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Un été nuageux

mercredi 25 août 2021 à 08:45

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Conspiracy News #34.2021

dimanche 22 août 2021 à 10:25

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 16/08/2021 au 22/08/2021)

LAURENT MUCCHIELLI. Le billet de blog du sociologue Laurent Mucchielli, publié sur Mediapart le 30 juillet – et dépublié depuis –, tendant à mettre en doute l’innocuité des vaccins anti-Covid, relève d’une « erreur d’interprétation inadmissible » et « d’arrière-pensées idéologiques », estiment, dans une tribune pour Le Monde, huit sociologues, qui appellent le CNRS à une « réaction plus ferme ». « La sociologie ne consiste pas à manipuler des données pour étayer une position idéologique », souligne notamment le collectif de signataires (source : Le Monde, 19 août 2021).

LOUIS FOUCHÉ. Le Dr Louis Fouché, qui a demandé sa mise en disponibilité et contre lequel l’APHM envisage des actions disciplinaires, ne travaille plus aux Hôpitaux de Marseille depuis le 9 août. Dans un communiqué, l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille a précisé que les propos de ce réanimateur devenu une figure de la mouvance covido-sceptique (il a fondé le site Reinfo Covid) sont « à l’opposé des principes moraux, éthiques, déontologiques et scientifiques » (source : William Audureau/Twitter, 18 août 2021).

ANTI-PASS. « En théorie, on peut parfaitement être anti-pass sanitaire tout en étant ni extrémiste ni complotiste ni anti-vaccin. Sauf qu’en pratique, explique Laurent de Boissieu, le mélange des genres est fréquent. » Le journaliste en donne une illustration très claire dans un thread consacré à un site internet, Animap.fr, création d’un dénommé Markus Holzer qui, sous l’apparente volonté de faire valoir une critique légitime, propage en réalité des théories du complot sur la pandémie.

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DIEUDONNÉ. On se souvient que Dieudonné M’Bala M’Bala s’était joint aux manifestations des Gilets jaunes. De façon toute aussi opportuniste, le polémiste a manifesté le 14 août dernier contre le pass sanitaire. À noter qu’il était ce jour-là escorté par Germain Gaiffe, un individu condamné en 2003 à 30 ans de prison pour avoir séquestré et tué un homme de 62 ans (source : L’Extracteur/Twitter, 16 août 2021).

ANTISÉMITISME. Samuel Goujon, le créateur du site antisémite « Ils sont partout » a été déféré ce samedi et mis en examen. Il a notamment participé à la création de Damoclès, le site de « réinformation » d’extrême droite dirigé par Samuel Lafont, directeur de la communication numérique dans la mobilisation des soutiens d’Eric Zemmour (source : Le Parisien, 22 août 2021).

FACEBOOK. Des trolls russes ont utilisé des « mèmes » du film « La Planète des singes » pour convaincre les vaccino-sceptiques que le vaccin d’AstraZeneca pouvait les transformer en chimpanzés. C’est la conclusion d’un nouveau rapport de Facebook, qui a révélé qu’une filiale d’une agence de marketing russe, Fazze, exploitait des dizaines de faux comptes Facebook et Instagram pour désinformer sur les vaccins fabriqués en Occident. Facebook déclare avoir trouvé 65 comptes Facebook et 243 comptes Instagram liés à cet effort, qui ciblait des utilisateurs en Inde, en Amérique latine et aux États-Unis (source : The Daily Beast, 10 août 2021).

Facebook a lancé un nouvel outil de « transparence » destiné à montrer que les utilisateurs sont finalement peu en contact avec les contenus complotistes. Une initiative malheureusement biaisée selon le journaliste Raphaël Grably.

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En un peu plus de trois jours, une vidéo virale nourrie d’infox relatives aux mesures sanitaires a totalisé plus de 90 millions d’engagements sur Facebook, grâce à des téléchargements sur des plateformes de streaming. La vidéo se propage malgré les règles de YouTube et Facebook contre la désinformation sur la pandémie, et sa portée est nettement supérieure à des films du même type comme « Plandemic » (source : Mediamatters, 10 août 2021).

ANTIMAÇONNISME. Le 16 août, une centaine de manifestants complotistes se sont réunis à Londres devant le Freemasons’ Hall (qui abrite plusieurs temples maçonniques) pour dénoncer de prétendus rituels sataniques contre des enfants (source : Shayan Sardarizadeh/Twitter, 16 août 2021). Rappelons qu’en mai dernier, un projet d’attentat néo-nazi avait été déjoué en France, contre un ancien Grand maître du Grand Orient de France (source : France Bleu, 7 mai 2021).

ALGÉRIE. Mercredi 18 août, la présidence algérienne a accusé le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation indépendantiste, d’être à l’origine des incendies qui ravagent le nord du pays depuis le 9 août et ont causé la mort ou la disparition de plus de 90 personnes. Selon Alger, le Maroc et « l’entité sioniste » (i.e. l’État d’Israël) soutiennent le MAK, ce qui les rendrait responsables des incendies. Des déclarations qui ont conduit la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme à appeler à la retenue, à la clairvoyance et à la sagesse (source : Le Monde, 19 août 2021).

LYNCHAGE. La désinformation tue. Deux jours après le début des incendies en Kabylie, l’artiste Djamel Ben Ismaïl a fait part sur Twitter de son intention de parcourir plus de 300 kilomètres pour aider à lutter contre les feux. Sur place, victime de rumeurs, il a été accusé à tort d’être un pyromane. Pris à parti, l’homme de 38 ans a été agressé, torturé puis finalement brûlé par une foule en colère à Larbaâ Nath Irathen, dans la préfecture de Tizi Ouzou, fortement touchée par les feux (source : L’Express, 16 août 2021).

QANON. Le nombre « 1109 » inscrit sur un C-17 de l’US Air Force ayant procédé à des évacuations à l’aéroport de Kaboul il y a quelques jours a excité l’imagination de partisans de QAnon. La preuve pour eux, par cette prétendue référence au 11-Septembre, que les événements d’Afghanistan ne sont qu’une mise en scène : il s’agirait d’un canular pour détourner l’attention de l’opinion des allégations de fraude électorale (source : Shayan Sardarizadeh/Twitter, 20 août 2021).

« Les adeptes de QAnon sont tellement convaincus que le monde entier tourne autour d’eux qu’ils sont prêts à affirmer que chaque événement mondial majeur est en quelque sorte lié à leur conviction que Trump mène une guerre secrète contre “l’État profond” pour démasquer une élite qui s’affaire au trafic d’enfants », analyse David Gilbert dans le média américain Vice (source : Vice, 18 août 2021).

Dans un récent communiqué, l’ex-président des États-Unis Donald Trump a encore affirmé que son successeur Joe Biden « n’a[vait] pas été élu légitimement » et qu’il est temps pour lui de démissionner (source : Théo Laubry/Twitter, 15 août 2021).

ATTAQUE CHIMIQUE. Près de 1500 morts, dont plus de la moitié de femmes et d’enfants. L’attaque survenue le 21 août 2013 dans la Ghouta de Damas, il y a huit ans, reste la pire attaque chimique à ce jour depuis celle commise par Saddam Hussein à Halabja en 1988. Elle fait désormais l’objet de plusieurs plaintes pour crime contre l’humanité en Europe, malgré le travail de sape des propagandistes de Bachar el-Assad. À relire, en ce triste anniversaire, l’analyse de notre collaborateur Élie Guckert publiée sur Conspiracy Watch il y a un an (source : Conspiracy Watch, 21 août 2020).

JEAN-LUC MÉLENCHON. Al-Qaïda aurait été « créé de toute pièce » par les stratèges américains… Au détour d’une note de blog publiée lundi 16 août, Jean-Luc Mélenchon a repris à son compte le narratif complotiste sur les origines de l’organisation djihadiste. Il y a bientôt quatre ans, le leader de la France Insoumise affirmait déjà sur son blog que « les USA soutenaient en sous-main Daech en Syrie », mettant ses pas dans ceux des complotistes (source : Conspiracy Watch/Twitter, 20 août 2021).

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BIÉLORUSSIE. Il y a un an, les Biélorusses descendaient dans la rue pour protester contre les résultats d’une élection présidentielle truquée. Les manifestations ont été violemment réprimées, avec des dizaines de milliers d’arrestations. Une vaste campagne de désinformation a accompagné ces actions brutales du régime d’Alexandre Loukachenko contre les manifestants, les militants, les journalistes. Mais aussi des théories du complot, utilisées pour légitimer la violence et faire taire l’opposition. Depuis un an, EUvsDisinfo a collecté plus de 450 exemples de désinformation ciblant l’opposition démocratique, témoignage de la désinformation orchestrée par l’État (source : EUvsDisinfo, 9 août 2021).

RECHERCHE. Valentin Guigon, doctorant en sciences cognitives, mène à Lyon des recherches sur la capacité des individus à identifier ou non des fake news, à partir de 48 informations vraies et 48 autres fausses qui leur sont soumises. Le chercheur analyse les raisons qui poussent des internautes à adhérer aux fausses informations (source : Rue 89, 16 août 2021).

COMPLOTOLOGIE. Tenou’a propose en accès libre sur son site un entretien avec Rudy Reichstadt, consacré au succès actuel des théories du complot. Le directeur de Conspiracy Watch y évoque notamment un « paradoxe de la transparence » qui met à mal la démocratie : « Le savoir, la connaissance, l’information n’ont jamais été aussi facilement accessibles et, en même temps, tout se passe comme si cela excitait une forme de soupçon permanent » (source : Tenou’a, août 2021).

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Conspiracy News #33.2021

dimanche 15 août 2021 à 13:58

L’actu de la semaine décryptée par Conspiracy Watch (semaine du 09/08/2021 au 15/08/2021).

ANTISÉMITISME. La semaine dernière, lors d’une manifestation contre le « pass sanitaire », à Metz, une militante d’extrême droite, Cassandre Fristot, a brandi une pancarte sur laquelle figurait la mention « Mais qui ? », assortie d’une liste de personnalités dont la plupart sont juives. Les faits ont suscité une forte émotion et de nombreux commentaires. Interviewé par Le Monde, Rudy Reichstadt s’inquiète de la perméabilité du mouvement antirestrictions à certains codes antisémites à peine voilés. « L’antisémitisme auquel nous sommes confrontés avance en oblique, il prend des détours », explique-t-il notamment (source : Le Monde, 10 août 2021). Pour l’historien Emmanuel Debono, il s’agit là d’une stratégie typique de l’extrême droite antisémite, qui a appris à transformer sa sémantique pour éviter les condamnations (source : Marianne, 11 août 2021). Lors des manifestations du samedi 14 août 2021, à Metz et ailleurs, plusieurs pancartes antisémites ou soutenant Cassandre Fristot ont été recensées.

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Mardi 10 août, le ministre de l’Intérieur a requis des poursuites pénales contre un site antisémite intitulé « Ils sont partout », qui mettait à disposition du public plusieurs cartes interactives listant des personnalités publiques supposément juives. Le site est par la suite devenu inaccessible (source : Midi Libre, 11 août 2021). À noter que ce site avait été partagé en juin dernier sur son fil Telegram par le youtubeur complotiste Hayssam Hoballah [archive].

Pour illustrer les liens entre la haine des juifs et le complotisme sanitaire, on se reportera à la vidéo mise en ligne au printemps dernier par le collectif L’Extracteur (source : L’Extracteur/YouTube, 3 juin 2021).

HISTOIRE. Il y a cent ans, dans une série d’articles parus entre le 16 et le 18 août 1921, Philip Graves, correspondant du Times à Constantinople, faisait la lumière sur le plus célèbre des faux documents antijuifs, les Protocoles des Sages de Sion (source : Conspiracy Watch, 15 août 2021).

« ANTI-PASS ». Samedi 7 août, une employée saisonnière chargée de l’accueil des visiteurs au Centre de la mémoire du village martyr d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) a été agressée verbalement et physiquement par une visiteuse mécontente de l’application des mesures liées au pass sanitaire sur le site  (source : Le Populaire du Centre, 10 août 2021).

DÉSINFORMATION. Facebook a démantelé une opération de désinformation russe qui cherchait à discréditer les vaccins AstraZeneca et Pfizer/BioNTech contre le Covid-19, y compris en cherchant à faire croire que le premier « transformait les personnes vaccinées en chimpanzés »…. « La désinformation n’est pas toujours subtile », a noté ironiquement Ben Nimmo, directeur d’un des services de cybersécurité de Facebook, lors d’une conférence de presse mardi (source : La Provence, 10 août 2021).

BFM DICI. Le 12 août, une infirmière et un chirurgien libéral étaient les invités de BFM DICI où ils ont tenu des propos faux au sujet de la crise sanitaire, concernant la prétendue dangerosité du vaccin à ARN messager et le nombre des hospitalisations dans les Hautes-Alpes. La chaîne BFM a décidé de supprimer la séquence des réseaux sociaux et est revenue, dans un article, sur ces propos (source : BFM TV, 7 août 2021). Il est à noter que, plus d’une semaine après la suppression de la séquence, la vidéo a encore été partagée des centaines de fois sur Facebook (source : Conspiracy Watch, 13 août 2021).

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VLADIMIR ZELENKO. Depuis quelques jours, une vidéo traduite par le blogueur complotiste Salim Laïbi (« Le Libre Penseur ») fait le tour de la complosphère francophone. Relayée sur Profession GendarmeRéseau InternationalPro fide catholicaSott.net ou encore Égalité & Réconciliation, cette visioconférence met en scène un médecin américain, Vladimir Zelenko, égrénant devant trois religieux juifs orthodoxes apparemment basés en Israël tous les poncifs complotistes et antivaccins du moment. Vaccins tueurs, génocide planétaire, arme biologique… le médecin annonce que deux milliards de personnes vont mourir du vaccin anti-Covid (source : Conspiracy Watch, 13 août 2021).

JEAN-FRÉDÉRIC POISSON. « Ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’agence nationale de sécurité du médicament. » Se référant à « la page 8 » d’un document de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), Jean-Frédéric Poisson n’en a pas démordu, jeudi 12 août, sur CNews : la vaccination serait directement responsable de près de 900 morts en France. Confondant signalements pour enquête et cas avérés, le président de VIA (ex- Parti chrétien-démocrate) a été rapidement réfuté par le service de vérification des faits de Libération (source : CheckNews (Libération), 10 août 2021).

LAURENT MUCCHIELLI. Sur la page de son centre de recherche de rattachement, Mesopolhis, le sociologue Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS, mentionne ses interventions dans des médias à la fiabilité douteuse et sensibles aux thèses complotistes, tels que FranceSoir, Reinfo Covid ou encore Bas les masques (source : Twitter, 14 août 2021).

RÉANIMATION. À la Réunion, des individus ont filmé un service de dialyse en le présentant comme un service de réanimation. L’objectif : faire la démonstration que les lits étaient inoccupés et que la quatrième vague ne serait en réalité qu’un mensonge (source : Hélène Rossinot/Twitter, 8 août 2021).

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STAN MAILLAUD. L’ancien gendarme Christian Maillaud, dit « Stan », qui appartient au « Conseil national de transition » (CNT), un groupuscule complotiste, a été interpellé le vendredi 13 août à Sorbiers (Loire), dans le cadre d’une enquête pour « appel à la désobéissance de militaires ». L’annonce a été faite par le procureur de la République de Cusset. Le quinquagénaire était à l’initiative d’un mouvement visant à rallier les gendarmes français à sa cause… en leur offrant des chocolats (source : Libération, 13 août 2021).

QANON. Persuadé que ses deux enfants en bas âge avaient de l’« ADN de serpent », un Américain de la mouvance complotiste QAnon a été inculpé mercredi pour meurtre, ont indiqué les autorités judiciaires californiennes. Matthew Taylor Coleman, 40 ans, est accusé d’avoir emmené son fils de 2 ans et sa fille de 10 mois au Mexique, puis de les avoir tués avec un « fusil harpon », selon un communiqué du bureau du procureur général de Californie (source : 20 Minutes, 12 août 2021).

ANTIVAXX. Francis Gonçalves, un habitant de Cardiff au Pays de Galles, a témoigné ce lundi 9 août dans la presse britannique pour tenter de convaincre les sceptiques de l’utilité du vaccin. Pour lui, les théories du complot diffusées depuis des semaines sur les réseaux sociaux sont en cause dans la mort de sa famille. En effet, fin juillet, Francis Gonçalves a perdu sa mère, son père et son frère, tous morts après avoir contracté le Covid-19 (source : Le Midi libre, 11 août 2021). Il est aujourd’hui menacé pour avoir osé prendre la parole.

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ORIGINES DU COVID-19. Peter Ben Embarek, en charge de l’enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les origines du Covid-19, estime désormais que l’hypothèse selon laquelle le Sars-CoV-2 se serait échappé d’un laboratoire est « probable » (source : Le Parisien, 13 août 2021). Il y a six mois, après une mission de quatre semaines à Wuhan, il avait au contraire affirmé qu’il était « extrêmement improbable » que le virus ait fui d’un laboratoire rattaché à l’Institut de virologie de Wuhan. En mai 2021, le Wall Street Journal avait révélé que, selon un rapport des services de renseignement américain, trois chercheurs de ce même Institut seraient tombés malades en novembre 2019 et auraient été hospitalisés. Vendredi 13 août, les autorités chinoises ont une nouvelle fois rejeté toute nouvelle investigation de l’OMS sur l’origine du virus et refusé de fournir de nouvelles données aux enquêteurs. « Même si le rapport de l’OMS dit qu’une fuite de laboratoire est peu probable, la Chine, elle, considère qu’elle n’est pas du tout probable, qu’elle est impossible à vérifier et qu’il n’y a pas lieu d’y avoir une autre enquête. En revanche, Pékin considère qu’une fuite de laboratoire est possible aux États-Unis », a commenté le spécialiste de la Chine Antoine Bondaz (source : France Info, 13 août 2021).

DÉFIANCE. « Un monde social où n’existerait plus un minimum de confiance et de crédit à l’égard du corps médical et des gouvernants […] est un monde qui, inéluctablement, est condamné à devenir impraticable, invivable, dans lequel les relations sociales seraient vouées en quelque façon à n’être régies que par défiance et méfiance réciproques. C’est ce type de société que construisent nolens volens les complotistes et leurs sympathisants, conscients ou non. » À lire sur Conspiracy Watch, l’analyse du politiste Hanoues Seniguer inspirée par le mouvement anti-pass sanitaire actuel (source : Conspiracy Watch, 12 août 2021).

NUREMBERG 2.0. En juillet 2020, l’avocat allemand Reiner Fuellmich, devenu une des grandes figures de la complosphère covido-sceptique, a lancé l’idée d’un tribunal international destiné à juger pour crimes contre l’humanité les scientifiques et les responsables politiques qui gèrent la crise du Covid-19. A la tête d’un collectif engageant des actions collectives en Europe ainsi qu’au Canada et aux Etats-Unis, Fuellmich tente désormais de gagner du temps. Laisser traîner les actions en justice est en effet une manière de prolonger d’autant la perception d’honoraires de la part de ses clients. Dans la plainte déposées par ses collègues au Canada, ce sont la reine Elizabeth, les Windsor, le Vatican, les Jésuites, Bill Gates et le soi-disant Ordre de la Jarretière qui sont visés. Il est aussi précisé que « la reine d’Angleterre est contrôlée par le Vatican, lequel appartient à la famille juive Rothschild » (source : heidi.news, 12 août 2021).

CHILI. Une publication d’un groupe Facebook est devenue virale sur Twitter, niant l’existence du Chili, tout en assurant que les Chiliens sont des « acteurs ». Le fait est que le Chili n’est pas le premier pays à voir son existence remise en cause… (source : The Clinic, 13 août 2021).

REVERBEL. « Consultante Webmarketing Docteure Biochimie & Microbio », Corinne Reverbel a relayé sur son compte Twitter une déclaration de l’Association des médecins et chirurgiens américains (AAPS) se positionnant contre la vaccination obligatoire des soignants. Sauf que l’association en question n’a rien de sérieux. Il s’agit en réalité d’un groupuscule d’extrême droite américain, complotiste et désinformateur. L’AAPS estime par exemple que l’homosexualité réduit l’espérance de vie ou que le réchauffement climatique est bon pour les êtres humains… (source : Théo Laubry/Twitter, 8 août 2021).

GIEC. Alors que le groupe de recherche sur le climat (Giec) a publié le 9 août son sixième rapport, indiquant que la température planétaire globale continuera inévitablement d’augmenter jusqu’au moins la moitié de ce siècle, des voix climato-sceptiques se sont à nouveau faites entendre comme par exemple dans les colonnes du Figaro. L’occasion de voir ou de revoir l’interview de la climatologue Sylvie Joussaume sur l’état des connaissances scientifiques en la matière (source : France Culture, 16 mai 2018).

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Le jour où le Times a révélé que « les Protocoles » étaient un plagiat

dimanche 15 août 2021 à 13:48

Il y a cent ans, dans une série de trois articles parus entre le 16 et le 18 août 1921, Philip Graves, correspondant du Times à Constantinople, faisait la lumière sur le plus célèbre des faux documents antijuifs.

Avant-propos de Mgr Jouin aux « Protocols » des Sages de Sion (Revue internationale des Sociétés secrètes, 1920, quatrième édition, p. 1 ; détail).

1920. Alors que le monde s’extrait douloureusement de la Grande Guerre, un étrange document hante l’Europe et les États-Unis. Son titre ? Les Protocoles des Sages de Sion. Sa trame ? Rien de moins qu’un plan secret de conquête du monde par les Juifs ! Or, le 8 mai de cette année-là, ce « document » délirant est pris au sérieux par le prestigieux quotidien britannique The Times, qui lui consacre tout un éditorial pour en défendre, à mots couverts, l’authenticité. De fait, écrit Pierre-André Taguieff, « le thème du “péril juif” et plus précisément celui du complot juif mondial, entrait dans le champ du discutable, c’est-à-dire de l’acceptable, voire du respectable. » [1] Or, ce scoop va faire long feu : au mois d’août 1921, The Times, sous la plume d’un de ses correspondants, Philip Graves, devra convenir que les Protocoles sont un faux – et médiocre de surcroît. Un rétropédalage qui, malheureusement, intervient trop tard pour freiner la diffusion du pamphlet, lequel connaît, un siècle plus tard, une consternante notoriété, notamment au Proche-Orient. Retour sur les errements d’un journal réputé sérieux, par la faute duquel a prospéré le mythe du « complot juif mondial », mais grâce auquel la falsification a été établie…

De fausses confidences, plagiaires d’un texte lui-même plagiaire…

Les Protocoles des Sages de Sion correspondraient à un procès-verbal – évidemment confidentiel – d’une conférence – bien entendu secrète – de dirigeants de la « juiverie » mondiale – forcément anonymes. Il expose, dans un style fleuri, les mécanismes de la conquête du monde par les Juifs, non point par la guerre, mais par la ruse, la manipulation, la fourberie, armes mises au service d’une mentalité où le cynisme épouse le fanatisme. Or, il s’agit d’un faux particulièrement bâclé, certes banal dans son énumération des stéréotypes antisémites, mais relativement original en ce qu’il développe à l’extrême le mythe du « complot juif mondial ». Ironie tragique, ce « document » semble lui-même un produit de la « mondialisation », puisqu’il pourrait avoir été forgé par des Russes, en France, à partir de textes notamment français et allemand.

L’origine des Protocoles demeure certes controversée. Unique certitude, ils ne sont pas issus d’une imaginaire « Internationale juive ». D’après l’hypothèse la plus couramment retenue, mais récemment critiquée, ce « compte-rendu » d’un complot serait lui-même l’œuvre d’un complot – purement antisémite et réactionnaire celui-là : l’ouvrage pourrait avoir été concocté en France à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle par des agents de l’Okhrana, la police secrète du Tsar, semble-t-il pour discréditer des politiciens russes modernistes (dont le Premier Ministre de l’époque, Sergueï Witte), en suggérant leur pseudo-allégeance aux « conspirateurs juifs », les fameux – et fumeux – « Sages de Sion » [2]. Il est vrai que, dans la Russie impériale, l’antisémitisme était si répandu qu’il en était devenu un argument politique. Le contexte français n’y est peut-être pas étranger : notre pays était alors en proie à l’Affaire Dreyfus, qui avait vu des officiers de l’armée française confectionner des documents contrefaits, les fameux « faux patriotiques » [3], pour accabler Alfred Dreyfus, un capitaine juif frauduleusement accusé d’espionnage.

En toute hypothèse, le ou les faussaires, qu’ils soient ou non commissionnés par l’Okhrana ont, eux, fait œuvre de plagiaire, recopiant à leur sauce de très larges extraits d’un pamphlet de Maurice Joly, Dialogue aux Enfers entre Machiavel et Montesquieu, lequel, paru en 1864, ne s’attaquait nullement aux Juifs mais à Napoléon III, à qui était ironiquement prêté un projet de conquête du monde. Et non content de reproduire – quitte à en déformer le sens – cet opuscule satirique d’un avocat républicain opposé au Second Empire, nos écrivaillons ont apparemment plagié un autre roman, bien antisémite celui-là, Biarritz, publié en 1868 par l’auteur judéophobe Hermann Goedsche, lequel plagiait déjà un roman d’Alexandre Dumas, Joseph Balsamo, dont l’intrigue débutait, non par l’exposé d’un complot juif, mais d’une conspiration maçonnique contre l’Ancien Régime [4]

N’importe, le livre amorce sa diffusion en Russie au début du XXe siècle. Le Tsar Nicolas II, qui en prend connaissance en 1905, dans le contexte d’une Révolution manquée contre son régime, en est impressionné : « Quelle profondeur de pensée ! », « Quelle prophétie ! », « Quelle précision dans la réalisation du programme ! ». Plus méfiant, son Premier Ministre, Piotr Stolypine, diligente une enquête, laquelle conclut au faux. Nicolas II s’en lamente : « Laissez tomber les Protocoles. On ne défend pas une cause pure avec des méthodes malpropres. » [5] Après un succès initial, les Protocoles semblent sombrer dans l’oubli – provisoirement.

8 mai 1920 : la fausse modestie du Times

Deux cataclysmes font ressortir de terre les Protocoles : la Première Guerre mondiale et la Révolution russe. Tout d’abord, le conflit sonne le glas de la monarchie russe, qui s’effondre en 1917. Nicolas II et sa famille – qui avaient emporté dans leur lieu d’exil, en Sibérie, un exemplaire des Protocoles [6] – sont fusillés par les Bolcheviks en 1918. Mais ces derniers, qui ont pris le pouvoir, sont confrontés à de multiples oppositions armées, si bien que la situation dégénère en guerre civile. Leurs adversaires, les Blancs, n’hésitent pas à souffler sur les braises du nationalisme et de l’antisémitisme pour encourager leurs troupes : leur propagande dénonce le régime bolchevik comme une sorte de « parti de l’étranger », et même pire, une émanation d’un « complot juif mondial », ce qui conduit à une rediffusion des Protocoles, alors que feu le gouvernement tsariste avait été informé de son caractère frauduleux bien avant la guerre [7].

Las ! La plume n’est pas toujours plus forte que l’épée, et les « bobards de guerre », s’ils conduisent à de nombreux massacres de la communauté juive [8], ne suffisent pas à remporter les batailles. Vaincus, les Blancs doivent prendre le chemin de l’exil, et certains de ces émigrés emportent dans leurs bagages les Protocoles [9]. En 1919, maints exemplaires traduits en diverses langues sont adressés aux négociateurs lors de la Conférence de la Paix qui se tient à Versailles, pour pousser le monde « civilisé » à chasser de Russie le nouveau gouvernement « rouge » [10]. Ils essaiment l’année suivante en Allemagne, en France, aux États-Unis, où l’industriel antisémite Henry Ford leur assure une publicité tapageuse [11]. C’est toutefois de Grande-Bretagne que les Protocoles vont véritablement prendre leur essor – grâce au Times de Londres.

Le 8 mai 1920, en effet, ce très sérieux quotidien fondé en 1785 publie un éditorial pour le moins… nuancé sur les Protocoles. Sous couvert d’impartialité, l’auteur « s’étonne » du « terrible don prophétique » de ce texte, pour conclure sur cette note inquiétante : a-t-on terrassé, en 1918, le péril allemand, pour lui substituer la « Pax Judaica » ? L’éditorial a beau être anonyme, son auteur n’en est pas moins connu, nul autre que le rédacteur en chef du quotidien, Wickham Steed, célèbre journaliste de l’époque. Un cas complexe, que ce Mister Steed : l’homme est un fervent antisémite, enclin à voir des complots partout – surtout quand ils sont d’origine allemande ; mais il soutient le sionisme et dénoncera plus tard l’antisémitisme hitlérien [12]. Steed, en toute hypothèse, a succombé à son attrait du scoop, lequel épouse son époque.

C’est que la Grande Guerre a trop nourri la hantise d’une « cinquième colonne » allemande pour qu’une telle légende se dissipe du jour au lendemain. Ce mode de pensée paranoïaque connaît un second souffle avec la Révolution russe, moult conservateurs britanniques – dont Winston Churchill – stigmatisant une « internationale rouge » où pullulent des « Juifs pour la plupart athées » [13]. Bref, les mots et l’idée sont là : depuis plusieurs années, on pense, on écrit « complot », et il se trouve qu’une entité « internationale » revendiquant le pouvoir mondial, et où figureraient moult Juifs, vient de s’emparer de la Russie ! Ne manque plus qu’une preuve – et elle est fournie par les Protocoles des Sages de Sion. Bref, le fourvoiement du Times révèle bel et bien une dérive complotiste et antisémite de l’élite conservatrice britannique, sur fond de peur de « l’homme au couteau entre les dents ».

16 août 1921 : dans le Times, « La vérité, enfin »

À la différence du vénérable Times, d’autres journaux britanniques font preuve de scepticisme, voire ravalent les Protocoles à de la propagande antisémite – quand ils ne l’ignorent pas [14]. Toutefois, l’éditorial du grand quotidien conservateur pousse certains de ses concurrents à abandonner leurs pudeurs initiales, tels que le Spectator et le Morning Post, ce dernier publiant toute une série d’articles vitupérant le « complot juif ». Et pourtant, un journaliste réputé, Lucien Wolf, juif et antisioniste, souligne la parenté entre les Protocoles et certains textes antisémites, tels que le roman Biarritz précité, et établit, déjà, que le texte ne peut être qu’un faux [15]. Mais il manque à Wolf un élément essentiel, le chaînon manquant, à savoir la comparaison entre les Protocoles et le Dialogue aux Enfers de Maurice Joly – et pour cause, ce pamphlet, bien oublié, est introuvable.

Enfin, presque. Plus d’un an après la parution de l’éditorial du Times, Philip Graves, correspondant de ce journal à Constantinople, est approché par un émigré « Russe Blanc », Michel Raslovleff. Quelque peu dans la gêne, ce dernier lui communique une information sensationnelle : ayant acheté quelques ouvrages appartenant à un ancien officier de l’Okhrana, Raslovleff aurait inopinément découvert que l’un d’entre eux n’était autre que l’opuscule – annoté… – de Maurice Joly. En le feuilletant, il y aurait repéré des ressemblances frappantes avec les Protocoles, qu’il a lus en version française. Sa confrontation des deux textes n’a laissé aucune place au doute : les Protocoles sont en grande partie un décalque du Dialogue aux Enfers [16] !

Le Times retrouve un exemplaire du livre de Maurice Joly au British Museum, et cette découverte confirme les révélations de Raslovleff. Lequel vend son scoop pour une somme de 337 livres sterling. « Le Times n’est pas à £ 300 près, le rassure Philip Graves, et du moment qu’il vous les donne c’est qu’il a intérêt à le faire, sans parler du côté moral de la chose (mon journal appréciant de mettre au point lui-même une question qu’il avait traitée auparavant avec une certaine légèreté). » [17] En trois articles parus les 16, 17 et 18 août 1921, Graves, tout en conservant l’anonymat de sa source Raslovleff, expose la falsification, citant de nombreux passages du Dialogue aux Enfers en parallèles des Protocoles. Le rédacteur en chef, Wickham Steed, parraine cette démonstration par un éditorial [18]. Toutefois, Graves conclut, sans preuve ni raisonnement, que les passages du faux antisémite qui ne seraient pas recopiés du pamphlet de Joly auraient été probablement fournis à l’Okhrana par « les nombreux Juifs qu’elle employait pour espionner leurs coreligionnaires » [19], ce qui revient, au final, à prêter aux Juifs un rôle – même mineur – dans la conception des Protocoles [20]… Décidément, les préjugés antisémites persistent au sein du Times !

Les articles de Graves discréditent durablement ce vulgaire faux, œuvre d’un « plagiaire aussi négligent que cynique » [21]. Dans l’ensemble, la presse britannique enterre l’affaire, à l’exception de quelques mauvais perdants tels que le Spectator et le Morning Post, qui persistent à « s’interroger » [22]. Le scoop de Graves retentit à l’étranger, amenant même l’Action française à conclure au faux [23]. Les antisémites de tous les pays en sont réduits à prétendre que les Protocoles, quoique fabriqués, n’en révèlent pas moins le vrai (!), ou à essayer de le conforter par d’autres faux. Il n’empêche : pour dévastatrices qu’elles soient, les révélations de Graves n’effacent nullement la bévue du 8 mai 1920, laquelle avait revêtu les Protocoles d’une étoffe de respectabilité. Les nazis, bien évidemment, vont continuer à exploiter les Protocoles pour justifier les persécutions puis l’extermination des Juifs – puisque contre un maléfique complot mondial, il faut tuer ou périr. En attendant le recyclage du « document » par les gouvernements nationalistes et les fondamentalistes islamistes du Moyen-Orient. « La vérité est fille du temps », dit un vieux proverbe ; pas toujours, en l’occurrence, n’en déplaise au Times.

 

Notes :
[1] Pierre-André Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion. Faux et usages d’un faux, Paris, Berg-Fayard, 2004, p. 36.
[2] L’accusation visant l’Okhrana, qui a longtemps eu la préférence des historiens (voir, outre Taguieff, op. cit., Norman Cohn, Histoire d’un mythe. La « conspiration juive et les protocoles des sages de Sion, Paris, Gallimard, 1967, et coll. « Folio », 1992p, p. 82-110) et semblait avoir été confortée par les découvertes archivistiques d’un spécialiste de la littérature russe, Mikhail Lepekhine (Éric Conan, « Les secrets d’une manipulation antisémite », L’Express, 18 novembre 1999), a été critiquée par un autre historien, Michael Hagemeister selon lequel elle reposerait sur des témoignages peu fiables (« The Protocols of the Elders of Zion: Between History and Fiction », New German Critique, n°103 : Dark Powers: Conspiracies and Conspiracy Theory in History and Literature, 1998, pp. 83-95). D’après l’universitaire italien Cesare De Michelis, qui s’est livré à une analyse littéraire aussi fascinante que minutieuse des Protocoles, ceux-ci auraient été conçus en Russie au début du XXe siècle, non point par l’Okhrana mais par des partis antisémites locaux, peut-être en réaction aux tentatives du mouvement sioniste d’obtenir l’appui du Tsar pour établir des colonies juives en Palestine – voir « Les “Protocoles des sages de Sion“. Philologie et histoire », Cahiers du Monde russe, vol. 38, n°3 (juillet – septembre 1997), pp. 263-305, suivi de The Non-Existent Manuscript. A Study of the Protocols of the Sages of Zion, Lincoln, University of Nebraska Press, 2004. Difficile de trancher : la suggestion de Cesare De Michelis, quoique virtuose, nous semble tout aussi fragile que l’hypothèse dominante qu’il conteste, sachant que Michael Hagemeister admet n’avoir aucune thèse alternative à proposer.
[3] Selon l’expression, non point de Charles Maurras comme on le lit souvent, mais de Georges Lhermitte (L’Aurore, 2 septembre 1898), qui se moquait des piaillements antidreyfusards selon lesquels les faux incriminant le capitaine Dreyfus auraient été créés pour éviter d’avoir à produire des pièces authentiques mais susceptibles, par leur divulgation, de porter atteinte à la sécurité nationale ! Sur ce point, lire Philippe Oriol, L’Histoire de l’Affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Paris, Les Belles Lettres, 2014, vol. II, pp. 822-825.
[4] Hypothèse suggérée par Umberto Eco, De la Littérature, Paris, Grasset, 2003, pp. 367-370, sachant que le plagiat du roman de Goedsche avait été souligné dès 1920 dans une réfutation des Protocoles par Lucien Wolf (Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, op. cit., p. 60).
[5] Cohn, Histoire d’un mythe, op. cit., pp. 119-120.
[6] « Liste des objets ayant appartenu à la Famille Impériale qui furent retrouvés à Ekaterinbourg », reproduite dans Nicolas Sokoloff, Enquête judiciaire sur l’assassinat de la Famille Impériale russe, Paris, Payot, 1924, p. 324 (item n°200). Plus précisément, les Protocoles avaient été intégralement reproduits en 1905 dans un livre de Serge Nilus, Le Grand dans le Petit, qui faisait partie des ouvrages de l’Impératrice Alexandra retrouvés dans la dernière demeure de la famille Romanov.
[7] Henri Rollin, L’Apocalypse de notre temps, Paris, Allia, 1991, pp. 36-37 (1ère édition : Gallimard, 1939) ; Cohn, Histoire d’un mythe, op. cit., pp. 122-126.
[8] Lors de la guerre civile, les belligérants – y compris certaines unités bolcheviks – commettent de nombreux massacres de la communauté juive, majoritairement en Ukraine – voir Lidia Miliakova (éd.) et Nicolas Werth (trad.), Le Livre des pogroms. Antichambre d’un génocide, Ukraine, Russie, Biélorussie, 1917-1922, Paris, Calmann-Lévy, 2010.
[9] Voir Michael Kellogg, The Russian Roots of Nazism. White Émigrés and the Making of National Socialism, 1917–1945, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, qui détaille le rôle des émigrés « russes blancs » dans la formation de l’idéologie hitlérienne, semble-t-il non sans généralisation abusive sur l’ensemble de l’émigration russe anti-bolchévik (Oleg Budnitskii, « Review », Kritika. Explorations in Russian and Eurasian History, vol. 8, n°1, Winter 2007, pp. 190-200).
[10] Cohn, Histoire d’un mythe, op. cit., pp. 131-132.
[11] Deborah Lipstadt, « The Protocols of the Elders of Zion on the Contemporary American Scene. Historical Artifact or Current Threat? », in Richard Allen Landes et Steven T. Katz (dir), The Paranoid Apocalypse. A Hundred-year Retrospective on the Protocols of the Elders of Zion, New York, New York University Press, 2012, pp. 173-177.
[12] Andre Liebich, « The antisemitism of Henry Wickham Steed », Patterns of Prejudice, 2012, vol. 46, n°2, pp. 180-208.
[13] Winston Churchill, « Zionism versus Bolshevism. A Struggle for the Soul of the Jewish People », Illustrated Sunday Herald, 8 février 1920. Dans ce texte, Churchill prétendait séparer le bon grain de l’ivraie, plus précisément les « bons » et les « mauvais » Juifs, à savoir les Juifs « nationaux » et les Juifs « internationaux », voire les Juifs « terroristes »… Sans être un fervent antisémite, Churchill, qui a appuyé la cause sioniste et dénoncé les persécutions nazies, n’en partageait pas moins les préjugés de son temps. Voir l’article, tout de même un brin complaisant envers le « Vieux Lion », de Martin Gilbert, « Myth and Reality – What Did Churchill Really Think About the Jews? », Finest Hour 135, 2007.
[14] Jean-François Moisan, « Les « Protocoles des Sages de Sion » en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis », in Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, faux et usages d’un faux, op. cit., p. 396.
[15] Moisan, « Les « Protocoles des Sages de Sion » en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis », op. cit., pp. 397-400. Voir également Keith M. Wilson, « The Protocols of Zion and the Morning Post, 1919–1920 », Patterns of Prejudice, 1985, vol. 19, n°3, pp. 5-14 et « Hail and farewell? The reception in the British press of the first publication in English of the Protocols of Zion, 1920–22 », Immigrants & Minorities: Historical Studies in Ethnicity, Migration and Diaspora, 1992, vol. 11, n°2, pp. 171-186.
[16] Moisan, « Les « Protocoles des Sages de Sion » en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis », op. cit., pp. 404-406.
[17] Cité dans Moisan, « Les « Protocoles des Sages de Sion » en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis », op. cit., pp. 404-405.
[18] « An exposure, the source of the Protocols: truth at last », The Times, 16 août 1921.
[19] « The Protocols in Russia », The Times, 18 août 1921.
[20] Moisan, « Les « Protocoles des Sages de Sion » en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis », op. cit., p. 406.
[21] « A literary forgery », The Times, 18 août 1921.
[22] Moisan, « Les « Protocoles des Sages de Sion » en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis », op. cit., p. 406 ; Wilson, « Hail and farewell? », op. cit., pp. 183-184.
[23] Taguieff, Les Protocoles des Sages de Sion, faux et usages d’un faux, op. cit., pp. 60 et 82.

 

Voir aussi :

Hitler découvre les « Protocoles des Sages de Sion » (1920-1923)

L’article Le jour où le Times a révélé que « les Protocoles » étaient un plagiat est apparu en premier sur Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme.

Qui est le docteur Vladimir Zelenko, nouvelle star des complotistes antivax ?

vendredi 13 août 2021 à 18:11

Vaccins tueurs, génocide planétaire, arme biologique… Dans une vidéo virale diffusée depuis quelques jours, un médecin américain annonce que deux milliards de personnes vont mourir du vaccin anti-Covid.

Vladimir Zelenko (capture d’écran Facebook, 09/08/2021).

Depuis quelques jours, une vidéo traduite par le blogueur complotiste Salim Laïbi (Le Libre Penseur) fait le tour de la complosphère francophone. Relayée sur Profession Gendarme [archive], Réseau International [archive], Pro fide catholica [archive], Sott.net [archive] ou encore Égalité & Réconciliation [archive], cette visioconférence met en scène un médecin américain, Vladimir Zelenko, égrénant devant trois religieux juifs orthodoxes apparemment basés en Israël tous les poncifs complotistes et antivaccins du moment.

Sobrement intitulée « Vaccination covid : le Dr Zelenko met en garde contre un potentiel génocide planétaire ! », la version sous-titrée en français de la vidéo totalise des dizaines de milliers de vues ; sa version originale, des centaines de milliers.

Au cas où l’on n’aurait pas compris l’aubaine que représente ce genre de document pour des médias partageant fréquemment des contenus antijuifs, Salim Laïbi – qui, en 2013, a reçu une quenelle d’or des mains de Dieudonné – vend la mèche : « Le Dr Vladimir Zelenko parle de génocide planétaire et il sera compliqué de l’accuser d’antisémitisme d’autant que ces propos sont tenus face à des rabbins ! »

Pendant près d’une demi heure, le Dr Zelenko enchaîne en effet fausses informations, contre-vérités et prédictions apocalyptiques. « Il n’y a aucune justification pour utiliser ce poison mortel à moins de vouloir sacrifier des êtres humains » affirme-t-il par exemple au sujet du vaccin, ajoutant qu’il serait à l’origine de fausses couches, qu’il endommagerait les ovaires, réduirait le nombre de spermatozoïdes et augmenterait les risques de maladies auto-immunes et de cancers.

Est-il utile de préciser que rien du tableau effroyable décrit par Zelenko n’est corroboré par les faits ? Si l’avenir devait, par hypothèse, lui donner raison s’agissant de l’infertilité par exemple, il serait de toutes façons trop tôt pour l’affirmer : « Un diagnostic d’infertilité, indique la gynécologue Odile Bagot, ne peut se faire qu’au bout d’un an voire deux ans de rapports sexuels réguliers au sein d’un couple. La vaccination ayant commencé il y a six mois, on voit mal comment un lien de causalité pourrait être avéré. »

A l’appui de sa thèse, Zelenko ne recule devant aucune outrance, multipliant les analogies avec le nazisme ou se référant à la Bible. Pour écarter le procès en complotisme, il déclare ainsi que Noé était « un complotiste »… jusqu’au Déluge ! Quant au gouvernement israélien, il serait, dit-il, « la Guilgoul [la réincarnation – ndlr] de Josef Mengele » car, en soumettant sa population à une campagne de vaccination massive, il se serait livré à une « expérimentation humaine » comparable à celles entreprises par les médecins de la mort nazis.

Les références citées par Vladimir Zelenko dans son exposé sont toutes défavorablement connues de la communauté scientifique. On y trouve les noms de Dolores Cahill, Robert Malone ou Luc Montagnier.

Le Prix Nobel de médecine, marginalisé depuis des années par ses pairs, est réputé pour ses déclarations tonitruantes et (très) controversées au sujet des vaccins. En 2017, il affirmait notamment que les vaccins pédiatriques étaient responsables de la mort subite du nourrisson. Plus récemment, que la vaccination avait encouragé l’apparition des variants du Covid-19. Toutefois, contrairement à ce qu’assure Zelenko, Montagnier n’a semble-t-il jamais affirmé que les vaccins représentaient « le plus grand risque pour l’humanité et le plus grand risque de génocide de l’Histoire de l’humanité ». Cette citation apocryphe s’inscrit dans une série de propos inventés et attribués à tort au Pr Montagnier.

« C’est un complot, pas une théorie »

Mais Zelenko ne s’arrête pas là. Il estime ainsi que si la population mondiale se faisait entièrement vacciner, les pertes humaines pourraient s’élever à plus de deux milliards de personnes (sic !).

Le médecin soutient également que le Covid-19 aurait été fabriqué artificiellement en 1999 aux États-Unis « afin d’affecter les êtres humains ». Devenu illégal, le projet embryonnaire aurait été envoyé « avec l’argent du contribuable américain et de Fauci » à Wuhan avec l’objectif de le « rendre extrêmement destructeur pour les poumons humains » :

« Ce n’est pas une théorie du complot, c’est un complot, pas une théorie. Il y a 18 mois, si je vous avais dit que le Covid-19 est une arme biologique, vous auriez dit que je suis un complotiste. »

Zelenko renchérit en affirmant que la pandémie fait partie d’une « conspiration pour commettre un génocide »… même si, initialement, il soutenait que le virus était inoffensif.

Car Zelenko est connu du public américain. Appartenant au mouvement ‘Habad-Loubavitch, ce père de huit enfants né en Ukraine et immigré aux États-Unis s’est converti à l’âge adulte au hassidisme dans une communauté Satmar – courant ultraorthodoxe qui prône un antisionisme folklorique. En mars 2020, alors que les États-Unis font face à la première vague de Covid-19, il affirme avoir trouvé un traitement efficace à 100% contre la maladie. Commentant pour le New York Times la vidéo qu’il adresse alors président Trump, il explique :

« A cette époque, c’était une toute nouvelle découverte, et je me voyais comme un commandant sur le champ de bataille. J’ai réalisé que je devais parler au général cinq étoiles. »

Exerçant comme médecin généraliste à Kiryas Joel, une petite localité de l’État de New York, Zelenko fait le choix radical d’administrer à 350 de ses patients un traitement à base d’hydroxychloroquine, d’azithromycine et de zinc, s’inspirant directement des protocoles du professeur Didier Raoult. Il traitera également 150 autres personnes dans le même État de New York. Ses conclusions, rapportées dans une lettre ouverte publiée sur Internet, sont édifiantes : zéro mort, zéro hospitalisation, zéro intubation.

Problème : comme le montre le service de vérification de l’information de Libération, CheckNews, les résultats spectaculaires annoncés par le médecin ne sont pas associés à des données vérifiables. Il n’y détaille ni les modalités du diagnostic initial, ni la réalité des soins prodigués, ni le suivi des patients. Les reproches qui lui sont adressés sont de même nature que ceux formulés à la même époque à l’égard du « protocole Raoult » : des annonces prometteuses, un manque de rigueur en matière de méthodologie et des libertés prises avec l’éthique scientifique.

Le docteur Jeff Paley, interne à l’hôpital d’Englewood, partage certains patients avec le Dr Zelenko. Il témoigne des « nombreux appels de patients exigeant le traitement, et affirmant que le Dr Zelenko guérit ses patients comme par magie ». Paley qualifiera « d’irresponsable » le fait de promouvoir une association d’hydroxychloroquine et d’azithromycine sans sensibiliser les patients aux potentiels effets secondaires d’un tel traitement.

En mai 2020, c’est la chute. Zelenko est désavoué par sa propre communauté de Kiryas Joel qui l’accuse d’avoir répandu des fausses informations et annonce qu’il compte « passer à autre chose », sans encore être sûr de ce qu’il va faire.

Étrillé par le New York Times, Zelenko compare peu après sur Twitter les journalistes du quotidien américain à des « employés d’une compagnie de papier toilette ». Dans le même tweet, ironisant sur les théories du complot, il parlera de l’immunologue Anthony Fauci comme d’un « reptile »

Source : Twitter, 30/07/2020.

En décembre 2020, quelques sites complotistes francophone se font l’écho des travaux du médecin et notamment FranceSoir qui l’invitera pour une interview co-réalisée avec l’association Bon sens.

En janvier 2021, quelques jours après l’assaut contre le Capitole, Zelenko déclare dans une vidéo que des personnes comme George Soros et Bill Gates sont impliqués dans « une guerre contre Dieu » conçue pour « maintenir la peur mondiale » dans le cadre d’un projet visant à « réorganiser la structure sociale et le tissu du monde. » Il évoque également la présence de nano-particules dans les vaccins et explique qu’« avec l’augmentation des réseaux satellitaires, il peut être très possible d’avoir un GPS à l’intérieur de chaque personne. »

Des relais chez les pro-Trump

Le profil anti-système de Vladimir Zelenko séduit une partie de la droite américaine. Donald Trump, tout comme il avait adoubé Raoult, entre en contact avec lui. Fox News s’empare du phénomène, notamment par l’intermédiaire de Sean Hannity. Fin mars 2020, la chaîne fera d’ailleurs la promotion de l’hydroxychloroquine une centaine de fois en trois jours. Le chef de cabinet de la Maison Blanche, Mark Meadows, appelle directement Zelenko pour s’entretenir à propos de son protocole. Rudy Giuliani, ancien maire de New York et surtout avocat controversé de Donald Trump, affirme échanger avec lui quotidiennement à cette époque. Mais c’est surtout avec le conspirationniste Jerome Corsi que Vladimir Zelenko va s’associer.

Figure du mouvement des birthers, Corsi est le principal propagateur de la théorie du complot raciste faisant tour à tour de Barack Obama un imposteur né au Kenya, un homosexuel et un drogué. Lui et Zelenko lancent un site Internet pour mettre en contact des patients avec des médecins proposant des traitements à base d’hydroxychloroquine. Mais inquiété par les autorités dans le cadre de l’enquête sur les interférences de la Russie dans l’élection présidentielle américaine de 2016 (aucune charge ne sera finalement retenue contre lui), Jerome Corsi adresse par erreur son mail à… Aaron Zelinski, membre de l’équipe du procureur spécial Robert Mueller ! Il aurait confondu les noms de Zelenko et de Zelinski dans son carnet d’adresse. Erreur fatale puisqu’à la réception du mail, Aaron Zelinski, aujourd’hui chargé d’enquêter sur la crise du coronavirus, s’empresse de prendre contact avec l’avocat de Jerome Corsi et de demander des comptes sur ce site internet qui recommande un traitement non homologué par la Food and Drug Administration (FDA). Le ministère américain de la Justice enquête désormais sur les mails échangés entre Corsi et Zelenko dans lesquels ce dernier aurait assuré au premier que son étude portant sur la trithérapie avait été approuvée par la FDA, ce qui n’est pas le cas.

Fort de l’intérêt médiatique dont il a bénéficié au cours de l’année écoulée, Vladimir Zelenko a lancé en mars 2021 une société de compléments alimentaires commercialisant les vitamines « Z-Stack », une « super formule tout-en-un » à base de zinc et de vitamines C et D destinée à doper ses défenses immunitaires. La vidéo de promotion qui accompagne le produit précise qu’il s’agit du « protocole Zelenko ».

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