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Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme

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Financement participatif inclusif

lundi 6 septembre 2021 à 17:03

Interviewé par Aude Favre et Sylvain Louvet dans le cadre du documentaire « Fake news, la machine à fric », diffusé dans « Complément d’enquête » le 2 septembre 2021, Michaël Goldman, le fondateur de la plateforme de financement participatif Tipeee, prétend tout assumer, « du plus antisémite au moins antisémite, et du plus complotiste au moins complotiste, parce que tant que ces gens-là n’ont pas été condamnés par la justice pour ce qu’ils disent, je ne vois aucune raison valable et morale de les enlever du site, et je leur dis même que nous, on fera en sorte de les défendre sur le site. »

[PODCAST] Le 11-Septembre, point de bascule du complotisme

dimanche 5 septembre 2021 à 18:33

Cela fait 20 ans cette année que ces attaques ont frappé les États-Unis, 20 ans aussi que les attentats du 11-Septembre nourrissent de folles théories, parfois élaborées en France.

Bienvenue dans cette nouvelle saison de Complorama. Elle s’ouvre sur un épisode fondateur de la complosphère moderne : les attentats du 11-Septembre. Vingt ans cette année que ces attaques ont frappé les États-Unis et qu’elles nourrissent de folles théories, parfois élaborées en France…

Aujourd’hui encore, certains ne croient pas que le 11-Septembre soit une série d’attentats perpétrés par Al-Qaïda.

Quelle est la place du 11-Septembre dans l’écosystème conspirationniste actuel ? Comment s’est créée la narration complotiste autour de ces attentats, aux États-Unis et en France ? Ce 20ème anniversaire peut-il raviver certaines théories ?

De Lyndon LaRouche à Thierry Meyssan, en passant par le film « Loose change », Rudy Reichstadt et Tristan Mendès France expliquent pourquoi le 11 septembre 2001 a changé la face du complotisme.

« Le 11 septembre, point de bascule du complotisme », c’est le 12e épisode de Complorama, avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférence et membre de l’Observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l’application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcastsPodcast AddictSpotify, ou Deezer.

Conspiracy News #36.2021

dimanche 5 septembre 2021 à 18:15

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 30/08/2021 au 05/09/2021).

MIKIS THEODORAKIS. Le célèbre compositeur grec est décédé le 2 septembre 2021. Il s’était illustré, il y a quelques années, par une succession de déclarations aussi problématiques qu’explicites sur les Juifs, la crise économique ou encore le 11-Septembre (source : Conspiracy Watch, 14 août 2011).

ANTISÉMITISME. « Vous paierez pour vous crimes », « criminels », « collabos »… Des inscriptions prenant pour cible la communauté juive ainsi que des établissements et personnes appliquant les mesures sanitaires ont été découvertes à Guéret (Creuse). L’acte a été revendiqué par un canal néonazi de la messagerie cryptée Telegram (source : Libération, 30 août 2021).

MAGALI ROBIN. La youtubeuse complotiste française Magali Robin (21 000 abonnés sur VKontakte) publiait il y a six mois une étoile jaune avec la mention « non vacciné ». La publication par ses soins d’un visuel antisémite lui permet aujourd’hui de préciser ses arrière-pensées (source : Conspiracy Watch/Twitter, 2 septembre 2021).

11-SEPTEMBRE. Voici 20 ans que des attaques terroristes ont frappé les États-Unis. 20 ans également que les attentats du 11 septembre 2001 nourrissent de folles théories complotistes, parfois élaborées en France. La nouvelle saison de Complorama, le podcast bimensuel de France Info qui décrypte les théories du complot, s’ouvre sur cet épisode fondateur de la complosphère moderne (source : France Info, 3 septembre 2021).

À lire, le thread d’Élie Guckert en complément de son article pour Conspiracy Watch, au sujet du narratif selon lequel la CIA aurait fabriqué les talibans et Al-Qaïda. Il revient en particulier sur un entretien qu’Oussama ben Laden avait accordé au journaliste Robert Fisk (décédé en 2020), dans The Independant, en 1993. À l’époque, Fisk, qui a soutenu le régime de Bachar el-Assad dans le conflit syrien, s’était vu reprocher « d’être aveuglé par son biais anti-occidental » et d’avoir présenté ben Laden comme un « valeureux rebelle anti-impérialiste » (source : Élie Guckert/Twitter, 31 août 2021).

FRANCESOIR. « Un procès devra se tenir. La Veuve s’impatiente ». La conclusion d’une tribune anonyme publiée le 22 août sur le site complotiste FranceSoir a fait réagir. Les médecins et les scientifiques mis en accusation dans ce texte, qui prétend dénoncer les « scandales » autour du Covid-19, y ont vu un appel à la peine de mort. Un collectif a publié une tribune dans L’Express, pour dénoncer cet « appel à la haine » et ces menaces, alors que des plaintes individuelles sont envisagées (source : L’Express, 31 août 2021).

IVERMECTINE. Dans sa chronique du vendredi 3 septembre sur France Inter, Tristan Mendès France s’est intéressé à l’ivermectine, ce médicament perçu par les communautés complotistes comme un traitement miracle contre le Covid-19, dont l’Organisation mondiale de la santé et les autorités sanitaires européennes et américaines déconseillent pour le moment toute utilisation à cette fin. « Ce qui est le plus inquiétant, explique notre collaborateur, c’est la promo qu’en font certains responsables politiques, et notamment ceux qui envisagent de se présenter à la présidentielle de 2022, je pense particulièrement à Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan ou François Asselineau » (source : France Inter, 5 septembre 2021).

ROCKIN’ SQUAT. Rockin’ Squat, le leader du groupe rap Assassin, vient de sortir un morceau antivaxx baptisé « Big Pharma (poison légal) ». L’inspiration complotiste, sans ambiguïté, a reçu un accueil complaisant et enthousiaste de la part de la radio Le Mouv’ (service public), qui estime que l’artiste « continue d’envoyer le meilleur de lui-même pour faire prendre conscience de certains problèmes de la société » (source : Le Mouv’, 1er septembre 2021).

ERIC CLAPTON. Dans un nouveau titre bluesy, accompagné d’un clip assez caricatural, le guitar hero britannique de 76 ans proclame à nouveau son ras-le-bol des restrictions sanitaires. L’artiste, récidiviste en la matière, y dénonce pêle-mêle les effets qu’a eus sur lui le vaccin, ce qu’il considère comme une privation de liberté, et l’avenir compromis de ses enfants (source : Le Figaro, 30 août 2021).

SHERRI TENPENNY. L’entrepreneure américaine Sherri Tenpenny estime que Dieu est du côté de ceux qui rejettent les vaccins contre le Covid-19. Gagner de l’argent, expliquent certains observateurs, constitue en fait l’objectif principale de cette ostéopathe de l’Ohio, qui a pu être présentée comme « l’une des pires propagatrices de mensonges, de mythes et de déclarations trompeuses sur les vaccins » en 2021 (source : AFP, 31 août 2021).

ANTIVAXX. D’après les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a eu 4,7 milliards d’injections de vaccins anti-Covid sur la planète, mais seulement 1,3% de ces injections ont bénéficié aux pays en voie de développement. Des chiffres qui ont fait réagir le médecin Baptiste Beaulieu sur France Inter, interpellant les antivaxx en ces termes : « Est-ce que vous pourriez aussi manifester pour que les vaccins qui vous étaient destinés et qui manquent aux pays en voie de développement, puissent être rendus aux populations de ces pays-là ? », et délivrant ce message essentiel : « IL. N’Y. A. PAS. DE. COMPLOT. » (source : France Inter, 30 août 2021).

ROBERT DAVID STEELE. Robert David Steele, un ancien officier de la CIA qui s’était essayé aux théories du complot et relayait les théories QAnon, est décédé à l’âge de 69 ans, des suites de la Covid-19, le 30 août 2021. Jusqu’à la dernière minute, celui qui se vantait d’avoir été l’un des premiers à qualifier l’épidémie de « canular », a refusé de croire qu’il avait été infecté par la maladie autant que d’admettre qu’un vaccin aurait pu l’en sauver (source : Shayan Sardarizadeh/Twitter, 30 août 2021).

OBSTINÉ. Un Texan qui s’était engagé contre le port du masque sanitaire et d’autres mesures préventives contre la pandémie est décédé du Covid-19 un mois après avoir été admis aux urgences. Alors qu’il commençait à ressentir des symptômes du virus fin juillet, il avait refusé de se faire tester ou d’aller à l’hôpital, préférant prendre de fortes doses de vitamine C, de zinc, d’aspirine ou d’ivermectine (source : The Guardian, 29 août 2021).

MARTINE WONNER. La députée du Bas-Rhin n’a pas hésité à inverser les conclusions d’un récent rapport de l’Université d’Oxford, publié dans The Lancet, portant sur la propagation du variant Delta au Vietnam. Alors que l’étude explique que la charge virale est 251 fois plus élevée avec ce variant qu’avec les anciennes souches, Martine Wonner affirmue que la charge virale est 251 fois plus élevée chez les vaccinés que chez les non vaccinés (source : Daniel Flaysakier/Twitter, 29 août 2021).

FINANCEMENT DE L’INFOX. Aude Favre, journaliste animatrice du site WTFake, spécialisé dans la lutte contre les fake news, était l’invitée d’Europe 1 le 2 septembre. Elle présentait le reportage « Fake news, la machine à fric », diffusé le soir même dans le magazine Complément d’enquête sur France 2 (source : Europe 1, 2 septembre 2021). « Nous n’avons trouvé aucun acteur du financement de la désinfo qui se sentait réellement responsable », expliquait-elle au micro de Philippe Vandel. Interrogé dans le reportage, l’un des gérants de la plateforme de financement participatif Tipeee, Michaël Goldman, explique en effet : « J’assume tout ce qu’il y a sur ce site, du plus antisémite au moins antisémite, et du plus complotiste au moins complotiste, parce que tant que ces gens-là n’ont pas été condamnés par la justice pour ce qu’ils disent, je ne vois aucune raison valable et morale de les enlever du site, et je leur dis même que nous, on fera en sorte de les défendre sur le site » (source : France Info, 2 septembre 2021). À lire également, l’entretien d’Aude Favre et de Sylvain Louvet, auteurs du reportage sur le site de France Culture.

MONIQUE PINÇON-CHARLOT. Le 26 août est paru l’ouvrage de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Notre vie chez les riches. Mémoires d’un couple de sociologues (Zones). « Si le livre regorge de récits et d’analyses souvent très intéressants sur leur approche sociologique de la bourgeoisie française », explique Florent Georgesco dans Le Monde, il n’y a pas un mot sur la participation de la seconde au documentaire complotiste « Hold-up », sur la crise du Covid-19. La sociologue y avait déclaré – présentant par la suite ses excuses – que du fait du dérèglement climatique, « il y a un holocauste, qui va éliminer certainement […] 3,5 milliards d’être humains » et qui rappelait ce que « les nazis allemands ont fait » pendant la guerre (source : Le Monde, 1er septembre 2021).

JACQUES GRIMAULT. Le 1er juin dernier, une enquête confiée à la Brigade de Répression de la Délinquance astucieuse (BRDA) a été ouverte à l’encontre de Jacques Grimault. Celui qui a inspiré le fameux film conspirationniste La révélation des Pyramides (2010) est notamment accusé d’avoir détourné les fonds de son association (source : Fact & Furious, 2 septembre 2021). À lire ou relire, la notice que nous avons consacré à ce conférencier, qui évolue dans la sphère complotiste antisémite.

RÉMY DAILLET-WIEDEMAN. Mis en examen, notamment pour association de malfaiteur en vue de commettre le crime d’enlèvement de mineur en bande organisée, Rémy Daillet-Wiedeman est détenu depuis le 16 juin dernier. Dans un thread, notre collaborateur Maurice Ronai fait le point sur les derniers développements observés dans l’entourage militant de cette figure de la complosphère francophone (source : Maurice Ronai/Twitter, 29 août 2021).

SUPPLICES. Le biologiste et enseignant Alexander Samuel a repéré les incitations à la violence proférées dans un récent live de la chaîne  complotiste l’Alliance humaine 2020 auquel a notamment participé l’entrepreneur Christophe Charret (Laboratoires Dietworld). Astrid Stuckelberger évoque les supplices qu’il faudrait infliger aux personnes qui prennent part à ou se rendent complices de la campagne de vaccination contre le Covid-19. Antoine « Q » Cuttitta estime quant à lui que la mort serait encore trop douce pour eux et qu’il faudrait les humilier…

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Conspiracy News #35.2021

dimanche 29 août 2021 à 11:31

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 23/08/2021 au 29/08/2021).

LE DESSIN DE LA SEMAINE.

AFGHANISTAN. La prise de la capitale afghane par les talibans dimanche 15 août a fourni de nombreuses images et déclarations publiques. Aucun cliché occidentalo-centré n’aura manqué à l’appel. Parmi ce brouhaha, un vieux discours révisionniste a également refait surface : le narratif, très prisé des complotistes, selon lequel les Américains auraient créé Al-Qaïda, comme l’a soutenu récemment Jean-Luc Mélenchon. Retraçant l’engagement américain en Afghanistan depuis la fin des années 70 et s’appuyant sur les meilleures sources disponibles, Élie Guckert rappelle que cette question ne fait pas débat parmi les spécialistes de l’islamisme radical (source : Conspiracy Watch, 27 août 2021).

TERRORISME. L’attentat qui a ensanglanté l’aéroport de Kaboul jeudi 26 août 2021 a été revendiqué par l’État islamique. Pour certains, il s’agirait pourtant d’une opération américaine sous faux drapeau (source : Tristan Mendès France/Twitter, 26 août 2021).

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SPIKE LEE. Le réalisateur américain Spike Lee a annoncé procéder à « un nouveau montage du dernier épisode de son documentaire pour HBO sur les attentats du 11-Septembre qui comprend des interviews des tenants de la théorie du complot ». Cet épisode inclut en effet des entretiens avec un groupe défendant la théorie, non fondée et maintes fois réfutée, de la démolition contrôlée des tours jumelles du World Trade Center (source : Le Figaro, 26 août 2021). On rappellera qu’il y a une trentaine d’années, dans une interview au magazine Rolling Stone, le réalisateur exprimait sa conviction que le sida était une maladie fabriquée par le gouvernement… (source : Washington Post, 19 décembre 1992).

LAURENT MUCCHIELLI. Dans un communiqué daté du 24 août, la direction du CNRS « déplore les prises de position publiques de certains scientifiques, souvent plus soucieux d’une éphémère gloire médiatique que de vérité scientifique, sur des sujets éloignés de leurs champs de compétences professionnelles ». Sans être nommé, le sociologue Laurent Mucchielli était directement incriminé. Dans le contexte de la crise sanitaire, le chercheur est en effet intervenu dans divers médias véhiculant des thèses complotistes. L’un de ses billets a été dépublié par Mediapart le 4 août dernier au motif qu’il diffusait de « fausses informations » (source : Le Monde, 24 août 2021). Dans un post de blog, le journaliste Sylvestre Huet analyse de manière critique la réaction du sociologue : « Aujourd’hui, écrit le journaliste, l’écrasante majorité des malades en réanimation en France sont des personnes qui auraient pu être vaccinées mais ne le sont pas uniquement en raison de leur refus – et une part d’entre elle va décéder de ce refus. Combien de ces personnes ont été convaincues par les mensonges de Didier Raoult ou de Laurent Mucchielli ? Impossible de le mesurer. Mais croire qu’elles n’existent pas n’est pas raisonnable. Ces mensonges tuent » (source : lemonde.fr, 25 août 2021).

VEUVE. Le directeur de l’IHU Méditerranée Infection, Didier Raoult, et son ex-bras droit, le Pr Éric Chabrière, ont relayé sur les réseaux sociaux une tribune publiée sur FranceSoir, le site de Xavier Azalbert. Ce texte, mis en ligne le 22 août 2021, dénonce nommément plusieurs médecins tels que Nathan Peiffer-Smadja ou Jérôme Marty, qualifiés de « khmers blancs ». Fustigeant « le lavage de cerveau distillé par les médias propagandistes “mainstream”, financés par les milliardaires asservis au pouvoir », la tribune, dont l’auteur est anonyme, cite « les courageux résistants à l’oppression » que seraient le Pr Raoult, les associations Bon Sens et Reinfo Covid, ou encore des personnalités comme Christian Perronne, Alexandra Henrion-Caude et Louis Fouché. A la fin du texte, son auteur cite Saint-Just et réclame à mots couverts la guillotine : « Un procès devra se tenir. La Veuve s’impatiente » (source : Raphaël Grably/Twitter, 22 août 2021).

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Le texte a par la suite été amendé. La majuscule au mot « veuve » (qui désigne la guillotine) a été retirée et la mention suivante a été ajoutée à la toute fin de la tribune :

« (Ndlr : la covid a comme conséquence de laisser veuves des milliers de femmes dans le monde. https://news.un.org/fr/story/2020/06/1071572 et pour certains l’attente est longue https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/mort-du-docteur-loupiac-v…) précision amenée le 22 août 2021. »

CARLO ALBERTO BRUSA. Dans un live donné sur Facebook le 26 août 2021 et visionné près de 100.000 fois, l’avocat complotiste Carlo Alberto Brusa aborde les sujets d’autorisation de mise sur le marché, de décret et des laboratoires Pfizer/BioNtech… et diffuse plusieurs infox (source : Fact & Furious, 27 août 2021).

JEÛNE. Une femme de 44 ans a été retrouvée morte lors d’un stage de jeûne hydrique organisé en Indre-et-Loire cet été par un naturopathe. Des participants ont dénoncé l’absence d’accompagnement médical. L’organisateur du stage, Éric Gandon, aurait notamment expliqué à certains participants que le décès aurait été causé par… le vaccin contre le Covid-19 ! Une information judiciaire pour « homicide involontaire » a été ouverte. Dans l’immédiat, des jeûneurs assurent que la victime n’était de toutes façons pas vaccinée (source : France Inter, 24 août 2021). L’exploration de l’activité en ligne d’Éric Gandon révèle en outre un penchant certain pour les contenus issus de la complosphère covido-sceptique (source : Action AntiFouchiste/Twitter, 29 août 2021).

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RUSSIE. La décision de supprimer les webcams dans les bureaux de vote en Russie a été justifiée par… les risques de manipulations occidentales ! Le sénateur Andreï Klimov a en effet expliqué que « l’Ouest » pouvait « créer et diffuser de fausses fraudes grâce à l’intelligence artificielle » (source : Benoît Vitkine/Twitter, 24 août 2021).

ROBERT KENNEDY. La commission des libérations conditionnelles de Californie a donné vendredi 27 août son accord pour la sortie de prison de Sirhan Sirhan, qui avait assassiné Robert Kennedy, frère cadet de John Fitzgerald Kennedy, durant la campagne présidentielle de 1968. L’homme avait été reconnu coupable du meurtre du sénateur de New York, le 17 avril 1969. Sa condamnation à mort avait été commuée en réclusion à perpétuité en 1972, à la faveur d’une brève suppression de la peine capitale en Californie (source : France Info, 28 août 2021). L’occasion pour Conspiracy Watch de rappeler que cet assassinat a engendré un mythe complotiste tenace (source : Conspiracy Watch, 5 juin 2018).

ASHLI BABBITT. Le 6 janvier dernier, lors de l’assaut du Capitole, Ashli Babbitt, fervente partisane de Donald Trump avait été abattue par un policier présent dans le bâtiment. La thèse d’un assassinat, parmi d’autres théories complotistes, avait rapidement circulé. L’enquête interne a conclu à une conduite « légale » de l’officier de police dont la réaction n’entraînera pas de mesures disciplinaires (source : Politico, 23 août 2021).

FACEBOOK. Sur son site dédié à la transparence, Facebook a récemment publié un rapport présentant les liens, contenus, posts et articles les plus vus au cours du deuxième trimestre 2021. Les deux contenus les plus visionnés sur la plateforme (53 et 81 millions de vues respectivement) ont un caractère complotiste. Le géant américain a beau mettre en avant ses progrès en matière de modération, il se révèle incapable de réguler et de vérifier l’information : antivax et complotistes ont fait de Facebook leur espace de diffusion favori (source : Presse citron, 24 août 2021).

DÉSINFORMATION. En mai dernier, des violences ont éclaté en Côte d’Ivoire en raison d’une fausse information devenue virale sur les réseaux sociaux. Une vieille vidéo sortie de son contexte avait présenté des Ivoiriens en train d’être torturés au Niger. Des scènes de violences ont alors eu lieu dans plusieurs communes d’Abidjan, entraînant la mort d’une personne. La tribune que publie le site de fact checking Africa Check rappelle opportunément que « la désinformation est dangereuse au point de mettre des vies en danger » (source : Africa Check, 17 août 2021).

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La « création » d’Al-Qaïda par la CIA : déconstruction d’une fable

vendredi 27 août 2021 à 09:57

Avec la débâcle américaine en Afghanistan et la chute de Kaboul, le narratif selon lequel la CIA aurait fabriqué les talibans et Al-Qaïda refait surface.

Le président Ronald Reagan reçoit des chefs de la résistance afghane à la Maison-Blanche en 1983 (archives des États-Unis/Wikimedia Commons).

La prise de la capitale afghane par les talibans dimanche 15 août a fourni de nombreuses images qui marqueront l’Histoire, ainsi que de nombreuses déclarations publiques qui finiront dans ses poubelles. Du fantasme de l’Afghane en jupe au « cimetière des empires » en passant par l’inévitable argument du pipeline, aucun cliché occidentalo-centré n’aura manqué à l’appel. Parmi ce brouhaha, un vieux discours révisionniste a également refait surface.

Dans un billet de blog intitulé « Afghanistan : 20 ans de guerre en travers de la gorge » paru le 16 août, Jean-Luc Mélenchon livre une critique acerbe de l’intervention de l’OTAN. « L’énormité des mensonges et des illusions répandues et entretenues sans aucun esprit critique, les moqueries et insultes dont ont fait l’objet tous ceux qui tentaient, comme nous, de mettre en alerte, de dénoncer les méthodes de guerre et d’exiger le retrait pendant tout ce temps, me remontent à l’esprit comme une écume amère ! », écrit le candidat de la France insoumise à l’élection présidentielle, avant de lâcher quelques lignes plus loin : « Je suis certain que, de même qu’ils ont créés (sic) de toute pièce Al-Quaïda (sic) contre le régime communiste afghan, une nouvelle fois les grands stratèges des USA ont imaginé un nouveau plan qui tournera mal et même très mal à force de mettre les doigts dans les essaims de frelons. »

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Quelque jours plus tard, à l’autre bout du spectre politique, c’est le théoricien du complot Thierry Meyssan qui remet une pièce dans la machine. Le 18 août, il publie sur le site du Réseau Voltaire un billet intitulé « 7 mensonges à propos de l’Afghanistan ». Selon lui, les « médias occidentaux » masquent « les crimes commis dans ce pays et rendent impossible de prévoir le destin que Washington lui a écrit ». Un exemple chimiquement pur de rhétorique complotiste enchaînant les allégations les plus farfelues, parfois basées uniquement sur des entretiens privées que l’auteur assure avoir mené lui-même, sans les dévoiler. Non content d’assurer que le leader d’Al-Qaïda serait en fait mort en 2001 à Doha et non pas en 2011 à Abbottabad, Meyssan assure qu’il est « indiscutable qu’Oussama Ben Laden a été durant de longues années un agent des États-Unis ».

« C’est un discours qui a été depuis longtemps démonté par les historiens et par les spécialistes de l’Afghanistan et des mouvements djihadistes. Il n’y a pas de débat entre les historiens et les spécialistes sur cette question », explique Marc Hecker, co-auteur avec Élie Tenenbaum de La guerre de vingt ans – djihadisme et contre-terrorisme au XXIe siècle (Robert Laffont, 2021). « L’historiographie a d’ailleurs continué à évoluer en ce sens ces dernières années avec des sources très sérieuses », ajoute le chercheur, citant notamment le récent livre The Caravan de Thomas Heghammer, ouvrage de référence paru en 2020 qui retrace le parcours du cheikh palestinien Abdallah Azzam et met à jour les racines du djihad global. « Il faut bien se replacer dans le cadre de l’époque, qui était celui de la guerre froide », ajoute Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes.

Un récit simpliste, une histoire complexe

Un peu de contexte, donc : en 1979, l’URSS envahit l’Afghanistan pour renverser le régime communiste d’Hafizullah Amin et le remplacer par Babrak Karmal, plus favorable à Moscou. Une intervention typique de la guerre froide, aux objectifs similaires à celle menée à Prague, en plein cœur de l’Europe, en 1968. En Afghanistan, sous le régime communiste, une féroce répression est menée contre les mouvements islamiques, qui commencent à s’armer pour mener une guérilla et que l’on appelle déjà les « moudjahidines ».

Dans ce contexte d’affrontements larvés entre les deux blocs, les États-Unis décident de prendre le parti de l’insurrection avec le soutien des services de renseignement pakistanais, l’ISI. La CIA suit les recommandations des Pakistanais mais l’agence américaine entretient aussi ses propres relations dans le dos de l’ISI, notamment avec le commandant Massoud, que l’ISI avait exclu du programme en 1983, comme le raconte Steve Coll dans Ghost Wars (The Penguin Press, 2004).

« Les moudjahidines se battaient contre les Soviétiques, comme dans d’autres régions où nous [les Occidentaux – ndlr] avons également soutenu des combattants anti-soviétiques à la même époque. Ils n’étaient pas djihadistes, leur combat était avant tout nationaliste », précise Wassim Nasr. « Ces groupes étaient loin d’être unifiées et suivaient chacun des idéologies diverses allant d’un bout à l’autre du spectre de l’islamisme », ajoute le journaliste Emran Feroz, dans un article pour le magazine américain Newlines. « L’islam politique n’était pas vu comme la problématique dominante du moment et c’est anachronique de regarder les années 80 avec les lunettes actuelles de la guerre contre le terrorisme », ajoute Marc Hecker.

L’efficacité militaire de ce soutien a d’ailleurs été largement surestimée, selon Emran Feroz. « Des centaines de milliers d’Afghans ont été tués parce que les moudjahidines se sont longtemps battus sans aucun soutien substantiel sur le terrain. Comme le rappellent de nombreux vétérans afghans, des pans entiers de cette aide sont allés directement dans les poches de leurs dirigeants au lieu d’être investies pour libérer le pays de l’occupation soviétique. » Ce n’est qu’à partir de 1986, trois ans avant la fin de la guerre, que la CIA livrera aux moudjahidines les fameux missiles anti-aériens Stingers, considérés cette fois comme bel et bien décisifs.

Un moudjahidine équipé d’un lance-missile anti aérien Stinger (archives américaines).

À en croire les révisionnistes, un certain Oussama Ben Laden, venus combattre l’Armée rouge, aurait néanmoins été l’un des bénéficiaires de ce programme. À l’époque, le conflit afghan attire en effet des combattants étrangers, majoritairement arabes – ils seront d’ailleurs surnommés les « Arabes afghans » –, venus faire le djihad contre l’armée soviétique. « Ils ne représentaient pas grand-chose » précise Marc Hecker. « Les Arabes afghans n’étaient que quelques dizaines au départ et il faut attendre la fatwa d’Abdullah Azzam en 1984 – qui étend l’obligation de la défense des territoires musulmans à toute l’Oumma – et la création du “Bureau des services”, pour qu’il y ait un afflux plus conséquent. Ils n’ont pas eu de rôle militaire majeur, même s’il y a des faits d’armes vers la fin du conflit, notamment la bataille de Djaji en 1986 où Ben Laden et ses hommes résistent face à un assaut soviétique ».

Surtout, « les États-unis n’ont jamais financé Al-Qaïda, même si des combattants étrangers ont peut-être pu bénéficier indirectement des aides américaines sur place via la corruption, le pillage, etc. », explique Wassim Nasr. « À l’époque, avec sa richesse, Ben Laden n’a pas besoin d’aide ».

En plus de la fortune familiale d’Oussama Ben Laden, c’est surtout via l’aide d’organisations islamiques, parfois soutenues par des États arabes, que les Arabes afghans vont financer leur entreprise. Un fait confirmé par nul autre qu’Ayman al-Zawahiri en personne. Dans son livre Des chevaliers sous la bannière du Prophète, le numéro deux d’Al-Qaïda écrivait : « alors que les États-Unis soutenaient le Pakistan et les factions moudjahidines avec de l’argent et du matériel, les relations de jeunes moudjahidines arabes avec les États-Unis étaient totalement différentes. […] Le financement des activités des moudjahidines arabes provenait de l’aide envoyée en Afghanistan par des organisations populaires. Une aide substantielle. »

Après le départ des Soviétiques en 1989 et la guerre civile afghane qui voit s’affronter les factions moudjahidines pour le contrôle du pays, la plupart des combattants étrangers quittent l’Afghanistan. Oussama Ben Laden lui-même n’y reviendra qu’en 1998, accueilli par le régime taliban après son expulsion du Soudan où il avait lancé un appel à s’attaquer aux intérêts américains dans le monde.

Quant aux talibans, nés dans les camps de réfugiés au Pakistan, ils n’émergent qu’en 1994 et prennent le pouvoir à la surprise générale en 1996. La CIA a mis fin à son programme de soutien aux moudjahidines des années auparavant, en 1992, et était même venue récupérer ses missiles Stingers. Les talibans n’ont donc jamais pu bénéficier du soutien de la CIA, pas plus qu’Al-Qaïda.

Après la prise de Kaboul par les talibans en 1996, les États-Unis et leurs alliés ont cependant « soutenu politiquement et militairement l’Alliance du Nord, justement pour contrer les talibans et les djihadistes. Ils se sont d’ailleurs appuyés sur eux lors de l’intervention de 2001 », rappelle Wassim Nasr. Ahmed Chah Massoud, commandant de l’Alliance du Nord, sera finalement assassiné par Al-Qaïda deux jours avant les attentats du 11-Septembre. Face à une histoire si complexe, il est en effet tentant de ranger les moudjahidines, les talibans et Al-Qaïda dans le même sac djihadiste afin de désigner les États-Unis comme responsables de tout. Une logique intellectuelle qui permet de trouver des preuves là où il n’y en a tout simplement pas.

Des contrefaçons historiques

Plusieurs fake news sont régulièrement ressorties de leur placard pour appuyer le récit d’un ennemi djihadiste « fabriqué » par les États-Unis. Ainsi, une photo censée montrer le conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis Zbigniew Brzeziński inspectant des armes aux côtés d’Oussama Ben Laden a longtemps circulé sur internet. Brzeziński était en réalité en compagnie d’un simple officier pakistanais lors de sa visite à la frontière afghano-pakistanaise en 1980. Contrefaçon plus évidente encore, relayée en 2017 par Maria Zakharova, porte parole du ministère russe des Affaires étrangères : il existerait une photo montrant carrément l’ex-secrétaire d’État Hillary Clinton en compagnie d’Oussama Ben Laden à la Maison-Blanche – en réalité, un montage grossier.

D’autres mensonges sont plus tordus et difficiles à démonter. Parmi eux, une interview donnée par Brzeziński au Nouvel Observateur en 1998, particulièrement relayée par les réseaux pro-Kremlin et dans la sphère complotiste. « C’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul », y déclare-t-il. Interrogé au sujet du soutien aux moudjahidines, il ajoute « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes où la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? » et assure ne rien regretter. Il admettrait ainsi être personnellement responsable des quarante années de chaos qui suivront l’intervention soviétique en Afghanistan.

Le conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis Zbigniew Brzeziński aux côtés d’un officier pakistanais faussement identifié comme étant Oussam Ben Laden.

Sauf que la fiabilité de cette interview comme source historique a largement été remise en cause, et Brzeziński a lui-même contesté l’exactitude des propos que lui prêtait le journaliste du Nouvel Observateur. Ce dernier avait d’ailleurs admis que la citation servant de titre (« Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes… ») n’était en fait pas sortie de la bouche de son interlocuteur et avait été inventée pour des besoins d’édition, comme le raconte Justin Vaïsse dans Zbigniew Brzezinski, stratège de l’Empire, paru en 2016.

Certains propos d’Hillary Clinton sont également sortis de leurs contextes. Une vidéo au titre trompeur « Hillary Clinton dévoile la création d’Al Qaida par les États Unis » prétend ainsi que Clinton aurait avoué le soutien de la CIA au groupe terroriste. La vidéo est sortie de son contexte : l’audience de confirmation par le congrès de celle qui allait devenir la secrétaire d’État de Barrack Obama, en 2009. Et dans cet extrait, Hillary Clinton ne prétend à aucun moment que la CIA a entretenu des relations avec Al-Qaïda. Même détournement pour une autre vidéo, cette fois issue d’une interview accordée par Hillary Clinton à Fox News en 2011. Dans les deux cas, l’ex-secrétaire d’État discute en réalité de la situation au Pakistan, et de la façon dont les Américains y ont selon elle contribué en se désintéressant du devenir de certaines des factions moudjahidines après le retrait soviétique de 1989. Jamais Hillary Clinton n’a « dévoilé » que la CIA avait financé Al-Qaïda ou les talibans.

Les révisionnistes y voient malgré tout la preuve de la co-responsabilité des États-Unis dans la montée de l’islamisme, Clinton ayant admis dans son audition de 2009 que les États-Unis n’avaient pas empêché l’afflux de combattants djihadistes étrangers en Afghanistan. Et de fait, certains seigneurs de guerre soutenus par le programme américain à l’époque de la résistance anti-soviétique ont par la suite rejoint les talibans ou Al-Qaïda. « L’Histoire est mouvante et remplie de trajectoires complexes. Quelqu’un qui est dans un camp peut passer un jour dans un autre camp », répond Wassim Nasr, comme une évidence. « Par exemple, quand Lénine est retourné en Russie en 1917, il a pu le faire grâce au soutien des services allemands », cite-t-il à titre de comparaison. Si Lénine a effectivement à l’époque pu être accusé par les Tsaristes d’être un « agent allemand », l’Histoire n’en a pas pour autant retenu que les services allemands avaient « fabriqué de toutes pièces » l’URSS et le communisme. En Afghanistan, le parcours de Gulbuddin Hekmatyar, ou celui de la famille Haqqani, qui n’ont cessé de nouer et dénouer leurs alliances, sont d’excellentes illustrations de cette imprévisibilité de l’histoire et de la fragilité des alliances.

Une tentative de réhabilitation de la Russie

Le mythe de l’ennemi djihadiste fabriqué par les États-Unis a pourtant la vie dure et se réplique à l’envie. En 2016, en pleine élection présidentielle, le candidat républicain Donald Trump avait par exemple accusé Hillary Clinton et Barack Obama d’avoir « co-fondé l’État islamique ». « Les propos de Donald Trump sont remarquables car ils font une nouvelle fois écho aux arguments utilisés par le président russe Vladimir Poutine et nos adversaires pour attaquer les dirigeants américains et les intérêts américains », avait alors répondu l’équipe de la candidate démocrate.

Derrière cette réécriture antiaméricaine de l’histoire se cache bien souvent un narratif anti-impérialiste qui tend à réhabiliter l’URSS d’hier et la Russie d’aujourd’hui. « Ceux qui racontent tout ça se gardent bien de dire que la Russie et la Chine ont toujours des ambassades ouvertes à Kaboul, ou que les talibans ont été reçus à Moscou dès 2017 ainsi qu’à Pekin il y a quelques semaines », note encore Wassim Nasr. Max Blumenthal, co-fondateur du site conspirationniste The Grayzone, connu aux États-Unis comme un relai des propagandes russe et chinoise, a ainsi livré cette analyse le 15 août dernier : « Avant que les États-Unis n’occupent l’Afghanistan, la CIA a versé des milliards à des chefs de guerre comme Gulbuddin Hekmatyar, connu pour avoir jeté de l’acide sur le visage des étudiantes, afin de renverser un gouvernement soutenu par les Soviétiques qui tentait de fournir aux femmes une éducation gratuite. » De quoi faire passer l’intervention soviétique pour une joyeuse opération humanitaire.

L’URSS a pourtant largement commis sa part de crimes. « D’après un rapport des Nations unies publié en 1986, 33.000 civils afghans ont été tués rien qu’entre janvier et septembre 1985, majoritairement par l’armée soviétique et ses alliés à Kaboul. Le rapport affirmait que les insurgés avaient eux aussi tué des centaines de civils, mais rien de comparable avec le niveau de violence organisé et sophistiqué des Soviétiques qui en ont tué des dizaines de milliers. Le rapport soulignait également le fait que le régime communiste de Kaboul et ses soutiens à Moscou avaient une stratégie délibérée de massacre de masse et de torture des civils », rappelle Emran Feroz dans son article pour Newlines.

Sur ce sujet, Jean-Luc Mélenchon n’en est pas à son coup d’essai. Il a par exemple publiquement défendu l’action du Kremlin en Ukraine ou en Syrie, en niant les crimes commis contre les populations civiles. En 2017, avec une rhétorique proche de celle tenue sur l’Afghanistan, il avait déclaré que « les USA soutenaient en sous-main Daech en Syrie ».

En avril 2018, au lendemain des frappes américaines, britanniques et françaises en Syrie en représailles à l’attaque chimique de Douma, il annonçait publiquement s’être entretenu avec l’ambassadeur de Russie en France qui lui aurait révélé que Macron aurait « posé un lapin » à Poutine juste avant l’opération. « Cet échange m’a convaincu que la possibilité reste totalement ouverte de reconstituer un partenariat franco-russe stable et tourné vers des objectifs communs de paix », ajoutait-il. La logique conspirationniste ne voudrait-elle pas que Jean-Luc Mélenchon a été « créé de toute pièce » par le Kremlin ?

 

Voir aussi :

Ben Laden, « créature » des Etats-Unis ?

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