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Le projet qui peut tout changer dans le monde de la musique libre ?

vendredi 16 août 2013 à 17:10

Cultural Commons Collecting Society

L’association Musique Libre ! nous a proposé de reproduire un article de son blog, histoire d’élargir le cercle des lecteurs potentiels. Nous le faisons avec d’autant plus de plaisir que le sujet abordé est d’importance : la création (et le soutien) d’une société collective de gestion des droits où ceux qui font de la « musique non SACEM sous licence libre ou ouverte » se retrouveraient enfin. D’abord en Allemagne mais peut-être ensuite dans toute l’Europe.

L’occasion également pour nous de prendre des nouvelles de cette association qui a pour priorité première de mettre à jour le site Dogmazic, comme expliqué dans la vidéo ci-dessous (disponible également au format Ogg) :


Bon vent à l’un comme à l’autre…

C3S, le projet qui change tout

URL d’origine du document

Par Tumulte, le 30 juillet 2013

On vous en avait déjà parlé, le voici lancé : la « Cultural Commons Collecting Society » sera officiellement créée le 30 septembre sous la forme d’une société coopérative européenne ! Pour bien mesurer la portée de la nouvelle, il s’agit de créer un concurrent à la GEMA (équivalent de la SACEM en Allemagne), brisant ainsi un monopole de près de 80 ans !

Non content d’entreprendre ce projet pharaonique, le C3S envisage à terme d’être pan-européen, et de de venir la société de gestion de droits de l’ère numérique ; la société de gestion des musiques libres.

Faire table rase…

Les sociétés collectives de gestion des droits sont fondamentalement une bonne idée. S’allier permet à la fois d’être une force de négociation (face aux industries culturels, institutions,…) tout en se mutualisant les tâches comptables fastidieuses. En théorie les SACEM ou autres GEMA devraient garantir cela (n’oublions pas que ce sont des organismes d’intérêt général !), mais au lieu de répartir les gains équitablement, elles ont contribué à mettre en place une petite caste de rentiers ; au détriment de la quasi-totalité des autres. Enfin, ces organismes sont réputés pour avoir des frais de fonctionnements exorbitants, comme en témoigne le récent scandale sur la rémunération du patron de la SACEM (qui choque jusqu’à l’UMP).

Les probabilités que cela change sont nulles étant donné que les seuls votants, sont les membres de cette caste qui profite du système. Il ne reste donc qu’une option viable.

…Pour construire une alternative juste

Au départ, la nécessité d’une autre société de gestion vient d’un constat aussi simple qu’accablant : lorsqu’il s’agit de droits, un artiste libre n’existe, à l’heure actuelle, purement et simplement pas. Pour une radio commerciale, diffuser un artiste libre équivaut à diffuser du silence. Les artistes sous licences libres ne peuvent ni adhérer à une société de gestion ni bénéficier d’un cadre juridique lui assurant une rémunération.

Il fallait donc créer ce cadre, mais quitte à le faire, autant le faire bien et bâtir une structure qui puisse éviter les écueils que l’on reproche aux sociétés de gestions depuis trop d’années.


Quelques exemples qui font la différence :

Et j’en passe et des meilleures !

Une société de communs

N’oublions pas le plus important : le deuxième C , « commons » ! Au lieu de lutter contre le partage, il s’agit de l’encourager, et de favoriser les collaborations et remixes. Un accompagnement est prévu pour que les usagers comprennent bien ce qu’il est possible de faire ou non avec telle ou telle licence !

Soutenez l’initiative !

À l’heure où j’écris il manque une poignée d’euros pour que le crowdfunding soit complet, mais il y a plus important ! Le C3S a besoin de membres et d’œuvres pour pouvoir démarrer convenablement. L’adhésion coûte 50€ (onglet « Investment ») et permet de déposer ses œuvres dès que l’organisme obtiendra sa licence. Bien entendu cela donne aussi le droit de vote. Il est également possible d’adhérer en tant que non musicien ou de simplement faire un don.

Pour plus d’informations, visitez la page de startnext : http://www.startnext.de/en/c3s

Geektionnerd : Mozilla détourne le net

vendredi 16 août 2013 à 16:19

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Source :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)

Saviez-vous que Mozilla est en train de détourner l'Internet ? par Glyn Moody

mercredi 14 août 2013 à 17:57

« Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît » disaient nos tontons.

Je ne connaissais pas l’Interactive Advertising Bureau, organisation regroupant des acteurs de la publicité sur Internet, mais ce qui est sûr c’est qu’elle ne gagne rien à se ridiculiser en attaquant ainsi Mozilla (qui nous protège justement de la prolifération actuelle des cookies intrusifs).

Qu’en pensent Google, Microsoft, Orange, TF1, etc., tous membres de la branche française de l’Interactive Advertising Bureau ?

Commentaire : L’image ci-dessous est extraite de l’article de l’Interactive Advertising Bureau qui a fait bondir Glyn Moody. Ce serait donc Mozilla qui enferme ses utilisateurs, vraiment trop forts nos publicitaires !


Interactive Advertising Bureau vs Mozilla


Saviez-vous que Mozilla est en train de détourner l’Internet ?

Did You Know that Mozilla is Hijacking the Internet?

Glyn Moody - 12 août 2013 - ComputerWorld (Open Entreprise)
(Traduction Framalang : ane o’nyme, Sky, LordPhoenix, bruno, Cryptie, anneau2fer, simplementNat, Zii, greygjhart + anonymes)

Il y a quelques semaines j’ai relaté l’attaque à peine croyable de la branche européenne du « Interactive Advertising Bureau (IAB) » envers Mozilla au motif que cette dernière aurait « renoncé à ses valeurs » car elle persisterait à défendre les droits des utilisateurs à contrôler comment les cookies sont utilisés sur leur système.

Vu l’avalanche de moqueries venues de toutes part que cette énorme idiotie tactique a provoquée, on pouvait s’attendre à ce que des conseillers plus sages l’emportent et à ce que l’IAB se replie dans un petit coin tranquille, dans l’espoir que les gens arrêtent de se moquer et oublient simplement et complètement ce déplorable incident.

Mais non. au lieu de cela, l’IAB revient à la charge avec une nouvelle attaque sous la forme d’une pleine page achetée dans le magazine Advertising Age, encore plus énorme, plus forte et plus dingue (aussi disponible en ligne pour votre plus grand plaisir).

Sous le sobre titre : « Empêchez Mozilla de détourner l’internet », on peut lire :

De nos jours, il est facile de trouver le contenu qui vous intéresse sur Internet. Cela est dû au fait que les publicitaires peuvent adapter les annonces aux intérêts précis des utilisateurs grâce à l’usage responsable et transparent de cookies.

Je dois dire que je suis vraiment reconnaissant envers l’IAB de m’avoir ouvert les yeux en mettant ceci à jour parce que jusqu’à ce que je lise ce paragraphe, je nageais dans l’ignorance la plus totale et croyais naïvement que c’était les moteurs de recherches que j’utilisais, d’abord Lycos, puis Altavista, suivi de Google et désormais Startpage, qui me permettaient de trouver les choses qui m’intéressaient. Mais je réalise maintenant mon erreur : j’apprends qu’en fait c’est grâce à tous ces petits cookies si bien disséminés à mon insu dans mon système que j’ai trouvé tout ces trucs. Qui l’eût cru ?

Ces mêmes personnes de l’IAB qui ont eu l’obligeance de mentionner cela ont aussi de mauvaises nouvelles pour moi :

Mais Mozilla veux éliminer ces mêmes cookies qui permettent aux publicitaires de toucher le public, avec la bonne publicité, au bon moment.

Méchant Mozilla. Oh, mais attendez, en fait ce n’est pas ce que Mozilla fait. Il veut au contraire juste contrôler le flot de cookies qui proviennent de sites que vous n’avez pas visités et qui sont envoyés sur votre système, aussi appelés les cookies tiers. Voici une bonne explication de ce qui se passe ici :

Tous les acteurs tiers sont en marge de la transaction et peuvent ajouter de la valeur mais leur but premier diffère du bien ou du service recherché. Ces tierces parties sont plutôt comme le type qui fait le tour du parking avec ses prospectus pendant que vous faites vos courses et met des bons de réduction sur le pare-brise de tout le monde (Oh ! Jamais en panne, 169€ par mois ?). Il ne remplit pas les rayons, ni n’emballe vos courses, mais il fait quand même partie (indirectement ou marginalement) de l’opération « aller faire ses courses ».

Il ne s’agit donc pas d’une volonté de Mozilla d’éliminer les cookies en général mais simplement de donner à l’utilisateur le pouvoir de contrôler ces publicités ennuyeuses glissées sous vos essuie-glaces numériques quand vous visitez un supermarché virtuel.

Mais revenons à la fine analyse de l’IAB :

Mozilla prétend que c’est dans l’intérêt de la vie privée. En vérité nous pensons qu’il s’agit d’aider certains modèles d’affaire à prendre un avantage sur le marché et à réduire la concurrence.

Heu, parlons-nous du même Mozilla ? Vous savez le projet open source qui a certainement fait plus pour défendre les utilisateurs et le Web ouvert que personne ? Ce projet-là ? Car j’ai bien peur d’avoir du mal à imaginer ces codeurs altruistes « aider certains modèles d’affaire à prendre un avantage sur le marché et à réduire la concurrence ».

Je veux dire, Firefox a justement été spécifiquement créé pour accroître la concurrence ; le credo de Mozilla est que chacun devrait être libre d’utiliser le Web comme il l’entend, ce qui inclut toutes sortes de modèles économiques. Penser sérieusement que donner aux utilisateurs le contrôle de leur navigateur Firefox n’est pas défendre la vie privée mais une sorte complot maléfique destiné à miner l’ensemble de l’écosystème est, pour le formuler simplement, totalement cinglé. Peut être l’IAB vit-il dans univers parallèle ?

Les consommateurs ont déjà le contrôle sur les publicités ciblées qu’ils reçoivent via le programme d’auto-régulation de la Digital Advertising Alliance.

Pas de doute, l’IAB vit bien dans un univers parallèle, un univers dans lequel les gens ont réellement rencontré ce programme d’autorégulation de la Digital Advertising Alliance. Parce que je peux honnêtement dire qu’en 20 ans de promenades sur le Web, et bien trop d’heures passées en ligne chaque jour (comme mes abonnés sur Twitter, identi.ca et G+ le savent trop bien), je ne suis jamais tombé sur ce légendaire programme d’autorégulation de la Digital Advertising Alliance, et je sais encore moins comment l’utiliser pour contrôler les publicités que je reçois. Et je me retrouve, dans ce lamentable état d’ignorance, qui suggère plutôt que peu d’autres personnes utilisant l’Internet sont tombés sur le programme d’autorégulation de la Digital Advertising Alliance ou l’ont utilisé (est-ce qu’un lecteur ici est déjà tombé dessus, je me le demande).

En fait, je pense que l’IAB a commis ici un autre faux pas. En mentionnant le programme d’autorégulation de la Digital Advertising Alliance comme une « solution » existante qui rend caduques les projets de Mozilla pour maîtriser les cookies tiers, un programme qui, autant que je puisse en juger, est utilisé par très peu de gens, l’IAB a ainsi mis en évidence le fait qu’il n’y a pas vraiment d’alternative viable à Mozilla.

Je dois également souligner le fait que l’image (voir plus haut) utilisée dans l’article en question, un ordinateur portable enchainé, relève au mieux de l’ignorance, au pire constitue une insulte pour les centaines de milliers de personnes qui ont contribué au projet Mozilla au cours de ces 15 dernières années. Mozilla s’est voué à libérer le Web et ses utilisateurs d’un monopole qui menaçait de le détruire : il est difficile de penser à une image moins appropriée !

Et si l’IAB se préoccupe vraiment de qui peut faire pression sur nos ordinateurs et nous ôter notre liberté avec des centaines de fichiers minuscules qui nous épient où que l’on aille sur Internet, et s’inquiète de qui est vraiment en train de prendre en otage les incroyables ressources du Net, que Mozilla a beaucoup contribué à développer, il ferait bien de se regarder dans une glace…

Gros succès pour le « navigateur pirate » de The Pirate Bay

mercredi 14 août 2013 à 14:10

Le lanceur d’alerte Edward Snowden aurait-il réveillé les consciences ? Plus de cent mille téléchargements en trois jours pour le « PirateBrowser », navigateur spécifique (Firefox+Tor) mis récemment en ligne par The Pirate Bay pour contourner les sites bloqués par la censure, le plus souvent d’État !

Remarquons cependant que seul un exécutable Windows est pour le moment distribué, sans ses sources. Prudence donc si vous n’accordez pas une confiance aveugle à The Pirate Bay (qui s’offre là un bon coup de projecteur à moindres frais ?).

Si vous souhaitez l’anonymat en plus du contournement de la censure, allez plutôt voir directement du côté de Tor (qui propose d’ailleurs un Tor Browser bundle avec ses sources).


PirateBrowser - Home Page


Le navigateur anti-censure de The Pirate Bay atteint les 100 000 téléchargements

Pirate Bay’s Anti-Censorship Browser Clocks 100,000 Downloads

Ernesto - 13 août 2013 - TorrentFreak.com
(Traduction : tetrakos, greygjhart, Genma, Penguin, ronane, Arthrik, Jeey, Tsigorf, ane o’nyme, Théotix + anonymes)

Il aura suffi de trois jours pour que PirateBrower, le navigateur anti-censure de The Pirate Bay qui permet aux personnes de passer outre les filtrages mis en place par les fournisseurs d’accès à internet et ainsi d’accéder aux sites bloqués, soit téléchargé plus de cent mille fois. Les memebres de l’équipe The Pirate Bay ne s’attendait pas à ce que ce navigateur soit diffusé aussi rapidement et ils précise qu’ils sont déterminés à fournir d’autres outils anti-censure.

À l’occasion de son dixième anniversaire samedi dernier, The Pirate Bay a envoyé un cadeau à ses utilisateurs : le navigateur PirateBrowser.

Bloqué suite à des décisions de justice dans le monde entier, The Pirate Bay est sans conteste l’un des sites les plus censurés sur Internet. Le navigateur PirateBrowser permet à ses utilisateurs de contourner ces restrictions.

Il semble que l’idée du navigateur soit arrivée à point nommé. En effet, des statistiques ont été relevées aujourd’hui, et montrent que les utilisateurs bloqués l’ont téléchargé en masse.

Ainsi, trois jours après le lancement, plus de cent mille personnes ont déjà téléchargé PirateBrowser depuis le site officiel, tandis que le fichier torrent est partagé par plus de cinq mille personnes à l’heure où nous écrivons cet article.

Même si The Pirate Bay s’attendait à provoquer un certain intérêt, ils n’avaient pas prévu cette avalanche de téléchargements.

« Je ne m’attendais pas à un tel engouement » a déclaré Winston Brahma à TorrentFreak. « Je suppose que les gens veulent voir les sites que les gouvernements et les tribunaux essaient de leur cacher. »

Pour répondre à la demande massive, The Pirate Bay a dû augmenter le débit de la connexion du lien de téléchargement. Même après trois jours, le PirateBrowser reste en moyenne largement au-dessus du millier de téléchargements par heure.

Le navigateur est basé sur Firefox 23 couplé à un client Tor (Vidalia) et quelques configurations proxy pour accélérer le chargement des pages web. Il est conçu uniquement comme un outil de contournement de la censure : les équipes de The Pirate Bay souhaitent insister sur le fait qu’il n’apporte aucun anonymat aux utilisateurs.

« Le navigateur ne garantit pas l’anonymat et il n’est pas conçu pour cacher votre identité. PirateBrowser est uniquement prévu pour contourner la censure et le blocage de sites web. Si nous avions conçu un navigateur complètement anonyme, il aurait tout simplement ralenti la navigation », explique Winston.

En plus de la version actuelle pour Windows, des versions pour Mac et pour Linux du navigateur PirateBrowser sont annoncées dans un futur proche.

Le navigateur anti-censure n’est que le premier outil réalisé par The Pirate Bay. Une application basée sur BitTorrent, qui permettra à ses utilisateurs de stocker et de distribuer le site The Pirate Bay (ainsi que d’autres) sur leur propres ordinateurs est actuellement en préparation. Un tel outil rendra impossible les blocage par un tiers.

Le jeu du chat et de la souris se poursuit…

Un étudiant nous propose un appareil photo libre en impression 3D pour 25 €

mardi 13 août 2013 à 11:57

Léo Marius vient à peine de sortir diplômé de l’École supérieure d’art et design de Saint Etienne. Son projet de recherche consistait à créer de toutes pièces (l’expression est bien trouvée) rien moins qu’un appareil photo en impression 3D !

Nom de code du projet : O3DPC (Open 3D Printed Camera). Nom de code de l’appareil : OR-01 (OpenReflex 01).

Le plus simple est encore d’illustrer tout de suite cela par une image explicite.

OpenReflex - Léo Marius

Il ne s’agit donc pas de photo numérique mais argentique, avec de vieilles pellicules dedans, et il reste le coût (non négligeable) des objectifs. Il n’empêche que le résultat est saisissant, fonctionnel et surtout mis à disposition de tous grâce au choix du Libre.

Nous avons évidemment eu envie d’en savoir plus en interviewant ci-dessous ce jeune créateur.

On voit ici, une nouvelle fois, combien le Libre peut être utile en situation d’étude et d’apprentissage. Combiné avec une accessibilité croissante des nouvelles technologies, il permet à tout un chacun, ayant un peu d’imagination, de réaliser puis partager des choses formidables.

On voit également se dessiner une nouvelle génération de makers/hackers, qui n’a pas eu à batailler (comme nous) pour faire connaître et exister le Libre, et qui l’adopte presque naturellement. Une génération qui donne, somme toute, espoir et confiance en l’avenir ;)

OpenReflex - Léo Marius

Entretien avec Léo Marius

Léo Marius, bonjour, peux-tu te présenter succinctement ?

Je suis un jeune designer tout juste diplômé de l’École supérieure d’art et design de Saint Etienne. Passionné par les nouvelles technologies et en particulier l’impression 3D dans laquelle je vois des opportunités de créations incroyables souvent sous-exploitées (je milite contre les têtes de Yoda et les coques pour smartphone imprimés !).

Libriste et actif dans le milieu associatif depuis quelques années. J’apprécie beaucoup la photographie mais je ne suis pas moi-même photographe.

Qu’est-ce donc que le projet O3DPC ? Comment est-il né ? Et en quoi est-il relié à tes études ?

Le projet O3DPC (pour Open 3D Printed Camera) est un travail de recherche que j’ai mené en rapprochant l’impression 3D libre et la photographie, il rassemble plusieurs projets sur lesquels j’ai travaillé, dont plusieurs sténopés et dernièrement le reflex imprimé.

J’ai mené ce travail en tant que projet personnel tout au long de mes études en design, c’était l’occasion pour moi de rapprocher deux domaines qui m’intéressent : l’impression 3D et la photographie.

OpenReflex - Léo MariusDe ce projet est donc sorti le prototype OR-01, quelles sont ces principales caractéristiques ? ces atouts ? ces améliorations futures (j’ai cru lire un projet avec la carte Arduino) ?

C’est un reflex argentique classique avec une visée directe (on peut voir directement ce que l’ont vise sur le petit rectangle dessus et un obturateur manuel qui fonctionne à environ 1/60° de seconde).

Son atout principal c’est que l’ensemble de ses sources sont libres, et donc adaptable, il est ainsi facile de le modifier pour l’adapter si certaines choses fonctionnement mal ou si on souhaite l’adapter pour des usages particuliers.

Dans sa forme actuelle je retiendrai deux éléments particulièrement intéressants :

Le choix de l’open source, c’est un choix pragmatique, éthique ou les deux mon général ? Je lis (avec joie) une licence CC by-sa pour tes pièces, pourquoi n’as-tu pas retenu la clause non commerciale NC ?

Un peu des deux. À mon arrivée à l’école, j’ai intégré l’association Le_Garage (dont j’ai été président pendant deux ans) qui fait de la sensibilisation dans l’école aux questions du libre en art et design. Ça a donc été assez naturel pour moi de redistribuer ce travail sous licence libre.

L’idée principale derrière l’OR-01 c’est la réappropriation et la compréhension des nos appareils quotidiens, fermer les sources aurait interdit et contredit cet objectif

Pour ce qui est des la clause NC je préfère ne pas l’utiliser car je la trouve trop floue et contraignante dans la pratique. Si on souhaite qu’un projet se diffuse il ne faut pas lui mettre des bâtons dans les roues. Je n’ai aucune raison de m opposer à ce que quelqu’un souhaite se rapproprier le projet, l’améliorer et le vendre, s’il a lui même fourni un travail et qu’il respecte les conditions de redistribution de la licence copyleft.

Quelle imprimante 3D utilises-tu ? La « full libre » RepRap ou la « moins libre » MakerBot[1] ?

J’ai commencé le projet O3DPC il y a un peu plus de trois ans avec une Makerbot de 1ere génération (la numéro 660 ! une pièce de collection) que nous avions acquis avec notre association libriste et qui était encore libre à l’époque. Le reflex a été réalisé avec une Makerbot de dernière génération, la Replicator 2X qui a été achetée par notre école en complément d’une imprimante 3D haut de gamme que nous avions déjà.

L’utilisation de la Makerbot est un moindre mal, les technologies utilisées sont les même que sur les RepRaps traditionnels et les pièces qu’il est possible d’imprimer avec une Makerbot le seront aussi sur une RepRap bien calibrée. Je souhaitais, pour aider à sa diffusion, que le boîtier soit imprimable sur une imprimante de type RepRap. Si j’avais pu choisir je pense que j’aurais opté pour une Lulzbot. ;)

OpenReflex - Léo Marius

Au niveau logiciel, quels sont ceux que tu utilises et pourquoi ? Sont-ils tous libres ?

J’ai essentiellement utilisé Blender, c’est un logiciel que je connais bien et que je trouve extrêmement polyvalent et flexible. Les formes produites avec ce logiciel sont souvent très souples, et on déplace avec aisance les points pour adapter nos formes et nos courbes. Souvent en design on nous fait utiliser l’application propriétaire Rhino qui est beaucoup plus stricte dans son utilisation (« un tout petit peu plus haut » sur Blender correspond à un « Z+0,23mm » sur un Rhino mais il faut alors redessiner toute sa courbe avant de refaire sa révolution). Avec Blender on peut se permettre des approximations, ce qui est bien pratique dans une démarche de recherche.

J’ai également utilisé le libre OpenScad pour certaines pièces qui nécessitaient des formes et des distances très précises. Le fait de pouvoir coder ses pièces s’est avéré très utile. La pièce ne correspond pas ? Il suffit de changer quelques lignes de code pour tout modifier ! L’ensemble est libre ;)

Ce qui était particulièrement pratique c’est que, n’ayant pas d’ordinateur portable performant, je me déplaçais avec mon disque dur et les versions mobiles de toutes mes application pour les principaux OS dessus et je pouvais alors travailler où je le souhaitais.

Tu déposes les fichiers numériques de tes pièces sur Thingiverse et Instructables. Aujourd’hui quand on est développeur et qu’on cherche du boulot, on peut mettre dans son CV ses contributions sur GitHub. Penses-tu qu’il en ira de même demain dans le design sur ce type de dépôts ?

Oui, et de plus en plus. Je prends par exemple le designer Samuel Bernier qui a diffusé une partie de son travail en libre sur Instructables et que j’ai interogé pour mon mémoire (sur les Designers/Makers). Lorsque je lui ai demandé ce que lui avait apporté le libre, il m’a répondu : « des contacts et beaucoup d’opportunités ».

J’ai d’ailleurs mis récemment une note sur mon compte Instructables précisant que je cherchais un emploi, et j’ai reçu une proposition assez intéressante la semaine dernière (rien de défini, mais on verra). Ça fonctionne. Et si cela n’aboutit pas je peux me dire que 95% de mes employeurs potentiels auront vu mon projet de diplôme avant que je les contacte, ce qui est pas mal déjà comme entrée en matière.

25 euros en pièces détachées pour une appareil photo, c’est possible ? Et si oui, ne crains-tu pas pas qu’une société s’en empare et commercialise ton projet sans toi puisque c’est open source (question troll-piège :)) ?

Comme je l’ai mentionné plus haut, tant qu’ils respectent la clause de redistribution à l’identique (SA), cela me va. Je pourrais ainsi à mon tour récupérer leurs sources (que j’espère améliorées) pour mes propres boîtiers ;)

OpenReflex - Léo Marius

Éprouves-tu une certaine « nostalgie » de la photo argentique ?

Pas vraiment de la nostalgie, mais c’est une sensibilité différente à l’image que l’on ne retrouve pas avec le numérique : l’attente et l’incertitude de la photo, le coût aussi qui limite l’utilisation abusive. On réfléchit avant d’appuyer sur le bouton, on n’en prend pas cinquante à la volée comme cela se fait trop souvent.

Je me souviens du temps où les objectifs étaient obligatoirement reliés à une marque (ceux pour Canon, Nikon, etc.). Avec ton OR-01 et sa bague adaptable, tu donnes en quelque sorte de l’interopérabilité aux appareils photos, non ?

Oui, toujours dans l’idée de se rapproprier la technologies. Si l’appareil avait été dépendant d’un type d’objectifs, cela n’aurait pas fonctionné.

Techniquement, comment réussis-tu avec des pièces à monter à rendre l’appareil totalement opaque ?

Le tout est imprimé avec du plastique opaque et, en mettant des rebords et des emboîtements bien placés, l’étanchéité se fait sans trop de difficultés. Pour certaines zones, un peu plus sensibles, j’ai ajouté de la patafix noire pour combler les trous potentiels.

Toutes les parties étant autonomes c’est surtout le dos dans lequel se trouve la pellicule qu’il faut rendre étanche à la lumière, on peut se permettre des petits jours dans les autres. Ça reste un appareil DIY. :)

Un petit mot sur Framasoft que tu sembles connaître ?

Merci ! Continuez ce que vous faites. Le libre l’emportera ! ;)

Un appel à lancer ? Une actualité à annoncer ?

Peut être une nouvelle version plus aboutie de l’OpenReflex qui devrait être disponible en financement participatif en septembre ou octobre (selon mes engagements professionnels). N’hésitez pas à suivre mon blog ou à me poster un message sur le dépôt Instructables pour être tenus au courant.

Et sinon, permettez-moi un petit clin d’oeil hommage à Gilles Roussi, le professeur à l’origine de l’association Le_Garage qui nous lira surement ;)

OpenReflex - Léo Marius

Photo ci-dessous réalisée avec l’OR-01