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Valentina, logiciel libre de création de vêtements (et Gucci devint GNUcci)

mardi 7 janvier 2014 à 18:42

Le monde du logiciel libre manque d’applications dédiées à la création de vêtements. D’autant qu’avec le boom des fab labs, on formerait plein de stylistes en herbe qui proposeraient autre chose que des produits chinois.

Raison de plus pour mettre en lumière ci-dessous le projet émergent qu’est Valentina.

Pour illustrer ce qu’il peut potentiellement réaliser, voici trois images chronologiques :


Valentina

Valentina

Valentina


Remarque : si le sujet intéresse, on pourra aussi lire Nous avons enfin compris pourquoi le diable s’habillait en Prada.

http://valentina-project.blogspot.ru/2013/12/blog-post_10.html

Présentation de « Valentina », un logiciel libre de création de vêtements

Introducing Valentina, free fashion design software

Alexandre Prokoudine - 31 décembre 2013 -LibreGraphicsWorld
(Traduction : GregR, @cartron, Mooshka, Scailyna, Asta, Lolo le 13 + anonymes)

Au fil du temps, nous avons assisté à de nombreuses discussions sur la viabilité du logiciel libre pour le graphisme, le design graphique et la conception de plans. Mais qu’en est-il de la création de vêtements ?

Tout d’abord, quel est le problème avec le logiciel commercial ? Comme beaucoup de systèmes de CAO (Conception Assistée par Ordinateur), c’est cher. Même si certains éditeurs, comme TUKAtech, proposent en option des abonnements mensuels à 145 $ pour répartir le coût de possession dans le temps (ce qui rend plus obscur le TCO/coût total de possession), d’autres éditeurs sont moins libéraux.

Par exemple, le département de relations publiques de Optitex n’a pas peur de rediffuser des études de cas qui mettent en évidence les éléments suivants :

Les prix ne sont pas du tout abordables pour une jeune société qui vient de se monter : environ 16.000 $, sans formation, et sans compter le coût de l’ordinateur, du scanner (si vous avez besoin de dessiner vos modèles à la main), et du traceur (si vous voulez imprimer le modèle en taille réelle).

OK, vous comprenez l’idée. Le résultat, c’est que les stylistes qui démarrent leur activité sont bloqués entre des logiciels chers qu’ils ne peuvent pas se permettre d’acheter, des applications simplistes, et des systèmes de CAO génériques divers et variés (de l’abordable aux versions chères piratées). Tout cela ne rend pas les choses faciles.

Vous êtes déjà en train d’aller dans en bas de cet article, pour y laisser un commentaire acide disant qu’on ferait mieux de parler de liberté ? Eh bien, disons qu’il serait assez génial de donner aux gens un outil libre et gratuit qui fonctionne et qui fournisse une grande flexibilité.

Donc, un logiciel de mode libre du coup ?

Susan Spencer Conklin a été la première à aborder le sujet (non existant) du logiciel libre pour le design de mode, au « Libre Graphics Meetings 2010 », avec l’intention de démarrer une conversation avec la communauté. Un an plus tard, à la même conférence, elle montrait déjà son propre logiciel, qui fait partie du projet Tau Meta Tau Physica (TMTP).

Vous pouvez lire cette entretien avec Susan pour avoir plus de détails sur son projet. Pour résumer, Susan se concentre sur le développement d’un système qui génère un modèle de taille unique qui ira à n’importe qui avec très peu d’ajustements à faire.

Bien que Susan ait aussi réussi à faire quelque chose qui marchotte avec Inkscape, il y a toujours de la place pour un outil de design de modèle dans l’écosystème. Et c’est là que Valentina rentre en jeu.


Valentina


Bien que ce projet soit assez récent, Roman Telezhinsky a commencé à travailler sur son propre outil de création de modèle quand il était étudiant.

Cette version de l’application fonctionne sur Linux et Windows, et supporte le design et le classement de modèles. Vous pouvez faire pas mal de choses, comme créer manuellement des agencements pour exporter en SVG et PNG, puis les couper avec un traceur.

En fait, il est déjà possible d’utiliser Valentina pour créer de vrais vêtements à partir d’un patron de couture, comme illustré sur le blog du projet. Et si on créait GNUcci ? :)

Cependant, à ce stade du développement, Roman suggère humblement de ne pas traiter Valentina comme un outil de production, car il manque toujours des fonctionnalités importantes, et le format de fichier interne n’est pas encore stabilisé.

Une collaboration entre Susan et Roman est tout à fait possible. Ils ont beaucoup discuté en 2013, et il y a pas mal de choses intéressantes à porter de TMTP à Valentina.

Il y a encore beaucoup de travail en perspective. En mettant de côté les fonctionnalités Design Patern, il y a toute la question de la 3D. De plus en plus d’applications pour la conception de mode permettent de tester simplement votre création sur des personnages virtuels et voir le résultat dans des poses différentes. Réécrire ce type de fonctionnalités entièrement peut être un énorme chantier.

Une façon de voir cela est d’estimer quelles parties pourraient êtres déléguées à des logiciels comme l’add-on MakeClothes pour Blender, puis de voir s’il serait facile d’intégrer Valentina, Blender + MakeClothes, et MakeHuman. Ceci permettrait d’attirer l’attention des développeurs sur l’utilisation de Blender pour la simulation de vêtements.

Maintenant, vous souhaitez sans doute voir du concret : vous trouverez un fichier d’installation de Valentina à côté des Tarball du code source sur Bitbucket. Pour commencer, lisez le tutoriel par Roman Telezhinsky et Christine Neupert.

Donnons sa chance à Valentina.

Aidons un enseignant à libérer ses ressources pédagogiques !

mardi 7 janvier 2014 à 16:37

Yann Houry est professeur de lettres. Il place ses supports de cours depuis 2007 sur le site Ralentir Travaux, bien connu de ses collègues. Il y propose notamment des manuels complets pour les classes de Sixième et de Quatrième.

Nous lui avions ouvert nos colonnes en septembre 2012 parce que, contrairement aux maths où l’on a Sésamath, il est rare de trouver des ressources pédagogiques en libre diffusion en français. Nous souhaitions également pouvoir discuter avec lui de son choix du support iPad et de la licence Creative Commons By-NC-SA pour le contenu de son site et ses manuels.

Or justement, il souhaite abandonner aujourd’hui cette clause NC, qui pose selon nous problème dans l’éducation, et s’en explique ci-dessous. Nous en sommes ravis (d’autant que cela ouvre la voie à une possibilité d’édition Framabook). Et il n’est pas anodin que le titre de son annonce s’intitule Unchain my site !

« J’ai fait mes calculs. J’aurais besoin de 2000 à 2500 € pour acheter diverses choses (nouvel ordinateur, un micro, quelques logiciels, etc.). Une telle somme est donc la condition du changement de licence. Cela en vaut-il la peine ? J’avoue que je suis assez curieux de le découvrir. Peut-être cette demande fera-t-elle un joli flop. En ce cas, la question de la licence ne taraude que moi. »

Nous appuyons sans réserve la démarche en invitant nos visiteurs à participer à la collecte, histoire de montrer que nous sommes nombreux à être taraudés par le bon choix d’une licence ;)

Pour cela, se rendre sur le site Ralentir Travaux et cliquer sur la bandeau du haut.

Yann Houry - Manuels

Unchain my site

URL d’origine du document

Depuis sa création, Ralentir travaux a eu vocation à être diffusé le plus largement possible. Le site n’est-il pas né du désir d’offrir à tous – surtout aux élèves ne bénéficiant d’aucun soutien scolaire – la possibilité de trouver une aide sans inscription, sans mot de passe ou sans contrepartie quelconque ? Il s’agissait aussi de proposer, à l’enseignant désireux de trouver un peu d’inspiration, des ressources qu’il pourrait adapter à sa guise.

Dès lors la liberté était inscrite dans les gènes du site. J’avais d’ailleurs repris à mon compte ces mots de Condorcet afin de montrer que la notion de propriété intellectuelle était un abus qu’il fallait dénoncer[1].

Par le passé, j’usais du mot «libre» sans trop savoir quelle notion il recouvrait. Plus tard, je découvrais les licences Creative Commons et m’emparait de celle-ci. Cela signifiait : fais ce que tu veux, mais ne vends pas. Or cette clause non commerciale (et cela a été dit de nombreuses fois) est un frein à la diffusion du savoir. Et Ralentir travaux n’a pas vocation à se recroqueviller sur lui-même dans la crainte d’une exploitation commerciale. Ce serait un non-sens. Au reste, nombreuses sont les personnes requérant l’autorisation d’utiliser telle ou telle partie du site, et invariablement la réponse est affirmative. Seule une demande était restée sans suite en raison de cette fameuse clause NC…

Il est donc nécessaire de recourir à une nouvelle licence. Seuls le partage à l’identique et la reconnaissance de la paternité de l’œuvre seront exigés. Que l’on me pardonne ce dernier sursaut d’orgueil (que m’accorde le droit), mais je tiens encore un peu à ma progéniture ! J’ai juste envie de lui donner un peu le large, et d’observer de loin ce qu’elle devient entre les mains de ceux qui voudront bien s’en emparer, et, je l’espère, la diffuser plus largement encore.

Mais, avant d’adopter une telle licence, je voudrais poser une condition. Il y a quelque temps j’affichais un bandeau afin de susciter les dons. Je paie les frais d’hébergement et ceux liés à l’achat du nom de domaine, les logiciels ou leurs mises à jour. Que dire de mon Mac acheté en 2008, si ce n’est qu’il est vieillissant[2] ? Je ne demande pas de salaire pour les années passées à bâtir Ralentir travaux, mais je veux bien un peu d’aide pour continuer l’œuvre. Or ces dons, malgré la promesse que pouvaient constituer les milliers de visites quotidiennes[3], se sont montrés largement insuffisants[4]. En un an, à peine de quoi acheter InDesign ou un logiciel de ce type…

J’ai fait mes calculs. J’aurais besoin de 2000 à 2500 € pour acheter diverses choses (nouvel ordinateur, un micro, quelques logiciels, etc.). Une telle somme est donc la condition du changement de licence. Cela en vaut-il la peine ? J’avoue que je suis assez curieux de le découvrir. Peut-être cette demande fera-t-elle un joli flop. En ce cas, la question de la licence ne taraude que moi.

Toujours est-il que nombre de sites recourent annuellement aux dons. Je m’en remets donc à ce principe. Et encore ! je n’attends même pas une cotisation annuelle, mais celle de sept ans passés à construire le site et plus encore, puisque je n’entends pas m’arrêter là (le manuel de 5e est déjà en chantier).

Bref, il ne reste plus qu’à organiser ce financement, mais vous pouvez d’ores et déjà faire un don sur Ralentir travaux en cliquant sur la bannière du haut de chaque page.

Passé le seuil financier susmentionné, Ralentir travaux (tout : le site, les manuels) devient libre.

Notes

[1] Je parle, bien entendu, de mon propre cas. Il ne me viendrait, par exemple, nullement à l’idée de tenir un tel discours au sujet de Michel Tournier ou d’Umberto Eco. Simplement, le professeur que je suis ne saurait prétendre à faire valoir un privilège reposant simplement sur quelques années d’études.

[2] Je ne peux même plus enregistrer de screencast sans que les ventilateurs de l’ordinateur se mettent à souffler à tous les diables, rendant par là même la vidéo inaudible.

[3] 1 633 891 visiteurs durant l’année 2013.

[4] Un merci exponentiel agrémenté d’un bisou dégoulinant à tous ceux qui m’ont envoyé leurs dons. Un don… Quel mot plus adorable la langue française a-t-elle inventé ? De manière plus générale, je voudrais remercier ceux qui donnent de leur personne, de quelque façon que ce soit et qui contribuent (loin des discours anxiogènes tenus par des inactifs bavards) à faire du web un lieu hautement éducatif.

Exemplaire libération du jeu CodeCombat

mardi 7 janvier 2014 à 10:05

« Oui, nous venons de rendre open source la dernière année de notre vie : tout le code, le graphisme, et la musique de CodeCombat ! » Ainsi s’exprime NIck sur le blog de ce jeu particulier puisqu’on y fait l’apprentissage sérieux mais ludique du JavaScript.

Une libération exemplaire dans la mesure où, comme cela arrive trop souvent, ça n’est pas qu’un effet d’annonce. Tout a en effet été minutieusement préparé sur GitHub pour faciliter la tâche des futurs contributeurs.

Longue vie à CodeCombat…


CodeCombat


Nous avons tout mis en open source

We’ve Open-Sourced Everything

Nick - 6 janvier 2014 - CodeCombat Blog
(Traduction : Monsieur Tino, Théotix, goofy, audionuma, baba, Sphinx, Asta, moedium, vvision + anonymes)

CodeCombat est un jeu de programmation pour apprendre à coder ; un concours de codage multijoueurs dans une arène pour affûter vos compétences ; une startup lancée avec un financement par Y-combinator ; et depuis le week-end dernier, le plus important projet open source utilisant Coffeescript et une porte d’entrée géniale pour l’open source et le développement de jeux. Que vous soyez un programmeur novice désireux de vous faire une idée de ce qu’est ce Github ou un gourou de l’open source qui cherche dans quoi mordre à belles dents, regardez notre Github et rejoignez plus de deux cents Grands Mages de CodeCombat dans la construction du meilleur jeu de programmation qui soit.

Oui, nous venons de rendre open source, sous les licences MIT et Creative Commons CC By-SA, la dernière année de notre vie : tout le code, le graphisme, et la musique de CodeCombat !

« Attendez un peu, vous êtes une startup à but lucratif, et vous venez de libérer tout votre code ? Mais vous êtes fou ? »

Nan ! Fermer son code source est peut être le choix fait par pratiquement toutes les startups et studios de jeux vidéo, mais nous pensons que c’est une convention qui doit être repensée. CodeCombat est déjà un projet communautaire, avec des centaines de joueurs se portant volontaires pour créer des niveaux, écrire de la documentation, aider les débutants, faire des tests et même traduire le jeu en dix-sept langues ! Maintenant les programmeurs peuvent se joindre à la fête eux aussi.

Notre noble mission est de vous apprendre à coder. Nous avons plus de 9000 niveaux de difficulté qui vous feront gravir tous les échelons, de simple novice à sorcier du code comme Fabrice Bellard, alors pourquoi ne pas vous lancer dans un projet open source accessible aux débutants pour continuer à apprendre ? Nous ne nous contentons pas de balancer du code en vrac — nous avons travaillé dur pour qu’il soit simple de contribuer. Vous n’avez pas besoin de connaître git, vous n’avez pas besoin d’avoir quoi que ce soit d’installé, et vous n’avez même pas besoin de savoir coder pour aider à résoudre certains problèmes sur notre Github.

Ou alors, si vous êtes intéressés par les compilateurs, les langages de programmation, les simulations physiques, la géométrie, le design, l’expérience utilisateur, l’intelligence artificielle, l’optimisation des performances, le traitement audio, les jeux de stratégie en temps réel, les jeux de rôle, l’internationalisation et la localisation, la sécurité, le dessin vectoriel 2.5D, le développement piloté par les tests, les bases de données, les discussions en visioconférence, les environnements de développement intégrés, ou les débogueurs, vous adorerez hacker ce projet. Avec des technologies sympas, des problèmes détaillés, une documentation complète pour les développeurs, un script convivial pour mettre en place l’environnement de développement et l’équipe de CodeCombat prête à vous aider à mettre en place vos idées, c’est le jeu open source parfait pour débuter. Ne soyez pas timide !

CodeCombat

Nous avons besoin de votre aide. Il y a tout juste deux mois, nous avons lancé notre bêta. Il y a deux semaines, nous avons écrit un billet sur les 180 000 enfants qui avaient joué avec CodeCombat cette semaine-là. Il y a une semaine, nous avons essayé un niveau difficile, un défi pour développeur, et presque 10 000 programmeurs chevronnés y ont joué — nous n’avons pas encore fini de répondre à tous ceux qui ont battu notre propre algorithme à plate couture et voulaient qu’on les aide à trouver un boulot de programmeur. CodeCombat devient un phénomène qui dépasse largement le domaine d’un simple jeu. Si vous souhaitez écrire du code qui montrera à des millions de joueurs à quel point ça peut être sympa de programmer, alors cliquez sur ce lien et devenez un Grand Mage. Nous avons vraiment hâte de voir ce que vous avez réalisé.

CodeCombat

Vous voulez aider d’une autre façon ? Rejoignez nous en tant qu’Artisan créateur de niveaux, Aventurier bêta-testeur, Scribe de documentation, Diplomate traducteur, Ambassadeur serviable ou Conseiller expert.

Entretien avec Robert Douglass, du beau projet Open Goldberg Variations

lundi 6 janvier 2014 à 21:08

Nous vous avons déjà parlé de l’exemplaire et pionnier projet Open Goldberg Variations qui consiste, par financement participatif à libérer de la musique classique en plaçant le tout (enregistrements et partitions) directement dans le domaine public :

Deux campagnes Kickstarter ont été menées avec succès. Nous avions déjà Les Variations Goldberg de Bach, et nous aurons bientôt Le Clavier Bien Tempéré à disposition (avec donc même des partitions en braille).

Le journal The Seattle Star a rencontré Robert Douglass, à l’initiative du projet, dans une interview que nous vous proposons traduite ci-dessous.


Open Goldberg Variations


Déplacer la motivation : une interview de Robert Douglass, du projet Open Goldberg Variations

Shifting Incentives: An Interview with Robert Douglass of the Open Goldberg Variations Project

Omar Willey - 7 novembre 2013 - The Seattle Star
(Traduction : MFolschette, goofy, Lamessen, Figg’, Scailyna, antoine/marie-anne, musescore_es, Omegax + anonymes)

Robert Douglass est davantage connu comme ingénieur logiciel que comme musicien. Aficionado de Drupal de longue date, il a écrit un livre sur la construction de communautés virtuelles avec les CMS. M. Douglass est aussi l’homme à l’origine du projet Open Goldberg Variations, destiné à rendre la musique de Bach libre non seulement pour le public mais aussi pour les musiciens.

Aujourd’hui, M. Douglass s’est embarqué dans un projet encore plus ambitieux : Open Well-Tempered Clavier. Initialement, ce n’était qu’une autre occasion de rendre les œuvres classiques de Bach au domaine public. Puis une musicienne aveugle qui a soutenu le projet lui a expliqué la difficulté de trouver des partitions qu’elle puisse lire quand elle en a besoin, mettant fin à ses projets de carrière professionnelle. Le projet a alors étendu ses objectifs, pour permettre de libérer potentiellement des centaines de partitions en braille pour des musiciens aveugles.

Une telle bienveillance sociale et un tel intérêt pour une communauté musicale plus juste sont presque naturels pour quelqu’une comme Robert Douglas. Avec sa femme et partenaire Kimiko Ishizaka, il a effectué, l’année précédente, la tournée Twelve Tones of Bach (financée aussi via Kickstarter). J’ai pu l’interviewer avant qu’il ne monte sur scène pour la dernière représentation de la tournée, à l’université de Caroline du Sud.

Vous venez d’achever une tournée promotionnelle de douze concerts pour promouvoir votre nouveau projet, Open Well-Tempered Clavier. Où êtes-vous allé, et quels ont été les temps forts ?

Robert Douglass : Nous avions planifié douze concerts pendant la campagne Kickstarter pour présenter les douze tonalités du Clavier bien tempéré. Nous avons commencé à Bonn, en Allemagne, au Beethovenfest, puis visité la République Tchèque, l’Australie, la Belgique et les États-Unis pendant le parcours. À Vienne, Kimiko Ishizaka a été à l’usine Bösendorfer et a choisi le piano qu’elle utilisera pour faire l’enregistrement studio. À Chicago, nous avons participé à la grande inauguration des nouveaux studios de la fondation Pianoforte. En Caroline du Nord, nous avons fait une représentation spéciale aux studios d’enregistrement Manifold.

Dans quelle mesure ces représentations en direct faisaient-elles partie intégrante de la philosophie derrière le projet Open Well-Tempered Clavier ?

Pendant notre tournée de douze concerts, nous avons apporté la musique de Bach à autant de monde que possible dans un temps très réduit. Chaque concert était diffusé en direct (vous pouvez tous les voir en ligne). Nous avons fait cela parce que nous croyons que la musique en direct est vitale à la compréhension et au plaisir de la musique classique, mais aussi parce que notre projet est vraiment compliqué et nécessite quelques explications avant que les gens aient ce moment de « Aha ! » quand ils se rendent compte à quel point nos objectifs sont sympas. Les douze concerts nous ont donné de nombreuses chances de parler du projet avec des gens.

Aaron Dunn de Musopen a mentionné dans votre interview qu’une de ses motivations pour composer de la musique libre provient de l’idée que « l’art attire l’art ». Partager des créations dans le domaine public fournira aux autres artistes plus de matière et d’inspiration pour réaliser une création qui leur sera propre. Est-ce que vos projets partagent les mêmes convictions ?

Absolument, nous sommes complètement en accord sur ce point avec Aaron. Les gens ont réalisé des créations étonnantes à partir de notre premier projet, Open Goldberg Variations, allant de films (exemple), aux visualisations de la musique, jusqu’à utiliser les enregistrements pour enseigner le bouddhisme — et ce après une année seulement. Ces œuvres d’art que nous avons créées persisteront aussi longtemps que l’échange humain de musique par voie numérique, il y a donc un grand potentiel de créativité qui attend encore d’utiliser l’art que nous avons fabriqué. Nous sommes certains que la même chose arrivera avec Open Well-Tempered Clavier, et nous encourageons les personnes qui utilisent la musique pour créer de nouvelles œuvres.

À propos des nouvelles œuvres d’art , la majeure partie de la musique est aujourd’hui clairement destinée aux loisirs, un divertissement dans la vie de tous les jours. Votre travail avec Open Well-Tempered Clavier possède cependant une forte dimension sociale. Pas seulement dans le sens « l’art est bon pour vous » mais plutôt dans la croyance que la musique est plus importante que le simple divertissement.. Pouvez-vous développer cette idée ?’

Le rôle de la musique à l’époque de Bach allait beaucoup plus loin que le divertissement. La musique était utilisée pour explorer et expliquer les relations les plus profondes de l’existence humaine : l’amour, la mort, la joie, sans oublier évidemment la relation avec Dieu. C’était aussi profondément social ; impossible d’écouter de la musique sans que des musiciens ne jouent, et personne n’aurait pris la peine de l’écrire ou de la jouer sans une raison et une audience réceptive pour l’écouter.

Depuis, nous avons été bombardés de musique. Il est difficile de trouver un endroit public sans un supermarché, un ascenseur ou un bar qui ne vous envoie sa musique sans votre permission. Vous ne pouvez pas regarder un film ou la télévision sans être exposé aux chefs-d’œuvre de la musique, réappropriés par le cinéma ou la publicité.

Le résultat final est que beaucoup de gens ne se rendent pas réellement compte combien une œuvre comme Le Clavier bien tempéré est profonde. Ce n’est peut-être pas immédiatement apparent lors d’une écoute de 30 secondes qu’une vie entière de « nourritures » et de défis émotionnels, intellectuels et spirituels se cache derrière. En se concentrant sur l’œuvre, sur son aspect social, et en faisant attention à la qualité, nous espérons ouvrir le cœur et l’esprit des gens à la musique de Bach d’une manière qui peut-être n’aurait pas été possible autrement.

Votre projet veut rendre la musique de Bach « plus accessible ». Qu’est ce que cela signifie pour vous, et comment y parvenir ?

La musique de J.S. Bach est l’un des plus grands trésors que nous avons, et il nous appartient à tous. Nous faisons trois choses qui aident à garantir que cette musique soit facile à trouver, étudier, et utiliser, sans violer les droits d’auteurs. D’abord, comme pour Les Variations Goldberg, nous allons proposer un nouvel enregistrement en studio du Clavier bien tempéré, une œuvre monumentale, source d’inspiration. Nous faisons aussi une nouvelle partition numérique de cette œuvre, disponible au format MuseScore. C’est important parce que les fichiers MuseScore peuvent être édités, arrangés, transposés et convertis dans d’autres formats. Enfin, nous essayons de fournir cette musique sous la forme de partitions en braille qui peuvent être lues par des musiciens non voyants.

Votre travail met cette fois l’accent sur les besoins de la communauté des interprètes aveugles et mal-voyants. Ce projet a-t-il également pour objectif de toucher l’audience des artistes qui ne sont pas forcement des interprètes ? Comment pensez-vous que cela fonctionnera ?

Notre objectif de rendre la musique plus accessible aux musiciens non voyants en augmentant de manière radicale le nombre de partitions en braille est encore nouveau pour nous. Nous n’avions même pas réalisé qu’il y avait un besoin extrême avant que le projet commence. Il a fallu qu’un de nos contributeurs financiers, Eunah Choi, nous dise que les musiciens non voyants ont accès à moins de 1 % de la littérature que les musiciens voyants peuvent lire et étudier, pour que nous voyions le besoin et que nous décidions d’agir (NdT : cf ce billet du Framablog Lettre ouverte d’une musicienne aveugle).

Notre but actuel inclut la conception d’un programme libre pour convertir MusicXML, un format standard et reconnu de partition numérique, en braille. Nous sommes ingénieurs en informatique et nous avons travaillé sur MuseScore qui est un programme pour écrire la musique. Nous pouvons créer un nouveau programme qui convertit les partitions MuseScore au format braille que les non voyants peuvent lire. En plus, MuseScore.com a 50 000 partitions au format MuseScore, et ces partitions pourraient aussi être converties en braille. Cela serait une amélioration considérable pour les musiciens non voyants qui veulent étudier la musique. Si nous y parvenons, nous pouvons tripler le nombre de partitions disponibles pour les musiciens non voyants, et ouvrir la voie pour que d’autres soient créés, plus facilement, et donc se rapprocher d’une solution au problème.

Nous ne savons pas quelles autres applications de notre travail pourraient être utiles. Ce dont nous avons vraiment besoin ce sont des témoignages et des expériences de musiciens mal ou non voyants pour comprendre à quoi ressemble leur monde, et comment nous pouvons contribuer à l’améliorer.

Que pensez vous que le gens feront avec l’enregistrement et la partition, une fois que vous les aurez rendus disponibles ?

Nous avons appris grâce au projet Open Goldberg Variations que le public est très créatif, et que quand vous lui donnez une chose intéressante, comme un enregistrement et une partition dans le domaine public, ils font des choses incroyables. À commencer par des vidéos, il y en a des centaines sur Youtube et plusieurs longs métrages utilisent les Open Golberg Variations pour leur musique d’une manière ou d’une autre. L’enseignement en bénéficie aussi. La page Wikipédia des Variations Goldberg de Bach contient maintenant les enregistrements de Kimiko Ishizaka pour que les gens qui découvrent l’œuvre puissent écouter son formidable enregistrement studio.

M. Dunn parle aussi de recentrer les studios d’enregistrement et de « déplacer la motivation », afin que davantage de ressources aillent vers la découverte non pas d’artistes reproduisant des travaux anciens, mais plutôt vers des travaux récents de compositeurs modernes. En tant qu’interprète, comment Open Well-Tempered Clavier déplace-t-il cette motivation ?

Le projet Open Well-Tempered Clavier est entièrement dévoué à ce déplacement de motivations, je suis ravi que vous évoquiez cela ! Dans l’industrie musicale traditionnelle, la motivation des artistes et des studios d’enregistrement provient du copyright, qui les pousse à s’investir dans l’enregistrement qu’ils peuvent ensuite revendre au plus grand nombre de personnes possible. Si vous enlevez le copyright de l’équation, cette motivation disparaît. Dans le modèle où l’audience pré-finance l’enregistrement avec Kickstarter, vous devez recentrer cette motivation vers la planification et la description d’objectifs tels que les gens soient motivés et vous aident à les réaliser. Si tout se passe bien, vous réalisez l’enregistrement de vos rêves avec un contrôle artistique total et toutes les ressources dont vous avez besoin. Et le public finit par avoir accès à l’œuvre résultant de ce travail — qu’elle a contribué à rendre possible — sans aucune restriction de copyright qui pourrait en limiter la réutilisation.

Il est facile de constater que dans le modèle traditionnel, le public est traitée comme une clientèle, et que chaque aspect du processus de création est optimisé pour maximiser la vente. Dans le modèle de Kickstarter, débarrassé du copyright, l’accent est placé de façon à ce que le public comprenne qu’il collabore, investit et rend possible.

Derrière toutes ces tentatives de « rendre la musique libre », comme le dit le slogan de Musopen, on trouve l’idée de biens communs. Et dans cette idée de biens communs se cache celle de valeur apportée à une éducation commune. Dans quelle mesure considérez-vous que vos deux projets, Open Goldberg par le passé et Open Well-Tempered Clavier aujourd’hui, ont participé à l’élaboration d’une culture musicale open source ?

Il y a une anecdote qui répond très bien à cette question. J’ai découvert un site Internet fantastique, le Conservatoire de Dave, « une école de musique gratuite en ligne, dont le but est de fournir à tous une éducation musicale de portée universelle », et je suis tombé amoureux des centaines de vidéos expliquant clairement et intelligemment tous les aspects de la musique, en proposant une compréhension pas à pas. Dès que j’ai découvert la qualité du site, j’ai su que je voulais collaborer avec Dave pour pouvoir expliquer Le Clavier bien tempéré de Bach aux gens. J’ai contacté Dave Rees, le créateur du site, et j’ai demandé s’il voulait contribuer à notre projet en faisant des vidéos explicatives sur les préludes et les fugues que Bach a écrits. Non seulement sa réponse a été un « Oui ! » immédiat et très enthousiaste, mais il m’a aussi dit que c’était le projet Open Goldberg Variations qu’il l’avait convaincu de créer un site éducatif ouvert et de choisir la licence Creative Commons comme véhicule pour diffuser et amplifier son travail. Donc oui, les contributions que nous apportons aux biens communs ont des répercussions réelles majeures dans le domaine de l’éducation musicale open source.

Le projet Open Well-Tempered Clavier sur Kickstarter s’est terminé vendredi 9 novembre à 11 h (heure de New York). Il a manqué 5 000 $ environ à son objectif initial de 50 000 $ pour rendre accessibles les partitions en braille aux aveugles. Cependant, Robert Douglass a indiqué dans un message aux soutiens qu’il souhaitait continuer ce projet malgré tout.

Rencontre avec le musicien Syrano, libre dans ses pratiques plus que par ses licences

lundi 6 janvier 2014 à 10:20

Lors de ma conférence « Mes romans ont choisi d’être libres » au Capitole du Libre de 2013, Jérémie Zimmermann a posé la première question, sous forme de provocation. En gros, il évoque le fait que la culture et l’art sont — fondamentalement — libres depuis toujours, quelles que soient les lois ou les licences.

Tout en croyant qu’il faut sortir de l’omnicopyright (qui a prouvé son inefficacité à nourrir les artistes ou à financer la création à proprement parler), je suis on ne peut plus d’accord avec Jérémy. La plupart des artistes que je connais et aime (comédiens, chanteuses, auteurs, compositrices, etc…) sont libristes sans le savoir.

Hier, j’ai assisté à une expérience d’art libre. De l’art libre sous monopole du copyright, créé sur un Mac, diffusé sur une appli web non open-source (Howl)… ça fait bizarre, hein ? Et pourtant.

Pendant plus de six heures, le chanteur-rappeur Syrano a créé une chanson devant et avec le public qui le suit (sur Facebook). Six heures à expliquer, demander, échanger, chercher, et partager son processus créatif sans la moindre restriction.

On a utilisé un Framapad pour suivre l’évolution des paroles, Wikipédia pour trouver des infos sur les bourreaux au moyen-âge, des banques de sons libres, etc. Et nous avons vu un couplet et un refrain se créer sous nos yeux ébahis et dans nos oreilles ébaubies. La première moitié du travail a été accomplie, et elle s’écoute ici :

—> L’extrait au format ogg

Pour les curieux et les intéressées, la deuxième partie de la chanson s’écrira en direct le vendredi 24 janvier, sur howl. Mais en attendant, Syrano a accepté de répondre à mes questions…

Interview de Syrano

SyranoHier, j’ai assisté à tes 6h30 de création en direct. La première question est évidente : comment va ta gorge ?

J’avoue que ça grattait sur la fin. J’anime souvent des ateliers d’écriture dans des écoles et je me fais la remarque : être prof et parler toute la journée doit être un supplice. En tous cas, je n’ai pas vraiment vu passer tout ce temps. C’était vraiment enrichissant pour moi.

J’ai vu que tu pensais pouvoir écrire l’intégralité de la chanson en une journée. A priori, expliquer et montrer ce que tu faisais t’a ralenti. Mais qu’est-ce que ça a apporté à la chanson ?

Je pense que oui, ça m’a ralenti, c’est clair. D’habitude, je suis capable de me plonger une demi-journée complète sur le morceau et il est plus ou moins fini (maquetté) au terme de ce temps-là. Je pense par contre que ça m’a amené un recul, même si c’était épuisant de faire l’aller-retour entre les écrans et ma feuille, les recherches de tout le monde sur les bourreaux et les idées de vocabulaire m’ont aguillé sans aucun doute.

Écrire une chanson en direct devant ton public et en échangeant tout le long, c’est un défi, non ? Pourquoi tu te l’es lancé ?

J’aime le défi et puis j’aime les expérience innovantes. Je trouve ça intéressant de proposer aussi du contenu nouveau à mon public via Internet. C’est une source intarrissable de possibilités et de créativité. Je crois qu’il faut s’en servir et tenter des choses. J’ai vu les gens échanger entre eux au bout d’un moment, contents d’assister à ce processus, à la naissance de cette chanson, et c’est un contact finalement très humain qui s’est créé.

Si on parle de manière pragmatique, les liens se sont resserrés autour de cette expérience et c’est bénef pour tout le monde. Je pense que le bouche à oreille est et reste le meilleur moyen pour un artiste de se faire un nom. Un « fan » convaincu est le meilleur attaché de presse qui soit. Et Internet n’est qu’une version moderne du bouche à oreille.

J’aime aussi le concept du site howl, cette proximité possible, et c’est un peu tout ça mélangé qui m’a poussé à proposer cette expérience. Concluante puisque nous réitérons.

Écrire, composer, c’est souvent quelque chose de très perso, limite égocentrique. Durant le processus, tu as été très à notre écoute, tout en maintenant le cap de la création en cours… C’était facile pour toi de trouver cet équilibre ?

Oui, je ne suis pas quelqu’un qui crée pour nourrir son ego, ce genre d’artistes d’ailleurs sont souvent des cons… L’égocentrisme, quelle perte de temps. Moi (comme d’autres), je crée par nécessité, parce que le monde me fait réagir, parce que je suis une éponge, un baromètre de mon époque, je suis scandalisé, éhonté… Je cherche certainement un écho chez les autres de ce que je pense. En tous cas, je mets tellement de moi que ça en devient impudique.

Quelqu’un a recoupé mes interviews et mes chansons et a réécrit ma vie sur ma page Wikipédia. Bluffant ! En tous cas, si on se prête au jeu, il faut y aller à fond ! Donc j’ai pris en compte ce que je trouvais de pertinent dans tout ce que vous disiez.

Tu utilises aussi le crowdfunding afin d’aider à financer ta participation au festival d’Avignon. Pourquoi passer par ce biais-là ?

Pour les mêmes raisons citées ci-dessus. Je suis aussi parrain d’une association à Madagascar (SPV-Felana dans la ville d’Antsirabe) et je fais souvent appel aux gens pour soutenir nos projets sur place. Chacune de mes ventes de disque est aussi sujette à une « ponction », je reverse une part de mes bénéfices à l’asso. Je me suis dis que la souscription sur Internet était un bon moyen d’avancer sur ce projet : la location d’un théâtre pour jouer mon nouveau spectacle au Festival d’Avignon 2014 !

J’ai découvert ton côté geek-friendly avec Bazinga!, le 1er extrait de ton cinquième album. Tu connais les licences libres ? Tu les utilises ?

Yes ! J’ai des potes qui sont Linuxiens de la première heure et qui m’ont montré. J’avoue ne pas être assez calé pour me défaire de la contrainte d’un logiciel de son pro comme protools sous mac. En tous cas, LibreOffice, je m’en sers constament et si je trouve un logiciel libre qui me va, je fonce. Par exemple, aussi, j’ai mis en Creative Commons le premier morceau de ma nouvelle formation hip-hop, « L’Ombre qui rappait » , et tout ce qui sortira sous ce nom sera en téléchargement libre.

Dans ton rap tu samples, remixes, invites et métisses parfois avec des musiques glanées aux quatre coins du globe. Comme tous les créateurs tu puises à toutes les sources culturelles disponibles. Cependant comme tu le sais ces pratiques artistiques libres sont de plus en plus combattues par les bénéficiaires du monopole du droit d’auteur. Qu’en penses-tu ?



C’est simple, pour moi, on ne combattra pas le libre échange sur le net. Si on le fait, c’est la mort du net et de son utilité. Il y aura toujours une option pour le peer to peer et pour le libre de s’exprimer. Ces gens veulent de la rentabilité, de la productivité, mais ils n’ont pas compris que ces idées sont inadaptables au Web… C’est un espace de liberté, peut-être le dernier sur la planète dans son côté « entier ».

Est-ce que cela entrave ta créativité ?



Non, pas du tout. je suis plutôt motivé par tout ça. J’échange d’ailleurs de manière plus libre maintenant qu’avant. Je me suis débarassé de mes producteurs pour être indépendant. J’essaie maintenant de trouver un chemin vers l’autonomie.

Tu penses quoi du monopole du droit d’auteur qui se bat de plus en plus violemment contre ces pratiques artistiques libres ?

J’en pense que j’ai mis mes albums en téléchargement libre à contre-sens de beaucoup d’artistes archaïques et tenus en laisse par les labels. Je me rends compte que les gens téléchargent, apprécient et viennent finalement aux concerts où ils m’achètent les albums physiques. C’est une démarche que j’adore. Elle permet aux publics de choisir. Clairement, bientôt, l’écart entre le monde du divertissement et l’art va se creuser, et les chanteurs de merde qui pourrissent les ondes et les têtes des gamins seront découragés par le nombre de téléchargements de leurs pseudo-albums à durée de vie limitée. Internet, c’est la sélection naturelle. Les meilleurs, les talentueux, ceux qui ont quelque chose à dire, resteront… Les autres… Ils peuvent retourner au karaoké.

Et, encore plus simplement, la musique est une émotion, elle est faite pour être ressentie, vécue, expérimentée et partagée…

Alors je ne vois pas pourquoi on garderait pour soi ses œuvres comme de vulgaires produits de consommation. Si vous êtes artistes, assumez !!! L’intermittence du spectacle ou les droits d’auteur ne sont que des boulets, un système qui professionnalise l’artiste et l’asservit forcément. Alors ne soyez pas des esclaves, ne tentez pas de plaire, soyez libres, exprimez des idées, créez… C’est tout ce qu’on attend de vous !!! Voilà :)

Un dernier mot ?



— Lutte


Syrano