source: Framablog
Inventaire.io est une application web libre qui permet de faire l’inventaire de sa bibliothèque pour pouvoir organiser le don, le prêt ou la vente de livres physiques. Une sorte de méga-bibliothèque communautaire, si l’on veut. Ces derniers mois, Inventaire s’est doté de nouvelles fonctionnalités et on a vu là l’occasion de valoriser ce projet auprès de notre communauté. On a donc demandé à Maxlath et Jums qui travaillent sur le projet de répondre à quelques unes de nos questions.
Chez Framasoft, on a d’ailleurs créé notre inventaire où l’on recense les ouvrages qu’on achète pour se documenter. Cela permet aux membres de l’association d’avoir un accès facile à notre bibliothèque interne. On a aussi fait le choix de proposer ces documents en prêt, pour que d’autres puissent y accéder.
Salut Maxlath et Jums ! Pouvez-vous vous présenter ?
Nous sommes une association de deux ans d’existence, développant le projet Inventaire, centré autour de l’application web inventaire.io, en ligne depuis 2015. On construit Inventaire comme une infrastructure libre, se basant donc autant que possible sur des standards ouverts, et des logiciels et savoirs libres : Wikipédia, Wikidata, et plus largement le web des données ouvertes.
Le projet grandit également au sein de communautés et de lieux : notamment le mouvement Wikimedia, l’archipel framasoftien à travers les Contribateliers, la MYNE et la Maison de l’Économie Circulaire sur Lyon, et Kanthaus en Allemagne.
L’association ne compte aujourd’hui que deux membres, mais le projet ne serait pas où il en est sans les nombreu⋅ses contributeur⋅ices venu⋅es nous prêter main forte, notamment sur de la traduction de l’interface, la contribution aux données bibliographiques, le rapport de bugs ou les suggestions des nouvelles fonctionnalités.
Vous pouvez nous en dire plus sur Inventaire.io ? Ça sert à quoi ? C’est pour qui ?
Inventaire.io se compose de deux parties distinctes :
Inventaire.io permettant de constituer des bibliothèques distribuées, le public est extrêmement large : tou⋅tes celleux qui ont envie de partager des livres ! On a donc très envie de dire que c’est un outil pour tout le monde ! Mais comme beaucoup d’outils numériques, l’outil d’inventaire peut être trop compliqué pour des personnes qui ne baignent pas régulièrement dans ce genre d’applications. C’est encore pire une fois que l’on rentre dans la contribution aux données bibliographiques, où on aimerait concilier richesse de la donnée et facilité de la contribution. Cela dit, on peut inventorier ses livres sans trop se soucier des données, et y revenir plus tard une fois qu’on se sent plus à l’aise avec l’outil.
Par ailleurs, on rêverait de pouvoir intégrer les inventaires des professionnel⋅les du livre, bibliothèques et librairies, à cette carte des ressources, mais cela suppose soit de l’interopérabilité avec leurs outils existants, soit de leur proposer d’utiliser notre outil (ce que font déjà de petites bibliothèques, associatives par exemple), mais inventaire.io nous semble encore jeune pour une utilisation à plusieurs milliers de livres.
Quelle est l’actualité du projet ? Vous prévoyez quoi pour les prochains mois / années ?
L’actualité de ces derniers mois, c’est tout d’abord de nouvelles fonctionnalités :
Pas mal de transitions techniques sous le capot aussi. On n’est pas du genre à changer de framework tous les quatre matins, mais certains choix techniques faits au départ du projet en 2014 – CoffeeScript, Brunch, Backbone – peuvent maintenant être avantageusement remplacés par des alternatives plus récentes – dernière version de Javascript (ES2020), Webpack, Svelte – ce qui augmente la maintenabilité et le confort, voir le plaisir, de coder.
Autre transition en cours, notre wiki de documentation est maintenant une instance MediaWiki choisie entre autres pour sa gestion des traductions.
Le programme des prochains mois et années n’est pas arrêté, mais il y a des idées insistantes qu’on espère voir germer prochainement :
Enfin tout ça c’est ce qu’on fait cachés derrière un écran, mais on aimerait bien aussi expérimenter avec des formats d’évènements, type BiblioParty : venir dans un lieu avec une belle bibliothèque et aider le lieu à en faire l’inventaire.
C’est quoi le modèle économique derrière inventaire.io ? Quelles sont/seront vos sources de financement ?
Pendant les premières années, l’aspect « comment on gagne de l’argent » était une question volontairement laissée de côté, on vivait avec quelques prestations en microentrepreneurs, notamment l’année dernière où nous avons réalisé une preuve de concept pour l’ABES (l’Agence bibliographique pour l’enseignement supérieur) et la Bibliothèque Nationale de France. Peu après, nous avons fondé une association loi 1901 à activité économique (voir les statuts), ce qui devrait nous permettre de recevoir des dons, que l’on pourra compléter si besoin par de la prestation de services. Pour l’instant, on compte peu sur les dons individuels car on est financé par NLNet via le NGI0 Discovery Fund.
Et sous le capot, ça fonctionne comment ? Vous utilisez quoi comme technos pour faire tourner le service ?
Le serveur est en NodeJS, avec une base de données CouchDB, synchronisé à un Elasticsearch pour la recherche, et LevelDB pour les données en cache. Ce serveur produit une API JSON (documentée sur https://api.inventaire.io) consommée principalement par le client : une webapp qui a la responsabilité de tout ce qui est rendu de l’application dans le navigateur. Cette webapp consiste en une bonne grosse pile de JS, de templates, et de CSS, initialement organisé autour des framework Backbone.Marionnette et Handlebars, lesquels sont maintenant dépréciés en faveur du framework Svelte. Une visualisation de l’ensemble de la pile technique peut être trouvé sur https://stack.inventaire.io.
Le nom est assez français… est-ce que ça ne pose pas de problème pour faire connaître le site et le logiciel à l’international ? Et d’ailleurs, est-ce que vous avez une idée de la répartition linguistique de vos utilisatrices ? (francophones, anglophones, germanophones, etc.)
Oui, le nom peut être un problème au début pour les non-francophones, lequel⋅les ne savent pas toujours comment l’écrire ou le prononcer. Cela fait donc un moment qu’on réfléchit à en changer, mais après le premier contact, ça ne semble plus poser de problème à l’utilisation (l’un des comptes les plus actifs étant par exemple une bibliothèque associative allemande), alors pour le moment on fait avec ce qu’on a.
En termes de répartition linguistique, une bonne moitié des utilisateur⋅ices et contributeur⋅ices sont francophones, un tiers anglophones, puis viennent, en proportion beaucoup plus réduite (autour de 2 %), l’allemand, l’espagnol, l’italien, suivi d’une longue traîne de langues européennes mais pas que : arabe, néerlandais, portugais, russe, polonais, danois, indonésien, chinois, suédois, turc, etc. À noter que la plupart de ces langues ne bénéficiant pas d’une traduction complète de l’interface à ce jour, il est probable qu’une part conséquente des utilisatrices utilisent l’anglais, faute d’une traduction de l’interface satisfaisante dans leur langue (malgré les 15 langues traduites à plus de 50 %).
À ce que je comprends, vous utilisez donc des données provenant de Wikidata. Pouvez-vous expliquer à celles et ceux qui parmi nous ne sont pas très au point sur la notion de web de données quels sont les enjeux et les applications possibles de Wikidata ?
Tout comme le web a introduit l’hypertexte pour pouvoir lier les écrits humains entre eux (par exemple un article de blog renvoie vers un autre article de blog quelque part sur le web), le web des données ouvertes permet aux bases de données de faire des liens entre elles. Cela permet par exemple à des bibliothèques nationales de publier des données bibliographiques que l’on peut recouper : « Je connais cette auteure avec tel identifiant unique dans ma base. Je sais aussi qu’une autre base de données lui a donné cet autre identifiant unique ; vous pouvez donc aller voir là-bas s’ils en savent plus ». Beaucoup d’institutions s’occupent de créer ces liens, mais la particularité de Wikidata, c’est que, tout comme Wikipédia, tout le monde peut participer, discuter, commenter ce travail de production de données et de mise en relation.
Est-ce qu’il serait envisageable d’établir un lien vers la base de données de https://www.recyclivre.com/ quand l’ouvrage recherché ne figure dans aucun « inventaire » de participant⋅es ?
Ça pose au moins deux problèmes :
Cependant la question de la connexion avec des organisations à but lucratif pose un vrai problème : l’objectif de l’association Inventaire — cartographier les ressources où qu’elles soient — implique à un moment de faire des liens vers des organisations à but lucratif. En suivant l’esprit libriste, il n’y aucune raison de refuser a priori l’intégration de ces liens, les développeuses de logiciels libres n’étant pas censés contraindre les comportements des utilisatrices ; mais ça pique un peu de travailler gratuitement, sans contrepartie pour les communs.
En quoi inventaire.io participe à un mouvement plus large qui est celui des communs de la connaissance ?
Inventaire, dans son rôle d’annuaire des ressources disponibles, essaye de valoriser les communs de la connaissance, en mettant des liens vers les articles Wikipédia, vers les œuvres dans le domaine public disponibles en format numérique sur des sites comme Wikisource, Gutenberg ou Internet Archive. En réutilisant les données de Wikidata, Inventaire contribue également à valoriser ce commun de la connaissance et à donner à chacun une bonne raison de l’enrichir.
Inventaire est aussi un commun en soi : le code est sous licence AGPL, les données bibliographiques sous licence CC0. L’organisation légale en association vise à ouvrir la gouvernance de ce commun à ses contributeur⋅ices. Le statut associatif garantit par ailleurs qu’il ne sera pas possible de transférer les droits sur ce commun à autre chose qu’une association poursuivant les mêmes objectifs.
Si je suis une organisation ou un particulier qui héberge des services en ligne, est-ce que je peux installer ma propre instance d’inventaire.io ?
C’est possible, mais déconseillé en l’état. Notamment car les bases de données bibliographiques de ces différentes instances ne seraient pas synchronisées, ce qui multiplie par autant le travail nécessaire à l’amélioration des données. Comme il n’y a pas encore de mécanisme de fédération des inventaires, les comptes de votre instance seraient donc isolés. Sur ces différents sujets, voir cette discussion : https://github.com/inventaire/inventaire/issues/187 (en anglais).
Cela dit, si vous ne souhaitez pas vous connecter à inventaire.io, pour quelque raison que ce soit, et malgré les mises en garde ci-dessus, vous pouvez vous rendre sur https://github.com/inventaire/inventaire-deploy/ pour déployer votre propre instance « infédérable ». On va travailler sur le sujet dans les mois à venir pour tendre vers plus de décentralisation.
A l’heure où il est de plus en plus urgent de décentraliser le web, envisagez-vous qu’à terme, il sera possible d’installer plusieurs instances d’inventaire.io et de les connecter les unes aux autres ?
Pour la partie réseau social d’inventaires, une décentralisation devrait être possible, même si cela pose des questions auquel le protocole ActivityPub ne semble pas proposer de solution. Ensuite, pour la partie base de données contributives, c’est un peu comme si on devait maintenir plusieurs instances d’OpenStreetMap en parallèle. C’est difficile et il semble préférable de garder cette partie centralisée, mais puisqu’il existe pleins de services bibliographiques différents, il va bien falloir s’interconnecter un jour.
Vous savez sûrement que les Chevaliers Blancs du Web Libre sont à cran et vont vous le claironner : vous restez vraiment sur GitHub pour votre dépôt de code https://github.com/inventaire ou bien… ?
La pureté militante n’a jamais été notre modèle. Ce compte date de 2014, à l’époque Github avait peu d’alternatives… Cela étant, il est certain que nous ne resterons pas éternellement chez Microsoft, ni chez Transifex ou Trello, mais les solutions auto-hébergées c’est du boulot, et celles hébergées par d’autres peuvent se révéler instables.
Si on veut contribuer à Inventaire.io, on fait ça où ? Quels sont les différentes manière d’y contribuer ?
Il y a plein de manières de venir contribuer, et pas que sur du code, loin de là : on peut améliorer la donnée sur les livres, la traduction, la documentation et plus généralement venir boire des coups et discuter avec nous de la suite ! Rendez-vous sur https://wiki.inventaire.io/wiki/How_to_contribute/fr.
Est-ce que vous avez déjà eu vent d’outils tiers qui utilisent l’API ? Si oui, vous pouvez donner des noms ? À quoi servent-ils ?
Readlebee et Bookwyrm sont des projets libres d’alternatives à GoodReads. Le premier tape régulièrement dans les données bibliographiques d’Inventaire. Le second vient de mettre en place un connecteur pour chercher de la donnée chez nous. A noter : cela apporte une complémentarité puisque ces deux services sont orientés vers les critiques de livres, ce qui reste très limité sur Inventaire.
Et comme toujours, sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !
Inventaire est une app faite pour utiliser moins d’applications, pour passer du temps à lire des livres, papier ou non, et partager les dernières trouvailles. Pas de capture d’attention ici, si vous venez deux fois par an pour chiner des bouquins, ça nous va très bien ! Notre contributopie c’est un monde où l’information sur la disponibilité des objets qui nous entoure nous affranchit d’une logique de marché généralisée. Un monde où tout le monde peut contribuer à casser les monopoles de l’information sur les ressources que sont les géants du web et de la distribution. Pouvoir voir ce qui est disponible dans un endroit donné, sans pour autant dépendre ni d’un système cybernétique central, ni d’un marché obscur où les entreprises qui payent sont dorlotées par un algorithme de recommandations.
Merci beaucoup Maxlath et Jums pour ces explications et on souhaite longue vie à Inventaire. Et si vous aussi vous souhaitez mettre en commun votre bibliothèque, n’hésitez pas !
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
« La violence vicariante est une violence machiste doublement sauvage et inhumaine, puisqu’elle cherche à causer de la douleur non seulement à la femme, mais aussi à ses enfants ».[…] En Espagne, 39 mineurs ont été assassinés par leurs pères ou par les compagnons ou ex-compagnons de leur mère depuis 2013
Le don annoncé au G7 d’un milliard de doses d’ici à la mi-2022 ne fait pas du vaccin un « bien public mondial ». Il manque encore aux pays riches une vraie stratégie, unitaire et cohérente, pour un accès équitable aux vaccins anti-Covid.
Le voilà, le secret un peu gênant de la galaxie start-up : malgré son obstination à exploiter un nouveau prolétariat, à détruire les acquis sociaux et à échapper à l’ impôt, elle fonctionne à perte –6,8 milliards de dollars en 2020 (5,6 milliards d’euros) chez Uber.
In going after internet service providers (ISPs) for the actions of just a few of their users, Sony Music, other major record labels, and music publishing companies have found a way to cut people off of the internet based on mere accusations of copyright infringement.
Surnommé « Project Pele », il pourrait être transporté par le train, la route, et même les airs.
Lundi soir, avec 94 % des procès-verbaux comptabilisés, le candidat de gauche Pedro Castillo devançait son adversaire libérale et conservatrice Keiko Fujimori au second tour de l’élection présidentielle, avec 50,07 % des suffrages.
La crise, quelle crise ? Malgré un choc majeur, l’économie mondiale est déjà repartie à un rythme effréné.
Une équipe de chercheurs européens a réalisé une méta-analyse qui a permis d’établir que, parmi l’ensemble des candidats qui proposent un projet à un organisme subventionnaire, les hommes ont 7 % plus de chances que les femmes de recevoir un financement. Et dans un processus d’évaluation par les pairs, l’avantage des chercheurs de sexe masculin se manifeste plus particulièrement lorsque ceux-ci sont évalués par des hommes.
Une étude sortie en avril dernier aux États-Unis montre, grâce à une quantité de données jamais collectées auparavant, un lien entre exposition au gaz lacrymogène et perturbations menstruelles.
Une médecin des HUG regrette que les pharmas qui fabriquent les vaccins n’aient pas mentionné les effets possibles sur le cycle menstruel. La santé des femmes ne serait pas assez prise en compte.« Il est intéressant de constater que ces effets secondaires récemment observés sur les règles de certaines femmes peu après leur vaccination n’avaient pas été répertoriés ni annoncés officiellement. » […] La cheffe de l’unité des HUG en profite pour relever un aspect peu connu : lors de la phase d’essais cliniques sur des humains, les hommes seraient bien plus représentés que les femmes, encore trop souvent mises de côté.
En complément, on pourra consulter cette page (khrys.eu.org)
Reste à savoir comment se passeront les prochaines manifestations, à commencer par ce samedi 12 juin, lors de la « marche des libertés » organisée par des partis de gauche. En théorie, une décision du Conseil d’Etat prend effet immédiatement et l’utilisation de « nasses » serait donc illégale. Ce qui fait sourire le président de la LDH, Malik Salemkour. « Je n’ose imaginer que le préfet de police de Paris et le ministre de l’Intérieur soient des délinquants. »
Des enseignants-chercheurs ont déposé un recours devant le Conseil d’Etat afin que la ministre de l’Enseignement supérieur justifie sa décision de lancer une enquête sur un prétendu « islamo-gauchisme à l’université ».
Alors que le projet de loi bioéthique de retour à l’Assemblée nationale ce lundi se présente comme une ouverture de la PMA pour toutes, les femmes noires se sentent exclues d’un système où l’attente d’un don d’ovocytes peut prendre jusqu’à dix ans.
L’autorité reproche à la chaîne d’information du groupe Canal+ de ne pas avoir déclaré le temps de parole de Philippe Ballard, tête de liste RN pour les élections régionales à Paris.
Au début de l’année, la jeune femme avait déposé plainte contre son ancien compagnon et avait fréquenté une association d’aide aux victimes de violences conjugales. […] L’homme avait fait l’objet d’une composition pénale, une alternative à des poursuites judiciaires, pour laquelle il avait dû suivre un stage de sensibilisation aux violences conjugales.
La Commission nationale consultative des droits de l’homme tire à boulet rouge sur l’enseignement supérieur français. Entre les « biais » de Parcoursup et le manque de moyens, la CNCDH constate un accroissement des inégalités.
« Il n’y a pas de régime fasciste en France actuellement, mais il y a des mouvements politiques qui propagent diverses idéologies fascistes. »
L’Autorité française de la concurrence a condamné le géant américain pour avoir « abusé de sa position dominante » dans le secteur de la publicité en ligne. Une décision « historique ».
Ils sont parfois amenés à traverser à pied des autoroutes à quatre voies pour distribuer leurs colis.
En protestation contre la modération de contenus pro-palestiniens sur le réseau social jugée injustifiée, une campagne invite les internautes à donner une seule étoile sur les boutiques d’applications.
C’est une décision, osons le mot, historique, qui vient d’être actée par le conseil d’administration de l’université de Nantes. Cette décision est la suivante. Toutes les publications de l’université (= les articles scientifiques écrits par des enseignants-chercheurs de l’université) devront obligatoirement être déposées en archive ouverte. Et – c’est dingue – ce mandat de dépôt obligatoire sera pris en compte directement dans les évaluations institutionnelles mais aussi dans les financements que l’université versera aux laboratoires de recherche.
First, datafication is a form of surveillance that violates our autonomy by undermining the ways in which we develop our sense of ourselves and express those selves in the world. Second, datafication is like feudalism—it traps us in unfair economic arrangements in which we provide our valuable “data assets” or “data work” for free by using the digital services created by tech companies.
À l’origine de cette différence de comportement surprenante, il y aurait une molécule : la tyrosine, un acide aminé présent dans les protéines et qui produit de la dopamine. Un neurotransmetteur qui entre dans les mécanismes de la motivation et de la prise de risque. Le fait d’avoir mangé davantage de protéines […] modifierait notre comportement en nous rendant plus conciliant.
Michael Packard, pêcheur de homard, a passé 30 à 40 seconde dans la bouche d’une baleine à bosse avant qu’elle ne le recrache.
Loin d’être un phénomène isolé, le cyberharcèlement touche en majorité les femmes. Une enquête édifiante sur ce déferlement de haine virtuelle, aux conséquences bien réelles. Avec le témoignage d’une dizaine de femmes, de tous profils et de tous pays, et de spécialistes de la question, qui en décryptent les dimensions sociologiques, juridiques et sociétales.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Le texte, qui interdit aux personnes impliquées dans une organisation « extrémiste » d’être élues, est perçu par l’opposition comme un moyen de la neutraliser à l’approche des législatives de septembre.
pourquoi un homme pourrait-il épouser plusieurs femmes, tandis que la femme n’y serait pas autorisée ? Les esprits s’échauffent. Des élus de partis religieux, chrétiens et musulmans dénoncent une pratique « non africaine », une « insulte à la religion » qui entraînerait la « destruction des valeurs familiales ».
ces 215 enfants, dont certains n’avaient que trois ans, faisaient partie d’un vaste programme colonial visant à acculturer les nations autochtones. Pour ce faire, le Canada a mis en place un système visant à « tuer l’Indien dans l’enfant ».Ce système a souvent tué l’enfant.
Major de promo, Paxton Smith a dénoncé la nouvelle législation du Texas qui interdit l’avortement après six semaines de grossesse, y compris en cas d’inceste ou de viol. “Je ne peux pas renoncer à cette exposition pour promouvoir la paix alors qu’une guerre est menée contre mon corps.”
Video from the cameras is often used in facial-recognition searches. A report finds they are most common in neighborhoods with large nonwhite populations.
L’opérateur britannique BT teste l’utilisation de câbles en fibre optique à âme creuse dans ses réseaux 5G. Avec des résultats prometteurs.
Après avoir annoncé qu’elle ne seraient conservées que pendant 3 mois, afin de rassurer la population, le gouvernement avait depuis allongé cette durée à 20 ans, au motif que le droit prévoyait préalablement une telle durée dans le système national des données de santé, et qu’il n’y avait pas de raison que les données relatives à la Covid-19 diffèrent des autres données de santé.
La Cnil a demandé au gouvernement qu’une personne ne souhaitant pas se faire vacciner puisse faire effacer son nom du fichier.
Certes, Enedis porte la majeure partie du coût (5,39 milliards d’euros). 10 % prélevés sur ses fonds propres, et le reste sous la forme d’un emprunt auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) à un taux extrêmement avantageux : 0,77 %. Mais le tour de passe-passe réside dans le fait que ce n’est pas l’entreprise qui remboursera à proprement parler la somme, mais bien le consommateur à travers notamment un mécanisme dit de « différé tarifaire »[…] Cerise sur le gâteau, le taux d’intérêt appliqué au remboursement ne sera pas du tout le même que le généreux taux de la BEI, comme le rappelle la Cour des comptes dans son rapport, mais de 4,6 %. L’opération s’avère donc juteuse pour Enedis, avec in fine une marge de 2,8 %, soit un demi-milliard d’euros d’intérêts supplémentaires, là aussi payés par les consommateurs.
Après plusieurs féminicides ayant suscité l’émoi ces dernières semaines […] le DCSP leur demande également de “résorber sans délai” le stock des dossiers en cours. Il faut “prioriser le traitement de ces affaires”, écrit-il, y compris “par le renfort d’enquêteurs qui seront détournés de leur périmètre missionnel habituel”
on croit vivre un cauchemar en apprenant par notre enquête que sur les 1000 bracelets électroniques anti-rapprochement disponibles en France, seuls 78 ont été posés, bien peu pour une mesure que la France a adoptée depuis trois ans. […] Il est temps de former gendarmes et policiers à considérer les plaintes déposées pour ce qu’elles sont, l’annonce qu’un crime risque d’être commis.
Dans les commissions d’attribution de logements sociaux, on s’est aperçu qu’au lieu de simplifier les démarches pour l’usager, ce nouveau formulaire met aujourd’hui en difficulté à plus d’un titre aussi bien les demandeurs de logements que les acteurs de la chaîne d’attribution.
Le CIR, ce n’est pas moins de 6,6 milliards d’euros. Cela ne vous dit rien ? Moi non plus. Alors, comme toujours dans ces cas-là, il faut comparer avec un truc que l’on comprend. Prenons le Centre national de la recherche scientifique, le CNRS, qui réunit toutes les disciplines, de la physique théorique aux mathématiques, en passant par la linguistique et l’anthropologie. Le CNRS a des centaines d’équipes de recherche, des dizaines de gros laboratoires avec des machines très chères répartis sur tout le territoire. Quel est le budget total du CNRS ? 3,7 milliards d’euros. Autrement dit, l’État file presque deux fois plus d’argent aux entreprises pour qu’elles trouvent le packaging optimal du yaourt à la fraise ou, légèrement plus grave, pour que la Société Générale invente des produits financiers bien pourris qui feront éclater la prochaine crise boursière, que pour trouver des vaccins, étudier la destruction de la planète, analyser les migrations, les rapports de la population avec la police, les féminicides, etc.
Que faire quand l’hôpital public sature et s’effondre ? Quand les délais de prise en charge du médico-social s’étirent à cause des surcharges de travail et des sous-effectifs ? Des formations « pleine conscience ».
Rozenn Kevel a été licenciée par Chronodrive après avoir défendu des salariées victimes de violences sexuelles. Elle espère faire de son procès un moment politique.
Pour faire avaler à l’opinion publique leur diatribe viriliste, les marchands de peur préfèrent résumer la figure du migrant à celle d’une masculinité pseudo-menaçante. Et taire la violence insupportable – et bien réelle – qui ponctue les destins féminins sur ces routes migratoires.
les plaignantes peuvent non seulement poursuivre Google, mais aussi représenter plus de 10 800 femmes qui pourraient également avoir été injustement moins payées par rapport à leurs collègues masculins
Les applications américaines plébiscitées pendant le Covid-19, comme Teams ou Zoom, présentent “un risque d’accès illégal aux données” par les autorités américaines.
“In addition to capturing everyone’s shopping habits (from amazon.com) and their internet activity (as AWS is one of the most dominant web hosting services)… now they are also effectively becoming a global ISP with a flick of a switch, all without even having to lay a single foot of fiber.”
si un AirTag se reconnecte avec l’iPhone de son propriétaire durant ce délai, le compteur est remis à zéro. Cela signifie que si une personne partage son appartement avec un conjoint jaloux, la balise se reconnectera tous les jours et le stalking peut continuer indéfiniment.
Cette mystérieuse disparition est survenue, vendredi, à la veille de l’anniversaire de la répression chinoise.
Women have been systematically under-diagnosed with ADHD for decades, so I guess it’s not surprising that now we have a platform that promotes women talking about their experiences that a new wave of girls would come to suspect they have the disorder.
as the philosopher George Lakoff pointed out aeons ago, the best way to win arguments is to use metaphor to frame the discourse and dictate the language in which it is conducted. Thus American anti-abortion campaigners framed abortion as murder and the music industry framed filesharing as theft. And who’s in favour of murder or theft ? The metaphor that frames data as oil has similar manipulative power […] The metaphor portrays public data “as a huge, passive, untapped resource – lakes of stuff that only has value when it is extracted and processed. But this framing completely removes the individual agency that created the stuff in the first place. Oil is formed by millions of years of compression and chemical transformation of algae and tiny marine animals. Data is created in real time, as we click and swipe around the internet. The metaphor might work in an economic sense, but it fails to describe what data is as a material. It’s not oil, it’s people.
Casting poverty as a technological problem has shaped decades of US policy and upended public institutions. […] The hope that personal computing, the internet, and the skills to use them will power social mobility is the cultural glue holding a deeply unequal information economy together. In this new mode of social reproduction, no one is ever truly on the outside of the labor market—everyone is constantly searching for the skills, technologies, and opportunities that will help them move through it. This is a feature, not a bug, in neoliberal economic development.
On l’ignore souvent, le règne de la reine Victoria (1837-1901) fut marqué par de nombreux combats en faveur de l’égalité entre femmes et hommes. L’Anglaise Josephine Butler s’impliqua dans nombre d’entre eux, au premier rang desquels l’éducation des femmes. […] son combat majeur, celui qui lui valut plus tard l’admiration de Virginia Woolf, c’est celui qu’elle mena à partir de 1869 contre la criminalisation de la prostitution et contre l’exploitation sexuelle des enfants […] Elle devait obtenir l’abrogation des lois plus de vingt ans plus tard, au terme d’une lutte sans répit qui l’aurait épuisée et ruinée. […] il lui apparut que la société dans son ensemble reposait sur l’exploitation sexuelle des filles des classes défavorisées, et que les lois ne cherchaient au fond qu’à garantir aux consommateurs issus des classes aisées une marchandise saine, et de plus en plus jeune. Il faut bien saisir la portée révolutionnaire du propos : […] pour la première fois, la fille des rues fut regardée comme la victime d’un « système » patenté
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
Avec un ton acerbe contre les géants du numérique, Aral Balkan nourrit depuis plusieurs années une analyse lucide et sans concession du capitalisme de surveillance. Nous avons maintes fois publié des traductions de ses diatribes.
Ce qui fait la particularité de ce nouvel article, c’est qu’au-delà de l’adieu à Twitter, il retrace les étapes de son cheminement.
Sa trajectoire est mouvementée, depuis l’époque où il croyait (« quel idiot j’étais ») qu’il suffisait d’améliorer le système. Il revient donc également sur ses années de lutte contre les plateformes prédatrices et les startups .
Il explique quelle nouvelle voie constructive il a adoptée ces derniers temps, jusqu’à la conviction qu’il faut d’urgence « construire l’infrastructure technologique alternative qui sera possédée et contrôlée par des individus, pas par des entreprises ou des gouvernements ». Dans cette perspective, le Fediverse a un rôle important à jouer selon lui.
Article original : Hell Site
Traduction Framalang : Aliénor, Fabrice, goofy, Susy, Wisi_eu
par Aral Balkan
Sur le Fédiverse, ils ont un terme pour Twitter.
Ils l’appellent « le site de l’enfer ».
C’est très approprié.
Lorsque je m’y suis inscrit, il y a environ 15 ans, vers fin 2006, c’était un espace très différent. Un espace modeste, pas géré par des algorithmes, où on pouvait mener des discussions de groupe avec ses amis.
Ce que je ne savais pas à l’époque, c’est que Twitter, Inc. était une start-up financée avec du capital risque.
Même si j’avais su, ça n’aurait rien changé, vu que je n’avais aucune idée sur le financement ou les modèles commerciaux. Je pensais que tout le monde dans la tech essayait simplement de fabriquer les nouvelles choses du quotidien pour améliorer la vie des gens.
Même six ans après, en 2012, j’en étais encore à me concentrer sur l’amélioration de l’expérience des utilisateurs avec le système actuel :
« Les objets ont de la valeur non par ce qu’ils sont, mais par ce qu’ils nous permettent de faire. Et, en tant que personnes qui fabriquons des objets, nous avons une lourde responsabilité. La responsabilité de ne pas tenir pour acquis le temps limité dont chacun d’entre nous dispose en ce monde. La responsabilité de rendre ce temps aussi beau, aussi confortable, aussi indolore, aussi exaltant et aussi agréable que possible à travers les expériences que nous créons.
Parce que c’est tout ce qui compte.
Et il ne tient qu’à nous de le rendre meilleur. »
– C’est tout ce qui compte.
Quel idiot j’étais, pas vrai ?
Vous pouvez prendre autant de temps que nécessaire pour me montrer du doigt et ricaner.
Ok, c’est fait ? Continuons…
À cette époque, je tenais pour acquis que le système en général est globalement bon. Ou du moins je ne pensais pas qu’il était activement mauvais 1.
Bien sûr, j’étais dans les rues à Londres, avec des centaines de milliers de personnes manifestant contre la guerre imminente en Irak. Et bien sûr, j’avais conscience que nous vivions dans une société inégale, injuste, raciste, sexiste et classiste (j’ai étudié la théorie critique des médias pendant quatre ans, du coup j’avais du Chomsky qui me sortait de partout), mais je pensais, je ne sais comment, que la tech existait en dehors de cette sphère. Enfin, s’il m’arrivait de penser tout court.
Ce qui veut clairement dire que les choses n’allaient pas assez mal pour m’affecter personnellement à un point où je ressentais le besoin de me renseigner à ce sujet. Et ça, tu sais, c’est ce qu’on appelle privilège.
Il est vrai que ça me faisait bizarre quand l’une de ces start-ups faisait quelque chose qui n’était pas dans notre intérêt. Mais ils nous ont dit qu’ils avaient fait une erreur et se sont excusés alors nous les avons crus. Pendant un certain temps. Jusqu’à ce que ça devienne impossible.
Et, vous savez quoi, j’étais juste en train de faire des « trucs cools » qui « améliorent la vie des gens », d’abord en Flash puis pour l’IPhone et l’IPad…
Mais je vais trop vite.
Retournons au moment où j’étais complètement ignorant des modèles commerciaux et du capital risque. Hum, si ça se trouve, vous en êtes à ce point-là aujourd’hui. Il n’y a pas de honte à avoir. Alors écoutez bien, voici le problème avec le capital risque.
Le capital risque est un jeu de roulette dont les enjeux sont importants, et la Silicon Valley en est le casino.
Un capital risqueur va investir, disons, 5 millions de dollars dans dix start-ups tout en sachant pertinemment que neuf d’entre elles vont échouer. Ce dont a besoin ce monsieur (c’est presque toujours un « monsieur »), c’est que celle qui reste soit une licorne qui vaudra des milliards. Et il (c’est presque toujours il) n’investit pas son propre argent non plus. Il investit l’argent des autres. Et ces personnes veulent récupérer 5 à 10 fois plus d’argent, parce que ce jeu de roulette est très risqué.
Alors, comment une start-up devient-elle une licorne ? Eh bien, il y a un modèle commercial testé sur le terrain qui est connu pour fonctionner : l’exploitation des personnes.
Voici comment ça fonctionne :
Offrez votre service gratuitement à vos « utilisateurs » et essayez de rendre dépendants à votre produit le plus de gens possible.
Pourquoi ?
Parce qu’il vous faut croître de manière exponentielle pour obtenir l’effet de réseau, et vous avez besoin de l’effet de réseau pour enfermer les gens que vous avez attirés au début.
Bon dieu, des gens très importants ont même écrit des guides pratiques très vendus sur cette étape, comme Hooked : comment créer un produit ou un service qui ancre des habitudes.
Voilà comment la Silicon Valley pense à vous.
Collectez autant de données personnelles que possible sur les gens.
Pistez-les sur votre application, sur toute la toile et même dans l’espace physique, pour créer des profils détaillés de leurs comportements. Utilisez cet aperçu intime de leurs vies pour essayer de les comprendre, de les prédire et de les manipuler.
Monétisez tout ça auprès de vos clients réels, qui vous paient pour ce service.
C’est ce que certains appellent le Big Data, et que d’autres appellent le capitalisme de surveillance.
Une start-up est une affaire temporaire, dont le but du jeu est de se vendre à une start-up en meilleure santé ou à une entreprise existante de la Big Tech, ou au public par le biais d’une introduction en Bourse.
Si vous êtes arrivé jusque-là, félicitations. Vous pourriez fort bien devenir le prochain crétin milliardaire et philanthrope en Bitcoin de la Silicon Valley.
De nombreuses start-ups échouent à la première étape, mais tant que le capital risque a sa précieuse licorne, ils sont contents.
Je ne savais donc pas que le fait de disposer de capital risque signifiait que Twitter devait connaître une croissance exponentielle et devenir une licorne d’un milliard de dollars. Je n’avais pas non plus saisi que ceux d’entre nous qui l’utilisaient – et contribuaient à son amélioration à ce stade précoce – étaient en fin de compte responsables de son succès. Nous avons été trompés. Du moins, je l’ai été et je suis sûr que je ne suis pas le seul à ressentir cela.
Tout cela pour dire que Twitter était bien destiné à devenir le Twitter qu’il est aujourd’hui dès son premier « investissement providentiel » au tout début.
C’est ainsi que se déroule le jeu du capital risque et des licornes dans la Silicon Valley. Voilà ce que c’est. Et c’est tout ce à quoi j’ai consacré mes huit dernières années : sensibiliser, protéger les gens et construire des alternatives à ce modèle.
Voici quelques enregistrements de mes conférences datant de cette période, vous pouvez regarder :
Dans le cadre de la partie « sensibilisation », j’essayais également d’utiliser des plateformes comme Twitter et Facebook à contre-courant.
Comme je l’ai écrit dans Spyware vs Spyware en 2014 : « Nous devons utiliser les systèmes existants pour promouvoir nos alternatives, si nos alternatives peuvent exister tout court. » Même pour l’époque, c’était plutôt optimiste, mais une différence cruciale était que Twitter, au moins, n’avait pas de timeline algorithmique.
Qu’est-ce qu’une timeline algorithmique ? Essayons de l’expliquer.
Ce que vous pensez qu’il se passe lorsque vous tweetez : « j’ai 44 000 personnes qui me suivent. Quand j’écris quelque chose, 44 000 personnes vont le voir ».
Ce qui se passe vraiment lorsque vous tweetez : votre tweet pourrait atteindre zéro, quinze, quelques centaines, ou quelques milliers de personnes.
Et ça dépend de quoi ?
Dieu seul le sait, putain.
(Ou, plus exactement, seul Twitter, Inc. le sait.)
Donc, une timeline algorithmique est une boîte noire qui filtre la réalité et décide de qui voit quoi et quand, sur la base d’un lot de critères complètement arbitraires déterminés par l’entreprise à laquelle elle appartient.
En d’autres termes, une timeline algorithmique est simplement un euphémisme pour parler d’un enfumage de masse socialement acceptable. C’est de l’enfumage 2.0.
La nature de l’algorithme reflète la nature de l’entreprise qui en est propriétaire et l’a créé.
Étant donné que les entreprises sont sociopathes par nature, il n’est pas surprenant que leurs algorithmes le soient aussi. En bref, les algorithmes d’exploiteurs de personnes comme Twitter et Facebook sont des connards qui remuent la merde et prennent plaisir à provoquer autant de conflits et de controverses que possible.
Hé, qu’attendiez-vous exactement d’un milliardaire qui a pour bio #Bitcoin et d’un autre qui qualifie les personnes qui utilisent sont utilisées par son service de « pauvres cons » ?
Ces salauds se délectent à vous montrer des choses dont ils savent qu’elles vont vous énerver dans l’espoir que vous riposterez. Ils se délectent des retombées qui en résultent. Pourquoi ? Parce que plus il y a d’« engagement » sur la plateforme – plus il y a de clics, plus leurs accros (« utilisateurs ») y passent du temps – plus leurs sociétés gagnent de l’argent.
Eh bien, ça suffit, merci bien.
Certes je considère important de sensibiliser les gens aux méfaits des grandes entreprises technologiques, et j’ai probablement dit et écrit tout ce qu’il y a à dire sur le sujet au cours des huit dernières années. Rien qu’au cours de cette période, j’ai donné plus d’une centaine de conférences, sans parler des interviews dans la presse écrite, à la radio et à la télévision.
Voici quelques liens vers une poignée d’articles que j’ai écrits sur le sujet au cours de cette période :
Est-ce que ça a servi à quelque chose ?
Je ne sais pas.
J’espère que oui.
J’ai également interpellé d’innombrables personnes chez les capitalistes de la surveillance comme Google et Facebook sur Twitter et – avant mon départ il y a quelques années – sur Facebook, et ailleurs. (Quelqu’un se souvient-il de la fois où j’ai réussi à faire en sorte que Samuel L. Jackson interpelle Eric Schmidt sur le fait que Google exploite les e-mails des gens ?) C’était marrant. Mais je m’égare…
Est-ce que tout cela a servi à quelque chose ?
Je ne sais pas.
J’espère que oui.
Mais voici ce que je sais :
Est-ce que dénoncer les gens me rend malheureux ? Oui.
Est-ce que c’est bien ? Non.
Est-ce que j’aime les conflits ? Non.
Alors, trop c’est trop.
Les gens viennent parfois me voir pour me remercier de « parler franchement ». Eh bien, ce « parler franchement » a un prix très élevé. Alors peut-être que certaines de ces personnes peuvent reprendre là où je me suis arrêté. Ou pas. Dans tous les cas, j’en ai fini avec ça.
Une chose qu’il faut comprendre du capitalisme de surveillance, c’est qu’il s’agit du courant dominant. C’est le modèle dominant. Toutes les grandes entreprises technologiques et les startups en font partie2. Et être exposé à leurs dernières conneries et aux messages hypocrites de personnes qui s’y affilient fièrement tout en prétendant œuvrer pour la justice sociale n’est bon pour la santé mentale de personne.
C’est comme vivre dans une ferme industrielle appartenant à des loups où les partisans les plus bruyants du système sont les poulets qui ont été embauchés comme chefs de ligne.
J’ai passé les huit dernières années, au moins, à répondre à ce genre de choses et à essayer de montrer que la Big Tech et le capitalisme de surveillance ne peuvent pas être réformés.
Et cela me rend malheureux.
J’en ai donc fini de le faire sur des plates-formes dotées d’algorithmes de connards qui s’amusent à m’infliger autant de misère que possible dans l’espoir de m’énerver parce que cela « fait monter les chiffres ».
Va te faire foutre, Twitter !
J’en ai fini avec tes conneries.
À bien des égards, cette décision a été prise il y a longtemps. J’ai créé mon propre espace sur le fediverse en utilisant Mastodon il y a plusieurs années et je l’utilise depuis. Si vous n’avez jamais entendu parler du fediverse, imaginez-le de la manière suivante :
Imaginez que vous (ou votre groupe d’amis) possédez votre propre copie de twitter.com
. Mais au lieu de twitter.com
, le vôtre se trouve sur votre-place.org
. Et à la place de Jack Dorsey, c’est vous qui fixez les règles.
Vous n’êtes pas non plus limité à parler aux gens sur votre-place.org
.
Je possède également mon propre espace sur mon-espace.org
(disons que je suis @moi@mon-espace.org
). Je peux te suivre @toi@ton-espace.org
et aussi bien @eux@leur.site
et @quelquun-dautre@un-autre.espace
. Ça marche parce que nous parlons tous un langage commun appelé ActivityPub.
Donc imaginez un monde où il y a des milliers de twitter.com
qui peuvent tous communiquer les uns avec les autres et Jack n’a rien à foutre là-dedans.
Eh bien, c’est ça, le Fediverse.
Et si Mastodon n’est qu’un moyen parmi d’autres d’avoir son propre espace dans le Fediverse, joinmastodon.org est un bon endroit pour commencer à se renseigner sur le sujet et mettre pied à l’étrier de façon simple sans avoir besoin de connaissances techniques. Comme je l’ai déjà dit, je suis sur le Fediverse depuis les débuts de Mastodon et j’y copiais déjà manuellement les posts sur Twitter.
Maintenant j’ai automatisé le processus via moa.party et, pour aller de l’avant, je ne vais plus me connecter sur Twitter ou y répondre3.
Vu que mes posts sur Mastodon sont maintenant automatiquement transférés là-bas, vous pouvez toujours l’utiliser pour me suivre, si vous en avez envie. Mais pourquoi ne pas utiliser cette occasion de rejoindre le Fediverse et vous amuser ?
Si je pense toujours qu’avoir des bonnes critiques de la Big Tech est essentiel pour peser pour une régulation efficace, je ne sais pas si une régulation efficace est même possible étant donné le niveau de corruption institutionnelle que nous connaissons aujourd’hui (lobbies, politique des chaises musicales, partenariats public-privé, captation de réglementation, etc.)
Ce que je sais, c’est que l’antidote à la Big Tech est la Small Tech.
Nous devons construire l’infrastructure technologique alternative qui sera possédée et contrôlée par des individus, pas par des entreprises ou des gouvernements. C’est un prérequis pour un futur qui respecte la personne humaine, les droits humains, la démocratie et la justice sociale.
Dans le cas contraire, nous serons confrontés à des lendemains sombres où notre seul recours sera de supplier un roi quelconque, de la Silicon Valley ou autre, « s’il vous plaît monseigneur, soyez gentil ».
Je sais aussi que travailler à la construction de telles alternatives me rend heureux alors que désespérer sur l’état du monde ne fait que me rendre profondément malheureux. Je sais que c’est un privilège d’avoir les compétences et l’expérience que j’ai, et que cela me permet de travailler sur de tels projets. Et je compte bien les mettre à contribution du mieux possible.
Pour aller de l’avant, je prévois de concentrer autant que possible de mon temps et de mon énergie à la construction d’un Small Web.
Si vous avez envie d’en parler (ou d’autre chose), vous pouvez me trouver sur le Fediverse.
Vous pouvez aussi discuter avec moi pendant mes live streams S’update et pendant nos live streams Small is beautiful avec Laura.
Des jours meilleurs nous attendent…
Prenez soin de vous.
Portez-vous bien.
Aimez-vous les uns les autres.
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Un porte-conteneurs, en feu depuis dix jours au large de Colombo, menace de se briser et de provoquer une catastrophe environnementale en déversant notamment des centaines de tonnes de fioul dans l’océan Indien.
La Haute Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a souligné ce jeudi qu’elle n’avait pas encore reçu de preuves que les bâtiments visés par les frappes israéliennes sur Gaza étaient utilisés à des fins militaires.
Le président rwandais Paul Kagame explique avoir choisi de reconnaître le travail de la France sur son rôle dans le génocide de 1994, même s’il n’a pas abouti à des excuses
Cinq femmes ont été tuées la semaine dernière par leur conjoint ou ex-conjoint en Espagne. Ces meurtres, auquel s’ajoute celui d’un enfant, portent à 14 le total des féminicides perpétrés depuis le début de l’année dans ce pays.
Avant que le vaccin soit injecté aux adolescents français en revanche, il reste plusieurs étapes à franchir, à commencer par une volonté politique de fournir le vaccin aux jeunes.
Face à ces chiffres, le gouvernement britannique est accusé d’avoir tardé à prendre des mesures pour restreindre l’arrivée de personnes en provenance d’Inde.
Cet arrêt est l’aboutissement de trois procès qui accusaient le régime d’interception massive mis en place par le GCHQ d’être incompatible avec le droit au respect de la vie privée. Ces procès ont eu lieu en 2013 à la suite des révélations d’Edward Snowden
Perplexes, les parents ont pointé du doigt le fait que certaines photos de garçons en maillot de bain avaient été publiées dans l’annuaire sans quelconque modification, souligne le Record de Saint-Augustine. Il faut dire que le code vestimentaire de l’établissement scolaire n’est pas vraiment le même concernant les filles et les garçons.
Le président du Brésil voulait des manifestations de soutien, il a déclenché une vague de contestation. Des dizaines de milliers d’opposants ont crié leur colère samedi dans plusieurs villes du pays.
Samsung, like every manufacturer, should set their old phones free. Open up their bootloaders. Let people use their cameras, sensors, antennas, and screens for all kinds of purposes, using whatever software people can dream up. The world needs fun, exciting, and money-saving ways to reuse older phones, not a second-rate tie-in to yet another branded internet-of-things ecosystem.
Lemonade tweeted about what it means to be an AI-first insurance company. It left a sour taste in many customers’ mouths.
Pour économiser l’énergie mais aussi servir de station météo, faire respecter la distanciation sociale, ou gérer le trafic routier…, nombre de villes travaillent sur le mobilier urbain.
Accusée d’être trop clémente à l’égard de la délinquance en général et des agresseurs de policiers en particulier, la justice nie tout angélisme et refuse d’être « l’otage des joutes électorales ». L’analyse des statistiques pénales lui donne raison.
L’inspection devra toutefois établir quelles suites ont été données à une main courante de la victime visant son compagnon, enregistrée le 14 janvier 2020, et à une plainte qu’elle avait déposée le 26 novembre 2020. “Les deux faisant état de violences verbales ou de harcèlement ou de menaces de mort” […] [le suspect] n’était “pas identifié judiciairement parlant comme un conjoint violent”
Cette Nantaise d’une trentaine d’années avait été harcelée, violentée et menacée de mort par son ex-mari.
« 4 % des femmes hétérosexuelles disent avoir été victimes de viol, contre 10 % des femmes lesbiennes. On ne peut pas faire semblant de ne pas comprendre »
Il n’y aura pas de véritable amélioration tant qu’il n’y aura pas d’enquête systématique sur les violences médicales permettant de créer des statistiques. Surtout, l’urgence est d’améliorer la formation des médecins et des sages-femmes, les sensibiliser aux différentes formes de discriminations, leur apprendre à respecter les corps et les choix de leurs patient.es. Enfin, il faut contrôler davantage les médecins, les sanctionner en cas de refus de soin opposé à des femmes, des trans ou des intersexes en raison de leur précarité, de leur orientation sexuelle, de leur religion, de leur poids, de leur handicap, etc.
Si elle valide son principe, la Cnil juge que le texte qui l’instaure ne présente pas suffisamment de garanties en termes de libertés publiques.
“C’est du pur affichage […] On n’a pas obtenu la loi de programmation pluriannuelle, donc, au-delà de 2022, on ne sait pas ce qui va se passer.”
Soyons honnêtes, Citoyen Darmanin, ce n’est pas la première fois que vous menacez de porter plainte contre une femme pour la faire taire.[…]Il est là, le problème, Citoyen Darmanin : le mélange des genres. L’exécutif qui instrumentalise le judiciaire par manœuvre politicienne.[…]Un État dans lequel il n’est pas permis de critiquer les institutions publiques, après tout, c’est une dictature.
« ce qui est terrible c’est que, malgré le Covid, les hôpitaux manquent toujours terriblement de moyens […] De nombreux soignants démissionnent, les lits ferment faute de personnel, et nous ne sommes plus en mesure de prendre en charge correctement les patients »
L’application par la mairie de Paris de la réforme de transformation de la fonction publique leur ferait perdre huit jours de congés par an. Les éboueurs et les égoutiers ne veulent pas en entendre parler.
“Collectif en lutte” porte aujourd’hui plusieurs revendications. La première et celle sur laquelle veulent à tout prix plancher le mouvement, concerne les tarifs genrés. “Ils mettent en avant deux problèmes majeurs, ce que l’on appelle “la taxe rose”. Pour une même coupe, une femme paiera toujours plus cher qu’un homme et sur le respect du genre de chacun parce que l’on va positionner la personne du côté homme ou du côté femme”
La Cnil veut mettre un terme à l’utilisation par l’enseignement supérieur et de la recherche d’outils collaboratifs proposés par des entreprises américaines car les données ainsi hébergées peuvent être transférées aux autorités américaines. Une période transitoire est prévue avant de basculer tous les services vers des solutions alternatives.
En partenariat avec Microsoft, Bleu proposera mettra à disposition de ses clients les solutions sécurisées cloud du géant américain, en l’occurrence les suites de collaboration et de productivité Microsoft 365 ainsi que l’ensemble des services de la plateforme cloud Microsoft Azure.
Et si, finalement, le projet de numérisation de l’école échouait grâce à la résistance des élèves et des professeur·es ?
La violence étant un instrument essentiel du contrôle masculin sur les femmes, tout « traitement » de cette violence qui n’identifie pas correctement les conditions sociales qui la produisent non seulement ne peut avoir d’impact significatif sur elle mais contribue à la perpétuer en entretenant l’illusion qu’il la réduit.
« L’émancipation nécessite de trouver ce point de basculement où pouvoir et domination se subvertissent eux-mêmes. »[…]La domination au fond c’est ça : l’impossibilité de dire « jette mon livre », s’imposer toujours comme le maître, la personne ou l’instance dont on ne peut pas se passer, à laquelle il faut continûment se référer.
QUIC, déjà largement déployé, peut changer pas mal de choses sur le fonctionnement de l’Internet, en remplaçant, au moins partiellement, TCP.
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).