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Le web, ce pulp ultime

samedi 16 novembre 2013 à 16:23
pulps

Où l’on compare le parcours des auteurs du siècle passé avec les opportunités et les outils de la future décennie. Et où l’on intronise pompeusement le « lectauteur ».

Glorieux passé

J’ai grandi dans les remugles poussiéreux des vieux recueil de science-fiction. Ma bibliothèque est chargée des collections presque complètes des magazines Galaxie et Fiction. En les feuilletant, je me prenais à rêver être né plus tôt, lors de cette époque bénie.

Comme Asimov, Van Vogt ou d’autres, dont le nom a été oublié, j’aurais soumis mes nouvelles à toutes les revues possibles et imaginables. J’aurais essuyé des refus. J’aurais reçu des conseils. À force de persévérance, j’aurais bien fini par être publié. Le public seul aurait ensuite jugé si mon nom méritait de passer à la postérité comme écrivain ou si, et il sont nombreux dans ce cas, je serais tombé dans l’oubli comme rédacteur de quelques nouvelles sans grand intérêt.

La disparition de ces revues me donnait le goût amer de voir l’accès au métier d’écrivain désormais barricadé par quelques comités de lecture aux goûts forcément arbitraires. Je regrettais cet âge d’or où il ne m’aurait coûté que quelques timbres pour soumettre et resoumettre mes nouvelles. Glorieux passé !

Étonnant présent

Hier, fêtant le succès de la moitié de mon NaNoWriMo, je mettais sans trop y penser une nouvelle dans ma liste de lecture Pocket. Une nouvelle que Saint-Epondyle avait publié sur son blog pour inaugurer son challenge des Écrinautes. Nouvelle que je décidai de lire sur ma liseuse Kobo suite à la mise à jour. Ce fut un véritable déclic !

Cette nouvelle, je venais de la lire avec un confort de lecture similaire à tous les romans que j’ai lu ces derniers mois. Je venais de lire un véritable livre, pas une page web ! Saint-Epondyle s’était immiscé, excusez du peu, entre Proust, Pratchett et Jean Ray !

Je réfléchis un instant et réalisai que je publiais moi-même des nouvelles. Qu’elles me rapportaient même un peu d’argent ! Que j’avais, avec un certain succès, réussi à faire passer des émotions littéraires via le web. Que j’avais commencé ce qui avait toutes les caractéristiques d‘un roman feuilleton des plus classiques.

Sans nous en rendre compte, nous sommes en train de façonner le web pour en faire un énorme pulp, un magazine littéraire à l’échelle mondiale où nous sommes tous à la fois auteurs, lecteurs et éditeurs. Comme les pulps en leurs temps, le web n’est pas considéré comme « de la vraie littérature », il est déprécié, évité voire rejeté par les « vrais ». Peu importe car, comme le dit Thierry Crouzet, il change l’écriture. Le futur jugera !

Enthousiasmant futur

À l’époque des pulps, les auteurs étaient payés au mot. Asimov est célèbre pour avoir commencé à écrire dans le but de financer ses études. Mais être payé au mot n’a plus aucun sens sur le web. Être payé à la nouvelle ? Au chapitre ? Au livre ? Finalement, c’est à peine moins absurde qu’être payé au mot. Et si les auteurs étaient tout simplement payés au plaisir ? À la satisfaction qu’ils apportent aux lecteurs ? S’ils laissaient le choix du prix aux lecteurs ?

Tout ceux qui n’ont jamais essayé de faire confiance aux lecteurs vous diront que c’est utopique, que cela ne peut pas fonctionner.

Pourtant, placé sous le signe du NaNoWriMo, ce mois de novembre semble démontrer exactement le contraire et confirmer le témoignage d’un Cory Doctorow pour qui la gratuité et le partage sont non seulement indispensables mais aussi générateurs de ventes. En effet, les candidats se sont bousculés pour accueillir et nourrir Pouhiou durant son périple d’écriture. Moi-même, j’ai eu l’insigne honneur d’être soutenu dans mon NaNoWriMo au delà de toutes mes espérances. Je me surprends à relire ce message d’un contributeur m’offrant, par son don, de me libérer du travail pendant quelques heures afin que je puisse me consacrer à l’écriture.

De manière particulièrement intéressante, l’auteur Neil Jomunsi profite également de ce mois de novembre pour se remettre en question. Et si le piratage était une bonne chose ? Et si, aussi incroyable que cela puisse paraître, Flattr rapportait plus que les ventes Amazon ?

Et si le futur du livre n’était qu’une simple page web ? Une liseuse toute simple reliée à un service libre comme Poche avec possibilité de faire des dons automatiquement à la fin de votre lecture ? Une liberté totale de partage et de soutien ! (Ne serait-ce pas enthousiasmant de crowdfunder une telle liseuse et de convaincre vos auteurs favoris ?)

Mais après ? Quelles œuvres passeront à la postérité ? Quels sont les auteurs dont la biographie enrichira Wikipédia ?

C’est à vous et vous seuls d’en décider. Ce ne sont ni les éditeurs ni les pseudo jurys de prix littéraires qui écrivent le futur de la littérature mais vous, nous, les lectauteurs. Car, après tout, est-ce encore utile de différencier auteurs et lecteurs dans ce gigantesque pulp qu’est internet ?

 

Photo par Felix Nine.

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Je suis passé à la télé !

mardi 12 novembre 2013 à 11:09
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Vous savez ce que je pense de la télévision. Mais je suis toujours curieux. Aussi, quand s’est profilée l’opportunité de participer à une émission grand public, j’ai tout de suite accepté, histoire de découvrir l’envers du décor.

Mais la télévision n’accepte pas n’importe qui, même s’il s’agit d’aller taper anonymement des mains dans un public béat. Première étape obligée : le casting.

Le casting, en soi, est simple. Quelques minutes de discussion face à deux personnes qui savent certainement ce qu’elles veulent. Mais le plus passionnant reste les rencontres dans la salle d’attente. Ceux qui ont fait plusieurs heures de trajet juste pour se rendre à ce casting. Ceux qui stressent et pour qui cette participation potentielle représente un point culminant, un sommet. La télévision reste le point central de la vie de beaucoup de citoyens. Ils sont éduqués, bien habillés. Ils ont un travail, un smartphone, une tablette. Ils ont l’air intelligents et sympathiques. Mais la télévision reste pour eux un concept mythique, magique, supérieur à tout. Je me sens étranger, comme un athée qui, au milieu d’un pélérinage à Lourdes, déclarerait « Ben c’est une grotte et des robinets de flotte ».

Enfin, après réception de mon acceptation et signature de documents cédant mon droit à l’image et m’engageant à ne pas révéler d’informations confidentielles (ce que je ne ferai donc pas dans ce billet), le jour du tournage arrive.

Le rendez-vous est à 18h au studio, une collation est prévue. En fait, les 150 participants auront droit à une centaine de sandwichs qui seront épuisés vers 18h15. S’en suit une longue attente, entrecoupée uniquement par le passage unique d’une caméra demandant à chacun de se présenter. Histoire de rire un coup, je m’invente un personnage complètement farfelu. Ce n’est que vers 20h30, le ventre gargouillant, que nous pouvons enfin prendre place dans les gradins du studio. Gradins qui tremblent d’ailleurs sous nos pas. Tout est fait pour paraître beau et brillant mais n’est en fait qu’échafaudage et contre-plaqué. Le lumineux tunnel d’arrivée des stars ? Un simple drap noir constellé d’ampoules digne du spectacle de l’école de quartier. Pourtant, à l’image, tout cela respirera le luxe, le rêve, les paillettes.

L’émission à laquelle je participe est une première. Un régisseur « chauffeur de salle » nous l’explique et s’excuse pour le retard. L’organisation n’a pas encore le temps d’être rodée.

Nous sommes là à attendre et j’aperçois des employés grimpant sur des échelles de spéléo pour aller s’installer dans les cintres, à côté des gros projecteurs. Le détail à son importance pour la suite.

Les caméras entrent en action et le régisseur nous fait tourner des séquences d’applaudissements, de rires et de huées. Je suis abasourdi : il n’y a rien devant nous et il arrive à faire applaudir 150 personnes comme si le plus beau spectacle se déroulait sous leurs yeux. Enfin, 149. Détestant être manipulé de cette manière, je fais mon pisse-froid blasé et croise les bras.

Les animateurs entrent finalement sur le plateau. Il nous est demandé de les applaudir comme des héros. L’animateur principal commence immédiatement avec « Bienvenue à cette troisième émission. Comme la semaine passée, blabla… ». Interloqué, je me fais la remarque qu’il s’agit du premier enregistrement. Un ami qui m’accompagne trouvera l’explication la plus probable : le premier tournage n’étant pas rôdé, l’émission n’est généralement pas la meilleure et, pour la première, mieux vaut mettre le paquet afin d’accrocher les téléspectateurs. Un univers de carton-pâte…

Néanmoins, je ne pourrai m’empêcher de tiquer à chaque fois que, durant le cours de l’émission, référence sera faite à la semaine passée ou aux émissions dont l’enregistrement n’a pas encore eu lieu.

L’enregistrement se déroule, lentement. C’est long, c’est très long. Le présentateur bute sur un mot ? N’est pas satisfait de sa phrase ? On la refait ! Tout semble correct ? Le réalisateur intervient pour dire que les lumières n’étaient pas correctes, on la refait. Je me rends alors compte que le métier de présentateur n’est pas une sinécure. Il a dû préparer un texte, un scénario précis mais terriblement ennuyeux. Il le joue et le rejoue. Il force son sourire et son entrain. La présentatrice s’assied un moment près de mon équipe. En aparté, elle nous raconte quelques anecdotes des répétitions. Elle semble épuisée mais dégainera un sourire radieux au moment où les caméras entreront en action. J’admire son énergie et son professionnalisme.

Je fais partie des « candidats ». Officiellement, je participe à l’émission. Je peux voter grâce à une télécommande, mon visage apparait sur un écran. Mais, très vite, je me rends compte que tout cela n’est qu’un prétexte pour me faire applaudir. Le régisseur nous motivera plusieurs fois avec ces mots magiques : « Donnez tout. N’oubliez pas que vous passez à la télé ! ». J’ai honte de me prostituer de cette manière. Seule l’idée d’écrire ce billet me sert de prétexte pour me justifier et tenir le coup.

Le temps s’écoule lentement. Le morceau de sandwich n’est plus qu’un lointain souvenir. De plus, en tant que candidat, un spot est en permanence braqué sur mon visage et je commence à trouver cela très inconfortable. J’ai faim, j’ai soif, je dois faire pipi, j’ai mal à la tête et, surtout, je m’ennuie à mourir. Il est bientôt une heure du matin et nous avons eu en tout et pour tout trois ou quatre petites pauses pour aller aux toilettes.

Ce genre d’émissions m’ennuie profondément au bout de trente secondes, même dans des conditions idéales. Alors imaginez subir cela pendant près de quatre heures. Je craque, je ne fais même plus semblant d’applaudir, je dors, je lis et me désintéresse complètement du spectacle.

Tout semble terminé, l’émission est dans la boîte. Non ? Le régisseur annonce que l’on va tourner la scène d’introduction. Il nous supplie de produire un dernier effort, d’applaudir. Et, force est de constater que, chez les autres, ça fonctionne très bien. Le public est enthousiaste, ces gens ont une énergie hors du commun. Les présentateurs se lancent dans un discours de bienvenue expliquant le concept de l’émission. Il est près de deux heures du matin, je suis une loque humaine, je déteste tout le monde, je râle, je grogne et j’assiste à la performance de deux présentateurs qui présentent le concept d’une émission dont j’ai été le témoin durant plus de quatre heures. La fatigue aidant, cette scène sera refaite cinq fois avant la libération finale.

Ankylosé, je me dirige vers la sortie du studio lorsque je vois descendre les éclairagistes. Depuis plus de cinq heures, ils sont coincés dans leur perchoir à côté de projecteurs brûlants. Il ne se plaignent pas, ils ne râlent pas et ils recommenceront la semaine prochaine.

Nous savons tous, intellectuellement, que la télévision est le royaume du faux, du rêve en conserve. C’est une chose de le savoir, c’en est une autre de le constater de ses propres yeux. La télévision, c’est avant tout des dizaines de personnes qui font un travail pénible, éprouvant, avec des horaires complètement absurdes. C’est long et intellectuellement pas toujours gratifiant.

Tout cela pour, au final, offrir un divertissement sans le moindre intérêt culturel entre deux publicités. Le tout payé par le contribuable lorsqu’il s’agit du service public (ce qui était le cas ici, j’en reparlerai). Mais le but est atteint : lui faire passer le temps, rendre son cerveau disponible pour la publicité et le faire rêver du jour où lui aussi aura la gloire d’être un « candidat ».

Une gloire éphémêre, inutile, sans aucun mérite. Une gloire à la portée de tous sans le moindre effort. Une gloire à laquelle nous pouvons tous aspirer sans bouger nos fesses ou nos neurones, sans dépenser la moindre goutte de sueur. Une gloire petite, misérable et sans ambition. Au fond, il est bien triste le rêve que nous vend la télévision…

 

Photo par Chris Brown.

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L’aliénation du plein emploi

mercredi 6 novembre 2013 à 17:52
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Asseyez-vous une seconde et mettez-vous dans la peau du bambin rêveur que vous fûtes. Tentez d’imaginer le futur avec vos yeux d’enfants. Un avenir où les machines, les robots se chargeraient de toutes les tâches que nous trouvons déplaisantes. Un monde où chacun pourrait se concentrer sur l’amélioration du bien commun, à commencer par lui-même. Un univers où nous consacrerions son temps à l’éducation, aux activités artistiques, sociales et culturelles voire, tout simplement, au plaisir de vivre.

Techniquement, tout cela semble aujourd’hui possible. La preuve: le monde est plus riche que jamais. Et nous progressons sur cette voie: il y a de moins en moins de travail ! Sans compter l’immense majorité des emplois qui pourraient être rationalisés. Merveilleux !

Mais alors…

À quel moment nous sommes-nous fourvoyés jusqu’à élire des dirigeants qui nous promettent de « créer du travail » ? À partir de quand sommes-nous devenus mentalement dégénérés au point de considérer le mot « plein emploi » comme un idéal plutôt qu’une insulte au progrès et à la modernité ? Par quelle perversion totale de l’esprit en arrivons-nous à accuser les artistes de rue, les créateurs peu reconnus ou les personnes qui se consacrent à leur famille de ne pas avoir « un vrai travail » ? Pourquoi ce qui est une utopie pour nos yeux d’enfant se révèle-t-il, soudainement, « une crise » contre laquelle nous luttons de toutes nos forces ?

Peut-être est-il temps de réaliser que la crise, la vraie, nous l’avons nous même amorcée en acclamant ceux qui nous promettaient de nous faire travailler, en nous glorifiant de passer d’inutiles heures en cravate dans un cube grisâtre, en stigmatisant ceux qui avait l’air de souffrir différement voire, infamie suprême, d’être heureux sans se tuer à la tâche !

Quelles que soient les méthodes invoquées, je suis désormais convaincu que les slogans de « relance », « relocalisation », «reprise économique » ne sont que des pierres pour nous enfoncer encore plus profondément. Asservi par des siècles de travail, l’homme a peur de cette nouvelle liberté qui s’offre à lui. Il lutte pour renforcer ses propres chaînes. La solution viendra de ceux qui auront le courage de monter au front politique en disant « Il y a encore trop de travail, nous allons en supprimer autant que possible ! »

La panique résultant de la soudaine ouverture de notre cage millénaire n’est-elle pas dangereuse ? Ne risque-t-elle pas d’avoir des effets négatifs ? Peut-être. Mais doit-on pour autant garder la cage définitivement fermée ? N’avons-nous pas le devoir, nous, première génération disposant de la clé, de faire grandir nos descendants loin de cette oppressante prison ?

 

Concrètement, je vous invite à lire pourquoi la création de l’emploi est nuisible et pourquoi vous êtes, sans peut-être le savoir, en faveur du revenu de base. Nous disposons aujourd’hui d’une occasion unique de mettre le revenu de base sur la table politique de la commission européenne. Pour cela, je vous invite à signer l’initiative européenne en faveur du revenu de base (vos données personnelles sont nécessaires pour la validité du processus et stockées sur un serveur officiel de la commission européenne, aucun danger de récupération commerciale), à parler autour de vous du revenu de base et à soutenir la campagne de financement nécessaire pour obtenir le million de signatures requis. Merci ! L’image d’illustration est de Chris Brown.

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Plongeon dans l’écume du temps

jeudi 31 octobre 2013 à 13:41
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Les mains moites, le rythme cardiaque anormalement élevé, je me sens comme un acteur sur le point d’entrer en scène. Le trac !

Demain commencera le NaNoWriMo. Demain, je serai face au mur et forcé de jeter sur papier cette histoire qui trotte entre ma tête et mes carnets de notes depuis plusieurs années. Votre choix a été clair : la politique se prête mieux à des billets sur ce blog plutôt qu’à un livre. Vous préférez, en majorité, lire un livre de fiction.

Il va falloir être à la hauteur de l’attente, se montrer digne de l’enthousiasme dont vous faites part. J’ai une boule dans la gorge rien que d’y penser. Au moins, contrairement à un autre fou, je serai bien au chaud chez moi.

Communauté

Si vous voulez suivre mes progrès de près, participer à la communauté des supporters, vous pouvez bien entendu encore nous rejoindre. La seule différence étant que vous ne pouvez plus voter pour le sujet.

La communauté étant sur G+, je tiens également au courant par mail ceux qui n’ont pas de compte sur ce réseau (choix que je comprends tout à fait). Si vous êtes supporter et n’avez reçu ni mail ni invitation pour la communauté G+, envoyez-moi un mail !

Hibernation

Afin de me concentrer sur cet exercice intense qu’est le NaNoWriMo, ce blog va ralentir nettement son activité. Je ne garantis pas non plus la parution hebdomadaire des épisodes de Printeurs. Cela ne signifie pas zéro billet mais simplement un changement de priorité. Promis juré craché : tout rentrera dans l’ordre le premier décembre.

J’ai également fermé les commentaires pour un mois, rempli à ras-bord la gamelle du chat et fait une provision de pizzas.

Durant cette période, je vous invite à relire et à partager les articles plus anciens. En 9 ans de blogging, il y en a certainement qui ont du vous échapper. Je partagerai sur les réseaux sociaux les anciens articles qui semblent vous plaire.

Remboursements

Je suis bien conscient que certains supporters auraient préféré lire « Le monde pirate ». Un donateur m’a même demandé de ne pas participer au NaNoWriMo et de continuer mon blog normalement.

Ne pouvant pas satisfaire tout le monde, j’ai décidé d’instaurer la règle suivante pour tous les paiements liés à mon blog : vous pouvez demander remboursement dans les 15 jours sans justification. Je ne poserais pas de question.

Exception : je ne rembourserai ni les Flattrs, ni les sympathiques messages d’encouragement.

Merci

Bon, et bien. Voilà. Fini de procrastiner. Il faut s’y mettre. Il est temps de plonger avec Mats dans l’Écume du temps. Cela fait des années que j’attends ce moment et pourtant il me fait peur. Je sors de ma zone de confort. Sans vos encouragements, vos soutiens, vos partages, votre patience, je ne serais pas là aujourd’hui.

Alors, merci !

 

Sur ces mots, Ploum se taille en courant avec la caisse et disparaît à tout jamais…

 

L’image, moins innocente qu’elle n’en a l’air, est dans le domaine public. Relecture par Pit.

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Le député qui n’existait pas

mardi 29 octobre 2013 à 12:36
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Suite aux dernières révélations de Wikileaks, c’est la stupeur généralisée en Belgique. Le député Laurent Louis ne serait qu’un canular du Gorafi.

Alors que le monde entier a les yeux braqués sur Snowden et le scandale de la NSA, Wikileaks publie une nouvelle fournée de documents pour dénoncer ce qui s’annonce comme une révélation fracassante au pays des frites et de Tintin.

Le sujet ? Laurent Louis, un député fantasque, hors norme qui se révèle être… une pure invention de l’équipe du Gorafi, le journal satirique bien connu. Laurent Louis n’existe pas, il s’agit d’un canular !

Contactée par nos soins, la rédaction du Gorafi s’est dit étonnée de la dénonciation mais a reconnu les faits.

« Cela devait bien s’arrêter un jour, nous confie Jean-Pascal Mouillon, journaliste au Gorafi et chef de la petite équipe qui a créé le personnage de Laurent Louis. Au départ, il s’agissait juste d’une blague pour se moquer de la complexité du système politique belge. Nous comptions publier les interviews d’un élu qui ne comprend pas lui-même comment il en est arrivé là. »

Pour ce faire, l’équipe invente un mécanisme absurde, qu’ils appellent l’apparentement. À l’annonce des résultats officiels, ils publient un communiqué de presse décrivant, de manière fort embrouillée, l’apparentement et la surprise du candidat élu, Laurent Louis.

« Nous avions choisi le nom après avoir appris qu’une famille de politiciens belges s’appelait les Michel, raconte Jean-Pascal Mouillon. Ça nous a fait sourire alors on s’est dit que ce serait sympathique de faire un clin d’œil. Ce n’est pas un hasard si nous avons choisi Louis. Au départ, la blague se voulait bon enfant. Laurent Louis devait être un personnage sympathique. Nous avions engagé un acteur canadien pour le jouer. »

Cet acteur, c’est Jeff Hecon. Rendu célèbre par l’interprétation du rôle de Choco dans « Les Goonies », il retombera dans l’oubli et l’alcoolisme pendant près de trois décennies avant d’être appelé par l’équipe du Gorafi.

« Le rôle de Laurent Louis, c’était une chance de relancer ma carrière, nous confie-t-il. Mais en étudiant un peu mieux le contexte, je me suis rendu compte que le personnage ne collait pas. J’ai écouté des discours de Modrikamen, j’ai lu le programme du Parti Populaire. J’ai dit à Jean-Pascal que si ce type était tête de liste pour le PP, il ne pouvait pas être sympa. Ça devait être un gros beauf. On a modifié le script original et on a foncé. J’ai créé un compte Facebook et j’ai commencé à tenir des propos vaguement racistes et populistes. »

laul2Au début, Jeff Hecon a tenté d’incarner un personnage sympathique.

La blague trouve de suite son public et un écho inattendu auprès de la presse belge. Personne ne s’offusque de l’existence d’un apparentement dont personne n’avait jamais entendu parler. Mais la cerise sur le gâteau vient du Parti Populaire lui-même qui ne se rendra à aucun moment compte de la supercherie.

« On avait un informateur au PP, nous confie Julie Sava, journaliste au Gorafi. Il nous avait dit à quel point le parti était complètement désorganisé. La liste des membres était un fichier Excel sur un vieil ordinateur sous Windows Millenium. Modrikamen rajoutait sans arrêt des faux membres afin de gonfler les chiffres. Comme il n’est pas très imaginatif, la liste était pleine de Jules Julien, Géraldine Gérard, ce genre de trucs. Du coup, Laurent Louis, ça paraissait presque crédible ! »

Le Parti Populaire étant divisé en deux factions, le camps Aernoudt et le camp Modrikamen, chacun pense que Laurent Louis appartient à la faction opposée. Aernoudt demande donc l’exclusion de Laurent Louis. Modrikamen, croyant que Laurent Louis est du clan Aernoudt, est tout d’abord décontenancé. Avant de l’exclure malgré tout. Tout cela pour un membre qui n’existe pas réellement !

« C’est un truc particulier chez les belges, continue Julie Sava. Ils ont tellement l’habitude de l’absurde que ça ne les choquait pas. L’apparentement, le candidat débile, ça leur semblait parfaitement plausible. Il faut dire que le PP nous avait particulièrement préparé le terrain. Les médias ont embrayé. Chez nous, ça n’aurait sans doute pas tenu plus de quelques heures. Ici, en Belgique, ça fait plus de trois ans et il a même sa page Wikipédia ! »

La petite équipe décide alors de pousser le bouchon de plus en plus loin, histoire de voir « jusqu’à quel point les citoyens peuvent avaler n’importe quoi de la part d’un politique ». Un nouveau parti avec un logo ressemblant à une paire de seins qui pendent, des vidéos tournées dans des caves, des listes communales qui semblent sorties de Dumb et Dumber. Mais le plus fort reste sans doute des participations réelles au parlement, une première dans l’histoire du canular politique.

Logo-officiel-MLDLe logo « paire de seins », inventé par un graphiste du Gorafi

« Je suis arrivé au parlement comme si tout était normal, se souvient Jeff Hecon. Comme les gens m’avaient vu à la télé ou dans les journaux, personne n’a osé m’empêcher de rentrer. Je me suis assis sur un siège vide dans le fond comme si j’étais parlementaire. Ça a marché ! Il faut dire que la plupart des parlementaires sont souvent absents mais ils ne veulent pas l’admettre. Du coup, ils ont tous fait comme s’il était normal que je sois là, comme s’ils me voyaient régulièrement. »

S’enhardissant, la petite équipe va jusqu’à participer au débat démocratique, créer des scandales, entrer au parlement en t-shirt et… déposer des projets de loi !

« On ne croyait pas ça possible mais on l’a fait, s’amuse Jean-Pascal Mouillon. On a découvert que les grands traumatismes de l’histoire belge étaient le Congo et l’affaire Dutroux. Du coup, on a décidé d’exploiter les filons. Franchement, c’est énorme. Jeff qui déclare en plein parlement vouloir régler les problèmes du Congo, pays indépendant depuis 50 ans, on n’en revenait pas, on se tenait les côtes de rire ! »

« On a quand même du arrêter, tempère Jeff Hecon. Les figurants qu’on avait engagé pour les clips où Laurent Louis apparaissait en sauveur du Congo en avaient marre de passer pour des abrutis. Ils se disaient que certains pourraient prendre ça au premier degré et généraliser à toute la communauté congolaise. »

laul_caveLa cave, un des meilleurs sketchs de la petite équipe, directement inspirée par l’épisode du frigo des Goonies. On reconnait la main de Jean-Pascal Mouillon.

Le canular Laurent Louis se fait connaître et se taille une bonne place auprès des ténors du genre.

« Nous avons eu un coup de fil de Tina Fey, se rappelle Julie Sava. Cette femme est géniale. Elle a créé de toutes pièces le personnage de Sarah Palin. N’importe quel être humain normalement constitué ne pourrait pas croire qu’une femme comme Sarah Palin existe. Cela défie les lois de l’intelligence. Mais Tina Fey y arrive ! Elle va jusqu’à jouer Sarah Palin qui joue Tina Fey ! Et le public se contente de dire qu’il y a une ressemblance. Son talent confine au génie ! Voir notre travail reconnu par Tina, c’est un peu une consécration. »

Autre star du canular long-terme, Dieudonné, qui décide de remettre une récompense à Laurent Louis.

« Cela fait 10 ans que Dieudonné est dans son rôle, confie Jean-Pascal Mouillon. En plus, contrairement à Jeff, il a gardé son nom. C’est le plus long one-man-show de l’histoire ! Il nous a promis une chute superbe si le FN se rapproche trop près du pouvoir. Un discours à la Chaplin où il expliquerait que si un noir dont le meilleur ami est un juif peut faire en sorte que des skinheads payent pour voir son spectacle, n’importe quel politicien démagogue peut vous faire avaler n’importe quoi. »

« Il y a juste Étienne Chouard qui est vrai, ajoute Julie Sava. En tout cas, personne n’est au courant du canular. Du coup, on a décidé d’arrêter la tendance Laurent Louis en partisan du tirage au sort. Étienne Chouard aurait fini par croire que quelqu’un croyait vraiment à ses idées, ce n’est pas très sympa. Il aurait pu le prendre mal. »

L’équipe commence néanmoins à se lasser du personnage, qui devient de plus en plus encombrant.

« On a décidé de pousser le bouchon au maximum, annonce Jean-Pascal Mouillon. On a décidé de transformer le petit raciste de quartier en islamiste radical. C’est tellement absurde. Mais Jeff a proposé d’aller un cran encore plus loin et de se faire membre d’un petit parti appelé Islam. Au départ, on était contre. On avait un peu peur pour lui. Mais il nous a convaincu. Il a même raconté sa circoncision sur Facebook ! La justification de cet acte est tellement absurde, irréaliste. On riait mais on tremblait à la fois pour Jeff. »

laul_facebookLaurent Louis introduit la circoncision fédérale au parlement belge

Jeff se souvient avec enthousiasme de ses réunions avec le parti Islam.

« J’avais l’impression d’avoir en face de moi l’équipe de bras cassés du film Four Lions. Les discussions étaient du même acabit. Au bout de deux réunions, j’ai réussi à faire en sorte qu’ils me cèdent tous les droits sur le parti. Incroyable ! Si il n’y avait pas eu la révélation de Wikileaks, je me demande jusqu’où on aurait pu aller ! »

Une belle blague potache sur laquelle Jean-Pascal Mouillon reste néanmoins mitigé.

« On a bien rigolé, ça c’est certain ! Mais en même temps, c’est un peu effrayant. On a proposé les lois les plus débiles au parlement, on a reçu de véritables messages de soutien. Imaginez ce qu’on aurait pu faire si on avait eu des mauvaises intentions ! Et si on avait décidé de camoufler notre canular de manière un peu subtile ! »

« Dans ce cas, on ne serait plus des humoristes, répond Julie Sava. Juste des politiciens comme les autres… »

 

Les images de cet article sont utilisées sans autorisation à titre parodique et restent la propriété de leurs auteurs.

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