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1er janvier 2022, quelques minutes après minuit

samedi 1 janvier 2022 à 12:17

Les feux d’artifice résonnent dans notre quartier. Après avoir embrassé mon épouse et lui avoir souhaité une bonne année 2022, je suis allé dans mon bureau pour mettre en pratique une résolution prise et préparée depuis presque deux mois. J’ai hésité une seconde. Voilà deux mois que l’idée a germé, que j’attends ce moment avec impatience, que je tourne et retourne les modalités pratiques dans ma tête. Pourtant, au moment fatidique, une partie de moi me fait croire que je n’en ai pas vraiment besoin. Que ça peut attendre. Être plus progressif.

Le sentiment d’être un addict me frappe de plein fouet. Jusque là, j’avais toujours cru que tout n’était qu’une question de choix. Que j’arrêtais quand je le voulais. Pourtant, même après deux mois de préparation enthousiaste, mon inconscient cherche à négocier jusqu’au dernier moment.

Pour ne pas lui laisser la moindre marge de manœuvre, j’agis sans regarder mon écran. Le cœur battant, j’arrache le câble RJ-45 relié à mon ordinateur et le sort de mon bureau.

2022 sera une année déconnectée. Une année loin du web.

C’est en prévision de ce moment que j’ai désactivé le wifi de mon portable et n’utilise plus que la connexion câblée depuis plusieurs mois. C’est en prévision de ce moment que j’ai configuré mon ordinateur et passé mes dernières semaines à coder.

Depuis mon premier site web il y a vingt-quatre ans, le web a fait de moi qui je suis. Je lui ai offert des dizaines de milliers d’heures de ma vie et il m’a donné en échange des idées, des rencontres, des carrières, des opportunités dont je n’aurais osé rêver. Pourtant, depuis plusieurs années, un sentiment diffus s’est installé. La balance s’est subtilement inversée. Le web me prend plus. Affecte mon humeur, ma santé, ma productivité. Il m’apporte moins. De moins en moins. Avec une qualité déclinante.

La qualité, les réflexions, elles sont pourtant à portée de main dans les rayonnages des bibliothèques qui constellent ma maison. Malheureusement, après quelques pages, mes yeux se tournent machinalement vers l’écran qui scintille, qui m’appelle.

Une idée germe. Je lance mon éditeur pour en rédiger les balbutiements. Mais derrière l’éditeur se tapit, sournois, un navigateur web toujours lancé, près à s’engouffrer dans la moindre hésitation, à interpréter le moindre frémissement des mes doigts sur le clavier comme une invitation à flâner en ligne. Confronté à une phrase difficile, je m’échappe, je clique machinalement de lien en lien, cherchant La Nouvelle Importante, l’Article Tellement Intéressant avant de constater que mon idée initiale s’est tarie.

Je m’arrache à cette lascive procrastination d’un suprême effort de volonté, je m’immerge dans ce que les anglophones appellent le « flow » avant d’être interrompu par une notification de mise à jour d’un logiciel que j’utilise. Le calendrier m’affiche le rappel de l’anniversaire d’une vague connaissance ou d’un événement que j’avais pourtant refusé. Ma boîte mail se met à clignoter. N’avais-je pourtant pas désactivé ces notifications ? Malgré le fait qu’il soit en silencieux, mon téléphone s’illumine dans mon champ de vision, car un énième message s’est empilé dans l’un de ces groupes Whatsapp ou Signal auxquels j’ai été, à un moment ou un autre, ajouté.

Ding Dong ! On sonne à la porte. Le livreur apporte un colis que je ne me souvenais même plus avoir commandé. Plutôt que de travailler à mes tâches importantes, une énième idée m’était venue, j’avais investigué le matériel nécessaire pour la mettre en place et j’avais même passé commande devant une offre alléchante. J’en avais profité pour commander la liste des livres que mon libraire ne peut pas obtenir en un temps décent. Malgré que la commande ait été faite tout d’un bloc et sans urgence, Amazon va me les faire parvenir au compte-goutte, chaque livre nécessitant un arrêt de la camionnette et une sonnerie de porte.

Les enfants rentrent de l’école. Je n’ai pas progressé dans les tâches que je m’étais fixées. Par contre, des millions de fragments d’idées ont germé dans la sérendipité du web, me remplissant de nouveaux objectifs, de nouveaux projets que je devrais accomplir si le web m’en laissait le temps. Ma liste de tâche n’a donc fait qu’augmenter, avec elle ma frustration.

En 2022, c’est décidé, je me déconnecte. J’envoie valser un quart de siècle de réflexes, de conditionnement. Je veux réapprendre à aimer mon ordinateur, ne plus le voir comme un ennemi, en avoir peur.

Mais est-ce réaliste ? Tant de choses se font sur le web désormais. Se déconnecter du web, s’est également se passer de tout un pan d’Internet aussi indispensable que l’électricité ou l’eau courante.

La connexion m’est, professionnellement et par passion, incontournable. Mais je peux la rendre minimale, contrôlée. Consciente. Efficace.

C’est à cela que je me prépare depuis deux mois. C’est cela que je m’apprête à mettre en production alors que les pétards se sont tus, mais pas encore les échos de la fête.

Une année 2022 déconnectée.

Une année que je vais documenter sous forme d’un livre publié sur ce blog dont vous êtes en train de lire le premier chapitre (et pour lequel je suis à la recherche d’un éditeur ou d’un agent littéraire, y compris pour une version anglophone).

Le point final étant mis à ce chapitre, mon premier réflexe est de me récompenser de mon effort en m’offrant quelques minutes de surf sur le web. Mes doigts cherchent, mais mon esprit conscient réalise l’impossibilité d’assouvir ce désir. Mon navigateur affiche une erreur de connexion.

Nous sommes en 2022. Ça y’est ! Je suis déconnecté.

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Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

Extrait de mon journal, 19 septembre 2021

mardi 2 novembre 2021 à 12:08

J’ai relu la magnifique conclusion du Héros aux mille et un visages de Joseph Campbell. L’essence d’un livre se trouve dans sa conclusion. Tout le reste ne fait que préparer le lecteur à comprendre et pouvoir apprécier cette conclusion. En relisant Campbell, je réalise que ce que je croyais être une recherche d’amélioration de mon écriture devient une quête universelle, un plongeon qui m’entraîne dans la réflexion de ma place dans la société, du rôle de la société, de l’essence de l’individu, de la quête d’identité.

Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? En quoi la lecture et l’écriture peuvent répondre à cette question ? En quoi cette quête peut-elle me réconforter dans ma propre mortalité et dans la mortalité de l’humanité toute entière symbolisée désormais par mes enfants ?

Se passer d’écran, se passer d’interaction nous permet de contempler le gouffre infini de nos questions, de nos angoisses. Une contemplation effrayante, dangereuse. N’est-il point étonnant que la majorité se réfugient dans les viatiques que sont le travail, la suractivité et l’abrutissement réconfortant ? Ce que que nous appelons ennui, solitude, je l’appelle désormais conscience et vérité.

Mais comment pourrais-je juger ceux qui souhaitent inconsciemment s’en écarter ? J’ai fait partie du groupe, j’en fais toujours partie. Je lutte pour m’extirper, pour trouver ou retrouver une illusoire clarté d’esprit que certains n’ont jamais perdu et que d’autres ne pourront jamais imaginer.

Extrait de mon journal intime publié sur recommandation de mon épouse.

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Arrêtez de me suivre sur les réseaux sociaux

samedi 30 octobre 2021 à 16:00

Si vous lisez ce message et que vous me suivez ou que nous sommes amis sur un quelconque réseau social, arrêtez de me suivre. Annulez notre amitié sur Facebook, arrêtez d’aimer ma page, arrêter de me suivre suivre sur Twitter voire sur Mastodon.

J’ai découvert, en supprimant mon compte Linkedin, à quel point cela m’ôtait un poids inconscient de la poitrine, à quel point l’existence même d’un compte à mon nom m’aspirait dans un monde d’apparence, de marketing et de quête de gloriole. Après tout, mon compte Facebook n’a été (re)créé qu’avec l’objectif avoué de me faire élire aux élections de 2012 (ce qui n’a, heureusement, pas fonctionné).

En créant un gemlog, l’équivalent d’un blog pour le protocole Gemini, j’ai retrouvé le plaisir d’écrire simplement, sans fioriture, sans me tracasser du succès potentiel d’un billet ni de mon lectorat. L’influence néfaste des réseaux sociaux, dans laquelle mon égotique quête de gloire m’a fait m’engouffrer, tentant, je m’en excuse aujourd’hui, de vous aspirer avec moi, a transformé mes réflexions en d’amphigouriques prétentions, quémandant les « likes » et les partages à tout prix.

Je supprimerai bientôt mon compte et ma page Facebook, chose que j’ai déjà faite en 2008 et que j’aurais dû refaire il y a bien longtemps. De toute façon, même si vous me suivez sur ce réseau, il y’a beaucoup de chances pour que vous ne voyiez pas ce que je poste.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je vous demande de me « déliker/unfriender/unfollower ».

J’ai en effet observé que l’impact d’un post sur Facebook ou Twitter était toujours très faible en regard du nombre théorique de « followers ».

=> https://ploum.net/le-mensonge-des-reseaux-sociaux/

Une de mes théories est qu’au plus vous avez de followers, au moins Facebook et Twitter diffusent votre contenu pour vous encourager à payer. Si cette théorie est juste, ce que je souhaite vérifier avec cette expérience, en arrêtant de me suivre, vous m’aideriez à diffuser ce message paradoxal : « arrêtez de me suivre ! ».

Contrairement à Facebook et Twitter, je suis complètement aligné avec l’éthique du projet Mastodon. Néanmoins, j’ai l’impression que ce réseau entretient également une quête de « followers ». Je garde toujours mon compte, mais, dans le doute, arrêtez de me suivre également là-bas.

Si mes écrits vous intéressent, vous pouvez vous abonner par mail ou par RSS. Ou tout simplement venir sur ce blog à votre meilleure convenance. Si un billet mérite selon vous d’être partagé, envoyez-le par mail, copiez/collez, imprimez-le. Autorisez-vous également à ne rien partager immédiatement, mais à garder l’idée dans un coin de votre cerveau pour vous l’approprier, pour en parler autour de vous en oubliant son origine.

« Ce que je reproche aux journaux c’est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il y a des choses essentielles. »

(Proust, Du côté de chez Swann)

Comme Proust, je pense que les idées vraiment importantes, celles qui peuvent changer nos vies, ne se trouvent pas dans les médias, dont les réseaux sociaux ne sont qu’une descendance bâtarde, mais dans les livres.

Des livres qui attendent patiemment, dans une bibliothèque de famille ou de quartier, en pile sur votre bureau, dans une caisse au grenier, que vous lâchiez votre écran des yeux.

Aidez-moi à lire plus de livres, arrêtez de me suivre sur les réseaux sociaux !

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Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

The Monstrosity Email Has Become

mercredi 20 octobre 2021 à 11:37

Lot has been said about how the web evolved to become a kind of monstrous entity. If you are on Gemini, you probably see what I’m talking about. The mail protocol has followed a similar evolution but it’s a bit more subtle and has often been summarised as « too much email. ».

I’m currently thinking deeply about Offmini, a protocol which would be to email what Gemini is to the web. This prompted me to write about what was bad with email. This post was written as part of another one where I described how I’m building Offmini. It became so long I figured it should be an independent post on its own.

Sending Problem

The first and obvious problem with email is that it has been developed 40 years ago as a receiver-only protocol. 15 years ago, most of the mail traffic was random spam. By random spam I mean that spammers were really generating random mail addresses (or scrapping them over the web) and sending trillions of emails to every possible address. You could receive spam in a language you didn’t even speak.

Complex protocols have been added on top of SMTP, relying once again on DNS (SPF, Dmarc,DKIM), to try controlling the spam by making email a sender-and-receiver protocol (a notion I will describe in a subsequent post). This had the side effect of making it harder and harder to set up your own mail server.

As homemade mail servers were harder to build and less reliable, email started to consolidate into a small oligopoly: Hotmail, Gmail, Yahoo and a handful of others. Having lots of power, those huge monopolistic beasts could easily reject mails from independent servers as spam, making their service even more attractive to customers. It might not have been on purpose but it was the case (source : I maintained multiple independent mail servers between 2000 and 2010).

One clear consequence is that you can’t send email from your computer anymore as it was originally intended. You need a mail server properly configured with a permanent connection to act as a sender identity. And even that is though as Cory Doctorow learned.

=> https://doctorow.medium.com/dead-letters-73924aa19f9d

Format problem

The impact of monopolies on email impacted the format of emails themselves. Emails are encoded in a very impractical format called MIME 1.0. By today standard, this format is very hard to parse and has been awfully abused with HTML emails, trackers, etc. Basically created on a napkin by two guys, MIME never went further than 1.0 because nobody agreed to upgrade it. It was too successful too quickly.

There was only one major addition to MIME. And it was not a planned one: the infamous winmail.dat format.

At the time, there was a bug in Microsoft Outlook, the main mail client on the market, that transformed outgoing emails in a cryptic file called « winmail.dat ». The problem was that Outlook itself was able to decrypt winmail.dat files. As Outlook had a dominant position, only people not using outlook were having the problem of receiving empty emails with only one attachment that they could not open called « winmail.dat ». Users of independent mail servers relying on the open source Squirrelmail webmail interface started to blame their mail administrator (myself, for ten years).

The problem became worse when Google reverse engineered the winmail.dat bug in order to transparently support it in Gmail. At that point, the winmail.dat Microsoft bug became part of the MIME standard without any specification having been ever written.

=> https://ploum.net/winmail-dat-syndrome/

It may gradually fade out but most mail client still have the code to deal with the winmail.dat never documented format.

Email has a bad protocol for sending, a bad file format but what about receiving? It’s not better.

Receiving Problem

As Vint Cerf acknowledged, the whole IP stack was built at a time were memory was really expensive. There was a feeling that storing data would always be more expensive than sending them directly. That’s the reason why we envision the Internet as real-time connection only. As soon as you unplug your computer, you are outside of the Internet. Each software has to deal with disconnection independently. Usually it’s by popping up an error in the face of the user and telling him to check his connection.

As it was clear that most personal computers were not connected all the time, yet another protocol was created to retrieve emails from mail servers and store them on a non-mail server computer: POP3.

The protocol was bad enough not to allow any synchronisation for stuff like folders or marking mails as read. Once again, the goal was to save memory on the server: users could download mail once for all and they would be removed from the server (there was an option to leave them on the server but this was rarely used as space was limited and, with some clients, you had to regularly redownload all the emails).

IMAP was introduced to fix POP3 flaws. IMAP is a very complex protocol with fuzzy part open to interpretations. It’s well known by mail administrators that some particular IMAP servers are not compatible with some particular clients. IMAP was so severely abused by providers that most mail client handle some mail providers separately (like Gmail or Outlook).

IMAP was also created with a permanent connection in mind and most mail clients expect a connection, throwing an error at each offline action. If an offline mode exists, like in Thunderbird, it must be manually configured and is clearly an after-thought.

Worst of all: every IMAP client store emails in its own particular way. There are multiple standard, like Mailbox and Maildir, but each client seems to have its own interpretation of it. If you ever browse Stackoverflow, you will find lots of people asking a naively simple question : « How can I access my email locally with Mutt on the command line and with a graphical mail client ? » Sounds reasonable, right ? After all, you did all the increasingly obscure work of configuring mbsync/isync to get your mail on your local computer (which randomly stop working from time to time until you realize that not receiving any emails in a few days is not normal) in a standardised maildir format, not to mention the cryptic config file you had to copy/past to be able to send email through Postfix, why not accessing them with something other than Mutt ?

Right ?

Well, you can’t. Or, as all Stack Overflow answers will tell you, you « only » need to install an IMAP local server and make the graphical client point to it using your local 127.0.0.1 IP.

Simply have a look at how to use Himalaya, a neat and fresh CLI mail client, offline.

=> https://github.com/soywod/himalaya/wiki/Tips:offline-with-isync-dovecot

Email had become a monstrosity beyond reasonable comprehension while still having inherent flaws such as plain text sending. Every email out there is sent and stored in plaintext (we can easily agree that PGP/GPG use is anecdotical) and, through HTML and inline pictures, most of them are trying to track you to know when you open the email.

The whole ecosystem is becoming even more and more centralised with some modern mail providers not offering the ability to get your mail out of the service at all, arguing, with reason, that IMAP sucks and does not permit some features (the hipsterish Hey! or the privacy-oriented Tutanota only provide you access to your email through their own proprietary webmail). You can’t even read your mail offline by design and nobody blink an eye.

The spam problem

But, at the very least, we have solved the spam problem, haven’t we?

According to my own statistics, we indeed solved most of the random spam. The spam that was plaguing the network 20 years ago seems to have been greatly reduced or, at the very least, is easily blocked.

But, instead, we are now receiving 10 times the amount of what I call « corporate and notifications spam ». Unsolicited emails that come from real identified companies and people. They send you thousands of emails that, they think, should interest you. Most of the time, you can quickly identify why you are receiving this email. It’s linked to one of your accounts somewhere. At worst, your email has only been sold to « trusted partners ». They always provide you with the option to unsubscribe even if they are very sad to see you leaving. Unsubscribing only works for a short time because they basically create a new mailing list for every mail sent and this one should really interest you. The tracking of users is there by default in most mailing-list tools and show marketers that most of their emails are never opened. Which prompts them to send even more emails, arguing that, at some point, you will be tired of not opening them. Providers like Gmail heavily spy on how to use email. It is widely known in the mailing-list community that Gmail learns to mark as spam mails from senders which are rarely open. Prompting marketers to change regularly their newsletter address and to try to make a catchy title. Sounds familiar?

This effect is worsened by the fact that email has become the lazy default for everything. If anything is happening on a service, even a non-commercial one, mail is sent. Facebook and Linkedin are quite infamous for regularly adding « notification categories » where you are subscribed by default, even if you previously find the hidden setting « unsubscribe me from anything ». Besides lazy engineering, as Szczeżuja points out in the link below, it is obvious that it is a cheap way to remind their users that they exist.

=> gemini://szczezuja.flounder.online/gemlog/2021-10-10-dont-be-like-a-developer.gmi

We are now forced to rely on hundreds of very centralised web services for everything and each of those services, by default, fill your inbox. When you enter a new job in a big company, the first action of HR is to subscribe you to a bunch of mailing list. It’s even worse in the academic sector. From the « Weekly news » you don’t care to the « There’s no paper left in the printer from the second floor », email has become a centralised broadcast network. You are forced to be on the receiving end while every central authority known to man tries to broadcast as much as it could.

Your mail inbox is becoming a battlefield where everyone with a small authority fight for your attention, trying to fill your mental space even if you don’t open the mail. I’m an Inbox 0 Taliban and I’m mortified each time I get a glance at a « normal person’s inbox ». It’s basically a long list of companies (lots of Facebook but also local companies) displayed in a long list where only one mail out of ten has been ever opened. Ever wondered why Gmail doesn’t display advertising in its interface? Because it does! All that mail neatly lined up is basically cheap advertising. What’s Google’s benefit? The clumsier your inbox is, the more their automatic triaging rules look appealing. Google is already deciding for you what to write (by suggesting you how to reply) and what is important to look at (with their « smart folders »). It’s not far-fetched to imagine that, at some point, you will need to pay Google for your emails to be important and not considered as spam. Maybe there are already doing it through some kind of « trusted partner program ». It’s, after all, the reason why Facebook created its feed: choosing for you what is important to see and monetising this access to your brain.

There should be a better way.

I’m an inbox 0 extremist. I unsubscribe from everything that contains an unsubscribe link. I spent the last two years sending GDPR removing requests to every company sending me an unwanted email. The first three months were completely exhausting but once I did the first bulk, it became more rigorous hygiene.

I can tell many anecdotes about how companies handle GDPR requests, how I found that I was in some commercial databases, how I tracked down the owners of those databases. How I permanently removed more than 300 online accounts and how I sometimes receive a very unexpected email from companies one year after they told me every information about me was removed. Or how I got stuck in a loop where being unsubscribed from a newsletter required posting on their support forum but they automatically subscribed everyone posting on their support forum. Latest story in town: Lying companies telling me that they had removed my data while I still can log in! (they simply renamed my user account as « removed » but didn’t delete anything).

Funny stories about human stupidity and dishonesty but, in summary, it mostly works. The effort pays off.

My inbox rarely has more than 5 emails at once. In the last year, I received only 20-25 unwanted emails every month, including every random spam and phishing attempt. Half of it is spam from marketers that want to advertise on my website.

But how many people are able to put this time, effort and dedication only to get a less polluted inbox?

Not to mention that, despite all my motivation, I have not yet been able to build an offline setup where I could read/reply to emails offline, having everything synchronised once I connect but still use the webmail if I want. Mbsync configuration is cryptic and randomly stop working without reason. Some mails are, for reason, never downloaded. I know it should possible but it is very hard or too convoluted (no, I’m not installing a local IMAP server on my laptop).

I spent so much time on this because I love emails. But there should be a better way.

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Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

Lettre de vos enfants et votre poubelle en 2050

vendredi 8 octobre 2021 à 10:24

Chers parents,

Nous sommes le 8 octobre 2051. J’ai aujourd’hui 30 ans et un peu de recul sur mon enfance, mon éducation et le monde dans lequel j’ai grandi.

Ma génération est confrontée à une problématique sans précédent dans l’histoire de l’humanité : devoir gérer les déchets de la génération précédente.

Jusqu’aux années 1970, la planète se régénérait naturellement. Les déchets humains étaient absorbés et recyclés spontanément. À partir de votre génération, ce ne fut plus le cas. Vous fûtes la toute première génération de l’histoire à produire et consommer plus que ce que la terre ne le permettait.

Vous nous laissez sur les bras l’excédent de déchets.

Le pire, c’est que vous le saviez.

Quand je me réfère aux archives et à mes souvenirs de prime jeunesse, votre époque n’était guère accueillante. Vous aviez des voitures consommant de l’énergie fossile et des fumeurs au cœur des villes ! Aujourd’hui, la voiture électrique ne sert que pour se déplacer entre les centres citadins. Elles sont strictement interdites dans les zones urbaines où tout se fait à pied, à vélo, à trottinette ou en taxi-tram autonome. Malgré tout, notre air est moins respirable que le vôtre !

Merci d’avoir œuvré à cette transformation. Peut-être était-ce le minimum à faire pour que nous survivions. Car si vous avez agi, souvent avec beaucoup de bonne volonté, c’était rarement dans le bon sens.

Comme cette manie que vous aviez de vouloir économiser l’électricité. J’ai du mal à croire que, même à votre époque, l’électricité n’était pas abondante et peu polluante pour les individus. Si j’en crois les archives, les années 2020 voyaient de réguliers pics de surproduction d’électricité dus aux panneaux solaires et vous démanteliez des centrales nucléaires parfaitement fonctionnelles. Vous perdiez vraiment votre temps à vous convaincre de mettre des ampoules économiques si polluantes à produire ? Un peu comme le coup de faire pipi dans la douche ou de ne pas imprimer les emails. Vous pensiez sérieusement que nous allions vous remercier pour cela ?

Vous semblez avoir dépensé tellement d’énergie et de temps pour tenter, parfois vainement, d’économiser 10% de votre consommation privée de ce qui n’était de toute façon qu’une goutte d’eau face à l’industrie. Vous culpabilisiez les individus alors que votre consommation personnelle représentait le quart de l’électricité consommée globalement (dont le tiers uniquement pour le chauffage). Même si vous aviez arrêté de consommer complètement de l’électricité à titre individuel, cela n’aurait eu qu’un impact imperceptible pour nous.

Par contre, vous nous laissez sur le dos des gigatonnes de déchets de ces appareils dont plus personne ne voulait, car ils consommaient un peu trop. Chaque année, culpabilisés par le marketing, vous vous équipiez d’une nouvelle génération d’appareils qui consommaient « moins », de vêtements « fair trade », de gourdes prétendument recyclables et de vaisselle en bambou. Le tout ayant fait le tour du monde pour rester brièvement dans vos armoires avant de combler les décharges sur lesquelles nous vivons désormais.

Vous semblez vous être évertué à acheter le plus de gadgets inutiles possibles, mais en vous rassurant, car, cette année, la fabrication du gadget en question avait émis 10% de CO2 en moins que celui de l’année précédente et que l’emballage était « presque entièrement recyclable  ». Ses composants avaient fait trois fois le tour du globe, mais, rassurez-vous, deux arbres avaient été plantés. Aujourd’hui encore, nous avons du mal à comprendre comment vous aviez matériellement le temps de faire autant d’achats. Il semblerait que vous deviez passer plus de temps à faire « du shopping » et à remplir vos armoires qu’à réellement utiliser vos achats. Armoires pleines à craquer que nous devons vider les jours qui suivent votre décès, moitié pleurant votre perte, moitié râlant sur votre propension à tout garder.

Consommer des gadgets était peut-être la seule façon que vous pouviez imaginer pour poursuivre la lubie de votre génération : créer des emplois. Toujours plus d’emplois. Une partie de ces emplois consistaient d’ailleurs explicitement à vous convaincre d’acheter plus. Comment avez-vous moralement pu accomplir ces tâches explicitement morbides ? Parce que c’était votre travail, certainement. L’histoire démontre que les pires exactions furent commises par des gens dont « c’était le travail ». Pousser les autres à consommer fait désormais partie de ces crimes historiques contre l’humanité. Utiliser le prétexte écologique pour consommer encore plus ne fait qu’aggraver la culpabilité de ceux qui furent impliqués.

Pendant 40 ans, vous avez eu comme politique de créer autant d’emplois que possible, emplois dont le rôle premier était de transformer les ressources en déchets. Pendant 40 ans, vous vous êtes démenés pour remplir le plus vite possible votre poubelle planétaire : nous, l’an 2050.

Nous, vos enfants, sommes votre poubelle. Ce pays lointain qui vous semblait abstrait, nous vivons dedans.

Il a fallu attendre notre génération pour décider que tout vendeur d’un bien ou d’un emballage ni immédiatement consommable ni naturellement dégradable était tenu de racheter ses produits à la moitié du prix, quel que soit l’état. De faire ainsi remonter la chaîne à chaque pièce, chaque composant. Au final, le producteur est en charge de l’évacuation et forcé de gérer son impact.

Bien sûr, il y’eut une énorme perturbation dans les services logistiques qui ont, soudainement, dû fonctionner dans les deux sens. Les industries se sont adaptées en tentant de développer des produits qui dureraient le plus longtemps possible et en favorisant la réparabilité ou la démontrabilité. Soudainement, c’était un argument de vente. Le marketing n’a pas mis longtemps à retourner sa veste et à tenter de vous convaincre que la location, même à très longs termes, était une liberté par rapport à la possession. La réparation a créé une activité économique que vous assimileriez peut-être à des emplois. Paradoxalement, une activité économique naturelle s’est développée le jour où nous avons arrêté de tenter de la créer artificiellement. Où nous avons considéré qu’il devait être possible de vivre sans travail. Nous espérons, de cette manière, redevenir une génération qui ne produit pas plus de déchet que ce que la planète peut absorber. Que ce soit en CO2, en microparticules, en métaux lourds.

Le réchauffement climatique et les feux de forêt ne nous aident pas, mais nous avons bon espoir d’y arriver.

Il n’empêche que, même si on y arrive, on doit toujours se coltiner vos 50 ans de déchets. Ils ne sont pas prêts de disparaitre vos jouets en plastique bon marché pas cher achetés pour calmer le petit dernier dans le magasin ou le téléphone super révolutionnaire devenu un presse-papier has-been 2 ans plus tard. Sans compter que le prix de leur fabrication et de leur transport nous accompagne à chacune de nos inspirations dans l’air chargé de CO2.

Chacune de nos respirations nous rappelle votre existence. Nous fait nous demander pourquoi vous n’avez pas agi ? Pourquoi avons-nous dû attendre de vous enterrer ou vous mettre à la retraite pour pouvoir faire quelque chose ?

Et puis certains d’entre nous me racontent qu’ils ont eu des parents qui fumaient. Qu’il était normal de fumer dans les rues à proximité des enfants voir dans les maisons ou les voitures.

Votre génération dépensait donc de l’argent dans le seul et unique but de se détruire la santé, de détruire la santé de ses propres enfants tout en polluant l’atmosphère, tout en polluant l’eau ? Vous financiez une florissante industrie dont le seul et unique objectif était la destruction de la santé de ses clients, des enfants de ses clients, de l’entourage de ses clients et de la nature ? On estime aujourd’hui que près de 1% du CO2 excédentaire dans l’atmosphère est dû à l’industrie du tabac. On s’en serait bien passé.

Par contre, il faut le reconnaitre, nous avons plein de photos et de documents historiques qui prouvent que vous étiez militants, que vous signiez des pétitions et que vous « marchiez pour le climat ». En fumant des clopes.

C’est devenu une moquerie récurrente quand on parle de vous. La génération des écolos-fumeurs. L’image est devenue célèbre pour illustrer ce mélange de bonne volonté collective inutile et paresseuse, cette propension à culpabiliser les individus pour des broutilles, à accomplir des actions collectives symboliques sans enjeu et à se voiler la face devant les comportements réellement morbides.

Vous hurliez « Priorité à la sauvegarde de la planète ! ». Ce à quoi les politiciens répondaient « Tout à fait ! Priorité à l’économie et la sauvegarde de la planète ! ». Puis, la gorge un peu enrouée, chacun rentrait chez soi, satisfait. Avant d’organiser un grand atelier participatif « Méditation transcendentale et toilettes sèches » où vous vous faisiez passer un joint de tabac industriel mélangé d’herbe bio issue du potager partagé.

Notre génération est permissive. Dans beaucoup de parties du monde, l’usage de drogue récréative est autorisé ou toléré. Par contre, toute émission de particules toxiques est strictement interdite dans les lieux publics. Ce n’était vraiment pas difficile à mettre en place et la seule raison que nous voyons pour laquelle vous ne l’avez pas fait c’est que vous ne le vouliez pas.

Malgré vos discours, vous ne vouliez absolument pas construire un monde meilleur pour nous. Il suffisait de vous poser la question : « est-ce que j’ai envie que mes enfants fument ? » Même parmi les fumeurs invétérés, je pense que très peu auraient répondu par l’affirmative. « Ai-je envie que mes enfants subissent le poids écologique de vingt téléphones portables pour lesquels j’ai, au total, dépensé un an de salaire ? De milliers de kilomètres de diesel et de cinq voitures de société ? ». Il aurait suffi de vous poser la question. Interdire la cigarette dans l’espace public aurait été une manière toute simple d’affirmer que vous pensiez un peu à nous.

Mais vous ne pensiez pas à nous. Vous n’avez jamais pensé à nous. Vous avez juste voulu vous donner bonne conscience en ne changeant strictement rien à vos habitudes, même les plus stupides. Pour votre décharge, vous n’avez pas hérité non plus d’une situation facile de vos propres parents, cette génération qui après une gueule de bois post-mai 68, s’est accaparé toutes les richesses et les a gardées en votant Reagan/Tatcher et allongeant son espérance de vie. Sans jamais vous laisser votre place.

Quand nous en discutons entre nous, nous pensons que, finalement, nous avons de la chance d’être là. On doit gérer vos poubelles, mais vous auriez pu, pour le même prix, nous annihiler. Vous nous avez traités comme un pays vierge, un pays lointain à conquérir pour en exploiter les ressources à n’importe quel prix. Un pays qui vous appartenait de droit, car les autochtones n’offraient aucune résistance active.

Ce qui est fait est fait. Il nous reste la tâche ardue de ne pas faire pareil et tenter d’offrir un monde meilleur à nos enfants. Non pas en prétendant penser à eux pour nous donner bonne conscience, mais en tentant de penser comme ils le feront. En les traitant comme un pays ami à respecter, un partenaire. Non plus comme une poubelle sans fond.

Signé : votre futur

Note de l’auteur : L’idée de considérer le futur comme un pays avec qui entretenir des relations internationales m’a été inspirée par Vinay Gupta lors d’une rencontre au parlement européen en 2017. Vinay a ensuite publié une analyse très intéressante où il suggère de voir toutes nos actions à travers le filtre du futur que nous réservons aux enfants de cette planète.

https://medium.com/@vinay_12336/a-simple-plan-for-repairing-our-society-we-need-new-human-rights-and-this-is-how-we-get-them-cee5d6ededa9

Bien que ces deux inspirations n’aient pas été conscientes au moment de la rédaction de ce texte, elles m’apparaissent comme indubitables à la relecture.

Photo by Simon Hurry on Unsplash

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