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Vos observables tuent-elles votre valeur ?

jeudi 20 mars 2014 à 13:24
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Dans le lointain pays d’Observabilie, il n’existe plus que deux types de voitures. Les rouges, chères, aux formes aérodynamiques, et les vertes, bon marché, plus fréquentes.

En Observabilie, la sécurité routière est un véritable problème. En effet, une loi interdit l’utilisation de tout type de radar. Les chauffards n’ont que faire des limitations de vitesse.

Cependant, un statisticien renommé a démontré que près de 95% des excès de vitesse étaient commis par une voiture rouge. Les explications possibles sont multiples : les conducteurs agressifs préféreraient le rouge. Les voitures rouges sont plus rapides. Elles sont également plus chères et leur conducteur veut rentabiliser son achat avec des sensations fortes. Au fond, peu importe. La corrélation semble claire !

L’administration Observabilienne met donc immédiatement en place des détecteurs de chauffards qui se basent sur la couleur du véhicule. Si un véhicule rouge passe devant le détecteur, une photo est prise et une amende envoyée au propriétaire.

Bien sûr, certains propriétaires de véhicules rouges seront injustement punis. Et certains chauffards en véhicules verts pourront impunément rouler dangereusement. Mais l’étude statistique montre que ce sont des cas marginaux. Faut-il vraiment s’en préoccuper ?

La corrélation imparfaite entraîne une décorrélation totale

Comme je le disais dans mon article « Méfiez-vous des observables », une forte corrélation (ici 95%) ne permet de tirer aucune conclusion valable. Seule une corrélation absolument parfaite est pertinente lorsqu’on cherche à mesurer une valeur.

Mais il y a pire. En Observabilie, après l’entrée en vigueur de cette mesure, un phénomène étonnant a été observé. Les conducteurs des petites voitures vertes se sont soudain senti le droit de ne pas respecter les limitations de vitesse. Après tout, celles-ci ne concernaient que les voitures rouges. Les vendeurs de voiture de sport ont eux observé une demande pour des voitures rapides et vertes. Les conducteurs n’aimaient pas le vert mais peu importe. Certains frimeurs ont décidé de garder des voitures rouges et de poster fièrement sur Internet leurs contraventions comme preuve de leur manière virile de conduire. Certains jeunes n’ayant pas l’argent pour une voiture de sport ont été vus peignant leur petite voiture verte en rouge juste pour pouvoir également poster des contraventions sur le net et donner une impression de richesse et de vie trépidante.

Que nous dit cette histoire ? Et bien que si une corrélation entre une valeur et une observable n’est pas parfaite, le fait de mesurer l’observable va modifier le système et accroître cette imperfection. Naturellement, le système va tendre vers une maximisation de l’observable en oubliant complètement l’objectif premier, à savoir la maximisation de la valeur.

L’exemple du travail

Dans notre société, l’un des exemples les plus frappants est le modèle du travail. On considère que le travail est une production de valeur et qu’un employé doit être rémunéré en fonction de la valeur qu’il produit. Or, la mesure de cette valeur est très complexe, différente pour chacun et souvent subjective. Il a donc été décidé assez universellement de payer les travailleurs à l’heure, en se basant sur l’affirmation que plus on passe du temps à travailler, plus on produit de la valeur.

Si cette affirmation est vraie dans une usine Fordienne où l’employé n’a aucun contrôle et accomplit mécaniquement des tâches rythmées par une machine, il n’en est évidemment rien dans la plupart de nos emplois actuels.

Par définition, toute entreprise où les employés sont payés à l’heure va donc tendre vers une inefficacité maximale. Chaque employé va avoir une tendance, consciente ou non, à faire durer chaque tâche le plus longtemps possible voir à créer des tâches, à mettre en place des réunions interminables afin de justifier des heures supplémentaires. Le tout en étant parfaitement convaincu de travailler vu que le travail est défini par le fait de passer des heures au bureau.

De même, le système rend implicite qu’un employé mieux payé apporte plus de valeur. Or le salaire ne dépend généralement que des capacités de négociation de l’employé lors de son embauche. Inconsciemment, les managers vont avoir tendance à récompenser les employés qui coûtent plus chers et qui font beaucoup d’heures. La réelle valeur ajoutée est complètement ignorée.

Mon expérience au FOREM relève du même principe : inconsciemment, chaque employé du FOREM, même le plus compétent, sait qu’il ne doit son travail qu’au fait qu’il existe des chômeurs. Tout le système va donc tendre vers une maximisation inconsciente du nombre de chômeurs pour éviter le spectre, irrationnel mais néanmoins effrayant, du plein emploi.

La production de contenu sur le web

Le web est un autre domaine où la décorrélation devient dramatique. Pour beaucoup de créateurs de contenu, seule la publicité s’est avérée un business model relativement rentable. Or, la publicité rémunère à la vue ou au clic.

Il s’ensuit que les producteurs de contenu ne cherchent plus des lecteurs mais bien des cliqueurs. Inconsciemment, tout leur contenu va tendre vers un seul et unique objectif : attirer un maximum de clic et leur faire quitter immédiatement la page via la publicité. Ce qui fonctionne : un titre accrocheur qui donne envie de cliquer suivi d’un contenu très court. Avoir un contenu de qualité devient même un inconvénient : on risque que le lecteur oublie de cliquer sur la publicité ou soit trop bas dans la page pour la voir. Le simple fait que les publicitaires aient arbitrairement choisi une observable « nombre de clics » a suffit pour faire du web une gigantesque machine à générer du contenu de piètre qualité.

Cependant, même le taux de clic n’est pas une observable idéale. Mais on peut estimer qu’il existe une corrélation, même imparfaite, entre le taux de clic et les pages vues. Et entre les pages vues et le page rank sur Google ou le nombre de fans sur votre page Facebook. Il s’ensuit toute une industrie fournissant des moyens d’améliorer des observables qui s’avèrent peu ou prou corrélées avec des observables qui sont elles-mêmes peu ou prou corrélées avec votre objectif de base.

Facebook exploite cette décorrélation à merveille en offrant directement les observables et un bouton pour les augmenter en payant. Lorsque vous administrez une page Facebook, le nombre de vue en dessous de chaque post est affiché. Un simple paiement Paypal et ce chiffre augmente immédiatement. Est-ce utile pour votre business ? Peut-être. Peut-être pas. Mais au fond, ce que vend Facebook, c’est le simple plaisir de voir un chiffre augmenter. Ce n’est jamais qu’un Candy Crush un peu élaboré, l’utilité importe peu.

Que faire ?

Au cours de ma carrière, j’ai vu un nombre impressionnant d’entrepreneurs se perdre dans des observables complètement décorrélées de leur business. Les Google Analytics, les statistiques Facebook et les rapports SEO ont un effet quasi-hypnotique. Ils apportent une satisfaction rapide, comme une friandise. Il est extrêment difficile d’en décrocher.

Gardez à l’esprit qu’un client satisfait qui vous paie avec plaisir vaut mieux que 100.000 fans sur Facebook ou un million de clics sur votre page. Concentrez-vous sur votre objectif, votre spécialité. Produisez de la qualité, partagez de la valeur ! Construisez vos propres observables : combien de mails de remerciement ou de félicitations ai-je reçu ce mois-ci ? À combien de personnes ai-je apporté de la valeur ? Combien d’actions ai-je réalisées qui rendent le monde un tout petit peu meilleur ? Ai-je agi conformément à mes valeurs ?

Vos valeurs personnelles sont centrales. Quand vous les aurez identifiées, vous pourrez tenter de trouver des observables parfaitement corrélées. Ou bien vous passer complètement d’observable, ce qui est préférable que d’en utiliser des mauvaises. Lorsque vous doutez, souvenez-vous qu’en Observabilie, un détecteur de couleur paraissait une excellente idée pour punir les excès de vitesse.

Quels que soient vos objectifs ou votre business, je suis à peu près sûr qu’un chiffre dans Google Analytics, dans Facebook ou sur une pointeuse n’est pas représentatif de votre valeur. En tout cas, pas plus que la couleur de votre voiture.

 

Photo par Motorito.

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Printeurs, livre 1 : La fin de l’innocence

samedi 15 mars 2014 à 13:18
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Dans un monde où les publicités s’affichent directement dans vos lentilles de contact et où les voitures automatiques vous conduisent immédiatement à votre destination, Nellio et Eva vont tenter de mettre au point une imprimante 3D d’un tout nouveau type. Une invention qui risque fort de remettre en question le fragile équilibre entre une classe sociale inactive qui rêve de travail et le monde lointain des stars de cinéma et de la finance. Mais, entre un ciel constellé de drones et des rues tapissées de caméras, Nellio et Eva ne s’attaquent-ils pas à plus fort qu’eux ? Et l’équilibre social est-il bien la seule chose que leur imprimante remet en cause ?

Voici, en deux mots, résumé l’histoire de Printeurs dont vous avez pu lire les 19 premiers épisodes sur ce blog. 19 épisodes qui forment une première partie, « La fin de l’innocence », que je vous invite à (re)découvrir sous forme de livre électronique.

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Sans votre présence, vos partages et vos relectures attentives, Printeurs n’existerait pas. Je n’ai qu’un seul mot : merci ! Merci pour vos messages d’encouragements, vos signalement de fautes, votre impatience à lire la suite. Un merci tout spécial à François Martin, qui a honoré Printeurs de son encyclopédique connaissance orthographique, et à Roudou, qui a réalisé la couverture de cette première partie en moins de 48h !

Comme tous mes écrits, Printeurs est payant. Mais le prix est libre. Si vous appréciez Printeurs, n’hésitez pas à soutenir librement son écriture. Grâce à la suggestion d’un lecteur, vous pouvez également vous abonner à Printeurs sur Flattr. Il suffit de cliquer deux fois pour m’envoyer, chaque mois, un Flatt.

Quant à la seconde partie ? Et bien je vous invite à la découvrir dès la semaine prochaine sur ce blog.

Bonne lecture !

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La voiture, premier front de la guerre à l’innovation

mercredi 12 mars 2014 à 14:26
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Un véritable conflit de société est sur le point d’éclater entre, d’une part, la génération numérique et sa soif de progrès et, d’autre part, les tenants du pouvoir actuel qui, loin de rattraper leur retard, s’enfoncent chaque jour un peu plus dans le déni et le conservatisme aveugle. Si Internet et son économie de l’abondance menace l’industrie de la culture, si le Bitcoin peut se révéler le premier clou dans le cercueil du système bancaire, il semblerait que le premier réel coup de feu de cette guerre d’un nouveau genre aie été tiré sur un tout autre front : celui de la voiture.

La voiture, un symbole destructeur

Oui, la voiture est réellement utile. Contrairement aux nombreux systèmes de transports en commun, la voiture permet une granularité temporelle et spatiale particulièrement fine. Je pars à la seconde souhaitée, j’arrive à l’endroit désiré.

Si la voiture n’était qu’un outil fonctionnel, nous roulerions joyeusement dans des automobiles anciennes et bon marché. Mais le marketing en a décidé autrement. Durant des siècles, le déplacement était un luxe réservé à une classe de nobles dont le nom même était issu de leur moyen de locomotion : les chevaliers. Le cheval était un symbole de richesse, de pouvoir. Jouant sur cette filiation, les vendeurs de voiture ont très tôt donné à leur produit un caractère extraordinaire, le rendant complètement indispensable. Quel chef d’entreprise, quel ministre, quel homme riche oserait rouler dans une petite voiture cabossée ? Dans un absurde retournement de situation comme seul peut en créer un bon marketing, la classe moyenne s’est endettée afin de pouvoir rouler dans « une voiture de riche ».

Depuis tout enfant, nous admirons les voitures, nous connaissons les marques, les modèles, nous allons même à des salons ou des expositions pour voir ce qui n’est, finalement, qu’un parallélépipède de métal qui va nous coincer dans les bouchons 2h par jour. Pire, la voiture est extrêmement nocive pour l’environnement et pour la santé. Mais oser critiquer le dieu Voiture relève du blasphème. Toute tentative de toucher à la voiture vaudra immédiatement un lynchage collectif, raison pour laquelle aucun politicien n’ose aborder le problème autrement que par des mesurettes et des périphrases. Le marketing a vaincu la politique, la voiture est le symbole suprême de l’ancien monde.

Une obsolescence prévisible

Pourtant, la voiture est condamnée à disparaître dans sa forme actuelle. À partir du moment où les voitures seront autonomes, et nous n’en sommes pas loin, il ne faut pas être grand clerc pour deviner que posséder son propre véhicule deviendra inutile. Comme je le décrivais, il suffira de cliquer sur son smartphone et une voiture se tiendra devant chez vous en quelques minutes, vous amenant à destination sans que vous ayez à chercher une place de parking.

Actuellement, la majorité du parc automobile est immobilisé la majeure partie du temps. Votre voiture ne roule que lorsque vous vous déplacez, ce qui représente moins de 10% du temps. Les voitures autonomes permettraient d’optimiser cela en gardant les véhicules en activité la plupart du temps. Moins de production de véhicules, moins de déchets. Un grand plus pour l’environnement.

Sans le savoir, les services comme Uber et Djump nous préparent à ce bouleversement. Certes, les voitures sont encore conduites par des chauffeurs humains, ce qui rend le service relativement onéreux et accessible uniquement dans les grandes villes. Néanmoins, le principe est là : un clic sur son smartphone, embarquement dans la voiture, débarquement à destination sans se préoccuper de quoi que ce soit, le paiement se faisant via l’app.

J’aime particulièrement Djump qui pousse le vice jusqu’à laisser les voyageurs fixer eux-mêmes leur prix. Le prix libre appliqué à un service !

Une coalition des entreprises et de l’état

Le coût total d’une voiture, lorsqu’on prend en compte l’achat, les assurances, l’entretien, les changements de pneus, l’essence ou les petites réparations est astronomique. Il est probable que votre voiture vous coûte entre 10% et 20% de votre budget mensuel. Une évolution vers des voitures partagées autonomes est donc entièrement bénéfique aux citoyens qui verront le coût global de déplacement diminuer. C’est également un réel confort de vie. Les heures actuellement perdues en déplacement pourront être passées à travailler, à lire, à communiquer, à se distraire. Le gain écologique sera également phénoménal : les voitures électriques pourront se généraliser car elles seront assez intelligentes pour se recharger dans les heures creuses. Sans compter la diminution drastique du nombre d’accidents.

Malheureusement, toutes ces innovations bénéfiques, toutes ces améliorations de nos vies individuelles et de notre société sont une menace envers le symbole de la voiture individuelle. Les entreprises zombies et les états se sont donc lancés dans une guerre ouverte envers tout ce qui pourrait remettre en cause le monopole de la voiture.

Aux États-Unis, trois états interdisent les voitures électriques Tesla, qui confortent pourtant le symbole de la voiture individuelle mais le font subtilement évoluer. Le prétexte de cette interdiction ? Les voitures sont vendues directement par le constructeur et non pas par un vendeur intermédiaire.

À Paris, les voitures Uber devront attendre 15 minutes avant d’embarquer un client pour préserver le monopole des taxis. À Bruxelles, les véhicules d’Uber ont tout simplement été saisis et l’association des taxis bruxellois a porté plainte contre Djump.

djump

À l’approche des élections, chaque parti aura à cœur de rajouter dans son programme quelques lignes pour la préservation de l’environnement, le désengorgement des grandes villes et l’encouragement au covoiturage. Mais, dans les fait, dès qu’une solution réelle se dégage, elle est immédiatement étouffée dans l’œuf.

Ce qui est extraordinaire dans tous ces événements, c’est que ni les entreprises de l’ancien monde ni l’état ne cherchent à camoufler leurs actions en inventant un quelconque intérêt pour le client. Il s’agit, de la manière la plus ouverte possible, d’artificiellement préserver des business models obsolètes en allant à l’encontre de l’intérêt des citoyens ou de la société. Il n’y a aucun argument, aucune discussion. Il s’agit d’une véritable guerre contre l’innovation.

Paul Graham, fondateur de l’incubateur de startups Y combinator, n’hésite pas à parler de corruption. Et comment appeler autrement cette situation où l’état se met de la manière la plus directe possible au service d’intérêts privés ?

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Nous sommes dans la situation absurde où les gens que nous avons nous-même élus se battent contre nos propres intérêts, contre notre propre avenir, contre les jeunes entrepreneurs qui ont investi leur temps, leur argent et leur énergie pour créer un service utile et en tout point de vue bénéfique.

À votre avis, combien de temps un tel système peut-il encore tenir et faire des dégats ?

 

Photo par Wizardhat.

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Bienvenue dans le futur

mardi 31 décembre 2013 à 16:04
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Je me souviens d’une époque où je rêvais de pouvoir me passer des encombrants CDs et écouter directement la musique stockée sur mon ordinateur depuis mon divan. J’expérimentais avec des écrans tactiles afin de réaliser une interface confortable. Je réfléchissais à la meilleure manière de câbler un appartement ou une maison. Je me renseignais sur les serveurs de stockage à installer chez moi. Le concept de domotique existait mais était définitivement hors de portée de mon budget.

Au même moment, je travaillais sur les GPS fournis avec les voitures. Nous réfléchissions à la meilleure manière de mettre à jour correctement les cartes et nous rêvions de pouvoir obtenir, en temps réel, les infos trafic. Pour ma part, je réfléchissais à la meilleure manière de synchroniser ma musique, celle que j’écoutais dans mon salon, avec le GPS de la voiture. Mais, de toutes façons, ces systèmes étaient réservés aux voitures haut de gamme. Des options à plusieurs milliers d’euros. Je n’en profiterais pas avant plusieurs dizaines d’années.

À propos de GPS, j’allais parfois courir avec un Tomtom gros comme un poing, pesant plusieurs centaines de grammes. J’imaginais écrire un logiciel qui sauvegarderait mon trajet afin d’établir une carte de mes parcours. Les fabricants de cardiofréquencemètres en parlaient pour leurs prochains modèles haut de gamme. Alléchant mais très cher.

Parlons de calendrier justement. J’avais testé le calendrier électronique sur le Nokia N700 puis sur le N800. Je jonglais avec un calendrier électronique interne au boulot, mais, pour finir, tout finissait malgré tout dans mon bon vieux agenda papier. L’agenda électronique n’était définitivement pas pratique.

Tout cela se déroulait il y a… 6 ou 7 ans !

Alors que l’année s’achève, je réalise que, pour quelques centaines d’euros, mon téléphone me permet aujourd’hui d’écouter toute ma collection musicale n’importe où dans le monde. Grâce à un adaptateur Bluetooth à 25€, je profite du son sur les enceintes de la chaîne hi-fi du salon. Et grâce à un câble à 2€, je peux également l’écouter dans la voiture. D’ailleurs, dans ma voiture, mon GSM fait également office de GPS, avec cartes mises à jour et informations sur le trafic en temps réel.

Quand je vais courir, mon téléphone sauvegarde mon parcours, mes meilleurs temps et me permet de partager tout cela avec mes amis. Un GSM qui me sert également de calendrier, me rappelle les anniversaires. Il a remplacé mon appareil photo, mon scanner, ma console portable, mon carnet de notes, mon réveil, mon agenda.

Il est facile d’oublier, de considérer comme acquises toutes les innovations qui nous entourent. Mais en gardant un regard frais, naïf, notre monde peut devenir une source continuelle d’émerveillement.

Bienvenue dans le futur !

 

 Photo par Danka & Peter.

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Pour une alimentation intellectuelle saine et variée

mercredi 18 décembre 2013 à 19:39
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Ces dernières années, de plus en plus de personnes ont pris conscience que tout n’était pas bon à manger, qu’il était nécessaire d’avoir une alimentation équilibrée et, si possible, saine. Notre corps évolue sur base de ce que nous mangeons. Il n’est donc pas étonnant que la « malbouffe » ait entraîné de nombreux troubles physiologiques. Obésité et diabète sont les plus visibles mais d’autres, plus pernicieux, sont probablement également favorisés par notre régime alimentaire moderne. Citons le cancer et la dépression.

Mais si vous faites attention à ce qui rentre dans votre corps, qu’en est-il de votre esprit ?

Notre cerveau, notre intelligence s’adapte et évolue en fonction de la nourriture que nous lui donnons. Mais faites-vous réellement attention à ce que vous consommez intellectuellement ?

Les toxiques

Dans la nourriture, il y a des ingrédients qui sont fortement indésirables comme les pesticides, les conservateurs chimiques, les colorants. Personne ne souhaite en manger mais beaucoup se résignent en les considérant comme un mal nécessaire ou en minimisant leurs effets.

Pour notre cerveau, l’équivalent est frappant : il s’agit de la publicité. Les publicités nous influencent bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Elles transforment notre esprit et notre intelligence pour façonner un abrutissement convenu. Les publicitaires eux-mêmes ont à peine conscience des incroyables dégâts qu’ils sont en train de nous infliger.

Il n’est pas possible de supprimer toute la publicité (la définition de publicité étant floue, ce n’est d’ailleurs pas souhaitable). Mais il est de notre devoir de s’en protéger lorsque c’est possible.

Prétendre que bloquer les publicités cause un tort aux producteurs de contenus sur le net revient à dire qu’arrêter de fumer est irresponsable vis-à-vis des pauvres petits planteurs de tabac dans des pays en voie de développement. Surtout qu’ils n’ont rien d’autre à cultiver.

Les friandises

Sucreries et fast-food sont un type de nourriture que nous devrions idéalement proscrire ou, en tout cas, consommer avec une grande modération. Pourtant, nous avons du mal à résister et nous tombons souvent dans l’excès. Contrairement aux toxiques, il s’agit ici d’une consommation volontaire mais souvent compulsive.

Le parallèle avec les journaux et les « news » est frappant. Proust disait « Ce que je reproche aux journaux, c’est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie des livres où il y a des choses essentielles. »

Prenez une seconde pour réfléchir et soyez honnête : quand une nouvelle a-t-elle eu une influence réelle sur votre vie, vos décisions ou votre manière de voir le monde ? Il est probable que vous puissiez compter ce genre de nouvelles sur une seule main. Et que même si vous n’aviez jamais lu le moindre journal de votre vie, cette nouvelle vous serait parvenue, d’une manière ou d’une autre.

Et pourtant, nous consacrons chaque semaine plusieurs heures de notre vie « à nous tenir informés ».

Bien entendu, être informé n’est pas complètement inutile. C’est important en ce qui concerne votre domaine professionnel et c’est également une source de discussion avec les autres. Mais, convenons-en, l’utilité est plus que limitée pour un coût temporel énorme.

Pire : le format des courtes nouvelles, tout comme un snack ou un hamburger, est facile à mâcher, pré-digéré et forme notre cerveau à ce type d’informations, rendant la lecture de longs articles ou de livres de plus en plus difficile, de plus en plus rare. Tout comme le fast-food, les actualités n’apportent pas un réel plaisir. Passez une heure à lire des sites de nouvelles, vous en sortirez légèrement écœuré mais avec le besoin, l’envie, de continuer. Le plaisir d’avoir lu un long article très intéressant ou le chapitre d’un livre est incomparable.

Les bonnes choses

Pour développer son intelligence et ses capacités, il n’y a pourtant pas de secret : il faut lire. Warren Buffet y voit le secret de son succès et pose cette question : « Connaissez-vous une seule personne qui soit intellectuellement brillante et qui n’aime pas lire ? » Pour le général américain James Mattis, qui a commandé les forces de l’OTAN, ceux qui ne lisent pas sont condamnés à tout apprendre par essais et erreurs. Pour lui, en tant que militaire, une erreur signifie généralement la vie de soldats.

Mais que lire ? Comme nous l’avons vu, il ne suffit pas de lire des courtes nouvelles, des « breaking news » sur des sujets dont nous n’avons, au fond, que faire. Il faut savoir faire le tri, repérer les produits bios, les petits producteurs de qualité.

Pour cela, je vous propose de faire nôtre l’adage populaire : « Les petites gens parlent des personnes, les gens normaux parlent des événements et les gens brillants parlent des idées ».

Une question se pose avant une lecture : « Est-ce que ce texte contient des idées ? » Si oui, je peux me lancer dans la lecture. Et une fois que j’ai compris l’idée principale, je me pose la question de savoir s’il est utile de poursuivre la lecture jusqu’au bout. Si le texte est très court, il ne contient généralement pas d’idée. Et s’il s’agit d’une vidéo, l’idée, si idée il y a, est très certainement diluée.

En ce qui concerne la fiction, je rejoins Neil Gaiman : elle est nécessaire, indispensable. Une fiction, c’est un concentré d’idées, d’expériences. À travers une fiction, vous pouvez former votre esprit à rencontrer des situations imprévues. Vous développez votre imaginaire, votre créativité.

Conclusion

« Faire attention à équilibrer mon régime intellectuel », ne serait-ce pas une excellente résolution pour 2014 ? J’ai d’ailleurs déjà décrit ma méthode personnelle pour lire de longs articles intéressants.

Bien entendu, il ne faut pas devenir extrêmiste. Il s’agit plutôt d’une prise de conscience : si la vidéo que je vais regarder ou l’article que je vais lire s’intitule « Les 10 choses les plus… » ou « Vous devez regarder cette vidéo » ou « Vous allez pleurer/rire », il s’agit plus que probablement d’une anecdote. Le contenu est peut-être très bien mais, comme un fast-food, il sera vite digéré et oublié, ne vous apportant rien.

Rien ne sert de s’exposer en permanence aux dernières nouvelles, au dernier buzz, à vouloir suivre en direct. Laissez le temps agir et attendez quelques jours ou quelques semaines qu’une article récapitule le tout en développant les idées. Si ce n’est pas le cas, c’est que l’anecdote n’en valait pas la peine. Laissez les autres faire le tri pour vous et consommez ce genre de choses à petites doses.

Profitez de 2014 pour reprendre goût aux longs articles détaillés et aux briques de fiction ! Les livres et les longs articles, c’est un peu comme le sport : quand on n’a plus l’habitude, cela nous semble un calvaire. Mais, après chaque séance, on se sent bien et un peu plus fort qu’avant.

 

Photo par Brett.

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