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Archipélisation : comment Framasoft conçoit les relations qu’elle tisse

mardi 10 décembre 2019 à 08:51

Afin de clarifier le fonctionnement de nos partenariats, nous souhaitons partager avec vous un concept qui nous semble important : celui d’archipélisation.

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

 

Non, notre objectif n’est pas de continuer à entraîner votre bouche à prononcer des mots difficilement prononçables (comme « Dégooglisation » ou « Déframasoftisation »). Il s’agit plutôt d’aborder la façon dont Framasoft perçoit, et finalement expérimente ses relations avec les tiers.

Cet article, qui montre (un peu) de notre fonctionnement interne, est le fruit d’une réflexion au long cours, qui continue d’évoluer. Il est donc possible que nous n’y soyons pas parfaitement clair·es, mais il nous semblait utile et important de partager notre positionnement actuel.

« Si tu as le cul entre deux chaises, trouve un canapé » (proverbe ébéniste)

Framasoft est avant tout une communauté d’utilisatrices et d’utilisateurs. Cependant, son fonctionnement est clairement celui d’un réseau, non seulement de projets, mais aussi de partenaires. Ainsi, Framasoft bénéficie du soutien de nombreuses organisations (publiques, commerciales, associatives) qui permettent aux projets de croître et de se développer. Les échanges entre Framasoft et ces partenaires se situent donc plutôt du côté de l’amitié, de la reconnaissance, de la confiance mutuelle, ou du sentiment d’avancer ensemble dans la même direction.

Or la position de l’association est complexe : d’un côté nous savons que nous touchons de très nombreuses personnes (autour de 500 000 par mois) et que notre projet associatif est un succès, mais d’un autre côté nous affirmons régulièrement que nous ne souhaitons pas devenir porte-parole de quoi que ce soit, ni détenir un quelconque pouvoir ou position d’autorité en dehors de nos propres projets.

Nous sommes donc tiraillé⋅es entre deux univers : celui de l’association souvent identifiée comme l’une des portes d’entrée francophones aux enjeux du numérique, et celui du groupe d’ami⋅es qui souhaite faire de l’éducation populaire – et donc politique – en apprenant de projet en projet (c’est à dire, souvent, en se plantant et en tirant les enseignements de ses erreurs).

Lutter ensemble, tout en respectant nos différences

Nous avons souvent essayé de résoudre cette tension en adoptant des positions d’équilibriste : « Et eux ? On travaille avec eux ? », « Cette asso fait un gros boulot de fond, mais en interne la gestion semble compliquée. », « On est invité dans ce cadre, très institutionnel. On ne partage pas toutes leurs idées, mais ça peut être aussi l’occasion de faire entendre les nôtres. On y va ou pas ? ». Toutes les associations font face à ce type de problématiques à un moment ou à un autre. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire, ni de cas généralisable à tout un secteur. Pour Framasoft, notre choix actuel est d’assumer que nos réflexions et nos actions se nourrissent de – et se confrontent à – l’expérience du quotidien.

Le premier déclencheur concernant cette réflexion fut peut-être en 2016, alors que nous réfléchissions à la création du collectif CHATONS, et que nous avons rencontré l’association québecoise FACiL. Ces derniers nous ont alors proposé de signer une « convention d’amitié », qui contractualisait notre envie de « faire ensemble » tout en reconnaissant les différences de chaque structure. Ce fonctionnement très simple est à la fois engageant (on signe un document qui engage les deux organisations et qui les lient l’une à l’autre) et, paradoxalement, peu engageant (puisque chaque partie peut mettre fin à la convention, unilatéralement, lorsqu’elle le souhaite). Nous avons, depuis, signé plusieurs de ces « conventions d’amitié » avec d’autres organisations.

Le second déclencheur s’est fait lors du « Forum des Usages Coopératifs » de Brest, en 2018, où nous retrouvions des compagnons de route, comme Laurent Marseault d’Animacoop. Les discussions filaient bon train sur nos capacités à nous mobiliser sur des objectifs communs, tout en reconnaissant que nous n’avions ni les mêmes compétences, ni les mêmes méthodes de travail, ni les mêmes stratégies. Pourtant, nous sentions intuitivement qu’il y avait interdépendance entre leur objet (la formation aux usages coopératifs) et celui de Framasoft (participer à la transformation sociale par le « libre »). Suffisamment bousculé⋅es par ces discussions intenses, nous partagions notre réflexion lors des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre.

Le concept d’archipélisation, appliqué aux relations inter-structures.

 

Le troisième déclencheur, est venu, lui, des lectures d’Édouard Glissant.
Édouard Glissant (1928-2011), écrivain, poète, philosophe martiniquais, est considéré comme l’un des penseurs les plus importants au monde du concept d’archipélisation. C’est aussi un théoricien de la relation, qui est le lieu par excellence de la lutte comme celui de la prédation.

Mais… c’est quoi l’archipélisation ?

L’archipélisation est une métaphore insulaire (rappelons qu’Édouard Glissant est né dans l’archipel des Antilles), ne décrivant pas des entités isolées et évoluant selon leurs propres règles, mais comme un ensemble de petites structures indépendantes dont la capacité de développement repose sur la coopération, la mutualisation.

« J’appelle créolisation la rencontre, l’interférence, le choc, les harmonies et les dysharmonies entre les cultures. » Par ces mots, Édouard Glissant fait de la « créolisation » une décontinentalisation, qu’il nomme archipélisation, et qu’il corrèle à ce qu’il appelle le « tout-monde ». Le monde entier, pour lui, se créolise et s’archipélise.

Une autre façon d’appréhender ce concept est de penser un réseau de petites structures agiles et flexibles reliées entre elles par des outils conviviaux.

Cette notion, si elle est associée à celle des outils conviviaux d’Ivan Illich ou la figure du ryzhome, héritée de Deleuze et Gattari, déjoue l’opposition entre centre et périphérie. Il s’agit donc de passer d’une vision continentale, où on essaye de faire continent tous ensemble, à une « archipélisation » d’îlots de résistance émergents. L’objectif n’est donc plus de construire un mouvement unique, monolithique, mais bien d’envisager l’avancée des luttes sous forme de coopérations entre ces différents îlots, sans essayer de se convaincre de tous faire la même chose.

Évidemment, nous n’avons pas toutes et tous la même histoire, la même capacité de résistance, les mêmes privilèges, les mêmes tempéraments, les mêmes moyens financiers… Mais il nous parait possible de se reconnaître différent⋅es, de respecter la diversité de chacun et chacune dans leurs stratégies et leurs tactiques, tout en partageant des buts communs.

Vidéo PeerTube. Evocation du concept pour Framasoft, lors du Capitole du Libre 2018. (cliquez sur l'image pour voir la vidéo)

Evocation du concept pour Framasoft, lors du Capitole du Libre 2018. (cliquez sur l’image pour voir la vidéo)

 

Baigner dans des eaux communes

Cette notion d’archipélisation nous permet de poser un cadre temporaire de nos relations avec d’autres structures. À la fois une manière de faire collectif (sans forcément penser la même chose), et une manière d’être aux autres (avec ce qu’ils et elles nous apportent, ce que nous leur apportons, sans pour autant les absorber ou être absorbés par elles et eux, sans pour autant les adouber ou être adoubés par elles et eux).

Historiquement, nos premiers partenaires sont issus de la communauté du mouvement libriste (APRIL, AFUL, ALDIL, FFDN, les GULL, Dogmazic, LinuxFr, Sesamath, Wikimedia France, etc.), de défense des internautes (La Quadrature Du Net ou Exodus Privacy) et du mouvement des communs (Savoirs Com1, Le Forum des Usages Coopératifs, La MYNE, etc.).

Framasoft travaille depuis quelques années au développement de partenariats avec des structures proches-mais-pas-libristes, dans l’optique de mettre un pied dans la porte à la fois au bénéfice de Framasoft (qui touche d’autres publics), mais aussi des valeurs du libre, d’une part en créant du lien de la sphère libriste vers d’autres structures, d’autre part en ayant un dialogue rapproché avec elles afin de mieux écouter leurs demandes. L’idée commune reste la même : outiller la société de contribution (ou, si vous préférez, Accompagner celles et ceux qui veulent changer le monde, vers des usages numériques cohérents avec leurs valeurs).

Euh, et concrètement ?

Concrètement, Framasoft a aujourd’hui un partenariat fort avec une structure comme les CEMEA (association d’éducation populaire), sans que cela ne nous empêche de travailler avec d’autres acteurs majeurs de l’éducation populaire comme La Ligue de l’Enseignement (sur un MOOC CHATONS dont nous vous parlions la semaine dernière) ou les CRAJEP (sur le projet Bénévalibre évoqué il y a quelques semaines).

Nous pouvons aussi avoir de belles relations avec Résistance à l’Agression Publicitaire (autour de différents projets, dont Pytitions que nous vous présentions en octobre) ; sans pour autant entrer dans le « tout sauf Qwant » (même si nous demeurons critiques quant à cette entreprise vivant, justement, de la publicité et à ses méthodes de communication et de management).

Nous pouvons avoir notre propre maison d’édition et travailler avec les éditions La Volte sur la question des imaginaires ou celui de la santé.

Nous pouvons accompagner la Fédération Française des Motards en Colère dans sa « dégooglisation » (tout en étant parfaitement conscients que son objet premier est de fédérer les usager⋅es de véhicules utilisant des énergies fossiles), et en parallèle conseiller le mouvement écologiste « Colibris » (là encore, tout en étant critiques sur l’aspect individualiste porté par la fable du Colibri, et vigilant⋅es sur la réputation d’un de ses co-fondateurs, Pierre Rabhi).

Nous pouvons tout à la fois soutenir le programme PANA d’HelloAsso (qui n’a rien d’une asso et tout d’une startup), et annoncer chercher à identifier les acteur⋅ices de la formation au libre. Nous pouvons aussi suivre de près ce que fait la MedNum, et travailler avec des acteurs de terrain comme Ritimo, La Dérivation ou Animacoop.

Naviguer à la boussole de notre éthique et au compas de nos effets

Il ne s’agit pas pour nous de nous cacher derrière du « et en même temps » : nous faisons, quotidiennement, des choix (des choix réfléchis, pesés, informés), qui appuient une stratégie. Nous comprenons que certains acteurs cités ci-dessus paraîtront parfois trop politisés, parfois dépolitisants. Comme lorsque nous annonçons être membre fondateur de L.A. Coalition – qui compte aussi des associations telles que Tous migrants ou Action Droits des Musulmans. Comme lorsque nous réfutons l’opprobre par association (« Le caca de ton partenaire est ton caca »). Comme lorsque nous affirmons que nous refusons de travailler avec l’extrême-droite.

Nos relations partenariales sont le fruit d’une réflexion sur le temps long. Nous pensons qu’il est possible d’agir à certains endroits, tout en étant critique du contexte. Nous concevons aujourd’hui Framasoft comme une île au sein d’un archipel. Tisser des ponts vers d’autres îles où d’autres que nous font d’autres choses, ne signifie pas qu’on y plante notre drapeau (ni qu’on se laisse imposer le leur).

Certaines relations que nous entretenons avec d’autres îles (du même archipel ou d’un autre archipel) peuvent ne pas vous convenir, et vous pouvez donc les critiquer. Nous vous écoutons. Nous vous lisons. Nous discutons même, quand nous le pouvons. Mais nous traçons nos propres limites, nos propres stratégies. Nous ne sommes pas « vous ». Nous sommes là où nous voulons être.

Libriste quittant son archipel pour d’autres militances – Allégorie ;)

C’est bien plus beau lorsque c’est inutile !

Nous répétons souvent « La route est longue, mais la voie est libre ». Mais cela ne signifie pas qu’elle ne soit pas semée d’embûches. :)

Depuis près de 20 ans, Framasoft agit pour promouvoir un numérique émancipateur. Nous avons bien entendu remporté quelques batailles, mais force est de constater que les GAFAM, bien que critiqués de toutes parts quotidiennement, n’ont jamais été aussi puissants et aussi présents. Comment, dans ce cas, ne pas reconnaître que notre combat, s’il n’est pas futile pour autant, nous oblige à beaucoup d’humilité face à l’incertitude de son issue ?

Sur la façon de mener des luttes qui paraissent impossibles, que cela soit contre les géants du numérique, pour des outils libres et conviviaux, ou contre le capitalisme (de surveillance ou pas), nous aimerions citer la militante Corinne Morel-Darleux :

Plus les victoires futures sont hypothétiques, plus on a besoin de s’abreuver à d’autres sources de l’engagement. Il est des combats qu’on mène non pas parce qu’on est sûr de les gagner, mais simplement parce qu’ils sont justes ; c’est toute la beauté de l’engagement politique. Il faut remettre la dignité du présent au cœur de l’engagement : rester debout, digne, ne pas renoncer à la lutte. Il y a toujours des choses à sauver ! C’est une question d’élégance, de loyauté, de courage, valeurs hélas un peu désuètes. Il s’agit d’avoir des comportements individuels en accord avec notre projet collectif, comme l’a formulé l’anarchiste Emma Goldman (1869-1940) : « On peut marier radicalité du fond et aménité de la forme, action radicale et élégance. Je plaide pour le retour du panache ! »

Comme les harmonies et les dysharmonies évoquées par Édouard Glissant, nous reconnaissons le caractère ténu, fluctuant, impermanent, « tremblant » de nos relations avec les autres. Si, comme à nous, cette idée vous paraît pertinente, vous pouvez vous en emparer pour rejoindre ou faire émerger « votre » île, avec ce qu’elle comporte de spécificités en termes de stratégies et de tactiques, puis tisser les liens de votre choix dans un archipel de luttes et de mobilisations collectives auprès des militances qui vous importent.

 

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

Soutenir Framasoft

Illustration d’entête : CC-By David Revoy

Khrys’presso du lundi 9 décembre 2019

lundi 9 décembre 2019 à 07:42

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

Brave New World

Spécial Julian Assange

Spécial France

Spécial réforme des retraites

Spécial chômage

Spécial Grève Générale

Outils et soutiens

Spécial couverture médiatique TV

Spécial violences policières

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Spécial contraception

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Décidément, c'est fou, tout ce qu'il se passe en une semaine !- la personne de droite répond : Si tu en veux encore plus, clique sur ma tasse !
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

Une extension qui meta-press.es à ta disposition

jeudi 5 décembre 2019 à 07:42

La veille sur la presse en ligne est laborieuse et exigeante, mais une extension pour Firefox peut la rendre plus légère, rapide et efficace… et plus éthique que Google News.

Nous rencontrons aujourd’hui Simon Descarpentries pour lui poser des questions sur le module Meta-Press.es qu’il a créé.

 

Bonjour Simon, pourrais-tu nous dire par quels chemins tu es arrivé à Meta-presse.es…

photo noir et blanc de Simon DescarpentriesCommençons par le début : je suis né en 1984 comme la FSF et comme elle, je préfère mes logiciels avec de l’éthique en plus d’un code source accessible (pour reprendre cette belle formule de Pouhiou). J’ai découvert GNU+Linux en l’an 2000, ai adhéré à l’April en 2002, terminé mes études en 2007 et travaillé pour Framasoft de 2009 à 2011. J’ai ensuite rejoint Sopinspace1 jusqu’à sa mise en sommeil 4 ans plus tard et mon entrée dans Acoeuro.com2.

Très tôt j’ai décidé de ne pas pousser le monde dans la mauvaise direction le jour en essayant de compenser les dégâts bénévolement la nuit. Je me suis donc efforcé de gagner ma vie en faisant directement ce qui me semble éthique et via Acoeuro.com j’ai une grande liberté de choix dans mes clients, qui ne sont que des associations, clubs sportifs ou collectivités locales3.

Mais ce n’est pas tout d’en vivre, j’ai aussi toujours eu envie de contribuer au Logiciel Libre en retour. J’ai commencé par des traductions (avec la formidable équipe Framalang), puis me suis attelé à la comptabilité de FDN.fr (pendant 5 ans), j’ai fait un peu de JavaScript pour lancer un widget de campagne de LQDN.fr ou aider à éplucher les 5000 réponses d’une consultation de la Commission Européenne… Mais ça me démangeait toujours.

Je me suis donc également occupé de la revue de presse de La Quadrature du Net pendant 5 ans, et c’est là que m’est venue l’envie de développer une alternative à Google News, afin de libérer l’association de sa dépendance envers un acteur qu’elle critique à juste titre le reste du temps. À la faveur d’un inter-contrats en 2017, j’ai repris mes prototypes précédents de méta-moteur de recherche pour la presse et j’ai exploré sérieusement cette piste.

…tu en arrives ainsi à Meta-Press.es ?

Voilà, j’ai réservé un nom de domaine dès que j’ai eu une preuve de concept fonctionnelle.

Alors c’est quoi exactement ?

Meta-Press.es est un moteur de recherche pour la presse sous forme d’une extension pour Firefox.

Directement depuis notre navigateur, il interroge un grand nombre de journaux4. L’extension récupère les derniers résultats de chaque journal et permet de…

Et comment ça marche au juste ?

Eh bien il faut bien sûr installer l’extension depuis sa page officielle.
Tu ouvres ensuite l’onglet de l’extension en cliquant sur l’icône petite icône de l’extension meta-press.estu saisis les termes de ta recherche, tu précises les sources dans lesquelles chercher : journaux, radios, agrégateurs de publications scientifiques… par défaut tu choisis celles qui sont dans ta langue, et tu lances la recherche.

boutohn d elancement de la rceherche

Meta-Press.es va alors interroger les sources choisies et afficher les résultats.

Quelles différences avec un agrégateur RSS ou une poche-kangourou comme Wallabag ?
Contrairement à un agrégateur de flux RSS, Meta-Press.es donne accès aux contenus qui existaient avant qu’on s’abonne aux flux, puisque Meta-Press.es utilise la fonctionnalité de recherche des journaux. L’extension s’emploie à propager la requête de l’utilisateur auprès de chaque source pour agréger tous les résultats et les trier dans l’ordre chronologique. Google News ne fait pas beaucoup plus en apparence, or ça, n’importe quel ordinateur peut le faire.

Ensuite, Meta-Press.es intègre déjà un catalogue de sources connues (principalement des journaux, mais aussi des radios ou des agrégateurs de publications scientifiques), et est directement capable de chercher dans toutes ces sources, alors qu’un agrégateur de flux RSS doit être configuré flux par flux.

Actuellement, la base contient un peu plus de 100 sources (de 38 pays et en 21 langues), dont déjà 10 % ont été ajoutées par des contributeurs. Ces sources sont organisées par un système d’étiquettes pour les thèmes abordés, la langue ou d’autres critères techniques. Ce système permet d’accueillir toutes les contributions et l’utilisateur choisira ensuite dans quoi il veut chercher.

Apparemment c’est surtout pour faire de la veille sur la presse, est-ce que ça peut intéresser tout le monde ou est-ce un truc de « niche » pour un nombre limité de personnes qui peuvent y trouver des avantages ?

L’extension a été développée avec le cas d’usage de la revue de presse de la Quadrature du Net en tête. On est toujours plus efficace en grattant soi-même là où ça démange.

Mais les journalistes auxquels j’ai présenté Meta-Press.es se sont également montrés enthousiastes, car l’outil renvoie toujours les mêmes résultats quand on fait les mêmes recherches (même si on change d’ordinateur ou de connexion internet). Ce n’est pas le cas quand ils utilisent Google News, car l’entreprise traque leur comportement (historique des recherches, articles consultés) pour renvoyer ensuite des résultats de recherche « personnalisés » (donc différents d’une fois sur l’autre), et surtout, pour vendre aux annonceurs de la publicité ciblée.

Et puis un Mastonaute a récemment trouvé un autre moyen de se servir de Meta-Press.es :

un internaute a testé l’extension pour comparer le nombre de résultats de recherche pour "référendum ADP" et "le grand débat" (le deuxième l’emporte largement.

Au-delà des recherches, ce que permet Meta-Press.es, c’est d’exporter les résultats d’une recherche dans un fichier. On peut ainsi :

• archiver les résultats ;
• les reprendre plus tard (même hors-connexion) ;
• les envoyer à un ami.

On peut également sélectionner les résultats que l’on souhaite exporter. Une sélection exportée au format RSS peut ensuite facilement être ajoutée au flux RSS de la revue de presse d’une association (comme c’est le cas pour LQDN).
Cela épargne les deux-tiers du travail dans ce domaine, qui consistait sinon à copier chaque information (titre, date, source, extrait…) de la page du journal à l’outil générant le flux de la revue de presse.

D’ailleurs, pendant mes années de revue de presse à LQDN, plusieurs associations amies nous ont demandé quels outils on utilisait de notre côté. On a répondu à chaque fois qu’on utilisait plusieurs outils faits main (la nuit par l’un des cofondateurs) emboîtés les uns dans les autres sans documentation technique et que l’essentiel du travail restait fait à la main. C’était frustrant pour tout le monde.

Aujourd’hui, l’outil est là, revenez les amis, nous pouvons désormais tous nous partager Meta-Press.es !

logo de l’extension meta-press.es par Elisa de Guerra-Castro

Logo de l’extension par Elisa de Guerra-Castro

 

———*———*———

Bon, pendant que les plus impatients sont déjà en train de tester l’extension et de s’en servir, nous avons d’autres lecteurs et lectrices un peu plus techniques qui veulent savoir comment ça se passe dans les coulisses, et pour commencer avec quelles briques tu as travaillé…

Techniquement, c’est fait en JavaScript moderne (ECMAScript6/7) avec tous les meilleurs exemples trouvés sur StackOverflow, developer.mozilla.org et surtout les API récentes comme : async/await, <script type= »module »>, fetch, crypto, domParser, XPathEvaluator

Je suppose que certain⋅es vont vouloir ajouter des « sources »…

Le processus de contribution des sources a été simplifié au maximum.

D’ailleurs, la première contribution à Meta-Press.es en a détourné l’usage pour y intégrer une dizaine de sources de publications scientifiques. C’est un cas auquel je n’avais pas pensé en développant Meta-Press.es, mais la contribution s’est facilement intégrée au reste du projet, on a juste eu à y mettre l’étiquette de thème : « science ».

Une source est donc décrite par un objet JSON dans lequel on détaille comment accéder à chaque information dans la page de résultats (par des sélecteurs CSS donc pour pointer les éléments) et éventuellement en ajoutant un retraitement du texte obtenu par motif de remplacement en expression rationnelle. Pour s’exercer, l’ajout d’une source peut se faire directement depuis les paramètres de l’extension (où vous trouverez des conseils et les sources fournies en exemples). Si vous avez un résultat fonctionnel, vous pouvez vous contenter de me l’envoyer simplement par courriel, je m’occuperai de l’intégrer au projet.

J’avais testé en 2013 plusieurs solutions pour voir ce qui était le plus rapide dans le rapatriement et l’analyse des pages web listant les résultats de recherche de chaque source. Entre autres, les pages de résultat sont analysées par Firefox dans ce qu’on appelle un fragment de HTML. Ce dernier n’est pas complètement interprété par le navigateur web (pas de rendu graphique). Entre autres, les images et les feuilles de style de la page ne sont pas chargées. Il n’y en a pas besoin. En se contentant du HTML les choses se passent bien plus rapidement que s’il fallait charger les mégaoctets d’images et de traqueurs des journaux.

En puisant les résultats dans des flux RSS, le traitement devrait aller encore plus vite car la structure XML d’un flux RSS est minimaliste. Mais les serveurs web priorisent mal ces requêtes, alors les flux RSS mettent facilement plus de 10 secondes à arriver.

Une autre question épineuse, liée au JavaScript est celle de l’analyse des dates en format non américain. De nombreuses bibliothèques de fonction existent pour parer aux déficiences de la norme, mais elles sont généralement volumineuses et lentes. Je propose ma propre solution dans ce domaine, avec la fonction JavaScript `month_nb` qui se contente de transformer un nom de mois en son numéro, mais sait le faire pour 69 langues et n’a même pas besoin de connaître la langue du mois à convertir. J’en ai parlé plus longuement sur le site de Meta-Press.es notamment pour détailler l’aspect minimaliste et ré-utilisable de mon approche :  il fallait là aussi « faire rentrer le monde dans un fichier JSON » mais ça c’est bon, c’est fait.

Mais pourquoi avoir choisi une extension pour Firefox plutôt qu’une appli pour Android ou une appli standalone à installer sur son ordinateur… ?

Je faisais tenir mes premiers prototypes dans un unique fichier HTML. Je trouvais ça élégant d’avoir tout dans un seul fichier : le code, l’interface graphique, les données… Et puis un fichier HTML c’est facile à distribuer (par clé USB, en pièce jointe d’un courriel, directement sur le web…). Toutefois, comme je l’ai expliqué dans le billet « Motivations » du blog du projet, une contrainte technique empêchait ce modèle de fonctionner pour Meta-Press.es : on ne peut pas accéder au contenu d’une iframe depuis le JavaScript d’une simple page web.
Et puis j’ai compris qu’avec une extension pour Firefox la contrainte pouvait être levée. J’ai donc tout naturellement continué mon travail dans cette direction, en m’appuyant sur les technologies que je manipule au quotidien : le Web.
Avec un peu de recul, je considère que c’était une excellente idée. Firefox est probablement l’analyseur de HTML le plus rapide au monde, en cours de ré-écriture, par morceaux, en Rust. Piloter cette fusée via un langage de script se révèle à la fois plaisant et efficace.

Si j’avais voulu faire une application à part, j’aurais probablement utilisé le langage Python (dont je préfère la syntaxe, surtout édité avec vim et des tabulations !), mais j’aurais forcément eu à manipuler un analyseur de page web moins rapide et probablement moins à jour.

Ensuite, en tant qu’extension de Firefox, Meta-Press.es est aussi utilisable avec le navigateur web Tor, qui est taillé pour la protection de votre vie privée et installable en quelques clics sur n’importe quel ordinateur et quasiment n’importe que système d’exploitation.
Le navigateur Tor a été inventé en grande partie pour lire la presse en ligne sans être suivi, ni laisser de traces. Les deux font donc la paire. Avec le navigateur Tor les journaux ne savent pas qui vous êtes, et avec Meta-Press.es vous n’avez plus besoin de Google pour les trouver. Retour au modèle du bon vieux journal lu dans le fauteuil du salon, sans autres conséquences, ni à court, ni à long terme.

En ce qui concerne Android, l’extension fonctionne parfaitement une fois installée sur Firefox pour Android (ou la version IceCatMobile en provenance de la logithèque libre pour Android : F-Droid.org).

Mozilla offre l’avantage de fournir l’infrastructure de distribution du programme et un référencement (l’extension est facile à retrouver via le moteur de recherche d’addons.mozilla.org avec les mots-clés « meta presse »). Mozilla gère les mise à jour, des retours utilisateurs rapides ou complets via les commentaires, la notation par étoiles et même une porte de collecte de dons pour soutenir le projet — qui fonctionne très bien ;-).

Si l’on ajoute la documentation et les recommandations suite à l’analyse du code (automatique mais aussi effectuée par des humains), c’est une plateforme très accueillante.

Dans l’actualité récente les éditeurs de presse en ligne français étaient en conflit avec Google et son moteur de recherche. Est-ce que de nouvelles contraintes légales ne vont pas impacter Meta-Press.es ?

Oui, j’ai suivi ce feuilleton, et non ça ne devrait avoir de conséquence pour Meta-Press.es.
Pour reprendre un peu le sujet, tout se joue autour de la directive européenne sur les éditeurs de presse en ligne, que les élites du gouvernement se sont empressées de transposer en droit français, pour l’exemple et avec de grandes annonces.
Cet épisode a donné lieu en septembre à de savoureux échanges entre Google et les éditeurs. Le fond du problème était que les éditeurs, déjà sous perfusion de l’État, ont cru qu’ils pourraient taxer Google aussi (en améliorant la rente de leur situation, plutôt qu’en s’adaptant à un monde qui change), au moins pour un montant proportionnel à l’extrait d’article que Google republie chez lui, à côté de ses publicités, et dont de plus en plus de lecteurs se contentent (comme je l’ai détaillé dans ce commentaire sur LinuxFR.org).

Ça m’a fait bizarre, mais c’est Google que j’ai trouvé de bonne foi pour le coup : aucune raison de payer la rançon. Le géant américain a d’ailleurs simplement répliqué en retirant les extraits visés, en publiant des stats sur la faible consultation des résultats de Google News sans extrait, et en indiquant que pour un retour aux affaires il suffisait de préciser son accord via un fichier hébergé par chaque journal (une directive du fameux robot.txt).
En deux semaines la moitié des éditeurs avaient autorisé Google à reprendre gratuitement les extraits, au bout d’un mois tous avaient rejoint le rang. Tout ce travail législatif international pour en arriver là : un communiqué de presse du moteur de recherche et des redditions sans condition de la presse.

Aujourd’hui c’est facile à dire, mais je pense que les éditeurs n’ont pas pris le bon chemin… Au lieu d’essayer de jouer au plus malin et de perdre magistralement5, ils devraient chercher à s’émanciper de cet intermédiaire qui valorise sa pub avec leurs contenus. Un moyen de se débarrasser de cet intermédiaire, ce serait de développer eux-mêmes un Meta-Press.es, rien ne l’empêche techniquement. Après, j’ai quelques années d’avance, mais rien ne les empêche non plus de me soutenir.

Je me suis logiquement fait quelques sueurs froides, inquiet de voir bouger l’horizon juridique d’un projet sur lequel je me suis attelé depuis plusieurs années. Mais je vais pouvoir laisser les extraits de résultats de recherche dans Meta-Press.es, car cet outil n’entre pas dans le périmètre d’application de la loi, qui ne vise que les plateformes commerciales, ce que n’est pas Meta-Press.es. De plus, Meta-Press.es ne publie rien, tout se passe entre le navigateur d’un internaute et les journaux, pas d’intermédiaire.

Pas d’intermédiaire, mais plein d’idées pour continuer le développement de l’outil ?

Ça oui ! À commencer par l’indispensable mise en place d’un cadriciel (framework) de test automatisé des sources, pour tenir toute la collection à jour en détectant celles dont la présentation des résultats a changé et doit être revue.
Ensuite, j’ai déjà évoqué l’ajout d’un format d’export CSV ou la présentation de l’extension sur écran de téléphone, mais l’outil pourrait par exemple également être internationalisé pour en diffuser plus largement l’usage.
Une grande idée serait d’implémenter un test de rapidité de réponse des sources, pour ne retenir que les sources qui répondent rapidement chez vous.
La possibilité de récupérer plus que les 10 derniers résultats de chaque source est également sur les rails, et en fait malheureusement, la TODO-list du projet ne fait que s’agrandir au fur et à mesure que je travaille à la réduire…

Comment vois-tu la suite pour Meta-presse.es ?

Meta-Press.es n’est pas une grande menace pour Google, mais c’est une alternative techniquement viable.

Il faut maintenant faire l’inventaire des journaux du monde6 et mettre cet index en commun dans le dépôt des sources de Meta-Press.es. Je n’y arriverai pas seul, mais je suis bien déterminé à faire cette part de dé-Google-isation de l’internet7 et à la faire bien, dans la plus pure tradition Unix (une chose à la fois, mais bien faite).

Cela fait déjà des années que je travaille sur Meta-Press.es et je porterai ce projet le plus loin possible. Avec moi une contribution n’est jamais gaspillée. Alors je compte sur vous pour m’aider à indexer la presse en ligne.

Je vous encourage à bidouiller votre source préférée et à me l’envoyer si elle fonctionne ou si vous avez besoin d’un coup de pouce pour terminer. Indiquez-moi par courriel les sources à flux RSS que vous avez trouvées car elles sont très rapides à intégrer, et normalement stables dans le temps8.

Cet inventaire, réalisé pour un projet libre et fait dans un format standard (JSON) sera réutilisable à volonté. C’est une autre garantie qu’aucune contribution ne sera perdue.

D’autres malices dans ta boîte à projets ?

Avec les connaissances acquises en développement d’extension pour Firefox, il y a d’autres problèmes auxquels j’aimerais proposer des solutions… Je pense par exemple au paiement en ligne sur le Web. C’est parce qu’il n’y a pas de moyen simple de payer en un clic que la plupart des éditeurs de contenus s’empressent de grever leurs œuvres de publicité, parce que ça, au moins, ça rapporte, et sans trop d’efforts.

Une solution pourrait être proposée sous la forme d’une extension de Firefox. Une extension qui lirait le contenu des liens affublés du protocole payto : (comme il existe déjà le mailto :), ouvrirait une fenêtre de sélection de banque, proposerait de vous loguer sur votre compte via le site officiel de votre banque, et vous avancerait en lecture rapide jusqu’à la validation d’un virement bancaire, pour le destinataire précisé dans le lien payto :, pour le montant, le libellé et la devise précisée.

Dans l’idéal, les banques proposeraient une interface pour faire ça facilement, mais elles ne le font pas, et on n’en a pas forcément besoin pour que ça marche, il suffit d’arpenter leur interface web comme on le fait pour les résultats de recherche des journaux avec Meta-Press.es.

Coupler cette idée avec les virements rapides que les banques sont en train de concéder pour faire face au Bitcoin, et voilà, le Web serait réparé…

S’il y a des financeurs que ça intéresse, moi je sais faire…

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MOOC CHATONS : un parcours pédagogique pour favoriser l’émancipation numérique

mercredi 4 décembre 2019 à 12:56

Avec la Ligue de l’Enseignement, nous travaillons depuis plus d’un an à concevoir et à réaliser un parcours pédagogique en ligne sur « Pourquoi et comment nous pouvons reprendre le contrôle d’Internet ».

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

C’est l’histoire d’un MOOC…

Faire de l’éducation populaire aux enjeux du numérique, aujourd’hui, induit d’expliquer pourquoi et comment nous pourrions reprendre le contrôle d’Internet.

L’idée est née en 2016 : associer les savoirs-faire de La Ligue de l’Enseignement, fédération nationale d’éducation populaire, et l’expérience de Framasoft pour créer un cours ouvert en ligne à suivre librement (aussi appelé MOOC). Dès le début, l’ambition a été de rassembler des ressources existantes (conférences, articles, ouvrages, etc.), d’en créer de nouvelles et de les organiser pour favoriser l’émancipation numérique.

Il ne s’agit pas ici d’un MOOC classique, avec un accompagnement pédagogique contraint à un calendrier… Chez Framasoft, au lieu de MOOC, on s’amuse même à parler d’un « Librecours », terme emprunté à la plateforme https://librecours.net/ de l’Université de Technologie de Compiègne. Mais le terme « MOOC » est installé dans le paysage de la formation en ligne depuis plusieurs décennies, et il nous a donc semblé plus simple de garder cette appellation.

L’objectif de ce MOOC, qui comportera à terme trois modules, est d’accompagner les personnes qui souhaiteraient :

Mais pour le moment, nous n’annonçons que l’ouverture du premier module, intitulé « Internet : pourquoi et comment reprendre le contrôle ? » (attention, comme indiqué en conclusion, ce module est encore en version bêta, et devrait être achevé en janvier 2020).

Pour ce premier module introductif, nous souhaitions dépeindre le paysage numérique actuel à un public le plus large possible, en faisant écho à l’ouvrage « Numérique : reprendre le contrôle », issu d’un collectif d’auteur⋅ices et paru en 2016 dans notre collection Framabook.

Quelles sont les raisons qui peuvent nous mener à vouloir émanciper nos pratiques numériques ? Comment s’organiser pour le faire ? Quels outils et savoirs-faire techniques sont à notre disposition ? C’est précisément ces questions qui seront abordées dans le premier module de ce MOOC.

Cliquez sur le panneau pour aller découvrir la plateforme mooc.chatons.org et vous inscrire au premier module (en construction).

Quand la loi de Murphy s’en mêle

Grâce à un financement de la fondation Afnic obtenu en 2018, nous nous sommes donc lancés dans la réalisation de ce premier module il y a presque deux ans. La Ligue de l’Enseignement a rassemblé autour d’une table de nombreux partenaires pour imaginer ensemble un séquençage pédagogique décrivant les différents types de domination que les géants du web exercent sur nos sociétés… et les pistes de réflexions et d’expériences qui permettent de s’en extraire.

Depuis cette réunion, évidemment, rien ne s’est passé comme prévu ! Il y a eu les plannings hyper remplis qui rendent difficile de trouver le moment où tout le monde peut s’accorder. Il y a eu les problèmes qui peuvent advenir dans les vies personnelles de chacun·e. Il y a aussi eu nos tâtonnements pour trouver un séquençage pédagogique pertinent (dans la mesure de nos capacités) et pour réaliser une plateforme adéquate et agréable (avec le logiciel libre Moodle).

On ne va pas vous refaire tout l’historique (qui est disponible, en toute transparence, sur le forum du collectif CHATONS), mais disons qu’en somme, nous avons pris plus d’un an de retard.

Aujourd’hui, nous vous présentons donc la version bêta de ce premier module. Oui, la peinture est fraîche, oui les contenus vont être enrichis et évoluer au fil des contributions… Cependant nous sommes fièr⋅es de cette première proposition !

MOOC #1.1.4 Médias sociaux

MOOC CHATONS #1.1.4 Médias sociaux

Décrire le paysage numérique actuel avec de nombreuses voix

Entre 2018 et 2019, nous sommes allé·es interroger plus de dix personnes qui, chacune à leur manière, ont contribué à la culture du libre, des communs et de la bidouille. Nous les remercions chaudement de s’être soumis·es à l’exercice difficile de l’entrevue vidéo et d’avoir accepté que leurs propos soient diffusés sous licence libre.

Militant·es des mondes du logiciel libre et des communs, personnes travaillant dans l’éducation académique et populaire… Les intervenant·es de notre MOOC ont des parcours variés et des points de vue complémentaires.

Pour le plaisir, voici la première vidéo de ce Libre Cours

Leurs regards croisés sur le paysage numérique actuel sert à dépeindre, sur chaque vidéo, un détail de notre monde numérique, que l’on aborde petit bout par petit bout, pour que même une personne néophyte puisse en comprendre les contenus. L’ensemble des vidéos réalisées pour ce cours se retrouve facilement sur la fédération PeerTube, puisqu’elles sont publiées sur une chaîne dédiée de Framatube.

mooc.chatons.org, l’adresse à partager !

En créant un compte sur mooc.chatons.org, vous pourrez vous inscrire au premier module Internet : pourquoi et comment reprendre le contrôle ? La plateforme vous permettra de suivre les leçons de chaque séquence en toute autonomie, vous auto-évaluer et trouver de l’entraide sur le forum et le wiki.

Chaque leçon est structurée de la même façon. On commence par regarder une vidéo introductive de quelques minutes. On se plonge ensuite dans la lecture d’un texte détaillé et illustré afin de mieux comprendre le sujet traité. Et si l’on souhaite approfondir ses connaissances, c’est possible grâce aux ressources recommandées dans la partie « pour aller plus loin ».

Une fois que l’on a consulté l’ensemble des leçons d’une séquence, on peut auto-évaluer ses acquis via un questionnaire à choix multiples et partager ses avis et points de vue entre apprenantes et apprenants.

Première séquence du premier module de ce MOOC (cliquez pour le parcourir)

Donner libre cours à l’enrichissement commun

Voilà plus de cinq ans que Framasoft se forme et informe au sujet de comment Internet a été transformé par l’appétit des géants du web. Nous sommes heureux et heureuses de présenter aujourd’hui un nouvel outil sur le sujet, un outil que l’on espère facile d’accès même pour les personnes qui n’y connaissent pas grand chose.

Ne nous cachons rien, la peinture est fraîche et le travail sur ce premier module est loin d’être fini. La première séquence est assez aboutie, mais les secondes et troisièmes séquences pédagogiques (Les GAFAM, c’est quoi ? et C’est quoi les solutions ?) sont encore en cours de rédaction (nous espérons les finaliser d’ici janvier 2020), le lexique et les présentations des intervenant·es n’en sont qu’à leur premier jet… Il s’agit donc bien d’une version bêta !

Quand aux modules 2 (« Créer son chaton ») et 3 (« Administration technique d’un chaton »), et bien… il faudra patienter ! Tout d’abord, ces modules ne sont pas encore financés (et nous ne savons pas s’ils le seront un jour). Ensuite, comme vous avez pu le lire dans nos différents articles des « Carnets de Contributopia », et notamment dans celui intitulé « Ce que Framasoft pourra faire en 2020 », vous aurez compris que notre programme est déjà lourdement chargé pour notre petite association (même si nous pourrons évidemment faire appel aux membres du collectif CHATONS pour nous prêter main forte).

Enfin, comme il s’agit de la production de notre premier parcours pédagogique, nous attendons de collecter les retours d’expériences pour savoir si ces modules répondent à un besoin (ou pas), si cela ouvre des pistes de collaboration et contribution (ou pas), si nous nous sommes complètement plantés (ou pas).

Le MOOC CHATONS, illustré par David Revoy (CC-By)

 

Concernant ce premier module, nous voulions présenter au plus vite une proposition initiale pour qu’elle puisse ensuite être peaufinée et enrichie collectivement, de plusieurs manières :

Nous espérons donc qu’un grand nombre d’entre vous s’empareront de ce parcours pédagogique et nous feront des retours afin que l’on puisse l’améliorer… Jusqu’à parvenir, prochainement, à une version que l’on pourrait fièrement proposer en réponse à nos proches qui nous demandent souvent : « Non mais tu peux me redire pourquoi c’est important, là, ton truc de libertés numériques ? ».

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

Soutenir Framasoft

Illustration d’entête : CC-By David Revoy

Khrys’presso du lundi 2 décembre 2019

lundi 2 décembre 2019 à 07:42

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

Brave New World

Spécial Julian Assange

Spécial .org

Logo de save .org

Spécial France

Un personnage sarcastique : ils ont oublié le conseil le plus évident : ne pas acheter ces cochonneries

Spécial Gilets Jaunes & politiques répressives

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Décidément, c'est fou, tout ce qu'il se passe en une semaine !- la personne de droite répond : Si tu en veux encore plus, clique sur ma tasse !
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).