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Le transit, c’est important 🙂

lundi 27 mars 2017 Ă  18:02

Non, nous n’allons vous parler de fibres (quoique). C’est du transit d’Internet que nous allons parler. Ou plutĂŽt, nous allons laisser StĂ©phane Bortzmeyer en parler.

Son article nous a sĂ©duits, aussi bien par la thĂ©matique abordĂ©e (on ne se refait pas, quand les GAFAM menacent l’avenir d’Internet, on aime bien que ce soit dit 😃) que par son aspect didactique, truffĂ© d’hyperliens permettant Ă  tout un chacun de le comprendre. Nous le reproduisons ici, avec son aimable permission et celle de la licence (libre, bien sĂ»r) de l’article, la GFDL et avec quelques photos en plus (dont un chaton, je viens de dire qu’on ne se refaisait pas 😁).

Stéphane Bortzmeyer est bien connu du milieu technique pour ses articles sur les RFC (Request For Comments) et autres articles techniques plutÎt que pour des textes à destination de la famille Dupuis-Morizeau mais ses fiches de lecture pourraient bien les intéresser.

Carte de l’Internet : vous ĂȘtes ici.

Le transit Internet est-il vraiment mort ?

À la rĂ©union APRICOT / APNIC du 20 fĂ©vrier au 2 mars, Ă  HĂŽ-Chi-Minh-Ville, Geoff Huston a fait un exposĂ© remarquĂ©, au titre provocateur, « The death of transit Â». A-t-il raison de prĂ©dire la fin du transit Internet ? Et pourquoi est-ce une question importante ?

Deux petits mots de terminologie, d’abord, s’inscrivant dans l’histoire. L’Internet avait Ă©tĂ© conçu comme un rĂ©seau connectant des acteurs relativement Ă©gaux (par exemple, des universitĂ©s), via une Ă©pine dorsale partagĂ©e (comme NSFnet). Avec le temps, plusieurs de ces Ă©pines dorsales sont apparues, l’accĂšs depuis la maison, l’association ou la petite entreprise est devenu plus frĂ©quent, et un modĂšle de sĂ©paration entre les FAI et les transitaires est apparu. Dans ce modĂšle, le client se connecte Ă  un FAI. Mais comment est-ce que les FAI se connectent entre eux, pour que Alice puisse Ă©changer avec Bob, bien qu’ils soient clients de FAI diffĂ©rents ? Il y a deux solutions, le peering et le transit. Le premier est l’Ă©change de trafic (en gĂ©nĂ©ral gratuitement et informellement) entre des pairs (donc plus ou moins de taille comparable), le second est l’achat de connectivitĂ© IP, depuis un FAI vers un transitaire. Ces transitaires forment donc (ou formaient) l’Ă©pine dorsale de l’Internet. Le modĂšle de l’Internet a Ă©tĂ© un immense succĂšs, au grand dam des opĂ©rateurs tĂ©lĂ©phoniques traditionnels et des experts officiels qui avaient toujours proclamĂ© que cela ne marcherait jamais.

Mais une autre Ă©volution s’est produite. Les utilisateurs ne se connectent pas Ă  l’Internet pour le plaisir de faire des ping et des traceroute, ils veulent communiquer, donc Ă©changer (des textes, des images, des vidĂ©os
). À l’origine, l’idĂ©e Ă©tait que l’Ă©change se ferait directement entre les utilisateurs, ou sinon entre des serveurs proches des utilisateurs (ceux de leur rĂ©seau local). Le trafic serait donc Ă  peu prĂšs symĂ©trique, dans un Ă©change pair-Ă -pair. Mais les choses se ne passent pas toujours comme ça. Aujourd’hui, il est de plus en plus frĂ©quent que les communications entre utilisateurs soient mĂ©diĂ©es (oui, ce verbe est dans le Wiktionnaire) par des grands opĂ©rateurs qui ne sont pas des opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©communication, pas des transitaires, mais des « plates-formes Â» comme les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). La communication entre utilisateurs n’est plus pair-Ă -pair mais passe par un intermĂ©diaire. (On peut parler d’un Minitel 2.0.)

Non, on n’a pas trop envie d’un Internet Ă  la Minitel 2.0

Bon, mais quel rapport avec l’avenir de l’Internet ? Mes lect·eur·rice·s sont trĂšs cultivé·e·s et savent bien que le Web, ce n’est pas l’Internet, et que le fait que deux utilisateurs de Gmail passent par Gmail pour communiquer alors qu’ils sont Ă  100 mĂštres l’un de l’autre n’est pas une propriĂ©tĂ© de l’Internet. (Les ministres et la plupart des journalistes n’ont pas encore compris cela, mais ça viendra). L’Internet continue Ă  fonctionner comme avant et on peut toujours faire du BitTorrent, et se connecter en SSH avec un Raspberry Pi situĂ© Ă  l’autre bout de la planĂšte (notez qu’il s’agit de l’Internet en gĂ©nĂ©ral : dans la quasi-totalitĂ© des aĂ©roports et des hĂŽtels, de nombreux protocoles sont interdits. Et ces malhonnĂȘtes osent prĂ©tendre qu’ils fournissent un « accĂšs Internet Â»).

C’est lĂ  qu’on en arrive Ă  l’exposĂ© de Huston. Il note d’abord que les sites Web qui ne sont pas dĂ©jĂ  chez un GAFA sont souvent hĂ©bergĂ©s sur un CDN [un rĂ©seau de diffusion de contenu, Note du Framablog]. Ensuite, il fait remarquer que les GAFA, comme les CDN, bĂątissent de plus en plus leur propre interconnexion. À ses dĂ©buts, Google Ă©tait une entreprise comme une autre, qui achetait sa connectivitĂ© Internet Ă  un fournisseur. Aujourd’hui, Google pose ses propres fibres optiques (ou achĂšte des lambdas) et peere avec les FAI : encore un peu et Google n’aura plus besoin de transit du tout. Si tous les GAFA et tous les CDN en font autant (et la plupart sont dĂ©jĂ  bien engagĂ©s dans cette voie), que deviendra le transit ? Qui pourra encore gagner sa vie en en vendant ? Et si le transit disparaĂźt, l’architecture de l’Internet aura bien Ă©tĂ© modifiĂ©e, par l’action de la minitĂ©lisation du Web. (Je rĂ©sume beaucoup, je vous invite Ă  lire l’exposĂ© de Huston vous-mĂȘme.)

Notez que Huston n’est pas le premier Ă  pointer du doigt cette Ă©volution. Plusieurs articles moins flamboyants l’avaient dĂ©jĂ  fait, comme les dĂ©jĂ  anciens « The flattening internet topology : natural evolution, unsightly barnacles or contrived collapse ? Â» ou « Internet Inter-Domain Traffic Â». Mais Huston rĂ©ussit toujours mieux Ă  capter l’attention et Ă  rĂ©sumer de maniĂšre percutante un problĂšme complexe.

Alors, si Huston a raison, quelles seront les consĂ©quences de la disparition du transit ? Huston note qu’une telle disparition pourrait rendre inutile le systĂšme d’adressage mondial (dĂ©jĂ  trĂšs mal en point avec l’Ă©puisement des adresses IPv4 et la prĂ©valence du NAT), voire le systĂšme de nommage mondial que fournit le DNS. Le pair-Ă -pair, dĂ©jĂ  diabolisĂ© sur ordre de l’industrie du divertissement, pourrait devenir trĂšs difficile, voire impossible. Aujourd’hui, mĂȘme si 95 % des utilisateurs ne se servaient que des GAFA, rien n’empĂȘche les autres de faire ce qu’ils veulent en pair-Ă -pair. Demain, est-ce que ce sera toujours le cas ?

Mais est-ce que Huston a raison de prĂ©dire la mort du transit ? D’abord, je prĂ©cise que je suis de ceux qui ne croient pas Ă  la fatalitĂ© : ce sont les humains qui façonnent l’histoire et les choses peuvent changer. DĂ©crire la rĂ©alitĂ©, c’est bien, mais il faut toujours se rappeler que c’est nous qui la faisons, cette rĂ©alitĂ©, et que nous pouvons changer. Essayons de voir si les choses ont dĂ©jĂ  changĂ©. Huston aime bien provoquer, pour rĂ©veiller son auditoire. Mais il faut bien distinguer l’apparence et la rĂ©alitĂ©.

Les observateurs lĂ©gers croient que tout l’Internet est Ă  leur image. Comme eux-mĂȘme ne se servent que de Gmail et de Facebook, ils expliquent gravement en passant Ă  la tĂ©lĂ© que l’Internet, c’est Google et Facebook. Mais c’est loin d’ĂȘtre la totalitĂ© des usages. Des tas d’autres usages sont prĂ©sents, par exemple dans l’Ă©change de donnĂ©es entre entreprises (y compris via d’innombrables types de VPN qui transportent leurs donnĂ©es
 sur Internet), les SCADA, BitTorrent, la recherche scientifique et ses pĂ©taoctets de donnĂ©es, les rĂ©seaux spĂ©cialisĂ©s comme LoRa, les chaĂźnes de blocs, et ces usages ne passent pas par les GAFA.

Peut-on quantifier ces usages, pour dire par exemple, qu’ils sont « minoritaires Â» ou bien « un dĂ©tail Â» ? Ce n’est pas facile car il faudrait se mettre d’accord sur une mĂ©trique. Si on prend le nombre d’octets, c’est Ă©videmment la vidĂ©o qui domine et, Ă  cause du poids de YouTube, on peut arriver Ă  la conclusion que seuls les GAFA comptent. Mais d’autres critĂšres sont possibles, quoique plus difficiles Ă  Ă©valuer (le poids financier, par exemple : un message d’une entreprise Ă  une autre pour un contrat de centaines de milliers d’euros pĂšse moins d’octets qu’une vidĂ©o de chat, mais reprĂ©sente bien plus d’argent ; ou bien le critĂšre de l’utilitĂ© sociale). Bref, les opĂ©rateurs de transit sont loin d’ĂȘtre inutiles. L’Internet n’est pas encore rĂ©duit Ă  un Minitel (ou Ă  une tĂ©lĂ©vision, l’exemple que prend Huston qui, en bon australien, ne connaĂźt pas ce fleuron de la technologie française.)

La photo d’un chaton est-elle plus utile socialement qu’un contrat de plusieurs milliers d’euros ? Vous avez deux heures.

Merci Ă  Antoine Fressancourt, JĂ©rĂŽme Nicolle, Pierre Beyssac, RaphaĂ«l Maunier, Olivier Perret, ClĂ©ment Cavadore et Radu-Adrian Feurdean pour leurs remarques intĂ©ressantes. Aucune de ces conversations avec eux n’est passĂ©e par un GAFA.

Cet article est distribué sous les termes de la licence GFDL

Stéphane Bortzmeyer

CrĂ©dits :

Libertés numériques : un guide Framabook pour nos vies numériques !

jeudi 23 mars 2017 Ă  18:03

Notre Framatophe a prĂ©parĂ© un manuel de l’Internet Ă  l’intention des Dupuis-Morizeau, cette sympathique famille de français moyens que nous chahutons chouchoutons Ă  longueur d’annĂ©e. Ce n’est surtout pas un livre « pour les nuls Â» (ça va couper, chĂ©rie) mais un bouquin pour ne plus surfer idiot.

Tiens, mĂȘme nous qu’on est des geeks, on a appris des trucs.

Comme tous les Framabook, le livre numĂ©rique se tĂ©lĂ©charge librement et gratuitement, et sa version papier peut s’acheter facilement !

Sauf que ce guide pratique a un avantage de plus : celui d’ĂȘtre disponible ici sous forme de documentation, une documentation que vous pouvez amĂ©liorer en allant sur ce git.

Pour mieux comprendre comment tout ceci a Ă©tĂ© conçu, allons papoter avec son auteur, Christophe Masutti, aussi connu sous le sobriquet de Framatophe !

 

Internet pour les quarks : l’interview

Framatophe, on va se tutoyer, hein
 Peux-tu te prĂ©senter en expliquant tes diverses activitĂ©s au sein de Framasoft ?

Je suis arrivĂ© dans l’aventure Framasoft Ă  l’occasion d’un livre, la biographie de Richard Stallman retravaillĂ©e avec lui-mĂȘme. Comme cela m’avait pas mal occupĂ©, et comme j’ai quelques compĂ©tences en la matiĂšre, j’ai d’abord travaillĂ© sur le projet Framabook. Petit Ă  petit, les membres de Framasoft sont devenus des amis, j’ai intĂ©grĂ© le conseil d’administration et je crois bien que c’est de pire en pire, avec toutes ces nouvelles idĂ©es rĂ©volutionnaires (dĂ©googliser Internet, il fallait ĂȘtre gonflĂ©, pour laisser passer cela, non ?), j’ai une deuxiĂšme vie, quoi
 De maniĂšre plus pratique, cette annĂ©e, je suis surtout occupĂ© par la co-prĂ©sidence de Framasoft, le comitĂ© ressources humaines, les partenariats/stratĂ©gie, le projet Framabook, le projet Framalibre, et puis partout oĂč je peux ĂȘtre utile, comme les autres Framasoftiens, donc.

Tu nous prĂ©sentes un manuel pour les Dupuis Morizeau
 C’est encore un de ces trucs « pour les nuls Â» oĂč on va se sentir minables si on fait les choses pas bien ?

Vous aurez remarquĂ©, dans ma prĂ©sentation ci-dessus, que je ne mets en avant aucune compĂ©tence technique en matiĂšre d’informatique. J’en ai un petit peu, certes, comme ceux qui comme moi ont depuis plus de trente ans un ordinateur entre les mains (la « vraie Â» gĂ©nĂ©ration Y), mais ce n’est pas du tout pour cela que je m’implique dans le Libre. DĂšs lors, en ouvrant cet ouvrage, n’ayez surtout pas peur d’un quelconque jugement.

C’est Madame Michu qui faisait office de canard boiteux, la sempiternelle dĂ©calĂ©e, incapable d’envoyer correctement un courriel, alors que finalement on peut bien vivre sans cela. Pire encore, Madame Michu renvoyait comme en miroir la suffisance des jeunes geeks, eux-mĂȘmes caricaturĂ©s Ă  l’extrĂȘme, symboles puĂ©rils d’une jeunesse qui finalement n’existe mĂȘme pas.

Nous sommes divers. Nous utilisons nos terminaux, nos ordinateurs, nos tĂ©lĂ©phones portables comme nous l’avons appris, ou pas. Pourtant, pour bien des gens, ces machines restent des boĂźtes noires. C’est le cas des Dupuis-Morizeau, une famille imaginaire que nous citons souvent Ă  Framasoft. Elle correspond, je crois, assez bien Ă  une rĂ©alitĂ© : des personnes qui utilisent les rĂ©seaux et les outils numĂ©riques, souvent mĂȘme avec une certaine efficacitĂ©, mais qui ne sont pas autonomes, dĂ©pendent des services des grands silos numĂ©riques du web, et sont dĂ©munis face Ă  tout ce contexte anxiogĂšne de la surveillance, des verrous numĂ©riques, des usages irrespectueux des donnĂ©es personnelles
 C’est Ă  eux que s’adresse cet ouvrage, dans l’intention Ă  la fois de dresser un petit inventaire de pratiques numĂ©riques mais aussi d’expliquer les bonnes raisons de les mettre en Ɠuvre, en particulier en utilisant des logiciels libres.

Est-ce que tu as Ă©crit/dirigĂ© ce manuel parce que tu es un Dupuis-Morizeau ? Parce que tu l’as Ă©tĂ© ? Parce que tu les cĂŽtoies ?

Lorsque vous interrogez autour de vous tous ces Dupuis-Morizeau, il ne fait aucun doute que, au moins depuis l’Affaire Snowden, une prise de conscience a eu lieu. Mais comment agir concrĂštement ? J’ai tentĂ© plusieurs approches. La pire, c’est lorsque j’ai moi-mĂȘme dĂ©couvert les logiciels libres. J’avais beau saouler littĂ©ralement mon entourage pour l’utilisation de GNU/Linux ou n’importe quel logiciel libre « Ă  la place de
 Â», l’effet produit, Ă©tait parfois tout Ă  l’inverse de celui souhaitĂ©. Pourquoi ? parce que changer les pratiques uniquement en vertu de grandes idĂ©es, qu’elles soient libristes ou non, n’est jamais productif.

Changer des pratiques est d’abord un processus crĂ©atif : il peut ĂȘtre motivĂ©, certes, mais il ne faut pas perdre de vue qu’il est toujours vĂ©cu de maniĂšre individuelle. Il ne vaut donc que s’il correspond Ă  un mouvement collectif auquel l’individu adhĂšre parce qu’il a une raison de le faire et de s’inventer des moyens de le rendre acceptable. Si vous voulez que la population laisse tomber le « tout voiture Â» au profit du vĂ©lo, il faut non seulement faire valoir les avantages Ă©cologiques et en matiĂšre de santĂ©, mais aussi structurer le changement en crĂ©ant des pistes cyclables en quantitĂ© et proposer aux habitants de s’approprier l’espace collectif autour du vĂ©lo ; bref, un amĂ©nagement urbain rien qu’à eux, ces futurs cyclistes qui se reconnaĂźtront alors en tant que tels.

En matiĂšre de numĂ©rique, c’est un peu la mĂȘme chose. Nous avons les idĂ©es, nous avons l’effet structurel : les logiciels libres existent, il y a des annuaires (Framalibre !), nous avons mĂȘme d’excellentes raisons collectives d’adopter le logiciel libre (cf. l’affaire Snowden et toutes les questions liĂ©es). Ce qu’il manque, c’est la chaĂźne qui permet aux utilisateurs de s’approprier les usages. Pour cela, une des mĂ©thodes pourrait consister Ă  ouvrir ces boites noires que reprĂ©sentent les machines informatiques, vulgariser les principes, et faire le lien avec certains logiciels libres emblĂ©matiques. De cette maniĂšre, on accompagne l’utilisateur Ă  la fois dans la connaissance technique, avec un bagage minimaliste, dans la stratĂ©gie qu’il va devoir lui-mĂȘme mettre en Ɠuvre pour rĂ©pondre Ă  son besoin (connaĂźtre les formats de fichiers, choisir les bons logiciels, sĂ©curiser ses Ă©changes, etc.) et adopter de nouvelles pratiques en fonction de ce besoin.

Bon mais concrĂštement, qu’est-ce que je vais trouver dans cet ouvrage ? Des grandes thĂ©ories ? Des conseils pratiques ? De la vulgarisation ?

Un peu de tout cela oui. Et en mĂȘme temps cet ouvrage est conçu comme un temps de respiration. Installer, configurer, sauvegarder, souscrire, tĂ©lĂ©charger, surfer, cliquer ici, cliquer lĂ , pourquoi, comment
 on s’arrĂȘte. On respire. Ce livre, c’est un compagnon, un guide. Ce n’est pas vraiment un manuel dans lequel on va trouver des recettes toutes faites. Il donne des exemples concrets de ce que font certains logiciels mais il explique d’abord pourquoi il est intĂ©ressant de les utiliser. Il explique de quoi est composĂ©e une URL avant de montrer quelle extension de Firefox il serait bon d’installer.

Il y a donc clairement des partis pris. Les spĂ©cialistes de logiciels libres trouveront trĂšs certainement beaucoup de choses Ă  redire au sujet du choix des logiciels mentionnĂ©s. Ce n’est pas Ă  eux que je m’adresse : quand j’ai lu sur un forum qu’il est « simple de configurer Thunderbird pour qu’il se connecte en IMAP sur un serveur en utilisant une sĂ©curitĂ© SSL sur le port 993 Â», je me suis dit qu’il Ă©tait peut-ĂȘtre intĂ©ressant, avant de formuler cette phrase, d’expliquer ce qu’est un protocole de communication et quelques Ă©lĂ©ments autour du chiffrement. On ne peut pas libĂ©rer les pratiques numĂ©riques en laissant les utilisateurs dans l’ignorance des principes gĂ©nĂ©raux de l’environnement technique dans lequel ils Ă©voluent. Cette ignorance est justement l’un des ressorts stratĂ©giques des monopoles de logiciels et de services (elle fait aussi le beurre de certains « experts en dĂ©cisions SI Â»).

Ce compagnon est aussi le fruit de mes propres dĂ©marches personnelles. Comme beaucoup d’autres, j’ai commencĂ© par bidouiller en Basic sur des machines dotĂ©es de 16Ko de RAM pour les plus accessibles Ă  un porte-monnaie modeste, et un peu plus tard, alors que le Minitel ne me suffisait pas, j’ai cherchĂ© Ă  Ă©tablir des connexions avec des modems RTC. Aujourd’hui, si la synchronisation de ses contacts entre un service Google et son smartphone ne fonctionne pas, on trouve cela complĂštement anormal
 Mais qui serait nostalgique de l’époque maudite oĂč il fallait se farcir les spĂ©cifications techniques de ses appareils (selon les marques) pour pouvoir envoyer un simple courriel ? Il n’en demeure pas moins que si nous sommes dĂ©munis en pareils cas, ce n’est pas parce que nous ne cherchons pas Ă  comprendre comment fonctionne tel programme, mais parce que les mauvaises pratiques induisent des faiblesses. Voici un exemple trĂšs courant. Monsieur Dupuis-Morizeau n’arrive plus Ă  accĂ©der au webmail de sa boite Machin, il change pour une boite Truc qui lui offre la possibilitĂ© de tĂ©lĂ©charger ses messages depuis la boite Machin. Ayant perdu le second mot de passe, lorsqu’il revient Ă  la premiĂšre boite il ne comprend plus oĂč sont ses messages. PerplexitĂ©, frustrations, nervosité  ce sont ces Ă©tats que ce guide souhaite aussi changer en reconstruisant une forme d’autonomie numĂ©rique.

Tu as mis des blagues ou ton cĂŽtĂ© universitaire a repris le dessus ?

Alors, d’abord, trĂšs nombreux sont les universitaires dotĂ©s d’un sens de l’humour et avec un esprit dĂ©sopilant. Qu’est-ce que c’est que cette caricature ? Tiens la derniĂšre entendue : « que dit un canard si on l’atomise ? Â» : « quark, quark Â».

Donc lĂ  normalement vous ĂȘtes morts de rire, non ? (si vous savez qui en est l’auteur, je suis preneur de l’info)

Quant Ă  moi, comme on peut le voir je suis trĂšs mauvais en la matiĂšre et on me dit souvent que ma blague favorite est trop longue (et elle aussi a Ă©tĂ© dessinĂ©e, d’ailleurs, vous voyez ce qu’il nous faut subir dans cette asso, NDLR).

Alors forcĂ©ment personne ne pourra se tordre de rire Ă  la lecture de l’ouvrage
 Ah si, peut-ĂȘtre en introduction, en note de bas de page, un trait d’humour noir, histoire de faire espĂ©rer le lecteur pour qu’il tourne la page suivante.

Il n’ y avait pas dĂ©jĂ  des ouvrages sous licence libre qui faisaient le job ? Qui auraient pu ĂȘtre mis Ă  jour sans tout rĂ©Ă©crire ?

Il y a un, Ă©crit rĂ©cemment par Tristan Nitot, intitulĂ© Surveillance://. Il n’est pas sous licence libre, c’est son seul dĂ©faut. Dans cet ouvrage, Tristan va mĂȘme jusqu’à expliquer comment paramĂ©trer un service de Google pour (tenter de) sauvegarder un peu d’intimitĂ© numĂ©rique. C’est en partie cette section de son livre qui m’a inspirĂ© : il est bon d’expliquer les enjeux du numĂ©rique mais il faut bien, Ă  un moment donnĂ©, fournir les clĂ©s utiles aux lecteurs pour mettre au mieux Ă  profit les sages conseils promulguĂ©s prodiguĂ©s.

Tu avais lancĂ© ce projet d’écriture comme un projet collectif, mais ça n’avait pas vraiment pris
 Tu peux expliquer pourquoi, Ă  ton avis ? C’est plus simple d’ĂȘtre dans son coin ? Je croyais que chez Frama on Ă©tait les champions du travail collectif ? :)

Oui, c’est vrai. Le projet date d’il y a presque trois ans. D’ailleurs Ă  deux reprises je reprends des petites parties de ce que certains avaient dĂ©jĂ  Ă©crit. C’est marginal, mais en tout cas ils sont crĂ©ditĂ©s. Le projet collectif n’avait pas pris essentiellement pour deux raisons :

  1. un manque de temps de ma part pour agrĂ©ger une communautĂ© autour du projet (et on sait combien cela peut ĂȘtre chronophage),
  2. il est difficile de faire Ă©merger collectivement une adhĂ©sion totale au fil directeur d’un ouvrage qui se veut « grand public Â», car il y a autant de conceptions du lectorat et de la vulgarisation qu’il y a de contributeurs.

Le projet a traĂźné  Puis la rĂ©fection de Framalibre m’a pris pas mal de temps, en plus du reste. C’est lorsque j’ai compris ce qu’il manquait Ă  une liste de logiciels libres que je me suis mis Ă  Ă©crire cet ouvrage, et le premier jet a durĂ© 4 semaines. C’était mĂ»r, mĂȘme si ce n’est pas parfait, loin de lĂ .

Comment se sont passĂ© les relations avec ton Ă©diteur ? Pas trop d’engueulades ;p ? En vrai, on peut dire que tu as eu des scrupules Ă  proposer cet ouvrage au groupe Framabook ?

Oui, c’est juste. Comme je suis trĂšs impliquĂ© dans la collection Framabook, je ne voulais pas « imposer Â» ma prose. Par ailleurs, n’étant pas sĂ»r de l’intĂ©rĂȘt rĂ©el, je voulais d’abord proposer l’ouvrage en mode restreint, auto-Ă©ditĂ©. Mais des lecteurs framasoftiens m’ont persuadĂ© du contraire, alors


Ce livre, c’est un point final ou un dĂ©but ? Que faire dans un, deux ou cinq ans, si des informations deviennent obsolĂštes ?

C’est un dĂ©but. Clairement. D’une part il va falloir surveiller l’obsolescence des logiciels mentionnĂ©s (mĂȘme si la plupart sont des logiciels forts connus depuis longtemps et qui ont fait leurs preuves). Mais les enjeux et le contexte changent aussi : les raisons qui font qu’il est utile (mais pas indispensable) d’utiliser un client de courriel local (voir chapitre 3) ne seront peut-ĂȘtre plus valables d’ici deux ans. Cet ouvrage devra donc bĂ©nĂ©ficier de versions amĂ©liorĂ©es. D’autre part, un ou deux chapitres peuvent encore ĂȘtre Ă©cris.

L’autre ambition de l’ouvrage est de figurer sous une forme de documentation (ici) de maniĂšre Ă  ĂȘtre accessible le plus rapidement possible. C’est aussi pour cela qu’il sera important de veiller aux mises Ă  jour.

Et si je pense ĂȘtre capable de l’amĂ©liorer, je fais quoi, je t’envoie un courriel ?

Ce serait super ! L’aide est toujours bienvenue. Pour cela le mieux est encore d’utiliser mon dĂ©pĂŽt sur Framagit qui gĂ©nĂšre automatiquement la version « documentation Â» citĂ©e ci-dessus. Ou bien vous pouvez ouvrir un simple commentaire (dans les « issues Â» du projet) ou mĂȘme carrĂ©ment pousser des propositions de modification avec Git. Oui, je sais que cette mĂ©thode est loin d’ĂȘtre tout public, mais lĂ  je n’invite pas les Dupuis-Morizeau, hein ? NĂ©anmoins si cela ne convient toujours pas, un courriel fonctionne aussi


Tu as choisi quoi, comme licence ?

La licence Art Libre. C’est une licence Copyleft qui me semble plus en phase avec la production d’Ɠuvres Ă©crites.

Et comme toujours sur le Framablog, tu as le mot de la fin


Un mot
 Ce sera l’expression « autonomie numĂ©rique Â», que je dĂ©finirais ainsi : la capacitĂ© d’un individu Ă  utiliser des dispositifs informatiques de production et de traitement de l’information sans contrĂŽle extĂ©rieur et tout en expĂ©rimentant son intimitĂ© dont lui seul fixe les limites d’un point de vue technique et relationnel. Respire, respire !

Pour aller plus loin :

Framaslides : reprenez en main votre Power, Point !

mercredi 22 mars 2017 Ă  14:05

Pour le meilleur ou pour le pire, les diaporamas, slides et autres prĂ©sentations font partie de notre quotidien. Quitte Ă  devoir en faire et en voir, seul·e ou en groupe, autant disposer d’un outil en ligne pratique et respectueux de nos vies numĂ©riques, non ?

Ceci n’est pas un PowerpointÂź

Commençons par un point vocabulaire : demander un diaporama en prononçant les mots « Tu me fais un Powerpoint ? Â» c’est un peu comme si on disait « Tu me fais un Subway ? Â» lorsqu’on veut un sandwich. Non seulement on fait de la pub gratos Ă  une marque (si encore Microsoft vous payait…) ; mais en plus on court le risque de se polluer les cerveaux en apprenant Ă  nos subconscients que sandwich = Subway.

Et puis il faut ĂȘtre francs, le format de documents .ppt ou .pptx (utilisĂ© par Microsoft pour enchaĂźner vos diaporamas Ă  leur logiciel Powerpoint), ben c’est une plaie. Un format fermĂ©, difficilement compatible avec d’autres logiciels, et dĂ©passĂ©. Et cher, en plus, si vous voulez l’utiliser en ligne avec la suite « Office 365″…

10 € par mois pour avoir le droit de vous filer mes donnĂ©es ?
C’est payant et je suis quand mĂȘme le produit ?
Microsoft, vous ĂȘtes des gĂ©nies.

 

Car aujourd’hui, les langages qui permettent de faire des sites web (le HTML, bien sĂ»r, mais aussi ses copaings CSS et Javascript), permettent de produire et de lire hyper facilement des prĂ©sentations (mĂȘme complexes), sans toucher Ă  une seule ligne de code, sans installer de logiciel ni d’application, juste Ă  l’intĂ©rieur de nos navigateurs web.

C’est justement, ce que permet le logiciel libre Strut. C’est donc Ă  ce logiciel que nous avons contribuĂ© afin qu’il ait toutes les fonctionnalitĂ©s dont nous rĂȘvions pour mieux vous proposer Framaslides !

Framaslide prĂ©sentĂ© en une framaslide !

Nous pourrions Ă©numĂ©rer les fonctionnalitĂ©s qu’offre Strut : formatage de texte et choix de couleurs, intĂ©gration d’images, vidĂ©os, sites web et formes, transitions, etc. Mais le plus simple, c’est encore de vous les montrer, non ?

Cliquez sur le cadre ci dessous et naviguez grĂące aux flĂšches droite et gauche (ou haut et bas) de votre clavier ;).

Cliquez, puis faites dĂ©filer les slides avec ↑ ↓ → ←

DĂ©jĂ , vous allez nous dire, c’est beau (et on vous remercie de nous le dire). Oui. Le seul souci c’est que Struts a Ă©tĂ© conçu comme un logiciel « perso Â». On l’installe sur son ordinateur ou sur un coin de serveur (une brique inter.net, par exemple), on l’utilise, et il enregistre notre ou nos prĂ©sentation(s) dans le cache de notre navigateur web. Mais si on change d’ordinateur, de navigateur, ou si on nettoie l’historique et le cache de son navigateur web, pfuiiit ! Tout est perdu !

Tout ceci est normal : Strut a Ă©tĂ© conçu comme cela, et il faut rendre grĂące Ă  Matt Crinklaw-Vogt, son dĂ©veloppeur, pour le travail fourni. En revanche, si vous voulons que ce logiciel ait de nouvelles fonctionnalitĂ©s permettant d’autres utilisations, on fait comme tout·e libriste qui se respecte : on se relĂšve les manches et on contribue au code ;) !

Framaslides, un service collaboratif

Nous avons donc demandĂ© Ă  Thomas (que nous avons embauchĂ© suite Ă  son stage oĂč il a menĂ© Ă  bien Framagenda) de relever le dĂ©fi ! Un peu comme une liste au pĂšre NoĂ«l, qui s’allonge au fur et Ă  mesure que la date approche…

Thomas, face Ă  ces demandes…

Dis, Thomas, ce serait pas gĂ©nial si on pouvait…

Et le plus beau, c’est que le rĂ©sultat est lĂ . Autour de l’outil d’Ă©dition de prĂ©sentations qu’offre Strut, Thomas a conçu un outil permettant de crĂ©er, prĂ©senter et collaborer sur ses prĂ©sentations, en gĂ©rant aisĂ©ment son compte, ses images, ses groupes, et bien entendu ses Framaslides !

Et un aperçu du rĂ©sultat de son travail, un !

Pour les plus techos d’entre nous, Thomas a mĂȘme pris le temps de faire un code propre, facile d’accĂšs, documentĂ© et de le dĂ©poser sur un Git aux petits oignons avec les tags et issues kivonbien… bref : un code qui est un appel aux contributions et collaborations ! Du coup, si vous maĂźtrisez du ImpressJS, du BackboneJS et du Handlebars (qui font tourner Strut) ; ou si vous ĂȘtes virtuose du Symphony3 (qui se trouve derriĂšre la surcouche « Framaslides » de Thomas), vos contributions seront grandement apprĂ©ciĂ©es ;) !

Manuel change le monde avec Framaslide

Manuel Dupuis-Morizeau veut changer le monde. Il se dit que la premiĂšre Ă©tape, c’est de convaincre d’autres personne de le rejoindre dans son envie
 Et pour cela, rien de tel qu’une prĂ©sentation de derriĂšre les fagots ! Ne voulant pas que ses idĂ©es soient confiĂ©es aux mains de Google Slides ou Microsoft Powerpoint 365, Manuel dĂ©cide de se lancer sur Framaslide.

Pour cela, il lui faut un compte Framaslides. C’est facile : dĂšs la page d’accueil, il clique sur le bouton « Se crĂ©er un compte Â», remplit le formulaire assez classique, puis attend l’email de confirmation (en vĂ©rifiant de temps en temps dans son dossier courriers indĂ©sirables, sait-on jamais)

On lui dit, Ă  Manuel, que 8 caractĂšres dans un mot de passe c’est bien trop peu ?

Une fois son compte validĂ©, Manuel est impatient de s’y mettre, il clique donc directement sur « CrĂ©er une prĂ©sentation Â». LĂ , il dĂ©couvre l’interface d’Ă©dition des diaporama de Struts.

Il dĂ©cide donc de crĂ©er ses premiĂšres diapositives, ou slides, comme on dit !

Alors c’est bien gentil tout cela, mais il ne voit toujours pas comment faire les transitions… C’est lĂ  qu’il active le mode Panorama. Cela demande une petite gymnastique mentale, mais il voit vite comment ça peut marcher !

En fait, il faut s’imaginer qu’on dĂ©place ses slides dans l’espace !

Bon, aprÚs avoir regardé un aperçu, ce début semble prometteur à Manuel, alors faut-il il le sauvegarde en utilisant le menu en haut à gauche.

Le menu, un grand classique indémodable.

Puis clique sur « retourner aux prĂ©sentations », dans ce mĂȘme menu.

Manuel se retrouve alors devant l’interface de gestion de ses Framaslides. L’outil Ă  l’air assez explicite, en fait…

Au centre, il retrouve ses présentations, ses modÚles et ses collaborations, chacun sous leur onglet

Et en haut Ă  droite une barre de recherche et d’outils qui lui permet de :

Tout cela rend Manuel assez curieux, il va donc aller voir son gestionnaire d’images, mais comme il n’en a tĂ©lĂ©chargĂ© qu’une, cela ne lui sert pas encore beaucoup. Il est quand mĂȘme rassurĂ© de savoir qu’il peut en effacer Ă  tout moment et garder la maĂźtrise de ses fichiers.

Par contre, Manuel a une idĂ©e brillante… se faire aider pour commencer Ă  changer le monde. Il dĂ©cide d’aller directement crĂ©er un nouveau groupe afin d’y inviter toute la famille Dupuis Morizeau !

Non, sĂ©rieusement Manuel : le mot de passe, plus il est long, plus il est bon…

Bon, l’histoire ne dit pas si Manuel rĂ©ussira Ă  changer le monde, mais on peut croire qu’il rĂ©ussira facilement Ă  crĂ©er sa prĂ©sentation avec d’autres membres de la famille et Ă  la partager le plus largement possible ;)

Pour aller plus loin :

Framalibre : l’annuaire du libre renaüt entre vos mains

mardi 21 mars 2017 Ă  16:54

Notre projet historique, l’annuaire de Framasoft, renaüt de ses cendres
 pour ouvrir encore plus grandes les portes du Libre.

Au commencement Ă©tait l’annuaire


OK : pas besoin de prendre un ton biblique non plus, mais il est vrai que c’est avec une Ă©motion toute particuliĂšre qu’on vous prĂ©sente cette refonte complĂšte du tout premier projet, celui qui a fait naĂźtre Framasoft ; et qui, mine de rien, a dĂ©fini notre identitĂ©.

Il y a 16 ans, en 2001, une prof de FRAnçais (Caroline d’Atabekian) et un prof de MAths (Alexis Kauffmann) commencent Ă  s’échanger des listes de logiciels gratuits pour les salles d’ordinateurs de leurs Ă©tablissements dont le budget informatique Ă©tait grevĂ© par les licences Windows.

Le projet plaĂźt, et il Ă©volue. On se rend compte que derriĂšre certains logiciels gratuits, il existe des licences libres, des contrats garants de nos libertĂ©s et du respect de certaines valeurs. Alors on dĂ©couvre le monde du Logiciel Libre, fait d’entraide (pour adapter les serveurs au succĂšs croissant du site) et de collaboration (Ă  cĂŽtĂ© des fiches pour les logiciels fleurissent les tutoriels d’utilisation).

Il faut attendre 2004 pour que ce premier site devienne un annuaire collaboratif de logiciels libres tel qu’on le connaĂźt aujourd’hui. Un outil pratique, fait par et pour des « non-pros Â» de l’informatique, conçu comme une porte d’entrĂ©e vers ce monde numĂ©rique oĂč les ĂȘtres humains et leurs libertĂ©s sont respectĂ©s. On y vient pour un besoin logiciel prĂ©cis, on y retourne pour la chaleur de la communautĂ©, et on se fait dĂ©licieusement contaminer par les valeurs du Libre.

« Framalibre – le reboot ? Euh
 Hum
 Oui-oui ! C’est pour
 demain ! Â»

Cela fait bien cinq ans que nous savons l’annuaire vieillissant, avec des notices trop dĂ©taillĂ©es qui deviennent vite obsolĂštes. Cinq ans que d’atermoiements en hĂ©sitations (« Faut-il vraiment repartir de zĂ©ro ? Â», se demandait-on avec des yeux de Chat PottĂ©), d’avancĂ©es en marches Ă  reculons, nous nous rendons compte qu’il n’est plus adaptĂ© ni au Libre (qui dĂ©sormais dĂ©borde largement du champ des seuls logiciels), ni Ă  nos usages (avec des contributions passant par un wiki, un forum, puis un Spip
 c’est pas lourd du tout du tout -_-).

Sauf que voilĂ  : on a toujours une urgence qui vient de tomber (entraĂźnĂ©e par un de nos serveurs), un nouveau Framabook ou une nouvelle Framakey sur le feu, un Internet Ă  DĂ©googliser
 Et puis il est difficile d’admettre que le SPIP qui a vaillamment permis notre annuaire (et donc notre page d’accueil) depuis tant d’annĂ©es n’était plus l’outil le mieux adaptĂ© et le plus accessible pour cet usage prĂ©cis


Il nous a donc fallu cinq ans (et de multiples abandons/blocages/coup de fouet/reprises du projet) pour vous proposer cette refonte, cette remise Ă  zĂ©ro de l’annuaire. Ne vous inquiĂ©tez pas, si vous aimez l’ancien, nous en avons gardĂ© une archive juste Ă  cette adresse archive.framalibre.org ;) ! Cinq ans, et le travail conjoint de nombreux membres, salariĂ©s, mais surtout partenaires : Smile, dans un premier temps, pour leurs templates de visualisation
 Mais surtout Makina Corpus, entreprise toulousaine bien connue des visiteurs du Capitole du Libre, qui nous a fait un design et une intĂ©gration Drupal aux petits oignons et nous a accompagnĂ©s (avec Framatophe tenant vaillamment le cap) sur les derniers efforts que nous ne savions pas fournir nous-mĂȘmes.

GrĂące Ă  ce mĂ©cĂ©nat de compĂ©tences, voici un projet menĂ© Ă  terme !

Voici Framalibre, 2e du nom


Bon, c’est pas tout ça, mais est-ce que ça valait le coup d’attendre ? Que va-t-on trouver en guise d’annuaire Framasoft ?

DĂ©jĂ  on revient Ă  quelque chose de simple. Les notices sont claires, concises, et vous mĂšnent au plus vite vers le lien officiel de la ressource que vous consultez. Finies les notices hyper-dĂ©taillĂ©es et trop longues qui deviennent dĂ©suĂštes Ă  la moindre mise Ă  jour ;) ! L’idĂ©e principale, c’est de trouver aisĂ©ment et comme on le souhaite : on peut rechercher une notice selon sa catĂ©gorie, utiliser le systĂšme de tags, ou mĂȘme se laisser porter par les suggestions, recommandations, les notices mises en avant, etc.

C’est aussi un annuaire qui facilite la collaboration. Avec un simple compte, vous pouvez voter pour les ressources que vous prĂ©fĂ©rez (et donc les mettre en valeur), corriger ou mettre Ă  jour une notice, en crĂ©er une nouvelle dans l’annuaire, ou plus simplement Ă©crire une chronique (un tutoriel, un tĂ©moignage, ou bien votre avis sur telle ressource
). Cet annuaire, c’est vous qui le ferez, nous avons donc fait en sorte qu’il vous soit le plus ouvert possible. Et, avec Drupal, gageons que nous pourrons, ensuite, ouvrir les donnĂ©es engrangĂ©es via un systĂšme d’API (ceci est un souhait, pas une promesse — mais ce serait cool, hein ?)


Enfin et surtout, Framalibre se veut un annuaire du Libre, en gĂ©nĂ©ral, et non pas seulement du Logiciel Libre. Car nos vies numĂ©riques ne sont plus uniquement « virtuelles Â», et les libertĂ©s que nous dĂ©fendons et nourrissons vont au-delĂ  du logiciel.

Et voilĂ  le visage du nouvel annuaire !

DĂ©sormais, vous pouvez rentrer dans l’annuaire et y trouver :

Depuis 2004, le monde du Libre a bien grandi
 Il Ă©tait temps d’en agrandir une des portes d’entrĂ©e ;).

Ouvrons la portes et nos communautĂ©s !

Un annuaire, c’est un bouquet de fleurs capiteuses… Attiré·e par la douce odeur de THE information pratique que l’on vient y chercher, on s’enivre du nectar des autres notices Ă  disposition, on se perd dans la navigation et finit par dĂ©couvrir un nouveau champ de possibilitĂ©s et de libertĂ©s.

Nous ne comptons plus le nombre de fois, sur le stand d’une convention libriste, oĂč nous rencontrons un·e convaincu·e, arborant fiĂšrement le logo de sa « distro GNUnux Â» favorite sur son T-Shirt, et qui s’écrie plein·e de nostalgie :

« Oooh ! Framasoft ! Je me souviens, c’est sur votre site, lĂ , que j’ai dĂ©couvert mes premiers logiciels libres ! Â»

Nous, Ă  l’Ă©coute de telles exclamations (allĂ©gorie.)

C’est Ă  nous, dĂ©sormais, de prĂ©parer le terrain pour que les futures gĂ©nĂ©rations de libristes tombent dans la marmite de potion magique ! D’ailleurs, un Ă©norme merci aux personnes qui ont saisi les 400 premiĂšres notices avant la mise en production <3 ! Oh et au fait : vos comptes beta.framalibre.org fonctionnent dĂ©sormais sur framalibre.org ;)

C’est Ă  nous, donc, de contribuer Ă  cet annuaire et de le nourrir de ce qui nous intĂ©resse et que l’on souhaite partager. Que ce soit des notices, des chroniques, des corrections ou de simples votes : ce sont toutes vos contributions qui pourront faire le succĂšs de cette renaissance


Une Ă©quipe de modĂ©ration est dĂ©jĂ  en place (mais aura vite besoin de nouveaux bras) et des ateliers de contribution commencent Ă  s’organiser (dont un sur Toulouse, le 22 mars, avec le GULL Toulibre). En cette pĂ©riode oĂč le Libre est en fĂȘte, faites-vous une joie de mettre en valeur des Ɠuvres (logicielles, culturelles, matĂ©rielles, etc.) libres, parce que vous y contribuez ou en bĂ©nĂ©ficiez, ou simplement parce que vous les aimez et souhaitez les partager avec le plus grand nombre.

Nous, on va Ă©craser une petite larmichette d’Ă©motion sur cette page qui se tourne, et se remettre au boulot !

Allez, une nouvelle marmite pour tonton Richard !

Pour aller plus loin :

Les Gitlab Pages débarquent dans Framagit !

lundi 20 mars 2017 Ă  11:13

La crĂ©ation d’un site web depuis votre compte Framagit est beaucoup plus souple, et c’est une belle victoire pour le libre !

Attention : ce billet comporte des Ă©lĂ©ments techniques
 Si vous avez un compte Framagit et/ou si vous vous intĂ©ressez Ă  la crĂ©ation d’un site web statique depuis un dĂ©pĂŽt Git, il est fait pour vous ! Si vous n’avez pas tout compris Ă  cette phrase, la suite va vous paraĂźtre dĂ©licieusement absurde :p !
NB : l’Ă©dition communautaire de Gitlab est la version libre de la forge logicielle Gitlab, qui existe aussi en version non-libre, appelĂ©e version entreprise. Bien Ă©videmment, nous utilisons la version libre pour fournir le service Framagit 🙂

Qu’est‐ce que GitLab Pages ?

À l’instar des pages Github, les pages GitLab permettent Ă  toute personne possĂ©dant un dĂ©pĂŽt sur une instance de GitLab de crĂ©er un site Web via un gĂ©nĂ©rateur de site statique (Jekyll, Middleman, Hexo, Hugo, Pelican
) et de l’hĂ©berger sur l’infrastructure dudit GitLab.

La compilation du site est effectuĂ©e lors du push vers le dĂ©pĂŽt GitLab, via le systĂšme d’intĂ©gration continue de GitLab, puis le rĂ©sultat est publiĂ© Ă  l’endroit idoine pour ĂȘtre accessible via le Web. Il est possible d’utiliser un nom de domaine personnel (il n’est pas obligatoire d’utiliser une adresse du style https://username.gitlab.io), ainsi qu’un certificat personnel.

Et ça sert ?

Oui !

Les pages GitHub sont trĂšs souvent utilisĂ©es par les dĂ©veloppeurs pour fournir une page de prĂ©sentation de leurs projets, mĂȘme les plus gros : Ruby on Rails, Django, React


Les pages GitLab sont donc susceptibles d’ĂȘtre tout autant utilisĂ©es que les pages GitHub. La demande est lĂ .

Mais on avait pas dĂ©jĂ  un truc comme ça ?

Tout Ă  fait ! J’avais crĂ©Ă© Fs Pages pour fournir un service similaire mais plus limitĂ© que les Gitlab Pages car Gitlab ne souhaitait pas les intĂ©grer Ă  leur Ă©dition communautaire.

Il Ă©tait possible de publier un site statique via Fs Pages mais la gĂ©nĂ©ration du site devait se faire avant de pousser le code : point de gĂ©nĂ©ration automatique. De plus, il n’Ă©tait pas possible d’utiliser un nom de domaine personnel. Votre site statique rĂ©pondait uniquement via l’adresse https://votre_utilisateur.frama.io.

Le long chemin de la libération

Nous n’allons pas refaire l’historique complet de la libĂ©ration des Gitlab Pages, surtout que celui-ci est disponible sur LinuxFr. Mais un petit rĂ©sumĂ© succinct ne fera pas de mal.

Tout a commencĂ© par un tweet de votre serviteur demandant Ă  Gitlab s’il Ă©tait envisageable d’avoir les Gitlab Pages dans l’Ă©dition communautaire de Gitlab (pas la peine de chercher les tweets en question, j’ai fermĂ© mon compte twitter). Gitlab a ouvert un ticket pour discuter de cela.

Gitlab a exposĂ© au fil du temps trois arguments :

Il est Ă  noter que Gitlab nous a proposĂ© d’utiliser la version entreprise avec un rabais, ce qui est tout Ă  leur honneur, mais comme nous ne souhaitons utiliser que du logiciel libre, nous avons dĂ©clinĂ© (Ă©videmment 😀)

La communautĂ© a fait valoir que Gitlab Pages n’intĂ©ressait pas que les grandes instances, qu’utiliser https://gitlab.com ou Github revenait au mĂȘme puisque cela Ă©quivaut Ă  utiliser du logiciel propriĂ©taire, proposa un financement participatif pour financer la libĂ©ration et enfin avança que les Gitlab Pages feraient une bonne publicitĂ© Ă  Gitlab, les dĂ©veloppeurs utilisant de plus en plus frĂ©quemment ce genre de solution pour hĂ©berger leurs sites ou leurs blogs. Et mĂȘme si j’ai horreur de cet argument de notoriĂ©tĂ©, force m’est d’avouer qu’il a su faire mouche (ainsi que les plus de 100 « đŸ‘ Â» du ticket) : la libĂ©ration fut annoncĂ©e peu de temps aprĂšs celui-ci !

En tout, la discussion a duré prÚs de onze mois. Les échanges furent cordiaux et la communauté, opiniùtre, a su faire valoir ses arguments.

Bref, une bien belle victoire pour le libre qui voit lĂ  un logiciel apprĂ©ciĂ© se doter d’une nouvelle fonctionnalitĂ© trĂšs attendue !

Bon, et maintenant ?

Depuis la mise Ă  jour de Framagit du 2 mars dernier, toute personne possĂ©dant un dĂ©pĂŽt sur Framagit peut, via les Gitlab Pages, crĂ©er et hĂ©berger un site sur notre infrastructure, que ce soit en sous-domaine de frama.io (comme moi 😊) ou avec un domaine privĂ© (auquel cas il faudra faire pointer un enregistrement DNS vers les IPs de frama.io : 144.76.206.44 et 2a01:4f8:200:1302 ::44 ou crĂ©er un enregistrement DNS de type CNAME vers frama.io.), avec ou sans certificat.

La documentation de Gitlab sur l’utilisation des Gitlab Pages (en anglais) est trĂšs complĂšte et propose mĂȘme un grand nombre de modĂšles sur lesquels vous baser. D’Hugo Ă  Pelican en passant par des pages statiques dĂ©veloppĂ©es Ă  la main, il y en a pour tous les goĂ»ts !

Il n’y a que deux ombres au tableau :

Le framablog n’Ă©tant pas un blog technique, nous ne Ă©tendrons pas plus sur les ficelles de Gitlab Pages : on va laisser ça pour notre site dĂ©diĂ© Ă  la documentation de nos services.

Au 20 mars, nous sommes dĂ©jĂ  31 (oui, bon, ok, sur 7 560 utilisateurs, ça fait peu) Ă  avoir commencĂ© Ă  bidouiller sur les Gitlab Pages de Framagit (contre 53 quand nous proposions FsPages). Continuez comme ça ! 🙂

CrĂ©dits image :