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Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme

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Conspiracy News #51.2020

lundi 21 décembre 2020 à 10:45

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 14/12/2020 au 20/12/2020).

DANS LA TÊTE DES COMPLOTISTES. La crise sanitaire a accéléré la diffusion des thèses conspirationnistes. France Info a interrogé plusieurs hommes et femmes qui pensent que la crise du coronavirus cache une vaste machination, afin de chercher à comprendre comment ces personnes en sont venues à rejeter les paroles des scientifiques, des médias et des politiques (source : France Info, 13 décembre 2020). Croire à ces thèses un jour ne veut cependant pas dire y croire toujours. Le site Numerama en apporte pour sa part l’illustration avec les témoignages de deux trentenaires qui ont fini par échapper à ces théories après une longue remise en question (source : Numerama, 13 décembre 2020). C’est ce même parcours inverse, cette sortie de l’engrenage complotiste, qu’un article de Slate met aussi en valeur. « Je me suis rendue compte que ce sont [mes] problèmes qui m’ont fait plonger dans tout ça, donc je veux me focaliser là-dessus pour éviter de sombrer dans d’autres cycles obsessionnels », explique ainsi l’une des personnes interrogées dans cette enquête (source : Slate, 15 décembre 2020). L’Obs de la semaine du 17 décembre a publié un dossier consacré au complotisme, adossé à une enquête réalisée par l’institut de sondages Ipsos. Notre rédaction en a livré un aperçu dans un thread.

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FRANCESOIR. France-Soir ? Autrefois un journal à grand tirage, aujourd’hui, sous le nom « FranceSoir », un site web militant qui relaie les principales obsessions de la complosphère… Le point avec « Vrai ou Fake », l’émission de France Info consacrée aux infox (source : France Info, 15 décembre 2020).

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WONNER. Conspiracy Watch s’est vu enjoindre de la part de la députée Martine Wonner (Bas-Rhin) de supprimer de son site sous 48 heures toute publication la concernant. L’injonction peut surprendre de la part de celle qui dénonçait, il y a quelques semaines, « la censure des médias en France » et qui s’efforce d’entraver notre mission d’information. À travers nous, ce qui est en jeu, c’est bien la liberté d’informer sur ces fléaux que sont le complotisme et la désinformation (source : Conspiracy Watch, 14 décembre 2020). On notera que pour dénoncer celles et ceux qui la qualifient de « complotiste », Martine Wonner menace de porter plainte en se faisant représenter par Carlo Alberto Brusa (voir le communiqué). L’avocat est notamment connu pour être intervenu sur la chaîne YouTube de Silvano Trotta, l’homme de la « lune creuse », et pour défendre les producteurs du film Hold-up.

LIVRE. Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch et auteur de L’Opium des imbéciles (Grasset, 2019), était l’invité de la Librairie Kléber de Strasbourg pour une présentation de son ouvrage, le 17 décembre. Un entretien à retrouver en ligne ou sur notre site.

SATIRE. Emmanuel Revah, comédien débutant dans le stand-up, a mis en ligne Fire-up, « un film moqumentaire, ou documentaire parodique, qui utilise les codes des communications complotistes, ainsi que des éléments du documentaire Hold-up, pour dénoncer le complot des pompiers ». Pour s’amuser des théories complotistes qui circulent sur les réseaux sociaux tout en les dénonçant…

ANTIVAXX. Youtubeurs conférenciers, médecins sceptiques… Le Covid-19 fait émerger de nouvelles figures hostiles à la vaccination et en met d’autres en lumière. Si les arguments divergent, défiance et théories du complot en sont le même ciment. Le journal La Croix s’est intéressé à la nébuleuse des militants anti-vaccin (source : La Croix, 15 décembre 2020).

CHARLATANS. Le Covid19 a démultiplié les vocations de « lanceurs d’alerte ». Ils sont désormais des dizaines et des dizaines à dénoncer un véritable « climat de terreur », à analyser les dangers du masque chirurgical ou à attaquer l’Institut Pasteur et leur public se compte en centaines de milliers de personnes. Dans une vidéo, G Milgram s’est penché sur l’action de deux d’entre eux : le docteur Christian Tal Schaller et le conférencier/formateur Jean-Jacques Crèvecœur. Elle montre que les charlatans complotistes ne font pas que nous prendre pour des imbéciles : ils nous prennent aussi pour des vaches à lait et des cobayes (source : YouTube, 18 décembre 2020). « L’Extracteur », compte Twitter d’un collectif visant à informer sur « les dangers de certaines pseudo-alternatives en matière de santé, de médecine, d’alimentation », a signalé une vidéo dans laquelle Jean-Jacques Crèvecœur prépare ses adeptes à ne plus revoir leurs proches quand ils quitteront la « troisième dimension ». Comme l’indique L’Extracteur, « on n’a jamais été aussi près du discours mystique de Luc Jouret, planifiant les suicides collectifs de la secte de l’Ordre du Temple solaire ».

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PERRONNE. Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, a mis fin aux fonctions de chef de service des maladies infectieuses et tropicales exercées par le Professeur Christian Perronne et déposé plainte devant l’Ordre des médecins. Dans un communiqué, l’AP-HP précise que « depuis plusieurs mois, dans un contexte de crise sanitaire, le Pr Christian Perronne a tenu des propos considérés comme indignes de la fonction qu’il exerce » (source : L’Express, 18 décembre 2020). Devenu une star de la complosphère, Christian Perronne a accordé un entretien vidéo à FranceSoir cumulant plus de 600 000 vues à ce jour. Il y est interviewé par Richard Boutry, un ancien journaliste de France Télévisions et de TV5 dont les commentaires sur l’actualité ont pris, au cours de l’année 2020, un tournant clairement conspirationniste.

Le journaliste Vincent Glad rappelle qu’en 2010, Perronne s’insurgeait devant le Sénat contre les « délires antivaccinaux sur Internet ».

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FOURTILLAN. Le professeur Jean-Bernard Fourtillan, l’un des intervenants du film Hold-up qui avait été placé en hospitalisation d’office, a retrouvé sa liberté. Le 17 décembre, à Uzès, le juge des libertés et de la détention a considéré qu’il n’avait pas sa place à l’hôpital psychiatrique. Il devrait être transféré pour être entendu par un juge d’instruction parisien qui lui reprocherait, entre autres, d’avoir administré des traitements médicaux expérimentaux à des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, dans une clinique sauvage (source : Midi Libre, 17 décembre 2020).

ALLEMAGNE. La crise sanitaire due à l’épidémie de Covid-19 s’aggrave ces derniers jours en Allemagne. Elle est d’autant plus inquiétante dans les lands et les autres territoires dirigés par l’extrême droite comme dans la petite ville de Bautzen, en Saxe, à l’Est du pays. Les personnels soignants, déjà dépassés, doivent de surcroît faire face aux manifestations des anti-masques (source : Europe 1, 16 décembre 2020).

ÉLECTIONS AMÉRICAINES. « À bien des égards, cette élection a été volée ». Tel est le point de vue qu’a formulé au sujet de l’élection présidentielle le sénateur républicain Rand Paul, lors d’une audition au Congrès. À noter : il est le fils de Ron Paul, bien connu pour ses nombreuses prises de position conspirationnistes. Un journaliste de RT France ne s’est pas non plus privé de faire la promotion de la thèse selon laquelle les machines de vote électronique de l’entreprise Dominion seraient intentionnellement conçues pour fausser les résultats (source : Twitter).

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FIORILE. Éric Fiorile, un activiste complotiste autoproclamé chef d’un groupusculaire « Conseil national de transition », a été interpellé par la police le 16 décembre 2020 dans le cadre de l’enquête sur le groupe de Barjols, un groupe identitaire qui avait fomenté une attaque contre Emmanuel Macron en 2018. Il a été placé en garde à vue pour association de malfaiteurs à caractère terroriste et une arme de poing a été retrouvée à son domicile. Il avait appelé un peu plus tôt à marcher sur Paris le vendredi 18 décembre pour renverser ce qu’il appelle le « gouvernement illégitime » (source : BFM TV, 17 décembre 2020).

ATTENTAT DE CONFLANS. « Si nous avions été juifs, nous n’aurions pas attendu. » Le rapport de l’Éducation nationale contenait cette réflexion formulée par Abdelhakim Séfrioui et un parent d’élève à la principale du collège du Bois d’Aulne, où exerçait Samuel Paty. Les deux hommes s’étaient rendus au collège sans rendez-vous et s’étaient plaints d’avoir attendu (source : Le Monde, 10 décembre 2020).

ATTENTAT DU THALYS. Au terme de cinq semaines de procès, la cour d’assises spéciale de Paris a prononcé des peines allant de sept années de réclusion à perpétuité (pour le terroriste Ayoub El Khazzani) à l’encontre des quatre accusés de cet attentat qui avait fait deux blessés, le 21 août 2015 (source : Le Monde, 17 décembre 2020). Il est à noter qu’à l’époque des faits, la complosphère criait à la manipulation, à l’instar de Hani Ramadan, qui dénonçait une manipulation, regrettant que « des actes isolés » prennent « des proportions gigantesques » et doutant des explications données (source : Le Temps, 29 août 2015).

NÉGATIONNISME. Le 10 juillet 2013, le site d’Alain Soral, Égalité & Réconciliation, publiait un texte intitulé « Aux sources du négationnisme : le FBI ? ». Sous la plume d’un adhérent de l’association, l’article suggérait qu’un document « déclassifié » du FBI permettrait de tirer des conclusions « négationnistes », qui plus est en se fondant sur des déclarations de responsables juifs, dès avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, avant même que les négationnistes français aient investi ce terrain. L’analyse du site « Pratique de l’Histoire et dévoiements négationnistes » (PHDN) sur ce sujet vient d’être enrichie d’une analyse relative à la reprise en 2015 par un site web de Dieudonné M’Bala M’Bala de ce même mensonge (source : phdn.org).

ANTIDOTE. Que faire quand un proche bascule dans le complotisme ? C’est la question à laquelle Tristan Mendès France s’est efforcé de répondre dans sa chronique hebdomadaire « Antidote » sur France Inter (tous les vendredis à 8h50). Une chronique à (ré)écouter en ligne (source : France Inter, 18 décembre 2020). Au sujet de notre collaborateur, on lira le portrait qu’en a dressé Le Parisien.

À ÉCOUTER. Le neuvième épisode du podcast des « Déconspirateurs » est en ligne. Tristan Mendès France et Rudy Reichstadt y discutent de l’actualité conspirationniste de la semaine écoulée : censure et « effet Streisand », complotisme anti-pédocriminalité, QAnon, repentis, Jean-Bernard Fourtillan interné… À noter que le podcast figure dans la sélection de l’équipe de l’émission « L’Atelier des médias » (RFI).

Rudy Reichstadt interviewé en live Instagram à la librairie Kleber

dimanche 20 décembre 2020 à 11:38

Mercredi 16 décembre 2020, la librairie Kleber (Strabourg) organisait une rencontre en live sur Instagram avec Rudy Reichstadt autour de son livre, L’Opium des imbéciles. Essai sur la question complotiste (éd. Grasset, 2019).

La députée Martine Wonner nous enjoint de supprimer toute publication la concernant

lundi 14 décembre 2020 à 14:21

Ce qui est en jeu, c’est la liberté d’informer sur ces fléaux que sont le complotisme et la désinformation.

Martine Wonner à l’Assemblée nationale (DR).

Menaces de mort, intimidations, injures, accusations calomnieuses, allégations fausses ou mensongères, cyberattaques, procès en diffamation… : c’est ce à quoi s’exposent ceux qui comme nous à Conspiracy Watch entreprennent d’analyser sous un angle critique, simplement mais résolument critique, les théories du complot, rumeurs et autres intox ainsi que les propos publics et prises de positions de ceux, nombreux, qui s’en font les propagateurs.

Plus que jamais, la critique du complotisme relève du « sport de combat ». Depuis plusieurs années, singulièrement ces dernières semaines, plusieurs collaborateurs de Conspiracy Watch et moi-même personnellement avons été la cible d’attaques d’une violence inouïe auxquelles nous avons décidé de ne pas réagir.

Lorsque ce ne sont pas des utilisateurs anonymes courageusement planqués derrière leurs pseudos qui nous gratifient de toutes les insultes imaginables, ce sont des blogueurs, comme Olivier Berruyer ou Michel Collon, qui cherchent à nous faire taire, en lançant contre nous des procédures-bâillons – quatre contre moi à ce jour, en tant que directeur de Conspiracy Watch ou co-auteur d’un documentaire sur le complotisme diffusé sur France 3 en 2018.

Nous ne nous attendions pas à ce qu’une parlementaire fasse à son tour pression sur nous.

C’est pourtant ce qui vient de se passer. Dans un courrier à en-tête de l’Assemblée nationale qu’elle nous a adressé en recommandé avec avis de réception, la députée du Bas-Rhin, Martine Wonner, la même qui, il y a quelques semaines, dénonçait « la censure des médias en France », n’hésite pas à se réclamer de son statut d’« élue de la Nation » pour nous enjoindre, sous peine de poursuites, de retirer sous 48 heures non seulement la notice d’information que nous lui avons consacrée mais aussi « toutes publications présentes sur votre site traitant de ma personne » (sic !).

Lettre de Martine Wonner à Conspiracy Watch (cliquer pour agrandir).

Nous avons en effet consacré ces dernières semaines une notice d’information à Martine Wonner, comme nous en avons publié d’ailleurs des dizaines d’autres. Ces notices, mises à jour régulièrement, s’inscrivent dans le cadre de notre mission de veille et d’analyse critique du conspirationnisme et de la complosphère. Elles relèvent d’un travail d’information du public.

Du reste, aucune des informations contenues dans cette notice d’information n’est contestée par la députée qui prétend, à tort, que ce texte la présente comme « conspirationniste » (il est vrai qu’elle reconnaît elle-même ne pas savoir ce que veut dire le mot « complotiste » tout en expliquant par ailleurs qu’elle est en train de se dire que le mot « devient un adjectif de qualité ! »).

Il nous apparaît important que nos lecteurs aient connaissance de la place qu’occupe la députée du Bas-Rhin au sein de la complosphère francophone et nous ne voyons pas au nom de quoi nous devrions leur dissimuler ces informations.

Martine Wonner a fait l’objet de plusieurs textes dans des médias comme Le Monde, Libération ou L’Obs – qui va jusqu’à intituler l’un de ses articles : « Martine Wonner, une complotiste à l’Assemblée ? »… Elle fait également l’objet d’une notice dans l’encyclopédie collaborative Wikipédia. Mais il semble qu’elle concentre ses foudres sur notre média qui fonctionne avec deux salariés, une stagiaire, quelques pigistes et une poignée de collaborateurs bénévoles.

La lutte intellectuelle contre le conspirationnisme ne peut se faire qu’avec des arguments fondés en raison et des faits établis, recoupés, vérifiés, au terme d’un travail journalistique rigoureux et scrupuleux. Si des responsables politiques commencent à traîner devant les tribunaux un site internet unique en son genre comme Conspiracy Watch (un service de presse en ligne reconnu comme tel par la Commission paritaire des publications et agences de presse), c’est rien de moins que la liberté d’informer sur ces fléaux que sont le complotisme et la désinformation qui est en jeu.

Conspiracy News #50.2020

lundi 14 décembre 2020 à 14:20

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 07/12/2020 au 13/12/2020).

COVID-19. Des publications partagées plusieurs milliers de fois sur Facebook depuis mi-novembre prétendent mettre en lumière les connexions entre le laboratoire P4 de Wuhan, d’où serait sorti le Covid, le laboratoire Pfizer, l’industriel GlaxoSmithKline, les milliardaires Bill Gates et George Soros et des sociétés d’assurances. Mais elles contiennent plusieurs fausses informations : l’Institut de virologie de Wuhan, que rien ne permet de relier à l’origine de l’épidémie, n’a rien à voir avec GSK, entreprise qui ne possède pas l’américain Pfizer… (source : AFP, 10 décembre 2020).

L’équipe de Vrai ou Fake (France Info) propose une très utile cartographie de la galaxie « fake news » en temps de pandémie. Julien Pain souligne que même s’« il ne s’agit pas d’un réseau homogène, où tous penseraient la même chose et auraient les mêmes objectifs », ses acteurs ont au moins un point commun : « ils nous désinforment sur la pandémie » (source : France Info (Twitter), 11 décembre 2020).

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MÉDECIN ANTI-MASQUE. « Je viens d’être interdit d’exercer parce que je refuse de mettre un masque. La dictature Macron a fini par m’avoir. La décision a été appliquée par l’Agence régionale de santé, qui est, bien sûr, aux ordres et à la botte de la dictature Macron. Je suis désolé mais je ne peux plus travailler […] pourtant je pense avoir rendu service à pas mal de monde… », a déclaré le Dr Patrick Bellier le 8 décembre 2020. L’Agence régionale de santé a décrété une interdiction d’exercer la médecine d’une durée de cinq mois à l’encontre du pneumologue de Saint-Foy-lès-Lyon (Rhône), qui refusait de porter un masque et d’examiner les patients portant un masque (source : Le Progrès, 11 décembre 2020).

ANTIVAXX. Des vaccins élaborés contre le Covid-19, risquent-ils de « transformer nos gènes » et ceux « de nos enfants » ? Ces inquiétudes, qui circulent sur les réseaux sociaux en France et à l’étranger, n’ont pas de base scientifique, expliquent à l’AFP des spécialistes en génétique et en immunologie. Si certains vaccins dits « à ARN messager » envoient bien une instruction génétique à l’organisme, celle-ci disparaît rapidement et n’a pas de possibilité de modifier l’ADN du patient (source : AFP, 7 décembre 2020).

Pour rétablir la vérité face aux folles spéculations qui circulent dans la complosphère sur les vaccins Covid, le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d’immunologie clinique et des maladies infectieuses de l’Hôpital Henri-Mondor (Créteil), a répondu aux questions de Conspiracy Watch.

Le docteur Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), témoigne de la gravité de la situation à l’approche de la campagne de vaccination : « Nous avons actuellement des personnes qui envoient des lettres anonymes, de menaces, aux médecins », indique-t-il, évoquant même « des menaces de mort » (source : LCI, 7 décembre 2020).

L’émission « La Grande Confrontation » (LCI) du mardi 8 décembre, consacrée à la crise sanitaire, a donné à voir un échange très tendu entre le ministre de la Santé, Olivier Véran, et une invitée antivaxx particulièrement virulente. Une recherche du journaliste Frédéric Haziza sur Twitter a permis de préciser les affinités idéologiques de cette dernière avec la complosphère antisémite et raciste (source : Twitter (thread), 8 décembre 2020).

Margaret Keenan a été la première Britannique vaccinée contre le Covid-19 le 8 décembre 2020. Des internautes n’ont pas tardé à mettre en cause cette information, assurant que la patiente était décédée en 2008 ou qu’elle faisait le signe des illuminati avec ses mains…

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HOLD-UP. Retour sur le débat organisé par la chaîne W9 au sujet du film Hold-up, en présence de son réalisateur Pierre Barnérias et, entre autres, Rudy Reichstadt et le docteur Jérôme Marty. C’est le témoignage de ce dernier, à la suite de l’émission, qu’a publié le médecin Christian Lehmann dans sa rubrique de Libération. « Oui, écrit notamment Marty, il y a eu des mensonges, des manipulations politiques, des retards, sur les masques, sur les tests, sur les modes de contamination, sur les moyens d’y faire face. Mais il n’y a pas de complot. Juste la bêtise, la fatuité, la lâcheté, la peur, la faiblesse politique, la lourdeur administrative paralysante et les egos imbéciles… » (source : Libération, 7 décembre 2020).

FOURTILLAN. Le professeur Jean-Bernard Fourtillan, l’un des intervenants de Hold-Up, est interné depuis jeudi au mas Careiron, l’hôpital psychiatrique d’Uzès dans le Gard. Il faisait l’objet d’un mandat d’amener d’un juge d’instruction lorsqu’il a été arrêté, écroué à la maison d’arrêt de Nîmes, puis interné. On lui reprocherait, entre autres, d’avoir donné des traitements expérimentaux à des malades souffrants de la maladie d’Alzheimer ou de parkinson et d’avoir exercé illégalement la profession de médecin ou de pharmacien (source : Midi Libre, 11 décembre 2020).

Dans une infographie, Tristan Mendès France révèle que les principaux soutiens du Pr Fourtillan sont Silvano Trotta et le média complotiste FranceSoir.

FOUCHÉ. Conspiracy Watch a consacré une notice à Louis Fouché, anesthésiste réanimateur à l’Hôpital de la Conception (Marseille) et fondateur du site REINFO COVID, qui s’est fait connaître pour ses positions acerbes à l’égard de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement (notamment sur CNews et sur le site FranceSoir) et pour sa proximité avec la complosphère.

Ainsi, le 13 décembre au soir, Fouché participait à un « live » organisé par Thierry Casasnovas.

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TROTTA. « Les masques rendent malades », « le confinement tue », quant à la crise sanitaire, qu’il surnomme « plandémie », elle aurait été orchestrée à dessein par Bill Gates, l’industrie pharmaceutique, les gouvernements ou les trois à la fois. L’auteur de ces affirmations ? Silvano Trotta, un chef d’entreprise de 53 ans, dont les thèses farfelues connaissent une audience grandissante. Journaliste au Monde (Les Décodeurs), William Audureau s’est penché sur le profil d’un des visages phares des discours covido-sceptiques (source : Le Monde, 9 décembre 2020).

COUTANT-PEYRE. Au procès des attentats de janvier 2015, l’avocate Isabelle Coutant-Peyre, qui défend Ali Riza Polat, contre lequel une peine de prison à perpétuité a été requise, a osé une comparaison entre le crime terroriste dans lequel son client est impliqué et l’affaire Dreyfus, ajoutant, devant les journalistes : « Si je comprends bien, on n’a pas le droit à la défense, on n’a pas le droit de clamer son innocence, c’est comme ça en France, c’est formidable » (source : Conspiracy Watch (Twitter), 8 décembre 2020).

ÉLECTIONS AMÉRICAINES. Des milliers de fans de Donald Trump ont manifesté à Washington le samedi 12 décembre, toujours convaincus de sa victoire. Ils ont encore dénoncé, sans preuves, des « fraudes massives » à la présidentielle de novembre (source : France Info, 13 décembre 2020). À dérouler, à ce sujet, le thread de la rédaction de Conspiracy Watch, qui rend compte de la dimension complotiste de cette manifestation faisant la part belle à QAnon.

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QUÉBEC. Le mercredi 9 décembre au matin, la Sûreté du Québec a arrêté le complotiste Pierre Dion pour menaces proférées sur Internet à l’encontre du premier ministre François Legault (« S’il faut le pendre, on va le pendre. »). L’homme de 51 ans, qui voue un culte à l’auteur de la tuerie de la mosquée du Québec (29 janvier 2017, 6 morts, 8 blessés), avait déjà été condamné pour incitation à la haine en 2019. Il avait publié des vidéos dans lesquelles il souhaitait que la date du 29 janvier commémore le tueur et non la tuerie (source : La Presse, 9 décembre 2020).

CHEVAUX MUTILÉS. Et si c’était un phénomène naturel ? Alors que les signalements de chevaux mutilés s’accumulent en France, une journaliste britannique explique que cette piste, qui soulève les hypothèses de morts naturelles ou d’attaques de prédateurs, ne semble pas véritablement explorée. Les enquêteurs auraient commis l’erreur classique – qui est au cœur de bon nombre de séries policières, mais aussi d’erreurs judiciaires bien réelles – de se focaliser trop vite sur une seule hypothèse… La raison ? Peut-être notre plus grande réceptivité aux théories du complot… (source : Courrier international, 3 octobre 2020).

GRIMAULT. Jacques Grimault, à la tête d’une association de sciences occultes, est accusé par d’anciens disciples de dérive sectaire. Auteur de « La Révélation des Pyramides » (LRDP), film complotiste à succès sur l’histoire des pyramides, il a réuni 108 000 € pour un épisode 2 qui n’a jamais vu le jour. Des révélations à retrouver dans Marianne.

BD ET VIRUS. On croit souvent que les théories complotistes concernant l’origine du virus sont des plus actuelles. En réalité, dès les années 1960, de grands classiques de la bande dessinée franco-belge émettent des hypothèses, pas forcément loufoques, mais souvent très connotées. Pour Conspiracy Watch, Didier Pasamonik, spécialiste de la bande dessinée, a effectué un petit tour d’horizon (source : Conspiracy Watch, 12 décembre 2020).

À LIRE. Le journaliste Vincent Quivy signe aux éditions du Seuil un ouvrage intitulé Incroyables mais… faux !, proposant un panorama de plusieurs dizaines d’« histoires de complots », de JFK au Covid-19 en passant par la mort de Coluche, l’explosion de l’usine AZF, Roswell, « la Terre plate » ou encore « l’État profond ». Conspiracy Watch s’est entretenu avec l’auteur qui parle du complotisme comme d’une « idéologie qui repose […] sur une défiance de ce qui fonde l’essence des démocraties » : « elle oppose le “bon sens”, c’est-à-dire l’instinct, à la connaissance et la réflexion. Elle est de ce point de vue extrêmement dangereuse puisqu’elle peut permettre de manipuler l’opinion à partir de fausses informations » (source : Conspiracy Watch, 7 décembre 2020).

Les publications sur le complotisme ne tarissent pas. Signalons la parution récente d’un dossier sur les chrétiens et les théories du complot dans l’hebdomadaire La Vie. L’édition dominicale du grand quotidien régional Sud Ouest a consacré pour sa part sa Une du dimanche 13 décembre au même phénomène, proposant un dossier de six pages incluant un entretien avec le philosophe et historien des idées Pierre-André Taguieff sur Les Protocoles des Sages de Sion.

À ÉCOUTER. Le huitième épisode du podcast des « Déconspirateurs » est en ligne. Tristan Mendès France et Rudy Reichstadt y discutent de l’actualité conspirationniste de la semaine écoulée : Wikipédia et l’infodémie, les antivaxx et l’ARN, les algorithmes de la FNAC mais aussi les témoignages de proches de complotistes.

Bande dessinée : la rumeur du virus

samedi 12 décembre 2020 à 12:26

On croit que les théories complotistes concernant l’origine du virus datent d’aujourd’hui ? Détrompez-vous, dès les années 1960, de grands classiques de la bande dessinée franco-belge émettent des hypothèses, pas forcément loufoques, mais souvent très connotées. Petit tour d’horizon.

Illustration : Docteur Justice : Un virus s’est échappé – Par © Jean Ollivier et Raffaele Carlo Marcello.

Le 12 mars 2020, le président Macron apprenait aux Français qu’il fallait qu’ils se confinent. « Confiner », le mot fit florès. Cinq jours avant pourtant, dans le Finistère en Bretagne, 3549 personnes déguisées en Schtroumpfs se sont rassemblées battant ainsi le record établi au Guiness Book par les Allemands de Lauchringen avec seulement 2762 schtroumpfs au compteur. Ont-ils été des Schtroumpfs contaminateurs, comme dans les Schtroumpfs noirs ? Personne n’a évoqué l’hypothèse et les chiffres du Finistère n’ont pas montré pendant longtemps d’indice alarmant.

Créateurs visionnaires

Pourtant, les auteurs de bande dessinée sont souvent créatifs en matière de conspirationnisme. C’est même un peu leur métier quand il s’agit d’aventure et de suspense.

L’un des premiers techno-thrillers de la bande dessinée, la série Guy Lefranc de Jacques Martin, s’en était fait une spécialité. Son premier titre ne s’intitulait-il pas La Grande Menace (1952) ? Le maléfique Axel Borg menaçait le monde du feu nucléaire si on ne lui versait pas une rançon. Le deuxième titre de la saga, L’Ouragan de feu (1959), imaginait un complot de l’industrie pétrolière pour empêcher une découverte scientifique qui permettait de remplacer le pétrole par de l’eau. Mais c’est dans le troisième volume de la série, Le Mystère Borg (1964) qu’est évoquée l’hypothèse d’un virus conçu comme une arme fatale, expérimenté à titre de démonstration dans un petit village des Alpes suisses coupé du monde.

L’idée est dingue, mais pas tant que cela. Après tout, à la même époque, dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, on trouvait des savants assez fous pour expérimenter des maladies mortelles susceptibles de n’affecter… que les Noirs ! Immoral jusqu’au bout, Axel Borg n’a aucune compassion pour les habitants du village infecté. Lorsque Jacques Martin écrit le scénario du Mystère Borg, les Coréens du Nord et les Chinois accusent officiellement les États-Unis d’avoir utilisé contre eux des armes de ce type destinées à affecter aussi bien les récoltes que les habitants. Cela aboutit à une nouvelle Convention sur l’interdiction des armes biologiques signée par la plupart des pays du monde en 1972. Mais cela n’empêche pas certains États de développer ce genre d’armes en secret.

L’idée du dessinateur vient peut-être aussi d’un épisode de fièvre typhoïde à Zermatt dans le Valais en mars 1963 qui aboutit à l’isolement de cette station très connue et à la recherche des personnes infectées tant en Suisse qu’en Allemagne, en Angleterre ou aux États-Unis. C’est la brusque multiplication des stations de sport d’hiver sans qu’elles soient accompagnées d’une modernisation de l’évacuation des eaux usées qui est à l’origine de ce foyer d’épidémie. L’épisode marqua l’imagination du dessinateur en raison de la forte médiatisation de la mobilisation de la Croix Rouge et de l’armée suisse au cours de cette crise.

Dans l’objectif du microscope du créateur de ce virus maléfique, le docteur Zermi, allusion à Enrico Fermi, le pionnier de l’atome qui mit au point la première fission nucléaire préalable à la bombe atomique, le « super-virus » apparaît. Cette image de l’infiniment petit est cependant impossible en 1965, il faudra le développement ultérieur d’ordinateurs puissants et de l’imagerie moléculaire pour que l’on puisse représenter un virus. C’est pourquoi Jacques Martin, mêlant l’infiniment grand à l’infiniment petit, l’imagine tel une pleine lune dont on admirerait les cratères.

Heureusement, l’intrépide journaliste imaginé par Jacques Martin arrivera à neutraliser l’impitoyable Axel Borg avec le concours conjugué des armées françaises et suisses !

Le virus britannique

Plus étonnante est la représentation qu’en fait Marcello dans Pif Gadget. Dans cette bande dessinée du Docteur Justice publiée par l’hebdomadaire pour la jeunesse d’obédience communiste, on voit apparaître en janvier 1979 un drôle de scénario signé Jean Ollivier et dessiné par Raffaele Carlo Marcello. On y parle d’un virus faussement « venu de l’Est » (pas question, dans ce journal inféodé au PCF de mettre en cause l’URSS…) dont la forme ressemble à celle du coronavirus : « un simple petit virus baladeur aurait pris la clé des champs… et cela suffit pour mettre au lit la moitié de l’Europe… Cela tombe comme des mouches à Milan, les tramways ne circulent plus faute de conducteurs, une dizaine de morts à Munich, les vaccins font défaut… »

La pandémie fait rage : « Une terrible épidémie de grippe d’une virulence jamais vue balaie toute l’Europe. De Moscou à Londres et de Hambourg à Naples, la moitié de la population est au lit… Les services publics, les transports, les administrations travaillent à effectifs réduits… »

Intervenant à l’O.I.S. (Organisation Internationale de la Santé), le Docteur Justice émet l’hypothèse d’un virus échappé d’un laboratoire. Scandale !

Son enquête l’amène dans la banlieue londonienne où un laboratoire ayant mis au point le vaccin contre une souche inédite de la maladie avait diffusé ses virus un peu partout en Europe. La veuve du savant commente opportunément : « Vous comprenez… une épidémie de grippe rapporte beaucoup… » C’est donc bien le capitalisme qui est le responsable. Le directeur du laboratoire est arrêté mais le médecin traitant du Docteur Justice croit en la fake news d’une responsabilité soviétique ! Le Doc ne peut rien contre la rumeur…

Histoires de masques

Si la France manquait de masques au printemps, la bande dessinée n’en a jamais manqué. Pour preuve cette série remarquable publiée le 8 novembre 1984 dans Spirou, des récits courts signés Jean Van Hamme et Griffo : « S.O.S. Bonheur ».

Illustration : SOS Bonheur – Par Jean Van Hamme et Griffo – © Dupuis.

Le scénariste Jean Van Hamme, grand spécialiste des conspirations et autres complots, imagine un État autoritaire tellement soucieux de la santé de ses administrés qu’il les oblige à porter des masques. Il se font verbaliser quand ils n’en portent pas jusqu’à, en cas de récidive, se retrouver purement et simplement viré de la Sécurité Sociale et condamné à vivre en marge de la société. « Dans ces espèces de contes, je mets en cause la conception du bonheur dans une société imaginaire, fortement étatisée, raconte Jean Van Hamme. À mon avis, notre vie est tributaire de toute une série de règles administratives, et le bonheur nous est donné d’en haut. Je voudrais montrer à quel point la surprotection par l’État entraîne nécessairement des absurdités. Et quand le bonheur devient une affaire d’État, la liberté s’en ressent… » Des propos aux accents bien contemporains qui aboutissent à une révolution sociale… qui ne changera pas grand-chose.

On termine comme on a commencé : avec les Schtroumpfs. Dans un album de 2006 à la rhétorique écologiste, Salades de Schtroumpfs, le Schtroumpf-Poète devient une courgette, le Schtroumpf-Farceur, une tomate, et le Schtroumpf-Coquet, un cornichon. Ils sont les premiers atteints par un mal dont on ne connaît pas encore l’origine et encore moins le remède. Face à la crainte de la contagion, quel est le réflexe des Schtroumpfs ? Isoler le malade supposé et protéger les individus « sains ». Voilà les schtroumpfs-légumes confinés, et même emprisonnés ! À mesure que le nombre de cas augmente, victimes d’un mal dont on ne connaît toujours pas l’origine, les Schtroumpfs inventent des masques de fortune… complètement inutiles, car ils n’ont pas encore compris que leur affection vient de… leur alimentation.

 

Voir aussi :

La « bombe raciale » ou le fantasme d’une arme biologique sélective

Quand le bloc communiste accusait les États-Unis de mener une guerre bactériologique en Corée