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Printeurs, livre 1 : La fin de l’innocence

samedi 15 mars 2014 à 13:18
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Dans un monde où les publicités s’affichent directement dans vos lentilles de contact et où les voitures automatiques vous conduisent immédiatement à votre destination, Nellio et Eva vont tenter de mettre au point une imprimante 3D d’un tout nouveau type. Une invention qui risque fort de remettre en question le fragile équilibre entre une classe sociale inactive qui rêve de travail et le monde lointain des stars de cinéma et de la finance. Mais, entre un ciel constellé de drones et des rues tapissées de caméras, Nellio et Eva ne s’attaquent-ils pas à plus fort qu’eux ? Et l’équilibre social est-il bien la seule chose que leur imprimante remet en cause ?

Voici, en deux mots, résumé l’histoire de Printeurs dont vous avez pu lire les 19 premiers épisodes sur ce blog. 19 épisodes qui forment une première partie, « La fin de l’innocence », que je vous invite à (re)découvrir sous forme de livre électronique.

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 Format .epub - Format .pdf

Sans votre présence, vos partages et vos relectures attentives, Printeurs n’existerait pas. Je n’ai qu’un seul mot : merci ! Merci pour vos messages d’encouragements, vos signalement de fautes, votre impatience à lire la suite. Un merci tout spécial à François Martin, qui a honoré Printeurs de son encyclopédique connaissance orthographique, et à Roudou, qui a réalisé la couverture de cette première partie en moins de 48h !

Comme tous mes écrits, Printeurs est payant. Mais le prix est libre. Si vous appréciez Printeurs, n’hésitez pas à soutenir librement son écriture. Grâce à la suggestion d’un lecteur, vous pouvez également vous abonner à Printeurs sur Flattr. Il suffit de cliquer deux fois pour m’envoyer, chaque mois, un Flatt.

Quant à la seconde partie ? Et bien je vous invite à la découvrir dès la semaine prochaine sur ce blog.

Bonne lecture !

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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La voiture, premier front de la guerre à l’innovation

mercredi 12 mars 2014 à 14:26
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Un véritable conflit de société est sur le point d’éclater entre, d’une part, la génération numérique et sa soif de progrès et, d’autre part, les tenants du pouvoir actuel qui, loin de rattraper leur retard, s’enfoncent chaque jour un peu plus dans le déni et le conservatisme aveugle. Si Internet et son économie de l’abondance menace l’industrie de la culture, si le Bitcoin peut se révéler le premier clou dans le cercueil du système bancaire, il semblerait que le premier réel coup de feu de cette guerre d’un nouveau genre aie été tiré sur un tout autre front : celui de la voiture.

La voiture, un symbole destructeur

Oui, la voiture est réellement utile. Contrairement aux nombreux systèmes de transports en commun, la voiture permet une granularité temporelle et spatiale particulièrement fine. Je pars à la seconde souhaitée, j’arrive à l’endroit désiré.

Si la voiture n’était qu’un outil fonctionnel, nous roulerions joyeusement dans des automobiles anciennes et bon marché. Mais le marketing en a décidé autrement. Durant des siècles, le déplacement était un luxe réservé à une classe de nobles dont le nom même était issu de leur moyen de locomotion : les chevaliers. Le cheval était un symbole de richesse, de pouvoir. Jouant sur cette filiation, les vendeurs de voiture ont très tôt donné à leur produit un caractère extraordinaire, le rendant complètement indispensable. Quel chef d’entreprise, quel ministre, quel homme riche oserait rouler dans une petite voiture cabossée ? Dans un absurde retournement de situation comme seul peut en créer un bon marketing, la classe moyenne s’est endettée afin de pouvoir rouler dans « une voiture de riche ».

Depuis tout enfant, nous admirons les voitures, nous connaissons les marques, les modèles, nous allons même à des salons ou des expositions pour voir ce qui n’est, finalement, qu’un parallélépipède de métal qui va nous coincer dans les bouchons 2h par jour. Pire, la voiture est extrêmement nocive pour l’environnement et pour la santé. Mais oser critiquer le dieu Voiture relève du blasphème. Toute tentative de toucher à la voiture vaudra immédiatement un lynchage collectif, raison pour laquelle aucun politicien n’ose aborder le problème autrement que par des mesurettes et des périphrases. Le marketing a vaincu la politique, la voiture est le symbole suprême de l’ancien monde.

Une obsolescence prévisible

Pourtant, la voiture est condamnée à disparaître dans sa forme actuelle. À partir du moment où les voitures seront autonomes, et nous n’en sommes pas loin, il ne faut pas être grand clerc pour deviner que posséder son propre véhicule deviendra inutile. Comme je le décrivais, il suffira de cliquer sur son smartphone et une voiture se tiendra devant chez vous en quelques minutes, vous amenant à destination sans que vous ayez à chercher une place de parking.

Actuellement, la majorité du parc automobile est immobilisé la majeure partie du temps. Votre voiture ne roule que lorsque vous vous déplacez, ce qui représente moins de 10% du temps. Les voitures autonomes permettraient d’optimiser cela en gardant les véhicules en activité la plupart du temps. Moins de production de véhicules, moins de déchets. Un grand plus pour l’environnement.

Sans le savoir, les services comme Uber et Djump nous préparent à ce bouleversement. Certes, les voitures sont encore conduites par des chauffeurs humains, ce qui rend le service relativement onéreux et accessible uniquement dans les grandes villes. Néanmoins, le principe est là : un clic sur son smartphone, embarquement dans la voiture, débarquement à destination sans se préoccuper de quoi que ce soit, le paiement se faisant via l’app.

J’aime particulièrement Djump qui pousse le vice jusqu’à laisser les voyageurs fixer eux-mêmes leur prix. Le prix libre appliqué à un service !

Une coalition des entreprises et de l’état

Le coût total d’une voiture, lorsqu’on prend en compte l’achat, les assurances, l’entretien, les changements de pneus, l’essence ou les petites réparations est astronomique. Il est probable que votre voiture vous coûte entre 10% et 20% de votre budget mensuel. Une évolution vers des voitures partagées autonomes est donc entièrement bénéfique aux citoyens qui verront le coût global de déplacement diminuer. C’est également un réel confort de vie. Les heures actuellement perdues en déplacement pourront être passées à travailler, à lire, à communiquer, à se distraire. Le gain écologique sera également phénoménal : les voitures électriques pourront se généraliser car elles seront assez intelligentes pour se recharger dans les heures creuses. Sans compter la diminution drastique du nombre d’accidents.

Malheureusement, toutes ces innovations bénéfiques, toutes ces améliorations de nos vies individuelles et de notre société sont une menace envers le symbole de la voiture individuelle. Les entreprises zombies et les états se sont donc lancés dans une guerre ouverte envers tout ce qui pourrait remettre en cause le monopole de la voiture.

Aux États-Unis, trois états interdisent les voitures électriques Tesla, qui confortent pourtant le symbole de la voiture individuelle mais le font subtilement évoluer. Le prétexte de cette interdiction ? Les voitures sont vendues directement par le constructeur et non pas par un vendeur intermédiaire.

À Paris, les voitures Uber devront attendre 15 minutes avant d’embarquer un client pour préserver le monopole des taxis. À Bruxelles, les véhicules d’Uber ont tout simplement été saisis et l’association des taxis bruxellois a porté plainte contre Djump.

djump

À l’approche des élections, chaque parti aura à cœur de rajouter dans son programme quelques lignes pour la préservation de l’environnement, le désengorgement des grandes villes et l’encouragement au covoiturage. Mais, dans les fait, dès qu’une solution réelle se dégage, elle est immédiatement étouffée dans l’œuf.

Ce qui est extraordinaire dans tous ces événements, c’est que ni les entreprises de l’ancien monde ni l’état ne cherchent à camoufler leurs actions en inventant un quelconque intérêt pour le client. Il s’agit, de la manière la plus ouverte possible, d’artificiellement préserver des business models obsolètes en allant à l’encontre de l’intérêt des citoyens ou de la société. Il n’y a aucun argument, aucune discussion. Il s’agit d’une véritable guerre contre l’innovation.

Paul Graham, fondateur de l’incubateur de startups Y combinator, n’hésite pas à parler de corruption. Et comment appeler autrement cette situation où l’état se met de la manière la plus directe possible au service d’intérêts privés ?

paulgraham

Nous sommes dans la situation absurde où les gens que nous avons nous-même élus se battent contre nos propres intérêts, contre notre propre avenir, contre les jeunes entrepreneurs qui ont investi leur temps, leur argent et leur énergie pour créer un service utile et en tout point de vue bénéfique.

À votre avis, combien de temps un tel système peut-il encore tenir et faire des dégats ?

 

Photo par Wizardhat.

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Bienvenue dans le futur

mardi 31 décembre 2013 à 16:04
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Je me souviens d’une époque où je rêvais de pouvoir me passer des encombrants CDs et écouter directement la musique stockée sur mon ordinateur depuis mon divan. J’expérimentais avec des écrans tactiles afin de réaliser une interface confortable. Je réfléchissais à la meilleure manière de câbler un appartement ou une maison. Je me renseignais sur les serveurs de stockage à installer chez moi. Le concept de domotique existait mais était définitivement hors de portée de mon budget.

Au même moment, je travaillais sur les GPS fournis avec les voitures. Nous réfléchissions à la meilleure manière de mettre à jour correctement les cartes et nous rêvions de pouvoir obtenir, en temps réel, les infos trafic. Pour ma part, je réfléchissais à la meilleure manière de synchroniser ma musique, celle que j’écoutais dans mon salon, avec le GPS de la voiture. Mais, de toutes façons, ces systèmes étaient réservés aux voitures haut de gamme. Des options à plusieurs milliers d’euros. Je n’en profiterais pas avant plusieurs dizaines d’années.

À propos de GPS, j’allais parfois courir avec un Tomtom gros comme un poing, pesant plusieurs centaines de grammes. J’imaginais écrire un logiciel qui sauvegarderait mon trajet afin d’établir une carte de mes parcours. Les fabricants de cardiofréquencemètres en parlaient pour leurs prochains modèles haut de gamme. Alléchant mais très cher.

Parlons de calendrier justement. J’avais testé le calendrier électronique sur le Nokia N700 puis sur le N800. Je jonglais avec un calendrier électronique interne au boulot, mais, pour finir, tout finissait malgré tout dans mon bon vieux agenda papier. L’agenda électronique n’était définitivement pas pratique.

Tout cela se déroulait il y a… 6 ou 7 ans !

Alors que l’année s’achève, je réalise que, pour quelques centaines d’euros, mon téléphone me permet aujourd’hui d’écouter toute ma collection musicale n’importe où dans le monde. Grâce à un adaptateur Bluetooth à 25€, je profite du son sur les enceintes de la chaîne hi-fi du salon. Et grâce à un câble à 2€, je peux également l’écouter dans la voiture. D’ailleurs, dans ma voiture, mon GSM fait également office de GPS, avec cartes mises à jour et informations sur le trafic en temps réel.

Quand je vais courir, mon téléphone sauvegarde mon parcours, mes meilleurs temps et me permet de partager tout cela avec mes amis. Un GSM qui me sert également de calendrier, me rappelle les anniversaires. Il a remplacé mon appareil photo, mon scanner, ma console portable, mon carnet de notes, mon réveil, mon agenda.

Il est facile d’oublier, de considérer comme acquises toutes les innovations qui nous entourent. Mais en gardant un regard frais, naïf, notre monde peut devenir une source continuelle d’émerveillement.

Bienvenue dans le futur !

 

 Photo par Danka & Peter.

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Pour une alimentation intellectuelle saine et variée

mercredi 18 décembre 2013 à 19:39
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Ces dernières années, de plus en plus de personnes ont pris conscience que tout n’était pas bon à manger, qu’il était nécessaire d’avoir une alimentation équilibrée et, si possible, saine. Notre corps évolue sur base de ce que nous mangeons. Il n’est donc pas étonnant que la « malbouffe » ait entraîné de nombreux troubles physiologiques. Obésité et diabète sont les plus visibles mais d’autres, plus pernicieux, sont probablement également favorisés par notre régime alimentaire moderne. Citons le cancer et la dépression.

Mais si vous faites attention à ce qui rentre dans votre corps, qu’en est-il de votre esprit ?

Notre cerveau, notre intelligence s’adapte et évolue en fonction de la nourriture que nous lui donnons. Mais faites-vous réellement attention à ce que vous consommez intellectuellement ?

Les toxiques

Dans la nourriture, il y a des ingrédients qui sont fortement indésirables comme les pesticides, les conservateurs chimiques, les colorants. Personne ne souhaite en manger mais beaucoup se résignent en les considérant comme un mal nécessaire ou en minimisant leurs effets.

Pour notre cerveau, l’équivalent est frappant : il s’agit de la publicité. Les publicités nous influencent bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Elles transforment notre esprit et notre intelligence pour façonner un abrutissement convenu. Les publicitaires eux-mêmes ont à peine conscience des incroyables dégâts qu’ils sont en train de nous infliger.

Il n’est pas possible de supprimer toute la publicité (la définition de publicité étant floue, ce n’est d’ailleurs pas souhaitable). Mais il est de notre devoir de s’en protéger lorsque c’est possible.

Prétendre que bloquer les publicités cause un tort aux producteurs de contenus sur le net revient à dire qu’arrêter de fumer est irresponsable vis-à-vis des pauvres petits planteurs de tabac dans des pays en voie de développement. Surtout qu’ils n’ont rien d’autre à cultiver.

Les friandises

Sucreries et fast-food sont un type de nourriture que nous devrions idéalement proscrire ou, en tout cas, consommer avec une grande modération. Pourtant, nous avons du mal à résister et nous tombons souvent dans l’excès. Contrairement aux toxiques, il s’agit ici d’une consommation volontaire mais souvent compulsive.

Le parallèle avec les journaux et les « news » est frappant. Proust disait « Ce que je reproche aux journaux, c’est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie des livres où il y a des choses essentielles. »

Prenez une seconde pour réfléchir et soyez honnête : quand une nouvelle a-t-elle eu une influence réelle sur votre vie, vos décisions ou votre manière de voir le monde ? Il est probable que vous puissiez compter ce genre de nouvelles sur une seule main. Et que même si vous n’aviez jamais lu le moindre journal de votre vie, cette nouvelle vous serait parvenue, d’une manière ou d’une autre.

Et pourtant, nous consacrons chaque semaine plusieurs heures de notre vie « à nous tenir informés ».

Bien entendu, être informé n’est pas complètement inutile. C’est important en ce qui concerne votre domaine professionnel et c’est également une source de discussion avec les autres. Mais, convenons-en, l’utilité est plus que limitée pour un coût temporel énorme.

Pire : le format des courtes nouvelles, tout comme un snack ou un hamburger, est facile à mâcher, pré-digéré et forme notre cerveau à ce type d’informations, rendant la lecture de longs articles ou de livres de plus en plus difficile, de plus en plus rare. Tout comme le fast-food, les actualités n’apportent pas un réel plaisir. Passez une heure à lire des sites de nouvelles, vous en sortirez légèrement écœuré mais avec le besoin, l’envie, de continuer. Le plaisir d’avoir lu un long article très intéressant ou le chapitre d’un livre est incomparable.

Les bonnes choses

Pour développer son intelligence et ses capacités, il n’y a pourtant pas de secret : il faut lire. Warren Buffet y voit le secret de son succès et pose cette question : « Connaissez-vous une seule personne qui soit intellectuellement brillante et qui n’aime pas lire ? » Pour le général américain James Mattis, qui a commandé les forces de l’OTAN, ceux qui ne lisent pas sont condamnés à tout apprendre par essais et erreurs. Pour lui, en tant que militaire, une erreur signifie généralement la vie de soldats.

Mais que lire ? Comme nous l’avons vu, il ne suffit pas de lire des courtes nouvelles, des « breaking news » sur des sujets dont nous n’avons, au fond, que faire. Il faut savoir faire le tri, repérer les produits bios, les petits producteurs de qualité.

Pour cela, je vous propose de faire nôtre l’adage populaire : « Les petites gens parlent des personnes, les gens normaux parlent des événements et les gens brillants parlent des idées ».

Une question se pose avant une lecture : « Est-ce que ce texte contient des idées ? » Si oui, je peux me lancer dans la lecture. Et une fois que j’ai compris l’idée principale, je me pose la question de savoir s’il est utile de poursuivre la lecture jusqu’au bout. Si le texte est très court, il ne contient généralement pas d’idée. Et s’il s’agit d’une vidéo, l’idée, si idée il y a, est très certainement diluée.

En ce qui concerne la fiction, je rejoins Neil Gaiman : elle est nécessaire, indispensable. Une fiction, c’est un concentré d’idées, d’expériences. À travers une fiction, vous pouvez former votre esprit à rencontrer des situations imprévues. Vous développez votre imaginaire, votre créativité.

Conclusion

« Faire attention à équilibrer mon régime intellectuel », ne serait-ce pas une excellente résolution pour 2014 ? J’ai d’ailleurs déjà décrit ma méthode personnelle pour lire de longs articles intéressants.

Bien entendu, il ne faut pas devenir extrêmiste. Il s’agit plutôt d’une prise de conscience : si la vidéo que je vais regarder ou l’article que je vais lire s’intitule « Les 10 choses les plus… » ou « Vous devez regarder cette vidéo » ou « Vous allez pleurer/rire », il s’agit plus que probablement d’une anecdote. Le contenu est peut-être très bien mais, comme un fast-food, il sera vite digéré et oublié, ne vous apportant rien.

Rien ne sert de s’exposer en permanence aux dernières nouvelles, au dernier buzz, à vouloir suivre en direct. Laissez le temps agir et attendez quelques jours ou quelques semaines qu’une article récapitule le tout en développant les idées. Si ce n’est pas le cas, c’est que l’anecdote n’en valait pas la peine. Laissez les autres faire le tri pour vous et consommez ce genre de choses à petites doses.

Profitez de 2014 pour reprendre goût aux longs articles détaillés et aux briques de fiction ! Les livres et les longs articles, c’est un peu comme le sport : quand on n’a plus l’habitude, cela nous semble un calvaire. Mais, après chaque séance, on se sent bien et un peu plus fort qu’avant.

 

Photo par Brett.

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Le Cadeau réutilisable

mercredi 11 décembre 2013 à 17:19
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Vous ne savez pas quoi offrir à Noël ? L’idée de vous entasser dans des centres commerciaux surchauffés vous donne des boutons ? Après une journée de shopping en ligne, vous vous sentez sale et souillé à cause de tous ces emails de spam qui remplissent déjà votre boîte et de tous ces suppléments livraisons/garanties/arnaques diverses qui surchargent votre carte bleue ?

Pourquoi ne pas faire comme des milliers de hipsters à travers le monde et opter pour le ForeverGift ? Le ForeverGift, c’est la sensation de cet hiver 2015. Tout San Francisco se l’arrache ! Pourtant, beaucoup restent dubitatif sur ce concept que certains n’hésitent pas à qualifier d’arnaque pure et simple.

« ForeverGift est un enfant de la crise » nous confie Pablo Sanchez, son concepteur. « Il est né dans une Espagne attachée à ses traditions mais où la crise économique et un taux de chômage de 50% dans la tranche des 20-30 ans rend le moindre achat extrêmement difficile. »

Pour être honnête, le Madrilène ne s’attendait pas à un tel succès. Il est parti d’un constat pourtant simple et maintes fois observé.

« Nous n’avons plus les moyens, ni économiques ni écologiques, de nous payer des biens matériels. Mais la technologie les rend également obsolètes. La vraie richesse, de nos jours, c’est de vivre léger, avec le matériel strictement nécessaire. Nous virtualisons tout ce qui peut l’être. À quoi bon offrir un livre ou une bande dessinée ? C’est un gaspillage de papier ! Quant à un CD ou un DVD, n’en parlons même pas. Du coup, afin de garder un budget cadeau raisonnable, nous avons tendance à offrir des babioles, des petits gadgets parfaitement inutiles. Ces cadeaux étant inutiles, ils sont eux-mêmes offerts l’année d’après ou revendus sur des sites de seconde main. Quand ils ne finissent pas tout simplement à la poubelle après un passage plus ou moins long dans un grenier poussiéreux. Malgré cela, il est impensable de ne pas offrir un cadeau à Noël ou lors d’un anniversaire ! C’est un symbole important. »

Un constant que les grands du web ont bien compris, tentant d’attirer le marché avec des bons d’achat sur Google Play, iTunes ou Amazon. Mais pour Pablo Sanchez, ce n’est pas la même chose. Un bout de papier avec un code ne remplace pas un cadeau. Sans compter que, la crise aidant, la plupart de ses amis se fournissent en livres électroniques, musique, films et logiciels sur les circuits pirates. Un peu moins pratique mais gratuit.

« Totalement à court d’idées pour le réveillon de Noël de l’année passée, sans un sous, j’ai décidé d’offrir à chacun une belle boîte avec un bel emballage. La boîte était vide mais j’avais collé une étiquette dessus. »

Cette étiquette est désormais devenue célèbre et est la marque de fabrique de ForeverGift :

« Ce cadeau est un cadeau réutilisable. Il peut vous sauver de l’embarras. Gardez-le précieusement afin de l’offrir lorsque vous n’aurez pas d’idée de cadeau. »

Alors qu’il avait peur de vexer ses amis, Pablo Sanchez est étonné de l’accueil fait à son cadeau réutilisable. Le succès est tel qu’à peine trois semaines plus tard, il reçoit, pour son anniversaire deux ForeverGift qu’il avait lui-même conçus et qui avaient déjà voyagé de main en main. Grâce à l’aide d’un ami, il monte un site de vente et commence à livrer ses ForeverGift dans le monde entier, tout en se diversifiant.

« Je me suis rendu compte que tout le monde n’avait pas la même idée de la valeur idéale d’un cadeau. Certains aiment offrir des petites choses à 5 € ou 10 €. D’autres, au contraire, considèrent qu’un cadeau doit être au minimum de 50 €. Du coup, j’ai créé des ForeverGift de différentes tailles, pour satisfaire tous les goûts. Inconsciemment, nous accordons beaucoup d’importance au volume d’un cadeau. C’est d’ailleurs, à mon avis, l’une des raisons de l’échec des cartes Google Play/iTunes/Amazon. »

Si le succès commercial est au rendez-vous, les critiques s’élèvent. Beaucoup voient en Pablo un arnaqueur qui vend des boîtes vides à 50 €. D’autres tentent de copier le concept.

« Je ne suis pas un arnaqueur. Les gens savent très bien ce qu’ils achètent, il est marqué en grand sur le site que les boîtes sont vides. Je ne suis pas un vendeur de boîtes : je vends un service, le confort de ne plus devoir se prendre la tête avant de faire un cadeau. D’ailleurs, n’importe qui peut faire la même chose avec une boîte et de l’emballage. Mais le logo ForeverGift a acquis de l’importance. Lorsqu’on reçoit un ForeverGift, on sait que, directement ou non, la personne qui nous l’offre a fait une dépense. Si vous recevez une bête boîte en carton avec une copie de ma lettre, cela fait un peu radin. »

Le coût d’un cadeau serait donc un élément essentiel. ForeverGift ne serait que la cristallisation de ce concept sociétal.

« Pendant des millénaires, les biens matériels ont été un signe de richesse, poursuit Pablo. Ces dernières décennies ont vu un véritable bouleversement de nos codes de valeur. Lorsque vous voyez une maison de milliardaire à la télé, ce qui frappe c’est l’espace, le vide, la place. Si par contre vous voyez une maison remplie à ras bord d’objets et de biens matériels, vous savez inconsciemment que vous êtes chez des gens relativement pauvres. Un bien demande de l’entretien, de la place. Il faut de plus en plus payer pour s’en débarrasser. La véritable richesse, c’est le vide. Au fond, ForeverGift, c’est un symbole, c’est le cadeau du 21e siècle. »

ForeverGift, idée du siècle ou arnaque ?

« Si vous pensez que c’est une arnaque et que vous recevez un ForeverGift, mettez-le au recyclage directement. Tant pis. Mais vous verrez. Vous serez très tenté de le garder pour une occasion où vous n’aurez pas d’idée. À ce moment-là, vous changerez peut-être d’avis ! »

 

Photo par Asenat29. Relecture par François Martin.

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