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Geektionnerd : DRM Kinect

vendredi 9 novembre 2012 à 12:24

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Source : DRM espion : Microsoft veut compter les spectateurs chez vous ! (Numerama)

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)

Un dessin pour un soutien - L.L. de Mars

jeudi 8 novembre 2012 à 11:45

Après le dessin-soutien de Gee voici celui, inédit, de L.L. de Mars[1] qui a une place à part dans l’histoire déjà longue de Framasoft.

Il illustre (malheureusement) assez bien la situation !

Et donc pour ajouter quelques briques, c’est par ici ;)

L.L. de Mars - Licence Art Libre - Soutenir Framasoft

Séquence flashback

Je me souviens du temps où j’étais tout seul en ces lieux et je me disais que ce serait pas mal de donner un visuel graphique à Framasoft. Sauf que, problème majeur, je ne savais pas dessiner ! (je vous rassure, c’est toujours le cas)

J’ai eu alors la chance de tomber par hasard (ou sérendipité) sur le site de L.L. de Mars, qui a bien mérité son article Wikipédia car il est présent depuis 1996 sur le Web et qu’il a fait très tôt le choix d’une licence qui nous est chère, la Licence Art Libre.

Du coup, copyleft oblige, il était autorisé (et même favorisé) de copier et modifier les œuvres pourvu que la licence soit respectée et conservée. C’est ce que je fis avec l’album Pingouins et notamment la planche ci-dessous que vous serez peut-être surpris(e) de découvrir en l’état d’origine ;)

L.L. de Mars - Licence Art Libre

La mascotte de Framasoft était née…

Merci L.L. de Mars et merci la Licence Art Libre !

Notes

[1] Pour les curieux : L.L. de Mars est le diminutif de Laurent le Lièvre de Mars, en référence à un personnage du roman Alice au pays des merveilles.

Hacker le vote électronique américain ? Un jeu d'enfants !

mercredi 7 novembre 2012 à 00:32

Nous imaginant technophiles béats, les gens sont souvent surpris de la prise de position de la grande majorité des partisans du logiciel libre en défaveur du vote électronique (quand bien même on ait accès au code source qui pilote la machine et le processus, ce qui semble être du bon sens mais non partagé).

Ce n’est pas l’expérience ci-dessous, au moment même où se déroulent les élections présidentielles américaines, qui risque de nous faire changer d’avis.

Steve Jurvetson - CC by

Comment j’ai hacké une machine de vote électronique

Roger Johnston (raconté par Suzanne LaBarre) - 5 novembre 2012 - PopSci.com
(Traduction : Zii, ehsavoie, plink, KoS, aKa, lgodard, MF, Ag3m, greygjhart)

How I Hacked An Electronic Voting Machine

De quoi avez-vous besoin pour truquer une élection ? Des connaissances basiques en électronique et 30 dollars d’équipement de RadioShack suffisent, révèle le hackeur professionnel Roger Johnston. La bonne nouvelle : nous pouvons empêcher cela.

Roger Johnston est à la tête de la « Vulnerability Assessment Team » au Laboratoire National d’Argonne. Récemment, lui et ses collègues ont lancé une attaque de sécurité sur des machines de vote électronique pour montrer la facilité déconcertante avec laquelle quelqu’un peut trafiquer les votes. Encore plus surprenant : les versions de ces ordinateurs seront présentes dans les bureaux de vote de toute l’Amérique ce mardi. Le magazine Harper a rapporté recemment que l’écran tactile Diebold Accuvote-TSX va être utilisé par plus de vingt-six millions de votants dans ving États et que l’ordinateur de vote à bouton pressoirs Sequoia AVC va être utilisée par presque neuf millions de votants dans quatre États. Dans cet article, Johnston révèle comment il a hacké ces machines — et que c’est à la portée du premier venu, du lycéen à la grand-mère de 80 ans.

La Vulnerability Assessment Team du Laboratoire National d’Argonne scrute une large variété d’équipements électroniques — serrures, sceaux, tags, contrôle d’accès, biometrie, sécurité des cargaisons, sécurité nucléaire — pour tenter de trouver des vulnérabilités et repérer des solutions potentielles. Malheureusement, on n’alloue pas assez de budget à l’analyse de la sécurité des élections dans ce pays. Alors nous nous sommes penchés dessus, histoire de nous occuper, un samedi après-midi.



On appelle cela une attaque de l’homme du milieu. C’est une attaque classique sur les appareils de sécurité. On implante un microprocesseur ou un autre appareil électronique dans la machine de vote, et cela vous permet de contrôler le vote et de tricher ou non. Basiquement, on interfère avec la transmission de l’intention du votant.

Nous avons utilisé un analyseur logique. La communication digitale est une série de zéros et de uns. Le voltage augmente, diminue. Un analyseur logique rassemble les voltages oscillants entre haut et bas et vous présentera ensuite les données digitales dans une variété de formats. Mais il y a plein de manières de faire. Vous pouvez utiliser un analyseur logique, un microprocesseur, un ordinateur — en gros, n’importe quoi qui vous permette de voir l’information qui est échangée et ensuite vous laisse comprendre ce qu’il faut faire pour imiter l’information.

Nous avons donc espionné les communications entre le votant et la machine. Dans un cas, le votant appuie sur des boutons (c’est une machine à voter avec des boutons poussoirs) et dans l’autre, il interagit avec un écran tactile. Puis, nous avons écouté les communications entre le logiciel de la machine et le votant. Disons que je veux que Jones gagne l’élection, et que vous votez pour Smith. Alors, mon microprocesseur va dire à la machine de voter pour Jones si vous essayez de voter pour Smith. Mais si vous votez pour Jones, je n’interviendrai pas dans les communications. Parfois on bloque les communications, parfois on les déforme, parfois on ne fait que les regarder et les laisser passer. C’est ça l’idée. Deviner quels sont les échanges en cours, puis les modifier si besoin est, y compris ce qui sera présenté au votant.

Nous pouvons faire ceci car la plupart des machines, autant que je sache, ne sont pas chiffrées. C’est simplement un format de communication standard. Il est donc très simple de deviner les informations échangées. N’importe quelle personne qui fait de l’électronique numérique — un amateur ou un fan d’électronique — peut le deviner.

Le dispositif que nous avons intégré dans la machine à écran tactile valait en gros 10 $. Si vous voulez une version de luxe où vous pouvez le contrôler à distance jusqu’à environ 800 mètres, il vous en coutera 26 $. Ce n’est pas très cher. Vous pouvez trouver ça chez RadioShack. Je suis allé à des salons scientifiques dans des lycées où les gosses avait des projets avec des processeurs plus sophistiqués que ceux nécessaires pour truquer ces machines.

Parce qu’il n’y a pas de financements pour ce genre de tests de sécurité, il faut compter sur des gens qui achètent des machines d’occasion sur eBay (dans ce cas l’écran tactile Diebold Accuvote TS Electronic Voting Machine et la machine à boutons Sequoia AVC Advantage Voting Machine). Ces deux machines étaient un peu vieilles, et nous n’avions pas de manuel ou de schéma de circuits. Mais, dans le cas du Sequoia AVC, nous avons deviné comment elle marchait en moins de deux heures. En deux heures nous avions une attaque viable. L’autre machine nous a pris un peu plus de temps car nous ne comprenions pas comment l’affichage sur un écran tactile fonctionnait. Nous avons dû donc apprendre, mais ce n’était qu’une question de jours. C’est un peu comme un tour de magie, vous devez le pratiquer beaucoup. Si nous avions pratiqué longtemps, voir mieux, si quelqu’un de très bon avait pratiqué pendant deux semaines, nous aurions mis 15 à 60 secondes pour exécuter ces attaques.

Les attaques nécessitent un accès physique à la machine. C’est facile pour les personnes en interne qui les programment pour une election ou les installent. Et nous pouvons supposer que ce n’est pas si difficile pour des personnes extérieures. Beaucoup de machines à voter gisent dans la cave de l’église, le gymnase ou le préau de l’école élémentaire, sans surveillance pendant une semaine ou deux avant l’election. Généralement elles ont des serrures très bon marché que n’importe qui peut ouvrir ; quelquefois elles n’en ont même aucune. Personne ne s’identifie auprès des machines quand il prend son poste. Personne n’est chargé de les surveiller. Leurs scellés ne sont pas si différents des dispositifs anti-fraude sur les paquets de nourriture et les médicaments en libre service. Falsifier un produit alimentaire ou un médicament, vous pensez que c’est difficile ? Ça ne l’est vraiment pas. Et un grand nombre de nos juges d’élections sont de petites vieilles à la retraite, et, Dieu les garde, c’est grâce à elles que les élections marchent, mais elles ne sont pas forcement fabuleusement efficaces pour détecter des attaques subtiles de sécurité.

Formez les personnels chargés de la vérification des scellés, et ils auront une chance de détecter une attaque raisonnablement sophistiquée. Faites des vérifications sur les personnes en interne et cette menace sera bien moins sérieuse. Dans l’ensemble il manque une bonne culture de la sécurité. Nous avons beau avoir des machines de vote avec des défauts, avec une bonne culture de la sécurité nous pouvons avoir des élections sans fraude. D’un autre côté, on peut avoir des machines fabuleuses, mais sans une culture de la sécurité à la hauteur, cela ne servira à rien. Il faut vraiment prendre du recul. Notre point de vue est qu’il sera toujours difficile d’arrêter un James Bond. Mais je veux faire avancer les choses jusqu’à un niveau où au moins ma grand-mère ne puisse pas truquer les élections, et nous en sommes encore loin.

Crédit photo : Steve Jurvetson (Creative Commons By)

6 bonnes raisons de soutenir Framasoft ?

mardi 6 novembre 2012 à 17:58

On n’en donne pas forcément l’impression comme ça mais nous sommes fébrilement en mode « campagne de dons » et ce pendant tout le mois de novembre.

Il faut dire que l’arrivée d’un deuxième permanent, moi en l’occurrence, a certes participé à redynamiser la structure (tout du moins c’était l’objectif), mais aussi quelque peu grevé notre budget (puisque nous avons assez peu de frais fixes hors salaires).

Du coup on tente d’améliorer un peu notre communication autour de la possibilité de nous soutenir parce que, autant dire les choses telles qu’elles sont, nous ne sommes pas des as en marketing. Et puisque nous sommes dans la confidence, on peut aussi vous avouer qu’on ne risque pas de tenir longtemps à ce rythme-là !

Ainsi on réfléchit actuellement à rendre notre accueil du site Soutenir plus clair et « attractif » (au sens propre comme au sens figuré) qu’elle ne l’est actuellement. Parce qu’elle a le mérite d’exister mais elle est hautement perfectible. En résumé, pas très bon en marketing et pas très bon en webdesign non plus :)

Alors tout aide, conseil, avis, critique est la bienvenue dans les commentaires.

Le Framablog est un endroit un peu particulier du réseau dans la mesure où il concentre certainement les visiteurs les plus avertis et initiés « au Libre », les plus attachés à Framasoft aussi peut-être (un attachement qui n’exclut en rien la réprobation lorsque l’on vous déçoit, comme on peut parfois le lire en bas de certains billets). Nombreux sont ainsi les commentateurs ayant déjà participé de près ou de loin à nos projets, nombreux sont ceux également que l’on a déjà pressé comme des citrons par le passé (et qui acceptent de bonne grâce, parce que nécessité fait loi, cet énième appel à soutien). Vous avez toute notre gratitude soit dit en passant.

On a ainsi pensé ci-dessous à une énumération du pourquoi du comment que ce serait bien de nous soutenir à placer où bon nous semble (à définir).

Trop emphatique ? Trop « on s’la joue » ? Bon, d’un autre côté il faut convaincre dans ce genre d’exercice, non ?

Toujours est-il que vous êtes donc cordialement invité(e) à confirmer ou infirmer le principe même de cette liste et/ou, plus en détail, nous donner votre avis sur son contenu, quitte bien entendu à supprimer ou ajouter des points.

Merci de votre éventuelle participation et de votre fidélité (ouais, désolé, ça fait un peu animateur radio cette conclusion).

Framasoft - Mosaïque

6 bonnes raisons de soutenir Framasoft (version draft 1.0)

1. Une décennie au service du logiciel libre et sa culture

Plus de 10 ans d’existence, plus d’un million de visites par moi sur l’ensemble du réseau, près d’une vingtaine de projets en direction du grand public pour faire connaître et diffuser le logiciel libre, sa culture et son état d’esprit. Framasoft est l’une des portes d’entrée principale du logiciel libre francophone. Notre témoignage préféré : « J’ai découvert le logiciel libre grâce à Framasoft ».

2. Des projets innovants

Framasoft fut parmi les premiers à proposer en libre, dans la sphère francophone : un annuaire sous Windows (2001), une clé USB portables (2005) avec Ubuntu (2009) et Wikipédia (2012), un DVD (2009), un installateur (2010), une collection de livres (2006), une plateforme vidéo (2007), une boutique (2009), un éditeur (2011) ou un tableur collaboratif (2012)… et nous en avons d’autres dans nos cartons :)

3. Une communauté au service du bien commun

Tout[1] ce que produit Framasoft au sein de son réseau est placé sous licence libre favorisant la confiance et la collaboration. Ce sont ainsi des centaines de personnes qui sont impliquées bénévolement au quotidien dans nos projets. Nous incubons et soutenons également des structures tierces et travaillons en partenariat étroit avec les autres acteurs du libre.

4. Un modèle économique qui a du sens

Toute cette activité a un coût et nécessite maintenance technique et coordination humaine. Ne bénéficiant ni de subventions publiques ni de fonds privé[2], Framasoft repose avant tout sur vos dons. En cas de succès, cette fragilité se transforme en force car cela nous garantit notre indépendance et porte le message que l’on peut agir dans le « Libre » et créer des emplois (2 permanents actuellement) à partir de la somme des générosités individuelles sollicitées sur Internet.

5. La défiscalisation

Framasoft s’appuie sur une association 1901 à but non lucratif qui bénéficie de la déduction fiscale liée à son caractère d’intérêt général. Ainsi, par exemple, pour un don récurrent de 120 € (soit 10 € par mois pendant un an), la réduction est de 79,20 € et donc le coût réel de votre don est de 40,80 €.

6. Ensemble nous changeons le monde

Au delà du logiciel, le « Libre » propose un modèle alternatif de société où la coopération prend le pas sur la compétition. Nous assumons notre optimisme, voire notre idéalisme, face à la « crise » qui n’est pas une fatalité. Proactifs, nous avançons en informant et démontrant par la pratique que bien des choses sont possibles. Comme on dit chez nous : « la route est longue mais la voie est libre ».

Notes

[1] Ce n’est pas tout à vrai, par exemple pour certaines traductions de ce blog. Est-ce selon vous publicité mensongère que d’exprimer pourtant cela ainsi ?

[2] Ce n’est pas tout à fait vrai non plus, avec la présence de la pub Google sur 2 des sites du réseau, l’annuaire et la Framakey. On a pensé un temps la retirer pendant toute la durée de cette campagne et voir un peu si on arrivait à atteindre et dépasser le seuil des 100 nouveaux donateurs récurrents (ce que cela rapporte mensuellement) pour pouvoir (enfin) la supprimer définitivement. Mais nous ne sommes pas encore assez solides et sereins pour l’envisager aujourd’hui, sauf donc à connaître un soudain pic de dons ;)

Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titrée en français

mardi 6 novembre 2012 à 16:30

La société Ericsson a rassemblé quelques « grands penseurs de l’Internet éducatif de demain » pour nous proposer une vidéo d’une vingtaine de minutes, intitulée The Future of Learning, qu’on a jugé suffisamment importante pour faire l’effort de la traduction puis du sous-titrage.

On ne mesure pas forcément les grands bouleversements qui nous attendent dans le champ éducatif tant sont fortes l’inertie et la résistance des structures existantes. Il est aussi plus que probable que « le Libre » saura tirer son épingle du jeu car on ne peut désormais pleinement échanger et partager sans lui.

Permettez-moi cependant d’avoir de légers doutes quant à l’accès en masse de toutes ces merveilles promises en temps de crise. Je n’irais pas jusqu’à dire, comme le mouvement #Occupy que cela ne profitera qu’aux 1%, mais il est fort possible, si nous n’y prenons garde, que se développe un enseignement à deux vitesses : celui du vieux public sans le sous gardant ses traditionnelles écoles prisons-casernes et celui du privé captant presqu’à lui seul toute la modernité dont il est question ci-dessous.


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(pour faire disparaître le sous-titrage anglais à l’arrière plan, cliquer sur l’icône CC dans la barre d’état du bas)

URL d’origine du document

Traduction et transcription : GPif, LuD-up, PM, goguette, HgO, albahtaar, Goofy, aKa

Remarque : On peut considérer ce sous-titrage comme une sorte de perfectible « première version ». Si cela ne vous convient pas, c’est comme dans Wikipédia, il suffit d’aller sur Amara, la plateforme de sous-titrage et modifier.

The Future of Learning - Transcription

Sugata Mitra : Tout semble plus excitant quand vous avez cinq ans. Alors, tout était grand, tout était étrange, et je me souviens avoir été un peu effrayé.

Stephen Heppell : Comme beaucoup d’enfants, je me souviens de mes années d’école avec tendresse mais le peu dont je me souvienne ainsi n’est pas le peu dont je devrais me souvenir. Je me souviens des jeux et du sport, de la méchanceté, des espiègleries et des bêtises. En fait, je me souviens du peu qui était hors-norme.

Daphne Koller : C’est un incroyable privilège pour moi d’avoir eu une éducation qui a pris et gardé une place si importante dans ma vie, encore aujourd’hui.

Jose Ferreira : Je me souviens m’être beaucoup ennuyé. Ça n’a pas révélé le meilleur de moi-même, je m’en suis sorti, quoi qu’il en soit. Je n’étais pas très adapté ou le système n’était pas très adapté pour moi. C’est un peu dingue quand on y pense. On prend les enfants et on les force à essayer de s’adapter à ce système bureaucratique vraiment complexe, alors que le système devrait s’adapter à eux.

Sugata Mitra : L’éducation traditionnelle tire ses origines du système militaire, en grande partie. L’armée avait besoin de personnes identiques ; soldats, administrateurs, etc…, elle a donc engendré ce système. Quand la révolution industrielle a eu lieu, on a encore voulu des personnes identiques pour les chaînes de montage. Même pour les consommateurs, on voulait qu’ils soient identiques afin que tous achètent les mêmes choses.

Seth Godin : Alors si on regarde l’école sous cet angle, si on considère le fait qu’on enseigne à vingt ou trente enfants à la fois, en série, exactement comme à l’usine. Si on considère le fait que si vous ratez votre CE2, (d’après Collins; ce qui convient mieux au sujet d’enfants), que vous arrive-t-il ? On vous retient et et on vous reconditionne. Tout correspond aux travaux d’usines, on l’a élaboré à dessein. Et c’était vraiment utile pour son fonctionnement. Mais on ne manque plus de travailleurs à l’usine.

Stephen Heppell : On assiste probablement à la mort de l’éducation, aujourd’hui. Je pense que les structures et les restrictions de l’école, qu’apprendre de neuf heures à quinze heures, en travaillant seul, sans travailler avec les autres ; je pense que tout ça, c’est un système mort ou moribond. Et je pense que l’apprentissage ne fait que commencer.

Seth Godin : J’ai souffert d’un trouble du déficit de l’attention en grandissant, comme beaucoup d’autres maintenant. Et ce sentiment persiste dans l’inconscient collectif qu’il y a quelque chose de brisé chez les enfants sujets à ce genre de troubles, car ils ne sont pas conformes au système. Donc ce que nous faisons, c’est donner des médicament aux enfants pour les rendre conformes au système, au lieu de dire : mais attendez, le système est là pour les enfants. Et il y a beaucoup de gens qui peuvent assez facilement rester assis pendant huit heures et prendre des notes, et ensuite, deux semaines après, répéter ce qu’ils ont écrit. Mais il y a également cette immense quantité de personnes extrêmement talentueuses et engagées qui ne peuvent pas apprendre de cette manière. Il y a une grande différence entre accéder à l’information et l’école, alors qu’auparavant, c’était la même chose. L’information est là, en ligne pour n’importe laquelle des milliards de personnes qui ont accès à internet. Donc cela signifie que si on donne accès à un enfant/quelqu’un de quatre, huit ou douze ans, ils prendront l’information s’ils la veulent.

Sugata Mitra : Savoir quelque chose est probablement une idée obsolète. Vous n’avez en fait pas besoin de savoir quoi que ce soit, vous pouvez le trouver au moment ou vous avez besoin de le savoir. C’est le travail des enseignants de diriger les jeunes esprits vers les bons types de questions. L’enseignant n’a pas besoin de donner les réponses, car les réponses sont partout. Et nous savons désormais après des années d’études que les élèves qui trouvent les réponses par eux-mêmes se souviennent mieux que si on leur avait donné la réponse.

Stephen Heppell : L’Education est très lente à appréhender les données, les nombres, à comprendre les analyses et ce qui en fait est en train de se passer. Nous effectuons un contrôle ici, et un examen là, mais les détails de ce qu’il se passe, nous ne les comprenons pas vraiment. Ce sera, à coup sûr, la prochaine étape importante de notre bagage, notre capacité d’analyser où que nous soyons. Certains de ceux qui regardent ceci seront déjà en train d’analyser leur santé et leur bien-être et les effets sur leur forme. Ils seront aussi en train d’analyser leur apprentissagen bientôt. Et ensuite nous serons vraiment bons à ça.

Jose Ferreira : Knewton est une plate-forme d’extraction de données et d’apprentissage adaptatif qui permet à n’importe qui, n’importe où de publier du contenu. Ça peut être un éditeur, un professeur en particulier, ou n’importe qui entre les deux. et il produit un cours qui va être personnalisé de manière unique pour chaque étudiant, en se basant sur ce qu’elle sait et comment elle apprend le mieux. Le manuel du futur sera distribué sur des appareils connectés. Ça signifie que le volume incroyable de données que les étudiants ont déjà produit, lors de leurs études, sont à présent à portée de main et utilisables. Donc Knewton et tous les dérivés de Knewton peuvent déterminer des choses comme ; vous apprenez les maths plus efficacement le matin entre 08h32 et 9h14. Vous apprenez les sciences plus efficacement par tranches de 40 minutes. À partir de la 42e minute, votre taux d’attention commence à baisser, nous devrions mettre ça de côté pour le moment et vous diriger vers quelque chose d’autre qui vous maintient attentif. Ce travail intense de 35 minutes, que vous faites tous les jours pendant la pause déjeuner : vous n’en retenez rien ; allez plutôt traîner avec vos amis, et vous ferez ce travail l’après midi quand vous serez plus disposé à apprendre. Vous apprenez mieux ceci avec des questions courtes; mieux celà avec des questions compliquées et difficiles. Nous devrions vous soumettre à nouveau ces informations dans quatre jours pour une mémorisation optimale. Et voici exactement les détails où vous allez batailler quand vous ferez vos devoirs ce soir, parce que vous n’avez pas appris certains concepts nécessaires à cet exercice. Et nous pouvons, en temps réel, allez chercher le petit bout de cours particulier, du mois dernier, ou de l’an dernier, et de manière transparente le placer sous vos yeux, pour que vous n’ayez pas à batailler. Nous pouvons prédire les échecs à l’avance et éviter qu’ils ne se produisent. Nous allons nous émanciper de ce modèle aliénant, parfois ennuyeux et parfois frustrant où tout le monde reçoit exactement la même chose, au même moment, rigoureusement dans le même ordre et avec le même niveau de difficulté. Pour la moitié de la classe, c’est trop difficile, et pour l’autre moitié, c’est trop lassant. On va proposer aux élèves qui ont le meilleur niveau les outils les plus stimulants. Cela leur permettra de libérer leur potentiel d’une manière innovante. Mais pour chaque enfant, quelles que soient ses difficultés, il existe une voie vers la réussite. Cela pourra prendre un peu plus longtemps, mais il existe toujours une voie vers la réussite. Et le système devient aussi de plus en plus performant à mesure que plus de gens s’en servent. Les différentes stratégies sont en compétition entre elles pour être réintroduites au sein de la génération suivante, de façon à ce que la stratégie qui est la plus efficace pour vous, une fois déterminée, n’importe quel enfant pourra ensuite profiter de cette stratégie. C’est complètement nouveau. Quand l’automobile a été inventée, ce n’est pas ce que les gens attendaient : ils demandaient des chevaux plus rapides. Et les gens ne demandent pas encore vraiment Knewton, car il ne savent pas encore ce que c’est, mais une fois qu’ils l’auront vu et essayé, alors ils l’adopteront tout de suite.

Stephen Heppell : On dit que l’éducation évolue très lentement. Mais tout à coup, il suffit d’être connecté. Ca change tout ; ça change les modalités de contribution, votre cerveau peut contribuer à distance.

Sugata Mitra : C’est une chose d’être assis là, dans le labo multimédia, et de discuter du futur. Je vais souvent dans des endroits aussi différents que possible d’un labo multimédia. Et je me demande, quelle est la valeur de toutes mes idées, ici. Mais il y a une grande raison d’avoir de l’espoir. Où que j’aille, la toute première chose que je demande, ou que je vérifie avec mon téléphone, c’est si la bande passante est suffisante pour avoir accès à Internet. Et en plein milieu de la jungle, parfois je constate qu’il y a toujours une connexion. Et je sais que tout ce que je dis peut aller n’importe où, et de la même manière. C’est une question de temps.

Lois Mbugua : La connectivité est réellement en train d’ouvrir le monde. Si vous connectez un village, par exemple Bonsaaso, les élèves peuvent alors réellement communiquer avec d’autres élèves, par exemple à Londres. Cela signifie qu’il peuvent commencer à voir le monde autrement. Éduquez un jeune, et vous éduquez une nation.

Margaret Kositany : “Connecter pour Apprendre” est un partenariat entre Ericsson, l‘“Earth institue” de l’université de Columbia, et la “Promesse du Millénaire”. Il y a deux aspects : cela fournit des bourses d’étude au filles, et “Connecter pour Apprendre” donne aux élèves des ordinateurs et un accès à internet, et leur montre comment s’en servir et comment récupérer des informations. L’éducation était limitée à ce que le professeur pouvait dire aux élèves, et le professeur s’appuyait sur un petit manuel scolaire, ou quelques rares livres, de sorte que l’enseignant n’était pas très impliqué. Maintenant il est possible d’avoir accès à beaucoup d’informations et les enfants discutent et échangent des informations, vous voyez qu’ils ont beaucoup plus de sujets de discussion, car ils ont le sentiment d’être plus impliqués. Et les enfants sont plus confiants.

Lois Mbugua : Ils ont l’énergie, ils ont toute la vie devant eux, et ils sont sur le point de commencer quelque chose de plus grand/à penser plus globalement. Si on leur apporte la connectivité, ils sont en fait capables de faire des transactions et ils peuvent commencer de petites affaires/choses, qui vont les transcender. Donc, je dirais qu’il s’agit en fait de l’ouverture de nos villages, de notre pays, et de tout le continent.

Margaret Kositany : Nous sommes en train de le mettre en oeuvre dans autant de pays que possible en Afrique, et aussi en Amérique du Sud. Il est possible de le développer à l’échelle de n’importe quel pays.

Seth Godin : La manière dont nous résolvons les problèmes captivants consiste à faire des erreurs, et des erreurs, et encore des erreurs, jusqu’à ce que nous réussissions. Et si vous avez eu l’occasion de parler à des gens qui ont réussi, de fait, la chose qu’ils ont presque tous en commun, c’est qu’ils ont essuyé une centaine d’échecs avant de réussir. Et ce qui les distingue des gens qui ne réussissent pas, ça n’est pas le fait qu’ils ont réussi, c’est qu’ils ont échoué plus que les autres.

Jose Ferreira : Je ne suis pas certain que les écoles puissent se permettre de dire : “nous devons nous perfectionner, afin de préparer le plus de gens possible à correspondre à ce système qui repose sur l’expérimentation.”

Stephen Heppell : C’est inimaginable, dans une société où l’on s’assoit pour passer un examen en se disant j’espère qu’il n’y aura pas de questions-pièges dans l’énoncé ; pendant que les professeurs pensent j’espère que je l’ai bien préparé pour tout. Comment cela pourrait-il préparer à un monde où chaque jour apporte son lot de questions-pièges. Un monde où la surprise est partout : dans l’économie, dans la société, dans la politique, dans les inventions, dans la technologie. Chaque jour est une surprise. L’apprentissage nous prépare à faire face aux surprises, l’éducation nous prépare à faire face aux certitudes. Alors qu’il n’y a pas de certitudes.

Sugata Mitra : Le professeur occupe une place entre l’enfant et l’éducation classique, en essayant de faire en sorte que l’enfant se confronte au système. Et jusqu’à ce que ce système s’écroule ou disparaisse, il/elle a un un rôle incroyablement compliqué qui consiste à maintenir la curiosité de l’enfant éveillée, tout en lui déclarant ; écoute, lorsque tu auras seize ans, tu devras commencer à mémoriser certaines choses, de manière à ce que tu puisses aller t’asseoir pour passer un examen, que tu le réussisses et que tu termines ta scolarité correctement.

Seth Godin : Je ne connais personne qui passe d’examen standardisé pour gagner sa vie. Pourquoi donc utilisons-nous les examens standardisés pour vérifier si vous allez être bons alors qu’il n’y aura plus d’examens standardisés après que vous l’aurez passé ? Cette façon de faire a contaminé la totalité de l’écosystème mercatique de l’éducation parce que les universités renommées le sont parce qu’elles sont extrêmement sélectives au regard des résultats du Scholastic Aptitude Test (test d’entrée pour les universités Américaines). Les parents veulent que leurs enfants aillent étudier dans une université renommée. Ils poussent donc les écoles à formater des élèves qui iront dans ces universités en obtenant de bons scores au SAT, ce qui dénature totalement les fondements de l’éducation. Si l’on pouvait faire en sorte que les parents, les enseignants, les enfants et les administrateurs aient cette discussion, qu’ils en parlent entre eux, qu’ensuite aux conseils d’administration des écoles ou aux réunions décennales les questions posées ne soient pas quels sont les résultats de vos élèves au SAT ? ; mais qu’on dise plutôt : le SAT n’a aucun sens, le système d’universités renommées est une escroquerie. On doit créer quelque chose de différent. Ce débat est possible. Ainsi le cours des choses pourra commencer à changer.

Daphne Koller : Coursera est une société d’entrepreneuriat social qui permet aux meilleurs universités de partager leurs meilleurs cours afin que n’importe qui autour du monde, dans la mesure où il possède une connexion internet, puisse jouir de l’accès à une éducation de qualité. À ce jour, c’est-à-dire fin septembre, on compte un million et demi d’étudiants qui viennent de 196 pays, même si la manière de compter les pays reste un peu discutable. On a 195 cours qui proviennent de 33 universités. Les cours les plus importants ont 130 000 inscrits, les cours moins fédérateurs sont suivis seulement par environ 10 000 personnes ; naturellement, ils continuent à se développer ; la plupart des cours n’a même pas commencé. Une classe moyenne, quand elle est lancée, est composée d’à peu près 50 ou 60 000 étudiants inscrits. L’ampleur est intéressante parce qu’elle permet de proposer un produit de grande qualité pour un coût différentiel par étudiant assez bas, ce qui nous autorise à accepter des gens qui ne peuvent vraiment pas se permettre de payer pour l’éducation et ainsi leur fournir une éducation gratuite. Une éducation gratuite de la plus grande qualité, parce que les coûts par étudiant sont si bas. La pratique, chez Coursera, c’est que le cours commence à une date donnée, et chaque semaine, l’étudiant a accès à de nombreuses rubriques. Chaque rubrique est un cours en vidéo, mais une vidéo interactive ; c’est-à-dire que vous ne restez pas assis là, pendant une heure, à regarder une vidéo, vous avez la possibilité d’interagir avec la vidéo. Il y a des contrôles rigoureux et significatifs de diverses catégories ; pas juste des questions à choix multiples, mais des exercices bien réels et approfondis. Et il y a une communauté d’étudiants avec laquelle interagir, à qui poser des questions, afin d’obtenir des réponses d’étudiants suivant le même cursus. Ainsi on a un meilleur apprentissage à travers l’aide réciproque, aussi bien qu’un échange social, de sorte qu’on a une réelle impression d’appartenir à une communauté d’étudiants autour de cette activité intellectuelle. Les gens nous demandent souvent si les universités appartiennent désormais au passé, si les universités vont disparaître… et je pense avec certitude que ce n’est pas le cas. Il y a quelque chose de formidable à l’idée de réunir des gens dans un endroit où des interactions fortuites peuvent voir le jour. Un endroit où on peut avoir un tutorat en face-à-face entre un étudiant et un instructeur, où les étudiants peuvent se parler entre eux, créer ensemble et apprendre à débattre d’idées. Cette expérience sur un campus physique n’a pour le moment aucun équivalent virtuel effectif. Notre but ici, et je pense qu’il faut être pragmatique sur ce sujet, n’est pas nécessairement d’ouvrir la voie, ni de donner un équivalent à des étudiants qui n’ont pas actuellement accès à ce à quoi les étudiants fortunés de Princeton ont accès. Ce qui serait réellement un but enviable, mais qui n’est pas forcément quelque chose que nous pouvons accomplir dans un délai aussi court. Ce que nous aimerions faire, c’est amener ces deux extrêmes à faire considérablement mieux que ce qu’ils peuvent faire actuellement, même s’ils ne se retrouvent pas égaux en fin de compte. Si nous améliorons beaucoup les choses, à la fois pour les étudiants du campus, et ceux qui n’y ont pas accès actuellement accès, je pense que nous aurons fait une chose géniale.

Seth Godin : Alors voyons comment les révolutions fonctionnent. Les révolutions détruisent le parfait et permettent l’impossible. Elles ne passent jamais d’un coup de “tout va bien” à “tout va bien”. Il y a beaucoup d’interférences entre les deux. Quand on observe le milieu musical : l’Internet a d’abord détruit les maisons de disque. Et cela permet seulement maintenant aux musiciens indépendants d’être entendus.

Jose Ferreira : L’éducation a tendance à évoluer par paliers, donc quand, effectivement, ça évolue, le changement est explosif. le mouvement qui va d’avant l’imprimerie à après l’imprimerie est une seule et même transition dans l’Histoire du monde, en termes d’éducation. L’éducation en ligne va bientôt être ainsi. Et nous voulons être sûrs, en tant qu’espèce, que l’espèce humaine fait bien les choses.

Daphne Koller : Une des révolutions que nous nous apprêtons à voir est : comment l’éducation est de moins en moins un pourvoyeur de contenu parce que ça va être une denrée disponible, espérons-le, elle va être accessible pour tous dans le monde entier. Et une partie beaucoup plus importante que ce que nous pensions de l’éducation est en route pour revenir aux origines de l’enseignement. Celle où l’éducateur engage la conversation avec les étudiants et les aide à développer leurs compétences intellectuelles, leur capacité à la résolution de problèmes, et leur passion pour la discipline. Le genre de choses qui sont bien plus faciles à faire dans un face à face et qui sont vraiment très dures à faire avec un format en ligne, mais pour lesquelles l’expérience des universités, comme nous la connaissons c’est : vous êtes à la bonne place pour ce genre de développement de compétences.

Seth Godin : Maintenant ce que je veux voir des écoles c’est : amener les enfants à la vouloir. Créer un environnement où les enfants sont sans repos jusqu’à ce que leur besoin d’informations soit satisfait.

Sugata Mitra : A chaque fois que j’ai une bonne question, j’obtiens un engagement immédiat. Je pense qu’un professeur doit rester en arrière et dire quel est le sujet du jour. Ouvrez vos cahiers et découvrez le vous-mêmes.

Seth Godin : Ce dont nous avons besoin, ce sont des professeurs qui vont regarder les gens dans les yeux et qui vont croire en eux, et les pousser à aller de l’avant, et c’est dur de faire ça sur Internet. Ça doit vraiment être fait en face de la personne.

Stephen Heppell : L’école a décidé d’être meilleure car elle voit les enfants devenir meilleurs. Et les professeurs… Que dit leur t-shirt ? Il dit : “on est là pour le résultat, pas pour le salaire !” Les professeurs sont là car ils peuvent voir le changement chez leurs élèves. Si vous ajoutez tous les enfants de l’histoire du monde, plus d’enfants vont quitter l’école dans les 30 prochaines années qu’ils ne l’ont fait au cours de toute l’histoire. Si je devais changer une seule chose, j’améliorerais juste un peu leur éducation. Et ça changerait l’histoire plus que tout le reste.