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Pourquoi je suis contre l’homosexualité

dimanche 13 janvier 2013 à 01:05

gaypride « Es-tu homosexuel ou hétéro ? » À cette question, ma réponse est déjà préparée : je suis amoureux d’une femme. Faut-il en déduire que je suis hétéro ? Rien ne dit que, dans le futur, je ne tomberais pas amoureux d’un homme. Suis-je bi ? N’ayant, jusqu’à présent, jamais été attiré par un homme, je ne me reconnais pas plus dans cette définition.

Je suis donc contre le concept d’homosexualité. Tout comme je suis opposé à celui d’hétérosexualité. Et je me pose la question de l’utilité du mariage. Il n’existe pour moi que des êtres humains dont, parfois, on tombe amoureux. Souvent pas. Ou pas réciproquement. Mais ceci est une autre histoire.

Devrais-je déduire de la chevelure de ma compagne que je suis blondosexuel ? Devrais-je en être fier ? Les brunosexuels ne sont-ils pas des tafioles, des sous-hommes ? Quand au chauvosexuels, quelle rigolade !

Je suis bien conscient que certains sont profondément dégoûtés à l’idée d’avoir des relations sexuelles avec une personne de leur sexe. Tout comme certains hommes ont un haut-le-cœur à l’idée de manger du hareng saur ou des choux de bruxelles. Si vous êtes dans l’un de ces cas, J’ai une bonne nouvelle : vous n’êtes pas obligés. Mais au cas où vous changeriez d’avis, personne ne vous jugera.

Homophobia-Sucks

Ces derniers temps, la France est en émoi. À la télévision et dans la rue, le débat fait rage sur l’opportunité d’autoriser ou non le mariage entre personnes du même sexe. Comme la télévision française est fort regardée dans la partie francophone de mon pays, elle réveille parfois une homophobie latente que l’on croyait endormie, donnant lieu à des situations particulièrement cocasses :

— Tu sais, moi, je suis contre.
— Contre quoi ?
— Ben tu sais, le mariage des homos.
— En même temps, ça ne fait que dix ans qu’il est autorisé chez nous.
— Comment ? Dix ans ! Ce n’est pas possible !
— Si. Et cela montre bien à quel point c’est dramatique. Depuis dix ans, ta vie est un enfer, la natalité s’est effondrée, les sauterelles mangent les récoltes, toussa.
— On ne nous a même pas consulté !
— Comme tu ne comptais pas te marier à une personne de ton sexe, on a dû estimer que tu n’étais pas vraiment concerné.
— Mais à la télé ils disent que…
— On parle bien du pays qui a misé sur le minitel plutôt que sur Internet et qui fait un calcul complexe à chaque fois qu’il faut compter jusque nonante ? Faut les comprendre, ils aiment bien faire les réactionnaires rétrogrades de temps en temps.
— …
— Au fait, Bernard et Adrien se marient le mois prochain.
— Quoi ?!
— Je te rassure tout de suite, tu n’es pas invité.

 

Photo par Guillaume Paumier

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I don’t care about your business model

jeudi 10 janvier 2013 à 00:51

Old CD

Une traduction en français est disponible.

The world is changing and that’s a good thing. A little bit every day, gradually. Sometimes for the worst, often for the best. One consequence is that some businesses are no longer profitable. Or do not answer adequately to the market. They must adapt or fail. This is normal, it is called the evolution of society.

There are countless examples. The candle industry was marginalized by electricity. In my country, thousands of coal miners became unemployed because of the petroleum and nuclear energy. Ice sellers disappeared completely when refrigerators became widespread.

But let’s take some modern cases. What happened to those women who responded to overtaxed erotic phone lines which had ads in the local newspaper during my childhood? And that date-by-phone service for which I still have the radio advertising in mind, twenty years later? How did the printing of maps deal with the GPS?

Speaking about GPS. While it was initially an option for luxury cars, costing between 2000 € and 5000 € only a few years ago, portable GPS such as Tomtom and Garmin changed the game. A small compact GPS, more efficient at tenth of the price! Less than 5 years ago, it was a revolution.

But would you buy Garmin or Tomtom shares now that any 150€ phone is also a GPS? With updated maps, real-time traffic information and integration of your online address book?

We look at this evolution from a distance. It even makes sense until the day your own job is on the hot seat. After the denial, “Consumers will not follow, it’s only about a minority”, you will end on the typical argument: “Every work deserves a salary, we have to make a living”.

Is making a living of your current job really an immutable natural law? You earned money as long as you provided something for which customers were willing to pay. However, this does not give you the moral right to do the same forever. If nobody wants to pay for your work or if clients have the same result without paying you, it is up to you to reinvent yourself. Or switch off the lights and close the door.

You will then probably look at the public institutions, imagining how you and your industry could live out of public money. If your service is essential, like education, culture or health care, the state must actually take it in charge without any need for profitability. But if it is not, it will only exist as long as a large enough customers base is willing to pay. Should the state subsidize candles, maps or deliquescent GPS?

At this point of the discussion, you will certainly challenge me to find another way to make money with your work, to create a new business model for you. As if not finding one was the ultimate proof that nothing should change.

You know what? I do not even want to think about it. It is your job, not mine. If I have an idea of a ​​business model, I would create a company, I would be an entrepreneur. And if I can not find one, we can not draw any conclusion anyway. Maybe is there no more possible business model in your case? Like ice sellers? I wish you the opposite.

As a counter argument, your will focus on the costs of your business and detail the number of hours spent on your work. As if it were a justification of value. But nothing forces you to do this particular work. Nobody is requiring you to continue. You think you are paid for your work. In reality we work to get paid. Do not confuse cause and effect.

In last resort comes the blackmail argument: if you are not paid, your work will disappear. You will go as far as calling the evolution a threat for your entire industry. Well, let’s try. If your work is essential, a threat should open wallets. But do not count on it: the cemeteries are filled with irreplaceable people.

In the end, you will be shut me up by simply telling that I’m wrong. But whatever your work is, it will soon be obsolete. In a year or ten. The world is changing. Some people do not realize it because they adapt continuously. Other reinvent themselves periodically. Some put all their power to prevent the evolution instead of questioning themselves. Trying to erect their own venality as an universal morality.

I think we all agree that people in this last category do not deserve our money.

 

Picture by MKFautoyère

Une traduction en français est disponible.

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Je n’ai que faire de votre business model

mercredi 9 janvier 2013 à 23:59

Cassette audio

English translation available

Le monde change et j’en suis heureux. Un petit peu tous les jours, progressivement. Parfois en pire, souvent en mieux. Une des conséquence est que certains business ne sont plus rentables. Ou ne répondent plus à une demande. Ils doivent s’adapter ou faire faillite. C’est normal, on appelle ça l’évolution de la société.

Les exemples sont innombrables. L’électricité a rendu complètement marginale l’industrie de la bougie. Dans mon pays, le nucléaire et le pétrole ont mis au chômage des milliers de mineurs de charbon. Les vendeurs de glace ont complètement disparu suite à l’invention du frigidaire.

Mais soyons plus modernes. Que sont devenues ces femmes qui répondaient à des lignes téléphoniques érotiques surtaxées dont les publicités envahissaient la gazette locale durant mon enfance ? Et ces entreprises de rencontre par téléphone dont la pub radio me tourne encore en tête ? Comment ont réagi les imprimeurs de cartes routières face à l’arrivée du GPS ?

Le GPS, parlons-en. Alors qu’il s’agissait au départ d’une option pour les voitures de luxe, facturable entre 2000€ et 5000€ il y a à peine quelques années, les GPS portables comme Tomtom et Garmin ont changé la donne. Un GPS portable, plus performant au dixième du prix ! Il y a moins de 5 ans, ce fût une révolution.

Mais achèteriez-vous des actions Tomtom ou Garmin à l’heure où n’importe quel téléphone de 150€ fait également GPS ? Avec les cartes mises à jour en temps réel, les infos trafic et votre carnet d’adresses intégré ?

Toutes ces évolutions, nous les regardons de loin, les trouvant logiques jusqu’au jour où votre propre travail se trouve dans la ligne de mire. Après la phase de déni « Le public n’accrochera pas, cela ne concerne qu’une minorité », vous vous replierez sur l’argument massue et ses nombreux dérivés : « Tout travail mérite salaire, il faut bien vivre ».

Comme si vivre de votre travail actuel était un dû, une loi immuable de la nature. Vous avez gagné votre vie car vous fournissiez un travail pour lequel des clients étaient prêt à payer. Pour autant, cela ne vous donne aucun droit moral sur le futur. Si personne ne veut plus payer pour votre travail ou si les clients arrivent au même résultat sans payer, c’est à vous de vous réinventer. Ou de mettre la clé sous le paillasson.

Vous aurez alors le réflexe de vous tourner vers l’état, d’imaginer un moyen via lequel la collectivité vous subventionnera, vous et votre industrie. À cela je répondrais : si votre service est indispensable, comme l’enseignement, la culture, les soins médicaux, alors effectivement l’état doit le prendre en charge sans le moindre impératif de rentabilité. Mais s’il ne l’est pas, il n’existera que si une clientèle assez nombreuse est prête à payer. Soyons réalistes : l’état devrait-il subventionner les bougies, les cartes routières et les GPS déliquescents ?

À ce point de la discussion, vous me mettrez certainement au défi de trouver une autre manière de gagner de l’argent avec votre travail, de vous créer un nouveau business model. Comme si le fait que je ne puisse pas en trouver soit la preuve ultime que rien ne devrait changer.

Vous savez quoi ? Je n’ai même pas envie de chercher. C’est votre travail, pas le mien. Si j’ai une idée de business model, je créerais une boîte, j’entreprendrais. Et si je n’en trouve pas, on ne pourra en tirer aucune conclusion. Peut-être que dans votre cas il n’y a plus de business model possible. Tout comme les vendeurs de glace : le métier est mort. Je vous souhaite le contraire.

Votre contre-attaque portera sur les frais liés à votre activité et en me détaillant le nombre d’heures que vous passez sur votre travail. Comme s’il s’agissait d’une justification de votre valeur. Mais rien ne vous oblige à faire ce travail. Personne ne vous force à continuer. Vous pensez être payé pour votre travail. En réalité nous travaillons pour être payé. Ne confondons pas cause et effet.

En désespoir de cause, vous vous rabattrez sur le chantage : si vous n’êtes plus payé, votre travail disparaîtra. Vous irez jusqu’à affirmer que votre industrie toute entière disparaîtra. Et bien, essayons. Si votre travail est si indispensable, une menace de fermeture devrait délier les bourses. Mais ne comptez pas trop dessus : les cimetières sont remplis de gens irremplaçables.

Au final, vous vous contenterez de me dire que j’ai tort et de me clouer le bec avec une réplique bien sentie. Mais quel que soit votre travail, il sera bientôt obsolète. Dans un an ou dans dix. Le monde change. Certains pratiquent une adaptation continue tellement subtile qu’ils ne s’en rendent pas compte. D’autres se réinventent périodiquement. Certains s’accrochent de toutes leurs forces, tentant d’empêcher l’évolution du monde pour ne pas se remettre en question. Érigeant en morale universelle ce qui n’est que vénalité.

Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que les personnes de cette dernière catégorie ne mérite plus notre argent.

 

Photo pas MKFautoyère

English translation available

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Et si on comptait les votes blancs ?

mardi 8 janvier 2013 à 21:32

L'hémicycle

Vous avez peut-être déjà entendu parler de l’initiative Le Message d’Étienne Chouard. Pour faire bref, Étienne Chouard y démontre que le vote n’est pas démocratique et qu’au contraire il confisque le pouvoir au profit d’une minorité. De plus, une campagne électorale met en valeur ceux qui sont riches et bons communicateurs, qualités des moins importantes en regard de la fonction briguée.

Je ne peux que partager cette analyse, en ayant moi-même fait l’expérience.

Une solution serait de réécrire la constitution pour instituer le tirage au sort des représentants du peuple. La majorité des objections qu’on pourrait avoir face à ce système ont été levées par Étienne Chouard lors de ses multiples conférences. En théorie, je trouve l’idée séduisante.

Mais en pratique ? Il faudrait une majorité de citoyens pour soutenir l’idée afin de réécrire la constitution ? Irréaliste. Il faudrait que des politiciens élus traditionnellement renoncent à tout leurs acquis pour changer la loi ? C’est presqu’un coup d’état ! De plus, si un tel changement s’avère une mauvaise chose, le retour en arrière sera vraiment difficile.

Mais un pirate, Nicolas Ykman, a eu une idée génie : pourquoi ne pas tout simplement donner des sièges aux votes blancs. Et ces sièges seraient assignés à des personnes tirées au sort.

Plutôt que de militer pour un changement de constitution, Étienne Chouard et consort pourraient militer pour voter blanc. De plus, ce ne pourrait qu’être bénéfique pour la représentation démocratique : au conseil communal ou au parlement siégeraient d’illustres inconnus comme vous et moi, sans électorat.

Mais si un extrémiste pédophile nazi téléchargeur de mp3 est tiré au sort ?

Si les votes blancs n’ont qu’un siège, cette personne sera seule au sein de l’assemblée. Plus les votes blancs auront des sièges plus, statistiquement, les représentants tirés au sort représenteront les diverses franges de la population.

Rappelons que, contrairement à des élus traditionnels, il n’y aura pas de parti, pas de coalition.

Quelqu’un tiré au sort peut-il rejoindre une coalition ?

Pourquoi pas ? Une personne votant blanc sait à quoi elle s’engage : un résultat aléatoire. Si vous tenez absolument à ce que les jaunes ne soient pas dans la majorité, votez mauve, pas blanc.

D’ailleurs, les partis traditionnels feront sans doute les yeux doux aux tirés au sort. Mais c’est, au final, un mauvais calcul : les personnes tirées au sort ne siègent pas pour leurs qualités intrinsèques. Elles n’ont pas un électorat. Si elles devaient se révéler populaires et continuer une carrière politique dans un parti, ce serait justement positif : une personne fraîche, issue de la société civile et non pas un apparatchik.

Faut-il prendre en compte l’abstention dans les votes blancs ?

Bonne question. Par honnêteté intellectuelle, je dirais que non, surtout dans un premier temps. Mais, le temps passant, ce serait une bonne chose. Soit cela encouragerait les gens à aller voter, ce qui est positif, soit cela renforcerait le quota de personnes tirées au sort, ce qui est également souhaitable.

Et si on est contre ?

Et bien il reste la possibilité de ne pas voter blanc, tout simplement.

Je ne me suis pas penché en détail sur tout l’argumentaire. Je vous invite à poster dans les commentaires des liens pertinents pour ou contre le tirage au sort. Je serais curieux d’avoir l’avis des spécialistes sur les sujet.

Photo par Sylke Ibach

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Méfiez-vous des observables

mardi 8 janvier 2013 à 18:30

Mètre en bois

Comment mesurer le courant dans un circuit électrique sans que votre appareil de mesure n’interfère lui-même avec le circuit ? Comment mesurer la température d’un objet sans que la température du thermomètre ne la perturbe ?

Toutes ces questions montrent que mesurer est une démarche complexe bien plus difficile qu’il n’y paraît au premier abord. Souvent, la mesure ne peut même pas être faite directement. L’expérimentateur va donc utiliser d’autres variables que j’appelle, par abus de langage issue de la physique quantique, une « observable ».

Cependant, pour que la mesure soit utile, il est important que votre observable soit parfaitement corrélée à ce que vous souhaitez mesurer.

J’insiste sur le fait que la corrélation doit être parfaite. L’intuition aura tendance à nous dire que même si la corrélation est imparfaite, la mesure ne sera alors qu’approximative. Que si le besoin de précision n’est pas absolu, on pourra s’en contenter. En réalité, si la corrélation n’est pas absolue, votre mesure peut se révéler complètement fausse voire totalement absurde. Avec le danger  que votre observable serve de justification pour l’accepter.

Le résultat ne se fera pas attendre : toute personne souhaitant influencer les résultats s’attaquera à l’observable uniquement, exploitant la décorrélation possible.

Le pointage horaire comme mesure du travail

Une des plus fameuse erreurs du monde moderne est de tenter de mesurer le travail en nombre d’heures de présence dans un bâtiment donné. La justification est « que même si ce n’est pas parfait, tout le monde n’ayant pas le même rendement horaire, c’est une estimation acceptable ».

Or il n’en est rien. Vous connaissez sans doute des dizaines d’exemples de personnes capables de passer 10h par jour au bureau sans avoir la moindre once de productivité. Pire : la productivité générale se trouverait probablement accrue s’ils n’étaient pas là.

À l’opposé, un employé consciencieux ayant vérifié un dossier le soir chez lui, ayant appelé un client avant de prendre la route le matin et ayant du s’arrêter pour noter un rendez-vous se verra pénalisé par un retard. À la fin du mois, votre glandeur recevra un jour de congé de récupération pour heures supplémentaires.

Le signal est clair : une personne est payée pour être dans un bureau, pas pour travailler. La perversion est telle que ça en devient un argument politique majeur. Loin d’être une approximation souhaitable, la mesure du temps passé au travail est donc pire que pas de mesure du tout.

La longueur de la Twitter-quequette

Un autre domaine fortement concerné est l’influence sur le web. Intuitivement, tout le monde sent que certaines personnes sont plus influentes que d’autres sur le web. Il s’est donc développé tout un marché de classements sur le nombre d’abonnés ou de score fait à partir d’une logique opaque.

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Ainsi, en juillet 2012, le journal l’Avenir décide de faire un classement des politiques du Brabant -Wallon sur Twitter. Surprise, étant candidat aux élections, j’y apparais en troisième position. Or, il est évident que je ne suis pas un politicien influent. La majeure partie de mes abonnés n’ont sans doute jamais entendu parler du Brabant-Wallon. Mais l’observable étant choisie, il faut s’y conformer. Le journaliste a l’intelligence de ne pas faire de commentaire et d’intituler ce classement « Les plus suivis » afin de rester factuel.

Qui Klout le plus loin ?

Un score très populaire pour mesurer l’influence d’une personne sur les réseaux sociaux est le Klout. Outre son opacité totale, le Klout possède une faiblesse majeure : il est la somme des influences d’une personne sur les réseaux sociaux mais n’est mesurable que si cette personne est inscrite volontairement à Klout. Sinon, chaque profil sur un réseau social sera considéré comme une personne différente. Le Klout fait également abstraction totale de ce qui n’est pas Twitter/Facebook/Google+, avec une influence négligeable dans le score total pour le dernier. Faire augmenter son Klout passe donc par avoir beaucoup de retweets et de like sur Facebook, une mesure certainement simpliste. Rick Falkvinge, fondateur du Parti Pirate, blogueur mondialement renommé, conférencier TED, sélectionné en 2012 dans la liste des personnes les plus influentes de la planète du magazine TIME, y reçoit une note de 71. Il est en effet inscrit sur Klout et utilise beaucoup les réseaux sociaux. Damien Vanachter, dont le métier est justement d’utiliser ces mêmes réseaux sociaux, de jouer avec ces outils, y reçoit une note de 73. Le TIME aurait-il oublié de sélectionner Damien ?

Mon ebuzz est plus gros que le tien

Dernier exemple avec le classement de blogs Ebuzzing, ancien Wikio, et véritable référence en matière de classement des blogs. En janvier 2013, mon blog apparaît comme le second plus influent de Belgique et le 144ème blog francophone, tous pays confondus.

Or, il est amusant de constater que, sur l’année 2012, la source qui m’a apporté le plus de visiteurs, hors Google et réseaux sociaux, est le blog de Sebsauvage. Chaque fois que Sebsauvage parle de moi ou me lie sur son Shaarli, une avalanche de visiteurs m’envahit. Des amis m’ont même félicité pour cette honneur. Sebsauvage, qui semble avoir une audience nettement plus importante que la mienne, devrait logiquement être plus influent. Or, le blog de Sebsauvage apparaît à la 1198ème place de ce classement.

L’explication est simple : le classement est fait en additionnant les like, les retweet et les google +1 reçus par un blog sur une période du mois précédent. Le premier moyen d’être bien classé est donc de publier beaucoup. 10 articles avec 1 like chacun valent un article avec 10 likes. Mais cela n’explique pas mon si bon classement. Mon article sur le monde de Google a bien tourné mais sans casser la baraque. La raison est, au fond, toute simple :  j’ai posté un article parlant de chats qui a tourné sur Facebook. Cette article n’est pas important, n’influencera personne et ne restera pas dans les mémoires. Mais il a eu 1000 likes sur Facebook.

Conclusion

Tous ces exemples mettent en exergue le même phénomène : en se disant qu’une approximation de corrélation amènerait une approximation de résultat, on obtient des aberrations qui sont considérées comme paroles d’évangile.

Mais les conséquences sont vicieuses : ces fausses mesures influencent elles-même les résultats. Le glandeur qui reste tard au bureau finira par être persuadé qu’il travaille dur, à convaincre ses collègues et à obtenir des promotions. Les scores ebuzz, Klout ou d’abonnés Twitter forgent de toutes pièces une réputation d’influenceur ce qui a pour conséquence de créer une audience à partir de rien, de Paris Hiltoniser un blogueur ou un Twittos.

Quelle que soit la situation, posez-vous toujours les questions suivantes : « Que suis-je en train de mesurer exactement ? Quelle observable vais-je utiliser ? Cette observable est-elle corrélée exactement à ce que je mesure ? Puis-je trouver un exemple de cas manifeste de décorrélation, ce qui invaliderait tout à fait l’observable ?  ».

Peut-être vaut-il mieux pas de mesure du tout et un peu de bon sens subjectif qu’une fausse mesure pseudo-objective ?

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