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Être un géant du mail, c’est faire la loi…

vendredi 17 février 2017 à 13:37

Google, Yahoo, Microsoft (Outlook.com & Hotmail) voient forcément vos emails. Que vous soyez chez eux ou pas, nombre de vos correspondant·e·s y sont (c’est mathématique !), ce qui fait que vos échanges finissent forcément par passer sur leurs serveurs. Mais ce n’est pas là le seul problème.

Quand les facteurs deviennent shérifs…

« Bonjour, c’est moi qui fais la loi ! »
Par Mennonite Church USA ArchivesAlta Hershey, Incoming Mail, 1957, No restrictions, Link

Ça, c’est côté public : « Tout le monde est chez eux, alors au final, que j’y sois ou pas, qu’est-ce que ça change ? ». En coulisses, côté serveurs justement, ça change tout. La concentration des utilisateurs est telle qu’ils peuvent de fait imposer des pratiques aux « petits » fournisseurs d’emails, de listes de diffusion, etc. Ben oui : si vous ne respectez pas les exigences de Gmail, les emails que vous enverrez vers tou·te·s leurs utilisateurs et utilisatrices peuvent passer en spam, voire être tout bonnement bloqués.

Comme pour Facebook, on se trouve face à un serpent qui se mord la queue : « Tous mes amis sont dessus, alors je peux pas aller sur un autre réseau… » (phrase entendue lors des début de Twitter, Instagram, Snapchat, et Framasphère*…). Sauf qu’en perdurant chez eux, on devient aussi une part de la masse qui leur confère un pouvoir sur la gouvernance – de fait – d’Internet !

Il n’y a pas de solutions idéale (et, s’il vous plaît, ne jugeons pas les personnes qui participent à ces silos… elles sont souvent pas très loin dans le miroir 😄) ; mais nous pensons que prendre conscience des enjeux, c’est faire avancer sa réflexion et sa démarche vers plus de libertés.

Nous reprenons donc ici un article de Luc, notre administrateur-système, qui a partagé sur son blog son expérience de « petit » serveur d’email (à savoir Framasoft, principalement pour Framalistes) face à ces Léviathans. Luc ayant placé son blog dans le domaine public, nous nous sommes permis de remixer cet article avec des précisions qu’il a faites en commentaires et des simplifications/explications sur les parties les plus techniques (à grands coups de notes intempestives 😜 ).

Le pouvoir de nuisance des silos de mail

Crédits : Illus­tra­tion de Vincent Van Gogh, Joseph Roulin assis

par Luc Didry, aka Framasky.

Quand on pense aux GAFAM, on pense surtout à leur vilaine habi­tude d’as­pi­rer les données de leurs utili­sa­teurs (et des autres aussi d’ailleurs) mais on ne pense pas souvent à leur poids déme­suré dans le domaine du mail.

Google, c’est gmail, Micro­soft, c’est hotmail, live, msn et je ne sais quels autres domaines, etc. [Outlook.com. On l’oublie souvent. – Note du Framablog]

Tout ça repré­sente un nombre plus que consé­quent d’uti­li­sa­teurs. Google reven­diquait en 2015 900 millions de comptes Gmail. Bon OK, il y en a une part qui ne doit servir qu’à avoir un compte pour son téléphone Android, mais quand même. C’est énorme.

Je n’ai pas de statis­tiques pour Micro­soft et Yahoo, mais c’est pareil : ils pèsent un certain poids dans les échanges mondiaux [nous, on en a trouvé : 1,6 milliard de comptes à eux trois en 2016 – NdF].

Ce qui nous ramène à une situa­tion des plus déplai­santes où un petit nombre d’ac­teurs peut en em***er une multi­tude.

WARNING : la liste à puce qui suit contient des exemples techniques un poil velus. Nos notes vous aideront à y survivre, mais vous avez le droit de la passer pour lire la suite des réflexions de Luc. Ah, et puis il a son franc-parler, le loustic. ^^ – NdF.

Petits exemples vécus :

Pour s’en remettre, voici une image qui fait plaisir…

On peut le voir, le pouvoir de nuisance de ces silos est énorme. Et plus encore dans le cas de Yahoo qui n’im­pacte pas que les commu­ni­ca­tions entre ses serveurs et votre serveur de listes de diffu­sion, mais entre tous les serveurs et votre serveur de listes, pour peu que l’ex­pé­di­teur utilise une adresse Yahoo [on confirme : dès qu’une personne chez Yahoo utilisait Framalistes, ça devenait un beau bord… Bref, vous comprenez. Mais Luc a lutté et a fini par arranger tout cela. – NdF]. Et comme il y a encore pas mal de gens possé­dant une adresse Yahoo, il y a des chances que vous vous rencon­triez le problème un jour ou l’autre.

Je sais bien que c’est pour lutter contre le spam, et que la messagerie propre devient si compliquée que ça pourrait limite devenir un champ d’expertise à part entière, mais le problème est que quand un de ces gros acteurs tousse, ce sont tous les administrateurs de mail qui s’enrhument.

Si ces acteurs étaient de taille modeste, l’en­semble de la commu­nauté pour­rait soit leur dire d’ar­rê­ter leurs bêtises, soit les lais­ser crever dans leurs forte­resses injoi­gnables. Mais ce n’est malheu­reu­se­ment pas le cas. 🙁 « À grand pouvoir, grandes responsabilités »… Je crois avoir montré leur pouvoir de nuisance, j’aimerais qu’ils prennent leurs responsabilités.

Ils peuvent dicter leur loi, de la même façon qu’Internet Explorer 6 le faisait sur le web il y a des années et que Chrome le fait aujourd’hui (n’ayez pas peur, le titre de la vidéo est en anglais, mais la vidéo est en français). C’est surtout ça qui me dérange.

Une seule solu­tion pour faire cesser ce genre d’abus : la dégoo­gli­sa­tion ! Une décen­tra­li­sa­tion du net, le retour à un Inter­net d’avant, fait de petites briques et pas d’im­menses pans de béton.

 

PS : ne me lancez pas sur MailInB­lack, ça me donne des envies de meurtre.

Chez soi comme au bureau, les applications vampirisent nos données

jeudi 16 février 2017 à 09:55

On n’en peut plus des applis ! Depuis longtemps déjà leur omniprésence est envahissante et nous en avons parlé ici et . Comme le profit potentiel qu’elles représentent n’a pas diminué, leur harcèlement n’a fait qu’augmenter

Aujourd’hui un bref article attire notre attention sur les applications comme vecteurs d’attaques, dangereuses tant pour la vie privée que pour la vie professionnelle.

Avertissement : l’auteur est vice-président d’une entreprise qui vend de la sécurité pour mobile…aux entreprises, d’où la deuxième partie de son article qui cible l’emploi des applications dans le monde du travail, et où manifestement il « prêche pour sa paroisse ».

Il nous a semblé que sa visée intéressée n’enlève rien à la pertinence de ses mises en garde.

Article original paru dans TechCrunch : Attack of the apps

Traduction Framalang : dodosan, goofy, savage, xi,  Asta

Quand les applis attaquent

par Robbie Forkish

Ça paraît une bonne affaire : vos applis favorites pour mobile sont gratuites et en contrepartie vous regardez des pubs agaçantes.

Mais ce que vous donnez en échange va plus loin. En réalité, vous êtes obligé⋅e de céder un grand nombre d’informations privées. Les applications mobiles collectent une quantité énorme de données personnelles : votre emplacement, votre historique de navigation sur Internet, vos contacts, votre emploi du temps, votre identité et bien davantage. Et toutes ces données sont partagées instantanément avec des réseaux de publicité sur mobile, qui les utilisent pour déterminer la meilleure pub pour n’importe quel utilisateur, en tout lieu et à tout moment.

Donc le contrat n’est pas vraiment d’échanger des pubs contre des applis, c’est plutôt de la surveillance sur mobile contre des applis. En acceptant des applis gratuites et payées par la pub sur nos mobiles, nous avons consenti à un  modèle économique qui implique une surveillance complète et permanente des individus. C’est ce qu’Al Gore appelait très justement une économie du harcèlement.

Pourquoi nos données personnelles, notre géolocalisation et nos déplacements sont-ils tellement convoités par les entreprises commerciales ? Parce que nous, les consommateurs, avons toujours et partout notre smartphone avec nous, et qu’il transmet sans cesse des données personnelles en tout genre. Si les annonceurs publicitaires savent qui nous sommes, où nous sommes et ce que nous faisons, ils peuvent nous envoyer des publicités plus efficacement ciblées. Cela s’appelle du marketing de proximité. C’est par exemple la pub du Rite Aid (NdT chaîne de pharmacies) qui vous envoie un message téléphonique quand vous circulez dans les rayons : « Vente flash : -10 % sur les bains de bouche ! »

Ça paraît inoffensif, juste agaçant. Mais cela va bien plus loin. Nous avons maintenant accepté un système dans lequel un site majeur de commerce en ligne peut savoir par exemple, qu’une adolescente est enceinte avant que ses parents ne le sachent, simplement en croisant les données de ses achats, son activité et ses recherches. Ce site de vente en ligne peut alors la contacter par courrier traditionnel ou électronique, ou encore la cibler via son téléphone lorsqu’elle est à proximité d’un point de vente. Nous n’avons aucune chance de voir disparaître un jour cette intrusion dans notre vie privée tant que le profit économique sera juteux pour les développeurs d’applications et les agences de publicité.

Un smartphone compromis représente une menace pas seulement pour l’employé visé mais pour l’entreprise tout entière.

D’accord, cette forme de surveillance du consommateur est intrusive et terrifiante. Mais en quoi cela menace-t-il la sécurité de l’entreprise ? C’est simple. À mesure que les appareils mobiles envahissent le monde du business, les fuites de ces appareils ouvrent la porte de l’entreprise aux piratages, aux vols de données et à des attaques paralysantes.

Si par exemple une entreprise laisse ses employés synchroniser leurs agendas et comptes mail professionnels avec leurs appareils mobiles personnels, cela ouvre la porte à toutes sortes de risques. D’un coup, les téléphones des employés contiennent les informations de contact de tout le monde dans l’organisation ou ont la possibilité d’y accéder. À fortiori, n’importe quelle autre application mobile qui demandera l’accès aux contacts et agendas des employés aura accès aux noms et titres des employés de la compagnie, aussi bien qu’aux numéros de toutes les conférences téléphoniques privées. Cette information peut facilement être utilisée pour une attaque par hameçonnage par une application malveillante ou un pirate.

Elles sont jolies les applis, non ? – Image créée par Tanja Cappell (CC BY-SA 2.0)

Pire, de nombreuses applications monétisent leurs bases d’utilisateurs en partageant les données avec des réseaux publicitaires qui repartagent et mutualisent les données avec d’autres réseaux, aussi est-il impossible de savoir exactement où vont les données et si elles sont manipulées de manière sécurisée par n’importe laquelle des nombreux utilisateurs y ayant accès. Tous ces partages signifient qu’un pirate malveillant n’a même pas besoin d’avoir accès au téléphone d’un employé pour attaquer une entreprise. Il lui suffit de pirater un réseau publicitaire qui possède les informations de millions d’utilisateurs et de partir de là.

Les informations volées peuvent aussi être utilisées pour pirater une entreprise au moyen d’une attaque de point d’eau. Supposons par exemple que des membres du comité de direction déjeunent régulièrement dans le même restaurant. Un attaquant qui a accès à leurs données de localisation pourrait facilement l’apprendre. L’attaquant suppose, à raison, que certains membres vont sur le site du restaurant pour réserver une table et regarder le menu avant le repas. En introduisant du code malveillant sur ce site mal défendu, l’attaquant peut compromettre l’ordinateur de bureau ou le téléphone d’un ou plusieurs membres du comité de direction, et de là, s’introduire dans le réseau de l’entreprise.

Un smartphone compromis représente une menace non seulement pour l’employé ciblé mais pour l’entreprise dans son entier. Des informations sur les activités des employés, à la fois pendant leur temps de travail et en dehors, combinées à des courriels, des informations sensibles ou des documents liés à l’entreprise, peuvent avoir des effets dévastateurs sur une organisation si elles tombent entre de mauvaises mains.
Que doivent donc faire les entreprises pour lutter contre cette menace ?

La première étape est d’en apprendre plus sur votre environnement mobile. Votre organisation doit savoir quelles applications les employés utilisent, ce que font ces applications et si elles sont conformes à la politique de sécurité de l’entreprise. Par exemple, existe-t-il une application de partage de documents particulièrement risquée que vous ne voulez pas que vos employés utilisent ? Est-elle déjà utilisée ? Si vous ne savez pas quelles applications vos employés utilisent pour travailler, vous naviguez à l’aveugle et vous prenez de gros risques.

Il est essentiel que votre entreprise inclue la protection contre les menaces sur mobile dans sa stratégie de sécurité générale.

Deuxièmement, vous allez avoir besoin d’une politique sur l’utilisation des appareils mobiles. La plupart des organisations ont déjà mis en place une politique pour les autres plateformes, y compris pour la gestion des pare-feux et le partage de données avec des partenaires de l’entreprise. Par exemple, si vos employés utilisent la version gratuite d’applications approuvées par l’entreprise mais avec publicité, imposez aux employés d’utiliser la version payante afin de minimiser, sinon éliminer, l’envoi aux employés de données non approuvées sous forme de publicités, même si cela n’éliminera pas la collecte incessante de données personnelles et privées.

Ensuite, votre organisation doit informer les employés sur les risques liés aux applications utilisées. Il est dans votre intérêt de donner du pouvoir aux utilisateurs en les équipant d’outils et en les entraînant afin qu’ils puissent prendre de meilleures décisions quant aux applications téléchargées. Par exemple, incitez vos employés à se poser des questions sur les applications qui demandent des permissions. Il existe beaucoup d’applications qui veulent accéder aux données de localisation, aux contacts ou à la caméra. Les employés ne doivent pas dire automatiquement oui. La plupart des applications fonctionneront très bien si la requête est rejetée, et demanderont à nouveau aux utilisateurs si la permission est vraiment nécessaire. Si une application ne dit pas pourquoi elle a besoin de cet accès, c’est mauvais signe.

Enfin, toutes ces questions peuvent être traitées avec une bonne solution de sécurité pour appareils mobiles. Toute entreprise sans solution de protection des appareils mobiles est par définition inconsciente des informations qui lui échappent et ignore d’où viennent les fuites. Elle est donc incapable de répondre aux risques présents dans son environnement. Il est donc essentiel que votre entreprise inclue la protection des appareils mobiles dans sa stratégie de sécurité afin de protéger la vie privée des employés et les données de l’entreprise de la menace toujours plus grande que représentent la surveillance des téléphones et la collecte de données.

Donnons des preuves d’amour au Logiciel Libre ! #ilovefs

mercredi 15 février 2017 à 16:54

Hier, c’était le « I love Free Software Day » (ou #ilovefs pour les intimes). Une occasion de (re-)donner du sens à la Saint-Valentin en déclarant votre amour à tou·te·s les contributeurs, développeuses, traducteurs, intégratrices, designers, autrices… bref, à toutes les personnes qui donnent de leur temps, leur énergie et leur savoir-faire pour faire vivre le Libre.

À nous de vous dire qu’on vous aime !

Souvent on aime, et on râle (sur telle fonctionnalité manquante, telle traduction malencontreuse, tel menu pas intuitif…). Pour cet article, on ne va pas râler, mais envoyer toute la reconnaissance, les encouragements et l’amour que nous portons à ces personnes qui changent nos vies (numériques, mais pas que) une touche de clavier après l’autre.

C’est bien connu : chez Framasoft, on ne développe (quasiment) pas de logiciels. On contribue, bien entendu, de plus en plus et en faisant de notre mieux… Mais il faut bien comprendre que tous les services que nous hébergeons et montrons n’existeraient pas sans les formidables communautés qui les développent, entretiennent et améliorent.

Alors nous saisissons cette occasion (avec un jour de retard -_-‘), car nous avons envie que vous vous joignez à nous pour envoyer vos messages bienveillants, vos contributions et vos dons (pour qui le peut et le veut) envers ces formidables initiatives.

Merci à la FSFe pour cette initiative, cliquez sur l’image pour aller voir leur site ;)

Tout notre amour et nos remerciements à…

NOTES :

  • Cette liste est, et sera toujours, non-exhaustive ^^
  • Nous avons fait de notre mieux pour trouver les liens de donations, parfois il n’y en a pas (tout dépend de chaque initiative), mais si vous en trouvez merci d’amender dans les commentaires, nous corrigerons.
  • De même si vous représentez les initiatives ci dessous et que vous préférez mettre en valeur d’autres liens : dites-le nous dans les com’ ;)
  • Beaucoup de liens mènent vers des sites en anglais, certains vous mèneront vers les comptes twitter des initiatives.

La communauté Etherpad pour Framapad

La communauté Ethercalc pour Framacalc

La communauté Wisemapping pour Framindmap

Les « Logiciels du chapeau » (Lutim, Lufi, LSTU) pour Framapic, Framadrop et Frama.link

Bon, Luc, il est un peu-beaucoup de chez nous, mais il a initialement développé ces projets sur son temps libre, et non en tant qu’administrateur système de Framasoft ;).

La communauté Shaarli (et SebSauvage) pour MyFrama

L’entreprise Nextcloud pour Framadrive et Framagenda

L’entreprise Gitlab pour Framagit

La fondation Diaspora* pour Framasphère*

Le projet Drupal-Webform pour Framaforms

Renater et la communauté Sympa pour Framalistes

La communauté OpenStreetMap & Umap (Yohan) pour Framacarte

La communauté TinyTinyRSS pour Framanews

La communauté Searx pour Framabee/Tonton Roger

La communauté Minetest pour Framinetest

Ali Asaria créateur de Scrumblr pour Framémo

La communauté Privatebin et SebSauvage (again), pour Framabin

La communauté wallabag et Nicosomb pour Framabag

Pour rappel, on a récemment parlé avec Nicolas, membre de Framasoft et créateur de wallabag, dans cet article ;)

La communauté Loomio pour Framavox

L’enterprise Jitsi et la communauté Jitsi Meet pour Framatalk

L’entreprise Mattermost pour Framateam

Frédéric Guillot et la communauté Kanboard pour Framaboard

La communauté SVG-Edit pour Framavectoriel

 

Nous tenons aussi à saluer et à couvrir d’amour Olivier et Antonin qui maintiennent, au sein de Framasoft, le développement de Framadate, ainsi que toutes les personnes dont le travail, la passion, et la ténacité font qu’on peut tous les jours continuer à mettre en valeur une belle trentaine de services et ainsi un peu plus Dégoogliser Internet.

Et on écarte les pattounes ! Allez, encore, encoooore…

 

Surveillons la surve://ance

mardi 14 février 2017 à 10:48
La revue de presse de Jonas@framasoft, qui paraît quand il a le temps. Épisode No 2/n

Effacer n’est pas supprimer : votre historique de Safari demeure longtemps dans iCloud

(Source : Forbes)

Si vous pensez que la suppression de votre historique de navigation sur votre iPhone ou Mac va faire disparaître définitivement vos habitudes en ligne, vous vous trompez. Lourdement. Selon le PDG d’Elcomsoft qui commercialise un outil d’extraction des données du iPhone, Apple stocke l’historique de navigation de Safari dans le iCloud, en remontant à plus d’un an, peut-être bien davantage, même lorsque l’utilisateur a demandé qu’il soit effacé de la mémoire.

Jay Stanley, spécialiste de l’analyse des politiques de confidentialité à l’ACLU (Union américaine pour les libertés civiles), dit que les entreprises doivent être vigilantes et suivre les bonnes pratiques en détruisant vraiment les données des utilisateurs qui le demandent.

Il rappelle : « l’historique de navigation est un ensemble de données extrêmement sensibles. Elles révèlent les centres d’intérêt des personnes, ce qui les préoccupe, un grand nombre des pensées qui les traversent, ainsi que des informations sur leur santé et leur sexualité ».

L’article se termine par une mise à jour rassurante : Apple semble avoir corrigé le problème dans la dernière version de son OS. Cependant il est conseillé aux utilisateurs soucieux de leurs données sensibles de désactiver la synchronisation de Safari avec  iCloud.

Vos comptes Gmail espionnés légalement

(source : Papergeek)

La justice vient de statuer sur les données stockées sur les serveurs de Google, dont celles du très populaire service de messagerie Gmail. Elle a donc décidé de forcer la firme à divulguer les données de n’importe lequel de ses utilisateurs quelle que soit la nationalité, que vous résidiez ou non aux États-Unis. Même si les données en question se trouvent sur des serveurs en dehors du territoire des États-Unis.

« Nersac, un poste optique ». Détail d’une carte postale française de 1910. Domaine public, image procurée par Signal mirror.

Cyber-harcèlement d’état ?

(source : The New York Times)

Au Mexique, les partisans d’une taxe sur les sodas, comme des nutritionnistes ou responsables de la santé publique, sont victimes de messages électroniques inquiétants ou menaçants. La taxe est destinée à réduire la consommation de boissons sucrées et donc l’obésité, mais elle se heurte évidemment aux pressions des géants voisins des boissons gazeuses, pressions relayées semble-t-il par le gouvernement mexicain lui-même.

Les liens envoyés étaient accompagnés d’une forme invasive de logiciels espions développée par NSO Group, un cyber-distributeur israélien qui vend ses outils d’espionnage exclusivement aux gouvernements et qui a des contrats avec plusieurs agences à l’intérieur du Mexique, comme le révèlent des fuites publiées l’an dernier par le New York Times.

NSO Group et les dizaines d’autres « espiogiciels » commerciaux qui sont apparus autour du globe au cours de la dernière décennie opèrent dans un marché largement non réglementé. Les fabricants de ces logiciels espions comme NSO Group, Hacking Team en Italie et Gamma Group en Grande-Bretagne assurent qu’ils vendent des outils uniquement aux gouvernements pour les enquêtes criminelles et terroristes.

Mais les services gouvernementaux ont toute latitude pour décider qui ils veulent on non pirater avec des outils d’espionnage qui peuvent tout pister de leur cible : tous les appels téléphoniques, les textos, les courriels, les frappes au clavier, la localisation, chaque son et chaque image.

Jonas rejeté par la baleine. Enluminure de la Bible de Jean XXII. École française du XIVe siècle – Domaine public (via Wikimédia Commons)

Chroniques du Léviathan

dimanche 12 février 2017 à 17:33

La revue de presse de Jonas@framasoft, qui paraît quand il a le temps

 

« Un cerveau de substitution »

Dans une interview sur les chances qu’a Qwant de rivaliser avec le moteur de recherche de Google, Éric Léandri, co-fondateur de Qwant, déclare :

Vous devez penser à l’Internet non seulement comme un moyen de communication, mais de plus en plus comme à un cerveau de substitution. Les choses qui auraient été gardées dans les limites impénétrables de votre propre esprit, ou dans le sanctuaire de votre maison, sont maintenant envoyées sur des serveurs pour que le monde ou quelques entreprises les voient. Tout ce que nous faisons est de plus en plus stocké et peut être récupéré sur demande.

« Votre historique de navigation suffit à dévoiler votre identité »

D’après un article de The Atlantic, une équipe de chercheurs de Stanford et Princeton a développé un système qui peut connecter votre profil Twitter avec votre nom et votre identité, en examinant seulement votre historique de recherche.

Cela signifie que conserver la confidentialité tout en utilisant Twitter est impossible sans renoncer à ce qui constitue le marqueur du réseau social : sa nature publique et gratuite pour tous.

L’article explique comment l’expérience a été menée et mentionne au passage quelles parades on peut éventuellement utiliser : Privacy Badger et Ghostery
Mais voici la fin de l’article :

Le conseil de sagesse qu’on nous donne généralement est qu’il faut être prudent avec ce que l’on partage. Mais ici, nous montrons que vous pouvez être dés-anonymisé simplement en naviguant et en suivant des comptes, même si vous ne partagez rien.

 « Une fois vos informations stockées, on peut les modifier et en faire ce qu’on veut »

Dans l’hebdomadaire italien La Repubblica, la journaliste Stefania Maurizi interviewe le lanceur d’alerte William Binney. Celui-ci évoque entre autres un programme pour la NSA nommé ThinThread, qu’il avait développé avec son équipe et qui permettait de cibler avec précision la surveillance en visant les activités délictueuses, tout en laissant de côté les données privées.

Quelques extraits de la conversation :

Stefania Maurizi — Après le 11 septembre, la NSA a détourné votre système, supprimé les dispositifs protégeant la vie privée et a utilisé ThinThread pour espionner la population tout entière ?
William Binney — La première chose qu’ils ont faite a été le programme « Stellar Wind » qui visait l’espionnage domestique (…) ils ont supprimé trois fonctionnalités de ThinThread dont l’une était la protection de la vie privée. Au lieu de prendre seulement les données pertinentes ou celles qui étaient très probablement pertinentes, ils ont absolument tout pris et ils ont étendu la surveillance à l’échelle de la planète.
SM — Nous avons constaté dans les seize dernière années que la surveillance de la NSA avait échoué à prévenir des attaques terroristes. Pensez-vous que ce n’est qu’une question de temps avant que la NSA ne soit capable de le faire effectivement, ou bien qu’ils n’en auront jamais les capacités ?
WB — Je pense qu’ils sont condamnés à l’échec, parce qu’ils sont enfermés dans la conviction qu’ils doivent tout collecter (…) Ils sont très bons pour collecter des données, mais ils n’ont fait aucun progrès pour essayer de savoir ce qu’ils peuvent avoir dans les données qu’ils ont collectées.[…]
Ce genre de pouvoir ne devrait pas exister pour aucun gouvernement, parce qu’il crée vraiment un état totalitaire. C’est comme la Stasi dopée aux amphétamines ; au lieu de détenir des dossiers avec des documents sur tout le monde, ils archivent tout ce que vous faites de façon électronique, si bien que le jeu d’informations est beaucoup plus complet, à jour et exploitable, et ils peuvent le manipuler, et faire de vous tout ce qu’ils veulent […]
SM — Donc le problème n’est pas seulement la collecte, mais aussi la manipulation des données ?
WB — Oui. une fois qu’on a stocké les informations, on peut les modifier et en faire ce que l’on veut.

Léviathan dans la fresque « Le Jugement dernier » de Giacomo Rossignolo – CC-BY-SA