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Linux et minimalisme numérique

lundi 4 novembre 2019 à 08:33

Petite chronique d’un retour aux sources et à l’essentiel d’un libriste de cœur.

L’intoxication numérique n’est pas simplement liée à la consommation quotidienne de Facebook. Les outils que nous utilisons pour être « productifs » ont également un coût énorme sur notre énergie mentale. Comme le souligne Cal Newport dans ses livres Deep Work et Digital Minimalism, nous avons tendance à ne considérer que le bénéfice potentiel d’un outil, nonobstant les coûts. Ce qui nous mène forcément à la conclusion absurde qu’« avoir l’outil est mieux que de ne pas l’avoir du tout ».

Dans mon esprit, ce surplus de consommation numérique s’est cristallisé avec l’App Store d’Apple. À travers des jolies images et des jolies couleurs, l’App Store avait pour objectif de me faire installer une énième application qui me rendrait plus productif, une énième application certes très jolie, mais dans laquelle je devrais migrer mes données existantes avant d’apprendre à l’utiliser avant de recommencer avec une autre quelques mois plus tard.

Excédé également par la non-configurablité, mais également par les bugs de MacOS, j’ai décidé de regagner ma liberté, de retourner à mes amours. 5 ans de Mac étaient une belle expérience, mais fini de jouer, j’ai désormais envie de revenir aux choses sérieuses.

Plutôt que de tenter une migration app pour app, en trouvant une application équivalente à chacun de mes usages, j’en ai profité pour faire le tri, pour lister toutes les apps et services que j’utilisais afin de les réduire au minimum.

La philosophie

Si j’investis dans un nouveau laptop, la question principale à se poser est « pour en faire quoi ? ». On peut tout faire aujourd’hui avec un ordinateur. Mais quel est mon objectif principal outre faire tourner Linux ?

Dans mon cas, il est très simple : écrire. Que ce soit pour mes projets personnels ou professionnels, je ramène désormais tout à l’écriture (d’ailleurs, si vous cherchez un écrivain/scénariste/vulgarisateur/futurologue, je fais également du mercenariat).

Outre les incontournables mails et un navigateur web, tout ce qui n’est pas directement lié à l’écriture doit être considéré de trop. Je me suis octroyé un seul plaisir : la lecture des flux RSS.

Pour le reste, je m’interdis toute distraction sur ce nouvel ordinateur. Les réseaux sociaux et les médias seront même bloqués. L’idée est que mon cerveau comprenne instinctivement que ce laptop ne sait faire qu’une seule chose : servir de machine à écrire. Plutôt que de lutter en permanence contre la tentation de me distraire, je rends la distraction impossible sur une machine particulière.

Cela résout également pas mal de questions concernant la compatibilité avec tel ou tel logiciel vaguement dispensable. S’il n’est pas indispensable pour me faire écrire (et, au fond, rien n’est indispensable pour écrire dans un fichier Markdown), alors la question ne se pose pas : il n’a pas sa place sur ma machine..

Le laptop

Si Linux me manquait affreusement et que je ne risque pas de regretter une seule seconde MacOS, je ne peux pas en dire autant de la finesse, de la légèreté et de la qualité d’écran d’un macbook. 900 grammes sans ventilateur ni le moindre bruit, difficile de faire mieux.

Mon choix se porte finalement sur le Star Lite de Starlabs. 1,1kg, c’est un peu lourd, un peu plus épais avec un mauvais écran. Mais, avantage non négligeable, il coûte littéralement le quart du prix d’un macbook. À ce tarif, je ne m’attends pas à un miracle.

Je suis surpris cependant par l’aspect général. Pas de plastique, mais cette espèce d’aluminium qui semble très solide. Tellement solide qu’ouvrir le laptop requiert à chaque fois un véritable effort des deux mains. Une fois ouvert, l’écran est nettement moins bon, ultra-sensible aux reflets et bouge légèrement quand je tape au clavier. Le clavier, lui, est l’excellente surprise après des années sur un macbook : quel confort d’avoir de véritables touches ! Je regrette juste que les touches à droite soient fort petites, car, en Bépo, la touche la plus à droite est le W. Il m’arrive très régulièrement de taper un retour à la ligne au lieu d’un W. Mais je ne vais pas me plaindre : le macbook était devenu littéralement inutilisable à cause d’un bug, visiblement très répandu, qui déplace le curseur aléatoirement au cours de la frappe.

Niveau performances, je ne sais pas si c’est le matériel ou Linux, mais tout est parfaitement réactif dans i3. Le macbook consommait très souvent beaucoup de CPU, les sites étaient lents à ouvrir et Antidote était littéralement inutilisable. Rien de tout ça dans le Star Lite, je retrouve une expérience fluide et normale du web et je me réconcilie avec Antidote. Dans un Gnome-shell, c’est une autre histoire, spécialement avec le trackpad. Car le trackpad est une véritable catastrophe. De temps en temps, et je soupçonne que c’est lié à la charge CPU, il va se bloquer, devenir erratique ou très lent.

Mais j’ai décidé de vivre avec, car je souhaite utiliser de plus en plus le clavier. Le Star Lite dispose d’ailleurs d’une touche magique pour complètement désactiver le touchpad. J’adore !

Bref, le Star Lite est loin d’être parfait, mais il est petit, portable, relativement léger, résistant, assez performant pour mon usage minimal et pas cher. Bien que n’ayant pas de ventilateurs, il est cependant bruyant : la RAM cliquète comme sur un vieux desktop des années 90. Je croyais que ça n’existait plus… Ça et l’infernale diode blanche qui m’éblouit en permanence pour me dire que mon laptop est allumé !

Mon workflow de travail

Une conclusion s’est très vite imposée à mes yeux : je devais minimiser les différents stockages de mes données. Il m’est arrivé plus d’une fois de chercher un fichier dans Evernote alors qu’il était dans mon Dropbox ou dans Notions, de ne plus savoir exactement ce que j’avais installé sur ma machine ou de savoir que j’avais interagit avec un partenaire sur un projet, mais sans savoir si c’était sur Slack, Evernote, Google Drive ou par mail.

J’ai, ces dernières années, tenté de me débarrasser des fichiers, d’avoir tout dans Evernote ou tout autre service concurrent que je testais. Mais je réalise aujourd’hui que les mails et les fichiers sont deux piliers incontournables. Ils existeront toujours et je devrai toujours travailler avec. Du coup, comment ne pas ajouter d’autres piliers ?

C’est tout simple : je n’utiliserais désormais plus que des fichiers traditionnels organisés à ma façon. Finis les stacks, les notebooks, les notes. Si un logiciel ne me permet pas de gérer mes données dans des fichiers dans un format ouvert et une structure que je contrôle, je ne considère même pas son utilisation (exit donc Joplin ou Notable, qui sont pas mal mais forcent une structure de répertoires).

En partant du postulat que chaque projet est un répertoire, j’ai, après plusieurs essais et erreurs, fini par aboutir à la structure suivante en 5 répertoires très simples.

Archives : comme le nom l’indique, Archives contient tous les projets terminés ou abandonnés. À noter que, plutôt que de classer par « type », je considère tout comme un projet. Les photos de mon mariage, par exemple, sont dans un dossier « Mariage » qui contient également le PDF des invitations, le tableur de la liste d’invités et toutes les autres archives. C’est simple, mais il m’a fallu casser l’inclinaison à mettre les photos dans « Photos », les pdf dans « documents », etc.

inbox : un répertoire essentiellement vide qui contient les fichiers temporaires ou en transit. Un billet de train, un PDF à imprimer, un document téléchargé que je n’ai pas encore classé, etc.

Workbox : contient les projets en cours qui ne nécessitent pas une attention soutenue. Ce sont plutôt des projets en arrière-plan permanent. Par exemple, le dossier SPRL contenant tout ce qui est relatif à notre société est dans Workbox. Un dossier Aida4 contient tout ce qui est relatif au brevet d’apnée sur lequel je travaille pour le moment. Ma migration vers Linux ou ma recherche de laptop étaient également dans ce répertoire.

Frigobox : répertoire particulier, il contient tous les projets sur lesquels je souhaite m’investir, mais que je m’interdis de faire pour le moment pour éviter la dispersion. La relecture de Printeurs pour en faire un ebook digne de ce nom est par exemple dans Frigobox. Plusieurs billets de blog sont également là-dedans.

Focusbox : les projets sur lesquels je souhaite me concentrer. Quand je suis sur mon ordinateur, c’est dans ce répertoire que je dois être et travailler. Idéalement un et pas plus de 3 projets dans ce répertoire.

Ces 5 dossiers sont synchronisés grâce à Tresorit. J’ai également 3 autres dossiers qui ne sont pas sur Tresorit : Download, un répertoire pour tout ce qui est temporaire et qui peut être perdu, devel, un répertoire qui contient les dépôts git sur lesquels je travaille et Dropbox, pour avoir accès à certaines applications qui nécessitent Dropbox (dans mon cas, c’est la synchronisation avec le Freewrite).

Depuis quelques mois, j’utilise cette organisation et je suis abasourdi par son efficacité. Je ne cherche plus un fichier, j’ai toujours sous la main ce dont j’ai besoin et les fichiers ne s’accumulent pas dans mon HOME.

Mon HOME. Tout simplement.

Logiciels

J’ai insisté sur mon désir de simplification. Comme je cherchais à passer un un tiling window manager, afin de faire tout au clavier et de ne plus avoir de bureau, je suis tombé sur Regolith Linux, un projet qui est exactement ce dont j’avais besoin, à savoir une version d’Ubuntu où le bureau GNOME a été remplacé par i3, mais en gardant certains avantages de GNOME et en étant très accessible aux débutants grâce à un affichage facile des raccourcis clavier. Un bonheur !

Hormis les traditionnels Firefox, Geary (pour les mails) et Feedreader (pour les RSS), le seul logiciel important installé sur ma machine est Zettlr.

Zettlr, combiné à mon organisation en répertoires, a réussi à remplacer pas moins de 4 logiciels macOS. Le fait que tous les répertoires de mon HOME soient dans Zettlr est primordial. Tout semble soudain incroyablement facile et simple.

Zettlr remplace tout d’abord Ulysses comme logiciel d’écriture et d’organisation de mes textes. Il remplace également Evernote comme logiciel de prise de notes. D’ailleurs, je n’ai jamais réussi de manière satisfaisante à trouver un workflow entre Evernote et Ulysses. Mais il remplace également DayOne. J’ai en effet décidé de transformer mon journal personnel en simples fichiers markdown (voir mon script d’export de DayOne vers Markdown). Et, last but not least, il remplace Things, le dernier gestionnaire de todo que j’avais testé.

En effet, plutôt que d’avoir des todos dans un logiciel séparé, je me contente désormais d’écrire le mot magique « TODO » dans le fichier du projet concerné. Bon, je l’avoue, j’utilise également un carnet papier (mais, de toute façon, je jonglais entre différents carnets papier, mon gestionnaire de todo, mes notes Evernote).

Zettlr ne remplace parfaitement aucun de ces logiciels. Mais, dans une volonté de minimalisme, j’ai décidé d’accepter cette « dégradation », de perdre en fonctionnalités. Je me rends compte, après plus d’un mois à ce rythme, que c’est extrêmement libérateur pour l’esprit. Je courais après la solution ultime alors que, fondamentalement, le coût mental de n’importe quelle solution est bien plus élevé que le bénéfice éventuel.

Tout cela m’a même motivé de me remettre à Vim grâce au livre de Vincent Jousse « Vim pour les humains ». J’essaie de voir si je pourrais répliquer, dans Vim, les fonctionnalités de Zettlr, à savoir la navigation par projet, le mode distraction-free, la création simple d’un fichier dans un projet. Je réfléchis également à passer mes mails et mes flux RSS en ligne de commande, pour utiliser les raccourcis Vim. Chantier en cours, notamment en terme de lisibilité de ma console.

Le retour à la maison

Après 5 années sous MacOS, je ressens mon retour sous Ubuntu comme un véritable retour à la maison. Je n’ai jamais été chez moi sur un Mac. J’ai besoin que mes outils soient alignés avec mes valeurs. Je fais partie de la famille du libre, c’est identitaire chez moi et je dois l’accepter. J’ai trahi mes idéaux par semi-obligation professionnelle, confort et curiosité, mais je me rends compte que cela ne me plait pas.

Je repense à tous ces outils, parfois excellents, qui ont été créés, qui sont devenus une startup avant de disparaitre. Au lieu de créer ma startup, j’ai créé avec mon ami Bertrand le logiciel libre Getting Things GNOME. Je lui ai consacré plusieurs années de ma vie qui s’est traduit en un certain succès d’estime. Contrairement à une startup, je n’en ai jamais tiré le moindre profit financier, mais, aujourd’hui, je suis fier de constater que le logiciel possède encore des utilisateurs qui tentent de le faire revivre. C’est toute la différence entre le propriétaire et le libre : le libre a une chance de survivre à ses fondateurs. Mais les fondateurs, eux, n’ont aucune chance d’en tirer de gros bénéfices.

Aujourd’hui, ce que je cherche dans le libre c’est avant tout la liberté, la simplification. Une simplification dont Ubuntu s’éloigne à mes yeux beaucoup trop, notamment avec son système Snap qui me fait trop penser à l’App Store. Je lorgne pour revenir à mon premier amour libriste, Debian.

En attendant que Regolith fonctionne sous Debian, je liste tout ce que j’ai installé qui n’est pas disponible pour Debian. Mon objectif est de garder cette liste la plus courte possible. Je vous la partage.

En libre, et qui pourrait donc se retrouve dans Debian : Regolith, Zettlr, starlabs-power (optimisation pour la batterie de mon laptop), Signal, Protonvpn-cli, bitwarden et f.lux (redshift ne m’a pas vraiment satisfait). Si vous connaissez un développeur Debian, je serais heureux de donner un coup de main pour faire entrer Zettlr dans l’OS universel !

En non-libre : Tresorit, Protonmail-bridge, Antidote, Minetime (pas moyen de trouver un calendrier libre correct), Dropbox, Remarkable.

Pour les services non-libres, j’utilise également Adguard (sous forme d’extension Firefox), Brain.fm (j’adore ce service qui me simplifie la vie au point de ne pas avoir à choisir quelle musique écouter pour me concentrer).

C’est à la fois beaucoup et pas grand-chose quand je vois tous les services que j’ai résiliés durant ces derniers mois.

Les petits problèmes

Alors, certes, il me reste encore pas mal à faire pour configurer mon laptop aux petits oignons. Mais je crois que c’est le propre du libriste : ce ne sera jamais pleinement terminé. En fait, c’est un plaisir de mettre les mains dans le cambouis plutôt que de tester un énième logiciel propriétaire.

Attention, âmes sensibles s’abstenir de lire la suite, car la définition de plaisir chez un geek libriste est particulièrement retorse.

Dans mon planning, j’ai notamment mis d’arriver à faire une recherche de fichiers depuis Rofi, de travailler ma config Zsh, de faire une config mail Notmuch compatible avec Mutt et Astroid, de me trouver un calendrier en ligne de commande, de tester une vimification du browser (genre Tridactyl, mais faut que je puisse bépoïser tout ça), arriver à désactiver le screensaver quand le laptop est sur secteur (particulièrement ennuyeux quand je donne cours) et faire fonctionner autokey (ou toute autre solution équivalente). Arriver également à lister les TODOs dans mes différents fichiers, par exemple grâce à un plugin Vim.

Si vous n’êtes pas un geek linuxien un peu hardcore, le paragraphe précédent doit être du pur chinois pour vous. C’est normal, c’est signe que je suis revenu dans mon élément naturel !

Il y’a 15 ans, je lançais ce blog avec l’optique de convertir les windowsiens à Linux, j’abandonnais Debian et Fvwm pour Ubuntu et GNOME afin de me mettre dans la peau d’un utilisateur lambda. Peut-être qu’aujourd’hui, je peux redevenir moi-même. Et tant pis si personne d’autre n’arrive à utiliser mon laptop.

De toute façon, il est en Bépo…

Photo by Patrick Fore on Unsplash

Je suis @ploum, conférencier et écrivain électronique. Si vous avez apprécié ce texte, n'hésitez pas à me soutenir sur Tipeee, Patreon, Paypal, Liberapay ou en millibitcoins 34pp7LupBF7rkz797ovgBTbqcLevuze7LF. Vos soutiens réguliers, même symboliques, sont une réelle motivation et reconnaissance. Merci !

Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

Mon philou a fait plouf !

mercredi 2 octobre 2019 à 23:25

Phil a fait son dernier plouf. Comme tout bon apnéiste, il a pris sa dernière inspiration.

Ce serait tellement facile de parler de ton sourire omniprésent. Tout le monde le fait. Alors je profite de ce blog pour raconter une histoire rare : la seule fois où je t’ai vu ne pas sourire.

Tu conduisais la camionette. On te disait tous que, avec une remorque bringuebalante, 130km/h, c’était un peu rapide. Tu nous répondais « Boaf » en riant. On t’a dit qu’il y’a avait un combi de flic derrière nous. Tu nous as répondu « Boaf » en riant. Le combi de flic nous a fait signe de nous ranger sur le bas côté. On a éclaté de rire. Sauf toi. Tu es descendu tout penaud te faire sermonner. Tu avais un petit d’air d’enfant qui se fait gronder, tu ne riais pas.

Dans la camionnette, par contre, on était tous hilares !

Quand tu as repris le volant, tu as quand même fait « Boaf » et ton sourire est revenu.

L’eau noire de nos carrières n’aura plus la même saveur sans toi pour les agiter en crawlant comme un phoque parce que « ça te décoince les trompes d’eustache ». Les billets de ce blog seront un peu plus seuls maintenant que tu ne les liras plus, que tu ne m’enverras plus tes commentaires plein de tendresse et de jeux de mots foireux.

Notre seul espoir c’est que, là-bas, tu arrives à les embobiner avec une combine foireuse dont tu as le secret pour qu’on te renvoie ici, avec nous. Genre le coup du bateau prêté par l’université que tu as démonté pour tenter de le faire fonctionner sans clé de contact avant que l’on comprenne que, si tu n’avais pas la clé, c’est parce que l’université n’était pas au courant de sa générosité à ton égard.

Je préfèrais quand t’étais à la bourre que quand tu pars à l’avance. Tout risque de tourner trop rond sans toi.

Putain Mon Philou, tu nous manques déjà…

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Sauvons la planète de l’écologie hystérique

vendredi 27 septembre 2019 à 12:08

Régulièrement, des lecteurs me demandent pourquoi je ne traite pas d’écologie sur ce blog. Après tout, la planète est en danger, il faut agir. Pourquoi ne pas écrire sur le sujet ?

La réponse est toute simple : je parle d’écologie. Souvent. Presque tout le temps. Je milite pour sauver la planète, je raconte des histoires pour sensibiliser mes lecteurs.

Mais, contrairement à cette hérésie médiatique et millénariste qui s’est emparée de l’humanité, je ne cherche pas à effrayer. Je veux que les choses changent réellement en traitant le problème à la racine.

En hurlant, en manifestant, en lapidant le malheureux qui aurait encore des ampoules à incandescence, nous ne faisons que hâter notre perte. Nous sommes en train de détruire nos enfants, d’en faire des névrosés, des intégristes. Nous leur montrons l’exemple d’une jeune femme qui brosse l’école pour traverser l’atlantique sur le voilier d’un milliardaire afin de servir de faire-valoir ou de repoussoir électoral aux politiciens. Nous les culpabilisons en leur disant d’agir, de s’agiter médiatiquement, en les décourageant de prendre le temps pour apprendre et réfléchir. Récemment, une gamine de sept ans à qui je tentais vainement d’expliquer que couper un arbre n’était pas un crime, que c’était parfois bénéfique et nécessaire, m’a répondu : « De toutes façons, je préfère mourir que de polluer ».

C’est extrêmement grave. Nous imposons notre culpabilité, notre sentiment d’impuissance à nos enfants. Nous les transformons en ayatollahs d’une idéologie aveugle, irrationnelle, cruelle, inhumaine. Une religion.

La dangereuse violence du potager

Le discours collapsologiste devient la norme. Tout le monde veut apprendre à cultiver son potager, à chasser pour survivre.

Mais personne ne réfléchit qu’il y’a une raison toute simple pour laquelle nous sommes passé à l’industrialisation. Ce n’est pas par plaisir que l’homme a construit des usines. Mais parce que c’est plus efficace, plus performant. Que cela a permit à la majorité de l’humanité de ne plus crever de faim et de misère.

Ce pseudo moyen-âge idéalisé auquel beaucoup aspirent signifie, avant toute chose, la famine en cas de mauvaise récolte ou d’accident, la mort par maladie, le handicap à vie pour de simples fractures.

Nous oublions que les chasseurs-cueilleurs et même les paysans du moyen-âge disposaient de plusieurs hectares par individu, ce qui leur permettait de subsister de justesse. Pour revenir à cet état, il faudrait d’abord se débarrasser de l’immense majorité de l’humanité. Et cela se ferait tout naturellement grâce à la guerre et aux massacres pour conquérir les territoires fertiles.

Si vous croyez à l’effondrement, ce n’est pas la permaculture que vous devez apprendre mais le maniement des armes. Ce ne sont pas les conserves qu’il faut stocker mais les munitions. Au moyen-âge, les villages étaient régulièrement razziés ou sous la protection d’un seigneur qui levait d’énormes impôts. Dans le monde des collapsologues, le maraîcher d’aujourd’hui est donc le serf de demain. Militer pour un retour au potager individuel, c’est littéralement militer pour la guerre, la violence, la lutte pour des ressources rares.

Le réchauffement climatique est un fait établi, indiscutable. Il sera probablement pire que prévu. L’inaction politique est bel et bien criminelle. Mais en devenant tous des survivalistes, nous créons une prophétie autoréalisatrice. Nous nous concentrons sur l’obstacle à éviter.

Traiter le mal à la racine et non ses symptômes

Pourtant, malgré les changements désormais inévitables de notre environnement, l’écroulement de la société n’est pas inexorable. Au contraire, nous sommes la société et celle de demain sera ce que nous voulons qu’elle soit. Nous pouvons accepter la situation comme un fait, utiliser notre intelligence pour prévoir, mettre en place les infrastructures qui rendront le réchauffement moins tragique en réduisant le nombre de morts.

Ces infrastructures sont tant techniques (eau, électricité, internet) que politiques et morales. En créant des outils de gouvernance décentralisés, nous pouvons augmenter la résilience de la société, nous pouvons asseoir les principes collaboratifs qui nous feront vivre au lieu de survivre. En militant pour la libre circulation des personnes, nous pouvons tuer dans l’œuf les conflits le long d’arbitraires frontières. En luttant contre les ségrégations, nous éviterons qu’elles ne se transforment en un communautarisme violent lorsque les ressources se raréfieront.

Avant toute chose, nous devons apprendre à traiter les causes, à comprendre au lieu de nous voiler la face en rejetant la faute sur des concepts arbitrairement vagues comme « les politiques », « l’industrie », « les riches » ou « le capitalisme ».

Pourquoi consommons-nous autant de ressources ? Parce que nous y sommes poussés par la publicité. Pourquoi y sommes-nous poussés ? Pour faire tourner l’économie et créer des emplois ? Pourquoi voulons nous créer des emplois ? Pour consommer ce que nous croyons vouloir à cause de la publicité. Nous devons sortir de ce cercle vicieux, le casser.

Il faut arrêter de créer de l’emploi. Il faut travailler le moins possible, nous sommes déjà trop productifs. Il faut décrédibiliser la publicité et le marketing. Il faut apprendre à être satisfait, à avoir assez. Or, c’est impossible dans un monde où le produit le plus vendu est désormais la malléabilité de notre cerveau. À travers Facebook et Google, nous sommes en permanence scrutés et façonnés pour devenir de bons consommateurs émotionnellement réactifs. Nous militons contre le réchauffement climatique sur… des pages Facebook ! Ce qui va nous exposer à des publicités pour des projets Kickstarter de vélos pliants jetables fabriqués au Turkménistan et à des posts “likés” à outrance qui renforcent nos croyances, tuant tout recul, tout esprit critique.

Chronique d’un effondrement souhaité

Si notre priorité est réellement la santé future de nos enfants, la mesure la plus simple et efficace serait d’interdire immédiatement la cigarette dans l’espace public, y compris l’électronique dont on remarque qu’elle est extrêmement nocive et pousse à l’usage du tabac chez les jeunes.

La cigarette est un marché hyper polluant dont l’objectif est de polluer les poumons des clients et de leur entourage tout en polluant les nappes phréatiques et nos sols (avec les mégots). Or, combien de marcheurs pour le climat s’en sont grillé une, souvent juste à proximité d’enfants ?

Comment peut-on un instant imaginer être crédible en demandant un respect assez abstrait de la planète à une entité abstraite que sont « les politiques » lorsqu’on n’est concrètement pas capable de respecter son propre corps ni celui de ses propres enfants ?

Après la cigarette, il faudrait attaquer la voiture. Avec une solution toute simple : augmenter le prix de l’essence. Transformer l’essence en gigantesque taxe de la voiture. Les mesures factuelles le prouvent : la consommation ne dépend que du prix. Une voiture qui consomme moins roulera plus si le prix n’est pas augmenté. Mais les gilets jaunes nous ont démontré avec quelle énergie nous sommes capables de nous battre pour avoir le droit de polluer plus, de consommer plus, de travailler plus.

Ce que nous disons à nos enfants, c’est qu’ils sont coupables, qu’ils doivent sauver le monde que nous détruisons sciemment. Nous leur faisons peur avec le glyphosate, qui pourrait éventuellement être toxique, même si ce n’est pas certain sur de petites doses, en leur servant un steak de viande rouge bio qui lui, est un cancérigène certain.

Nous entretenons leur peur avec l’aluminium dans les vaccins, avec les ondes wifi, avec le nucléaire alors qu’une seule journée dans les embouteillages sur l’autoroute et une soirée avec des fumeurs sont probablement plus néfastes pour le cerveau que toute une vie avec une antenne wifi sur la tête. Tous les effets secondaires des vaccins ne pourront jamais faire autant de mal qu’une simple épidémie de rougeole.

Les scientifiques qui travaillent sur le nucléaire et qui ont des solutions concrètes aux inconvénients de cette technologie (le danger d’explosion, les déchets) s’arrachent les cheveux car ils ne peuvent plus avoir de budget, ce qui a pour effet de réactiver des vieilles centrales dangereuses ou, pire, des centrales à charbon qui tuent silencieusement des milliers de gens chaque année en polluant notre atmosphère.

Nos peurs hystériques sont en train de créer exactement ce que nous craignons. L’écologie collapsologiste met en place presque volontairement la catastrophe qu’elle prédit. Au nom de l’amour de la terre, les grands inquisiteurs nous torturent afin que nos souffrances psychologiques rachètent les péchés de l’espèce.

L’apocalypse instagramable

Voir des millions de gens marcher pour le climat m’effraie autant que voir d’autres se réchauffer autour de braseros dans leur gilets fluos. J’ai l’impression de voir un troupeau écervelé, bêlant à la recherche d’un chef. Un troupeau qui ne sera satisfait que par des mesures absurdes, médiatiques, spectaculaires. Un troupeau qui a trop de pain et demande de plus grands jeux (car, oui, l’obésité tue plus aujourd’hui que la malnutrition).

La réalité n’est malheureusement jamais spectaculaire. Réfléchir n’est jamais satisfaisant. C’est d’ailleurs la raison, bien connue des psychologues, pour laquelle les théories du complot ont tant de succès. Nous voulons du spectaculaire, du bouleversant. Et le tout sans changer nos habitudes. On veut bien acheter des ampoules plus chères et manifester mais si le changement climatique devient trop dérangeant, on se contentera de dire que c’est un hoax des gaucho-scientifiques. Ou que c’est la faute des politiques.

Sortir du tout à l’emploi, refuser le consumérisme, prendre du recul sur notre rapport à l’information, repenser nos modes de gouvernance. Prévoir des infrastructures d’eau potable et d’électricité mondiale. Décentraliser Internet. Tout cela, malheureusement, n’est pas assez likable. Mélanie Laurent ne pourrait pas en faire un film. Greta Thunberg ne pourrait pas justifier une traversée de l’atlantique.

C’est tellement plus facile de crier à la destruction totale, de trembler de peur, de se réjouir parce que tout un quartier a réussi à faire pousser cinq tomates, de payer pour avoir l’honneur de sarcler la terre du champs de Pierre Rabhi ou de prendre un selfie sur Instagram avec une « star de la méditation qui prie pour l’union des consciences » (je n’invente rien). Ça fait moins peur de mourir à plusieurs, chante très justement Arno.

C’est plus facile, cela nous donne bonne conscience au moindre effort. Malheureusement, c’est au prix de la santé mentale de nos enfants. Nous sommes en train de détruire psychiquement une génération parce que nous refusons de pousser la réflexion, d’accepter nos erreurs, d’évoluer, de penser plus loin que les grammes de CO2 émis par notre voiture de société.

Un péché héréditaire

Ma génération était à peine née lorsque quelques australiens demandèrent à nos parents comment ils pouvaient dormir alors que leurs lits étaient en train de brûler. 32 années plus tard, force est de constater que nous n’avons fait que transformer une évidence scientifique en hystérie collective. Que nous n’avons fait que reporter la culpabilité, en la décuplant, sur la génération de nos enfants. Avec un effet positif quasiment nul.

La maison brûle mais au lieu de leur apprendre à se servir d’un extincteur ou à sauter par la fenêtre, nous leur enseignons à courir en cercle en hurlant le plus fort possible tout en prenant des selfies. Nous leur faisons couper les robinets et nous leur apprenons à disposer des cristaux magiques qui, par leur « énergie vibratoire », devraient éteindre l’incendie.

Notre seul espoir est qu’ils s’en rendent compte avant d’être définitivement traumatisés. Qu’ils nous envoient paître plus rapidement que ce que nous avons fait avec nos parents. Qu’ils nous renvoient à la figure nos marches pour le climat, nos supermarchés bio avec des parkings pour SUV, nos pages Facebook pour gérer les potagers partagés et nos partis écologistes qui veulent avant tout créer de l’emploi et détruire le nucléaire. « Tu faisais quoi papy pour lutter contre le réchauffement climatique ? » « On allait marcher dans la rue pour que d’autres fassent quelque chose ».

Plutôt que de mettre la pression sur les générations suivantes et d’accuser les générations précédentes, ne pourrait-on pas prendre nos responsabilités intergénérationnelles et s’y mettre tout de suite ? Ensemble ?

Parler d’écologie ? C’est peut-être avant tout lâcher le plaisir immédiat de l’indignation facile et parler de notre consommation, de notre responsabilité à sélectionner ce que nous donnons à ingurgiter à notre cerveau.

Photo by Siyan Ren on Unsplash

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Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

How I learn to stop worrying and love the decentralized future

mardi 17 septembre 2019 à 14:51

Even if everybody is not realizing it consciously, our world is becoming incredibly more virtual, borderless and decentralized. Fighting the trend may only make the transition more violent. We may as well embrace it fully and ditch our old paradigms to prepare for a new kind of society.

How we built the virtual world

Virtual reality is always depicted by science fiction as something scary, something not so far away that allows us to spend our time connected to imaginary worlds instead of interacting with the reality. An artificial substitute to a good old-fashioned life, a drug, an addiction.

Is it a dystopian prediction? Nowadays, white-collar workers spend most of their wake time interacting through a screen. Answering emails for work, chatting with colleagues on Slack, attending online meetings on Skype, looking at their friends Instagram during breaks and commutes, playing games and watching series in the evening.

The geographical position of the people with whom we interact is mostly irrelevant. That colleague might be just a few metres across the room or in the Beijing office of the company. That friend might be a neighbour or a university acquaintance currently on a trip to Thailand. It doesn’t matter. We all live, to different degrees, in that huge global connected world which is nothing but a virtual reality.

This can be observed in our vocabulary. While, only a few years ago, we were speaking of “online meetings”, “remote working” and “chatting on the Internet”, those have become the norm, the default. It has to be specified when it’s not online. Job offers should announce that “remote working is not possible for this position”. There are “meetings” and “on-premise events”. You would specify that you meet someone “in person”. Even the acronym “LOL” is now commonly used as a verbal interjection “in real life”. That “real life” expression which is often used as if our online life was not real, as if most of our wake time was imaginary. As an anecdote, the hacker culture coined the term AFK, “Away From Keyboard”, to counter the negative connotation implied by “non-real life” but we are now connected without keyboard anyway.

Blinding ourselves to post-scarcity

Part of the appeal of our online lives might lie in the limitless capabilities. In that world, we are not bounded by the finite resources of matter. We can be everywhere in the world at the same time, we can take part in many discussions, we can consume many contents, learn, entertain ourselves. In fact, we can even have multiple identities, be our different selves. At the same time!

While most of our economy is based on scarcity of goods, the online world offers us a post-scarcity society. As businesses move online, barriers and limitations are gradually removed. The only remaining scarce resource is our time, our attention. That’s why the online economy is now dubbed “economy of attention” even if a better word would probably be “economy of distraction”. But even in the craziest science-fiction books, post-scarcity is rarely imagined, The Culture, by Iain M. Banks, being one of the famous exceptions.

In that new world where geographical location and passport identity don’t really matter, we rely on some technical “tricks” to apply the old rules and pretend nothing has changed. Servers use IP addresses to guess the country of the client computer and follow the local legislation, not even considering that using a VPN is a common practice. State officials use the geographical location of a physical hard drive to know which regulation to follow, trying to blind themselves to the fact that most data are now mirrored around the world. They might also use the country of residence of the owner of those computers, company or individual, to claim taxes. Copyright enforcements and DRM are only legal and technical ways to introduce artificial scarcity paradigms in a post-scarcity environment.

But those are mainly gimmicks. The very concepts of country, local regulation, border and scarcity of information is not making sense any more for the rich and educated part of the population. This was already the case for quite some time for the very rich and their tax-evasion schemes but it is becoming every day more and more accessible for the middle class. History repeats itself: what starts as luxury become more common and affordable before becoming an evidence which has always been there.

One might even say that’s one reason borders are becoming so violent and reckless: they are mainly trying to preserve their own existence, from invasive, annoying and meaningless controls at airports to literally going to war against poor people. Refugees are running away from violence and poverty while we try to prevent them to cross an imaginary line which exists only in our imagination. Lines that were drawn at some point in history to protect some scarce resources which are now abundant.

Is it going too far to dream about a borderless post-scarcity world?

The frogs in the kettle of innovation

Innovation and societal change happen very rarely through a single invention. An invention only makes sense in a broader context, when the world is ready. The switch is often so subtle, so quick that we immediately forget about our old notions. Just like the frog in a boiling water kettle, we don’t realize that a change is happening. We are still telling our children to eat all their plate because people are dying of hunger. But what if we told them that there are currently more people dying from eating too much?

If you invented the road bike during the Middle Ages, it would have been perceived as useless. Your first bike prototype would not cope with the roads and paths of that time. And it would anyway probably cost a lot more than a horse, which was able to travel everywhere. After the era of the horse and the era of the car, we are witnessing that bike might become the best individual transportation platform inside a city. In fact, it is already the case in cities like Amsterdam or Copenhagen.

Are Danish and Dutch bikes different? Absolutely not. The cities are. They were transformed to become bike-friendly just like we purposely transformed our cities to become car-friendly at the start of the twentieth century. Urban planners, car makers and economic interests worked together for decades to create a world where a city without cars is unthinkable. From luxury goods, cars became affordable then obvious. A city without cars? It would be like a country without borders, a citizen without citizenship…

As recently as 15 years ago, mobile Internet was seen as a useless toy by most but a few elite. You could only access WAP specific websites and the connection was awfully slow. This didn’t matter because most of our phones had black and white screens unable to display more than a few lines of text. Even laptops were heavy, slower and more expensive than their desktop counterpart. Plugging in an RJ45 cable was required to access the Internet. They were available in most hotel rooms.

In 2007, Apple invented the first “smartphone” with a screen and without a keyboard (much to the laughs of Blackberry owners). There was not even apps at the time but, suddenly, the infrastructure came into place. 2G became 3G became 4G. The market asked for better coverage from mobile phone operators. Developers started to design “apps”. Websites became “alternative mobile version available” then “mobile first” then “responsive”. In less than a decade, we moved from “mobile Internet” being a useless geek dream to the default reality. Most Internet usage is mobile nowadays. If not on a mobile phone, people work on a very light laptop in a coffee shop, connecting through their phone network because the coffee shop’s wifi is not fast enough for them. My own internet connection has half the speed that 4G on my phone. The move was so quick, so efficient that we immediately forgot what it was like to not have mobile Internet. We switched from “crazy geek dream” to a “granted normality” without intermediary steps. From a luxury to affordability to obvious in only a few years.

Blockchains are the first seed of true decentralization

We are witnessing the same process with blockchains and decentralization initiatives. Most people are currently dismissing it as “a geek dream”, “a bike in the Middle Ages”. But the infrastructure is moving. Some of today’s solutions will be dismissed, like WAP websites. Some are temporary measures. But the whole world is moving toward more decentralization, fewer borders, less material constraints, less scarcity.

Blockchains and decentralized technologies are only a thin layer of innovations applied on the whole telecommunication stack. They are the icing of the cake which may kill forever the whole idea of our world being a scattered set of countries randomly spread around the globe.

With the invention of Bitcoin and other cryptocurrencies, states become powerless when it comes to controlling citizens wealth and collecting taxes. What is their added value in a world where decisions can be taken through new collective and decentralized governance mechanisms? Citizens are starting to choose their country of citizenship as a service, comparing offers and advantages. While places like Monaco, Panama and Switzerland have long been on this market as an “exclusive club for the rich elite”, Estonia is pioneering the “country for digital nomads” niche with its e-citizen program. Countries are mostly becoming identity providers. But this might be temporary as a state-certified identity may become the next RJ45 cable: useful only in some circumstances for a given set of people, unknown to others. Identity will move from “a name on a passport issued by an arbitrary state” to something a lot more subtle, more related to your reputation amongst your peers. Being stateless may become common.

Fighting decentralization or helping to build it?

This evolution might be exciting for technologists facing the painfully slow heaviness of a centralized administration designed in the 19th century, for activists fighting corruption. But it might also frighten the social-minded people who see the state as a tool of redistribution and protection of the minorities.

The danger would be to focus only on possible problems to fight this globalization trends as a whole, opposing the decentralization technologies themselves. Some may try to preserve the nation state paradigm at all cost with a simple argument : “We cannot let people decide by themselves”. In a way or another, every single argument against decentralization is a variation of this authoritarian thinking.

But don’t worry. By its very nature, decentralization is resilient. It cannot be stopped. Fighting it can only add more violence to the transition. Fear of decentralization will probably give fuel to opposition forces with specific interests like authoritarian states and centralized monopolies but, on the historical level, this will be nothing more than a hiccough.

The question we are facing is straightforward: how to build a decentralized and borderless future respectful of our values?

The answer is, of course, a lot more complicated as we have very different, sometimes conflicting set of values. One thing seems clear: we cannot blindly trust one centralized power to do it for us. As shown by the Trump election or the Brexit, the representative democracy paradigm itself is failing as it is now merely a game of stealing your attention to gain your vote. Decentralization will be built, well, it goes without saying, in a decentralized way. In fact, it is happening right now.

Where the states have failed

Decentralization is not “nice to have”. It is a mandatory requirement to address issues where states have demonstrated their incompetence. In the best scenarios, governments are making really slow progress while, in some case, they are simply worsening the situation or opposing any form of resolution.

Global warming is one of the failures of our heavy and slow nation-state world. Despite a palpable sense of urgency, there’s a shared feeling that “nothing has been done”, that the states cannot handle the situation. Heads of state are proud to sign an “agreement” with the name of a city but is it enough?

Governments and states were designed to handle local communities and to go at war with each other, not to manage a global society. Most public administrations are still following a military-like chain-of-command design. What can we expect when nearly 8 billion humans are relying on a few hundred brains to solve the most important global problems?

Historically, every centralized regime has died under its own weight and has been overthrown by chaotic and decentralized collective intelligence.

By investing and building more decentralized solution, we are effectively building a new society where horizontal collaboration is the new norm. We are translating our values into code with the hope that this will preserve those values as there might be no chiefs to impose them any more. Today’s decentralized software projects are, right now, writing in their code what they think an identity should be, what the relations between two humans should be, what the minimal rights should be, what is allowed or not. Sometimes it is highly explicit and even the goal of the project, such as Duniter, a cryptocurrency with a built-in basic income mechanism, sometimes it is subtle and implicit. In any case, the source code we are writing today is the constitution of tomorrow.

Solving the unsolvable, inventing tomorrow

Our societies evolved because we were living in an infinite world with very scarce resources to survive. Today, we are transitioning toward a world where the planet is the only scarce resource while everything else is abundant.

What we choose to work on is telling a story about the future we want to build. This is a deep responsibility and may explain why so much effort goes into decentralization.

Because the goal of decentralization is not to overthrow centralized regime but to collectively solve problems where our billions of brains are needed. The end of states, the evolution of identity and the post-scarcity society will only be consequences.

Photos by Matthieu Joannon, Alina Grubnyak, Alina Grubnyak again and Clarisse Croset on Unsplash

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Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

À la poursuite du minimalisme numérique

lundi 9 septembre 2019 à 12:18

Souvent galvaudé, essentiellement transformé en argument marketing, le mot « minimalisme » est difficile à définir. Il évoque à la fois un design épuré et une frugalité volontaire.

Mais c’est Cal Newport, dans son livre « Digital Minimalism », qui en donne une définition qui me convient et qui m’inspire. Le minimalisme, c’est la prise en compte du coût total de possession d’un bien ou d’un abonnement à un service.

Si l’on vous offre un objet, vous avez intuitivement l’impression d’être gagnant. Sans rien payer, vous êtes propriétaire de cet objet. Mais l’achat ne représente qu’une fraction du coût total de possession. Il va en effet falloir ranger cet objet, ce qui prend du temps et de l’espace. Il va falloir le gérer, ce qui est une charge mentale. L’entretenir, le nettoyer. Puis, fatalement, il va falloir vous en débarrasser, ce qui demande souvent un effort, une gestion et du temps. Parfois, il faut même payer même si d’autres fois, vous pouvez récupérer un peu d’argent en le revendant. Mais s’en débarrasser représente également une charge émotionnelle si l’objet était un cadeau ou si vous avez construit un attachement sentimental à cet objet. Une charge sentimentale qui peut devenir un fardeau.

En tout et pour tout, chaque objet que nous possédons a donc un coût énorme, même si nous ne l’avons pas payé. Mais il peut également avoir un bénéfice, c’est d’ailleurs tout l’intérêt de l’objet.

Le minimalisme consiste donc à évaluer le rapport coût total/bénéfice de chacune de nos possessions et se débarrasser de ce pour quoi le bénéfice n’est pas assez important. Le minimalisme, c’est donc lutter contre l’intuition que « posséder, c’est mieux que ne rien avoir », une logique consumériste inculquée à grand renfort de marketing dans nos malléables neurones.

Dans son best-seller, la grande prêtresse du rangement Marie Kondo ne dit pas autre chose. Sous prétexte de « rangement », elle passe 200 pages à nous convaincre de jeter, jeter et encore jeter (dans le sens « se débarrasser », donner étant acceptable, mais, aujourd’hui, même les associations de recyclage de vêtements croulent sous des tonnes de loques dont ils ne savent que faire ).

La subtilité de la définition du minimalisme de Cal Newport, c’est que la notion de coût et de bénéfice est intiment personnelle. Elle dépend de vous et de votre vie. Le minimalisme de l’un sera très différent de celui de l’autre. Il ne s’agit donc pas de réduire ou d’unifier, mais de conscientiser nos usages. En ce sens, le minimalisme devient alors l’opposé de l’extrémisme. Il est individualiste, devenant une sorte de quête de simplicité propre à chacun.

Mon expérience de bikepacking n’est finalement rien d’autre qu’une quête minimaliste exacerbée. En bikepacking, chaque gramme superflu se paye comptant. Outre le poids, l’encombrement est également un facteur important. Il est tout naturel que je cherche à appliquer les mêmes préceptes au monde numérique.

Dans le monde numérique, le coût est plus difficile à quantifier. Chez moi, il pourrait se résumer à l’adéquation à mes besoins, l’efficacité et le respect de mes valeurs éthiques.

Retour à Linux

Depuis 5 ans, j’utilise principalement un Mac, souvenir de mon dernier employeur. Si l’expérience fut intéressante, j’éprouve un besoin viscéral de retourner sous Linux. Tout d’abord parce que je trouve que MacOS est un système effroyablement mal pensé (apt-get, où es-tu ?), aux choix ergonomiques parfois douteux (la croix qui minimise l’app au lieu de la fermer) sans pour autant que ce soit plus stable et moins buggué qu’un Linux.

Mais la première des causes, c’est que je suis un libriste dans l’âme, que l’univers Apple et son consumérisme d’applications propriétaires va à l’encontre de mes valeurs.

Plutôt que de tenter de trouver des équivalents Linux à toutes les apps que j’utilise depuis ces dernières années, j’ai décidé de simplifier ma façon de travailler, de m’adapter.

Ainsi, j’ai remplacé Ulysses, Evernote, DayOne et Things par une seule application : Zettlr. Alors, certes, je perds beaucoup de fonctionnalités, mais le bénéfice d’une seule application est énorme. Pour être honnête, cette migration n’est pas encore complète. J’utilise encore rarement Evernote pour prendre une note sur mon téléphone (Zettlr n’a pas de version mobile) et je n’ai pas encore complètement fait mon deuil de certaines fonctionnalités de DayOne pour migrer mon journal (j’ai d’ailleurs réalisé un script DayOne vers Markdown).

La raison de cette procrastination ? Je n’ai tout simplement pas encore trouvé d’ordinateur qui me convient pour installer Linux. Car si je n’aime pas MacOS, il faut reconnaitre que le matériel Apple est extraordinaire. Mon macbook pèse 900g, avec un écran magnifique. Il se glisse dans l’espace d’une feuille A4 et tient toute une journée de travail sur une charge voire toute une semaine lorsque je suis en vacances et ne l’utilise qu’une heure ou deux par jour.

Et, non, Linux ne s’installe pas sur ce modèle (sauf si je suis prêt à me passer de clavier, de souris et à perdre la mise en veille).

J’ai donc regardé du côté de Purism, dont j’aime beaucoup la philosophie, mais leurs laptops restent bien trop gros et lourds. Sans compter que le chargeur n’est pas USB-C et je ne suis pas prêt à abandonner le confort d’un seul chargeur dans mon sac à dos.

Le Starlabs MK II Lite correspond à tous mes critères. Malheureusement, il n’est pas disponible. Je l’avais précommandé, mais, devant les retards à répétition, j’ai annulé ma commande (j’apprécie cependant la transparence et la réactivité de leur support).

J’attendais beaucoup du Slimbook Pro X qui s’est révélé beaucoup trop grand à mon goût, assez moche et potentiellement bruyant (le Macbook est fanless, un confort que je vais avoir du mal à abandonner).

Les marques « classiques » ne m’aident pas beaucoup. Le Dell XPS 13 semble correspondre à mes désirs (malgré qu’il possède un ventilateur), mais je n’arrive pas à le commander dans sa version Ubuntu. Car, oui, tant qu’à faire, j’aimerais au moins favoriser une marque qui fait nativement du Linux. Peut-être que j’en demande trop…

En attendant, je garde mon macbook dont le plus gros défaut, outre MacOS, reste le clavier inconfortable.

Clavier en mobilité

Pour l’écrivain que je tente d’être tous les jours, le clavier est le dispositif le plus important. C’est pourquoi je dis parfois que mon passage au Bépo a été un de mes investissements les plus fructueux. Dans ma quête de minimalisme, j’ai d’ailleurs arrêté de prendre des notes au stylet ou au dictaphone dans Evernote. Notes qui pourrissaient et que je devais convertir, des mois plus tard, en notes écrites. Vider mon Evernote de ses 3000 notes m’a fait prendre conscience de la futilité de l’exercice.

Soit je prends note directement avec un clavier pour commencer un texte, soit je fais confiance à mon cerveau pour faire évoluer l’idée. Dans mes 3000 notes Evernotes, j’ai retrouvé jusqu’à cinq versions différentes de la même idée, parfois séparées de plusieurs années. Prendre des notes rapides n’est donc pas une aide pour moi, mais une manière de me déculpabiliser. Devenir minimaliste est donc également un travail de lâcher-prise sur certaines fallacieuses impressions de contrôle.

Pouvoir écrire partout et être mobile est ma principale motivation d’avoir un laptop léger et petit. Mais le confort d’un véritable clavier me manque. J’ai adoré mes années sur un Typematrix. Lorsque je veux retrouver le plaisir d’écrire, je me tourne vers mon Freewrite, mais il est lourd, encombrant et particulièrement buggué.

Je rêve donc d’un clavier Bluetooth qui serait orthogonal, ergonomique, adapté au Bépo et portable. Je découvre plein de nouveautés sur le forum des bépoistes mais je n’ai pas encore trouvé la perle rare. Lors de mes trips vélos, j’utilise un simple clavier Moko qui, pour ses 25€, fait très bien son boulot et est limite plus agréable que le clavier natif du macbook.

Tout cela me fait réfléchir. Peut-être n’est-ce pas un laptop que je devrais acheter pour mettre Linux, mais une tablette connectée à un clavier Bluetooth ? Tant que je peux l’utiliser sur mes genoux dans un hamac, cela me semble en effet une solution acceptable. Dans cette optique, j’ai testé Ubuntu Touch sur une vieille tablette Nexus 7. Malheureusement, le système reste trop limité. Je regrette qu’Ubuntu Touch ne soit plus aussi activement développé, car j’adorerais avoir un téléphone « convergent » (qui peut se brancher sur un grand écran pour devenir un véritable ordinateur de bureau).

Le téléphone

Et justement, puisqu’on parle de téléphone. Mon OnePlus 5 commence à rendre l’âme (il n’accepte de charger que sporadiquement et son écran est fendu). Comment le remplacer ?

J’adore le concept Librem 5 de Purism. Mais je constate qu’abandonner Android n’est pas possible pour moi à cause de deux raisons majeures : les applications bancaires et les gadgets Bluetooth. Non, je ne veux pas abandonner ma montre profondimètre Garmin et mon GPS de vélo Wahoo. Ces deux appareils contribuent grandement à mon plaisir et mon bien-être dans la vie, le coût de garder Android me semble faible en comparaison. C’est d’ailleurs aussi une raison qui me fait abandonner l’idée d’un LightPhone (outre son cloud propriétaire).

Tant qu’à garder Android, pourquoi ne pas prendre le téléphone le plus léger et petit possible ? Et bien tout simplement parce que je n’en trouve pas. Je suis entré dans un magasin Fnac et j’ai découvert avec amusement qu’il était impossible de différencier les téléphones en exposition. Une longue file de rectangles noirs (ils étaient éteints) d’exactement la même taille ! J’avais l’impression d’être dans une parodie. Le Palm Phone, qui est une exception notable à ce triste conformisme, n’est disponible qu’aux US comme un téléphone de secours. Dommage…

Du coup, peut-être qu’opter pour un FairPhone 3 aurait du sens. J’avoue ne pas être 100% convaincu, ne sachant pas trop ce qui est réellement éthique dans leur démarche et ce qui est du marketing, une forme de green-fair-washing.

Une chose est sûre : je ne compte pas garder l’Android de Google. J’attends de voir ce que proposera /e/, mais, au pire, je me tournerai vers LineageOS.

La tablette

Même si, Android, ce n’est potentiellement pas si mal. Une tablette e-ink Onyx Boox est d’ailleurs annoncée sous Android 9.

Comme tablette e-ink, j’utilise pour le moment un Remarkable. Le Remarkable utilise un logiciel propriétaire, un cloud propriétaire et une app de synchronisation propriétaire dont la version Linux n’est plus mise à jour.

Pour être honnête, j’utilise peu le Remarkable, mais de manière efficace. Il sert à faire des croquis, prendre des notes en réunion ou, son usage principal chez moi, lire des papiers scientifiques et des mémoires que j’annote. Il a remplacé l’imprimante.

Passer à un concurrent tournant sous Android me permettrait de ne plus utiliser leur cloud et leur app propriétaire. Si, en plus, je pouvais connecter un clavier Bluetooth, je tiendrais là une machine à écrire de rêve.

Par contre, je refuse de me lancer dans les projets Kickstarter ou Indiegogo qui n’ont pas encore été rigoureusement testé. D’ailleurs, ma quête de minimalisme m’a conduit à supprimer mes comptes sur ces plateformes pour éviter la tentation de dépenser des sous dans des projets qui seront forcément décevant car ils ne font que vendre du rêve.

La liseuse

Évidemment, ce serait encore mieux de pouvoir connecter un clavier Bluetooth à ma liseuse, que j’ai toujours avec moi, quelle que soit la situation.

Il faut dire qu’après avoir passé en revue des tas de liseuses, j’ai enfin trouvé la perle rare : la Vivlio Touch HD (Vivlio = Pocketbook = Tea en ce qui concerne le hardware).

Fine, légère, disposant de bouton pour tourner les pages, d’un rétroéclairage anti-lumière bleue et quasi étanche, la liseuse permet, moyennant un peu de chipotage, d’utiliser l’app CoolReader qui me permet de lire en mode inversé (blanc sur fond noir). Seuls la prise de notes et le surlignage laissent fortement à désirer.

Mais une liseuse avec laquelle je peux facilement prendre des notes dans des passages de livres et sur laquelle je peux connecter un clavier, c’est mon rêve ultime. Je ne désespère pas.

Logiciels

Le minimalisme se révèle également dans le logiciel. Je vous ai déjà parlé de Zettr, qui remplace désormais 4 applications payantes à lui tout seul.

Mais comment tenter de favoriser l’open source, la simplicité et la compatibilité inter plateforme ? Comment protéger ma vie privée et mes données ?

Les no-brainers

Certaines solutions s’imposent d’elles-mêmes. Bitwarden, par exemple, remplace très avantageusement 1password, Dashlane ou LastPass (des solutions que j’ai toutes utilisées pendant plus d’un an chacune). À l’usage, Bitwarden est simple et parfait. Certes moins joli, mais tellement efficace. J’ai même migré certaines notes Evernote sécurisées dans Bitwarden. Bien sûr, j’ai pris la version payante pour soutenir les développeurs.

Outre l’open source, un aspect très important pour moi est la protection de mes données.

C’est la raison pour laquelle j’utilise principalement Signal pour clavarder. Je tente de convertir tous mes contacts (faites moi plaisir, installez Signal sur votre téléphone, même si vous ne pensez pas l’utiliser. Ça fera plaisir à ceux qui souhaitent protéger leur vie privée). Pour les réfractaires, je dois malheureusement encore garder un compte Whatsapp. Je conserve également un compte Facebook pour une seule et simple raison : participer au groupe de discussion des apnéistes belges. Sans cela, je ne serais pas informé des plongées ! Heureusement, mes amis d’Universal Freedivers postent de plus en plus systématiquement les infos sur leur blog, que je suis par RSS. Quand j’aurai la conviction de ne plus rater d’activités, j’effacerai définitivement mon compte Facebook (comme j’ai effacé mon compte Instagram et comme je compte bientôt supprimer mon compte Linkedin).

Mais je vous parlerai une autre fois de ma quête de suppression de comptes qui m’a emmené à effacer, un à un, près de 300 comptes éparpillés sur le net.

Parfois, un compte peut se révéler utile, mais ne l’est que rarement. C’est le cas d’Airbnb ou Uber. Ma solution est de désinstaller l’app et de ne l’installer qu’en cas de besoin. Cela me permet de ne pas être notifié des mises à jour, de ne pas être espionné par l’app, etc.

Le gros du boulot

Jusque là, c’est relativement simple. Le gros du boulot reste mon compte Google. J’ai déjà migré une bonne partie de mes mails vers Protonmail. Et je garde un œil sur son concurrent le plus actif : Tutanota.

Le gros problème de Protonmail et de Tutanota reste le manque d’un calendrier. Protonmail prétend y travailler depuis des années. Tutanota a même déjà un premier calendrier (trop) simpliste. C’est la dernière chose qui me bloque vraiment avec Google.

Il faut dire qu’un bon calendrier, ce n’est pas évident. Sous MacOS, j’utilise Fantastical et je n’ai pas encore trouvé d’équivalent sous Linux (notamment pour ajouter des événements en langage naturel). Peut-être Minetime.ai ? Mais de toute façon, je devrai composer avec le calendrier qu’offriront Tutanota ou Protonmail.

Dernier lien avec Google ? Ce n’est pas tout à fait vrai. Google Music est en effet un service que je trouve très performant. J’y ai uploadé tous mes MP3s depuis des années et je l’utilise gratuitement. Il fait des mixes aléatoires dans mes chansons préférées de manière très convaincante. J’ai bien tenté de jouer avec Funkwhale, mais on en est très loin (déjà, la plupart de mes musiques ne s’uploadent pas, car trop grosses…).

Google Maps reste également l’application la plus pratique et la plus performante pour tracer des trajets, même avec des transports en commun. Ceci dit, je guette Qwant Maps, car je préfère la qualité des données Open Street Maps (et non, OSMAnd n’est pas utilisable quotidiennement).

J’utilise également Google Photo, qui est incroyablement pratique pour sauvegarder toutes mes photos. Ceci dit, je pourrai m’en passer, car mes photos sont désormais également automatiquement sauvegardées sur Tresorit, un équivalent chiffré à Dropbox.

Une cible mouvante

Pour être honnête, j’espérais arriver un jour à une « solution parfaite » et vous décrire les solutions que j’avais trouvées. Je me rends compte que le chemin est long, mais, comme le disent mes framapotes, la voie est libre.

La voie est libre…

Mon idéal, mon objectif est finalement assez mouvant. Le minimalisme n’est pas un état que l’on atteint. C’est une manière de penser, de réfléchir, de conscientiser pour s’améliorer.

Je suis un libriste plein de contradictions et, plutôt que de le cacher, j’ai décidé d’être ouvert, de partager ma quête avec vous pour récolter vos avis, vos conseils et, qui sait, vous donner également des idées. Ce billet n’est finalement qu’une introduction à un chemin que j’espère partager avec vous.

Photo by Ploum on Unsplash

Je suis @ploum, conférencier et écrivain électronique. Si vous avez apprécié ce texte, n'hésitez pas à me soutenir sur Tipeee, Patreon, Paypal, Liberapay ou en millibitcoins 34pp7LupBF7rkz797ovgBTbqcLevuze7LF. Vos soutiens réguliers, même symboliques, sont une réelle motivation et reconnaissance. Merci !

Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.