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Framasoft : les chiffres à connaître

jeudi 6 décembre 2018 à 17:28

Chaque année, nous nous rappelons à votre bon souvenir pour vous inciter à soutenir financièrement nos actions. Vous voyez au fil du temps de nouveaux services et des campagnes ambitieuses se mettre en place. Mais peut-être voudriez-vous savoir en chiffres ce que nous avons réalisé jusqu’à présent. Voilà de quoi vous satisfaire.

Par souci de transparence, nos bilans financiers sont publiés chaque année et nous offrons en temps réel l’accès à certaines statistiques d’usage de nos services. Mais cela ne couvre pas l’ensemble de nos actions et nous nous sommes dit que vous pourriez en vouloir plus que ce qui se trouve sur Framastats.

Libre à vous de picorer un chiffre ou l’autre, d’en faire des quizz ou de les reprendre pour votre argumentaire afin de démontrer l’efficacité du monde associatif. Nous espérons que vous y verrez l’illustration de notre engagement à promouvoir le libre sous toutes ses formes.

Framatalk, la vision-conférence Libre, vue par Pëhà

Framalibre, l’annuaire à l’origine de Framasoft

Framacarte, pour ne pas se perdre en chemin

Framagit, pour partager librement votre code

 

Framadrop, le partage aisé de gros fichier, en sécurité

Framapiaf, notre instance Mastodon

 

Et le chiffre essentiel pour que tout cela soit possible, c’est celui de nos donatrices et donateurs (2381 en moyenne chaque année) : appuyez sur ce bouton pour le faire croître de 1

 

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Pour en savoir plus

Les données que récolte Google – Ch.4

mercredi 5 décembre 2018 à 07:42

Voici déjà la traduction du quatrième chapitre de Google Data Collection, l’étude élaborée par l’équipe du professeur Douglas C. Schmidt, spécialiste des systèmes logiciels, chercheur et enseignant à l’Université Vanderbilt. Si vous les avez manqués, retrouvez les chapitres précédents déjà publiés.
Il s’agit cette fois d’explorer les stratégies des régies publicitaires qui opèrent en arrière-plan : des opérations fort discrètes mais terriblement efficaces…

Traduction Framalang : Côme, goofy, Khrys,Obny, Penguin, Piup, serici.

IV. Collecte de données par les outils des annonceurs et des diffuseurs

29. Une source majeure de collecte des données d’activité des utilisateurs provient des outils destinés au annonceurs et aux éditeurs tels que Google Analytics, DoubleClick, AdSense, AdWords et AdMob. Ces outils ont une portée énorme ; par exemple, plus d’un million d’applications mobiles utilisent AdMob1, plus d’un million d’annonceurs utilisent AdWords2, plus de 15 millions de sites internet utilisent AdSense3 et plus de 30 millions de sites utilisent Google Analytics4.

30. Au moment de la rédaction du présent rapport, Google a rebaptisé AdWords « Google Ads » et DoubleClick « Google Ad Manager« , mais aucune modification n’a été apportée aux fonctionnalités principales des produits, y compris la collecte d’informations par ces produits5. Par conséquent, pour les besoins du présent rapport, les premiers noms ont été conservés afin d’éviter toute confusion avec des noms de domaine connexes (tels que doubleclick.net).

31. Voici deux principaux groupes d’utilisateurs des outils de Google axés sur l’édition — et les annonces publicitaires :

32. Ensemble, ces outils recueillent des informations sur les activités des utilisateurs sur les sites web et dans les applications, comme le contenu visité et les annonces cliquées. Ils travaillent en arrière-plan — en général imperceptibles par des utilisateurs. La figure 7 montre certains de ces outils clés, avec des flèches indiquant les données recueillies auprès des utilisateurs et les publicités qui leur sont diffusées.

Figure 7 : Produits Google destinés aux éditeurs et annonceurs6

33. Les informations recueillies par ces outils comprennent un identifiant non personnel que Google peut utiliser pour envoyer des publicités ciblées sans identifier les informations personnelles de la personne concernée. Ces identificateurs peuvent être spécifiques à l’appareil ou à la session, ainsi que permanents ou semi-permanents. Le tableau 1 liste un ensemble de ces identificateurs. Afin d’offrir aux utilisateurs un plus grand anonymat lors de la collecte d’informations pour le ciblage publicitaire, Google s’est récemment tourné vers l’utilisation d’identifiants uniques semi-permanents (par exemple, les GAID)7. Des sections ultérieures décrivent en détail la façon dont ces outils recueillent les données des utilisateurs et l’utilisation de ces identificateurs au cours du processus de collecte des données.

Tableau 1 : Identificateurs transmis à Google

Identificateur Type Description
GAID/IDFA Semi-permanent Chaine de caractères alphanumériques pour appareils Android et iOS, pour permettre les publicités ciblées sur mobile. Réinitialisable par l’utilisateur.
ID client Semi-permanent ID créé la première fois qu’un cookie est stocké sur le navigateur. Utilisé pour relier les sessions de navigations. Réinitialisé lorsque les cookies du navigateur sont effacés.
Adresse IP Semi-permanent Une unique suite de nombre qui identifie le réseau par lequel un appareil accède à internet.
ID appareil Android Semi-permanent Nombre généré aléatoirement au premier démarrage d’un appareil. Utilisé pour identifier l’appareil. En retrait progressif pour la publicité. Réinitialisé lors d’une remise à zéro de l’appareil.
Google Services Framework (GSF) Semi-permanent Nombre assigné aléatoirement lorsqu’un utilisateur s’enregistre pour la première fois dans les services Google sur un appareil. Utilisé pour identifier un appareil unique. Réinitialisé lors d’une remise à zéro de l’appareil.
IEMI / MEID Permanent Identificateur utilisé dans les standards de communication mobile. Unique pour chaque téléphone portable.
Adresse MAC Permanent Identificateur unique de 12 caractères pour un élément matériel (ex. : routeur).
Numéro de série Permanent Chaine de caractères alphanumériques utilisée pour identifier un appareil.

A. Google Analytics et DoubleClick

34. DoubleClick et Google Analytics (GA) sont les produits phares de Google en matière de suivi du comportement des utilisateurs et d’analyse du trafic des pages Web sur les périphériques de bureau et mobiles. GA est utilisé par environ 75 % des 100 000 sites Web les plus visités8. Les cookies DoubleClick sont associés à plus de 1,6 million de sites Web9.

35. GA utilise de petits segments de code de traçage (appelés « balises de page ») intégrés dans le code HTML d’un site Web10. Après le chargement d’une page Web à la demande d’un utilisateur, le code GA appelle un fichier analytics.js qui se trouve sur les serveurs de Google. Ce programme transfère un instantané « par défaut » des données de l’utilisateur à ce moment, qui comprend l’adresse de la page web visitée, le titre de la page, les informations du navigateur, l’emplacement actuel (déduit de l’adresse IP), et les paramètres de langue de l’utilisateur. Les scripts de GA utilisent des cookies pour suivre le comportement des utilisateurs.

36. Le script de GA, la première fois qu’il est exécuté, génère et stocke un cookie spécifique au navigateur sur l’ordinateur de l’utilisateur. Ce cookie a un identificateur de client unique (voir le tableau 1 pour plus de détails)11 Google utilise l’identificateur unique pour lier les cookies précédemment stockés, qui capturent l’activité d’un utilisateur sur un domaine particulier tant que le cookie n’expire pas ou que l’utilisateur n’efface pas les cookies mis en cache dans son navigateur12

37. Alors qu’un cookie GA est spécifique au domaine particulier du site Web que l’utilisateur visite (appelé « cookie de première partie »), un cookie DoubleClick est généralement associé à un domaine tiers commun (tel que doubleclick.net). Google utilise de tels cookies pour suivre l’interaction de l’utilisateur sur plusieurs sites web tiers13 Lorsqu’un utilisateur interagit avec une publicité sur un site web, les outils de suivi de conversion de DoubleClick (par exemple, Floodlight) placent des cookies sur l’ordinateur de l’utilisateur et génèrent un identifiant client unique14 Par la suite, si l’utilisateur visite le site web annoncé, le serveur DoubleClick accède aux informations stockées dans le cookie, enregistrant ainsi la visite comme une conversion valide.

B. AdSense, AdWords et AdMob

38. AdSense et AdWords sont des outils de Google qui diffusent des annonces sur les sites Web et dans les résultats de recherche Google, respectivement. Plus de 15 millions de sites Web ont installé AdSense pour afficher des annonces sponsorisées15 De même, plus de 2 millions de sites web et applications, qui constituent le réseau Google Display Network (GDN) et touchent plus de 90 % des internautes16 affichent des annonces AdWords.

39. AdSense collecte des informations indiquant si une annonce a été affichée ou non sur la page web de l’éditeur. Il recueille également la façon dont l’utilisateur a interagi avec l’annonce, par exemple en cliquant sur l’annonce ou en suivant le mouvement du curseur sur l’annonce17. AdWords permet aux annonceurs de diffuser des annonces de recherche sur Google Search, d’afficher des annonces sur les pages des éditeurs et de superposer des annonces sur des vidéos YouTube. Pour suivre les taux de clics et de conversion des utilisateurs, les publicités AdWords placent un cookie sur les navigateurs des utilisateurs pour identifier l’utilisateur s’il visite par la suite le site web de l’annonceur ou s’il effectue un achat18.

40. Bien qu’AdSense et AdWords recueillent également des données sur les appareils mobiles, leur capacité d’obtenir des renseignements sur les utilisateurs des appareils mobiles est limitée puisque les applications mobiles ne partagent pas de cookies entre elles, une technique d’isolement appelée « bac à sable »19 qui rend difficile pour les annonceurs de suivre le comportement des utilisateurs entre différentes applications mobiles.

41 Pour résoudre ce problème, Google et d’autres entreprises utilisent des « bibliothèques d’annonces » mobiles (comme AdMob) qui sont intégrées dans les applications par leurs développeurs pour diffuser des annonces dans les applications mobiles. Ces bibliothèques compilent et s’exécutent avec les applications et envoient à Google des données spécifiques à l’application à laquelle elles sont intégrées, y compris les emplacements GPS, la marque de l’appareil et le modèle de l’appareil lorsque les applications ont les autorisations appropriées. Comme on peut le voir dans les analyses de trafic de données (Figure 8), et comme on peut trouver confirmation sur les propres pages web des développeurs de Google20, de telles bibliothèques peuvent également envoyer des données personnelles de l’utilisateur, telles que l’âge et le genre, tout cela va vers Google à chaque fois que les développeurs d’applications envoient explicitement leurs valeurs numériques vers la bibliothèque.

Figure 8 : Aperçu des informations renvoyées à Google lorsqu’une application est lancée

C. Association de données recueillies passivement et d’informations à caractère personnel

42. Comme nous l’avons vu plus haut, Google recueille des données par l’intermédiaire de produits pour éditeurs et annonceurs, et associe ces données à une variété d’identificateurs semi-permanents et anonymes. Google a toutefois la possibilité d’associer ces identifiants aux informations personnelles d’un utilisateur. C’est ce qu’insinuent les déclarations faites dans la politique de confidentialité de Google, dont des extraits sont présentés à la figure 9. La zone de texte à gauche indique clairement que Google peut associer des données provenant de services publicitaires et d’outils d’analyse aux informations personnelles d’un utilisateur, en fonction des paramètres du compte de l’utilisateur. Cette disposition est activée par défaut, comme indiqué dans la zone de texte à droite.

Figure 9 : Page de confidentialité de Google pour la collecte de sites web tiers et l’association avec des informations personnelles2122.

43. De plus, une analyse du trafic de données échangé avec les serveurs de Google (résumée ci-dessous) a permis d’identifier deux exemples clés (l’un sur Android et l’autre sur Chrome) qui montrent la capacité de Google à corréler les données recueillies de façon anonyme avec les renseignements personnels des utilisateurs.

1) L’identificateur de publicité mobile peut être désanonymé grâce aux données envoyées à Google par Android.

44. Les analyses du trafic de données communiqué entre un téléphone Android et les domaines de serveur Google suggèrent un moyen possible par lequel des identifiants anonymes (GAID dans ce cas) peuvent être associés au compte Google d’un utilisateur. La figure 10 décrit ce processus en une série de trois étapes clés.

45. Dans l’étape 1, une donnée de check-in est envoyée à l’URL android.clients.google.com/checkin. Cette communication particulière fournit une synchronisation de données Android aux serveurs Google et contient des informations du journal Android (par exemple, du journal de récupération), des messages du noyau, des crash dumps, et d’autres identifiants liés au périphérique. Un instantané d’une demande d’enregistrement partiellement décodée envoyée au serveur de Google à partir d’Android est montré en figure 10.

Figure 10 : Les identifiants d’appareil sont envoyés avec les informations de compte dans les requêtes de vérification Android.

46. Comme l’indiquent les zones pointées, Android envoie à Google, au cours du processus d’enregistrement, une variété d’identifiants permanents importants liés à l’appareil, y compris l’adresse MAC de l’appareil, l’IMEI /MEID et le numéro de série du dispositif. En outre, ces demandes contiennent également l’identifiant Gmail de l’utilisateur Android, ce qui permet à Google de relier les informations personnelles d’un utilisateur aux identifiants permanents des appareils Android.

47. À l’étape 2, le serveur de Google répond à la demande d’enregistrement. Ce message contient un identifiant de cadre de services Google (GSF ID)23 qui est similaire à l’« Android ID »24 (voir le tableau 1 pour les descriptions).

48. L’étape 3 implique un autre cas de communication où le même identifiant GSF (de l’étape 2) est envoyé à Google en même temps que le GAID. La figure 10 montre l’une de ces transmissions de données à android.clients.google.com/fdfe/bulkDetails?au=1.

49. Grâce aux trois échanges de données susmentionnés, Google reçoit les informations nécessaires pour connecter un GAID avec des identifiants d’appareil permanents ainsi que les identifiants de compte Google des utilisateurs.

50. Ces échanges de données interceptés avec les serveurs de Google à partir d’un téléphone Android montrent comment Google peut connecter les informations anonymisées collectées sur un appareil mobile Android via les outils DoubleClick, Analytics ou AdMob avec l’identité personnelle de l’utilisateur. Au cours de la collecte de données sur 24 heures à partir d’un téléphone Android sans mouvement ni activité, deux cas de communications d’enregistrement avec des serveurs Google ont été observés. Une analyse supplémentaire est toutefois nécessaire pour déterminer si un tel échange d’informations a lieu avec une certaine périodicité ou s’il est déclenché par des activités spécifiques sur les téléphones.

2) L’ID du cookie DoubleClick est relié aux informations personnelles de l’utilisateur sur le compte Google.

51. La section précédente expliquait comment Google peut désanonymiser l’identité de l’utilisateur via les données passives et anonymisées qu’il collecte à partir d’un appareil mobile Android. Cette section montre comment une telle désanonymisation peut également se produire sur un ordinateur de bureau/ordinateur portable.

52. Les données anonymisées sur les ordinateurs de bureau et portables sont collectées par l’intermédiaire d’identifiants basés sur des cookies (par ex. Cookie ID), qui sont typiquement générés par les produits de publicité et d’édition de Google (par ex. DoubleClick) et stockés sur le disque dur local de l’utilisateur. L’expérience présentée ci-dessous a permis d’évaluer si Google peut établir un lien entre ces identificateurs (et donc les renseignements qui y sont associés) et les informations personnelles d’un utilisateur.
Cette expérience comportait les étapes ordonnées suivantes :

  1. Ouverture d’une nouvelle session de navigation (Chrome ou autre) (pas de cookies enregistrés, par exemple navigation privée ou incognito) ;
  2. Visite d’un site Web tiers qui utilisait le réseau publicitaire DoubleClick de Google ;
  3. Visite du site Web d’un service Google largement utilisé (Gmail dans ce cas) ;
  4. Connexion à Gmail.

53. Au terme des étapes 1 et 2, dans le cadre du processus de chargement des pages, le serveur DoubleClick a reçu une demande lorsque l’utilisateur a visité pour la première fois le site Web tiers. Cette demande faisait partie d’une série de reqêtes comprenant le processus d’initialisation DoubleClick lancé par le site Web de l’éditeur, qui a conduit le navigateur Chrome à installer un cookie pour le domaine DoubleClick. Ce cookie est resté sur l’ordinateur de l’utilisateur jusqu’à son expiration ou jusqu’à ce que l’utilisateur efface manuellement les cookies via les paramètres du navigateur.

54. Ensuite, à l’étape 3, lorsque l’utilisateur visite Gmail, il est invité à se connecter avec ses identifiants Google. Google gère l’identité à l’aide d’une architecture single sign on (SSO) [NdT : authentification unique], dans laquelle les identifiants sont fournis à un service de compte (ici accounts.google.com) en échange d’un « jeton d’authentification », qui peut ensuite être présenté à d’autres services Google pour identifier les utilisateurs. À l’étape 4, lorsqu’un utilisateur accède à son compte Gmail, il se connecte effectivement à son compte Google, qui fournit alors à Gmail un jeton d’autorisation pour vérifier l’identité de l’utilisateur.25 Ce processus est décrit à la figure 24 de la section IX.E de l’annexe.

55. Dans la dernière étape de ce processus de connexion, une requête est envoyée au domaine DoubleClick. Cette requête contient à la fois le jeton d’authentification fourni par Google et le cookie de suivi défini lorsque l’utilisateur a visité le site web tiers à l’étape 2 (cette communication est indiquée à la figure 11). Cela permet à Google de relier les informations d’identification Google de l’utilisateur à un cookie DoubleClick. Par conséquent, si les utilisateurs n’effacent pas régulièrement les cookies de leur navigateur, leurs informations de navigation sur les pages Web de tiers qui utilisent les services DoubleClick pourraient être associées à leurs informations personnelles sur Google Account.

Figure 11 : La requête à DoubleClick.net inclut le jeton d’authentification Google et les cookies passés.

56. Il est donc établi à présent que Google recueille une grande variété de données sur les utilisateurs par l’intermédiaire de ses outils d’éditeur et d’annonceur, sans que l’utilisateur en ait une connaissance directe. Bien que ces données soient collectées à l’aide d’identifiants anonymes, Google a la possibilité de relier ces informations collectées aux identifiants personnels de l’utilisateur stockés sur son compte Google.

57. Il convient de souligner que la collecte passive de données d’utilisateurs de Google à partir de pages web tierces ne peut être empêchée à l’aide d’outils populaires de blocage de publicité26, car ces outils sont conçus principalement pour empêcher la présence de publicités pendant que les utilisateurs naviguent sur des pages web tierces27. La section suivante examine de plus près l’ampleur de cette collecte de données.

Khrys’presso du lundi 3 décembre

lundi 3 décembre 2018 à 07:42

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

Brave New World

Spécial Assange

Spécial France

Spécial GAFAM

Et cette semaine, on soutient…

Les lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Encore sacrément dense, ton espresso...- la personne de droite répond : Ouaip, et encore, j'ai fait des efforts : Si tu veux voir tout ce que j'ai coupé, clique sur ma tasse !

Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

Avec un gros merci à Goofy pour ses toujours chouettes illustrations ! ! !

Ce que peut faire votre Fournisseur d’Accès à l’Internet

jeudi 29 novembre 2018 à 07:42

Nous sommes ravis et honorés d’accueillir Stéphane Bortzmeyer qui allie une compétence de haut niveau sur des questions assez techniques et une intéressante capacité à rendre assez claires des choses complexes. Nous le remercions de nous expliquer dans cet article quelles pratiques douteuses tentent certains fournisseurs d’accès à l’Internet, quelles menaces cela représente pour la confidentialité comme pour la neutralité du Net, et pourquoi la parade du chiffrement fait l’objet d’attaques répétées de leur part.

L’actualité de M. Bortzmeyer est son ouvrage à paraître intitulé Cyberstructure, L’Internet : un espace politique. Vous pouvez en  lire un extrait et le commander en souscription jusqu’au 10 décembre, où vous pourrez rencontrer l’auteur à la librairie À Livr’ouvert.

Introduction

Photo par Ophelia Noor, CC BY-SA 2.0,

Pour vous connecter à l’Internet, vous avez besoin d’un FAI (Fournisseur d’Accès à l’Internet), une entreprise ou une association dont le métier est de relier des individus ou des organisations aux autres FAI. En effet, l’Internet est une coalition de réseaux, chaque FAI a le sien, et ce qui constitue l’Internet global, c’est la connexion de tous ces FAI entre eux. À part devenir soi-même FAI, la seule façon de se connecter à l’Internet est donc de passer par un de ces FAI. La question de la confiance est donc cruciale : qu’est-ce que mon FAI fait sans me le dire ?

Outre son travail visible (vous permettre de regarder Wikipédia, et des vidéos avec des chats mignons), le FAI peut se livrer à des pratiques plus contestables, que cet article va essayer d’expliquer. L’article est prévu pour un vaste public et va donc simplifier une réalité parfois assez compliquée.

Notons déjà tout de suite que je ne prétends pas que tous les FAI mettent en œuvre les mauvaises pratiques décrites ici. Il y a heureusement des FAI honnêtes. Mais toutes ces pratiques sont réellement utilisées aujourd’hui, au moins par certains FAI.

La langue française a un seul verbe, « pouvoir », pour désigner à la fois une possibilité technique (« ma voiture peut atteindre 140 km/h ») et un droit (« sur une route ordinaire, je peux aller jusqu’à 80 km/h »). Cette confusion des deux possibilités est très fréquente dans les discussions au sujet de l’Internet. Ici, je parlerais surtout des possibilités techniques. Les règles juridiques et morales encadrant les pratiques décrites ici varient selon les pays et sont parfois complexes (et je ne suis ni juriste ni moraliste) donc elles seront peu citées dans cet article.

Au sujet du numérique

Pour résumer les possibilités du FAI (Fournisseur d’Accès à l’Internet), il faut se rappeler de quelques propriétés essentielles du monde numérique :

copie d’écran page symantec

Une publicité pour un logiciel d’interception des communications, même chiffrées. Aucun avertissement légal ou éthique dans la page.

Modifier le trafic réseau

Commençons avec la possibilité technique de modification des données numériques. On a vu qu’elle était non seulement faisable, mais en outre facile. Citons quelques exemples où l’internaute ne recevait pas les données qui avaient été réellement envoyées, mais une version modifiée :

Il s’agit uniquement des cas connus, c’est-à-dire de ceux où des experts ont décortiqué ce qui se passait et l’ont documenté. Il y a certainement de nombreux autres cas qui passent inaperçus. Ce n’est pas par hasard si la majorité de ces manipulations se déroulent dans les pays du Sud, où il y a moins d’experts disponibles pour l’analyse, et où l’absence de démocratie politique n’encourage pas les citoyens à  regarder de près ce qui se passe. Il n’est pas étonnant que ces modifications du trafic qui passe dans le réseau soient la règle en Chine. Ces changements du trafic en cours de route sont plus fréquents sur les réseaux de mobiles (téléphone mobile) car c’est depuis longtemps un monde plus fermé et davantage contrôlé, où les FAI ont pris de mauvaises habitudes.

Quelles sont les motivations des FAI pour ces modifications ? Elles sont variées, souvent commerciales (insertion de publicités) mais peuvent être également légales (obligation de censure passant techniquement par une modification des données).

Mais ces modifications sont une violation directe du principe de neutralité de l’intermédiaire (le FAI). La « neutralité de l’Internet » est parfois présentée à tort comme une affaire financière (répartition des bénéfices entre différents acteurs de l’Internet) alors qu’elle est avant tout une protection des utilisateurs : imaginez si la Poste modifiait le contenu de vos lettres avant de les distribuer !

Les FAI qui osent faire cela le savent très bien et, dans tous les cas cités, aucune information des utilisateurs n’avait été faite. Évidemment, « nous changerons vos données au passage, pour améliorer nos bénéfices » est plus difficile à vendre aux clients que « super génial haut débit, vos vidéos et vos jeux plus rapides ! » Parfois, même une fois les interférences avec le trafic analysées et publiées, elles sont niées, mais la plupart du temps, le FAI arrête ces pratiques temporairement, sans explications ni excuses.

Surveiller le trafic réseau

De même que le numérique permet de modifier les données en cours de route, il rend possible leur écoute, à des fins de surveillance, politique ou commerciale. Récolter des quantités massives de données, et les analyser, est désormais relativement simple. Ne croyez pas que vos données à vous sont perdues dans la masse : extraire l’aiguille de la botte de foin est justement ce que les ordinateurs savent faire le mieux.

Grâce au courage du lanceur d’alerte Edward Snowden, la surveillance exercée par les États, en exploitant ces possibilités du numérique, est bien connue. Mais il n’y a pas que les États. Les grands intermédiaires que beaucoup de gens utilisent comme médiateurs de leurs communications (tels que Google ou Facebook) surveillent également massivement leurs utilisateurs, en profitant de leur position d’intermédiaire. Le FAI est également un intermédiaire, mais d’un type différent. Il a davantage de mal à analyser l’information reçue, car elle n’est pas structurée pour lui. Mais par contre, il voit passer tout le trafic réseau, alors que même le plus gros des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) n’en voit qu’une partie.

L’existence de cette surveillance par les FAI ne fait aucun doute, mais est beaucoup plus difficile à prouver que la modification des données. Comme pour la modification des données, c’est parfois une obligation légale, où l’État demande aux FAI leur assistance dans la surveillance. Et c’est parfois une décision d’un FAI.

Les données ainsi récoltées sont parfois agrégées (regroupées en catégories assez vastes pour que l’utilisateur individuel puisse espérer qu’on ne trouve pas trace de ses activités), par exemple quand elles sont utilisées à des fins statistiques. Elles sont dans ce cas moins dangereuses que des données individuelles. Mais attention : le diable est dans les détails. Il faut être sûr que l’agrégation a bien noyé les détails individuels. Quand un intermédiaire de communication proclame bien fort que les données sont « anonymisées », méfiez-vous. Le terme est utilisé à tort et à travers, et désigne souvent des simples remplacements d’un identificateur personnel par un autre, tout aussi personnel.

La solution du chiffrement

Ces pratiques de modification ou de surveillance des données sont parfois légales et parfois pas. Même quand elles sont illégales, on a vu qu’elles étaient néanmoins pratiquées, et jamais réprimées par la justice. Il est donc nécessaire de ne pas compter uniquement sur les protections juridiques mais également de déployer des protections techniques contre la modification et l’écoute. Deux catégories importantes de protections existent : minimiser les données envoyées, et les chiffrer. La minimisation consiste à envoyer moins de données, et elle fait partie des protections imposées par le RGPD (Règlement [européen] Général sur la Protection des Données). Combinée au chiffrement, elle protège contre la surveillance. Le chiffrement, lui, est la seule protection contre la modification des données.

Mais c’est quoi, le chiffrement ? Le terme désigne un ensemble de techniques, issues de la mathématique, et qui permet d’empêcher la lecture ou la modification d’un message. Plus exactement, la lecture est toujours possible, mais elle ne permet plus de comprendre le message, transformé en une série de caractères incompréhensibles si on ne connait pas la clé de déchiffrement. Et la modification reste possible mais elle est détectable : au déchiffrement, on voit que les données ont été modifiées. On ne pourra pas les lire mais, au moins, on ne recevra pas des données qui ne sont pas les données authentiques.

Dans le contexte du Web, la technique de chiffrement la plus fréquente se nomme HTTPS (HyperText Transfer Protocol Secure). C’est celle qui est utilisée quand une adresse Web commence par  https:// , ou quand vous voyez un cadenas vert dans votre navigateur, à gauche de l’adresse. HTTPS sert à assurer que les pages Web que vous recevez sont exactement celles envoyées par le serveur Web, et il sert également à empêcher des indiscrets de lire au passage vos demandes et les réponses. Ainsi, dans le cas de la manipulation faite par Orange Tunisie citée plus haut, HTTPS aurait empêché cet ajout de publicités.

Pour toutes ces raisons, HTTPS est aujourd’hui massivement déployé. Vous le voyez de plus en plus souvent par exemple sur ce blog que vous êtes en train de lire.

copie d’écran, page du framablog avec le https et le cadenas vert

Tous les sites Web sérieux ont aujourd’hui HTTPS

Le chiffrement n’est pas utilisé que par HTTPS. Si vous utilisez un VPN (Virtual Private Network, « réseau privé virtuel »), celui-ci chiffre en général les données, et la motivation des utilisateurs de VPN est en effet en général d’échapper à la surveillance et à la modification des données par les FAI. C’est particulièrement important pour les accès publics (hôtels, aéroports, Wifi du TGV) où les manipulations et filtrages sont quasi-systématiques.

Comme toute technique de sécurité, le chiffrement n’est pas parfait, et il a ses limites. Notamment, la communication expose des métadonnées (qui communique, quand, même si on n’a pas le contenu de la communication) et ces métadonnées peuvent être aussi révélatrices que la communication elle-même. Le système « Tor », qui peut être vu comme un type de VPN particulièrement perfectionné, réduit considérablement ces métadonnées.

Le chiffrement est donc une technique indispensable aujourd’hui. Mais il ne plait pas à tout le monde. Lors du FIC (Forum International de la Cybersécurité) en 2015, le représentant d’un gros FAI français déplorait en public qu’en raison du chiffrement, le FAI ne pouvait plus voir ce que faisaient ses clients. Et ce raisonnement est apparu dans un document d’une organisation de normalisation, l’IETF (Internet Engineering Task Force). Ce document, nommé « RFC 8404 »1 décrit toutes les pratiques des FAI qui peuvent être rendues difficiles ou impossibles par le chiffrement. Avant le déploiement massif du chiffrement, beaucoup de FAI avaient pris l’habitude de regarder trop en détail le trafic qui circulait sur leur réseau. C’était parfois pour des motivations honorables, par exemple pour mieux comprendre ce qui passait sur le réseau afin de l’améliorer. Mais, aujourd’hui, compte-tenu de ce qu’on sait sur l’ampleur massive de la surveillance, il est urgent de changer ses pratiques, au lieu de simplement regretter que ce qui était largement admis autrefois soit maintenant rejeté.

Cette liste de pratiques de certains FAI est une information intéressante mais il est dommage que ce document de l’IETF les présente comme si elles étaient toutes légitimes, alors que beaucoup sont scandaleuses et ne devraient pas être tolérées. Si le chiffrement les empêche, tant mieux !

Conclusion

Le déploiement massif du chiffrement est en partie le résultat des pratiques déplorables de certains FAI. Il est donc anormal que ceux-ci se plaignent des difficultés que leur pose le chiffrement. Ils sont les premiers responsables de la méfiance des utilisateurs !

J’ai surtout parlé ici des risques que le FAI écoute les messages, ou les modifie. Mais la place cruciale du FAI dans la communication fait qu’il existe d’autres risques, comme celui de censure de certaines activités ou certains services, ou de coupure d’accès. À l’heure où la connexion à l’Internet est indispensable pour tant d’activités, une telle coupure serait très dommageable.

Quelles sont les solutions, alors ? Se passer de FAI n’est pas réaliste. Certes, des bricoleurs peuvent connecter quelques maisons proches en utilisant des techniques fondées sur les ondes radio, mais cela ne s’étend pas à tout l’Internet. Par contre, il ne faut pas croire qu’un FAI est forcément une grosse entreprise commerciale. Ce peut être une collectivité locale, une association, un regroupement de citoyens. Dans certains pays, des règles très strictes imposées par l’État limitent cette activité de FAI, afin de permettre le maintien du contrôle des citoyens. Heureusement, ce n’est pas (encore ?) le cas en France. Par exemple, la FFDN (Fédération des Fournisseurs d’Accès Internet Associatifs) regroupe de nombreux FAI associatifs en France. Ceux-ci se sont engagés à ne pas recourir aux pratiques décrites plus haut, et notamment à respecter le principe de neutralité.

Bien sûr, monter son propre FAI ne se fait pas en cinq minutes dans son garage. Mais c’est possible en regroupant un collectif de bonnes volontés.

Et, si on n’a pas la possibilité de participer à l’aventure de la création d’un FAI, et pas de FAI associatif proche, quelles sont les possibilités ? Peut-on choisir un bon FAI commercial, en tout cas un qui ne viole pas trop les droits des utilisateurs ? Il est difficile de répondre à cette question. En effet, aucun FAI commercial ne donne des informations détaillées sur ce qui est possible et ne l’est pas. Les manœuvres comme la modification des images dans les réseaux de mobiles sont toujours faites en douce, sans information des clients. Même si M. Toutlemonde était prêt à passer son week-end à comparer les offres de FAI, il ne trouverait pas l’information essentielle « est-ce que ce FAI s’engage à rester strictement neutre ? » En outre, contrairement à ce qui existe dans certains secteurs économiques, comme l’agro-alimentaire, il n’existe pas de terminologie standardisée sur les offres des FAI, ce qui rend toute comparaison difficile.

Dans ces conditions, il est difficile de compter sur le marché pour réguler les pratiques des FAI. Une régulation par l’État n’est pas forcément non plus souhaitable (on a vu que c’est parfois l’État qui oblige les FAI à surveiller les communications, ainsi qu’à modifier les données transmises). À l’heure actuelle, la régulation la plus efficace reste la dénonciation publique des mauvaises pratiques : les FAI reculent souvent, lorsque des modifications des données des utilisateurs sont analysées et citées en public. Cela nécessite du temps et des efforts de la part de ceux et celles qui font cette analyse, et il faut donc saluer leur rôle.

La guerre contre les pratiques douteuses, déjà au XIe siècle… – Image retrouvée sur ce site.

Les données que récolte Google – Ch.3

mercredi 28 novembre 2018 à 08:40

Voici déjà la traduction du troisième chapitre de Google Data Collection, l’étude élaborée par l’équipe du professeur Douglas C. Schmidt, spécialiste des systèmes logiciels, chercheur et enseignant à l’Université Vanderbilt. Si vous les avez manqués, retrouvez les chapitres précédents déjà publiés.

Il s’agit aujourd’hui de mesurer ce que les plateformes les plus populaires recueillent de nos smartphones

Traduction Framalang : Côme, goofy, Khrys, Mika, Piup. Remerciements particuliers à badumtss qui a contribué à la traduction de l’infographie.

La collecte des données par les plateformes Android et Chrome

11. Android et Chrome sont les plateformes clés de Google qui facilitent la collecte massive de données des utilisateurs en raison de leur grande portée et fréquence d’utilisation. En janvier 2018, Android détenait 53 % du marché américain des systèmes d’exploitation mobiles (iOS d’Apple en détenait 45 %)1 et, en mai 2017, il y avait plus de 2 milliards d’appareils Android actifs par mois dans le monde.2

12. Le navigateur Chrome de Google représentait plus de 60 % de l’utilisation mondiale de navigateurs Internet avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois, comme l’indiquait le rapport Q4 10K de 20173. Les deux plateformes facilitent l’usage de contenus de Google et de tiers (p.ex. applications et sites tiers) et fournissent donc à Google un accès à un large éventail d’informations personnelles, d’activité web, et de localisation.

A. Collecte d’informations personnelles et de données d’activité

13. Pour télécharger et utiliser des applications depuis le Google Play Store sur un appareil Android, un utilisateur doit posséder (ou créer) un compte Google, qui devient une passerelle clé par laquelle Google collecte ses informations personnelles, ce qui comporte son nom d’utilisateur, son adresse de messagerie et son numéro de téléphone. Si un utilisateur s’inscrit à des services comme Google Pay4, Android collecte également les données de la carte bancaire, le code postal et la date de naissance de l’utilisateur. Toutes ces données font alors partie des informations personnelles de l’utilisateur associées à son compte Google.

14. Alors que Chrome n’oblige pas le partage d’informations personnelles supplémentaires recueillies auprès des utilisateurs, il a la possibilité de récupérer de telles informations. Par exemple, Chrome collecte toute une gamme d’informations personnelles avec la fonctionnalité de remplissage automatique des formulaires, qui incluent typiquement le nom d’utilisateur, l’adresse, le numéro de téléphone, l’identifiant de connexion et les mots de passe.5 Chrome stocke les informations saisies dans les formulaires sur le disque dur de l’utilisateur. Cependant, si l’utilisateur se connecte à Chrome avec un compte Google et active la fonctionnalité de synchronisation, ces informations sont envoyées et stockées sur les serveurs de Google. Chrome pourrait également apprendre la ou les langues que parle la personne avec sa fonctionnalité de traduction, activée par défaut.6

15. En plus des données personnelles, Chrome et Android envoient tous deux à Google des informations concernant les activités de navigation et l’emploi d’applications mobiles, respectivement. Chaque visite de page internet est automatiquement traquée et collectée par Google si l’utilisateur a un compte Chrome. Chrome collecte également son historique de navigation, ses mots de passe, les permissions particulières selon les sites web, les cookies, l’historique de téléchargement et les données relatives aux extensions.7

16. Android envoie des mises à jour régulières aux serveurs de Google, ce qui comprend le type d’appareil, le nom de l’opérateur, les rapports de bug et des informations sur les applications installées8. Il avertit également Google chaque fois qu’une application est ouverte sur le téléphone (ex. Google sait quand un utilisateur d’Android ouvre son application Uber).

B. Collecte des données de localisation de l’utilisateur

17. Android et Chrome collectent méticuleusement la localisation et les mouvements de l’utilisateur en utilisant une variété de sources, représentées sur la figure 3. Par exemple, un accès à la « localisation approximative » peut être réalisé en utilisant les coordonnées GPS sur un téléphone Android ou avec l’adresse IP sur un ordinateur. La précision de la localisation peut être améliorée (« localisation précise ») avec l’usage des identifiants des antennes cellulaires environnantes ou en scannant les BSSID (’’Basic Service Set IDentifiers’’), identifiants assignés de manière unique aux puces radio des points d’accès Wi-Fi présents aux alentours9. Les téléphones Android peuvent aussi utiliser les informations des balises Bluetooth enregistrées dans l’API Proximity Beacon de Google10. Ces balises non seulement fournissent les coordonnées de géolocalisation de l’utilisateur, mais pourraient aussi indiquer à quel étage exact il se trouve dans un immeuble.11

schéma représentatt les différents moyens (wifi, bluetooth) de localiser les données d’un utilisateur de smartphone

Figure 3 : Android et Chrome utilisent diverses manières de localiser l’utilisateur d’un téléphone.

 

18. Il est difficile pour un utilisateur de téléphone Android de refuser le traçage de sa localisation. Par exemple, sur un appareil Android, même si un utilisateur désactive le Wi-Fi, la localisation est toujours suivie par son signal Wi-Fi. Pour éviter un tel traçage, le scan Wi-Fi doit être explicitement désactivé par une autre action de l’utilisateur, comme montré sur la figure 4.

2 copies d’écran de paramètres d’android pour montrer que le wifi est toujours sacnné même s’il est désactivé

Figure 4 : Android collecte des données même si le Wi-Fi est éteint par l’utilisateur

 

19. L’omniprésence de points d’accès Wi-Fi a rendu le traçage de localisation assez fréquent. Par exemple, durant une courte promenade de 15 minutes autour d’une résidence, un appareil Android a envoyé neuf requêtes de localisation à Google. Les requêtes contenaient au total environ 100 BSSID de points d’accès Wi-Fi publics et privés.

20. Google peut vérifier avec un haut degré de confiance si un utilisateur est immobile, s’il marche, court, fait du vélo, ou voyage en train ou en car. Il y parvient grâce au traçage à intervalles de temps réguliers de la localisation d’un utilisateur Android, combiné avec les données des capteurs embarqués (comme l’accéléromètre) sur les téléphones mobiles. La figure 5 montre un exemple de telles données communiquées aux serveurs de Google pendant que l’utilisateur marchait.

code renvoyé aux serveurs : la localisation d’un utilisateur

Figure 5 : capture d’écran d’un envoi de localisation d’utilisateur à Google.

 

C. Une évaluation de la collecte passive de données par Google via Android et Chrome

21. Les données actives que les plateformes Android ou Chrome collectent et envoient à Google à la suite des activités des utilisateurs sur ces plateformes peuvent être évaluées à l’aide des outils MyActivity et Takeout. Les données passives recueillies par ces plateformes, qui vont au-delà des données de localisation et qui restent relativement méconnues des utilisateurs, présentent cependant un intérêt potentiellement plus grand. Afin d’évaluer plus en détail le type et la fréquence de cette collecte, une expérience a été menée pour surveiller les données relatives au trafic envoyées à Google par les téléphones mobiles (Android et iPhone) en utilisant la méthode décrite dans la section IX.D de l’annexe. À titre de comparaison, cette expérience comprenait également l’analyse des données envoyées à Apple via un appareil iPhone.

22. Pour des raisons de simplicité, les téléphones sont restés stationnaires, sans aucune interaction avec l’utilisateur. Sur le téléphone Android, une seule session de navigateur Chrome restait active en arrière-plan, tandis que sur l’iPhone, le navigateur Safari était utilisé. Cette configuration a permis une analyse systématique de la collecte de fond que Google effectue uniquement via Android et Chrome, ainsi que de la collecte qui se produit en l’absence de ceux-ci (c’est-à-dire à partir d’un appareil iPhone), sans aucune demande de collecte supplémentaire générée par d’autres produits et applications (par exemple YouTube, Gmail ou utilisation d’applications).

23. La figure 6 présente un résumé des résultats obtenus dans le cadre de cette expérience. L’axe des abscisses indique le nombre de fois où les téléphones ont communiqué avec les serveurs Google (ou Apple), tandis que l’axe des ordonnées indique le type de téléphone (Android ou iPhone) et le type de domaine de serveur (Google ou Apple) avec lequel les paquets de données ont été échangés par les téléphones. La légende en couleur décrit la catégorisation générale du type de demandes de données identifiées par l’adresse de domaine du serveur. Une liste complète des adresses de domaine appartenant à chaque catégorie figure dans le tableau 5 de la section IX.D de l’annexe.

24. Au cours d’une période de 24 heures, l’appareil Android a communiqué environ 900 échantillons de données à une série de terminaux de serveur Google. Parmi ceux-ci, environ 35 % (soit environ 14 par heure) étaient liés à la localisation. Les domaines publicitaires de Google n’ont reçu que 3 % du trafic, ce qui est principalement dû au fait que le navigateur mobile n’a pas été utilisé activement pendant la période de collecte. Le reste (62 %) des communications avec les domaines de serveurs Google se répartissaient grosso modo entre les demandes adressées au magasin d’applications Google Play, les téléchargements par Android de données relatives aux périphériques (tels que les rapports de crash et les autorisations de périphériques), et d’autres données — principalement de la catégorie des appels et actualisations de fond des services Google.

infographie exposant les proportions de trafic envoyé par les appareils divers vers les serveurs de Google

Figure 6 : Données sur le trafic envoyées par les appareils Andoid et les iPhones en veille.

 

25. La figure 6 montre que l’appareil iPhone communiquait avec les domaines Google à une fréquence inférieure de plus d’un ordre de grandeur (50 fois) à celle de l’appareil Android, et que Google n’a recueilli aucun donnée de localisation utilisateur pendant la période d’expérience de 24 heures via iPhone. Ce résultat souligne le fait que les plateformes Android et Chrome jouent un rôle important dans la collecte de données de Google.

26. De plus, les communications de l’appareil iPhone avec les serveurs d’Apple étaient 10 fois moins fréquentes que les communications de l’appareil Android avec Google. Les données de localisation ne représentaient qu’une très faible fraction (1 %) des données nettes envoyées aux serveurs Apple à partir de l’iPhone, Apple recevant en moyenne une fois par jour des communications liées à la localisation.

27. En termes d’amplitude, les téléphones Android communiquaient 4,4 Mo de données par jour (130 Mo par mois) avec les serveurs Google, soit 6 fois plus que ce que les serveurs Google communiquaient à travers l’appareil iPhone.

28. Pour rappel, cette expérience a été réalisée à l’aide d’un téléphone stationnaire, sans interaction avec l’utilisateur. Lorsqu’un utilisateur commence à bouger et à interagir avec son téléphone, la fréquence des communications avec les serveurs de Google augmente considérablement. La section V du présent rapport résume les résultats d’une telle expérience.