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Augmentez la taille de votre… visibilité

vendredi 21 juin 2013 à 12:48

Dans « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? », le producteur de cinéma véreux lance une friandise à Dumbo et se tourne vers le détective en lui disant :
— Ce qui est marrant avec Dumbo, c’est qu’il ne travaille que pour des cacahuètes.
Ce à quoi Eddy Vaillant répond :
— Moi je ne travaille pas pour des cacahuètes.

Chez les blogueurs ou toute personne produisant du contenu pour le web, il existe un principe similaire. Seulement, les cacahuètes sont remplacées par une phrase magique : « Augmenter votre visibilité ».

En échange d’ « augmenter votre visibilité », on demandera au blogueur toute sortes de services : placement de pubs, articles sponsorisés. Je vous ai raconté comment on me proposait de l’argent pour insérer des liens. Mais il est important de préciser que, à chaque fois, on me proposait « d’augmenter ma visibilité ou un paiement, au choix ». Généralement, l’augmentation de la visibilité est présentée comme la plus avantageuse et le paiement vivement déconseillé.

Avec raison vu que cette « augmentation de visibilité » ne coûte rien, ne sert à rien et est de toutes façons impossible à vérifier. Au pire, rien ne sera fait et vous n’aurez même pas la moindre cacahuète. Au mieux, votre adresse sera placée dans des fermes à liens ou des sites partenaires et vous recevrez des statistiques vous prouvant ô combien votre visibilité a augmenté. Ce qui vous fait une belle jambe. Pendant que l’agence se frotte les mains en vous pointant du doigt : « Ce qui est marrant avec le blogueur, c’est qu’il ne travaille que pour des cacahuètes ».

Mais certains poussent le vice à l’extrême. Ils vont reprendre votre contenu sur leur propre site, ils vont y ajouter des pubs et, en échange, vont prétendre vous apporter « de la visibilité ». Le plus connu étant Paperblog.fr qui, chaque année, me relance pour que je fasse partie de leur réseau en m’expliquant ô combien ce serait génial pour moi si le contenu de mes billets pouvait être agrémenté de pub sur leur site.

Que les choses soient claires : le contenu de mon blog est sous licence libre. N’importe qui peut le reprendre et le republier avec des publicités dessus. Mais n’attendez pas de moi que je considère cela comme un honneur, que je prenne une seconde de mon temps pour soumettre mon blog ou que je signe des conditions d’utilisation, quelles qu’elles soient.

Le web moderne et les réseaux sociaux ont ceci de magnifique que vous n’avez plus besoin d’intermédiaire. Vous voulez de la visibilité : alors produisez du contenu intéressant, drôle, pertinent, émouvant. Vous voulez être influent ? Alors sortez-vous les doigts du Klout et écrivez, enregistrez, filmez. Postez le et tout le reste viendra naturellement.

Mais au plus vous produirez, au plus vous serez soumis à des sollicitations qui vous promettront d’augmenter ou de mesurer votre audience, votre influence, votre visibilité. Ce n’est qu’un mirage dans lequel vous risquez de diluer votre créativité. Dans certains cas, de créateur, vous devenez vous-même le produit. Ou le faire-valoir d’un produit. Gardez en tête que tout ce qui n’est pas du contenu issu de votre sueur et de vos tripes ne peut pas augmenter votre visibilité de manière significative ou durable.

Alors, lorsque vous appréciez du contenu, encouragez l’auteur à ne pas céder à la tentation en le partageant, en l’encourageant et en le soutenant. Si vous êtes créateur, et nous le sommes tous un peu, ne laissez pas ces sirènes vous faire perdre votre temps et gâcher votre talent pour des cacahuètes.

Et puis, le plus important, souriez ! Car si tu souris, tu verras que les choses ne vont pas si mal que ça, si tu souris, la chance a une chance de passer par là

 

Photo par Henry Mestre

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Le rôle secret de PRISM dans l’échec de l’attentat fritier

mercredi 19 juin 2013 à 13:35

Le scandale PRISM a révélé que le gouvernement américain espionnait les citoyens de tous les pays. Mais pour le brigadier Alzeway, responsable de la section de protection des friteries de la police de Bruxelles, c’est tout à fait normal. Selon lui, ce programme a déjà sauvé des vies. Il cite le cas de Kevin Dupont, condamné l’année passée à trente ans de réclusion pour terrorisme et atteinte grave à la sécurité de l’état.

Monsieur Alzeway, vous estimez que PRISM a permis l’arrestation de Kevin Dupont.

Tout à fait, le parcours de Kevin est typique de ce milieu. Frustré car ses parents ne le laissent pas sortir après une heure du matin, l’enquête révélera également qu’il avait de mauvais points en gym et que le prof de latin le considérait comme médiocre.

Bien qu’issu d’une famille catholique, il décide de se tourner vers l’islam radical afin d’extérioriser sa haine de la société. Il devient membre d’Al-Qaeda en s’inscrivant sur un site internet terroriste. Il devra d’ailleurs recommencer trois fois l’inscription à cause du captcha anti-spam.

Là, il reçoit une formation en ligne à l’utilisation terroriste des réseaux sociaux. Il décide de faire exploser une friterie mais pas n’importe laquelle : celle de la place Flagey. Tout un symbole !

Quel a été le rôle exact de PRISM dans ce dossier ?

Kevin communiquait avec d’autres membres de son forum terroriste via Twitter et Facebook. Il fera l’erreur que même les plus grands professionnels, voire des ministres, font : ils enverra un tweet public en pensant l’envoyer en DM (Direct Message dans le jargon terroriste). Le message : « On va faire pêter la mayo place Flagey, #lol ». Le mot « mayo » est bien sûr un code pour désigner un explosif puissant. Nous n’avons pas déchiffré le « #lol » mais il s’agit certainement d’un code d’activation comme le prouve le signe bizarre devant.

L’algorithme PRISM détectera immédiatement une menace. Le FBI sauvegardera ce tweet sur une disquette et l’enverra au service de la sûreté belge par colis non prioritaire (à cause des restrictions budgétaires). Il ont d’abord essayé de nous envoyer un fax mais on n’avait plus de papier thermique au ministère. Une fois que nous avons finalement reçu la disquette, nous avons immédiatement plongé dans le profil Facebook de l’intéressé. Des échanges sur les murs de ses condisciples sont sans équivoque. Notamment :

« Je vais me faire péter le bide place Flagey. Il ne restera plus une frite ! »

C’est effectivement très inquiétant. Comment avez-vous réagi ?

Le temps était compté. Nous avons envoyé immédiatement le squad d’intervention et l’avons arrêté avant qu’il ne sorte de chez lui.

Nous l’avons arrêté et jugé. Les preuves étaient accablantes : il se laissait pousser la barbe depuis plusieurs mois, même si à son âge cela ne se voyait pas. Il avait aimé la page Facebook de Dieudonné.

Mais il était moins une. Devant la recrudescence de la menace, nous nous sommes rendu compte que nous n’arriverions pas toujours à temps. Que se serait-il passé si Kevin était resté sur le forum plutôt que de passer sur Facebook et Twitter ? Car nous n’avons pas accès à ce forum. Nous avons des agents qui tentent de s’inscrire mais ils n’ont pas encore réussi à passer le captcha.

Quelles sont les mesures concrètes que vous avez prises après l’affaire Kevin ?

On ne badine pas avec la sécurité de l’état. Quelques internautes anarchistes se plaignent de PRISM mais se rendent-ils compte que ce programme n’est même pas suffisant ? Nous avons du mettre sur pied un plan d’alerte. Des militaires, équipés d’armes lourdes, patrouillent dans le métro et les toilettes des stations d’autobus. Dans les aéroports, nous avons fait interdire les bouteilles d’eau de plus de 50ml.

Mais elles étaient déjà interdites, non ?

Seulement celles de plus de 100ml. Nous avons augmenté le niveau de sécurité. Nous sommes sur le qui-vive.

Effectivement, c’est logique. Est-ce que ça marche ?

Plutôt bien oui. J’ai vu plusieurs fois des gens changer de trottoir pour éviter de croiser un barbu à l’air louche. C’est que les citoyens commencent à se rendre compte du danger. Grâce à une coopération sans faille avec les médias, les petits vieux n’osent plus sortir de chez eux. Au moins, ils sont en sécurité.

Cela fonctionne tellement bien que nous pouvons dès à présent considérer que chaque personne qui sort sans crainte de chez elle est un suspect potentiel. Son comportement n’est pas normal.

Merci brigadier Alzeway, c’est rassurant de savoir que notre sécurité est dans les mains d’hommes comme vous.

Tout le plaisir est pour moi. Soyez prudent !

 

Photo par Zoolette Des Bois

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Pourquoi ne peut-on pas dépasser la vitesse de la lumière ?

lundi 10 juin 2013 à 12:42

Vous allez enfin comprendre la relativité restreinte d’Einstein

Les amateurs de physique ou de science-fiction le savent: rien ne peut aller plus vite que la lumière dans le vide, à savoir 299 792 km/s (kilomètres par seconde). C’est d’ailleurs de là que découle notre définition moderne du mètre.

Mais pourquoi cette constante est-elle si importante ? Pourquoi est-on si sûr de ne pouvoir atteindre 299 793 km/s ? Si l’explication semble réservée aux docteurs en physique, elle est en fait relativement simple à comprendre dans son essence. Relativement étant le mot approprié.

Laissez-moi 20 minutes pour vous expliquer tout cela. Vous allez voir, c’est fascinant et magique à la fois. J’ai fait le choix douloureux de me passer d’équations. J’ai tendance à trouver les équations explicites mais, il faut le reconnaître, elles sont intimidantes. Je m’excuse donc auprès des puristes, ceci est un exercice de vulgarisation.

Relativité Galiléenne

La relativité est un concept parfaitement intuitif. En théorie, il stipule que tout repère inertiel est équivalent à un autre. Un repère inertiel, terme très important, désigne tout simplement un point que vous choisissez comme un repère. Pour être inertiel, ce repère doit être à vitesse constante et non pas en accélération ou décélération.

Ainsi, imaginons que vous courriez à 20km/h dans un TGV roulant à 300km/h. Un observateur sur le quai d’une gare traversée vous verrait passer à 320km/h, son repère inertiel est le quai de la gare. Pourtant, pour les passagers du train, dont le repère inertiel est le train lui-même, vous faites bien du 20km/h. Si le train roule le long de l’autoroute et croise une voiture roulant à 120km/h, le conducteur de la voiture vous verrait passer à 440km/h, son repère inertiel étant sa voiture ! 440km/h, un beau sprint, n’est-ce pas ?

Cette relativité des vitesses est appelée « relativité galiléenne ». Nous en faisons l’expérience tous les jours. Si une hôtesse de l’air vous sert un café dans un avion volant à 800km/h, le café tombe droit dans votre tasse et n’est pas plaqué sur votre chemise. La raison est que vous, la tasse, l’hôtesse et le café avez tous la même vitesse. De manière relative, vous êtes à 0km/h l’un par rapport à l’autre, vous êtes tous dans le même repère inertiel alors que vous allez à 800km/h par rapport au sol qui est un repère inertiel différent.

Logiquement, on en déduit que pour aller à la vitesse de la lumière, il suffirait d’avoir un train qui roule dans un train qui roule dans un train, etc. Toute vitesse semble donc possible, il suffit d’additionner. Pourquoi la vitesse de la lumière serait-elle une limite ?

L’électromagnétisme

Faisons un bond vers le XIXème siècle. À cette époque, on connaît déjà expérimentalement une approximation de la vitesse de la lumière. Maxwell, un scientifique de génie, travaille sur les ondes électromagnétiques, des ondes qui permettent de transmettre des informations à distance. Grâce à un travail mathématique complexe, Maxwell démontre que la vitesse des ondes électromagnétiques dans un milieu dépend uniquement de deux coefficients: la permittivité électrique et la perméabilité magnétique. Pour le vide, ces deux valeurs sont connues.

Le résultat de son équation est que la vitesse d’une onde électromagnétique est extrêmement proche de la valeur connue de la vitesse de la lumière. Cela prouve sans l’ombre d’un doute ce que certains soupçonnaient : la lumière n’est qu’une manifestation des ondes électromagnétiques.

Ces ondes peuvent en effet avoir plusieurs fréquences. À la fréquence 150 kHz (une vibration de 150.000 battements par seconde), ce sont les ondes longues utilisées par les radios longue distance. En augmentant un peu la fréquence, on arrive à la radio FM puis on monte de plus en plus, passant par les fréquences utilisées par nos GSM, nos routeurs Wifi, pour arriver au spectre visible. Nos yeux sont en effet des organes sensibles aux ondes électromagnétiques mais seulement dans une zone de fréquence déterminée.

Les changements de fréquence dans cette zone sont les changement de couleur (ainsi, le rouge a une fréquence plus basse que le bleu). Si on augmente encore la fréquence, on redevient invisible et on obtient l’ultraviolet puis les rayons X.

Tout cela n’est donc qu’électromagnétisme et se déplace à la vitesse de la lumière. Après tout, la radio et le wifi ne sont qu’une forme de lumière invisible à nos yeux.

Le paradoxe

Il y a cependant un problème. Selon Maxwell, la vitesse de la lumière ne dépend que du milieu, pas de la vitesse relative de ce milieu.

En toute logique, si je braque une lampe de poche envoyant de la lumière à 299.792km/s vers un TGV roulant vers moi à 300km/h (ou 0,08km/s), la lumière devrait toucher le TGV à 299.792,08km/s. De même, si la lampe de poche est sur une fusée qui s’éloigne de la terre à 100.000km/s, la lumière devrait arriver sur terre à 199.792km/s.

Or, les équations de Maxwell prédisent qu’il n’en est rien. La vitesse de la lumière ne dépend pas du repère inertiel. Quelle que soit votre vitesse par rapport à la source de lumière, vous voyez la lumière à la même vitesse. Comme si les passagers d’un train et ceux sur le quai de la gare vous voyaient tous à la même vitesse !

Ce résultat est énorme et va bouleverser la physique de l’époque. Soit Maxwell s’est trompé, malgré le nombre d’expériences confirmant ses prédictions, soit Galilée lui-même est dans l’erreur, chose qui semble incroyable.

L’éther

Une tentative d’explication est faite avec l’éther. L’éther serait un matériau très ténu qui composerait l’univers entier. L’éther représenterait un repère inertiel et les équations de Maxwell ne s’appliqueraient que dans ce repère précis. La vitesse de la lumière ne serait pas absolue et, un vaisseau se déplaçant à 100.000km/s à travers l’éther vers une source de lumière verrait bien cette lumière à 399.792km/s.

La théorie de l’éther pose plusieurs problème. Notamment que l’éther doit être très rigide pour avoir une vitesse de propagation importante tout en étant infiniment fluide, pour ne pas offrir de friction au mouvement des planètes. Ajoutons à cela que l’idée d’un référentiel inertiel “absolu” et plus important que les autres est dérangeante. Mais moins que de remettre en question la relativité de Galilée.

Michelson et Morley tentent alors une expérience visant à prouver l’existence de l’éther. Pour simplifier, disons qu’ils vont envoyer deux rayons lumineux parcourir la même distance mais perpendiculairement l’un à l’autre. En effet, si éther il y a, le mouvement de la terre dans cet éther doit provoquer l’équivalent d’un “vent”. Imaginez-vous sur le toit du TGV, comme dans Mission Impossible. Si vous lancez deux billes perpendiculairement sur le toit, le vent provoqué par la vitesse va modifier leur trajectoire et vous pourriez déterminer la vitesse du TGV ou au moins sa direction.

À la surprise générale, le résultat de cette expérience est sans appel: il n’y a et ne peut y avoir d’éther. La physique est dans une impasse.

Les transformations de Lorentz

À peu près à la même époque, un scientifique du nom de Lorentz s’amuse à comprendre les lois qui régissent de manière générale un repère inertiel. Ainsi, la position d’un objet par rapport à un repère inertiel dépend de sa vitesse, de sa position initiale et du temps écoulé dans ce repère. Exemple : si vous connaissez la position et la vitesse d’un train à minuit, vous pouvez très simplement calculer sa position à n’importe quel moment de la journée tant que sa vitesse est constante.

Tout cela semble très logique mais Lorentz remarque que ses équations ne donnent aucun lien entre les repères inertiels. Ainsi, si je suis sur le quai de la gare avec un chronomètre et que je mesure un coureur dans un TGV traverser le quai de gare, long de 100m, en 1,16 seconde, je peux affirmer qu’il fait du 310km/h à mes yeux. Mais je ne peux rien affirmer de ce qui se passe à l’intérieur du TGV lui-même.

Il est donc nécessaire d’introduire un lien entre les repères inertiels. Le lien le plus logique est de poser que le temps s’écoule de manière identique dans chaque repère inertiel, que 1,16 secondes à bord du train correspondent bien à 1,16 seconde sur le quai. En faisant cela, les équations de Lorentz (appelées les transformations de Lorentz) se simplifient et deviennent identiques à celle de Galilée.

Le TGV faisant du 300km/h, j’en déduis que le coureur fait du 10 km/h.

Remarquons qu’il s’agit d’un postulat: on affirme que le temps est identique dans chaque repère mais on ne le démontre pas.

Einstein

Il faut parfois un éclair de génie pour débloquer une situation. Et cet éclair, c’est Einstein qui l’a. À la manière du jeu enfantin « on disait que », il décide de postuler « on disait que la vitesse de la lumière est la même dans tous les référentiels inertiels ». Il pose donc ce postulat à la place du principe de simultanéité. En effet, la liaison entre tous les repères inertiels sera dorénavant une même et unique vitesse de la lumière. Cela rend inutile le postulat sur un écoulement du temps constant. Ce dernier n’avait, comme nous l’avons vu, de toutes façons jamais été démontré.

Notre cher Albert reprend donc les équations de Lorentz et postule une vitesse de la lumière identique dans tous les référentiels. Mathématiquement, le résultat devient étonnant. La vitesse observée depuis le quai est toujours la vitesse du train plus la vitesse du coureur mais le tout est divisé par un facteur (1 – v1 v2/c²) où v1 est la vitesse entre les référentiels (entre la gare et le tgv), v2 la vitesse entre le coureur et le TGV et c la vitesse da la lumière.

Pour une vitesse très faible (jusqu’à quelques milliers de km/h), ce facteur reste très proche de 1. En effet, v1 v2/c² est alors très proche de 0, le facteur vaut 1 et on divise notre résultat par 1, donc on ne change rien. Même pour un hypothétique coureur dans un avion volant à 10.000km/h, le facteur est 0,99999, ce qui est inobservable dans notre vie de tous les jours.

Mais que se passe-t-il si le TGV accélère soudain à la moitié de la vitesse de la lumière ? Le symbole v1 vaut la moitié de c. (1 – v1 /c²) vaut alors 0,5. Si, avec votre chronomètre, vous avez mesuré depuis le quai que le coureur faisait du 10km/h dans ce train ultra rapide, en fait, il sprintait à du 11,6km/h. De même, vous avez pu voir une horloge dans le train. Mais pendant que votre chronomètre indiquait 10 secondes, celle dans le train n’en indiquait que 8,6. Le temps ne s’écoule pas à la même vitesse ! (Update : les valeurs sont sans doute fausses mais l’idée est là)

Impossibilité d’atteindre la vitesse de la lumière

Il s’en suit logiquement qu’il est impossible d’atteindre la vitesse de la lumière. En effet, même si vous embarquez dans votre train semi-luminique un autre train semi-luminique, vous n’observerez, depuis le quai de la gare, qu’une vitesse totale de 80% de la vitesse de la lumière.

Arriver à la vitesse de la lumière revient donc à parcourir la moitié du chemin puis la moitié puis la moitié puis la moitié, chaque moitié requérant un effort semblable. Au final, la vitesse de la lumière est donc un objectif qui s’éloigne à chaque fois qu’on s’en approche.

Une autre conséquence, de taille, est que le temps ne s’écoule plus de la même manière entre référentiels inertiels. Ainsi, les chronomètres 1 et 2 ne seront plus liés. Cela parait fou mais, quand on y pense, cette constance du temps à toujours été prise pour acquise et n’avait jamais été démontrée. L’impasse de la physique venait du fait que, nous basant sur l’intuition, nous pensions que le temps s’écoulait de manière uniforme. Le génie d’Einstein a été de remettre cela en question et de découvrir que l’écoulement du temps dépendait en fait de la vitesse à laquelle nous nous déplaçons.

Intuitivement, il y a une certaine logique. Pourquoi le temps devrait-il s’écouler à la même vitesse dans différents repère inertiels ? Quelle serait cette constante naturelle fondamentale qui définit l’écoulement du temps ? La réponse est claire et nette: il n’y en a pas. La seule constante fondamentale est la vitesse de la lumière. Si l’homme a l’impression que le temps coule à la même vitesse, c’est parce qu’il n’a jamais été assez vite pour en ressentir les effets. L’humain reste toujours très proche d’un seul repère inertiel : la terre. Un peu comme un escargot ne comprendra jamais les notions d’aérodynamisme, l’air étant complètement fluide à sa vitesse de déplacement.

Conclusion

Avec cette œuvre scientifique majeure appelée « relativité restreinte », Einstein conciliera le grand paradoxe physique de son temps, à savoir l’incompatibilité de l’électromagnétisme avec les lois de la mécaniques classiques. Notons que si l’histoire retient son nom pour cet exploit, il n’est, comme tout scientifique, que le dernier maillon d’un chaîne, se basant sur les travaux de Maxwell, Lorentz et bien d’autres.

Cette découverte remet fondamentalement en question la manière dont nous percevons le monde. Le fait que le temps ne s’écoule pas partout à la même vitesse semble impossible mais sera vérifié. Einstein s’attaquera ensuite au fait de passer d’un repère inertiel à un autre, ce qui entraîne accélérations et décélérations. La théorie qui s’occupe de ce cas de figure est appelée « relativité générale » et remettra en question encore plus de choses, y compris la gravitation.

Toutes ces découvertes ont été validées par l’expérience et ont eu des applications pratiques importantes. Si les satellites ne prenaient pas en compte la différence d’écoulement du temps, les GPS ne fonctionneraient sans doute pas du tout, ou avec des erreurs importantes.

Il est tentant de se dire que Galilée s’était trompé, que sa théorie était fausse. Pourtant, nous l’utilisons encore tous les jours. Cela illustre bien la démarche scientifique. Ainsi, il conviendrait mieux de dire que Galilée a été imprécis. Et que, dans les domaines où la précision n’est pas critique, utiliser Galillée est une approximation largement suffisante. Galilée a, sans le savoir, posé une hypothèse (la constance de l’écoulement du temps) qui s’est révélée fausse. Mais sans Galilée, nous n’aurions jamais pu aller plus loin. Avant de nager comme un athlète, il faut savoir nager tout court.

De même, si atteindre la vitesse de la lumière semble impossible, il reste la possibilité qu’Einstein aie été imprécis, que ses équations se basent sur une hypothèse qui se révélera fausse dans le futur.

C’est peut-être ce qui rend la science si excitante: toujours à la recherche de l’inconnu, toujours à l’affût d’une erreur laissée par un prédécesseur, toujours en train de remettre notre vision du monde en question.

 

Sources : Physique IV, partie B : Physique Corpusculaire par le professeur Jan Govaerts, UCL février 2001. Science & Vie Junior Hors Série Einstein, avril 1996. Photo par Kevin Harber.

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Patrons, laissez vos employés accéder à Internet !

jeudi 6 juin 2013 à 17:04

De temps en temps, je reçois un email d’un lecteur qui me demande la version PDF d’un de mes articles, mon blog étant bloqué par le pare-feu de son employeur.

Aussi, je voudrais m’adresser à ceux qui emploient ces personnes: dans l’intérêt de votre business, laissez vos employés accéder librement à Internet. Oui, entièrement et librement.

« Mes employés sont payés pour travailler, pas pour aller sur Facebook »

« Je glanderais bien sur Facebook mais comme je n’y ai pas accès, je vais être productif », phrase que n’a jamais dit aucun employé dans l’histoire de l’humanité.

Vos employés sont payés pour effectuer un travail. Veiller à ce que ce travail soit accompli est de la compétence d’un supérieur hiérarchique. C’est la seule manière de savoir si une personne fait bien son travail. Le nombre d’heures prestées ou le nombre d’accès à Facebook ne sont en aucun cas représentatif de la productivité de la personne. Si vos employés passent la majeure partie de leur temps sur Facebook, ce n’est pas à l’employé qu’il faut en vouloir  mais bien au supérieur hiérarchique direct. Et encore, seulement si le travail n’est pas accompli. Car après tout, s’il l’est, de quoi vous plaignez-vous ?

Dans le monde actuel, vous ne savez jamais d’où peut venir la prochaine bonne idée, le prochain contrat juteux, la petite innovation qui multipliera vos marges par deux. En restreignant la liberté en ligne de vos employés, vous supprimez volontairement des opportunités. Vous vous coupez du monde et vous forcez vos employés à faire de même. À moins qu’ils ne surfent via leur téléphone, auquel cas vos efforts sont de toutes façons vains.

Les sites pornos ? si un de vos employé s’ennuie au point de passer son temps sur des sites pornos, une fois encore le problème n’est pas l’employé. Tant qu’il n’importune pas ses collègues et que le boulot est fait, où est le soucis ?

Que vous le vouliez ou non, Internet fait à présent partie intégrante de la vie. Le professionnel et le personnel se mêlent de plus en plus, des solutions complètement inattendues apparaissent à l’autre bout du monde.

Contrôler l’accès internet de vos employés revient à construire une prison. Une prison dans laquelle vos employés sont forcés de venir s’enfermer huit ou neuf heures par jour, les heures étant souvent contrôlées avec des badges à l’entrée. Une prison depuis laquelle les communications avec le monde extérieur sont limitées et surveillées.

Par un simple volonté de contrôle, vous brisez non seulement toute velléité de créativité ou de motivation, vous montrez également à vos employés que vous ne leur faites pas confiance. Ce en quoi, ils vous donneront forcément raison, procrastinant, s’ennuyant et comptant les minutes avant la permission quotidienne, le tout en regardant par la fenêtre. Car dehors, il fait beau. Dehors, les gens sont heureux, ils vont et viennent librement. Dehors, ils ont internet et ne comptent pas les heures.

Bien sûr, vous lirez ceci en souriant, en vous disant que votre business est différent, que vous n’avez rien à apprendre d’un blogueur. Rassurez-vous, je ne m’en fais pas pour vos employés. Car quelle est la seule chose dont rêve un prisonnier ? S’échapper pour de bon ! Et soyez certain qu’il le fera à la première occasion.

 

Photo par Joshua Davis

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Pour en finir avec Klout

mardi 4 juin 2013 à 18:58

Et toutes cette sorte de statistiques

Rick Falkvinge est le fondateur du premier Parti Pirate de l’histoire. Il est devenu l’un des idéologues de la mouvance Pirate. Il a un blog qui est très lu, une page Wikipédia dans la plupart des langues. Il a donné des conférences TED (avant que ça ne devienne des foires aux boudins locales pour hipsters sous le nom TEDx), il a été élu en 2011 parmi les “100 penseurs globaux” du magazine Foreign Policy et, en 2012, parmi les personnes les plus influentes du monde par le TIME Magazine.

C’est également un utilisateur acharné des réseaux sociaux dont il maîtrise les ficelles. Sur Klout, où il est actif, son score était de 71 en janvier 2013.

Le même que mon score à cette époque. Et non, il n’y a pas de page Wikipédia à mon nom.

Si l’algorithme de Klout est secret, il est facile d’en déterminer les facteurs importants. En gros, Klout va se baser sur les chiffres suivants :

L’hypothèse de base faite par Klout est que ces indicateurs sont corrélés à votre influence. J’ai déjà expliqué à quel point la corrélation des observables avec ce qu’on veut observer est primordiale.

Les followers Twitter

La première des solutions pour avoir des followers sur Twitter, c’est tout simplement de les acheter. Plus laborieusement, vous pouvez vous contentez de suivre beaucoup de gens. Une grande partie des utilisateurs “follow back”, suivent ceux qui les suivent. Vous pouvez ajouter n’importe qui, de toutes façons, quand vous suivez 10.000 personnes, une de plus ou une de moins. Enfin, postez souvent, sur des sujets précis en utilisant des hashtags. Beaucoup de robots suivent automatiquement toute personne qui parle d’un domaine, espérant un follow back. Tentez un tweet à propos de #seo. 10 followers garantis dans la journée.

Ou alors, il suffit d’être très connu et influent en dehors de Twitter.

Les mentions/retweets

Pour avoir des mentions/réponses/retweets, postez tout le temps. Soyez actifs, répondez à des tweets, engagez la conversation. Vous finirez bien par poster quelque chose qui sera repris par d’autres. Essayez de lancer des blagues, des petites phrases accrocheuses. Souvent, je vois passer un tweet d’un illustre inconnu retweeté des centaines voire des milliers de fois.

Ou alors, il suffit d’être très connu et influent en dehors de Twitter. Si Justin Bieber dit qu’il va faire pipi, il aura des centaines de retweets. Pas vous.

Les amis Facebook

Pour avoir des amis sur Facebook, c’est très simple. Il suffit de le demander. Demandez à tout le monde, sans hésiter. Vous aurez vite quelques centaines puis milliers d’amis.

Ou alors, vous êtes très connu en dehors de Facebook. Vous avez une page que vos fans suivent.

Les likes/partages/commentaires

Une fois que vous avez beaucoup d’amis, rien de plus simple. Postez des photos de chats, des blagues, des trucs que tout le monde aime. Si vous en fait en grosse quantité, il y en a bien un ou deux par jour qui deviendront populaires.

Ou alors, vous êtes très connu en dehors de Facebook. Le monde est suspendu à votre mur.

Des fondamentaux erronnés

Cette simple analyse permet de montrer que les observables choisies par Klout mesurent en fait deux choses : votre célébrité (on dit influence) ou votre utilisation des réseaux sociaux.

Les deux sont bien entendus complètement distincts. On peut être un utilisateur acharné des réseaux sociaux tout en étant autiste dans sa cabane en Corrèze.

En toute logique, être célèbre implique une certaine activité autour de vous sur les réseaux sociaux. Klout, par un superbe techno-sophisme, nous a fait croire que l’activité sur les réseaux sociaux implique la célébrité. Génial, non ?

Un algorithme bancal et malhonnête

Non content de construire sur des fondations inexistantes, Klout se paie le luxe d’être complètement bancal.

Le score Klout ne se compare… qu’entre utilisateurs de Klout. En effet, si vous n’avez pas créé de compte Klout, Klout ne fera pas le lien entre votre Facebook et votre Twitter, divisant votre score par deux. Le corollaire est simple: si vous n’avez pas de compte Klout, c’est que vous n’êtes pas influent ou célèbre.

Car, en dehors de Facebook et de Twitter, point de célébrité ni d’influence. Étant particulièrement actif sur Google+, j’ai été étonné d’apprendre que la contribution totale de ce réseau à mon score Klout était inférieure à celle d’Instagram où j’avais posté… deux photos en nonante jours. De plus, Klout ignore également complètement les blogs, les articles de journaux, bref tout ce qui peut potentiellement exprimer l’influence.

Ajoutez à cela cet influenceur qui, fier de sa position, vit soudainement son score perdre 10 points. Cela faisait 91 jours qu’il avait posté cette vidéo de chats qui avait fait le tour de Facebook.

L’utilisation d’une échelle logarithmique vous fait croire que vous n’êtes qu’à deux ou trois points de tel personnage. Klout n’est donc pas conçu comme un outil de mesure référentiel mais bien comme une drogue addictive, un jeu vidéo un peu complexe.

Les pages vues et ebuzzing

Les blogueurs traditionnels, délaissés par le Klout, optent pour d’autres outils. Il y a les traditionnelles statistiques, avec le nombre de pages vues et de visiteurs uniques.

Mais, ici encore, la meilleure manière de faire du chiffre, c’est le racolage. En termes de SEO, placer quelques phrases à caractère sexuel dans un billet est le meilleur investissement pour attirer des visiteurs. Car on ne parle pas de lecteurs.

Des classement de blogs existent, le plus connu étant Ebuzzing (anciennement Wikio). Il se contente de compter le nombre de like/tweet reçu par billet d’un blog et de les additionner. Du coup, il existe une solution simple pour monter dans le classement : poster beaucoup. J’ai ainsi découvert des blogs inconnus, qui ne dépassaient pas les 10 likes par billet mais qui tenaient le haut du pavé grâce à une fréquence de publication dépassant la vingtaine de billets par jour.

Un de mes meilleurs taux de likes, visites, partages Facebook et points ebuzzing a été atteint avec ce billet. La plupart des commentaires que j’ai observé sur les réseaux sociaux parlaient de la photo. Les commentateurs n’avaient même pas lu le titre du billet.

Moralité

Le Klout, c’est l’horoscope des réseaux sociaux. Ebuzzing, le marabout africain. En soit, cela pourrait être amusant si de nombreux professionnels ne basaient pas leurs décisions sur ces outils. L’expert en réseaux sociaux qui parle sérieusement du Klout, c’est un peu comme un chirurgien qui invoque les esprits avant de vous opérer : il est temps d’aller voir ailleurs.

Comme le SEO, ces outils flattent notre égo. Ils tentent de nous faire croire que la célébrité ou le succès commercial sont faciles, qu’il suffit d’appliquer quelques règles. Que lorsque vous aurez le Klout de Lady Gaga, vous aurez également ses millions. Vous ne voulez pas le poste de président des USA avec le Klout d’Obama en prime ?

C’est prendre le problème à l’envers : vous voulez de la reconnaissance ? Vous voulez des visiteurs ou des clients ? Vous voulez du succès ? De la gloire ? Alors sortez-vous les doigts du Facebook et produisez du p*** de contenu original. Soyez créatifs, innovez, apportez votre pierre à la société virtuelle !

 

Oui, je suis le premier concerné par cette dernière phrase.

 

Photo par Kevin Harber

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