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Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme

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Conspiracy News #39.2021

dimanche 26 septembre 2021 à 12:00

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 20/09/2021 au 26/09/2021).

ULTRADROITE. Les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure ont interpellé le 21 septembre cinq suspects appartenant à une mouvance d’utradroite, dans le cadre de l’enquête sur le projet d’action violente déjoué en mai dernier, qui visait le ministre de la Santé Oivier Véran, une loge maçonnique en Moselle et des centres de vaccination (source : Le Parisien, 23 septembre 2021). Les membres du groupuscule, baptisé « Honneur et Nation », faisaient preuve dans leurs échanges d’un antisémitisme et d’un complotisme débridés. Selon les premiers éléments de l’enquête, le groupe aurait déjà été sollicité par le complotiste Rémy Daillet-Wiedemann, impliqué dans le rapt de la petite Mia Montemaggi.

TERRORISME. Réduire l’islamisme radical au rôle d’épouvantail et les djihadistes à celui de marionnettes de l’Occident sans volonté propre, comme le soutient le discours complotiste, relève de la contrevérité la plus crasse. C’est ce que défend Nicolas Bernard qui revient dans un billet d’humeur sur un récent podcast de Michael Shermer, rédacteur en chef du magazine américain Skeptic (source : Conspiracy Watch, 20 septembre 2021).

DISSOLUTION. Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé le lancement d’une procédure de dissolution de l’association « Nawa Centre d’études orientales et de traduction », en raison de la diffusion « d’ouvrages légitimant le djihad » et « en contestation directe avec des valeurs occidentales ». D’après des extraits de la lettre adressée par le ministre de l’Intérieur à Nawa, les ouvrages publiés par cette association ou par ses dirigeants légitiment « le recours à la lapidation en cas de rapports homosexuels » et « pour les femmes adultères ». D’autres publications inciteraient également au meurtre, à l’extermination des Juifs et au djihad (source : Conspiracy Watch, 21 septembre 2021).

À noter que l’article de notre rédaction sur ce sujet n’a pas eu l’heur de plaire à l’islamologue François Burgat, directeur de recherche émérite au CNRS, qui a qualifié Conspiracy Watch d’« officine » et de « police sioniste de la pensée », utilisant également à son endroit le hashtag « #supercheriesioniste » (source : Conspiracy Watch/Twitter, 21 septembre 2021).

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FNAC. La Fnac met en valeur des livres qui désinforment sur la pandémie. L’enseigne invoque la liberté d’expression et le fait que ces livres se vendent bien. La journaliste Lise Vogel de l’équipe « Vrai ou Fake » (France Info) s’est rendue au magasin d’Avignon où elle a pu vérifier cet affichage. Sur le site de vente en ligne, même constat. Mais « pas de censure ! », comme l’explique la direction… (source : Julien Pain/Twitter, 21 septembre 2021). Dans sa chronique « Antidote » sur France Inter, notre collaborateur Tristan Mendès France pointe le rôle des algorithmes mais aussi la responsabilité directe de l’enseigne lorsqu’elle met en avant des « coups de cœur » et fait la promotion active d’ouvrages problématiques (source : France Inter, 24 septembre 2021).

CHLOÉ FRAMMERY. Ces neuf derniers mois, l’enseignante genevoise s’est imposée comme une figure incontournable des covido-sceptiques et autres complotistes, en Suisse comme en France. Cela lui vaut des ennuis avec son employeur, le Département de l’instruction publique. Elle s’en réjouit : ce serait bien la preuve qu’elle est victime d’une cabale pour l’empêcher de dire la vérité… (source : Heidi.news, 21 septembre 2021).

Le 17 septembre sur Twitter et Facebook, le Dr Denis Agret et Chloé Frammery ont divulgué des informations confidentielles concernant une infirmière de l’Hérault. L’infirmière en question, dont l’identité et l’immatriculation figurent sur le document divulgué, a vacciné une femme en juillet dernier, qui a fait l’objet d’un avis de décès en août dans Midi Libre. L’infirmière est aujourd’hui la cible de menaces et de harcèlement sans qu’aucun lien de causalité n’ait été établi à ce jour (source : Fact and furious, 19 septembre 2021).

MARTINE WONNER. « L’Alliance Humaine Santé Internationale » (AHSI) se présente comme une ONG qui recrute des médecins, du personnel soignant, des avocats et envisage la création d’une « école du cœur », pour un enseignement prodigué aux enfants non-vaccinés sous la bienveillance de… Francis Lalanne. Antoine Cuttita, qui fait la promotion des thèses complotistes QAnon, et Astrid Stuckelberger, figure de la complosphère covido-sceptique, apparaissent comme les porteurs de ce projet (source : Albert le Ver/Twitter, 20 septembre 2021). La députée Martine Wonner a accepté d’en être la marraine pour la France [archive]…

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FRANCESOIR. Dans un thread, le journaliste Élie Guckert explique comment le site conspirationniste FranceSoir est devenu « le point d’entrée en France de campagnes de désinformation lancée par la complosphère anglo-saxonne ». Le média de Xavier Azalbert fait ainsi la promotion des milieux complotistes pro-Assad qui se sont plaints auprès de la BBC de la diffusion d’une série documentaire consacrée à la désinformation dans le cadre du conflit syrien (source : Élie Guckert/Twitter, 20 septembre 2021).

De son côté, le journaliste Raphaël Grably a révélé sur Twitter que Google avait cessé de diffuser de la publicité sur FranceSoir début septembre, alors que le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne va bientôt mettre fin à sa collaboration avec le site, qui passait par lui pour collecter des dons défiscalisés (source : Raphaël Grably/Twitter, 25 septembre 2021).

TIKTOK. L’application TikTok de partage de vidéos courtes, très populaire chez les jeunes de moins de 18 ans, a présenté des allégations fausses et trompeuses sur le Covid-19 en quelques minutes aux neuf enfants recrutés par le site de surveillance des médias NewsGuard aux fins d’une enquête. Un déferlement de contenus toxiques – notamment des vidéos affirmant que les vaccins sont mortels et que le Covid-19 est un complot génocidaire – a pu être constaté dans leurs flux de vidéos, et ce bien que plusieurs enfants n’aient suivi aucun compte ni cherché aucune sorte d’informations sur l’application (source : NewsGuard, 22 septembre 2021).

FACEBOOK. Facebook a annoncé de nouveaux efforts pour lutter contre la désinformation concernant la crise climatique sur sa plateforme, notamment en développant son centre de science climatique destiné à fournir des informations plus fiables, en investissant dans des organisations qui luttent contre la désinformation et en lançant une série de vidéos pour valoriser les jeunes défenseurs du climat sur Facebook et Instagram. Des critiques se sont toutefois élevées pour souligner l’insuffisance de ces mesures, qui ne devraient pas empêcher la circulation d’une grande quantité d’infox (source : Motherjones.com, 20 septembre 2021).

RUSSIE. Les autorités allemandes accusent des agents russes de chercher à perturber ou à influencer le vote dans le cadre des élections législatives allemandes. Il s’agirait d’une vaste campagne de désinformation menée par un groupe nommé « Ghostwriter », qui serait lié aux renseignements militaires russes. « Le gouvernement allemand appelle le gouvernement russe de toute urgence à mettre immédiatement fin à cette cyberactivité inacceptable », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Andrea Sasse, lors d’une conférence de presse le 6 septembre. Elle mettait directement en cause le GRU, l’agence de renseignement militaire russe (source : Bloomberg, 17 septembre 2021).

De leur côté, les autorités russes ont trouvé une explication à l’apparition de dizaines de vidéos en ligne montrant des fraudes aux élections législatives russes du 17 au 19 septembre : une sinistre manipulation orchestrée dans un studio installé pour l’occasion à Moscou. Ce scénario a été présenté, samedi 18 septembre, dans les très solennels locaux de la Commission électorale centrale (source : Le Monde, 20 septembre 2021).

CHINE. L’Irsem, l’institut de recherche stratégique de l’École militaire, vient de publier un rapport de 650 pages sur les gigantesques réseaux d’influence de la Chine dans le monde. Le sinologue Paul Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, le directeur de l’Irsem, ont analysé la politique du Parti communiste chinois (PCC), qui s’appuie sur un large spectre d’outils, allant de la traditionnelle diplomatie publique à des activités clandestines. Un centre de commandement, la base 311, articule la stratégie des « Trois Guerres » : guerre de l’opinion publique, guerre psychologique et guerre du droit (source : France culture, 20 septembre 2021). Ce travail de deux ans dévoile plusieurs opérations de désinformation, comme l’étrange histoire de Larry Romanoff, un prétendu scientifique canadien qui a servi à légitimer le discours de la Chine sur une origine américaine du Covid (source : France Inter, 20 septembre 2021).

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À noter également que la direction de Wikipédia a déclaré que l’encyclopédie en ligne avait subi une « infiltration » cherchant à faire progresser les objectifs de la Chine (source : BBC, 16 septembre 2021).

CSA. En 2017, l’élection présidentielle française avait été largement plombée par les infox nées sur Internet. Cette fois, la France espère être mieux armée pour lutter contre ce fléau. Ces dernières années, la loi a confié au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) de nouvelles missions qui placent aujourd’hui l’instance en première ligne pour tout ce qui concerne la lutte contre la désinformation. Dans le cadre de la présentation de son deuxième rapport, « Plateformes en ligne et lutte contre la manipulation de l’information », le président du CSA a appelé les géants d’Internet à redoubler d’efforts (source : Le Figaro, 22 septembre 2021). À lire également, le bilan publié par le CSA des mesures mises en œuvre par les plateformes en ligne en 2020.

ÉTATS-UNIS. Un recomptage manuel des bulletins de vote du comté de Maricopa (Arizona) lors de l’élection présidentielle de 2020 aux États-Unis a confirmé que le président Joe Biden avait gagné et que l’élection n’avait pas été « volée » à l’ancien président Donald Trump, comme affirmé par celui-ci. C’est ce que conclut un rapport destiné au Sénat, qui souligne que l’avance de Biden est même un peu plus importante que ce qu’indiquaient les résultats initiaux (source : eu.azcentral.com, 24 septembre 2021).

CANADA. La désinformation liée à la pandémie de Covid-19 a joué un rôle dans les élections fédérales, alimentant les protestations et le soutien au Parti populaire du Canada. La désinformation est polarisante et motivante, estime Aengus Bridgman, un doctorant de l’Université McGill, qui fait partie du Canadian Election Misinformation Project, un projet universitaire qui combat la désinformation dans le contexte électoral : « les gens qui s’y laissent prendre y croient très profondément et cela peut les amener à agir politiquement de manière très puissante », explique Bridgman (source : Vancouver Sun, 14 septembre 2021).

L’« anti-complotisme » très ambigu des éditions Nawa

mardi 21 septembre 2021 à 18:13

Menacée de dissolution administrative, l’association Nawa a instrumentalisé la critique du complotisme pour conforter une idéologie d’inspiration salafiste.

Page d’accueil du site des éditions Nawa (capture d’écran).

Vendredi 17 septembre 2021, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé le lancement d’une procédure de dissolution de l’association « Nawa Centre d’études orientales et de traduction », en raison de la diffusion « d’ouvrages légitimant le djihad » et « en contestation directe avec des valeurs occidentales ». La veille, par arrêté, les fonds et ressources de cette association avaient fait l’objet d’une mesure de gel pour une durée de six mois.

En effet, d’après des extraits de la lettre adressée par le ministre de l’intérieur à « Nawa », les ouvrages publiés par cette association ou par ses dirigeants légitiment « le recours à la lapidation en cas de rapports homosexuels » et « pour les femmes adultères ». D’autres publications inciteraient également au meurtre et à l’extermination des juifs. Selon ce courrier, le président de l’association, Sami Mlaiki, alias Abû Soleiman Al-Kaabi, fait en outre la promotion du djihad, allant jusqu’à reproduire au dos de plusieurs couvertures de livres le drapeau d’Al-Qaïda.

« Nawa » a, on s’en doute, récusé les accusations qui la visent, les qualifiant de « nulles et non avenues ». Elle a vitupéré des mesures « arbitraires » au nom de la liberté d’expression… non sans, à son tour, menacer de poursuites judiciaires « toute attaque diffamatoire calomnieuse », mettant en copie son avocat, Me Sefen Guez Guez, qui fut aussi celui du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) avant sa dissolution. L’islamologue François Burgat, qui s’était notamment illustré par son soutien public à Tariq Ramadan, s’est également fendu d’un tweet accusateur évoquant « une nouvelle ligne rouge franchie par la darmaninerie ».

De fait, l’association Nawa (« petite graine » en arabe), fondée en 2008, est dirigée par Abû Soleiman Al-Kaabi et Aïssam Aït Yahya (de son vrai nom Aïssam Moussadak), un Français d’origine marocaine dont les livres constituent l’essentiel du catalogue. Son ouvrage Lire et comprendre Qotb est par exemple consacré à l’un des plus importants théoriciens des Frères musulmans, l’Égyptien Sayyid Qutb (1906-1966), auteur dans les années 1950 de l’opuscule Notre combat contre les Juifs.

Quoique récusant le qualificatif de « salafistes », Abû Soleiman Al-Kaabi et Aïssam Aït Yahya puisent fortement à divers courants salafistes tels que « l’ensemble de la littérature salafiste médiévale […], du salafisme wahhabite insurrectionnel […] et essentiellement du salafisme marocain » (p. 70), ainsi que l’indique Hakim El Karoui dans La Fabrique de l’islamisme (Institut Montaigne, 2018).

Aïssam Aït Yahya souhaite notamment « une renaissance de l’islam qui doit passer d’abord par une déconstruction du mythe de l’Occident moderne postchrétien suivi d’une résistance globale et organisée par l’ensemble de la communauté musulmane refusant l’assimilation », ce qui revient à promouvoir un discours communautariste, rejetant aussi bien le modèle démocratique que la laïcité républicaine, quitte à user de thèses d’inspiration occidentale pour étoffer l’argumentaire.

Comme le souligne le rapport publié par l’Institut Montaigne, l’idéologie d’Aïssam Aït Yahya « s’apparente donc à la doctrine d’al-Qaeda : les intellectuels du djihad » (ibid., p. 71). Aïssam Aït Yahya est allé jusqu’à réduire Daech au dévoiement d’une idée juste, dans un entretien accordé le 8 mars 2017 au blog Le Nouveau Monstre : « Je pense personnellement que Daesh est exactement ce qu’a été le stalinisme pour l’idéal marxiste-léniniste : une déviation d’un projet louable au départ, une appropriation par un petit groupe d’Irakiens d’une idée globale pour leurs petits profits et intérêts personnels et immédiats. »

Théologie du complotisme musulman, d’Aïssam Aït Yahya.

Dans cette même logique, mêlant références théologiques islamiques et concepts occidentaux au service d’une idéologie séparatiste et « résistante », Aïssam Aït Yahya a entrepris de s’attaquer… au complotisme. Dans un ouvrage paru en 2014 chez Nawa, Théologie du complotisme musulman, il dénonce une « idéologie de vaincus » encourageant le fatalisme chez les musulmans. Renvoyant dos à dos conspirationnistes et « anti-conspirationnistes » occidentaux, « fils et partisans de l’universalisme français issu des Lumières et de la Révolution », il leur reproche de mépriser l’islam et, surtout, d’accroître « le contrôle politique et social d’une population qui ne devrait surtout pas avoir de conscience islamique, autonome et authentique ».

Quand le rejet du complotisme n’est qu’une manière de se faire l’apologiste du djihad

Le cœur de son ouvrage cible cependant le complotisme en milieu musulman. En fait, derrière l’objectivité auto-proclamée, Aïssam Aït Yahya ne s’attarde guère sur le sunnisme et s’en prend au conspirationnisme régnant dans « l’axe Iran-Hezbollah », celui qui nie les actes terroristes des djihadistes sunnites tels qu’Al-Qaïda.

L’auteur va même plus loin et s’efforce de démontrer que le chiisme, du moins le chiisme imamite, majoritaire en Iran et en Irak (ainsi que dans la communauté musulmane au Liban), est lui-même un complotisme (ou plutôt un « pré-complotisme ») : née de la défaite et du ressentiment, cette branche de l’islam reposerait sur une lecture conspirationniste des textes sacrés musulmans, voyant dans la victoire du sunnisme le produit d’un « complot des anges » et d’un « complot coranique ». Le chiisme aurait trouvé en Iran un terreau d’autant plus fertile que sa population aurait été hostile à la conquête musulmane, outre qu’elle serait imprégnée de plusieurs courants religieux (zoroastrisme, manichéisme et mazdéisme) nourrissant une vision « binaire » du monde, opposant le Bien au Mal – référence que l’on retrouve effectivement dans la mentalité complotiste.

Ainsi, non content de réfuter le complotisme iranien qui met en doute le djihadisme sunnite, Aissam Aït Yahya réduit tout un pan de l’islam, le chiisme (dans sa version imamite), qu’il réprouve, à un complotisme. De la sorte, les « critiques complotistes » du djihadisme sunnite sont vus, soit comme les rejetons d’un universalisme honni, soit comme les adeptes d’une théorie du complot grimée en religion musulmane.

Ce faisant, Aissam Aït Yahya s’inscrit ouvertement dans le sillage d’un Marc-Edouard Nabe, à qui il est expressément rendu hommage en avant-propos, sachant que Théologie du complotisme musulman s’inspire d’une « petite synthèse » que Aissam Aït Yahya avait rédigée à son intention.

Or, Marc-Edouard Nabe s’est, de longue date, affiché comme un fervent zélateur du terrorisme islamiste, dédiant l’un de ses livres aux « kamikazes du 11-Septembre, morts pour la Justice », au point que ses écrits avaient été relayés par la propagande de Daech. Il s’était même réjoui, le 7 janvier 2015, du massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, regrettant que l’essayiste Caroline Fourest ne figure pas au nombre des victimes. Nabe n’en est que logiquement plus hostile aux théories du complot remettant en cause la réalité de ces attentats. Ou quand le rejet du complotisme n’est qu’une manière de se faire l’apologiste du djihad.

 

Voir aussi :

Islamisme

Le complotisme manipule la réalité du terrorisme

lundi 20 septembre 2021 à 09:54

Réduire l’islamisme radical au rôle d’épouvantail et les djihadistes à celui de marionnettes de l’Occident sans volonté propre, comme le soutient le discours complotiste, relève de la contrevérité la plus crasse.

Salah Abdeslam (DR).

Les autres minimisent, tergiversent, dédaignent la paternité du crime, voire le condamnent. Salah Abdeslam, lui, assume :

« On a combattu la France. On a visé des civils, mais on n’a rien de personnel à leur égard. On a visé la France, et rien d’autre. Parce que les avions français qui bombardent l’Etat islamique ne font pas la distinction entre l’homme, la femme et les enfants, ils détruisent tout sur leur passage. On a voulu que la France subisse la même douleur que nous subissons. »

Cet aveu, proféré en pleines assises du procès des attentats du 13 novembre 2015, n’est certes pas nouveau. Mais, formulé avec une telle clarté, un tel art de la concision, il tient presque de la piqûre de rappel : en parfait fanatique, Abdeslam ne tolère pas grand-chose – à commencer par les théories du complot qui courent sur son compte [1].

Car l’aveu, dans sa limpidité, et malgré le paravent idéologique qu’il se donne, reste accablant pour ceux qui s’acharnent à maquiller en coup monté les assassinats de masse commis en plein Paris. L’on songe à Joseph Darnand, le chef de la Milice, qui anéantissait en quelques mots la légende du « bouclier » pétainiste à son propre procès en 1945 : « Je ne suis pas ceux qui vont vous dire Monsieur le Président, j’ai joué double-jeu. Moi, j’ai marché. J’ai marché complètement. » [2] Question d’éthique : qu’on ne dise pas de Darnand qu’il était un agent double ; qu’on ne fasse pas d’Abdeslam l’instrument d’un complot autre que celui de Daech ; et qu’on ne fasse pas de Daech la filiale d’une agence de renseignements occidentale.

On imagine la déception de nos complotistes pour qui le 13 novembre 2015 n’était rien autre qu’une ruse de nos gouvernements occidentaux, un « false flag » censé transformer la France en pays totalitaire – comme le soutient, par exemple et au hasard, les sites complotistes Panamza, Mai68.org voire Wikistrike. Quand le principal accusé du procès, connu pour son franc-parler des plus agressifs, admet lui-même que l’unique conspiration derrière les attentats de Paris n’était que celle concoctée par Daech, il y a probablement de quoi s’agacer…

Peu de temps avant qu’Abdeslam ne se livre à cet exercice de synthèse, Michael Shermer, rédacteur en chef du magazine américain Skeptic a lui aussi entrepris de remettre quelques pendules à l’heure sur le terrorisme dans l’un de ses derniers podcasts. Non, rappelle-t-il en introduction, les organisations telles qu’Al-Qaïda ou Daech ne sont pas manipulées par l’Occident et, oui, en préparant leurs attentats, elles fomentent « de véritables complots, organisés et exécutés par de véritables conspirateurs ». Pour préciser son propos, Michael Shermer s’attache à discréditer sept légendes sur le terrorisme en général et le djihadisme en particulier.

A commencer par l’idée reçue suivante : le terrorisme serait « le mal à l’état pur ». Sans doute les djihadistes sont-ils des criminels, mais, après tout, ils ont une cause, une idéologie mêlant religion et soif de revanche contre l’Occident. Autre légende, corollaire de la première : puisqu’ils sont maléfiques, les terroristes seraient nécessairement les agents de conspirations sophistiquées, évoquant le SPECTRE de l’univers de James Bond. Il n’en est rien, précise Michael Shermer, citant l’anthropologue Scott Atran, pour qui le terrorisme serait davantage décentralisé et en constante évolution. Ce qui amène Michael Shermer à réfuter une troisième idée reçue, à savoir que les terroristes seraient des « génies diaboliques », citant à l’inverse quantité d’exemples d’attentats ratés en conséquence, précisément, de l’imbécillité de certains djihadistes. Et quatrième préjugé ciblé par Michael Shermer : les terroristes seraient issus de milieux pauvres. A dire vrai, ils semblent plutôt les rejetons de milieux aisés, classes moyennes voire supérieures.

Michael Shermer s’attaque ensuite à trois autres mythes – de manière cette fois plus provocatrice. Et tout d’abord, le terrorisme constitue-t-il une menace existentielle ? Michael Shermer relativise : comparé aux statistiques des homicides aux États-Unis (plus de 13 000 par an), le terrorisme a tué, en un demi-siècle jusqu’en 2011, moins de 3 400 personnes, dont environ 3 000 le 11 septembre 2001. Mais, tout de même, les « soldats de la terreur » ne pourraient-ils pas user d’armes nucléaires, voire de « bombes sales » ? Encore faudrait-il en avoir les ressources et les compétences, ce qui n’est pas le cas, selon Michael Shermer. Lequel conclut qu’en règle générale et à quelques rares exceptions près, les terroristes n’auraient pas atteint leurs objectifs stratégiques, contrairement, là encore, à une légende tenace. Toutefois, déplore l’auteur, leurs attentats ont généré une réplique, la « guerre contre la terreur », extrêmement coûteuse en termes de dépenses publiques et, surtout, de restrictions apportées aux libertés fondamentales au nom de la sécurité…

La démonstration de Michael Shermer appelle, on s’en doute, plusieurs critiques ou retouches. Notamment, les causes de l’engagement terroriste, et même de l’engagement djihadiste, ont donné lieu à des interprétations contradictoires de la part des chercheurs. Elle n’en est que plus juste sur l’essentiel : le terrorisme, notamment islamiste, dans ses causes, ses actions et ses conséquences, est autonome ! Ce seul constat suffit à pulvériser les allégations conspirationnistes selon lesquelles cette forme de violence serait l’œuvre des services secrets occidentaux. Abdeslam lui-même, pour le citer de nouveau, avait fait preuve de franchise dès le premier jour de son procès : « J’ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l’Etat islamique. » Réduire l’islamisme radical au rôle d’épouvantail et les djihadistes à celui de marionnettes de l’Occident sans volonté propre, comme le soutient le discours complotiste, relève de la contrevérité la plus crasse. Et fausse la réalité du terrorisme – outre d’injurier, et c’est peu dire, lesdits criminels…

 

Notes :
[1] Du reste, les organisations terroristes se revendiquant de l’islam, sans dédaigner les allégations conspirationnistes quand elles les servent, dénoncent lesdites théories du complot quand celles-ci nient leurs propres « réussites ».
[2] Les procès de la collaboration. Fernand de Brinon, Joseph Darnand, Jean Luchaire. Compte-rendu sténographique, Albin-Michel, 1948, p. 257.

Conspiracy News #38.2021

dimanche 19 septembre 2021 à 13:40

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 13/09/2021 au 19/09/2021).

LDNA. Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé lundi 13 septembre le lancement d’une procédure engageant la dissolution de la Ligue de Défense Noire Africaine (LDNA), un groupuscule afrocentriste aux discours suprémacistes, qui prennent des accents racistes et antisémites, et aux méthodes violentes (source : Le Monde, 14 septembre 2021).

VACCINATION ET DÉMOGRAPHIE. Le site « Deagel.com », présenté comme « une organisation officielle de renseignement pour le gouvernement américain », est à l’origine de projections démographiques qui ont été partagées des milliers de fois depuis le mois d’août. D’après elles, la population mondiale sera réduite de « 50 à 80% » d’ici 2025, à cause de la « vaccination de masse » contre le Covid-19. Problème : le site ne relève pas du gouvernement et ses chiffres, supprimés depuis, disent l’inverse des projections de l’Insee, l’Ined et l’ONU. Pour Gilles Pison, démographe et chercheur associé à l’Ined, soutenir que la vaccination pourrait être un facteur capable d’inverser les tendances actuelles d’accroissement de la population est une « infox » puisque 5,7 milliards de doses de vaccins contre le Covid-19 ont déjà été administrées à ce jour dans le monde, sans qu’un tel effet n’ait été observé (source : AFP, 13 septembre 2021).

FALUN GONG. The Epoch Times est un média en ligne, fondé aux États-Unis par des Américains d’origine chinoise ayant fui le régime communiste. Il est étroitement lié au Falun Gong, un mouvement spirituel chinois, persécuté par Pékin, qui verse volontiers dans le complotisme en affirmant que le Covid-19 viendrait d’un laboratoire ou en relayant par exemple la théorie du « Great Reset ». « La mouvance anti-pass sanitaire et le Falun Gong se comprennent », explique Pascale Duval, porte-parole de l’Union nationale des associations de défense des familles et des individus (Unadfi), alors que The Epoch Times est distribué gratuitement à chacun des rassemblements anti-pass sanitaire, dans une volonté manifeste d’étendre sa diffusion à de nouveaux publics (source : Slate, 13 septembre 2021).

FABRICE DI VIZIO. Star des plateaux télé, figure du mouvement anti-pass et antivaxx, Fabrice Di Vizio est avocat en droit de la santé publique. Il mène une guérilla juridique en multipliant les plaintes auprès de la Cour de justice de la République, pour que les autorités rendent des comptes quant à la gestion de la crise. Un activisme qui peut rapporter gros selon une enquête du JDD (source : Le Journal du Dimanche, 13 septembre 2021). Proche des Patriotes, le parti de Florian Philippot, Fabrice Di Vizio a annoncé samedi qu’il souhaitait être candidat sans étiquette aux prochaines élections législatives (source : BFM TV, 18 septembre 2021).

MOHAMED TATAÏ. L’imam Mohamed Tataï était poursuivi pour incitation à la haine raciale contre les Juifs à la suite d’un prêche prononcé en décembre 2017 à la mosquée d’Empalot (Toulouse). Alors que le hadith qu’il avait cité appelait les musulmans à tuer les Juifs, le tribunal a estimé qu’il n’y avait là aucune provocation. L’imam a été relaxé le 14 septembre (source : France Bleu, 14 septembre 2021). L’occasion de rappeler que Tataï avait également tenu en 2015 des propos conspirationnistes sur les attentats du 11 septembre 2001 (source : Conspiracy Watch, 20 juillet 2018).

13-NOVEMBRE. « On a attaqué la France, visé la population, des civils, mais il n’y avait rien de personnel », a déclaré Salah Abdeslam, principal accusé du procès des attentats du 13 novembre 2015, à l’audience de mercredi 15 septembre. Le terroriste a ainsi une nouvelle fois démenti les multiples théories du complot faisant de ces attentats une opération sous faux drapeau (source : L’Express, 15 septembre 2021).

(RE)LECTURE. Alors que l’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn a été mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui » et placée sous le statut de témoin assisté pour « abstention volontaire de prendre les mesures propres à combattre un sinistre », il n’est pas inutile de rappeler la parution, en juillet 2020, du Livre noir du coronavirus. Cette brochure du Rassemblement national visait l’hystérisation du débat démocratique en faisant passer ses adversaires politiques, au mieux pour des incompétents indignes des fonctions qu’ils occupent, au pire pour des criminels (source : Conspiracy Watch, 29 juillet 2020).

LE DESSIN DE LA SEMAINE. L’oeil de Morgan Navarro pour Conspiracy Watch :

UTIP. Depuis les propos polémiques tenus dans un documentaire de France 2 par les cogestionnaires de Tipeee, qui ont dit refuser de désactiver les comptes de complotistes et antisémites accueillis sur leur plateforme de financement, plusieurs vidéastes ont annoncé la quitter. Ils se rabattent en grande partie sur uTip, une plateforme plus modeste, qui a ouvertement pris position contre les contenus extrêmes. UTip est-il pour autant plus éthique que Tipeee ? Une enquête à lire sur Numerama (source : Numerama, 15 septembre 2021).

VIGINUM. À sept mois du premier tour de l’élection présidentielle, le gouvernement français crée Viginum, une agence qui aura pour mission de surveiller le Net et tout particulièrement de déjouer les opérations hostiles de désinformation en provenance de l’étranger. On se souvient de l’opération « MacronLeaks », orchestrée dans le but de déstabiliser l’élection présidentielle française de 2017, avec la complicité d’un site d’extrême droite américain (source : France Inter, 17 septembre 2021).

MENACES. Dans sa chronique du vendredi 17 septembre sur France Inter, Tristan Mendès France s’est intéressé aux menaces de plus en plus inquiétantes provenant des milieux complotistes et covido-sceptiques, qui visent les acteurs de la santé. Ces menaces sont nourries par « des personnalités qui ont pignon sur rue et notamment certains politiques qui soufflent sur les braises », citant en particulier la députée Martine Wonner qui vient de lancer son propre mouvement politique, « ni de gauche, ni de droite », dont l’ambition est de fédérer les mécontents de la politique sanitaire du gouvernement (source : France Inter, 17 septembre 2021).

NICKI MINAJ. La rappeuse américaine a été testée positive il y a quelques jours au Covid-19. Sur les réseaux sociaux, la star aux 23 millions d’abonnés sur Twitter avait fièrement maintenu sa position antivaxx avec des arguments aberrants. Une propagation de fausses rumeurs dénoncée par le premier ministre britannique Boris Johnson en personne (source : Le Figaro, 15 septembre 2021).

ANTISÉMITISME. Derrière la question du « Qui ? », brandie cet été à l’occasion des manifestations contre le passe sanitaire, il y a l’insinuation d’un complot mondial, qui réunirait des personnalités juives contrôlant l’économie ou les médias. Dans un podcast, le journaliste William Audureau est revenu sur ce vieux fantasme antisémite, porté à son plus haut sommet par un livre du début du XXe siècle : Les Protocoles des Sages de Sion (source : Le Monde, 17 septembre 2021).

QANON. Veronica Wolski, adepte du mouvement QAnon, opposée au masque et au vaccin anti-Covid, est décédée le 13 septembre d’une pneumonie liée à une infection au coronavirus, à l’âge de 64 ans. Ses partisans, qui faisaient le siège de l’hôpital, avaient exigé qu’elle soit « libérée » de l’hôpital et reçoive un traitement à l’ivermectine (source : Chicago Tribune, 13 septembre 2021).

En exclusivité, Conspiracy Watch a reçu au mois de juillet Julian Feeld, l’un des co-animateurs du podcast américain à succès QAnon Anonymous qui, depuis août 2018, a consacré plusieurs centaines d’épisode à l’analyse critique des théories du complot aux États-Unis et dans le monde (source : Conspiracy Watch, 17 septembre 2021).

Une nouvelle saison en quatre épisodes du podcast de Radio France, les « Mécaniques du complotisme » retrace l’histoire de la mouvance QAnon, une théorie du complot qui s’exporte à travers le monde et notamment en Europe.

BILL GATES. Dans un entretien à L’Express, le fondateur de Microsoft évoque, parmi d’autres sujets, son action contre la pauvreté et la pandémie. Il revient sur les thèses conspirationnistes qui le visent, notamment celle selon laquelle il chercherait, par le biais de la vaccination, à implanter des puces électroniques sous la peau des individus : « Ce serait risible si ce n’était pas tragique, déclare-t-il. Il n’y a pas le moindre fondement dans l’idée que j’aurais un intérêt particulier à suivre la localisation des gens. Pourquoi cela m’intéresserait-il ? Tant du point de vue de la faisabilité que de l’opportunité, cette histoire n’a pas de sens, et je suis triste que de trop nombreuses personnes prennent ce genre de rumeurs au sérieux. On est vraiment au niveau d’un mauvais scénario de film… Ces discours complotistes sont dangereux, car ils empêchent certains de se vacciner, alors qu’ils pourraient se protéger, eux-mêmes et leurs proches » (source : L’Express, 14 septembre 2021).

CHARLATAN. Les conséquences de la désinformation peuvent être dramatiques, en particulier dans le domaine de la santé : Miguel B., qui se présentait comme « médecin chercheur » sur les réseaux sociaux et préconisait la consommation de jus de fruit et de légumes crus pour soigner les cancers, risque aujourd’hui deux ans de prison ferme. Un de ses patients, qui avait suivi les conseils de ce naturopathe présent dans le film « Hold-up », est décédé en 2019 faute de traitement adapté (source : Vrai ou Fake (France Info)/Twitter, 17 septembre 2021).

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ALLEMAGNE. Des groupes d’extrême droite ont ciblé les régions inondées d’Allemagne en juillet dernier pour désinformer et diffuser des théories du complot. Des personnalités liées au mouvement anti-confinement Querdenken 711 se sont rendues dans certaines des zones les plus touchées, pour semer le trouble et perturber les efforts des secours officiels (source : codastory, 6 septembre 2021).

CANADA. Le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a critiqué Rebel News, un site internet d’extrême droite, à quelques jours des élections fédérales du 20 septembre, l’accusant de désinformer au sujet des vaccins anti-Covid et de contribuer au nombre croissant de manifestations à travers le pays. « Je salue tous les journalistes extraordinaires qui travaillent dur, placent la science et les faits au cœur de leur travail et me posent des questions difficiles chaque jour, mais s’assurent qu’ils éduquent et informent les Canadiens à partir d’un large éventail de perspectives – ce qui est la dernière chose que vous faites », a-t-il déclaré (source : The Guardian, 9 septembre 2021).

COMPLOTOLOGIE. « Plusieurs recherches ont montré que l’adhésion aux théories du complot est liée à un attrait pour les actions politiques appelées non normatives, c’est-à-dire non autorisées par les règles démocratiques (violence, manifestations, appels à la haine et au meurtre, etc.) », explique Pascal Wagner-Egger, enseignant-chercheur en psychologie sociale à l’Université de Fribourg dans une chronique pour le média Blick, où il souligne la dangerosité des théories du complot pour la démocratie (source : Blick, 15 septembre 2021).

AMAZON. « Des enquêtes récentes indiquent que les algorithmes d’Amazon renforcent les produits anti-vaccins sur l’ensemble du site par rapport aux informations factuelles sur les vaccins et poussent les clients vers des bulles de désinformation extrémistes », accuse Adam Schiff, qui préside le House Intelligence Committee, une commission du Congrès américain. Dans une lettre, l’élu démocrate presse le nouveau PDG de la plateforme, Andy Jassy, à fournir des réponses sur la politique de l’entreprise pour lutter contre ce type de matériel vendu en ligne (source : Washington Post, 9 septembre 2021).

COMPLORAMA. Les manifestations contre le passe sanitaire durent depuis plusieurs mois maintenant. De Florian Philippot à la députée Martine Wonner, de certains adeptes de la « santé alternative » aux groupes d’anciens Gilets jaunes, ces manifestations « valises », qui s’organisent sur Internet, permettent une contestation fourre-tout. « Du complotisme dans les manifestations anti pass sanitaire », c’est le 13e épisode du podcast Complorama sur Radio France, avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférence et membre de l’observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques (source : France TV Info, 17 septembre 2021).

[PODCAST] Du complotisme au sein des manifestations contre le pass sanitaire

samedi 18 septembre 2021 à 10:28

Les manifestations contre le pass sanitaire, chaque samedi depuis le début de l’été, attirent certaines figures de la complosphère, et traduisent dans le réel certains discours extrémistes ayant pris leur essor en ligne.

Les manifestations contre le pass sanitaire durent depuis plusieurs mois maintenant. Un mouvement que certains refusent de soutenir, comme Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT qui parle de personnes “infréquentables” au sein de ces rassemblements. Quelles sont ces personnes, et quels messages poussent-elles au gré de cette contestation ? Certaines sont bien connues au sein de la complosphère, comme le général Delawarde, visé par une enquête pour propos antisémites sur CNews.

En novembre dernier sur un blog, Dominique Delawarde avait évoqué une « meute médiatique occidentale, dont nous savons qui la contrôle”. Interrogé sur CNews,  à la question « Qui ? » contrôle cette prétendue meute, le militaire finit par répondre à Claude Posternak : “C’est la communauté que vous connaissez bien ». Ce « Qui ? » antisémite s’est retrouvé depuis à plusieurs reprises sur des pancartes dans les cortèges anti pass sanitaire, et l’une de ces pancartes appartenait à Cassandre Fristot, à Metz, une enseignante bien connue pour ses liens avec l’extrême droite. Elle a été suspendue de ses fonctions et poursuivie en justice, trois mois de prison avec sursis ont été requis et le jugement sera rendu le 20 octobre.

Récupération politique et colère populaire

De Florian Philippot à la députée Martine Wonner, de certains adeptes de la « santé alternative » à certains anciens « gilets jaunes », ces manifestations « valises », qui s’organisent sur internet, permettent une contestation fourre-tout. Julien Pain, journaliste à franceinfo ayant assisté à plusieurs de ces manifestations anti pass sanitaire à Paris, relate que « beaucoup de personnes dans ces manifestations sont anti-vaccins. Parmi ces personnes, dans une moindre proportion, il y a aussi des personnes avec lesquelles quand on pousse la discussion, on arrive à la mise en avant de théories du complot. »

Comme pour le confinement, le masque, le vaccin avant le pass sanitaire, Tristan Mendès France souligne qu’« une partie de la population a basculé et devient une sorte de réservoir pérenne » exposée à cette désinformation, dans le cadre d’une grande « fatigue démocratique ».

« Du complotisme dans les manifestations anti pass sanitaire », c’est le 13e épisode de Complorama, avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférence et membre de l’observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l’application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcastsPodcast AddictSpotify, ou Deezer.