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En avant la musique libre ! Interview de Martin

jeudi 25 avril 2013 à 04:57

Avant d’être un outil, le logiciel est une création de l’esprit. Et pour les programmeurs les plus inspirés, le code peut s’apparenter à une création artistique. Il est donc logique que la défense et la promotion du logiciel libre soient assez vite allées de pair avec la volonté de rendre libres d’autres créations de l’esprit, d’autres domaines artistiques.

La culture, bien vite, a exploré cette nouvelle façon d’aborder l’échange des créations de l’esprit… La musique a été un des premiers domaines où des expériences libres ont eu lieu à grande échelle. Martin, un tout jeune étudiant qui a conçu le site Framazic, nous parle du tournant culturel pris par l’association Framasoft.

— Pouhiou

Framablog : Tu as proposé le site Framazic lors d’un projet de stage… À quel besoin voulais-tu répondre avec ce projet ?

Le but principal de Framazic est de faire découvrir la musique libre, aussi bien d’un point de vue théorique que pratique.

En tout cas, l’objectif de Framazic n’était pas de créer une plateforme d’hébergement de musique, mais bien de mettre à disposition une porte d’entrée vers la musique libre.

Malgré tout, tu as proposé ce site culturel à une association qui a « Soft », donc « logiciel », dans son nom… Tu ne craignais pas le refus ? Ce fut bien reçu ?

En réalité, ce n’est pas moi qui ai eu l’idée de Framazic. C’est un projet qui traînait dans les cartons de Framasoft depuis bien longtemps, et que j’ai repris et adapté à ce que je voulais qu’il devienne. Certes Framasoft est né du logiciel libre, mais la perspective « Culture libre » n’est pas nouvelle et a mûri progressivement. Le projet Framabook est un bon exemple à ce titre : partie des manuels de logiciels libres, la collection s’est vite étendue à la BD, à l’essai, et même récemment au roman. Cependant là où Framazic fait figure d’exception dans le réseau de projets, c’est que c’est le premier consacré uniquement à la culture libre.

Donc pour répondre à la question, bien sûr que ce fut bien reçu !

J’imagine que tu as suivi la sortie de Framazic avec intérêt… Quel accueil a-t-il reçu ? Es-tu content des résultats obtenus, de ce qu’ils apportent… ?

J’ai été très agréablement surpris en voyant que des sites d’information comme PcInpact, Écran.fr et d’autres avaient repris l’information. On a aussi eu droit à 5 pages dans le Linux Essentiel d’octobre-novembre. De manière générale, le projet a été très bien reçu. Les commentaires et témoignages que l’on a pu recevoir étaient très encourageants. Ça fait réellement plaisir de voir que Framazic a pu être utile pour d’autres personnes, surtout quand on s’est beaucoup investi pour le créer.

Le libre est né en même temps que le logiciel. Pour la musique (et les autres créations artistiques), c’est différent : un marché, un écosystème et des règles de fonctionnement existaient déjà… Est-ce que le libre a une chance dans le monde culturel ?

Je l’espère ! Précisons que la musique libre ne s’est pas créée à partir de rien : les pratiques d’échange et de mise à disposition existent depuis bien longtemps. L’avantage de la musique libre c’est d’offrir un cadre légal, pratique et clair à la diffusion. On en voit toute son utilité avec la diffusion numérique.

Je pense que tout le monde peut se retrouver dans la musique libre, les artistes, « petits » comme « grands », les mélomanes et les diffuseurs. Même si la musique libre implique un changement radical de modèle de diffusion, je pense qu’elle pourra trouver sa place. Mais là où tu as raison, c’est que le système médiatique est très fermé. Ça peut être un frein, mais il y a d’autres moyens de se faire connaître. La musique libre n’est pas l’œuvre de quelques illuminés marginaux. Il y a, je pense, un début de mouvement de masse. Par exemple, Jamendo a réussi à percer dans le grand public. Je vous invite à faire un tour sur framazic.org pour plus de détails sur tous ces points.

Entre nous, ton premier coup de cœur culturellement libre, c’est quoi ?

En musique, j’avais découvert Tryad il y a quelques années. Un grand classique en matière de musique libre, qui m’a fait entrer dans ce monde. Je l’écoute encore régulièrement. Je suis resté très attaché à ce collectif d’artistes. C’est d’ailleurs pour ça que les trois premières chansons de la compilation de Framazic sont de Tryad. Je pense que c’est un bon exemple pour montrer ce que de bons musiciens peuvent faire arriver à faire en musique libre.

Crédit photo : Julien Reitzel CC-by-sa

Framasoft, un coup d'œil sur la communauté - Interview aKa

mercredi 24 avril 2013 à 04:57

Dans cette semaine consacrée à l’accueil et aux nouveautés déjà là et imminentes, prenons un temps pour faire le point sur la communauté qui irrigue littéralement Framasoft de son énergie active. Car au-delà de l’association et des outils web, Framasoft est avant tout une communauté… Alexis, notre éleveur de lolcats plus connu dans les bas-fonds du Web sous le sobriquet de aKa, nous parle de ces gens de l’ombre qui œuvrent tant et tant pour partager librement et faire de la culture libre un idéal en marche, résolument.

— Pouhiou


Framablog : Comment une communauté s’est-elle construite autour de Framasoft ? Quels outils aviez-vous il y a dix ans ?

Il y a dix ans j’avais ma bite, mon couteau et Internet. Aujourd’hui Internet est toujours là (même si on le menace), le couteau a un peu changé de forme mais il a toujours la même fonction, quant au reste pas la peine de s’appesantir dessus.

Mais tentons de répondre plus sérieusement à la question de la communauté. Le phénomène est assez classique dans le Libre : petit à petit des gens sont venus me rejoindre parce qu’ils trouvaient que ce que j’avais initié était original et intéressant. De là à parler de « communauté »…

Disons que c’est un mot pratique, à la mode et connoté positivement mais il me serait assez difficile d’en définir les contours. Toute personne qui a un jour participé de près ou de loin à nos projets peut avoir la carte de membre (qui n’existe pas). J’irai même plus loin en élargissant à toute personne qui promeut et diffuse le Libre d’une manière ou d’une autre, ce qui fait du coup une bien vaste communauté ;)

J’imagine qu’aujourd’hui les moyens de communication ont changé… Mon petit chat m’a dit que tu gazouillais beaucoup ?

J’y suis allé un peu à reculons sur les réseaux sociaux mais c’est vrai que, pour ce qui concerne le microblogging, j’ai fini par me prendre au jeu, aussi bien pour le compte Framasoft, que je gère, que pour mon compte personnel, que je gère aussi (étonnant, non ?). Le compte Twitter de Framasoft vient de dépasser les dix mille abonnés soit dit en passant et il n’y a pas que des lolcats dedans !

Tu peux me faire un portrait-type du contributeur / de la contributrice ? Qu’ont en commun ces personnes qui donnent de leur temps et de leur savoir-faire sur un projet ?

Le dénominateur commun c’est de penser que le Libre au sens large apporte quelque chose à la société actuelle. Pour ce qui est du portrait-type, la question est difficile puisque je n’ai souvent d’elle ou de lui que les traces écrites de son travail et de sa communication autour du travail (d’ailleurs parfois on ne devinera jamais si c’est « elle » ou « lui » derrière son pseudo). Pour en savoir plus il faudrait aller plus loin dans l’intime et nous sommes des gens pudiques nous Môssieur ! Heureusement il y a les rencontres dans la vraie vie, avec des vrais verres de bière autour d’une vraie table, qui autorisent parfois certains confidences…

D’ailleurs, peut-on dire qu’il y a une communauté Framasoft, ou une communauté par projet ? (framalang, framabook, github, framalibre, etc.)

Là aussi cela dépend où l’on place le curseur. Disons que Framasoft c’est un peu comme l’Europe, et les projets les pays qui composent l’Europe. Ah zut, on me dit dans l’oreillette que l’Europe va mal actuellement et que j’aurais pu trouver une autre métaphore.

À quoi faut-il faire attention pour conserver le soutien d’une communauté ? Qu’est-ce qui te semble indispensable quand tu chapeautes un groupe de contributeur-trice-s ?

Bonne ambiance et pertinence sont les deux mamelles d’une communauté qui va vivre heureuse, avoir beaucoup d’enfants et continuer à nous soutenir. Il convient bien moins de « chapeauter » que d’être présent, à l’écoute, reconnaître le travail des autres, et communiquer son enthousiasme.

Exercice difficile… sans démagogie, qu’est-ce qu’on ne dit pas assez à la FramaCommunauté ?

Ce n’est pas difficile du tout et ça n’est pas démagogique : on ne lui dit pas assez souvent… qu’on l’aime <3 ! Parce que venir bénévolement (et parfois anonymement) se joindre et donner un peu de son temps libre à un projet libre, c’est précieux et généreux.

Réformons le copyright à coups de masse pour le réduire en miettes !

mardi 23 avril 2013 à 13:36

Zacqary Adam Green est un réalisateur étasunien pour le moins libre. Non content d’être au parti pirate new-yorkais, il dirige le projet Plankhead, une organisation/collectif/vaisseau pirate produisant de l’art libre. Sa vision du copyright est radicale : c’est, pour lui, un système inadapté.

En posant la question d’ordre pratique, le fameux “et qu’est-ce que tu vas faire ?”, il démontre à quel point les licences libres sont des outils légaux qui peuvent se rapprocher des vœux pieux.

Il est amusant de voir que ceux que l’on traite d’utopistes, de doux rêveurs, sont ceux qui font le plus preuve de pragmatisme. Cet article, ancré dans le concret, permet de bousculer les idées préconçues sur les licences Creative Commons. Il permet de pousser la réflexion jusqu’au bout : et si la loi était en fait inadaptée à protéger/soutenir les créateurices ? Et si la dématérialisation des productions de l’esprit reléguait la législation de la propriété intellectuelle à des pratiques d’un autre âge, d’une autre économie…?

Tant de pragmatisme, ça laisse rêveur… non ?

(Pouhiou)

Réformons le Copyright. À coups de masse. Pour le réduire en miettes.

Let’s Reform Copyright. With A Sledgehammer. Into Smithereens.

Zacqary Adam Green - 16 avril 2013 - Licence CC-0
(Traduction Framalang : Penguin, ZeHiro, Garburst, goofy, peupleLà, Pouhiou, Asta, Garburst, Neros)

Il y aurait bien des manières de réformer le monopole du copyright afin de résoudre certains des problèmes qu’il pose. C’est politiquement faisable. Mais à long terme, il va vraiment falloir l’abolir complètement.

Les Creative Commons ont été l’une des meilleures tentatives pour résoudre les problèmes posés par le monopole du copyright. Les Creative Commons font un excellent travail en incitant les personnes qui créent à envisager différemment le monopole du copyright et plus particulièrement ce que d’autres peuvent faire de leur travail. Malheureusement, il y a comme un gros problème. Le voici, résumé en une image :

CC Guide Fr - peupleLà

C’est le problème que pose toute loi basée sur le monopole du copyright : elle ne protège que les personnes qui ont les moyens d’engager une poursuite judiciaire. Si vous avez l’argent, si vous avez le temps, et si vous êtes prêts à passer des années à supporter le stress et les absurdités de la procédure, alors vous pouvez profiter des avantages du monopole. Sinon, c’est une fumisterie.

Malgré tous les beaux débats que les Creative Commons ont lancés, je reste persuadé qu’une seule de leurs licences est vraiment utile : la CC0, celle qui place tout votre travail dans le domaine public. J’adore la CC0 en fait. C’est pour moi une technique anti-piratage très efficace : il est littéralement et matériellement impossible aux gens de faire quoi que ce soit d’illégal avec mon travail.

À moins d’être une grosse multinationale (ou un individu extrêmement riche), l’expérience que vous aurez avec une licence basée sur le copyright ne sera guère différente de celle que vous aurez en plaçant votre œuvre dans le domaine public. Vous serez livré complètement à la merci des autres, à leur envie d’être – ou non – des blaireaux avec vous. Si votre œuvre est dans le domaine public, alors ceux qui téléchargent votre travail, s’en régalent à fond, et ne vous reversent pas un centime bien qu’ils en aient les moyens… ces gens-là sont de sombres connards. Utiliser sciemment votre chanson du domaine public dans un show télévisé de grande écoute, et ne pas même vous proposer une part des énormes profits générés ? Des crevards. Revendre votre œuvre sans même vous en créditer ? Connards de crevards de putains de connards.

Inutile de rendre la connerie illégale. En fait, la plupart des tentatives pour rendre la connerie illégale causent tellement de dommages collatéraux aux libertés civiles que ça n’en vaut même pas la peine.

Mais ne pourrions-nous pas étendre les bénéfices du monopole du copyright jusqu’au plus crève-la-faim des artistes en réformant le système juridique ? Que se passerait-il si déposer une plainte n’était pas aussi cher, aussi chronophage, et aussi inaccessible ?

Bien, tout d’abord, je voudrais vous demander comment diable vous avez prévu de faire ça. Peut-être que nous ne devrions pas démocratiser la possibilité de lancer des poursuites judiciaires les uns contre les autres. Peut-être est-ce une bonne chose que déposer une plainte et se lancer dans un procès soit une procédure d’une telle stupidité, d’une telle lourdeur bureaucratique, que ça vous ronge l’âme : parce que déposer une plainte est une manière plutôt stupide de régler des différends. Face à cette lenteur du système judiciaire, son côté ardu, il est tellement plus intéressant d’essayer de parler entre nous, plutôt que de chouiner pour que l’État abatte son marteau sur les gens que nous n’aimons pas. S’entendre à l’amiable, hors des tribunaux, est censé être plus plaisant.

Voilà pourquoi on devrait pouvoir faire disparaître totalement le monopole du copyright. Il nous incite à ne pas discuter. Pourquoi ne pas laisser les humains interagir et faire ainsi naître des règles de savoir-vivre pour l’accès et la réutilisation d’œuvres d’art ? Pourquoi créer des armes légales et s’en menacer mutuellement, au lieu de simplement agir en adultes et se parler ?

On ne se parle plus, toi et moi, humanité. Tu ne me rappelles jamais.

MISE à JOUR 26/04 - Suite à la traduction de cet article dont le ton provocateur et l’argumentation radicale suscitent le débat, nous vous invitons à parcourir le point de vue contradictoire de Calimaq sur son blog : Jeter les Creative Commons avec l’eau du Copyrright ?

Framasoft rembobine, bientôt l'avance rapide

mardi 23 avril 2013 à 03:57

C’est la semaine FramAccueil. Une semaine où, chaque jour, on vous présentera un peu plus les coulisses de notre nouvelle page d’accueil. Car revenir sur cette présentation de toute la galaxie Framasoft, c’est surtout revenir sur plus de 10 ans d’aventures clavistes et AFK, de sites et outils web, de travail collaboratif au service du Libre au sens large. Avec la nouvelle page d’accueil de Framasoft, toute la galaxie Frama est accessible en quelques roulements de molette.

Cette semaine est l’occasion pour nous de mieux communiquer sur l’ensemble des services proposés, grâce à vos dons, à vos apports, à notre travail commun. De faire le point sur le présent avant de mieux se tourner vers l’avenir.

Nous avons donc demandé à Christophe, le président de l’association, de répondre à quelques questions pour faire l’historique de l’association et de ses projets…

— Pouhiou

Framablog : Christophe, quand on entre dans l’association Framasoft, il y a toujours quelqu’un pour dire : « Tu vas voir : avant de connaitre tous les projets qui existent et de comprendre tout ce qui s’est fait, t’en as au moins pour un an. » Tu confirmes ?

Après un an et demi de présidence, j’en suis encore là. À ma décharge, je précise que certains framasoftiens sont beaucoup plus anciens que moi dans l’asso… Ce que d’aucuns pourraient voir comme une pléthore d’activités est en réalité le reflet du foisonnement Framasoftien. Au fil des rencontres, Alexis a su tisser des liens plus ou moins solides avec d’autres acteurs du Libre, et il a su aussi attirer des volontaires qui ont collaboré activement à certains projets plus que d’autres, ou ont pris en charge un projet en particulier, et se sont ainsi intégrés petit à petit dans le cercle associatif.

Une expression qui est longtemps restée pour décrire Framasoft était : « un réseau à géométrie variable ». C’était et c’est toujours plus ou moins le cas : qu’on adhère ou non aux valeurs de Framasoft, qu’on soit un acteur du libre, un ardent défenseur ou parfaitement ignorant de la différence entre Gnome et KDE ou entre les licences GNU GPL et BSD, il est toujours possible de participer à l’un des projets de Framasoft.

Les années aidant, nous devons aux donateurs comme à la bonne santé des projets une certaine stabilité dans nos objectifs, et c’est tout un projet de structurer Framasoft autour de projets phares… avec tout ce que cela comporte comme risques, puisque un projet mis en valeur peut très bien s’avérer complètement inutile face à l’avancement inexorable du Libre dans bien des domaines.

L’idée est donc désormais de structurer les activités autour de trois grands piliers d’une éducation populaire au Libre : le logiciel, la culture et les services.

Framablog : Pour savoir comment nous en sommes arrivés là, partons du début. Ca veut dire quoi Framasoft ? Il paraît qu’au départ, c’est une bande de potes ?

Si on comprend tous que le « soft » fait référence aux logiciels, il est plus difficile de savoir d’où vient la racine « Frama » que l’on retrouve en préfixe à tous les projets. Framasoft était au départ un petit catalogue en ligne qui était hébergé comme une rubrique du site Framanet (pour FRAnçais et MAthématiques en IntraNET), co-animé par Alexis Kaufmann et Caroline d’Atabekian(1), tous deux enseignants du secondaire. Fin 2001, Framasoft est devenu un site à part entière, axé sur les logiciels libres et proposant un annuaire collaboratif. Depuis lors, l’annuaire a toujours été une activité centrale de Framasoft, mais il était devenu de plus en plus évident que le Libre ne se résume pas à des logiciels(2).

Quand, en 2004, l’association (loi 1901) fut créée, il y avait déjà beaucoup de contributeurs. L’annuaire dépassait déjà largement les seuls logiciels libres disponibles sous Windows, mais concernait les trois grands systèmes d’exploitation du marché. Pour structurer la communauté ainsi formée et permettre davantage de dialogue non seulement entre contributeurs mais aussi avec le grand public découvrant le libre, le forum Framagora fut créé et nombreux sont ceux qui, tout comme moi, ont découvert et intégré Framasoft grâce à ce forum. Et c’est « seulement » en 2005 que le projet d’un DVD-Rom compilation de logiciels libre (aujourd’hui FramaDVD) et le projet Framakey sont nés.

Le premier reprenant l’idée de The Open CD a été créé par un groupe d’étudiants, encadrés par Pierre-Yves (alias Pyg) et le second que le même Pierre-Yves menait. Ceci amorça la dynamique que nous connaissons aujourd’hui, qui se caractérise par plusieurs projets avec des communautés autour. Celles-ci s’entrecroisent, et grâce à elles, c’est aux frontières des projets que l’innovation se fait.

Dans le slogan « la route est longue mais la voie est libre », je n’ai jamais vu cette longueur comme le chemin de croix harassant vers la libération quasi-théologique de l’informatique, mais au contraire comme une suite infinie de choix possibles vers une ligne d’horizon.

Framablog : Et des projets avortés, ou qui sont tombés en désuétude… genre le « cimetière Framasoft »… il y en a ?

Je ne veux pas éluder la question, mais regarder en arrière n’est jamais quelque chose de productif. Nous sommes des bénévoles et, à ce titre, si nous donnons du temps à Framasoft, ce n’est pas pour être nostalgiques. À vrai dire, des projets avortés, il y en a tous les jours : tout ce que nous aimerions faire et ce que nous n’avons pas le temps ni les moyens (humains surtout) de réaliser. Il arrive très souvent que nous dépensions beaucoup d’énergie pour rien.

Malgré l’enthousiasme de la communauté, le projet Framavion n’a jamais vraiment décollé.

C’est le lot de n’importe quel projet associatif et communautaire. Par exemple, nous aimerions développer davantage le projet Framaphonie, les services Cloud que nous proposons peuvent toujours être améliorés, et notre annuaire…. là je ne dis rien pour l’instant parce qu’il se trouve que nous avons la solution !

Framablog : Du coup, aujourd’hui, quels sont les projets qui enthousiasment le plus la communauté ?

Là encore il est difficile d’établir une hiérarchie. Certains projets ne nécessitent pas forcément une grande communauté et sont pourtant très célèbres, comme Framadate. Donc il faut décrire les choses non en termes de productivité mais en termes de rapport entre le nombre de contributeurs et la dynamique journalière (le nombre d’actions par contributeur). De ce point de vue, le groupe Framalang qui s’occupe de traduire des textes, le plus souvent anglophones, est de loin celui qui a une activité très soutenue… et comme il utilise Framapad pour travailler, et le Framablog pour produire des textes à destination du public, on voit ici nettement les interactions entre les projets.

Le projet Framabook aussi connaît de l’activité ces temps derniers. C’est invisible pour le public, mais la production d’un livre représente beaucoup d’heures de la part des membres, en particulier la relecture d’un ouvrage. Donc ici, ce n’est pas en termes de dynamique qu’il faut envisager les choses mais en termes d’heures travaillées. Tout comme le Framablog, qui exige une veille soutenue de l’ensemble de la sphère du Libre, ou le développement de la Framakey qui mobilise de temps à autre Pierre-Yves durant de longues heures pour l’adapter à un projet de partenariat.

Framablog : Est-ce qu’on peut dire un mot sur les FramaTrucs de demain ?

C’est bien simple : nous en avons plein les cartons. Mais ce qui est certain, c’est que le déballage ne peut se faire qu’à partir du moment où nous aurons structuré… allez je lâche le nom de code : Framalibre !

Quelques logos à l’étude pour les projets à venir

(1) Caroline d’Atabekian ne tardera pas à fonder le plus important portail collaboratif des enseignants de Lettres, le WebLettres, dont la naissance est évoquée dans ce billet .

(2) L’ouvrage Histoires et Cultures du Libre (Coll. Framabook, 2013) se veut être une illustration de l’immensité des domaines concernés par le Libre.

* * *

Crédit photo : Musée de l’air et de l’espace de San Diego

La page d’accueil de Framasoft fait peau neuve !

lundi 22 avril 2013 à 04:57

Des années, peut-être même une décennie, qu’elle n’avait pas bougé et avait fini par prendre la poussière. Nous avons décidé de mettre radicalement à jour notre page d’accueil, en proposant une entrée qui rend plus lisible et reflète mieux ce que Framasoft est devenu aujourd’hui. Avant donc, cela donnait ça :

Framasoft ancienne page d’accueil

Autrement dit cela mettait surtout en avant l’historique premier service Framasoft, à savoir son vaste annuaire de logiciels libres (rebaptisé « Framalibre », en attendant lui aussi une substantielle et prochaine mise à jour). Quant à la forme, elle nous confiait depuis un certain temps ses envies de jeunesse, de fougue responsive, de Web sémantique…

Or, vous l’avez lu dans notre poisson du 1er avril, Framasoft est une galaxie en pleine expansion « afin d’amener un public toujours plus large à plus de liberté dans l’univers numérique ».

En effet, Framasoft, dix ans plus tard, c’est aussi Framakey, Framabook, Framablog, Framapad… en tout pas moins d’une vingtaine de projets ayant le Libre comme dénominateur commun. Il est d’ailleurs significatif que l’on parle désormais de Libre et non seulement de logiciels libres. Tous ces projets ont du coup été regroupés dans trois principales catégories, logiciels, cultures et services libres, plus claires et cohérentes pour le visiteur. Et puis aussi, voire surtout, Framasoft ce sont des hommes et des femmes qui travaillent bénévolement pour faire vivre et avancer tous ces projets au sein d’une communauté active et enthousiaste animée par une association. Nous avons également souhaité mettre plus en avant cet aspect humain, d’autant plus que nous existons avant tout à partir d’Internet.

C’est aussi pour cela que nous vous proposons l’interview de la principale responsable de cette nouvelle page d’accueil, peupleLà, pour en savoir plus sur le pourquoi du comment d’un tel choix.

Merci de votre attention. De votre confiance et fidélité aussi.

Si vous ne l’avez pas encore vue, voici notre nouvelle page d’accueil. N’hésitez pas à donner votre avis et rapporter des bugs dans les commentaires, car ici comme ailleurs tout est en mouvement.

— Pouhiou

* * * * *

Bonjour peupleLà, peux-tu te présenter succinctement ? Qui se cache derrière ce pseudo ?

Bonjour. Je travaille comme éditrice dans les humanités numériques. Je suis également traductrice de l’anglais américain, entre autres activités. Derrière le pseudo se trouve une personne passionnée — et parfois perplexe — devant tout ce que les humains arrivent à créer individuellement ou collectivement : un rêve de liberté, des formes de société, ouvertes ou fermées, des œuvres d’art, des systèmes de pensée, des langages, des merveilles technologiques et des horreurs de toutes sortes, des jeux et des guerres… (on me souffle dans l’oreillette de *ne pas faire trop long*)

Alors Framasoft, tu y es entrée comment et pourquoi ?

Très simplement : un twitt > tester Framapad > des traductions > rejoindre Framalang > le projet Open Advice > rejoindre Framabook > rejoindre Framasoft > etc. En fait l’approche de Framasoft est très au point. Un petit appeau pour appâter les oisillons innocents, et le temps de se rendre compte de la manœuvre, on se retrouve embringué dans un truc sympathique et improbable. Il faut mettre en garde les jeunes personnes influençables : le Libre, c’est bien beau et séduisant, mais si on sait quand et comment ça commence, sait-on vraiment où cela va nous entraîner ?

Et que fais-tu de beau au sein du réseau ?

J’amène mon grain de sel et mes compétences là où elles peuvent être utiles. Je participe beaucoup aux traductions, et surtout à la phase de préparation des publications où je donne libre cours à mes tendances psycho-rigides en matière de langue française et d’ortho-typographie.

Cette nouvelle page d’accueil, on te l’a imposée ou tu étais volontaire ?

C’était ça ou le supplice des fourmis… Comme je l’expliquais plus haut, l’approche Framasoft est très bien rodée. Après leur recrutement, les nouveaux membres doivent passer par divers rituels initiatiques qui leur permettent progressivement de s’intégrer au groupe. Cela inclut un certain nombre d’épreuves dont je ne suis pas autorisée à parler publiquement. Comme le dit notre devise : « La route est longue, mais la voie est libre… »

Plus sérieusement, la page d’accueil ne m’a pas été imposée, elle s’est proposée à moi, parmi les nombreux projets en cours que j’ai découverts lorsque j’ai rejoint l’association. Ce projet était dans les cartons depuis longtemps et était devenu urgent : c’était donc une priorité pour l’année 2013. Des questions de choix de design et d’ergonomie restaient sans réponse, et comme ce sont des domaines sur lesquels, sans être une experte, j’ai quelques compétences, c’était le projet dans lequel il m’a semblé le plus facile d’entrer au départ. J’ai amené des propositions et de fil en aiguille, j’ai fini par soumettre une maquette qui a été validée par l’asso. Puis je me suis également chargée de l’intégration.

Explique-nous un peu ces nouvelles couleurs et cette mise en page radicalement différente de la précédente version. En quoi te semble-t-elle cohérente et ergonomique ?

Ce projet a vraiment été le moyen pour moi de découvrir Framasoft de l’intérieur : les personnes, les projets, le fonctionnement, le réseau… bref, le bazar ! Certains choix étaient déjà arrêtés : l’utilisation du framework bootstrap, le fait que cette page devait être un portail vers l’ensemble du réseau — et ne plus être principalement la page d’accès à l’annuaire des logiciels libres —, la présentation succincte de chaque site du réseau.

Il fallait donc trouver une forme qui parte de l’existant et qui rende compte de l’esprit « Frama » : le foisonnement, beaucoup d’envies dans beaucoup de directions, une histoire déjà longue dans laquelle je comprenais qu’il fallait trouver une sorte de fil conducteur. Être noob était un avantage, car je pouvais encore me placer de manière « naïve », comme quelqu’un qui découvre le réseau (ce qui était le cas).

Des discussions internes avaient permis de se rendre compte qu’il y avait en fait désormais trois axes Framasoft : les logiciels libres (le socle historique de Frama), la culture libre, et bien plus récemment, le cloud libre… ainsi que divers projets difficilement rangeables. J’ai donc très logiquement imaginé de regrouper les sites du réseau — les FramaTrucs — par axes, de créer des pseudo-pages pour chacun de ces axes et de proposer une navigation interne à la page pour limiter l’effet « scroll interminable » de la mort qui tue, dû à la présence de contenus nombreux. Le haut de la page permet aux habitués d’accéder directement aux contenus qui les intéressent. La deuxième pseudo-page présente la communauté, sans laquelle le Libre n’est rien. Suivent une pseudo-page pour chacune des catégories de FramaTrucs.

J’avais envie de mettre un peu de couleurs dans tout ça, et en même temps je suis plutôt fan de sobriété et de design épuré. Après plusieurs essais de gammes de couleur, j’ai proposé la version qui est actuellement en ligne, dans l’idée d’identifier aussi chaque axe par une gamme de couleurs qui lui serait propre, tout en gardant quelques repères historiques de l’identité visuelle de Framasoft : les pingouins mascottes, le bleu, très présent sur la plupart des sites existants, le titre « Framasoft » bicolore… j’ai pensé que je pouvais utiliser ce qui restait des couleurs primaires et secondaires : rouge, jaune et vert, pour les axes nouveaux qui ont émergé dans les activités de l’asso.

fillette visage peint

PeupleLà, encore toute petite, faisait déjà des essais de couleurs pour la page d’accueil

Il a également fallu réfléchir aux éléments de navigation : c’est une page portail, donc elle comporte énormément de liens et ce n’est pas évident à gérer. J’ai opté pour que ces éléments soient repérables, identifiables par la cohérence des couleurs et des symboles clairs, mais le plus discrets possible pour éviter d’alourdir trop cette page. Ce n’est peut-être pas la meilleure stratégie, mais j’ose espérer que les visiteurs s’approprieront ces codes de couleur. Les petits carrés de navigation interne ont l’avantage d’être utilisables aussi sur les diverses plateformes mobiles.

Et puis, cette page porte forcément la trace de mes préférences : je sais bien qu’on ne travaille pas pour les gens qui sont comme soi, j’en tiens compte, mais il se trouve que je fais partie de ceux qui ont tendance à pratiquer le terrible et terrifique et horrifique « effet rebond » quand ils atterrissent sur un site qui leur montre où aller et que faire à grands coups de boutons et de signes énormes qui disent We’re cool: we don’t make you think!

N’as-tu pas peur de dérouter les anciens visiteurs ?

Euh… peur ? quel mot ! Disons que ça m’ennuierait que cette page perturbe les anciens visiteurs au point qu’ils la rejettent. Je pense qu’on a tous tendance à avoir nos habitudes, et que ça n’est pas toujours agréable de devoir les changer du jour au lendemain. En même temps, le changement fait partie de la vie. Quand on bouge un espace ou dans l’espace, qu’on déménage ou qu’on voyage, ça déstabilise et on a besoin d’un temps pour prendre de nouveaux repères. J’espère donc que la période d’adaptation ne sera pas trop pénible pour les anciens visiteurs et qu’ils apprécieront le nouveau point de vue qu’on leur propose, qu’ils sauront y faire leur chemin.

remarques de style

Que reste-t-il à faire concrètement ? En modifiant ainsi l’accueil, n’est-ce pas le réseau entier qui va petit à petit se mettre au diapason ?

L’idée c’est un peu ça, oui. En même temps, il ne s’agit pas de créer une identité uniforme, style corporate. De toutes façons, même si on le voulait, ce serait impossible : Framasoft est vraiment beaucoup plus du côté « bazar » que du côté « cathédrale ». Ce que j’ai en tête, comme je le disais, c’est plutôt de donner un fil pour pouvoir s’y retrouver dans le bazar : pouvoir se perdre, flâner, découvrir, c’est super… mais pouvoir aussi trouver rapidement le chemin si on a une direction précise à l’esprit, c’est important aussi. Je participerai probablement à d’autres projets de ce type d’ici la fin de l’année, et peut-être que d’autres viendront apporter leur contribution. Qui sait ?

Un dernier mot ?

Une jolie citation extraite de L’ïle aux fleurs, « Libre est l’état de celui qui jouit de liberté. Liberté est un mot que le rêve humain alimente. Il n’existe personne qui l’explique, et personne qui ne le comprenne. »

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