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Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme

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[PODCAST] Procès du 13-Novembre : le complotisme n’est jamais loin des attentats

samedi 13 novembre 2021 à 01:37

Six ans après les attentats du 13-Novembre, une théorie du complot s’est invitée au procès de ces attaques. Le complotisme est à la fois un instrument de radicalisation, et un outil pour prolonger l’effroi terroriste.

Des tortures, infligées aux victimes de l’attentat du Bataclan le 13 novembre 2015, seraient depuis cachées par les autorités : c’est la théorie du complot relayée au procès du 13-Novembre il y a quelques semaines, via un échange entre un père endeuillé et le président de la cour d’assises, qui a pris le temps de lui expliquer pourquoi il n’y a aucun crédit à donner à cette hypothèse.

Mais sur les réseaux sociaux, seuls les doutes allant dans le sens de cette théorie ont été récupérés par certains comptes d’extrême droite. C’est ce que raconte pour Complorama Aurélia Gilbert, rescapée du Bataclan et partie civile au procès, qui tente via les réseaux sociaux d’aller contre la propagation du complotisme au sujet du 13-Novembre. « Parfois, les gens finissent par savoir mieux que moi ce qui m’est arrivé », regrette-t-elle.

Dans ce nouvel épisode de Complorama, zoom sur les liens entre complotisme et terrorisme : les notions de « false flag » ou encore de « crisis actors », ces supposés acteurs qui seraient payés mettre en scène de faux attentats commandités par les gouvernements ou les services secrets.

Le complot pour justifier des massacres

Rudy Reichstadt et Tristan Mendès France reviennent aussi sur le « comme par hasard » qui accompagne tous les attentats, comme lorsque des « gilets jaunes » sous-entendaient que l’attentat de Strasbourg n’était qu’une mascarade pour détourner l’attention des Français de leur mouvement.

Avant les attentats, le complotisme est un outil de radicalisation, il est fréquemment utilisé par les instigateurs des attaques pour justifier leurs crimes. Après les attentats, leur associer des théories du complot prolonge l’effroi terroriste, comme lorsque Samuel Sandler, père et grand-père endeuillé par l’attentat contre l’école juive Ozar HaTorah à Toulouse en 2012, à qui l’on a dit que les cercueils des victimes étaient en réalité vides… Aurélia Gilbert dénonce le cynisme de ceux qui relaient ces théories du complot à des fins politiques.

« Terrorisme et complotisme », c’est le 17e épisode de Complorama, avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférence et membre de l’observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l’application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcastsPodcast AddictSpotify ou Deezer.

DSA : un collectif d’experts alertent les parlementaires européens

jeudi 11 novembre 2021 à 12:51

La commission des affaires juridiques du Parlement européen a proposé une clause d’exemption de modération pour les médias. Une initiative qui risque de compromettre des années d’efforts dans la lutte contre la désinformation selon des experts.

La Commission européenne (crédits : CW, 2021).

Le Parlement européen examine à l’heure actuelle un règlement décisif sur les plateformes numériques, le « Digital Services Act » (DSA). Toutefois, une inquiétante proposition de la commission des affaires juridiques du Parlement visant à inclure une clause d’exemption pour les médias risque de faire reculer et d’annuler des années de progrès dans la lutte contre les discours de haine et la désinformation en ligne. Des journalistes, des spécialistes en fact-checking et des chercheurs ont rédigé une lettre ouverte exhortant les députés européens à rejeter toute proposition incluant une telle clause. Conspiracy Watch en publie la version française en exclusivité :

Chers membres de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs,

Alors que vous débattez de la position du Parlement européen sur le règlement sur les services numériques (DSA), nous vous exhortons à rejeter la proposition formulée in extremis par la commission des affaires juridiques visant à inclure dans ce texte une clause d’exemption pour les médias.

Une exemption pour les médias annulerait des années de progrès dans la lutte contre les discours de haine et la désinformation en ligne, empêchant les très grandes plateformes en ligne de sanctionner, de supprimer ou même d’étiqueter tout contenu provenant d’une publication de presse, qu’une publication diffuse ou non un contenu haineux, manifestement faux ou préjudiciable. Non seulement cela protégerait des milliers de comptes revendiquant des privilèges conférés par le statut de média du DSA, mais cela empêcherait ou dissuaderait les plateformes elles-mêmes de prendre des mesures correctives volontaires.

En tant que journalistes et experts sur les questions de désinformation, nous sommes préoccupés par la définition large et ambiguë de ce qui constitue une « publication de presse » et un « service de médias audiovisuels ». La définition proposée par la commission des affaires juridiques inclut certainement les journaux et magazines « traditionnels », et exclut définitivement les publications universitaires et scientifiques, mais, comme l’a indiqué une étude précédente de cette commission, « entre les deux se trouve un grand nombre d’entités en ligne et hors ligne, qui ne sont pas clairement incluses ou exclues de la définition ». Un amendement similaire de la commission de la culture et de l’éducation faisait également référence aux « fournisseurs de contenus éditoriaux », une définition encore moins claire.

Des travaux de recherche ont systématiquement identifié des acteurs malveillants ou tout simplement peu fiables présentant leurs contenus comme du journalisme crédible, tout en partageant des informations fausses, haineuses ou trompeuses, intentionnellement ou non. Cela inclut la presse jaune et les tabloïds qui sont régulièrement rappelés à l’ordre par les conseils de presse nationaux et les organes de surveillance des médias. Cela inclut également les opérations de désinformation qui s’appuient régulièrement sur des comptes de médias pour diffuser du contenu. L’année dernière, EU DisinfoLab a révélé que plus de 750 médias dans 116 pays participaient à une importante opération indienne de désinformation. Facebook et Twitter ont également pris des mesures l’année dernière contre un média qui embauchait des journalistes indépendants américains, après avoir découvert qu’il faisait partie d’une opération de désinformation russe. Notre expérience de journalistes et chercheurs en désinformation nous a montré qu’il est pratiquement impossible de définir de manière significative qui ou quoi est une « publication de presse » légitime dans l’environnement en ligne.

Nous sommes préoccupés par le fait que les plateformes agissent fréquemment de manière arbitraire dans leurs décisions de modération de contenus. Par exemple, Frances Haugen et Sophie Zhang, lanceuses d’alerte de Facebook, ont toutes deux révélé de profondes failles dans la façon dont l’entreprise priorise les zones géographiques et les individus sur lesquels elle concentre ses efforts de modération de contenu. Cependant, la solution n’est pas de créer une échappatoire pour les organisations qui prétendent être des médias fiables. Une meilleure solution consiste à se concentrer sur le renforcement des dispositions relatives à la transparence, à l’examen des données et à l’application du DSA. Les pouvoirs d’audit en particulier sont essentiels pour s’assurer que soient définies les responsabilités autour des pratiques automatisées de modération de contenus. Les dispositions d’audit devraient être améliorées en permettant à la société civile et aux journalistes d’investigation – pas seulement aux chercheurs – d’accéder aux données de la plateforme pour aider à identifier et atténuer les risques systémiques. En outre, les plateformes ne devraient pas pouvoir invoquer le secret lié à la sécurité ou le secret commercial comme excuse pour ne pas accorder l’accès aux données qui sont nécessaires pour protéger l’intérêt public.

Le DSA doit refléter notre besoin de pluralisme des médias, de diversité culturelle et linguistique et d’accès facile à des nouvelles et des informations fiables. Cependant, en donnant un blanc-seing aux « fournisseurs de contenu éditorial » et aux « fournisseurs de services multimédias » au sens large et en les exemptant de toute modération, nous risquons de transformer le DSA en une autoroute pour les discours de haine et la désinformation.

Tous vos groupes politiques ont fait des déclarations publiques fortes sur la lutte contre la haine et la désinformation en ligne. Nous pensons qu’il est maintenant temps de transformer ces paroles en actes.

À la lumière de ce qui précède, nous vous exhortons à rejeter au sein de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs toute proposition qui inclurait une exemption pour les médias.

 

Les signataires : Cathrin Schaer, journaliste chez Wired ; Anne-Sophie Novel, journaliste indépendante ; David Schraven, éditeur chez CORRECTIV et Responsable de CORRECTIV.Fakt ; Lorenzo Marini, co-directeur de Verificat ; Tommaso Canetta, vice-directeur, Pagella Politica ; Thedoros Daniilidis, Fondateur d’Ellinika Hoaxes ; Carlos Hernández-Echevarría, responsable des politiques publiques et du développement institutionnel chez Maldita.es ; Michał Pawela, analyste en chef chez FakeNews.Pl ; Vytautas Benokraitis, PDG de Delfi Lituanie ; Guillaume Kuster, co-fondateur et président, Check First OY ; Guillermo Beltrà, chef de l’équipe numérique UE à l’Open Society European Policy Institute (OSEPI) ; Mária Bieliková, directrice et chercheuse experte au Kempelen Institute of Intelligent Technologies ; professeur Kalina Bontcheva, Université de Sheffield ; Emerson T. Brooking, chercheur principal résident, Digital Forensic Research Lab de l’Atlantic Council ; Stéphane Duguin, PDG du CyberPeace Institute ; Cooper Gatewood, directeur senior de la recherche numérique à l’Institute for Strategic Dialogue ; Dominika Hajdu, directrice du Centre for Democracy & Resilience, GLOBSEC ; Pavel Havlicek, chercheur au AMO Research Centre Prague ; Anna-Lena von Hodenberg, directrice, HateAid ; Julian Jaursch, directeur de projet, SNV ; Torben Klausa, journaliste et chercheur sur la régulation des plateformes ; Tomáš Kriššák, expert en sécurité de l’information chez Gerulata Technologies ; Xavier Brandao, président de Je Suis Là ; Arber Kuci, chercheur anti-désinformation chez Avaaz ; Adam Lelonek, PhD, chercheur indépendant ; professeur Stephan Lewandowsky, Université de Bristol ; Gary Machado, directeur général du EU Disinfo Lab ; Nathalie Maréchal, PhD, Senior Policy & Partnerships Manager chez Ranking Digital Rights ; Lucina de Meco, co-fondatrice de #ShePersisted Global ; Clare Melford, co-fondatrice et directrice exécutive de The Global Disinformation Index ; Tristan Mendès France, maître de conférences associé à l’Université de Paris, responsable de l’initiative #StopHateMoney ; prof. Trisha Meyer, directrice de recherche du Centre pour la numérisation, la démocratie et l’innovation à la Brussels School of Governance, Vrije Universiteit Brussel, (VUB) ; Rosie Morgan-Stuart, chercheuse anti-désinformation chez Avaaz ; Luca Nicotra, directeur de campagne et chercheur anti-désinformation chez Avaaz ; Jordy Nijenhuis, co-fondateur de Dare to be Grey ; Tanya O’Carroll, experte indépendante sur la technologie et les droits de l’homme ; Dr Rafal Pankowski, professeur au Collegium Civitas (Pologne) ; Symeon Papadopoulos, Centre de recherche et de technologie Hellas ; Stephen Perrotti, chercheur anti-désinformation chez Avaaz ; Sarah Andrew, directrice juridique de la campagne anti-désinformation d’Avaaz ; Flora Rebello Arduini, consultante principale en campagnes et chercheuse anti-désinformation chez SumOfUs ; Hannah Richter, gestionnaire de campagne, Dare to be Grey ; Ann Cathrin Riedel, présidente de l’association LOAD eV pour la politique libérale ; Domen Savič, PDG de Državljan D / Citizen D ; Kristína Šefčíková, coordinatrice de projet à l’Institut d’études de sécurité de Prague ; Matej Spišák, rédacteur en chef d’Infosecurity.sk ; Alexander Sängerlaub, directeur de Futur Eins ; Nathan Sparkes, PDG de Hacked Off ; Alice Stollmeyer, directrice exécutive de Defend Democracy ; Georgios Terzis, Brussels School of Governance ; Nicolas Vanbremeersch, président de Renaissance Numérique ; Kristina Wilfore, professeure auxiliaire à la Elliott School of International Affairs de l’Université George Washington.

Les Déconspirateurs – l’émission #03

mercredi 10 novembre 2021 à 16:39

Tristan Mendès France et Rudy Reichstadt décryptent l’actualité du complotisme, de la désinformation et de la haine en ligne avec David Medioni.

Au sommaire de ce troisième numéro des Déconspirateurs : Karl Zéro et son film anti-pédocriminalité « 1 sur 5 », Charlottesville 4 ans après, la fascination des QAnon pour la réapparition de John F. Kennedy Jr, comment réagir face au complotisme.

Invité : William Audureau, journaliste au Monde, chargé de la lutte contre les fausses informations et de l’étude du complotisme au sein de la rubrique « Les Décodeurs », auteur de Dans la tête des complotistes (Allary Editions, 2021).

(Emission enregistrée mardi 9 novembre 2021)

 

Voir aussi :

[PODCAST] Affaire Mia : un enlèvement d’enfant sur fond de théories du complot

Conspiracy News #45.2021

dimanche 7 novembre 2021 à 16:39

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 01/11/2021 au 07/11/2021).

ALEC BALDWIN. Le 21 octobre, l’acteur américain Alec Baldwin a tiré mortellement, par accident, sur la directrice de photographie du western qu’il était en train de tourner, The Rust, dans l’État américain du Nouveau-Mexique. Alors que l’enquête est encore en cours, une théorie complotiste selon laquelle la victime en savait trop sur Hillary Clinton, a fleuri sur les réseaux sociaux, notamment relayée par… Francis Lalanne (source : La Dépêche, 31 octobre 2021).

SUISSE. Fraîchement élu à la tête de son parti, l’Union démocratique du centre du Valais romand (UDCVr, Suisse), Donald Moos a soutenu dans Le Nouvelliste des thèses complotistes. D’après lui, l’élection présidentielle américaine a été truquée et Donald Trump est le véritable président américain élu. Le Covid-19 serait en outre une arme biologique créée en laboratoire. Bill Gates, George Soros et les époux Clinton seraient quant à eux les « exécutants visibles » d’une convergence d’intérêts dirigeants la société… Des propos qui ont provoqué un tollé dans la classe politique, alors que Moos a reçu, au sein de son propre parti, le soutien d’Oskar Freysinger, figure politique historique de cette formation populiste d’extrême droite (source : Le Temps, 28 octobre 2021).

FAMILLE GALLICANE. Dans une forêt de l’Ouest de la France, des militants d’extrême droite, s’entraînent au tir sur des caricatures racistes de juifs, de musulmans et de Noirs. Il s’agit d’un groupuscule d’extrême droite dénommé la Famille Gallicane et comptant, d’après une enquête publiée par Street Press, quelques dizaines de membres actifs et quelques centaines de sympathisants. À l’approche de l’élection présidentielle, ils ont un favori : Éric Zemmour (source : Street Press, 2 novembre 2021).

PÉDOSATANISTES. Dans sa dernière chronique « Antidote » sur France Inter, Tristan Mendès France s’est intéressé à la place de la pédocriminalité dans l’imaginaire complotiste. Notre collaborateur évoque ces thèses selon lesquelles des élites pédosatanistes engagées dans un complot mondial seraient à la manœuvre, justifiant un combat absolu du Bien contre le Mal. Des thèses propagées par les activistes QAnon et aujourd’hui partagées par 18% des Américains, d’après une étude récente (source : France Inter, 5 novembre 2021).

Malgré des prophéties qui ne se réalisent jamais, le mouvement complotiste QAnon reste actif. En France, ses relais totalisent des audiences conséquentes et fédèrent une communauté autour de ses théories fallacieuses. Avec un impact bien réel en termes de sécurité (source : Libération, 29 octobre 2021).

SEXISME. Les attaques de désinformation sexiste en ligne sont une tactique bien connue que des acteurs illibéraux du monde entier, dont la Russie, la Hongrie et le Brésil, ont développé pour saper leurs opposants. En s’appuyant sur des récits sexistes, ils intimident les femmes afin d’éluder les critiques et de consolider leur pouvoir. Ces tactique sont de plus en plus adoptées à la fois par des acteurs étrangers et par l’extrême droite en Europe (source : Brookings, 29 octobre 2021).

VACCINATION. Aux États-Unis, de nombreux médecins, experts en santé publique et chercheurs en désinformation anticipent un flot de propagande antivaxx centré sur les jeunes enfants, à la suite d’un vote, fin octobre, par un comité consultatif de la Food and Drug Administration (l’agence américaine des denrées alimentaires et des médicaments) visant à autoriser le vaccin anti-Covid-19 de Pfizer-BioNTech pour les enfants de 5 à 11 ans. Le comité consultatif sur les pratiques de vaccination des Centers for Disease Control and Prevention, qui forment la principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique, vient de recommander à l’unanimité les vaccins anti-Covid pour cette tranche d’âge (source : NBC News, 3 novembre 2021).

LE DESSIN DE LA SEMAINE. L’œil de Morgan Navarro pour Conspiracy Watch.

QUENELLE D’OR. Damien Tarel, l’homme qui avait giflé Emmanuel Macron le 8 juin 2021 à Tain-l’Hermitage (Drôme) et à qui la cérémonie des « Bobards d’or » avait rendu hommage quelques jours plus tard, a été récompensé le vendredi 29 octobre par une « Quenelle d’or », remise par Dieudonné M’Bala M’Bala (source : Conspiracy Watch/Twitter, 3 novembre 2021).

CLIMAT. Un nouveau rapport du Center for Countering Digital Hate révèle que dix médias en tout sont à l’origine de 69% de l’engagement sur Facebook en matière de désinformation sur le changement climatique. Parmi ces dix médias, on trouve Breitbart, Newsmax, The Washington Times ou encore Russia Today (télécharger le rapport).

KENNEDY. Des adeptes de la mouvance complotiste QAnon se sont réunis à Dallas dans l’espoir de voir le fils du président Kennedy, John F. Kennedy Jr (mort accidentellement en 1999) réapparaitre et annoncer le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Ce rassemblement aussi invraisemblable qu’inquiétant a eu lieu le mardi 2 novembre à Dealey Plaza, au cœur de Dallas, là où Kennedy a été assassiné en 1963 (sources : France Inter, 3 novembre 2021 ; Le Monde, 7 novembre 2021).

COLLOQUE. Conspirationnisme et complotisme : ces mots ont fait leur entrée dans le dictionnaire depuis moins de dix ans, mais ils renvoient à des théories plus anciennes qui ont perduré sous différentes formes et dont on voit la résurgence à l’heure de la circulation des fake news et des théories du complot sur Internet. Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) accueillera les 18 et 19 novembre un colloque intitulé « Théories du complot : mythes et mythologies à travers les siècles », sous la direction scientifique de Valérie Igounet (IHTP), Rudy Reichstadt (directeur de l’Observatoire du conspirationnisme) et Paul Salmona (directeur du MAHJ), en partenariat avec l’Observatoire du conspirationnisme et le magazine L’Histoire.

WIKISTRIKE. Le site complotiste français Wikistrike fête ses 12 ans d’existence. Un site dont l’administrateur est anonyme et qui est à l’origine de la propagation de nombreuses fausses informations ainsi que des messages à caractère antisémite. Près d’un million de visites par mois et, sans doute, des bénéfices financiers considérables… (source : Veille extrême/Twitter, 3 novembre 2021).

PATRIOT PURGE. Tucker Carlson, le présentateur vedette de la chaîne conservatrice américaine Fox News, a annoncé la diffusion d’une nouvelle série en trois parties, Patriot Purge. Le documentaire reprend la thèse du « Big Lie » de Donald Trump, selon laquelle l’élection présidentielle de 2020 aurait été volée et qui a contribué à l’insurrection au Capitole le 6 janvier dernier. Un film qui, selon le magazine Rolling Stone, relève de la propagande fasciste en ce qu’il repose sur « un sentiment de danger écrasant, qui menace de faire de la majorité dominante du pays une minorité impuissante et menacée » (source : Rolling Stone, 2 novembre 2021).

ÉTHIOPIE. En Éthiopie, la guerre civile qui oppose les troupes loyalistes (armée fédérale et milices) du gouvernement aux rebelles des Forces de défense tigréennes (TDF) et leurs alliés, a commencé il y a un an précisément. Dans ce contexte, des commentaires enflammés se propagent sur les réseaux sociaux et les discours de haine prennent de l’ampleur. Le camp gouvernemental traque la présence d’« espions » et les dénonciations, sur les différentes plateformes numériques, vont bon train… (source : Le Monde, 4 novembre 2021).

NÉGATIONNISME. Historienne spécialiste du négationnisme, Stéphanie Courouble Share vient de faire paraître Les idées fausses ne meurent jamais (Le bord de l’eau). Conspiracy Watch en publie en exclusivité les bonnes feuilles (source : Conspiracy Watch, 5 novembre 2021). À écouter également, Stéphanie Courouble Share au micro de Xavier Mauduit dans l’émission « Le cours de l’histoire » (source : France Culture, 4 novembre 2021).

CINÉMA. Sorti sur les écrans le 13 octobre dernier, L’Homme de la cave, un film de Philippe Le Guay, met en scène la manière dont le complotisme et le négationnisme peuvent gangréner la société. Hélène (Bérénice Béjo) et Simon Sandberg (Jérémie Renier) vendent la cave qu’ils possèdent dans l’immeuble parisien où ils habitent à un soi-disant professeur d’histoire à la retraite. Le nouveau propriétaire, Jacques Fonzic (François Cluzet), s’installe dans le sous-sol pour y vivre. L’homme s’avère rapidement être un négationniste acharné, distillant régulièrement son complotisme et son antisémitisme sur Internet. Il ne tarde pas à bouleverser le quotidien de ses voisins… (source : Conspiracy Watch, 4 novembre 2021).

RAISON. Comment une espèce si intelligente que la nôtre peut-elle être si crédule ? La question se trouve au cœur de l’ouvrage de Rationalité. Ce qu’est la pensée rationnelle et pourquoi nous en avons plus que jamais besoin (Les Arènes). Le psychologue cognitiviste canado-américain Steven Pinker y livre un vibrant plaidoyer pour la raison à une époque qui ne jure que par la subjectivité. « La rationalité, c’est pas cool », note ce professeur à Harvard, soulignant que dans la culture populaire, de la « grosse tête » au « nerd », les personnages cérébraux n’ont pas forcément bonne presse. Pourtant, la rationalité est un trésor qui, selon lui, a permis à l’humanité de réaliser ses plus grands progrès. Nous vivrions ainsi l’ère la plus pacifique de l’histoire de notre espèce (source : L’Express, 2 novembre 2021).

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Range ta chambre

vendredi 5 novembre 2021 à 17:25