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Rien ne serait arrivé sans la loi de Moore

mardi 30 octobre 2012 à 01:18

La loi de Moore (qui n’est en fait qu’un conjecture) affirme que le nombre de transistors des microprocesseurs sur une puce de silicium double tous les deux ans. Ce qui, par extension, a donné pour le grand public que le rapport entre la puissance d’un ordinateur et son prix double tous les dix-huit mois.

Autrement dit, les machines sont de plus en plus puissantes et de moins en moins chères.

C’est bien ce qu’il s’est produit et se produit encore, pour le plus grand bonheur du logiciel libre et sa culture…

Leonardo Rizzi - CC by-sa

Un allié secret de l’open source : la loi de Moore

Open source’s secret ally: Moore’s Law

Glyn Moody - 10 octobre 2012 - The H
(Traduction : KoS, ProgVal, Sylvain, greygjhart)

Linux est passé du statut de petit bidouillage sympa dans une chambre à celui de logiciel capable de changer le monde il y a un peu plus de 21 ans lorsque Linus a envoyé son fameux message : « Bonjour aux utilisateurs de minix », invitant les gens à le rejoindre. Comme je l’ai remarqué le mois dernier, cette approche ouverte, collaborative était tout à fait nouvelle et s’est avérée décisive dans l’adoption et le développement de Linux.

Cela fut possible car Internet était déjà suffisamment présent pour qu’assez de gens se joignent à l’équipe de volontaires de Linus en faisant jouer à plein l’intelligence distribuée. En d’autres termes, l’émergence du logiciel libre est intimement liée à internet. En effet, le décollage rapide de Linux, comparé aux progrès plutôt lents du projet GNU est probablement dû, au moins en partie, au fait que ce dernier ne pouvait se reposer sur une connectivité globale. C’est grâce à cela que Richard Stallman a pu vivre des ventes de GNU Emacs, qu’il distribuait sur des bandes magnétiques.

La nature symbiotique du logiciel libre et d’internet, le premier utilisant le second, le second étant utilisé par le premier, est maintenant largement reconnue. Mais un autre facteur clé dans l’apparition de l’open source a été sous-estimé, alors que Linus lui-même le mentionne dans ce fameux premier message :

Je programme un système d’exploitation (gratuit, c’est juste un passe-temps, ça ne sera pas un gros projet professionnel comme GNU) pour des clones AT 386(486).

Comme nous vivons à l’ère Intel depuis deux décennies, une ère qui touche peut-être à sa fin, avec la montée en puissance des smartphones et des tablettes et leurs processeurs de familles différentes, il est facile de négliger l’importance du fait que Linus développa Linux pour les processeurs 80386.

Aussi étrange que cela puisse paraître , l’ordinateur principal de Linus avant qu’il n’écrive Linux était un Sinclair QL, un ordinateur typiquement anglais qui utilisait le processeur Motorola 68008 (qui fonctionnait à 7,5 MHz), fourni avec 128K de RAM et utilisait un infâme microdrive comme stockage.

Passer à un PC 386, fonctionnant à 33MHz, avec 8 Mo de RAM et 40Mo de disque dur, était un véritable bond en avant pour Linus, et poussa ses finances à leurs limites. En fait, il n’a pu acheter son premier PC que le 5 janvier 1991 parce qu’il reçut de l’argent pour Noël qu’il ajouta à un prêt étudiant que le gouvernement Finlandais lui avait récemment accordé. Ce dernier était censé payer sa nourriture et son logement pendant qu’il étudiait à l’université d’Helsinki mais comme il vivait toujours avec sa mère pendant cette période, il réussi à le détourner pour un usage plus intéressant.

Le fait qu’il puisse se payer un système aussi performant reposait sur l’amélioration continuelle du matériel, couplée à la diminution régulière des prix. C’est à dire que c’est grâce à la loi de Moore, qui dit que le ratio entre performances et prix double tous les 18 mois environ, que Linus a pu se retrouver avec le système 386 qu’il mentionne dans le premier message sur Linux.

Sans la loi de Moore, il serait sans doute resté avec son Sinclair QL, codant pour un système dont peu de gens se souciaient. Avec le 386, il a pu rentrer dans le courant dominant de l’informatique en même temps que de nombreuses autres personnes. Partout dans le monde (ou en tout cas dans les zones les plus riches) les jeunes gens ont pu s’acheter de vrais ordinateurs basés sur l’Intel 80386 et (plus tard) 80486. Cela signifiait qu’ils pouvaient faire tourner le code de Linux dès ses débuts, et aussi qu’ils pouvaient contribuer.

Encore une fois, sans la loi de Moore mettant des ordinateurs moins chers dans les mains de bidouilleurs, Linus n’aurait pas été en mesure de construire cette communauté mondiale à travers Internet et le rythme de développement en aurait souffert. En effet, comme la loi de Moore continuait de tirer les prix vers le bas tout en augmentant les performances, de plus en plus de gens dans un nombre croissant de pays ont pu acquérir des PCs suffisamment puissants pour rejoindre le projet Linux. Des processeurs plus rapides signifiaient des temps de compilation plus courts pour les programmes ce qui rendait le bidouillage du code plus facile - et plus agréable.

Il y a ici un contraste intéressant avec le développement du logiciel propriétaire. Les avancées dues à la loi de Moore ne profitent que peu aux programmeurs dans les entreprises, puisqu’ils ont généralement du matériel assez bon. Et les entreprises n’en bénéficient guère plus, puisque ce qui coûte le plus dans la programmation est le salaire des programmeurs, pas le prix de leurs PCs. Dans le monde du logiciel libre, les programmeurs volontaires sont bénévoles et le facteur limitant est le prix du matériel. C’est pourquoi la loi de Moore est très avantageuse pour l’open source.

Potentiel futur

Ce n’est pas un effet purement historique des premières heures de Linux. Nous voyons encore aujourd’hui la Loi de Moore tirer les prix vers le bas en accueillant toujours plus d’utilisateurs. Un bon exemple est le mini-ordinateur Raspberry Pi. Il offre les bases de la puissance d’un PC sur une petite carte mère, à un prix minuscule. Cela signifie que non seulement les personnes ordinaires – même des enfants – peuvent l’acheter sans avoir à penser au prix, mais aussi que les écoles peuvent envisager d’en acheter un pour chaque étudiant, ce qui est normalement inenvisageable avec les prix prohibitifs des PC, même ceux bon marché.

L’effet que le Raspberry Pi aura sur l’éducation n’est pas encore clair, mais il semble que celui-ci ou l’un des nombreux systèmes semblables à prix très bas va permettre l’arrivée de nouveaux types de projets avec des nouveaux groupes de contributeurs, dans les pays émergents par exemple.

Et les choses sont déjà en train d’aller plus loin. Voici un projet Kickstarter qui illustre à merveille cette progression continue rendue possible grâce à la loi de Moore. Il s’agit de Parallella. l se décrit comme un « Supercalculateur Grand Public », et ce n’est pas une blague.

Une fois terminé, l’ordinateur Parallella devrait fournir l’équivalent d’un processeur à plus de 45Ghz sur un circuit de la taille d’une carte de crédit tout en consommant moins de 5 Watts en fonctionnement normal. En s’en tenant seulement à la fréquence, c’est plus de puissance qu’un serveur haut de gamme qui coûte des milliers de dollars et consomme 400W.

Important, tout le système sera ouvert :

Oui, c’est un super ordinateur à 45GHz, fourni en standard avec Ubuntu, pour moins de 100$. Si Parallella parvient à sortir cela - et en tant que projet Kickstarter (il y a toujours le risque qu’il ne soit pas totalement financé ou qu’il ne fonctionne pas correctement) il va mettre un nouveau niveau de puissance de calcul entre les mains de tout le monde, y compris les étudiants.

Potentiellement, cela va permettre à des gens qui, jusqu’à présent, ne pouvaient tout simplement pas s’acheter une telle puissance de calcul de démarrer une toute nouvelle génération de projets open source. Encore une fois, le principal bénéficiaire ici est l’open source : si une entreprise a besoin d’un supercalculateur, elle va généralement l’acheter immédiatement, puisqu’elle peut se permettre de payer un prix conséquent pour les modèles actuels. Ce que Parallella apporte, grâce à la loi de Moore, est la démocratisation d’une puissance de calcul de cet ordre, qui ne va plus être réservée à des projets commerciaux disposant de solides fonds.

Il est important de noter que c’est la loi de Moore, agissant sur le matériel qui apporte ces bénéfices, plutôt que n’importe quel changement exponentiel dans le logiciel (qui n’y contribue qu’indirectement). De plus des lois de Moore pour d’autres types de matériel commencent également à prendre forme. Un exemple frappant en est l’impression 3D, où les prix baissent régulièrement. Ou encore le monde du séquençage du génome, démêler les milliards de « lettres » chimiques qui forment la double hélice de l’ADN, qui voit l’arrivée de changements encore plus importants.

Vous savez peut-être que le coût de séquençage du génome baisse mais vous n’avez peut-être pas la moindre idée de la vitesse à laquelle il baisse. Le National Human Genome Research Institute qui fait partie du National Institute of Health américain a compilé des données étendues sur le coût de séquençage de l’ADN au cours de la dernière décennie et a utilisé ces informations pour créer deux graphique à couper le souffle. Les chercheurs du NHGRI montrent que non seulement les coûts de séquençage sont en chute libre mais ils dépassent la courbe exponentielle de la loi de Moore d’une grande marge.

Cela signifie que le coût de séquençage de votre génome, ou de n’importe quel autre organisme, va bientôt devenir à la portée de tout le monde. Cela va-t-il créer une communauté globale de bio-hackers libristes, menée par un nouveau Linus avec un séquenceur de bureau (et peut-être un supercalculateur Parallella) dans sa chambre à coucher ? L’expérience des logiciels libres suggère que oui et nous apprend que nous ne devrions jamais sous-estimer le simple pouvoir de la loi de Moore à conduire des changement inattendus et révolutionnaires.

Crédit photo : Leonardo Rizzi (Creative Commons By-Sa)

Ubuntu est-elle une distribution commerciale ? Et si oui pourquoi le taire ?

lundi 29 octobre 2012 à 01:22

Excellent accélérateur de migration Windows vers GNU/Linux, Framasoft soutient et promeut depuis le début la distribution grand public Ubuntu. Et ce ne sont ni les annotations de Richard Stallman ni la récente « affaire Amazon » (fort bien explicitée par Christophe Sauthier) qui nous feront changer d’avis.

Mais cela ne nous empêche pas dans ces colonnes de traduire de temps en temps des articles parfois critiques à son égard, au risque de déclencher des ires dans les commentaires ;)

Ici le journaliste Sam Varghese reproche à Mark Shuttleworth de ne pas avoir clairement affirmé, et ce dès l’origine, le caractère commercial d’Ubuntu intimement liée à sa société Canonical. C’est ce qui explique pour lui que cette histoire avec Amazon a été si mal prise pour la communauté.

Et de citer alors en exemple la société Red Hat qui lui semble plus claire dans ses objectifs (de profits). D’ailleurs cette dernière propose deux distributions plutôt qu’une : la « commerciale » Red Hat Enterprise Linux et la « communautaire » Fedora.

Il est d’ailleurs possible que cette éventuelle confusion soit encore plus forte dans des pays comme la France où la communauté Ubuntu est très dynamique.

Il est vrai qu’une fois qu’on découvre GNU/Linux (souvent avec Ubuntu), on s’aperçoit qu’il existe bien des différences entre les distributions. Le très pratique mais pas très libre Linux Mint n’est pas la même que la moins pratique mais très libre Trisquel. La gouvernance et finalité d’une Debian diffèrent sensiblement de celle d’Ubuntu qui s’en est inspirée à la base.

C’est toute la richesse et diversité du logiciel libre et c’est très bien ainsi, non ?

StephenrWalli - CC by-sa

La grande erreur de Mark Shuttleworth

Mark Shuttleworth’s big mistake

Sam Varghese - 26 octobre 2012 - ITWire.com
(Traduction : peupleLa, Bob Young, KoS, Yuston, Gatitac, HgO, greygjhart)

La semaine dernière a marqué le huitième anniversaire de l’apparition d’Ubuntu sur la scène GNU/Linux. Depuis octobre 2004, de nouvelles versions de cette distribution sont sorties tous les six mois : le buzz initial a été très fort avant de s’estomper peu à peu.

Il est remarquable qu’au fil des ans, chaque fois que Mark Shuttleworth, l’homme qui possède Canonical, la compagnie qui est derrière Ubuntu, introduit une nouvelle fonctionnalité destinée à générer des revenus, des cris et des pleurs se font entendre. Alors, les gens d’Ubuntu essaient de s’expliquer et pour finir, on trouve un semi-compromis qui ne satisfait personne.

La dernière de ces fonctionnalités, dans la version 12.10, fut l’ajout des résultats de recherche d’Amazon aux résultats de recherche habituels. Ce qui signifie un peu d’argent venant d’Amazon pour Canonical (à chaque fois qu’un utilisateur d’Ubuntu achète un produit Amazon à partir de la recherche). Le compromis a été d’en faire une fonctionnalité optionnelle.

De telles situations se sont déjà produites par le passé, et se reproduiront encore à l’avenir. Il y a selon moi une raison simple à cela : Mark Shuttleworth n’a pas réussi à formuler une vision claire du projet Ubuntu à ses débuts. Grave erreur.

Lorsqu’Ubuntu est sortie pour la première fois, il y a eu beaucoup de discussions à propos de la signification de la formule : l’humanité en partage (NdT : humanity to others). Il y avait un tas de fonctionnalités cools, qui mettaient l’accent sur l’implication de la « communauté ». Des cédéroms étaient livrés gratuitement aux gens. On aurait dit une œuvre de bienfaisance du logiciel libre gonflée aux stéroïdes. Ou à l’EPO, à la Lance Armstrong (en français dans le texte) si vous préférez.

Mais il n’y a jamais eu de discussions à propos du fait qu’Ubuntu est une distribution commerciale ; elle a besoin de générer du profit pour exister. Shuttleworth a les poches profondes mais elles ne sont pas sans fond. Le logiciel a beau être gratuit, il faut néanmoins que les comptes atteignent un jour l’équilibre.

À l’opposé, lorsque Red Hat, de loin l’entreprise générant le plus de profits grâce à GNU/Linux, est née, en 1994, tout le monde savait que son but était de générer de l’argent grâce au système d’exploitation libre. Il n’y avait pas d’illusions. C’est pourquoi en 1997, lorsque j’ai pour la première fois entendu parler de GNU/Linux, la communauté du logiciel libre surnommait déjà Red Hat la « Microsoft » des distributions Linux !

Mais au fil des ans, Red Hat a acquis beaucoup de karma positif auprès de la communauté. Elle contribue largement au progrès de Linux en recrutant une bonne partie des développeurs contibuant au noyau. Elle finance des activités périphériques pour participer à la croissance de l’écosystème des logiciels libres.

Personne n’a dit le moindre mal d’Ubuntu à ses débuts. Mais à certains moments en cours de route, quand il s’agissait d’incorporer des fonctionnalités en vue de générer des revenus, les utilisateurs se sont dressés en masse. On ne peut pas leur en vouloir; ils avaient été amenés à croire que la communauté était primordiale et ils ont réagi.

Après quelques-unes de ces confrontations, Shuttleworth a levé le pied et poursuivi sur le chemin qu’il avait choisi. Il ne pouvait pas vraiment faire autrement, après les critiques d’abords douces puis amères soulevées par ses tentatives progressives d’introduire des fonctionnalités commerciales.

Les membres de la communeauté n’ont rien contre ceux qui gagnent de l’argent grâce à des logiciels libres. Patrick Volkerding, créateur et mainteneur principal de la distribution Slackware, est considéré par beaucoup comme un héros pour avoir toujours fourni à ses utilisateurs la distribution qu’ils voulaient. En retour, ces utilisateurs achètent tout ce qu’il produit pour qu’il gagne de l’argent et continue son travail. Et sa distribution est demeurée bénéficiaire la majeure partie de son existence.

Mais Shuttleworth a plus ou moins creusé sa propre tombe. Il aurait dû être clair quant au chemin qu’il allait prendre, clair à propos de son but, et faire attention à ce que son plan soit transparent. Une société basée sur GNU/Linux doit tracer son chemin différemment d’une société ordinaire ; peut être que Shuttleworth n’en avait pas conscience.

Quelle qu’en soit la raison, son manque de communication a abouti à ce qui s’est produit avec les résultats de recherche Amazon et ce qui s’en suivra. C’était la grosse erreur de Mark Shuttleworth.

Crédit photo : Stephen Walli (Creative Commons By-Sa)

Opposons-nous aux brevets qui tuent la liberté de l'impression 3D

dimanche 28 octobre 2012 à 17:40

Notre premier billet consacré à l’impression 3D date de 2008. Depuis cette technologie a fait de gros progrès, elle frappe déjà à la porte de nos maisons pour le plus grand bénéfice de tous. Et tous les espoirs sont permis puisque l’esprit du libre s’est penché dès le départ sur son berceau.

Sauf qu’ici comme ailleurs, nous ne sommes pas au pays de bisounours et la résistance de l’ancien monde sera à n’en pas douter dure et acharnée. C’est d’ailleurs pour être prêts en amont que nous avons déjà publié ces deux articles : L’impression 3D, ce sera formidable… s’ils ne foutent pas tout en l’air ! et Ils tenteront de nous pourrir l’impression 3D avec leurs DRM.

Comme cela est déjà le cas pour le logiciel, de nombreuses attaques viendront du côté des brevets (et la récente affaire Apple Samsung n’est pas faite pour nous rassurer).

Heureusement la législation américaine a mis en place une nouvelle procédure qui permet à tout citoyen de participer au processus de validation (ou non) d’un brevet. C’est ce droit de vigilance que se propose d’exercer l’Electronic Frontier Foundation (ou EFF) avec nous.

Oui, cela ne concerne (pour le moment) que les États-Unis mais dans ce domaine on sait très bien que ce sont eux qui donnent le la au niveau mondial.

Edit : Gérald Sédrati-Dinet (alias Gibus) qui en connaît un rayon sur le sujet, lire par exemple cette excellente interview sur PCInpact, nous met en garde dans les commentaires. Cette procédure ne fait pas le jeu de ceux qui réclamment purement et simplement la suppression des brevets logiciels. Ce serait même contre-productif et l’EFF a tort de s’engager sur cette voie.

Fdecomite - CC by

Rejoignez les efforts de l’EFF pour que l’impression 3D reste libre

Join EFF’s Efforts to Keep 3D Printing Open

Julie Samuels - 24 octobre 2012 - EFF.org
(Traduction : KoS, Ward, PostBlue, tibs, Simounet, Ag3m, Damien, Jeff_, HgO, Aylham, 4nti7rust)

Grâce à la communauté « open hardware » (NdT : ou matériel libre), vous pouvez maintenant posséder une imprimante 3D pour quelques centaines de dollars, avec des douzaines de modèles disponibles. Ces imprimantes conçues par la communauté surclassent déjà les modèles propriétaires qui coûtent pourtant 30 fois plus cher. Cette innovation incroyable est possible grâce à l’expiration, il y a plusieurs années, du brevet principal couvrant les technologies de l’impression 3D, ce qui a permis à des projets comme RepRap de prouver ce que nous savions déjà, à savoir que le libre dépasse souvent le système de brevets pour stimuler l’innovation.

Les matériels d’impression libres ont déjà été utilisés pour le prototypage rapide de nouvelles inventions, pour imprimer des pièces de remplacement d’objets d’appareils domestiques, par des maîtres du bricolage pour transformer une perceuse en centrifugeuse, pour des jeux où nous pouvons créer nos propres pièces, et pour des milliers d’autres choses par des gens de tous horizons. Des projets comme MakerBot et Solidoodle ont rendu les imprimantes 3D aussi faciles d’accès qu’un dispositif plug&play, où vous n’avez même plus à souder quoi que se soit pour commencer à manufacturer des objets que vous avez dessiné ou dont vous avez téléchargé les plans sur Internet. Avec l’expiration des brevets, la communauté de l’open hardware sera en mesure de libérer son esprit créatif sur les nouvelles technologies, des technologies qui ont déjà été utilisées pour concevoir des prothèses personnalisées, des guitares, des chaussures, et plus encore. Les possibilités sont illimitées (NdT : traduit ici par le Framablog).

Le Problème

Alors que les principaux brevets restreignant l’impression 3D ont expiré ou sont sur le point de l’être, il existe un risque que les creative patent (NdT : brevets sur les idées) continuent de verrouiller les idées au-delà des 20 ans initialement prévus pour ces brevets, ou qu’ils ne restreignent les avancées futures de la communauté open source. Alors même que, nous le savons, la nature incrémentielle des innovations sur l’impression 3D la rend particulièrement inéligible pour les brevets.

Le projet

Comme nous l’avons dit précédemment , l’America Invents Act n’a pas réussi à corriger le problème de l’excessive brevetabilité. Malgré on y trouve au moins une clause récente qui, nous le pensons, pourra être utile : le Preissuance Process.

Cette procédure autorise des tiers à participer au processus de dépôt de brevets en ayant la possibilité d’informer les examinateurs de l’état antérieur de la technique en question. Nous sommes fiers de voir que le Patent Office (NdT : Bureau des Brevets) a ouvert le processus à ceux qui ne déposeront probablement pas de brevets eux-même, mais qui en seront impactés dans leur vie quotidienne. Nous sommes content de savoir que ce nouvelle procédure pourra aider à endiguer la déferlante de brevets illégitimes.

L’EFF et la Cyberlaw Clinic au Centre Berkman de Harvard pour l’Internet et la Société travaillent ensemble pour utiliser cette nouvelle procédure afin de mettre à l’épreuve les dépôts de brevets qui menacent particulièrement les technologies d’impression 3D en plein développement. En premier lieu, nous évaluons les dépôts de brevets sur l’impression 3D qui sont actuellement en cours devant le Patent Office pour identifier de potentiels dangers. Nous avons besoin de vous ! Si vous connaissez des applications qui couvrent les technologies d’impression 3D et qui selon vous devraient être contestées, faites-le nous savoir par mail à 3Dprinting@eff.org (indiquez nous également tous les précédents pertinents que vous connaîtriez).

Pour s’impliquer, il est possible de se rendre sur l’outil de recherche du USPTO (NdT : Bureau de gestion des brevets et des marques déposées des États-Unis), du PAIR (NdT : Récupération d’informations des dépôt de brevets) et/ou de Google Patents. Chacune de ces sources contient de nombreux détails sur les brevets actuellement en attente de validation au USPTO.

Voilà le problème : avec les lois en vigueur, un dépôt de brevet ne peut être contestée par la Preissuance Submission que dans les six mois suivant sa publication (ou avant la date du premier rejet, si cette action se passe après). Ce qui signifie que le compte à rebours a déjà commencé pour les rejets concernant les dépôts de brevet en cours.

Une fois les cibles identifiées, nous nous renseignerons sur les précédents pertinents. Nous vous demanderons à nouveau votre aide à ce moment là, alors, s’il vous plait, soyez vigilants. Tout document disponible publiquement avant le dépôt d’un brevet est considéré comme un précédent; cela peut inclure des e-mails sur des listes publiques, des sites internet, et même des thèses universitaires. En raison de la limite temporelle, nous devons effectuer ces recherches très rapidement.

Il est heureux d’avoir à disposition cette nouvelle façon de combattre le dépôt de brevets dangereux avant qu’ils ne deviennent réellement dangereux. Mais l’America Invents Act et les capacités de recherche du site du Patent Office ne nous rendent pas la tâche aisée. Nous avons besoin de votre aide pour pouvoir accomplir cela, alors s’il vous plaît, faites ce que vous pouvez pour aider à protéger la communauté de l’impression 3D des brevets flous et nocifs qui peuvent menacer de passionnantes innovations.

Crédit photo : Fdecomite (Creative Commons By)

The future is open et c'est Google qui le dit

samedi 27 octobre 2012 à 19:22

Il y a 3 ans nous traduisions un article issu du blog de Google et rédigé par l’un de ses hauts gradés Jonathan Rosenberg : The meaning of open. Il y expliquait pourquoi et comment la célèbre entreprise prônait l’ouverture à tous ses étages.

Le même auteur récidive ici en dépassant la problématique Google pour affirmer non sans un certain optimisme (à l’américaine) que c’est le futur tout entier qui est désormais ouvert et que c’est très bien comme ça.

Remarque 1 : Nous avons choisi de traduire tout du long « open » par « ouverture » ou « ouvert ». L’adéquation n’est pas totalement satisfaisante, mais laisser le terme d’origine en anglais eut été selon nous plus encore source de confusion.

Remarque 2 (troll et hors-sujet ?) : À comparer avec la situation française où l’on semble actuellement beaucoup plus préoccupé de savoir ce que nous prend ou nous donne l’État que de promouvoir ou pratiquer l’ouverture. Sans oublier, évidemment, la fameuse taxe Google qui « sauvera » la presse !

John Martinez Pavliga - CC by

Le futur est ouvert

The Future Is Open

Jonathan Rosenberg - octobre 2012 - ThinkWithGoogle.com
(Traduction Framalang : nobo, peupleLa, KoS, Smonff, ehsavoie, tibs, Louson, goofy, Khyvodul, Pandark, lgodard, Kiwileaks)

Il y a trois ans, Jonathan Rosenberg, alors vice-président délégué à la gestion de la production, a écrit un mémo (NdT : que nous avions traduit) expliquant pourquoi les entreprises ouvertes seraient les gagnantes du futur. Aujourd’hui, consultant au service du management, il a vu la réalité dépasser ses rêves les plus fous.

Il y a bientôt trois ans, en décembre, j’ai envoyé un courriel à mes chers collègues de Google, pour essayer de donner une définition claire d’un terme galvaudé : Ouvert. Je trouvais gênant qu’entre nos murs, il prenne différents sens selon les personnes, et que trop de Googlers ne comprennent pas l’engagement fondamental de l’entreprise pour ce qui est ouvert. En me référant à la fois aux technologies ouvertes et aux informations ouvertes, j’ai présenté la philosophie sous-jacente à notre volonté de transparence. Rechercher des systèmes ouverts, avais-je argumenté, nous a menés, et continuera de nous mener vers deux résultats souhaitables : Google devient meilleur, et le monde avec lui.

L’argument était convaincant, et plus tard, un billet sur le blog de Google , « The Meaning of Open », permit de clarifier encore plus ce concept parfois difficile à appréhender. Dans les semaines qui ont suivi, j’ai reçu des messages pleins de profondeur de la part d’un public divers et varié : enseignants ou écrivains qui appréciaient ce point de vue de l’intérieur de Google, chefs d’entreprise qui m’expliquaient comment l’ouverture avait influencé leurs affaires, étudiants surpris d’une position qui allait entièrement à l’encontre de la stratégie de fermeture qu’on leur avait enseignée. Trois ans ont passé, et ce qui me saute aux yeux dans ce manifeste c’est que… j’avais tort !

On ne peut pas dire que le développement ouvert n’ait pas fait progresser Google et le reste du monde. Seulement c’est arrivé beaucoup plus vite que je ne l’avais imaginé. C’est au beau milieu d’un des gestes les plus banals du vingt-et-unième siècle que j’en ai pris conscience : je vérifiais mon téléphone, un Droid Razr Maxx. Je fixais la chose, et j’en voyais toute la diversité : deux douzaines d’applications, du New York Times à Flipboard, de Dialer One à OpenTable, de RunKeeper à SlingPlayer, créées par un tas de développeurs différents, sur un téléphone conçu par Motorola. Il m’est apparu que ce que je regardais n’était pas simplement un appareil mobile, mais l’incarnation physique de la façon dont un écosystème ouvert peut se disséminer à travers le monde presque du jour au lendemain.

Sans aucun doute, j’ai toujours senti que cette idée tenait debout – mais je n’avais pas anticipé l’ampleur avec laquelle les règles du jeu entre les secteurs privés et publics allaient être réécrites. C’est la conséquence de trois tendances techniques qui ont évolué à une vitesse étonnante. Premièrement : Internet rend l’information plus libre et omniprésente que ce que j’aurais pu croire ; pratiquement tout ce qui se passait hors ligne est maintenant en ligne. Deuxièmement : ce qui était une vision du potentiel des mobiles est vraiment devenu réalité, puisque les machines sont devenues plus puissantes et plus rapides que prévu, facilitant une portée globale et une connectivité sans précédent. Troisièmement : l’informatique dans le nuage (NdT : Cloud computing) a permis une puissance de calcul infinie à la demande. Et nous sommes loin d’avoir fini. Alors même que j’écris ces lignes, Google Fiber s’apprête à déployer un service à un gigabit à Kansas City, indice que la connectivité est sur le point de franchir une nouvelle limite.

La conjonction de ces progrès techniques a un effet paradoxal : aussi nouveaux soient-ils, ils finissent par ramener les entreprises aux fondamentaux. La gamme et la qualité des produits sont maintenant les facteurs les plus importants pour déterminer le succès d’une entreprise. Historiquement, les entreprises pouvaient profiter d’une pénurie d’information, de connectivité ou de puissance de calcul pour attirer et conserver leurs clients et repousser les concurrents.

De nos jours, les clients peuvent prendre des décisions bien plus éclairées en accédant aux informations des autres consommateurs. En effet, ils renforcent mutuellement leur pouvoir de décision par leurs échanges via des sites comme Yelp et toute une flopée de réseaux sociaux. Une société ne peut plus complètement contrôler l’environnement de ses clients. Au moment où les frontières de la distribution se sont effondrées – pensez aux moyens de transports mondialisés et bon marché, pensez aux étalages infinis des détaillants en ligne – les consommateurs ont de plus en plus de contrôle par eux-mêmes. Avec ce nouveau paradigme, et des marchés toujours plus compétitifs, les sociétés n’ont plus d’autre choix que de se concentrer sur la qualité et les gammes de produits. Si elles ne le font pas, une autre le fera à leur place.

Avec autant de changements en si peu de temps la nécessité de l’ouverture s’est imposée comme une tactique commerciale décisive pour atteindre à la fois l’excellence et la déclinaison des produits. Ouvrir un produit à toute une armée de créatifs est le plus court chemin pour créer de l’innovation et de la diversité, puisque cela permet à chaque contributeur de se focaliser sur ce qu’il fait le mieux et que cela encourage les contributions d’un public le plus large possible.

Chrome et Android, qui ont tous deux décollé depuis que « The Meaning of Open » a été publié, illustrent parfaitement ce principe. Avec chacun d’eux, nous avons maintenu un seul objectif simple dès le début : rendre le produit aussi robuste que possible. Comme nous l’avons appris maintes et maintes fois, il n’y a pas de route plus rapide et plus fiable qu’une route ouverte : davantage de mains travaillant sur un même produit ne peuvent que l’améliorer. L’ouverture permet de prototyper un concept, ou de le tester dans ses toutes premières étapes. Qui plus est, les systèmes ouverts tolèrent mieux les défaillances – et attirent une communauté d’utilisateurs plus fidèles. Ils savent que la motivation première d’un système ouvert est l’excellence ; si la société essaie d’imposer un autre agenda, la communauté de développeurs le repérera immédiatement et se révoltera. En proposant un produit ouvert, la société renonce à la possibilité de faire autre chose que de le rendre meilleur pour l’utilisateur.

Les résultats parlent d’eux-mêmes. Si vous possédiez un smartphone en 2006, il y a des chances pour que « Blackberry » ou « Nokia » ait été inscrit dessus. Il y a encore trois ans, Android représentait à peine 5% du marché. Aujourd’hui nous avons dépassé les 51%, et il y a de fortes chances pour que votre smartphone ait été fabriqué par Samsung, HTC, Motorola ou un autre partenaire d’Android.

Android a même débarqué dans des secteurs que nous n’avions pas anticipés, tels que les téléviseurs, les voitures, les avions, et même les appareils domestiques. (Voyez Ouya, une nouvelle console de jeux vidéo basée sur Android. Sans un Android ouvert, ce genre d’innovation n’existerait pas). Il semble clair à présent que si vous vous investissez dans un système ouvert, vous vous engagez dans une compétition perpétuelle pour garder votre place d’innovateur principal.

La question de l’ouverture n’a pas été moins opérante pour le navigateur Chrome, qui s’est construit par dessus le projet open source Chromium. Aujourd’hui, Chrome est sept fois plus rapide qu’il ne l’était lorsqu’il a été lancé il y a à peine 4 ans, et le nouveau code est disponible pour le monde entier à mesure qu’il se développe. Travailler ainsi au grand jour rend plus difficile le fait d’avoir des agendas cachés ou quoi que ce soit de dissimulé ; faites mal les choses, et une communauté mondiale de développeurs vous repérera instantanément.

Faire de l’ouverture une tactique commerciale peut nécessiter de nouvelles compétences organisationnelles. La vitesse est primordiale, comme l’est la rigueur du processus de décision. Un écosystème ouvert encourage le bouillonnement d’idées. Or trouver de bonnes idées, c’est facile ; ce qui est difficile, c’est de choisir parmi elles. L’ouverture des données peut offrir un avantage concurrentiel important aux entreprises, mais seulement si elles sont correctement positionnées pour pouvoir en profiter. L’autre tactique — qui est notamment utilisée par Apple et nos équipes de recherche — est de garder le système plus fermé, et d’y exercer un contrôle total. Cette approche nécessite son propre jeu de compétences organisationnelles, au-delà de la vitesse d’exécution, puisque l’excellence du produit et son innovation prennent leur source uniquement en interne. Les deux approches peuvent évidemment toutes les deux réussir, mais selon notre expérience, quand il s’agit de construire une plateforme entière, l’ouverture est le chemin le plus sûr vers la réussite.

Heureusement, de plus en plus d’organisations perçoivent ce message. Dans Wikinomics, les auteurs Don Tapscott et Anthony D. Williams racontent l’histoire de Goldcorp, une entreprise de mines d’or de Toronto, qui semblait sur le déclin à la fin des années 90. Face à un marché en baisse, une foule de problèmes internes et ce qui semblait être un filon épuisé, le PDG Rob McEwen fit précisément l’inverse de ce que n’importe quel livre sur le business dirait : il commença par donner le peu que l’entreprise avait encore.

Plus exactement, il publia sur le site de l’entreprise 400 Mo d’informations concernant le site minier de 220 kilomètres carrés de Goldcorp. Plutôt que de conserver jalousement ses derniers lambeaux d’information propriétaire, il offrit un prix de 500,000$ à quiconque parviendrait à utiliser ces données, afin de trouver de l’or contenu dans le sol. Ce fut un énorme succès. Plus de 80% des cibles identifiées par le public donnèrent des quantités significatives d’or. Avec ce petit investissement initial, la société tira du sol l’équivalent plus de 3 milliards de dollars en or.

Évidemment, McEwen était seulement en train de s’accorder avec les principes profonds du mouvement open source. Dans les premiers jours confus de l’internet, une éthique d’universalité et d’égalitarisme s’était propagée. « Les jardins cernés de murs (NdT : Walled gardens), tout plaisants qu’ils soient, ne pourront jamais rivaliser en diversité, en richesse et en innovation avec le marché fou et palpitant du Web de l’autre côté du mur » a écrit Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web. Google a toujours prospéré sur cette diversité, cette richesse et cette innovation. C’est ce qui nous a permis de lancer des créations comme Chrome et Android, et c’est ce qui a permis à une entreprise d’extraction vétuste d’éblouir le monde avec des succès similaires et pour des raisons similaires.

Aussi spectaculaire que soit l’histoire de Goldcorp, c’est seulement la partie émergée de l’iceberg. En effet, ce qui avait commencé comme un concept de geek au sein de communautés scientifiques s’est propagé dans tous les domaines, des affaires à la politique, de la santé à l’éducation et bien au-delà. Chez Google, nous envisageons un certain nombre de possibilités au-delà du secteur technique, où l’ouverture pourrait amener des progrès modestes et immenses à la fois.

L’éducation

De Stanford à la Corée, des universités et des enseignants du monde entier commencent à distribuer gratuitement des contenus éducatifs de très grande qualité sous licence libre. Qui plus est, des personnes vivant dans les endroits les plus reculés ont de plus en plus accès à ces contenus. La bande passante et la connectivité ont fait sauter de nombreuses barrières de la société en matière d’éducation.

Tout au bout d’un long chemin de terre à Bombay, un étudiant muni d’un téléphone peut maintenant suivre les cours du MIT au plus haut niveau. De façon tout aussi intéressante, ce même étudiant peut devenir professeur. Grâce à des organisations véritablement démocratiques, telles que la Khan Academy, une organisation à but non lucratif, qui propose en ligne plus de 3 000 cours en vidéo. Partout dans le monde des personnes peuvent à la fois disposer de et contribuer à une bibliothèque de ressources qui ne cesse de croître, depuis des leçons de physique jusqu’à des manuels de finance. Nous savons déjà à quel point l’éducation publique a transformé la société au cours du vingtième siècle. Les possibilités offertes par une éducation ouverte et en ligne semblent tout aussi illimitées.

Les gouvernements

Prétendre à la transparence gouvernementale est une chose mais des exemples comme celui du Canada avec sa Déclaration officielle de Gouvernement Ouvert, en sont une autre. Ce document reconnaît l’ouverture comme un état actif et non passif : il ne s’agit pas seulement de donner aux citoyens un libre accès aux données chaque fois que possible, mais bien de définir une « culture active de l’engagement » comme finalité de ces mesures.

Tandis que toujours plus de villes, de régions et de gouvernements fédéraux avancent dans cette direction, il y a tout lieu de croire que cela finira par payer financièrement (au moment où les données GPS ont été mises en libre accès public à la fin des années 80, par exemple, on estime que les services commerciaux qui en ont tiré parti ont contribué à hauteur de 67.6 milliards de dollars à la valeur économique des États-Unis). À l’inverse, on pourrait dire que lorsque le régime égyptien a verrouillé Internet en janvier 2011, cela a poussé les citoyens à descendre dans la rue pour avoir plus d’informations, et à venir grossir les foules de la place Tahrir. Il est ici probable que le retour à un système plus fermé ait accéléré la chute du gouvernement.

Le système de santé

PatientsLikeMe est un site de réseautage social de santé construit sur des bases de données ouvertes du Département de la Santé des États-Unis. Il ouvre la voie à d’autres initiatives, comme procurer aux patients des moyens de partager des informations et d’apprendre entre personnes souffrant de symptômes similaires. Les chercheurs pourraient également tirer profit de plus d’ouverture dans l’industrie.

L’ouverture des données sur la santé pourrait permettre à des études épidémiologiques à grande échelle de réaliser des percées importantes tout en mettant en place des garde-fous plus forts que jamais pour assurer au patient le respect de la confidentialité. En mettant à la disposition des chercheurs son registre des malformations congénitales, la Californie a permis aux médecins d’accéder à une mine d’informations relatives à l’impact des facteurs environnementaux sur la santé. Et bien sûr, Google Flu Trends a déjà prouvé sa pertinence pour analyser et prévoir l’arrivée d’un virus particulier, tout simplement en permettant que l’information soit partagée et rassemblée.

La science

Chercheurs, institutions, et agences de financement du monde entier commencent à prendre conscience qu’un meilleur partage et une meilleure collaboration sur les résultats de recherches scientifique peuvent mener à des recherches plus rapides, plus efficaces, de meilleure qualité et d’un meilleur impact général. En tant que commissaire européen, Neelie Kroes faisait récemment remarquer dans un discours sur la science et les politiques du libre en Europe, « les chercheurs, les ingénieurs et les petites entreprises ont besoin d’accéder aux résultats scientifiques rapidement et facilement. Si ce n’est pas possible, c’est mauvais pour les affaires ».

Un meilleur accès aux recherches scientifiques peut stimuler l’innovation dans le secteur privé et aider à résoudre des défis importants auxquels le monde doit faire face (les Google ‘Fusion Tables sont un outil que les scientifiques peuvent utiliser pour partager et collaborer sur des ensembles de donnés disparates). Pendant ce temps, l’ouverture dans le domaine scientifique signifie l’ouverture à de tout nouveaux participants. Après avoir échoué pendant plus d’une décennie à résoudre la structure d’une enzyme protéase provenant d’un virus ressemblant au SIDA, les scientifiques ont proposé le défi à la communauté des joueurs. En utilisant le jeu en ligne Foldit, les joueurs ont pu résoudre ce problème en trois semaines.

Les transports

En libérant les données des transports publics, les gouvernements permettent aux entrepreneurs de créer des applications basées sur ces données, et ainsi d’améliorer l’expérience des citoyens ; ces derniers peuvent également utiliser ces données ouvertes pour signaler des problèmes d’infrastructure. Chez Google, nous avons déjà pu observer comment cela fonctionne. Lorsque nous avons commencé à organiser les informations géographiques mondiales, nous avons constaté que, pour de nombreux endroits, il n’existait tout simplement pas de carte correcte. Nous avons donc créé MapMaker, un outil de cartographie participative qui permet à chacun de créer des annotations sur Google Maps. C’est avec cela qu’un réseau de citoyens cartographes est né, traçant en deux mois plus de 25 000 kilomètres de routes précédemment non cartographiées au Pakistan.

Les tendances technologiques convergentes sont maintenant sur le point de modifier, en fait elles ont déjà commencé à le faire, les domaines historiquement fermés, secrets et dormants. « L’avenir des gouvernements, c’est la transparence,» écrivais-je il y a un an, «L’avenir du commerce, c’est la symétrie de l’information. L’avenir de la culture, c’est la liberté. L’avenir de la science et de la médecine, c’est la collaboration. L’avenir du divertissement, c’est la participation. Chacun de ces avenirs dépend d’un Internet ouvert. »

Je mettrais juste un bémol. Étant donnés les changements radicaux auxquels nous avons assisté ces trois dernières années, le défi s’est déplacé. Nous devons viser plus loin même que l’Internet ouvert. Les institutions dans leur ensemble doivent continuer à adhérer à cette philosophie. Atteindre ces futurs objectifs ne sera pas chose facile. Mais je suis content de pouvoir dire que nous en sommes plus proches que jamais.

Crédit photo : John Martinez Pavliga (Creative Commons By)

Geektionnerd : Ubuntu et Amazon

samedi 27 octobre 2012 à 16:17

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)