ont plus les moyens de travailler correctement, tout ça, c’est mal. Pourquoi ? Parce que l’on réduit ce qui est dit à : « vous n’aimez pas les journalistes« .

Triste constat pour quelqu’un qui a 25 ans de journalisme dans les pattes. Ne pas aimer son métier ? Ce serait dommage d’avoir passé tant de temps à écrire…

Reprenons.

Nous aimons les journalistes. Nous leur souhaitons de pouvoir continuer (à l’avenir) de nous informer, de nous émerveiller, de nous éclairer. Ils sont nombreux à le faire. Le problème tient plus aux dirigeants des groupes de presse qui leur mettent des bâtons dans les roues/stylos, en permanence. Les sites Web comme réponse au déclin du papier sont devenus des machines à copier/coller des dépêches, les forçats du desk dans lesdits journaux sont les esclaves modernes du journalisme, payés au lance pierre avec des horaires indécents. La plupart du temps…

Arrêt sur Images ou Acrimed se font régulièrement l’écho des dérives d’une presse qui cherche le clic comme l’alchimiste la pierre philosophale. A tel point qu’elle multiplie les titres putassier au détriment du contenu, pour attirer le cliqueur. Ce n’est pas le journalisme qui me motive et ce n’est sans doute pas le journalisme qui motive les journalistes qui sont forcés de produire ces articles.

Le métier du journaliste, c’est aussi, pour certains, travailler sur dépêches. Ce n’est pas honteux. En revanche, enrichir une dépêche devrait être un réflexe naturel. Il semble incongru au pauvre et humble simple blogueur que je suis, de constater que dans « l’article » du Point, une phrase n’ait pas été ajoutée afin d’indiquer que venant d’un politique (issu de ?) d’extrême droite, la petite phrase sur Christiane Taubira était particulièrement croquignolesque.

Pourquoi cette phrase n’a-t-elle pas été ajoutée ? Manque de moyens ? Pas vu l’intérêt ? Il faudrait poser la question au journaliste qui a copié/collé la dépêche. Ou plutôt à son chef de service qui aurait dû lui dire de le faire.

L’absence de cette phrase contribue-t-elle à décerveler les lecteurs ? Premier point, ce n’était pas à l’AFP d’ajouter ce contexte. L’AFP est une agence de presse et il est heureux qu’elle se concentre majoritairement sur les faits plus que sur le commentaire. Pour le journaliste qui va répercuter ce fait, c’est un peu dommage de ne pas ajouter le contexte. Le lecteur de 20 ans qui lit cette dépêche n’a probablement pas conscience que Gérard Longuet a un lourd passé à l’extrême droite de l’échiquier politique. Il peut donc en effet être induit en erreur. Il peut très bien prendre cette petite phrase au premier degré, la faire sienne et voter sans être parfaitement éclairé sur l’ami Gérard.

Plus tard dans la discussion sur Twitter, @greglemarchand me fait remarquer que l’AFP produit des reportages essentiels (c’est moi qui le dit) sur ce qui se passe dans le monde. Et il cite deux exemples. Parmi tant d’autres.

Je l’ai dit, l’AFP n’avait pas vocation, dans cette dépêche à ajouter le contexte extrême-droitier de Gérard Longuet. Le lecteur lambda lit rarement l’AFP à part via des dépêches copiées collées dans des journaux. En revanche, le lecteur lambda, comme moi, qui lit un article d’un journal comme Le Point, attend une valeur ajoutée. Sinon, à quoi servent les journalistes qui y travaillent ?

Il est par ailleurs triste de constater que le site du Point donne plus de place à des dépêches qui permettent de meubler et de faire croire à un fil continu d’informations qu’à des reportages comme ceux pointés par Grégoire Lemarchand.

Nous allons sous peu vous proposer un reportage photos de ce type sur Reflets. Vous verrez, c’est plus intéressant qu’une petite phrase de Gérard Longuet.

Et généralement, cela permet au lecteur d’apprendre des choses, de s’ouvrir au monde, bref, l’inverse de l’effet produit par les articles qui relatent des petites phrases, en continu, l’une chassant immédiatement l’autre. Le rôle du journaliste n’est à mon sens pas de créer du buzz. Mais de donner à réfléchir sur la marche du monde.

Nous vous parlerons aussi, prochainement, du métier de photographe et de ce que les patrons de presse sont en train d’en faire. C’est sans doute pire que ce qu’ils font au journalisme écrit.

Pour finir, @VCquz nous signale que nous ne pouvons nous placer dans la catégorie des journalistes d’enquête (par opposition aux journalistes assis) puisque nous n’allons ni en Libye, ni en Syrie, pour enquêter.

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Premier point, Reflets n’a ni les moyens financiers, ni l’infrastructure pour que nous allions aujourd’hui en Syrie ou en Libye. Ceci dit, c’est mal nous connaître car des membres de Reflets ont fait le déplacement sur le terrain, dans des pays voisins, notamment, pour aider les opposants. D’autres ont participé à des opérations avec Telecomix pour aider à exfiltrer des informations sur la situation sur place.

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En outre, c’est mal comprendre ce que nous entendons par journalisme assis. Il s’agit pour nous des éditocrates qui se contentent de commenter le travail de leurs confrères ou les petites phrases des politiques et de crier « des preuves ! Où sont les preuves ?« . On peut être journaliste sans bouger de sa chaise et faire des enquêtes visant à sortir des informations qui ne se trouvent pas ailleurs. Ce n’est pas, à notre sens du journalisme assis. Mediapart joue parfaitement ce rôle, comme le Canard Enchaîné. Je ne crois pas que Claude Angeli soit allé en Syrie récemment mais ses articles sont une mine d’informations.

Sur ce point, on peut aussi préciser que Reflets, qui a des moyens extrêmement limités, a fait des choix qui mettent en danger son existence. En dévoilant les petites affaires de Bull et Amesys, de Blue Coat, nous savons que les moyens dans le camp d’en face sont largement plus importants que les nôtres. Cela nous indiffère. Lorsque nous écrivons -sans preuves nous disent ceux qui réclament des fac-simile des documents d’Amesys- sur Bull et Amesys, nous savons pertinemment qu’il n’y a pas un actionnaire ou une entreprise pour prendre en charge les frais financiers liés à un éventuel procès. Ce seront les comptes de Reflets, et nos portefeuilles personnels qui seront affectés. C’est un peu moins facile que dans une rédaction de journal classique.

Tiens… A propos de procès… Nous ne publions pas de fac-simile de nos preuves. Et pourtant, nous n’avons encore reçu aucune convocation dans le cadre d’un procès pour diffamation. Étonnant, non ?

En même temps, serions nous assez illuminés pour écrire que Amesys a versé une somme de 130.000 euros au Xème festival mondial des Arts Nègres au Sénégal, probablement pour ouvrir des portes, si nous n’en avions pas la preuve ?

EOF

 

Edit 11/10/2013  : @alberror a écrit un article en réponse à celui que vous venez de lire. C’est ici.

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La machine à décerveler ou l’histoire de Longuet, Taubira et du FN

mercredi 9 octobre 2013 à 16:02

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Publiant une dépêche de l’AFP, Le Point participe à cette immense machine à décerveler qu’est devenue la presse. Contrôlée par des industriels, souvent marchands d’armes, les groupes de presse sont devenus une caisse de résonance. Non plus une caisse de résonance pour les « informations », mais une caisse de résonance pour le storytelling de politiques, d’experts, de financiers, d’industriels de plus en plus abjects et bien entendu, abjects assumés. Décomplexés, même, comme dirait Nicolas Sarkozy parce que la repentance et la contrition, hein, s’pas pour nous ça m’âme Chabot, on n’a pas été élus pour ça que j’sache !

Dans Le Point, donc, nous apprenons que Gérard Longuet, ancien ministre de la Défense, bien connu des lecteurs de Reflets pour sa prestation lors du scandale Amesys, estime que Christiane Taubira, la ministre de la Justice « fait » le Front National.

Jusque-là, on peut estime que L’AFP et Le Point ne fait que donner de la visibilité à une déclaration politicienne d’un politicien parmi d’autres.

Oui, mais non.

Là ou le bât blesse, c’est que l’AFP « oublie » de fournir au lecteur un certain contexte, pour ne pas dire un contexte certain…

Gérard Longuet n’est pas n’importe quel politicien. Pour ceux qui sont trop jeunes la lecture de Wikipedia sur Gérard Longuet n’est pas superflue :

En 1964, il prend part, en compagnie d’Alain Madelin, à la création du mouvement Occident [ bien lire toute la page (NDL)], groupuscule d’extrême droite souvent impliqué dans des affrontements violents contre l’extrême gauche.

En 1967, soupçonné en sa qualité de dirigeant du mouvement d’extrême droite Occident d’avoir été un des instigateurs d’une expédition violente contre des étudiants d’extrême gauche à l’université de Rouen (l’un de ces derniers étant laissé dans le coma après l’attaque), Gérard Longuet est inculpé et condamné le 12 juillet 1967 à 1 000 francs d’amende pour complicité de « violence et voies de fait avec armes et préméditation », en même temps que douze autres militants d’extrême droite, dont Alain Madelin, Alain Robert et Patrick Devedjian.

 

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Il est amnistié en juin 1968. Après la dissolution, par le Conseil des ministres, d’Occident en octobre 1968, il rejoint le Groupe union défense (GUD), groupuscule d’extrême droite mené par Alain Robert, dont il écrit la charte, puis Ordre nouveau, destiné à rassembler les nationalistes.

Il fera partie en 1971 avec Claude Goasguen de la direction de ce mouvement, dissous par décret du Conseil des ministres le 28 juin 1973 — en même temps que la Ligue communiste d’Alain Krivine et d’Henri Weber — pour « atteinte à la sûreté de l’État ».

Il entre à l’École nationale d’administration (ENA) en 1971 et en sort en 1973 (promotion François Rabelais). Entre temps, en 1972, il rédige le premier programme économique du Front national, créé la même année.

De ses engagements à l’extrême droite dans les années 1960-1970, il dit : « J’assume avoir été d’extrême droite. On s’est simplement trompé sur le modèle colonial, qui ne pouvait perdurer».

Gérard Longuet est particulièrement décomplexé lorsqu »il accuse Christine Taubira, ou n’importe qui d’autre de « faire » le Front National. Il a lui-même un passé à l’extrême droite particulièrement bien garni. Occident, GUD, Ordre Nouveau, rédaction du premier programme économique du Front National, campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965… Voilà qui « fait » très concrètement l’extrême droite.

Il prend donc son auditoire pour un imbécile et l’AFP et le Point approuvent en relayant sans la replacer dans un contexte une telle déclaration décomplexée. Ils participent en cela à décerveler les lecteurs.

Ou est l’étincelle ?

 

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Ce que nous dit l’humour noir des dirigeants américains

vendredi 4 octobre 2013 à 11:51

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Le monde ne va pas très bien. Les problèmes économiques, de guerre, les tragédies comme le naufrage de Lampedusa eclipsent assez logiquement deux événements qui se sont déroulés aux Etats-Unis ces derniers jours. Prenons tout de même le temps de nous y attarder. Non pas sur leur existence, mais sur ce qu’ils disent des protagonistes. Souvenez-vous… Ils scandaient « Hope« , « Yes he can« , ils attendaient une salutaire révolution de la pensée après les années noires de George Bush… Les Américains sont servis. Leur président a multiplié les attaques par drones à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan, reléguant George Bush au rang d’amateur. Le nombre des victimes civiles, enfants compris, s’est envolé en conséquence. Nous n’aborderons pas le scandale de la NSA ni la prison de Guantanamo ou ses petites soeurs. Restons sur les drones.

Il y a quelques années, Barack Obama avait fait preuve d’une forme d’humour étonnante. Il avait expliqué que les Jonas Brothers, sorte de chanteurs, risquaient bien de se faire descendre par des drones Predator car les filles du président en étaient folles.

C’est drôle, non ? Les attaques de drones, c’est tellement sympa, que l’on peut même en faire de jolis graphiques. Mais vous allez voir, c’est tout de suite moins rigolo.

Deuxième événement du même tonneau, la plaisanterie à deux voix lors du « Security Summit 2013″, organisé par le Washington Post. Michael Hayden, ancien patron de la CIA et le représentant Mike Rogers ont parlé d’Edward Snowden. Le second a expliqué que Snowden sur la liste des prétendants au prix Nobel de la paix, ce n’était pas une bonne idée. Lui, il l’aurait vu sur un « autre type de liste« .  Comprenez une « kill list ». Ce à quoi l’ancien patron de la CIA a répondu : « je peux vous aider pour cela« .

Marrant non ?

Ces deux micro-événement en disent long sur ce que sont devenus ceux qui veulent nous gouverner. Des personnes exerçant de hautes responsabilités plaisantent avec leur pouvoir de faire tuer des gens. Avec des attaques par drones ou via des services spéciaux dont le mandat serait d’assassiner des gens partout dans le monde. Ce pouvoir est déjà contestable. Mais parvenir à en plaisanter alors que l’on parle de la mort réelle d’êtres humains, souvent des enfants, laisse perplexe.

Tuer à la demande leur semble tellement naturel, entré dans les moeurs, qu’ils en viennent à en plaisanter.

 

 

 

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M. Contraventions ne payait pas ses PV ? Quelle surprise…

mardi 1 octobre 2013 à 10:50

Avis de contravention

Mediapart révélait hier que le préfet Jean-Jacques Debacq,, Directeur de l’Agence nationale de traitement automatisé des infractions (Antai), le bidule qui génère les contraventions pour excès de vitesse (notamment), n’avait pas payé une série de PV, évitant ainsi des retraits de points sur son permis. C’est intéressant. Mais tellement évident. Qui dans les ministères paye ses contraventions, serait peut-être une question plus appropriée. Élargissons : qui dans les détenteurs de voitures de fonction (dans le privé) se fait retirer des points sur son permis ?

Premier point Jean-Jacques Debacq n’a fait qu’appliquer au public ce qui est monnaie courante dans le privé. Mieux vaut être riche que pauvre et malade… Dans le secteur privé, les détenteurs de voiture de fonction ont généralement le privilège de ne jamais voir leurs permis débité des fameux points, dans la mesure où le ministère de tutelle de Jean-Jacques Debacq ne fait pas l’effort de demander qui était le conducteur de la voiture appartenant à la flotte de l’entreprise. Ce qui n’est évidement pas le cas pour les 99% qui ne disposent pas de voiture de fonction.

Second point, Jean-Jacques Debacq n’est certainement pas le seul fonctionnaire à profiter de sa position pour éviter les PV. Ni le seul particulier. Il est de notoriété publique que les PV peuvent « sauter ». Comment ça marche ? Le meilleur moyen est de connaître un policier et de lui demander de l’aide. Attention, il ne faut pas insulter le policier qui a dressé le procès verbal, vous allez comprendre pourquoi. Votre ami policier à qui vous demandez de l’aide va s’adresser à celui qui a rédigé le PV et lui demander s’il peut, par pure confraternité ou parce que vous êtes « favorablement connu de son service« , de faire sauter le papillon vert. Si, comme une personne que j’ai connue, vous avez mal traité celui qui a délivré la contravention, votre ami policier risque de recevoir cette réponse : « cher confrère, tu diras à ce monsieur que quand il arrêtera de m’enculer, je ferai preuve d’indulgence« .

Vous pouvez également connaître un politique ou une personne bien placée dans un ministère. L’effet sera sans doute à peu près similaire.

On imagine donc aisément que la plupart des membres de l’administration, à partir d’un certain niveau, ne payent pas leurs PV. Soit parce qu’ils sautent, soit parce que l’affaire se règle de service à service. Bien évidemment, cela ne marchera pas si vous vous faites flasher à 240km/h, mais un petit excès de vitesse devrait passer.

Bref… La question soulevée par Mediapart mérite d’être approfondie, comme l’indique Stéphanie Fontaine à la fin de son article.

Mais surtout, la question des voitures de fonction devrait être posée par nos parlementaires, si l’on tient pour acquis que la loi est la même pour tous.

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