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Qu’est ce que le « Cyber Polygon » (et pourquoi cela excite la complosphère) ?

lundi 5 juillet 2021 à 17:00

Vendredi 9 juillet aura lieu pour la troisième fois un exercice annuel international de cybersécurité placé sous l’égide du Forum économique de Davos.

Images du second Cyber Polygon, le 8 juillet 2020 (source : cyberpolygon.com).

Alors que les États-Unis sont depuis vendredi la cible d’une cyberattaque de grande ampleur, une nouvelle rumeur agite la complosphère : le Forum économique mondial, qui organise depuis un demi-siècle une rencontre internationale de dirigeants d’entreprises et de responsables politiques à Davos, en Suisse, tenterait de précipiter son projet de Great Reset (ou Grande réinitialisation) en organisant une simulation d’attaque informatique mondiale appelée « Cyber Polygon ».

Lancé en 2019 par BI.ZONE (une entreprise spécialisée dans la gestion des risques numériques) avec le soutien du Centre pour la cybersécurité du Forum économique mondial, le Cyber Polygon est présenté sur le site du Forum comme « un événement unique en matière de cybersécurité qui combine le plus grand exercice de formation technique au monde pour les équipes d’entreprises et une conférence en ligne à laquelle participent des hauts responsables d’organisations internationales et de grandes entreprises. »

Pour sa troisième édition, cette conférence annuelle sera consacrée aux « principaux risques de la numérisation et [aux] meilleures pratiques pour le développement sécurisé des écosystèmes numériques. » Elle réunira le secrétaire général d’Interpol, le président du Comité international de la Croix-Rouge, la directrice générale de l’Unicef, le chef de la sécurité de Microsoft ainsi que les cosmonautes russes Oleg Novitsky et Pyotr Dubrov, en direct de la Station spatiale internationale. L’année dernière, la conférence Cyber Polygon fut notamment l’occasion d’une discussion sur l’impact des fake news en matière politique et économique, rappelant au passage que le coût de la désinformation pour les entreprises s’était élevé en 2019 à 78 milliards de dollars.

Parallèlement à la conférence, l’exercice prévu vendredi consiste en la simulation d’une cyberattaque : « l’équipe rouge », constituée de spécialistes en sécurité informatique de BI.ZONE, se chargera de simuler l’attaque, tandis que « l’équipe bleue », composée des experts des entités participantes, aura pour mission de la repousser.

Dès le mois d’avril 2021, le site complotiste américain Zero Hedge faisait un lien entre le Cyber Polygon et l’Event 201, autre simulation, mais de pandémie mondiale cette fois-ci. Cet exercice de prévention sanitaire, que Philippe de Villiers a placé au cœur de son dernier essai, a été organisée en octobre 2019 par le centre pour la sécurité sanitaire Johns Hopkins en partenariat avec la Fondation Bill & Melinda Gates et le Forum économique mondial.

Dans les deux cas, il s’agit d’essayer d’anticiper un risque dont les conséquences peuvent rapidement s’avérer désastreuses – ici une pandémie, là une cyberattaque massive. Dans les deux cas aussi, les complotistes veulent y voir un entraînement en vue d’une catastrophe planifiée par ceux-là même qui tentent en réalité de la prévenir.

« Cabale »

Le Forum économique mondial a pris, dans l’imaginaire complotiste, la place qu’y occupaient autrefois des think tanks comme la Round Table, la Commission Trilatérale ou le Council on Foreign RelationsLe site complotiste francophone Divulgation évoquait ainsi dès le 18 mai 2021 un « plan de la Grande Réinitialisation de la Cabale » (une organisation secrète imaginaire) visant à organiser « une cyberattaque mondiale qui mettrait hors service l’Internet, qu’ils ressusciteraient ensuite avec un nouveau système financier en ligne sous leur contrôle » et aurait pour objectif l’instauration d’une « monnaie unique mondiale, [d’]un système économique mondial et [d’]un gouvernement mondial ».

Le 22 juin dernier, le blog L’Echelle de Jacob publiait un article soulignant la nécessité, pour l’oligarchie mondialiste, de continuer à multiplier les crises pour mettre en place cette fameuse réinitialisation :

« Comme le programme de confinement des malades de la Covid-19 est en train de s’effondrer aux États-Unis et que les passeports vaccinaux ne remportent pas la faveur d’un grand pourcentage d’Américains, les globalistes auront besoin d’une autre crise, s’ils espèrent atteindre leurs objectifs pour leur Grand Reset. »

Dans une vidéo publiée sur sa chaîne Odysee le 24 juin, l’influenceuse complotiste suisse Chloé Frammery suggère quant à elle que l’exercice Cyber Polygon est en réalité un moyen pour l’élite d’accélérer ses projets funestes. Le fondateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab, est nommément visé. Il est par exemple qualifié par QActus de « cochon mondialiste » aspirant « à l’extermination de milliards de personnes ». Dès le mois de novembre 2020, ce site complotiste décrivait le Cyber Polygon comme une « cyberattaque effectuée par le Nouvel Ordre Mondial ». Même son de cloche du côté du vidéaste complotiste québecois Alexis Cossette-Trudel pour qui le Cyber Polygon serait le « prochain coup fourré de l’État profond ».

À l’instar des épidémies ou des attentats terroristes, les cyberattaques sont de véritables menaces. En mars 2021, le groupe Microsoft avait averti que des hackers chinois « exploitaient des failles de sécurité dans ses services de messagerie Exchange pour voler les données de ses utilisateurs professionnels. » Les exemples ne s’arrêtent pas là : infiltration du parc nucléaire iranien en 2010, prise de contrôle des comptes Twitter et YouTube du commandement militaire américain au Moyen-Orient par l’État islamique, paralysie d’un opérateur d’oléoducs… De l’avis de tous les spécialistes, il est probable que les cyberattaques se multiplient dans un avenir proche… comme celle qui affecte, depuis quelques jours, des clients de la société informatique américaine Kaseya.

 

Voir aussi :

La méthode de Villiers décryptée

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« Dictature sanitaire » : à Nancy, les masques tombent

dimanche 4 juillet 2021 à 19:23

Alors que la France se déconfine, la députée Martine Wonner est revenue à Nancy, entourée de la complosphère covido-sceptique, pour dénoncer une « dictature sanitaire ». Un festival de mensonges entourés de sorties de plus en plus radicales et menaçantes.

Samedi 3 juillet, à Nancy, une centaine de personnes ont participé à un rassemblement organisé par la complosphère pour dénoncer la « dictature sanitaire » (source : Twitter/Raphaël Grably).

La France redécouvre les bars, les cinémas, les sorties sans masque et les joies de l’été. Toute ? Non ! Un groupe d’irréductibles résiste encore et toujours à ce qu’ils continuent d’appeler, envers et contre tous, la « dictature sanitaire ».

Après un passage à Metz en avril dernier auquel Conspiracy Watch avait assisté, la députée du Bas-Rhin Martine Wonner est revenue sur « ses terres », en Lorraine, à Nancy, pour participer à un rassemblement organisé par la complosphère sur la place Maginot, à quelque mètres de l’Agence régionale de santé du Grand-Est. Au programme : un « live sur la gestion de la crise sanitaire et sa sortie » organisé par Réinfo-Covid, site animé par Louis Fouché, Réaction 19, organisation fondée par Carlo Alberto Brusa, l’association Bon Sens de Xavier Azalbert et Silvano Trotta, ou encore l’UNIC 57 (Union nationale d’initiative citoyenne), un collectif local de Gilets jaunes qui relaie sur sa page Facebook des vidéos de QAnon. Le média complotiste Agora TV était aussi de la partie.

Sur scène, outre Martine Wonner, le professeur Christian Perronne, l’ex-journaliste Richard Boutry, ancien animateur chez FranceSoir et créateur de la chaîne YouTube « La minute de Ricardo », et Carlo Alberto Brusa. Silvano Trotta, trésorier de l’association Bon Sens, est quant à lui excusé, « parce qu’il a un mariage aujourd’hui ». Face à eux, un public d’une centaine de personnes convaincues qui chanteront sur les reprises d’Ingrid Courrèges, candidate malheureuse de « The Voice » qui s’est racheté une notoriété en devenant la mascotte des anti-masques.

Au cours de ce rassemblement bigarré aux allures de kermesse bon enfant, certains spectateurs ont néanmoins eu l’opportunité de prendre le micro, dévoilant ainsi la véritable logique politique cachée derrière des discours officiels parés des atours du « bon sens ».

De l’hydroxychloroquine à la guillotine

« Je fais attention maintenant, parce qu’à chaque fois que je dis un truc, je me fais tuer par les médias », prévient Martine Wonner. Pourtant, les déclarations mensongères maintes fois démenties se succèdent, la députée du Bas-Rhin continuant par exemple de plaider pour la prescription de l’hydroxychloroquine, qui serait moins mortelle selon elle que le doliprane. Alors que le gouvernement français semble à peine envisager la vaccination obligatoire pour les soignants, la député du Bas-Rhin suggère à son audience que l’État va les vacciner de force : « cet été, sur les plages, on va venir vous chercher ». Elle va jusqu’à accuser les autorités de « crimes contre l’humanité ».

Un spectateur s’empare du micro et va jusqu’au bout de la logique : pour lui, la prescription du Rivotril serait carrément une stratégie visant à commettre un « génocide ». « On devrait remettre la guillotine ! », en conclut-il, tremblant de rage. « Et les membres du gouvernement devront être guillotinés en premier ! » Acclamations de la foule… Martine Wonner, un peu débordée par sa propre création, reprend le micro et tente de calmer le jeu : « J’entends votre colère. Mais je pense qu’en République, même si nous ne somme plus tout à fait en démocratie, votre colère, dans quelques mois, elle doit se traduire dans les urnes. » Peine perdue, les élections seraient de toute façon « truquées » d’après une femme dans la foule qui hurle sa vérité à qui veut l’entendre.

Pendant tout son discours, l’élue de la République avait en face d’elle une potence à laquelle était accroché un mannequin à l’effigie d’un pompier, accompagné de l’inscription « Le S.D.I.S [Service départemental d’incendie et de secours – ndlr] m’a tué ». Une image qui a choqué le maire PS de Nancy, Mathieu Klein, qui déclarait samedi soir sur Twitter : « Cette mise en scène et cette attaque sur la voie publique sont intolérables », annonçant un signalement au procureur de la République. « Aucune attaque contre le SDIS 54 mais une très grande souffrance exprimée par un pompier du Doubs », lui a répondu Martine Wonner, sans plus de précisions. « Seules les forces de l’ordre auraient pu décider de décrocher le mannequin. Renseignez-vous. »

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La députée n’y a apparemment vu aucune contradiction lorsqu’elle a déclaré à l’intention de son public : « nous devons le respect à nos soignants ». Mais il semble bien difficile d’aller à l’encontre d’une foule que l’on a consciemment radicalisée au cours des derniers mois avec le soutien des réseaux d’extrême droite, surtout quand d’autres discours ouvertement menaçants ne sont pas prononcés par des badauds, mais bien par des personnalités connues avec qui l’on partage l’affiche.

De la place Maginot à « Place d’armes »

C’est au tour de Richard Boutry de s’emparer du micro. L’ancien journaliste de France Télévisions passé chez les complotistes vient encourager la foule à ne pas abandonner un combat dont les contours deviennent soudain très lisibles. Il rend hommage au « fondateur de Place d’armes », un blog d’extrême-droite fondé par Jean-Pierre Fabre Bernadac, ex-capitaine de Gendarmerie et ancien dirigeant du DPS, le service d’ordre du Front national.

C’est par lui qu’est arrivée la fameuse « tribune des généraux » publiée dans l’hebdomadaire ultra-conservateur Valeurs actuelles en mai dernier. Un quarteron de militaires à la retraite y écrivait que « si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre […], provoquant au final […] l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles ». Selon L’Obs, Jean-Pierre Fabre Bernadac s’était vu retirer son habilitation d’officier de police judiciaire en 1986 après avoir transmis des renseignements au parti de Jean-Marie Le Pen.

Richard Boutry part dans un élan révolutionnaire : « je tiens à ce que la police aujourd’hui tourne casaque tôt ou tard ! » Et il le jure le cœur sur la main : le fondateur de Place d’armes l’aurait informé sur le nombre de militaires prêts à se joindre à la cause. « Je ne peux pas vous donner le chiffre », prévient-il, « mais il nous a dit qu’une très très grosse partie des forces de l’ordre et de l’armée est de notre côté, il faut le savoir ! » La foule est en délire. Wonner, Perronne et les autres restent muets.

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Boutry enchaîne en désignant un kiosque à journaux situé sur la place Maginot : « Toutes ces feuilles de chou qui paraissent jour et nuit et qui vous disent le contraire, et bien c’est faux ! » Mais alors vers qui faudrait-il se tourner pour s’informer ? Vers Richard Boutry bien sûr, qui annonce le lancement en septembre prochain d’une nouvelle chaîne baptisée « La Une TV » : « Elle sera testée dans un pemier temps sur Internet et très rapidement on va monter en puissance et devenir une chaîne satellitaire », assure-t-il, en expliquant avoir quitté FranceSoir après que son patron, Xavier Azalbert, a refusé le projet. Le site conspirationniste reste recommandé par une pancarte dans la foule, aux côtés d’autres médias tels que Sud Radio ou TV Libertés, web-télé d’extrême droite fondée en 2014 par un ancien dirigeant du Bloc Identitaire.

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Alors que le gouvernement lève les restrictions sanitaires, dans la complosphère, les masques tombent. À travers un discours dénonçant une « dictature sanitaire », des idéologues permettent à une foule désinformée de s’identifier en résistants face à une hydre maléfique, légitimant de potentiels passages à l’acte.

En avril dernier, Laurent Nuñez, coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, avait confié à France 2 que les services observaient de près des « cellules complotistes » prêtes à l’action (comme ce fut le cas dans l’affaire Mia), notant leurs liens avec le terrorisme d’ultra-droite et ses similitudes avec le scénario du 6 janvier à Washington. Une foule de partisans de Donald Trump, pour certains adeptes de QAnon, avait pris d’assaut le Capitole dans une tentative d’insurrection qui se sera soldée par la mort de quatre émeutiers.

 

Voir aussi :

À Metz, Martine Wonner en tournée contre la « dictature sanitaire »

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Conspiracy News #27.2021

dimanche 4 juillet 2021 à 12:20

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 28/06/2021 au 04/07/2021).

TURQUIE. Le 29 juin, Hasan Turan, député et vice-président de l’AKP, le parti de Recep Tayyip Erdoğan, a reçu officiellement les militants antisémites Stéphane Blet et Dieudonné M’Bala M’Bala au parlement turc. L’homme politique a rapporté dans son tweet que les deux « militants politiques français » avaient déclaré que « l’administration française était contrôlée par le Sionisme » (source : Conspiracy Watch/Twitter, 2 juillet 2021).

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NOUVEL ORDRE MONDIAL. Une vidéo très virale affirme que l’épidémie de Covid-19 procède d’un plan visant à imposer un « Nouvel Ordre Mondial » pour asservir les populations et réduire le nombre d’habitants sur le globe. Cette publication aux accents conspirationnistes détourne des déclarations de chefs d’État, recycle des fausses informations sur les fumées émises par les avions et pointe du doigt les francs-maçons (Source : AFP, 23 juin 2021).

QANON. Une enquête de l’institut de sondage Morning Consult (USA) sur les croyances à l’extrême droite révèle que si tous les partisans de la théorie du complot QAnon ne sont pas antisémites, une grande majorité de ceux qui croient à la réalité des Protocoles des Sages de Sion, célèbre faux antisémite, croient également à QAnon. L’enquête montre aussi la coïncidence entre les opinions des adeptes de QAnon et celles des conservateurs américains (source : Morning Consult, 28 juin 2021).

DONALD TRUMP. Une croyance persistante et croissante chez certains partisans de Donald Trump – toujours dans le déni électoral – voudrait que l’ancien président soit réintégré dans sa fonction au mois d’août prochain. Le département de la Sécurité intérieure s’alarme de cette rhétorique et des menaces en ligne, qui font craindre le déclenchement de nouvelles violences dans les mois à venir (source : CNN, 30 juin 2021).

JOHN McAFEE. Lundi 28 juin, le quotidien espagnol El País a annoncé que l’expertise médico-légale confirmait que l’inventeur de l’antivirus McAfee s’était suicidé dans sa cellule de la prison de Sant Esteve Sesrovires le 23 juin. À l’annonce de sa mort, la complosphère a rejeté catégoriquement l’idée que l’homme avait pu se suicider. Il faut dire que John McAfee avait lui-même mentionné à plusieurs reprises une possible tentative d’assassinat sur sa personne (source : Conspiracy Watch, 1er juillet 2021).

En complément de cette lecture, on écoutera la chronique « Antidote » de Tristan Mendès France sur France Inter, consacrée à l’affaire. Notre collaborateur y souligne notamment le fait que les deux publications les plus partagées à ce sujet proviennent de deux comptes de l’extrême droite américaine (source : France Inter, 2 juillet 2021).

VACCINATION. La campagne de vaccination contre le Covid-19 soulève depuis ses débuts des interrogations mais suscite aussi rumeurs et idées fausses. Notre équipe s’était rendue dans la rue au début de l’année pour réaliser un micro-trottoir où fut abordée la question d’un complot autour des vaccins (source : Conspiracy Watch/Twitter, 2 juillet 2021).

Aux États-Unis, le nombre de décès dus au Covid-19 a considérablement diminué depuis le début de l’année. Alors qu’il était de plusieurs milliers de personnes par jour en début d’année, il n’atteignait pas 200 personnes la dernière semaine de juin. La plupart des décès concerne aujourd’hui des personnes qui ne sont pas encore vaccinées, généralement en raison d’un manque d’accessibilité au vaccin ou d’attitudes hostiles à la vaccination (source : Salon.com, 30 juin 2021).

ANTIVAXX. Les messages antivaxx prolifèrent sur la toile. Pour comprendre comment s’organisent ceux qui propagent la défiance sanitaire, un homme a infiltré le mouvement anti-vaccin ViVi. Dans l’émission « Anti-complot » sur LCI, il explique sa démarche et ce qu’il a pu observer chez ces « guerriers numériques anti-vaccins » (source : LCI, 25 juin 2021).

MARTINE WONNER. Dans une vidéo filmée dans un taxi et partagée des milliers de fois sur Facebook le 25 juin, la députée du Bas-Rhin Martine Wonner en appelle à la « prudence » vis-à-vis de la vaccination contre le Covid-19. Si elle assure n’avoir jamais « été contre les vaccins », elle recommande toutefois d’éviter d’y avoir recours dans le cadre de l’épidémie actuelle. Entre autres arguments fallacieux, Martine Wonner affirme qu’« il y a même aujourd’hui des compagnies aériennes qui interdisent aux gens qui ont été vaccinés de prendre l’avion. » Une assertion contredite par plusieurs associations de transport aérien (source : AFP, 28 juin 2021 ; Le Monde/Les Décodeurs, 29 juin 2021).

LE DESSIN DE LA SEMAINE. Alice, une vidéaste complotiste française qui évolue dans la mouvance dite des « êtres souverains », a récemment mis en ligne une vidéo dans laquelle elle détruit son passeport par le feu. Une séquence qui a inspiré notre collaborateur Morgan Navarro.

ALEXANDRA HENRION-CAUDE. La vidéo Facebook la plus partagée de ces six derniers mois, avec 60.000 partages pour 1,3 million de vues, est celle dans laquelle on voit Alexandra Henrion-Caude, ancienne généticienne de l’Inserm, affirmer que « les effets secondaires du vaccin sont pires que les effets du Covid ! » (source : Raphaël Grably/Twitter, 2 juillet 2021).

RÉINFO COVID. Sur les réseaux sociaux, la capture d’écran d’un texte se propage, assurant qu’aucune compensation « ne peut être demandée en cas d’effets secondaires ou de mort aux labos ou à l’État ». Il est dit qu’il s’agirait d’un « document donné par certains médecins à leurs patients ». Au micro de Sud Radio, l’éditorialiste André Bercoff a interpellé la députée européenne EELV Michèle Rivasi. Le document a en fait été rédigé et diffusé par l’antenne suisse de  Réinfo Covid, un média aux accents complotistes, hostile aux mesures sanitaires et à la campagne de vaccination (source : LCI, 1er juillet 2021).

CAROLE CASSAGNE. Le chaîne YouTube de l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille, dirigée par le professeur Didier Raoult, a diffusé une conférence sur les limites des vaccins Covid-19 contre la progression des contaminations. Pour la circonstance, Carole Cassagne, spécialiste des infections fongiques, s’est improvisée épidémiologiste. Elle n’est autre que l’épouse de Louis Fouché, anesthésiste-réanimateur et animateur du site Réinfo Covid. Le journaliste William Audureau lui a consacré un thread très documenté.

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HAYSSAM HOBALLAH. Les comptes Twitter et YouTube de Hayssam Hoballah, « coach bien-être santé holistique » au discours conspirationniste, initiateur des listes électorales anti-mesures sanitaires « Un nôtre monde », et proche de Réinfo Covid, ont été supprimés (source : William Audureau/Twitter, 29 juin 2021).

MALADIE DE LYME. Une tique infectée peut transmettre une bactérie à l’homme en cas de morsure. Elle entraîne la maladie de Lyme. Aux États-Unis, celle-ci alimente les fantasmes. Une théorie circule selon laquelle elle serait issue d’une expérimentation militaire qui aurait mal tourné. En France, des rumeurs alarmistes dénoncent une sous-estimation du problème et parlent de scandale politique. En réalité, cette maladie sert bien souvent de « refuge » à de nombreux patients dans les pathologies sont mal diagnostiquées (source : France TV Info/Vrai ou Fake, 2 juillet 2021).

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JEAN-JACQUES CRÈVECOEUR. « Restez vigilants », « doutez de tout » : tels sont les mots d’ordre adressés par le youtubeur complotiste Jean-Jacques Crèvecœur à ses auditeurs, les alertant sur un projet secret de projection d’hologrammes « qui vont apparaître dans le ciel, sous les traits de Mahomet, de Jésus, de la vierge Marie, de Bouddha ». Le but ? Prendre le contrôle des populations en faisant croire au « retour de Jésus » (source : L’Extracteur/Twiter, 1er juillet 2021).

PRÉSIDENTIELLE 2022. Alors que la pandémie et les dernières élections en Europe et aux États-Unis ont vu se déployer de nouveaux formats et acteurs de la désinformation, la France se prépare à sa prochaine élection présidentielle, qui sera analysée à la loupe. Un an avant, le Conseil national du numérique (CNNum) s’est penché sur la construction et le parcours des faits en ligne, sur les mécaniques individuelles et collectives derrière le complotisme, la mésinformation ou encore la désinformation. Télécharger le rapport.

ALLEMAGNE. Les rumeurs sur la fraude électorale commencent à se développer avant les élections nationales allemandes de septembre, selon les données de Twitter, Facebook et d’autres plateformes de médias sociaux sur lesquelles ont travaillé des chercheurs. L’étude montre que les électeurs d’extrême droite, dont certains du parti de l’AfD (« Alternative pour l’Allemagne »), sont les principaux promoteurs de cette désinformation (source : Politico, 18 juin 2021).

EXTRÉMISME EN LIGNE. La pandémie a donné lieu à de très nombreuses analyses sur les répercussions de la crise sur l’activité extrémiste. Il existe de fait une interaction forte entre ce contexte et le développement d’organisations extrémistes et même terroristes. C’est l’objet d’une étude de l’Institute for Strategic Dialogue qui souligne une activité croissante en ligne de cette nature au cours des 18 derniers mois, un élargissement de son audience, une incitation à la violence de plus en plus marquée, notamment contre certaines minorités, l’exploitation des difficultés rencontrées par les gouvernements (source : ISD, juin 2021).

LECTURE. Chercheur en psychologie sociale à l’Université de Fribourg, Pascal Wagner-Egger a publié Psychologie des croyances aux théories du complot (Presses universitaires de Grenoble, 2021) dont nous publiions les bonnes feuilles il y a quelques semaines. Le blog Spokus propose un entretien avec l’auteur.

ODYSEE. De plus en plus bannis de YouTube, les réseaux de désinformation s’organisent sur Odysee, une plateforme créée en 2016 par Jeremy Kauffman, un libertarien partisan d’une liberté d’expression totale. Le site consiste en un réseau de fichiers décentralisés, qui rend impossible la suppression des contenus. Les vidéastes sont quant à eux payés en cryptomonnaie par les utilisateurs (source : France TV Info/Vrai ou Fake,  28 juin 2021).

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Mort de John McAfee : pourquoi l’autopsie ne mettra pas fin à la théorie du complot

jeudi 1 juillet 2021 à 12:30

Lundi, le quotidien espagnol El País a annoncé que l’expertise médico-légale confirmait que l’inventeur de l’antivirus McAfee s’est suicidé dans sa cellule de la prison de Sant Esteve Sesrovires.

John McAfee le 15 juin 2021 lors d’une audition judiciaire sur son extradition (source : El País).

La vie de John McAfee n’a rien de banal. Né en 1945 en Angleterre, le futur homme d’affaires se révèle être un génie de l’informatique. Il intègre la NASA en 1968 avant de fonder la société McAfee en 1987 qui deviendra un mastodonte des logiciels antivirus. Mais si le nom de l’Américain est connu pour ses talents dans le domaine de la tech, il l’est aussi pour sa vie sulfureuse et ses dérapages les plus extrêmes, notamment complotistes.

Dès le mois de février 2020, John McAfee s’illustre par ses propos covido-sceptiques et anti-vaccination, voyant dans la pandémie de coronavirus un « simulacre » destiné à cacher « quelque chose de bien plus important en arrière-plan ».

En juillet 2020, il publie une courte vidéo sur « l’État profond », nom que Donald Trump et ses partisans attribuent à ceux qui, dans les coulisses, travailleraient à saboter sa présidence. McAfee soutient que cet État profond, s’il concentre le vrai pouvoir et court-circuite ainsi la démocratie américaine, n’est en réalité rien d’autre que l’ensemble des agences fédérales américaines telles que la FCC, la CIA ou la SEC :

« L’État profond est constitué par ces gens, à l’intérieur du Gouvernement des États-Unis, qui sont des fonctionnaires de carrière, qui ne peuvent pas être licenciés par les gens que nous élisons au Congrès ou à la présidence. […] Y a-t-il un État profond ? Oui ! Peut-on virer ces gens ? Non ! Le président peut-il les virer ? Non ! […] Ça n’a rien de “secret”. C’est aussi transparent que possible. […] L’État profond contrôle effectivement l’Amérique. Réveillez-vous, s’il vous plaît. C’est l’évidence même. »

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Les prises de position excentriques et les multiples séjours en prison de John McAfee ont construit l’image d’un personnage aussi atypique que polémique. Soupçonné d’avoir commandité le meurtre de son voisin lorsqu’il résidait au Bélize et d’être impliqué dans un trafic de stupéfiants, ruiné, McAfee était également dans le collimateur des autorités américaines pour évasion fiscale.

C’est pour ce motif, qui lui faisait encourir jusqu’à 30 ans de prison, et en application d’un mandat d’arrêt d’Interpol, qu’il a été arrêté à l’aéroport de Barcelone le 3 octobre 2020 alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Istanbul.

Incarcéré depuis lors à la prison de Sant Esteve Sesrovires (près de Barcelone), John McAfee a été entendu par la justice espagnole à la mi-juin sur la question de son extradition. Sa ligne de défense était simple : les accusations d’évasion fiscale qui le visaient trouveraient leur origine dans la circonstance qu’il a brigué l’investiture du Parti libertarien en vue de l’élection présidentielle de 2016. Il aurait, de ce fait, constitué un risque voire un danger pour les États-Unis… Un argumentaire qui n’a pas convaincu la justice espagnole.

John McAfee a été informé mercredi 23 juin de la décision des autorités espagnoles de l’extrader vers les États-Unis. À quatre heures de l’après-midi, il a demandé à passer un peu de temps seul dans sa cellule. Deux heures plus tard, à l’heure où normalement les détenus se réunissent dans la cour de la prison, les surveillants pénitentiaires ont constaté qu’il ne s’était pas manifesté. En pénétrant dans sa cellule, ils ont découvert son corps sans vie, des lacets noués autour du cou et attachés à la fenêtre. Ils ont tenté de le réanimer, en vain. McAfee aurait laissé dans la poche de son pantalon un écrit dont le contenu n’a pas encore été révélé.

L’annonce de son extradition a-t-elle motivé son passage à l’acte ? Il est permis de le penser. Mais c’est à une toute autre version que les conspirationnistes veulent croire.

Dès l’annonce de sa mort, la complosphère a rejeté catégoriquement l’idée que McAfee ait pu se suicider. Il faut dire que l’ex-millionnaire avait mentionné à plusieurs reprises une possible tentative d’assassinat sur sa personne. Le 6 juin 2019, il écrivait sur Twitter :

« J’ai rassemblé des dossiers sur la corruption dans les gouvernements. Pour la première fois, je donne des noms et des détails. Je commencerai par un agent corrompu de la CIA et deux officiels des Bahamas. A venir aujourd’hui. Si je suis arrêté ou si je disparais, plus de 31 téraoctets de données compromettantes seront divulgués à la presse. »

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Le 30 novembre 2019, il enfonçait le clou :

« Je reçois des messages subtils de la part d’officiels américains qui me disent : “On vient te chercher McAfee ! On va te suicider !” Je me suis fait tatouer aujourd’hui, juste au cas où. Si je me suicide, je ne l’ai pas fait. J’ai été buté. Vérifiez mon bras droit. »

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Ces déclarations, tenues l’année qui a précédé son incarcération, ont évidemment nourri la thèse d’un assassinat déguisé. Une chose est  pourtant certaine à ce jour : concernant les fameux « 31 téraoctets de données compromettantes » qu’il avait promis de faire fuiter en cas d’arrestation, McAfee bluffait. Non seulement ces données n’ont jamais été diffusées mais il n’y a apparemment pas fait référence une seule fois pendant les plus de six mois qu’a duré sa détention.

Si, de l’avis de sa compagne, de son avocat espagnol et des sources interrogées au sein de la prison où il était détenu, cet excentrique de 75 ans ne présentait pas le comportement d’une personne ayant des tendances suicidaires, le sujet hantait cependant ses déclarations comme l’atteste encore ce tweet du 15 octobre 2020 dans lequel il écrit : « Sachez que si je me pends, à la Epstein, ce ne sera pas de ma faute. »

McAfee souscrivait aussi à la théorie du complot sur le suicide de Jeffrey Epstein, allant jusqu’à lancer, quelques semaines après l’annonce de la mort de l’ancien trader poursuivi pour trafic sexuel de mineurs, une cryptomonnaie baptisée « Epstein Didn’t Kill Himself » [« Epstein ne s’est pas suicidé »].

La complosphère a immédiatement vu dans la mort de John McAfee une reproduction à l’identique du cas Jeffrey Epstein. Dans les heures qui suivent l’annonce de sa mort, le hashtag #JohnMcAfeeDidntKillHimself [« John McAfee ne s’est pas suicidé »] est monté en tendance sur Twitter.

L’apparition énigmatique de la lettre Q sur son compte Instagram (une allusion transparente aux théories QAnon) après l’annonce officielle de son décès – l’avait-il lui-même programmé à l’avance ? – a achevé de faire de la mort de McAfee un événement décidément hors norme et propre à alimenter durablement les spéculations conspirationnistes.

Tim Pool, un influenceur pro-Trump qui s’était illustré lors du mouvement Occupy en 2011 (il cumule un million d’abonnés sur YouTube et 78 000 sur Twitter), a notamment écrit le jour même de l’annonce du décès : « John McAfee en savait trop », accompagné du hashtag #JohnMcAfeeDidntKillHimself.

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Sur Telegram, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a ironisé, laissant entendre que la mort de McAfee ne serait pas élucidée « avant les 50 prochaines années. »

En France, les influenceurs complotistes n’ont pas attendu longtemps pour dégainer.

Le chanteur Francis Lalanne s’est fendu d’un tweet interrogateur accompagné des hashtags #EtatProfond et #Epstein. Le site complotiste Réseau International a relayé un court texte issu du site conspirationniste Strategika51 sobrement intitulé « John McAfee exécuté ». De son côté, l’auteur complotiste Laurent Glauzy a relayé sur son blog un texte issu du même site où l’on peut lire que « les liquidations physiques extra-judiciaires déguisées en “suicides apparents”, “suicides accompagnés” ou “suicides assistés” vont se multiplier dans les prochains mois. »

Lundi 28 juin, le quotidien espagnol El País annonçait que l’autopsie préliminaire confirmait la mort par suicide de John McAfee. Sa famille avait déjà annoncé quelques jours auparavant qu’elle réclamerait en tout état de cause une contre-expertise médico-légale.

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Sécession

mardi 29 juin 2021 à 12:54

Alice, une vidéaste complotiste française qui évolue dans la mouvance dite des « êtres souverains » a mis en ligne la semaine dernière une vidéo dans laquelle elle détruit son passeport par le feu.

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