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À l’ombre de la Grande Boucle (première partie)

dimanche 14 juillet 2013 à 13:28
Ceci est le billet 1 sur 1 dans la série À l'ombre de la Grande Boucle

— Monsieur le président directeur général, la parole est à vous.
— Merci Boris ! Avez-vous vérifié la sécurité de la pièce ? Pas de mouchard ? Pas d’écoute ?
— Tout a été fait monsieur le président directeur général. Chacun d’entre nous est clean. La pièce est garantie.
— Bon, Armstrong, veillez commencer présentation !

« Comme vous le savez certainement, nos laboratoires de génie génétique ont récemment mis au point un virus, le X1, qui entraîne un légère mutation de l’ADN humain. Chez la personne infectée, les globules rouges voient leur capacité de transport de l’oxygène augmentée de 10% à 15%. Cet effet est permanent même après disparition totale du virus.

Contrairement à l’EPO ou à l’autotransfusion, il ne s’agit pas d’augmenter le nombre de globules rouges mais bien l’efficacité de chacun.

Un essai grandeur nature est actuellement en cours sur notre équipe cycliste participant au tour de France. Il est extrêmement concluant. Aucun contrôle positif, une moyenne nettement améliorée, des résultats et la capacité pour toute l’équipe de rester groupée dans les difficultés là où une équipe traditionnelle n’envoie généralement qu’un baroudeur qui sera hors course le lendemain.

Selon nos conseillers, il ne s’agit pas de dopage mais bien d’optimisation d’entraînement, au même titre qu’un régime spécifique. D’ailleurs, aucun produit interdit n’est utilisé. La modification physiologique étant permanente et non-réversible, elle ne peut être considérée comme illégale sans circonvenir à loi anti discrimination du CIO.

D’un point de vue éthique, aucun effet secondaire n’a été observé et ce virus permet donc à nos coureurs de diminuer la dose des produits traditionnels, dont la nocivité sur le long terme n’est plus à démontrer..  »

Une main s’éleva dans l’assemblée.

— Monsieur le président directeur général, je pense que tous les administrateurs ici présent sont au courant de l’existence du X1. J’ai du mal à croire que vous ayez convoqué cette assemblée confidentielle uniquement pour partager avec nous les bons résultats de notre équipe cycliste.

Le président se redressa dans le dossier de son fauteuil. D’un tiroir, il extirpa un cigare. D’un seul coup d’œil, les voisins les plus proches remarquèrent qu’il s’agissait d’un véritable Havane, entièrement prohibé sur le territoire de l’Union, et non un de ces succédanés électroniques.

— Mon petit Gilbert, vous pensez bien que, aussi plaisante que soit une victoire de notre équipe au tour de France, on ne dépense pas des millions en génie génétique pour faire pédaler quelques paysans et obtenir quatre victoires d’étapes au lieu de deux. Le marché du X1 est beaucoup plus large, beaucoup plus juteux. Pas en millions mais en milliards. Un seul mot : militaire. Voyez-vous où je veux en venir ?

Le visage brusquement livide, Gilbert déglutit en se rasseyant :
— Très bien, Monsieur le président directeur général, très bien.

— Cependant, ceux qui suivent cette épreuve sportive auront remarqué que d’autres coureurs commencent à se démarquer. Alors que nous entrons dans la troisième semaine et que notre équipe garde une moyenne et une énergie jamais vue à ce stade de la compétition, elle se fait de plus en plus concurrencer. Nos médecins sur place ont mené l’enquête et ils n’y a aucun doute : le virus a muté ! Il est devenu contagieux !

Des voix s’élevèrent, un brouhaha agita soudain l’assemblée.

— Monsieur le président directeur général, cela signifie-t-il que des coureurs font une utilisation, professionnelle qui plus est, de notre propriété intellectuelle sans notre accord ?

— Il faut absolument mettre en place une stratégie de quarantaine et faire payer une licence à toute personne infectée !

— Nos concurrents risquent de mettre la main sur le virus, c’est irresponsable !

— Du calme, du calme !

D’une voix ferme et autoritaire, le président avait repris le contrôle sur l’assemblée.

— Si je vous ai réunis, c’est justement pour trouver une solution. Nous disposons d’un arsenal de juristes et d’un appui politique sans faille grâce au fait que nous employons plusieurs dizaines de milliers de personnes dans l’Union. Nous avons les contacts nécessaires dans la plupart des médias et disposons d’une dizaine de blogueurs influents que nous avons, à dessein, alimenté d’informations négatives à notre encontre pour leur bâtir une crédibilité au-dessus de tout soupçon. Notre travail aujourd’hui est donc clair : mettre en place une stratégie globale, non seulement pour le X1 mais également pour les futurs virus de génie génétique que nous produirons.

Il avala une profonde bouffée de cigare.

— Messieurs, nous sommes à la pointe de l’innovation, nous améliorons le genre humain lui-même. Nous allons forcément nous heurter à la foule réactionnaire et conservatrice. Vous risquerez même de douter ! Souvenez-vous que des dizaines de milliers d’emplois dépendent de nous. Alors, au travail !

À suivre…

Photo par Michael Ziemann

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Ce blog est payant

mercredi 10 juillet 2013 à 12:12

Voilà, ce blog est désormais officiellement un blog payant. En contrepartie, je vous laisse la liberté de choisir le prix ainsi que la manière de me payer.

Comme je l’ai déjà écrit, vous pouvez utiliser Flattr. Ou bien Bitcoin. Vous pouvez décider de m’envoyer une fois pour toute, par le moyen de votre choix, une petite somme pour un abonnement annuel ou à vie. Vous pouvez décider que le temps passé à me lire est un paiement amplement suffisant. Vous partagez mes articles autour de vous ou sur les réseaux sociaux ? Alors peut-être estimerez-vous qu’il s’agit là d’un paiement en nature. Vous pouvez m’offrir une eau gazeuse lors d’une conférence, m’inviter un week-end dans votre maison de campagne, m’envoyer un t-shirt, une carte postale ou un mail exprimant votre gratitude.

Quoiqu’il en soit, je ne jugerai pas, je vous laisse la liberté. Car, si ce blog est payant, le prix est entièrement libre, même si vous le fixez à rien du tout. Voir mes articles lu et partagés est déjà un paiement en soi.

Un prix libre ? N’est-ce pas une utopie ?

Dans un monde où les biens sont rares, la théorie libérale veut que le prix tende automatiquement, grâce à la main invisible du marché, vers sa valeur réelle. Ce postulat est à ce point ancré dans nos mentalités que peu d’entre nous savent se départir de l’équation valeur = prix. Ou imaginer que la valeur puisse être différente pour chacun.

Or, dans un monde virtuel où la rareté n’a plus court, il est évident que ces théories libérales doivent être revues en profondeur. Plutôt que de mettre en cause la théorie, les conservateurs ont donc tenté d’implémenter la rareté artificielle, que ce soit techniquement avec les DRMs, législativement avec des lois criminalisant le partage d’informations ou culturellement, avec du lavage de cerveau.

Plutôt que de suivre cette approche, j’ai décidé d’explorer l’alternative. Et si la théorie était inapplicable ? Et si la valeur n’était plus corrélée au prix ? C’est déjà le cas avec, par exemple, la musique en ligne. Le MP3 piraté a-t-il moins de valeur aux yeux de l’auditeur que celui acheté à prix d’or ? Non, la musique procure autant de plaisir dans les deux cas. Pour un prix nul ou un prix fixé par le distributeur, vous obtenez la même valeur.

Dans ce cas, pourquoi acheter ? Deux raisons, dont aucune n’est liée à la valeur de la musique : un incitant moral négatif et un incitant moral positif.

L’incitant négatif, c’est la peur de se faire prendre, c’est le refus d’outrepasser la loi. Cet incitant est puissant et c’est pourquoi les lobbies industriels ont tant fait pression auprès du législateur. Il n’en reste pas moins que, personnellement, je trouve moralement inacceptable de soutirer de l’argent en utilisant la crainte ou la culpabilité. Ce n’est rien d’autre que du racket, de l’extorsion.

L’incitant positif, c’est le désir de soutenir l’artiste, de montrer notre appréciation envers son travail, de lui permettre de consacrer autant de temps que possible à son art. C’est un incitant merveilleux. Par contre, c’est dommage que le prix soit fixé. Certains aimeraient montrer leur soutien mais de manière plus raisonnable, les fins de mois étant difficiles. D’autres aimeraient, au contraire, contribuer plus amplement à ce créateur qui change leur vie.

Si vous avez, ne fut-ce qu’une fois dans votre vie, acheté un bien disponible gratuitement pour « soutenir l’artiste », si vous avez donné un pourboire dans un restaurant, si vous avez jeté une pièce à une artiste que vous appréciez dans le métro, alors vous avez fait l’expérience du prix libre. Ne le confondez pas avec la charité, il s’agit bel et bien d’un prix, d’un échange économique.

Mais pourquoi rendre ce blog payant ? Pourquoi monétiser ?

Je me permets de faire la leçon aux créateurs, je critique certains modèles économiques mais je suggère des nouvelles formes de monétisation. À ce titre, il serait hypocrite de ne pas appliquer les méthodes que je préconise.

D’autres part, oui, j’aimerais pouvoir consacrer plus de temps à l’écriture. À l’heure où mes revenus Flattr représentent entre 3% et 5% de mes revenus mensuels, ce rêve ne semble plus complètement absurde. Difficile à atteindre, certes, mais possible. À plus petite échelle, la monétisation garde un sens pour couvrir les frais d’hébergement et mettre, pourquoi pas, un peu de beurre dans les épinards.

Enfin, et ce n’est pas le moindre des arguments, pour la fierté et la motivation. Il y a peu de temps, l’idée de gagner de l’argent avec ma plume m’aurait semblé inconcevable. Aujourd’hui, c’est un fait. Chaque don, fut-il de 0,01 bitcoin ou de 10 centimes, me remplit de fierté et de motivation. Si quelqu’un, dans le monde, estime mes écrits au point de faire la démarche de me rétribuer, à sa manière, c’est un signal très fort, un véritable symbole, un incitant à continuer.

La monétisation ne va-t-elle pas pervertir le contenu ?

Tout indicateur, de quelque nature que ce soit, va déformer le créateur. Un blogueur qui vit de la pub va avoir tendance à écrire des articles courts pour que le visiteur clique le plus vite possible sur la réclame clignotante. Un autre, consultant compulsivement ses statistiques, va avoir tendance à écrire des billets qui ramènent le plus de visiteurs. Un troisième va tenter, inconsciemment, de générer le plus de commentaires. Enfin ce dernier, obsédé par son score Klout, délaisse totalement son blog pour avoir le plus de retweets.

Il n’existe pas de réelle perversion ni de pureté originale. Nous sommes des humains qui évoluons avec les interactions. Refuser l’évolution n’a donc pas de sens.

En ce sens, j’estime que le prix libre est une excellente chose. Il va me pousser à écrire des articles auxquels les lecteurs attachent une grande valeur, des billets qu’ils ne pourront pas trouver ailleurs et qui leur apporteront quelque chose. Ce sera ma seule statistique, mon indicateur.

Le danger hypothétique est de voir une personne très riche tenter d’orienter ma motivation en faisant de très gros dons pour les billets d’un sujet précis. Mais, outre la faible probabilité que ça arrive, ce danger est fortement mitigé par le fait que le nombre de personnes ayant fait un don (ou un flattr) est pour moi plus importante que la valeur du don lui-même.

Conclusion

Ce blog est donc payant. Je ne fais pas appel à la charité. Je ne demande pas de la compassion ni de l’aide (je ne suis pas l’UMP). Il s’agit d’un véritable échange économique. À la différence du commerce classique, c’est vous qui fixerez le prix. Selon votre ressenti, selon la valeur que vous apportent mes écrits et selon vos propres possibilités.

Mais je n’insisterai jamais assez sur le fait que votre temps à me lire et à me partager autour de vous est déjà le plus beau des paiements.

 

Photo par Thomas Schlueter.

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La révolte des rebelles apatrides

lundi 8 juillet 2013 à 20:10

Lorsque j’ai découvert Wikileaks pour la première fois, j’ai été émerveillé par un outil qui ne pouvait qu’amener plus de transparence, qui pourrait aider les oppressés à lutter contre les gouvernements totalitaires, les employés à dénoncer les entreprises mafieuses et corrompues. Un réel instrument de démocratie. Je n’imaginais pas un seul instant qu’il s’agissait d’une déclaration de guerre à l’encontre des démocraties établies, que je finirais par me sentir moi-même un rebelle apatride.

Sa première révélation d’envergure fut de nous ouvrir les yeux sur les guerres modernes que les médias nous décrivent comme propres, aseptisées, sans bavures. Avec parfois un malheureux cercueil brillant qui revient au pays recouvert d’un drapeau, de médailles et d’honneurs. Comme nous le savions tous au fond de nous, les guerres sont sales, pleines de dommages collatéraux, de sang, de hurlements. La mort est donnée par un soldat contrôlant un joystick, les yeux rivés sur son écran mais les membres arrachés continuent de voler dans la poussière.

Ingénu, je pensais que ces révélations nous permettraient d’ouvrir les yeux, de taire l’hypocrisie latente. Oui, la guerre est sale et affreuse. Si vous voulez la faire, ayez au moins le courage d’en accepter les conséquences !

Au lieu de cela, j’ai assisté à une chasse aux sorcières pour trouver le responsable de la fuite. Aucun questionnement de fond, uniquement une mesure d’urgence, une vengeance. Il a été arrêté, détenu dans des conditions jugées inhumaines par l’ONU et, trois ans plus tard, est toujours dans l’attente d’un jugement. Personne n’a de nouvelles de lui.

L’individu n’est pas dangereux. Il a déjà fait ses révélations. Il ne peut plus nuire à la société. Pourtant, il est détenu comme le pire des criminels. Et, selon mon code moral, il n’a pas un instant nuit à la société, au contraire, il s’est comporté en héros. Il a bravé sa hiérarchie afin de servir l’humanité dans son ensemble.

Son gouvernement, ami de mon pays et dirigé par un prix Nobel de la paix, ne cherche pas à le punir. Il cherche à faire un exemple, le plus horrible possible afin de dissuader d’autres candidats.

Le porte-parole du site ayant hébergé la vidéo est lui-même recherché. Mais, de manière étrange, on ne lui reproche rien si ce n’est une affaire de viol. Or, il se voit obligé de se réfugier dans une ambassade et d’y trouver l’asile politique car le gouvernement du pays où il se trouve, ami du mien, risquerait de le livrer à un autre gouvernement, ami du mien également mais qui n’est pourtant pas le sien. Nul n’ose imaginer ce qui lui arriverait…

Je veux me rassurer, me dire que c’est simplement un violeur qui a profité de son aura médiatique pour échapper à sa peine. Mais ce n’est pas logique. Un an enfermé dans une ambassade pour échapper à un procès qui semble anecdotique ? Sans compter que le sort de l’informateur pose un fâcheux précédent.

Vient ensuite un jeune homme brillant, intelligent. Un petit génie. Qui décide de rendre public des millions d’articles scientifiques. Une démarche admirable dont nul ne peut nier le bénéfice pour l’intérêt général. Son gouvernement, ami du mien, décide de le poursuivre, de le persécuter à tel point qu’il se suicidera.

Enfin, voici le quatrième larron. Lui aussi cherche la transparence, l’ouverture. Il nous révèle que son gouvernement a probablement accès à tous mes fichiers, mes emails, qu’il me surveille. Il se croyait à l’abri et le voilà obligé de fuir à travers le monde. Aucun pays ne veut l’accueillir, le protéger.

Il n’est pourtant pas dangereux. Il a sans doute déjà fait toutes les révélations qu’il avait à faire. Mais il faut faire un exemple, le punir, le pourchasser.

Je voudrais l’accueillir chez moi, dans mon pays. Mais à peine poserait-il un pied ici qu’il serait immédiatement envoyé chez lui et mis au secret voire torturé.

Autour de moi, j’observe un consensus important sur le fait que ces hommes sont des bienfaiteurs de l’humanité. Les opposants les plus acharnés se contentent de mitiger leur action. Et pourtant, ils seraient expulsés comme terroristes s’ils venaient à mettre le pied ici.

Je vis dans un pays qui serait prêt à envoyer un bienfaiteur de l’humanité à la torture. Mon gouvernement considère que les échanges commerciaux et les accords de coopération sont plus importants que les droits de l’homme ou le respect de la vie privée de ses citoyens.

Soudainement, j’ai pris conscience que je n’étais plus représenté par aucun gouvernement d’aucun pays. Tout comme des millions de gens, j’essaie d’appliquer mes valeurs personnelles d’entraide, de coopération, de respect de l’humain, de partage de la connaissance. Une nébuleuse imprécise de gouvernements et de gros intérêts industriels est en train de prendre forme, de s’unir pour contrer ce en quoi je crois. Même des institutions respectées, comme le comité Nobel, ont choisi leur camp. Une guerre a été déclarée. Les citoyens de l’humanité, rebelles apatrides, s’opposent à leurs propres dirigeants démocratiquement élus.

Ils sont quatre martyrs médiatiques. Leur sort est lointain, anecdotique. Mais mon propre gouvernement est complice ! Si une situation propice se présentait pour moi de faire une action bénéfique à l’humanité, aurais-je le courage ? Oserais-je devenir un criminel dans mon propre pays ?

Mais si mes « représentants » ne respectent plus mes valeurs fondamentales, si je ne peux plus leur faire confiance pour ma propre vie, de qui sont-ils vraiment les représentants ?

 

Photo par Chris Wieland

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Changez de vie, apprenez à lire

samedi 29 juin 2013 à 01:28

La personne me tend une feuille imprimée, un article de journal ou une page de livre.
— Cela devrait t’intéresser.
Je m’en saisis et jette un œil puis, le rendant à son propriétaire :
— Merci !
— Quoi ? Ça ne t’intéresse pas ? Tu ne vas pas le lire ?
— Si, je viens de le lire à l’instant.

Beaucoup pensent que je me moque. D’autres que j’ai la chance d’être porteur d’un extraordinaire don de lecture photographique. La réponse est bien plus simple : j’ai appris à lire et je m’exerce quotidiennement. Vous en êtes probablement autant capable que moi.

Pourquoi lire rapidement ?

La quantité d’information écrite dans le monde est inimaginable. Pour chaque composant de votre vie, il existe des centaines ou des milliers de textes affirmant tout et son contraire. Plus vous en lirez, plus vous pourrez confronter des idées, devenir critique, bâtir votre propre pensée. Mais il ne s’agit pas seulement d’utilitaire. La fiction est le souffle épique de nos vies, une source d’inspiration, de créativité. Ah, si seulement vous aviez le temps de lire tout cela !

Ce temps, lire rapidement vous l’offre !

Lire et non vocaliser

Lire, c’est donner un sens à un ensemble de lettres. C’est un processus très rapide. Malheureusement, la majeure partie d’entre nous ne sait pas lire. En fait, nous associons les lettres à un son que nous prononçons dans notre tête. Cela porte le nom de vocalisation. Ensuite seulement, notre audition entre en jeu pour nous faire comprendre le sens du texte.

Une personne qui vocalise pourra lire à peine plus vite qu’une personne qui lit tout haut. En fait, la personne ne sait pas réellement lire. Elle sait déchiffrer et elle écoute. Concentrée sur la vocalisation, elle perd beaucoup de temps et de sens.

Apprendre à ne plus vocaliser est difficile mais pas impossible. Cela vient à la longue, en lisant rapidement. Si vous avez des enfants, vous pouvez les aider : interdisez à tout prix la lecture à haute voix et l’ânonnement. Interrogez-les sur le sens d’un texte et ne leur faite pas déchiffrer syllabe après syllabe. Associez toujours un mot complet avec sa signification plutôt qu’avec le son.

Suivez une formation à la lecture rapide

La lecture rapide est un ensemble de techniques très utiles. N’hésitez pas à suivre une formation. Notez les exercices et pratiquez les régulièrement. Entraînez-vous.

Une bonne formation vous apprendra comment exercer vos yeux pour lire vite et vous enseignera pourquoi lire vite peut, en fait, vous procurer plus d’informations qu’une lecture profonde. Vous apprendrez également à ne plus avoir peur de la vitesse. Malheureusement, la qualité des formateurs est très variable. Je ne suis pas un formateur compétent moi-même mais peut-être essaierais-je de partager quelques astuces et exercices dans de prochains billets.

Je vous donne néanmoins une astuce importante : n’ayez pas peur de la vitesse. Ne revenez jamais en arrière, même si vous pensez n’avoir rien compris. Avancez, lisez, forcez votre cerveau à suivre le rythme de vos yeux et non le contraire.

Analysez votre cible

Le secret de la lecture ultra rapide est, tout d’abord, de ne pas lire ce qui est inutile. La première chose à faire est donc de lire le tout dernier paragraphe. Si le titre et la conclusion ne vous donne pas une idée claire du contenu, il y a de fortes chances que le texte ne soit pas structuré et soit inintéressant. Si la conclusion est intéressante, la question suivante qui se pose est : ai-je besoin de connaître le cheminement de l’auteur ? Dans bien des cas, ce n’est pas nécessaire. Si oui, vous pouvez passer à la deuxième étape : scannez les titres ou la table des matières. L’essentiel d’un texte peut se comprendre à ses titres. Personnellement, je fais généralement cela en partant de la fin et en remontant.

Vous seriez étonnés de constater que, à cette étape-ci, alors que vous avez passé une à deux minutes sur le texte, vous avez une meilleur compréhension globale du contenu que quelqu’un qui a tout lu de manière séquentielle en une grosse vingtaine de minutes. C’est d’ailleurs une expérience édifiante que l’on réalise au début d’une formation à la lecture rapide. N’ayez donc pas peur de rater quelque chose, vous en savez déjà plus que la majorité des lecteurs !

Parfois, il faut aller en profondeur. Ou bien il s’agit d’un texte de fiction que l’on souhaite déguster et non pas scanner en commençant par la fin. Agatha Christie en commençant par la fin, ça perd tout de suite de son charme…

Séparez la lecture de votre procrastination web

Si vous lisez ce blog, il y a de grandes chances que votre première source de textes à lire soit le web. Pendant longtemps, j’ai considéré le web comme n’étant pas une réelle source de lecture. Sur le web, ce sont essentiellement des discussions mais un vrai article fouillé se lit sur du papier, pensais-je. Pour cette raison, je ne publiais pas sur ce blog mes textes plus travaillés. Mon erreur venait du fait que, sur le web, nous sommes en permanence sollicités. À peine un texte a-t-il été commencé que la souris passe machinalement sur l’onglet suivant. Une notification avertit de l’arrivée d’un mail. Le texte nous semble fade, inintéressant comparé à cette hilarante vidéo de chats qui sautillent. Or, ce n’est pas le texte qui est en cause mais bien la manière de lire. Le cerveau a acquis un réflexe de suractivité lorsque nous sommes face à notre ordinateur.

Inutile de lutter contre cela. Au contraire, acceptons-le ! Désormais, je n’essaie plus de lire les articles plus long que la hauteur de mon écran. Je les ajoute à Pocket en utilisant l’extension de mon navigateur. Lorsque je suis assis à mon bureau devant mon écran, je ne lis jamais ! Je procrastine, je saute d’un lien à l’autre, je collecte mais je n’essaie même pas de me concentrer.

En lieu et place, je garde des plages privilégiées pour la lecture. Avant d’aller dormir, une fois la connexion coupée, je lis au minimum une demi-heure de fiction. Quand aux articles dans Pocket, je les lis depuis mon téléphone quand je suis à la… enfin… vous comprenez quoi. Là !

Attention, ce n’est pas exclusif. Il m’arrive de lire de la fiction et des articles sauvegardés quand l’envie de lire me prend. Mais ces deux périodes sont des pauses déconnectées, loin de mon ordinateur. Avec un peu d’habitude, cela devient un réflexe. Mon cerveau entre en mode lecture dans ces moments.

Investissez dans du matériel

Loin de moi l’idée de pousser au consumérisme mais deux achats ont révolutionné ma vie en ligne et m’ont fait reconsidérer ma vision du web: mon premier smartphone et mon premier livre électronique. Si vous aimez lire, l’investissement en vaut clairement la peine. Prenez un smartphone avec un grand écran et installez-y Pocket. J’ai également lu plusieurs livres sur mon téléphone en utilisant FBReader mais, dès que vos finances vous le permettent, passez au livre électronique. Grâce à Calibre, je convertis les PDFs que je souhaite lire. Mon ebook est toujours dans ma poche, je dévore livre sur livre sans m’arrêter, que ce soit du domaine public ou en version piratée. Quel plaisir de partir pour une longue période sans devoir faire un choix cornélien ! Fini le « Zut, il me reste à lire quatre chapitres de ce Dostoïevski mais il met mon bagage en sur-poids » !

De manière étonnante, le livre électronique a satisfait à la fois mon appétence de lecture et mon pervers besoin d’avoir un jouet électronique entre les mains. La lecture est devenue un véritable jeu vidéo !

Conclusion

J’observe autour de moi une certaine division entre les lecteurs avides et les technophiles. Les premiers considèrent toujours le web comme un succédané d’impression. Un texte sur le web n’est pas un « vrai » texte. Chez les seconds, j’observe une tendance à la perte de lecture. Lecteurs fanatiques pendant leur adolescence, ils reconnaissent lire de moins en moins, passer les liens qui débouchent sur un texte trop long. Ou bien ils accumulent dans un répertoir « À lire ». Moins ils lisent, moins ils ont envie de lire.

Or, le web est une source intarissable de textes. Il semble évident que les textes imprimés non-disponibles sur le web se raréfient et vont bientôt disparaître. Le web donnera à tout un chacun la possibilité de lire n’importe quel texte écrit au cours de l’histoire de l’humanité. Devant un tel trésor, nous avons la fâcheuse tendance à perdre notre capacité de lecture au lieu de l’améliorer. Mais nous pouvons, individuellement, inverser ce penchant en adaptant notre mode de lecture et en utilisant les outils à notre disposition.

Chaque jour, la lecture change ma vie. Et puis, je vais être honnête avec vous : je vends ma came. Je produit des billets kilométriques sur ce blog. Certains me disent de les réduire afin d’attirer un plus grand lectorat. Plutôt que de m’abrutir, de niveler par le bas, je préfère partager avec vous ce qui me rend tous les jours plus intelligent. Car, devenir plus intelligent, j’en ai grandement besoin ! Je ne dois pas être le seul. Alors, n’arrêtons pas de lire !

 

Photo par Paul Lowry

flattr this!

Flattr’s biggest problem

lundi 24 juin 2013 à 19:48

And how I work around it

A few months ago, I tried to convince you to spend 2€ per month to reward the content you like.

Lot of people are enthusiastic with Flattr. But there’s a recurring complain that there’s not enough content accepting Flattr.

This is a real concern. Flattr was build around a model where more or less every creator has a personal blog or website. Unfortunately, there’s a clear trend that creators are now increasingly regrouping on a few centralized platforms. Creators don’t have the control of the platform and, as such, cannot add a Flattr button.

This raises a lot of questions about centralization and gives the feeling that, besides a few blogs like mine, there’s nothing to Flattr on the web. It looks like you are standing alone on a desert island with your money.

Enter the unclaimed Flattr

Did you know that you can flattr someone which is not on Flattr yet? It is called an “unclaimed Flattr”. The money remains on your account until the creator sign-in. So don’t hesitate to use this feature.

What is great with unclaimed Flattrs is that you can flattr nearly everything on the web without thinking about it. If, for a given month, you flattr only unclaimed things, it will cost you nothing for that particular month.

To Flattr something, even if it has no Flattr button, install the Flattr browser extension for Firefox or for Chrome. When the content you are currently viewing can be flattered, a little Flattr icon will be show in the address bar. Click on it and confirm your flattr.

Unfortunately, not every web page can be flattered. So let me explain how I manage to give 62 flattrs this month.

Flattering blogs, articles, comics and social network messages

The web extension allows me to see immediately if a blog or a website has a Flattr account. I can even flattr each Wikipedia page!

If there’s no Flattr icon, I use this little trick: I flattr the Twitter account of the blog. If I liked the article Foo from blogger Bar, I simply find the tweet from @Bar that announced the article Foo. I then click on the tweeting date to open the tweet full page.

If you do that, you will see that the Flattr icon appears in your address bar. Indeed, you can flattr individual tweet. That makes one more pending flattr for this creator.

flattr_tweet

Of course, I also sometimes flattr individual tweets that I particularly enjoy. The same can be done with pictures on Instagram and even messages on App.net but I did not found anyone using the later. Maybe it would be nice to be able to flattr a Tumblr post?

Flattering videos, music and podcasts

Every video on Youtube or Vimeo can be flattered if you have the browser extension installed. Same for any audio track or podcast on Soundcloud. If I appreciate a content on this platform, I flattr it without any second thought. Unfortunately, Dailymotion support is missing.

Grooveshark also has a Flattr setting where you can automatically Flattr any artist you are listening to. Most artists are not registered on Flattr yet but I flattr anyway. If any artist I like ever complains about piracy, I will happily point to the money waiting on Flattr.

Flattering pictures

To get illustrations for this blog, I look on Flickr or 500px for Creative Commons pictures. Any picture on those platforms can be flattered and I make sure to do it for each picture I re-use. It even happens that the author is already on Flattr, such as this one, used in an article in French.

I still miss to be able to flattr pictures on DevianArt but, on 500px and Flickr, I’ve no hesitation to Flattr any nice picture randomly appearing in front of my eyes.

Software

There’s a growing list of software accepting Flattr donations. I try to regularly flattr software I use. If your favourite piece of code is not on Flattr, you can still flattr any tweet from the official account.

Also, any GitHub repository and any commit can be flattered. I tend to flattr external contributions to my own projects or commits fixing an annoying bug.

For example, I started flattering commits to the repository of the WordPress theme I use for this blog, even though the author was not on Flattr (he joined recently). If you like the theme of this blog, don’t hesitate to give a little Flattr to the Github repository.

Automatic flattering

The best of all is that you can make it automatic. In your Flattr preferences, you can link your accounts so, for example, each time you like a Youtube video or an Instagram picture it receives a flattr.

FlattrStar is a third party service which extends this functionality. It allows to flattr each favourite tweet, favourite artists on Last.fm and many more.

Conclusion

Not everything is flattrable and this is a problem. Each time you interact with a creator, don’t hesitate to talk about Flattr. She might not be immediately interested but it may ring a bell if multiple fans start to ask for a Flattr button. Don’t hesitate to suggest ideas. What about a 9gag Flattr integration? Or a Reddit integration? (EDIT:Reddit integration is possible through Fleddit)

In the meantime, there’s already a huge amount of content that can receive flattrs. If this is not enough for you, keep your Flattr fee to the minimal 2€ per month and, like me, continue to make unclaimed flattrs. You can also subscribe to a few charities. Charities don’t pay the 10% Flattr fee. 100% of your money is directly going to them.

In the worst case, you will spend 2€ per months to help charities and creators. In the best case, you will have fuelled a cultural revolution.

 

Picture from Daniel Colquitt

flattr this!