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Pour une poignée de followers

dimanche 23 juillet 2023 à 02:00

Pour une poignée de followers

Pour une raison que j’ignore, mon compteur d’abonnés sur Mastodon s’est emballé et vient de franchir le cap de 6700. Ce chiffre porte une petite symbolique pour moi, car je ne pense pas l’avoir jamais franchi sur Twitter.

Si mes souvenirs sont bons, j’ai quitté Twitter avec environ 6600 abonnés, Google+ avec 3000 abonnés, Facebook avec 2500, LinkedIn et Medium avec 1500. Mastodon serait donc le réseau où j’ai historiquement le plus de succès (si l’on excepte l’éphémère compte Twitter du « Blog d’un condamné » qui avait attiré plus de 9000 personnes en quelques jours).

Faut-il être heureux que mon compte Mastodon fasse mieux en six ans que mon compte Twitter entre 2007 et 2021, date de sa suppression définitive ?

Où peut-être est-ce l’occasion de rappeler que, tout comme le like, dont j’ai précédemment détaillé l’inanité, le nombre de followers est une métrique absurde. Fausse. Et qui devrait être cachée.

Où l’on sépare les comptes qui comptent de ceux qui ne comptent pas

Les réseaux sociaux commerciaux vous vendent littéralement l’impression d’être suivis. Il n’y a aucun incitant à offrir un compte correct. Au contraire, tout est fait pour exagérer, gonfler.

Vos followers sont donc composés de comptes de robots, de comptes de sociétés qui suivent, mais ne lisent de toute façon pas les contenus, de comptes générés automatiquement et de toute cette panoplie de comptes inactifs, car la personne est passée à autre chose, a oublié son mot de passe ou, tout simplement, est décédée.

Sur Mastodon, mon intuition me dit que c’est « moins pire » grâce à la jeunesse du réseau. J’y ai déjà néanmoins vu des comptes de robots, des comptes de personnes qui ont testé et n’utilisent plus Mastodon ainsi que des comptes doublons, la personne ayant plusieurs comptes et me suivant sur chacun.

Au final, il y’a beaucoup moins d’humains que le compteur ne veut bien nous le laisser croire.

Où l’on se pose la question de l’utilité de tout cela

Mais même lorsqu’un compte représente un humain réel, un humain intéressé par ce que vous postez, encore faut-il qu’il vous lise lorsque votre contenu est noyé dans les 100, 200 ou 1000 autres comptes qu’il suit. Ou, tout simplement, n’est-il pas sur les réseaux sociaux ce jour-là ? Peut-être vous a-t-il vu et lu, entre deux autres messages.

Et alors ?

Je répète en anglais parce que ça donne un style plus théâtral.

So what ?

So feukinne watte ?

Vous êtes-vous déjà demandé à quoi pouvaient bien servir les followers ?

Tous ces autocollants vous invitant à suivre sur Facebook et Instagram la page de votre fleuriste, de votre plombier ou de votre boulangerie ? Sérieusement, qui s’est un jour dit en voyant un de ces autocollants « Cool, je vais suivre mon fleuriste, mon plombier et ma boulangère sur Facebook et Instagram » ?

Et quand bien même certains le font, certainement tonton Albert et cousine Géraldine qui n’habitent pas la ville, mais soutiennent la boulangère de la famille, pensez-vous que ça ait le moindre impact sur le business ?

À l’opposé, je suis avec assiduité une centaine de blogs par RSS. Je lis tout ce que ces personnes écrivent. Je réagis par mail. Je les partage en privé. J’achète également tous les livres de certains de mes auteurs favoris. Pourtant, je ne suis compté nulle part comme un follower.

Où l’on a la réponse à la question précédente

Militant pour le logiciel libre, le respect de la vie privée et le web non commercial, on pourrait arguer que mon public se trouve, par essence, sur Mastodon. (et me demander pourquoi je suis resté si longtemps sur les réseaux propriétaires. Je n’ai en effet aucune excuse).

Prenons un cas différent.

L’écrivain Henri Lœvenbruck a fermé ses comptes Facebook (29.000 followers), Twitter (10.000 followers) et Instagram (8.000 followers). Son dernier livre, « Les disparus de Blackmore », promu uniquement auprès des 5000 comptes qui le suivent sur Mastodon (et un peu LinkedIn, mais qu’est-ce qu’il fout encore là-bas ?) s’est pourtant beaucoup mieux vendu que le précédent.

Faut-il en déduire que les followers ne sont pas la recette miracle tant louée par… les sociétés publicitaires dont le business model repose à vouloir nous faire avoir à tout prix des followers ? D’ailleurs, entre nous, préférez-vous passer quelques heures à vous engueuler sur Twitter ou à flâner dans un univers typiquement Lœvenbruckien ? (Mystères lovercraftiens, grosses motos qui pétaradent, vieux whiskies qui se dégustent et quelques francs-maçons pour la figuration, on sent que l’auteur de « Nous rêvions juste de liberté » s’est fait plaisir, plaisir partagé avec les lecteurs et après on s’étonne que le bouquin se vende)

Si Lœvenbruck a pris un risque dans sa carrière pour des raisons éthiques et morales, force est de constater que le risque n’en était finalement pas un. Ses comptes Facebook/Instagram/Twitter ne vendaient pas de livres. Ce serait plutôt même le contraire.

Dans son livre "Digital Minimalism" et sur son blog, l’auteur Cal Newport s’est fait une spécialité d’illustrer le fait que beaucoup de succès modernes, qu’ils soient artistiques, entrepreneuriaux ou sportifs, se construisent non pas avec les réseaux sociaux, mais en arrivant à les mettre de côté. Une réflexion que j’ai moi-même esquissée alors que je tentais de me déconnecter.

La conclusion de tout cela est effrayante : nous nous sommes fait complètement avoir. Vraiment. La quête de followers est une arnaque totale qui, loin de nous apporter des bénéfices, nous coûte du temps, de l’énergie mentale, parfois de l’argent voire, dans certains cas, détruit notre business ou notre œuvre en nous forçant à modifier nos produits, nos créations pour attirer des followers.

Où l’on se rend compte des méfaits d’un simple chiffre

Car, pour certains créateurs, le nombre de followers est devenu une telle obsession qu’elle emprisonne. J’ai eu des discussions avec plusieurs personnes très influentes sur Twitter en leur demandant si elles comptaient ouvrir un compte sur Mastodon. Dans la plupart des cas, la réponse a été qu’elles restaient sur Twitter pour garder « leur communauté ». Leur "communauté" ? Quel bel euphémisme pour nommer un chiffre artificiellement gonflé qui les rend littéralement prisonnières. Et peut-être est-ce même une opportunité manquée.

Car un réseau n’est pas l’autre. Le bien connu blogueur-à-la-retraite-fourgeur-de-liens Sebsauvage a 4000 abonnés sur Twitter. Mais plus de 13000 sur Mastodon.

Est-ce que cela veut dire quelque chose ? Je ne le sais pas moi-même. Je rêve d’un Mastodon où le nombre de followers serait caché. Même de moi-même. Surtout de moi-même.

Avant de transformer nos lecteurs en numéros, peut-être est-il bon de se rappeler que nous sommes nous-mêmes des numéros. Que le simple fait d’avoir un compte Twitter ou Facebook, même non utilisé, permet d’augmenter de quelques dollars chaque année la fortune d’un Elon Musk ou d’un Mark Zuckerberg.

En ayant un compte sur une plateforme, nous la validons implicitement. Avoir un compte sur toutes les plateformes, comme Cory Doctorrow, revient à un vote nul. À dire « Moi je ne préfère rien, je m’adapte ».

Si nous voulons défendre certaines valeurs, la moindre des choses n’est-elle pas de ne pas soutenir les promoteurs des valeurs adverses ? De supprimer les comptes des plateformes avec lesquelles nous ne sommes pas moralement alignés ? Si nous ne sommes même pas capables de ce petit geste, avons-nous le moindre espoir de mettre en œuvre des causes plus importantes comme sauver la planète ?

Où l’on relativise et relativise la relativisation

Encore faut-il avoir le choix. Je discutais récemment avec un indépendant qui me disait que, dans son business, les clients envoient un message Whatsapp pour lui proposer une mission. S’il met plus de quelques dizaines de minutes à répondre, il reçoit généralement un « c’est bon, on a trouvé quelqu’un d’autre ». Il est donc obligé d’être sur Whatsapp en permanence. C’est peut-être vrai pour certaines professions et certains réseaux sociaux.

Mais combien se persuadent que LinkedIn, Facebook ou Instagram sont indispensables à leur business ? Qu’ils ne peuvent quitter Twitter sous peine de mettre à mal leur procrastin… leur veille technologique ?

Combien d’entre nous ne font que se donner des excuses, des justifications par simple angoisse d’avoir un jour à renoncer à ce chiffre qui scintille, qui augment lentement, trop lentement, mais assez pour que l’on ait envie de le consulter tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes.

Que sommes-nous prêts à sacrifier de notre temps, de nos valeurs, de notre créativité simplement pour l’admirer ?

Notre nombre de followers.

Ingénieur et écrivain, j’explore l’impact des technologies sur l’humain. Abonnez-vous à mes écrits en français par mail ou par rss. Pour mes écrits en anglais, abonnez-vous à la newsletter anglophone ou au flux RSS complet. Votre adresse n’est jamais partagée et effacée au désabonnement.

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Stop Trying to Make Social Networks Succeed

jeudi 6 juillet 2023 à 02:00

Stop Trying to Make Social Networks Succeed

Lot is happening in the social network landscape with the demises of Twitter and Reddit, the apparition of Bluesky and Threads, the growing popularity of Mastodon. Many pundits are trying to guess which one will be successful and trying to explain why others will fail. Which completely misses the point.

Particular social networks will never "succeed". Nobody even agree on the definition of "success".

The problem is that we all see our little bubble and generalise what we observe as universal. We have a hard time understanding Mastodon ? Mastodon will never succeed, it will be for a niche. A few of our favourite web stars goes to Bluesky ? Bluesky is the future, everybody will be there.

That’s not how it works. That’s not how it ever worked.

Like every human endeavour, every social network is there for a limited duration and will be useful to a limited niche of people. That niche may grow to the point of being huge, like Facebook and WhatsApp. But, to this day, there are more people in the world without an account on Facebook than people with one. Every single social network is only representative of a minority. And the opposite would be terrifying when you think about it (which is exactly what Meta is trying to build).

Social networks are fluid. They come, they go. For commercial social networks, the success is defined by: "do they earn enough money to make investors happy ?" There’s no metric of success for non-commercial ones. They simply exist as long as at least two users are using them to communicate. Which is why criticisms like "Mastodon could never raise enough money" or "the Fediverse will never succeed" totally miss the point.

If you live in the same occidental bubble as me, you might have never heard of WeChat, QQ or VK. Those are immensely popular social networks. In China and Russia. WeChat alone is more or less the size of Instagram in terms of active users. The war in Ukraine also demonstrated that the most popular social network in that part of the world is Telegram. Which is twice as big as Twitter but, for whatever reason, is barely mentioned in my own circles. The lesson here is simple: you are living in a small niche. We all do. Your experience is not representative of anything but your own. And it’s fine.

There will never be one social network to rule them all. There should never be one social network to rule them all. In fact, tech-savvy people should fight to ensure that no social network ever "succeed".

Human lives in communities. We join them, we sometimes leave them. Social networks should only be an underlying infrastructure to support our communities. Social networks are not our communities. Social network dies. Communities migrate and flock to different destinations. Nothing ever replaced Google+, which was really popular in my own tech circle. Nothing will replace Twitter or Reddit. Some communities will find a new home on Mastodon or on Lemmy. Some will go elsewhere. That’s not a problem as long as you can have multiple accounts in different places. Something I’m sure you do. Communities can be split. Communities can be merged. People can be part of several communities and several platforms.

Silicon Valley venture capitalists are trying to convince us that, one day, a social network will succeed, will become universal. That it should grow. That social networks are our communities. That your community should grow to succeed.

This is a lie, a delusion. Our communities are worth a lot more than the underlying tool used at some point in time. By accepting the confusion, we are destroying our communities. We are selling them, we are transforming them into a simple commercial asset for the makers of the tool we are using, the tool which exploits us.

Stop trying to make social networks succeed, stop dreaming of a universal network. Instead, invest in your own communities. Help them make long-term, custom and sustainable solutions. Try to achieve small and local successes instead of pursuing an imaginary universal one. It will make you happier.

It will make all of us happier.

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Pourquoi n’y a-t-il pas de Google européen ?

mardi 27 juin 2023 à 02:00

Pourquoi n’y a-t-il pas de Google européen ?

Et pourquoi c’est une bonne chose.

Google, pardon Alphabet, Facebook, pardon Meta, Twitter, Netflix, Amazon, Microsoft. Tous ces géants font partie intégrante de notre quotidien. Tous ont la particularité d’être 100% américains.

La Chine n’est pas complètement en reste avec Alibaba, Tiktok et d’autres moins populaire chez nous, mais brassant des milliards d’utilisateurs.

Et en Europe ? Beaucoup moins, au grand dam des politiciens qui ont l’impression que le bonheur d’une population, et donc ses votes, se mesure au nombre de milliardaires qu’elle produit.

Pourtant, dans le domaine Internet, l’Europe est loin d’être ridicule. Elle est même primordiale.

Car si Internet, interconnexion entre les ordinateurs du monde entier, existait depuis la fin des années 60, aucun protocole ne permettait de trouver de l’information. Il fallait savoir exactement ce que l’on cherchait. Pour combler cette lacune, Gopher fut développé aux États-Unis tandis que le Web, combinaison du protocole HTTP et du langage HTML, était inventé par un citoyen britannique et un citoyen belge qui travaillaient dans un centre de recherche européen situé en Suisse. Mais, anecdote croustillante, leur bureau débordait la frontière et on peut dire aujourd’hui que le Web a été inventé en France. Difficile de faire plus européen comme invention ! On dirait la blague européenne officielle ! (Note: tout comme Pluton restera toujours une planète, les Britanniques resteront toujours européens. Le Brexit n’est qu’une anecdote historique que la jeune génération s’empressera, j’espère, de corriger).

Bien que populaire et toujours existant aujourd’hui, Gopher ne se développera jamais réellement comme le Web pour une sombre histoire de droits et de licence, tué dans l’œuf par la quête de succès économique immédiat.

Alors même que Robert Cailliau et Tim Berners-Lee inventaient le Web dans leur bureau du CERN, un étudiant finlandais issu de la minorité suédoise du pays concevait Linux et le rendait public. Pour le simple fait de s’amuser. Linux est aujourd’hui le système d’exploitation le plus populaire du monde. Il fait tourner les téléphones Android, les plus gros serveurs Web, les satellites dans l’espace, les ordinateurs des programmeurs, les montres connectées, les mini-ordinateurs. Il est partout. Linus Torvalds, son inventeur, n’est pas milliardaire et trouve ça très bien. Cela n’a jamais été son objectif.

Mastodon, l’alternative décentralisée à Twitter créée par un étudiant allemand ayant grandi en Russie, a le simple objectif de permettre aux utilisateurs des réseaux sociaux de se passer des monopoles industriels et de pouvoir échanger de manière saine, intime, sans se faire agresser ni se faire bombarder de pub. La pub et l’invasion de la vie privée, deux fléaux du Web moderne ! C’est d’ailleurs en réaction qu’a été créé le réseau Gemini, une alternative au Web conçue explicitement pour empêcher toute dérive commerciale et remettre l’humain au centre. Le réseau Gemini a été conçu et initié par un programmeur vivant en Finlande et souhaitant garder l’anonymat. Contrairement à beaucoup de projets logiciels, Gemini n’évolue plus à dessein. Le protocole est considéré comme terminé et n’importe qui peut désormais publier sur Gemini ou développer des logiciels l’utilisant en ayant la certitude qu’ils resteront compatibles tant qu’il y’aura des utilisateurs.

On entend souvent que les Européens n’ont pas la culture du succès. Ces quelques exemples, et il y’en a bien d’autres, prouvent le contraire. Les Européens aiment le succès, mais pas au détriment du reste de la société. Un succès est perçu comme une œuvre pérenne, s’inscrivant dans la durée, bénéficiant à tous les citoyens, à toute la société voire à tout le genre humain.

Google, Microsoft, Facebook peuvent disparaître demain. Il est même presque certain que ces entreprises n’existent plus d’ici quarante ou cinquante ans. Ce serait même potentiellement une excellente chose. Mais pouvez-vous imaginer un monde sans le Web ? Un monde sans HTML ? Un monde sans Linux ? Ces inventions, initialement européennes, sont devenues des piliers de l’humanité, sont des technologies désormais indissociables de notre histoire.

La vision américaine du succès est souvent restreinte à la taille d’une entreprise ou la fortune de son fondateur. Mais pouvons-nous arrêter de croire que le succès est équivalent à la croissance ? Et si le succès se mesurait à l’utilité, à la pérennité ? Si nous commencions à valoriser les découvertes, les fondations technologiques léguées à l’humanité ? Si l’on prend le monde à la lueur de ces nouvelles métriques, si le succès n’est plus la mesure du nombre de portefeuilles vidés pour mettre le contenu dans le plus petit nombre de poches possible, alors l’Europe est incroyablement riche en succès.

Et peut-être est-ce une bonne chose de promouvoir ces succès, d’en être fier ?

Certains sont fiers de s’être enrichis en coupant le plus d’arbres possible. D’autres sont fiers d’avoir planté des arbres qui bénéficieront aux générations futures. Et si le véritable succès était de bonifier, d’entretenir et d’augmenter les communs au lieu d’en privatiser une partie ?

À nous de choisir les succès que nous voulons admirer. C’est en choisissant de qui nous chantons les louanges que nous décidons de la direction dès progrès futurs.

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How to Kill a Decentralised Network (such as the Fediverse)

vendredi 23 juin 2023 à 02:00

How to Kill a Decentralised Network (such as the Fediverse)

Year is 2023. The whole Internet is under the control of the GAFAM empire. All? No. Because a few small villages are resisting the oppression. And some of those villages started to agregate, forming the "Fediverse".

With debates around Twitter and Reddit, the Fediverse started to gain fame and attention. People started to use it for real. The empire started to notice.

Capitalists Against Competition

As Peter Thiel, one of Facebook’s prominent investor, put it: "Competition is for losers." Yep, those pseudo "market is always right" people don’t want a market when they are in it. They want a monopoly. Since its inception, Facebook have been very careful to kill every competition. The easiest way of doing it being by buying companies that could, one day, become competitors. Instagram, WhatsApp to name a few, were bought only because their product attracted users and could cast a shadow on Facebook.

But the Fediverse cannot be bought. The Fediverse is an informal group of servers discussing through a protocol (ActivityPub). Those servers may even run different software (Mastodon is the most famous but you could also have Pleroma, Pixelfed, Peertube, WriteFreely, Lemmy and many others).

You cannot buy a decentralised network!

But there’s another way: make it irrelevant. That’s exactly what Google did with XMPP.

How Google joined the XMPP federation

At the end of the 20th century, instant messengers (IM) were all the rage. One of the first very successful ones was ICQ, quickly followed by MSN messenger. MSN Messenger was the Tiktok of the time: a world where teenagers could spend hours and days without adults.

As MSN was part of Microsoft, Google wanted to compete and offered Google Talk in 2005, including it in the Gmail interface. Remember that, at the time, there was no smartphone and very little web app. Applications had to be installed on the computer and Gmail web interface was groundbreaking. MSN was even at some point bundled with Microsoft Windows and it was really hard to remove it. Building Google chat with the Gmail web interface was a way to be even closer to the customers than a built-in software in the operating system.

While Google and Microsoft were fighting for hegemony, free software geeks were trying to build decentralised instant messaging. Like email, XMPP was a federated protocol: multiple servers could talk together through a protocol and each user would connect to one particular server through a client. That user could then communicate with any user on any server using any client. Which is still how ActivityPub and thus the Fediverse work.

In 2006, Google talk became XMPP compatible. Google was seriously considering XMPP. In 2008, while I was at work, my phone rang. On the line, someone told me: "Hi, it’s Google and we want to hire you." I made several calls and it turned out that they found me through the XMPP-dev list and were looking for XMPP servers sysadmins.

So Google was really embracing the federation. How cool was that? It meant that, suddenly, every single Gmail user became an XMPP user. This could only be good for XMPP, right? I was ecstatic.

How Google killed XMPP

Of course, reality was a bit less shiny. First of all, despites collaborating to develop the XMPP standard, Google was doing its own closed implementation that nobody could review. It turns out they were not always respecting the protocol they were developing. They were not implementing everything. This forced XMPP development to be slowed down, to adapt. Nice new features were not implemented or not used in XMPP clients because they were not compatible with Google Talk (avatars took an awful long time to come to XMPP). Federation was sometimes broken: for hours or days, there would not be communications possible between Google and regular XMPP servers. The XMPP community became watchers and debuggers of Google’s servers, posting irregularities and downtime (I did it several times, which is probably what prompted the job offer).

And because there were far more Google talk users than "true XMPP" users, there was little room for "not caring about Google talk users". Newcomers discovering XMPP and not being Google talk users themselves had very frustrating experience because most of their contact were Google Talk users. They thought they could communicate easily with them but it was basically a degraded version of what they had while using Google talk itself. A typical XMPP roster was mainly composed of Google Talk users with a few geeks.

In 2013, Google realised that most XMPP interactions were between Google Talk users anyway. They didn’t care about respecting a protocol they were not 100% in control. So they pulled the plug and announced they would not be federated anymore. And started a long quest to create a messenger, starting with Hangout (which was followed by Allo, Duo. I lost count after that).

As expected, no Google user bated an eye. In fact, none of them realised. At worst, some of their contacts became offline. That was all. But for the XMPP federation, it was like the majority of users suddenly disappeared. Even XMPP die hard fanatics, like your servitor, had to create Google accounts to keep contact with friends. Remember: for them, we were simply offline. It was our fault.

While XMPP still exist and is a very active community, it never recovered from this blow. Too high expectation with Google adoption led to a huge disappointment and a silent fall into oblivion. XMPP became niche. So niche that when group chats became all the rage (Slack, Discord), the free software community reinvented it (Matrix) to compete while group chats were already possible with XMPP. (Disclaimer: I’ve never studied the Matrix protocol so I have no idea how it technically compares with XMPP. I simply believe that it solves the same problem and compete in the same space as XMPP).

Would XMPP be different today if Google never joined it or was never considered as part of it? Nobody could say. But I’m convinced that it would have grown slower and, maybe, healthier. That it would be bigger and more important than it is today. That it would be the default decentralised communication platform. One thing is sure: if Google had not joined, XMPP would not be worse than it is today.

It was not the first: the Microsoft Playbook

What Google did to XMPP was not new. In fact, in 1998, Microsoft engineer Vinod Vallopllil explicitly wrote a text titled "Blunting OSS attacks" where he suggested to "de-commoditize protocols & applications […]. By extending these protocols and developing new protocols, we can deny OSS project’s entry into the market."

Microsoft put that theory in practice with the release of Windows 2000 which offered support for the Kerberos security protocol. But that protocol was extended. The specifications of those extensions could be freely downloaded but required to accept a license which forbid you to implement those extensions. As soon as you clicked "OK", you could not work on any open source version of Kerberos. The goal was explicitly to kill any competing networking project such as Samba.

This anecdote was told Glyn Moody in his book "Rebel Code" and demonstrates that killing open source and decentralised projects are really conscious objectives. It never happens randomly and is never caused by bad luck.

Microsoft used a similar tactic to ensure dominance in the office market with Microsoft Office using proprietary formats (a file format could be seen as a protocol to exchange data). When alternatives (OpenOffice then LibreOffice) became good enough at opening doc/xls/ppt formats, Microsoft released a new format that they called "open and standardised". The format was, on purpose, very complicated (20.000 pages of specifications!) and, most importantly, wrong. Yes, some bugs were introduced in the specification meaning that a software implementing the full OOXML format would behave differently than Microsoft Office.

Those bugs, together with political lobbying, were one of the reasons that pushed the city of Munich to revert its Linux migration. So yes, the strategy works well. Today, docx, xlsx and pptx are still the norms because of that. Source: I was there, indirectly paid by the city of Munich to make LibreOffice OOXML’s rendering closer to Microsoft’s instead of following the specifications.

Meta and the Fediverse

People who don’t know history are doomed to repeat it. Which is exactly what is happening with Meta and the Fediverse.

There are rumours that Meta would become "Fediverse compatible". You could follow people on Instagram from your Mastodon account.

I don’t know if those rumours have a grain of truth, if it is even possible for Meta to consider it. But there’s one thing my own experience with XMPP and OOXML taught me: if Meta joins the Fediverse, Meta will be the only one winning. In fact, reactions show that they are already winning: the Fediverse is split between blocking Meta or not. If that happens, this would mean a fragmented, frustrating two-tier fediverse with little appeal for newcomers.

I know we all dream of having all our friends and family on the Fediverse so we can avoid proprietary networks completely. But the Fediverse is not looking for market dominance or profit. The Fediverse is not looking for growth. It is offering a place for freedom. People joining the Fediverse are those looking for freedom. If people are not ready or are not looking for freedom, that’s fine. They have the right to stay on proprietary platforms. We should not force them into the Fediverse. We should not try to include as many people as we can at all cost. We should be honest and ensure people join the Fediverse because they share some of the values behind it.

By competing against Meta in the brainless growth-at-all-cost ideology, we are certain to lose. They are the master of that game. They are trying to bring everyone in their field, to make people compete against them using the weapons they are selling.

Fediverse can only win by keeping its ground, by speaking about freedom, morals, ethics, values. By starting open, non-commercial and non-spied discussions. By acknowledging that the goal is not to win. Not to embrace. The goal is to stay a tool. A tool dedicated to offer a place of freedom for connected human beings. Something that no commercial entity will ever offer.

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Le génocide du sac à dos

mardi 20 juin 2023 à 02:00

Le génocide du sac à dos

L’actualité nous semble parfois effroyable, innommable, inhumaine. L’horreur est-elle absolue ou n’est-elle qu’une question de point de vue ?

Dans le bunker étanche, les deux scientifiques contemplaient les écrans de contrôle, les yeux hagards. De longues trainées de sueurs dégoulinaient sur leur visage.

— C’est raté, dit la première.

— Ça ne peut pas ! Ce n’est pas possible ! Ce voyage dans le temps est la dernière chance de sauver l’humanité !

— Je te dis que c’est raté. Regarde les caméras de surveillance. Les robots tueurs se rapprochent. La planète continue à brûler. Rien n’a changé. Nous sommes les dernières survivantes.

La seconde secouait machinalement la tête, tapotait sur des voyants.

— Ce n’est pas possible. Ça ne pouvait pas manquer. La mission était pourtant simple. Le professeur tout bébé dans un landau dans une plaine de jeux. Nous avions même la localisation exacte et la date.

— Il y’avait plusieurs landaus.

— Les ordres étaient clairs. Les tuer tous. Le sort de la planète dépendait du fait que le Professeur ne puisse pas grandir et créer son armée de destruction. C’était immanquable.

Derrière les humaines, la porte s’ouvrit et les robots firent leur apparition, leur silhouette se détachant sur le paysage apocalyptique de la planète en train de se consumer.

— « Se rendre le 8 juin 2023 au Pâquier d’Annecy et détruire les organismes dans les landaus de la pleine de jeu. » C’était pourtant pas compliqué. Comment cela a-t-il pu foirer ?

— Malgré le conditionnement mental, il n’a pas pu, répliqua la première. Il a hésité une fraction de seconde.

— Tout ça à cause d’un type avec un sac à dos.

— À quoi tient le destin d’une planè…

Elles n’achevèrent pas et s’écroulèrent, mortes, au pied des terrifiants automates floqués du célèbre logo de l’entreprise d’intelligence artificielle fondée en 2052 par celui qui s’était fait appeler « le Professeur ».

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