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Printeurs 24

dimanche 24 août 2014 à 19:12
corridor
Ceci est le billet 24 sur 24 dans la série Printeurs

Je reprends péniblement conscience. Une douleur sourde résonne entre mes tempes et me cisaille le cerveau.

— À… À boire !
Ma bouche est pâteuse, ma gorge rêche. Chaque respiration me donne l’impression d’être devenu un robot de métal corrodé enfoui sous une tonne de sable. Une main me soulève la nuque et je sens le contact d’un récipient métallique sur mes lèvres. Les quelques gorgées d’eau que j’avale ruissèlent comme un torrent sur un lit trop longtemps asséché. Je déglutis douloureusement avant d’ouvrir les yeux.
— Alors ? Ça va mieux ?
Je cligne des paupières rapidement. Une paire de lunettes est penchée sur moi.
— Rassurez-vous, vous n’êtes pas blessé ! J’ai fait écran au moment de l’explosion.
Je réalise que, derrière les lunettes démesurées, un visage affable me parle. Un jeune homme a la peau extrêmement pâle. Il porte des traces d’acné mal soignée et ses cheveux en friche semblent avoir été laissé à l’abandon plusieurs années auparavant. Son corps est petit, osseux, chétif. M’apporter un verre d’eau a du représenter un véritable effort physique pour un organisme si frêle.
— Qui… qui êtes-vous ? fais-je en me redressant sur mes coudes.
— Appelez-moi Junior ! Mais ne vous relevez pas trop vite. Vous êtes au commissariat, en sécurité.
Je tente de rassembler mes esprits.
— Que s’est-il passé ?
— Un de nos clients, Monsieur Farreck, a fait une demande de protection d’urgence. Comme le prévoit le contrat de Monsieur Farreck, nous sommes intervenus immédiatement et nous avons aussitôt mis en sécurité tous les occupants du véhicule. C’est la clause d’extensibilité du contrat de Monsieur Farreck : nous devons également protéger ses proches.
— Comment va Georges ? Est-il blessé ?
— Non, rassurez-vous ! Il n’a même pas été assommé. Vous, par contre, avez pris le souffle d’une explosion de plein fouet. Vous allez ressentir de légères brûlures intérieures pendant quelques jours.
— Je veux parler à Georges.
— Il est déjà parti. Il soupçonne très fortement un certain Warren d’être à l’origine de l’attentat. Et, entre nous, le Warren en question n’y est pas allé de main morte. Waw !
Il secoue la main en sifflant et me gratifie d’un énorme sourire qui révèle une dent mal alignée. Son enthousiasme semble croître au fur et à mesure qu’il détaille l’attaque dont j’ai été victime.
— Je croyais que les drones kamikazes, on ne voyait ça qu’en territoire islamique ! C’était chaud. Sans la mousse airbag, on vous ramassait à la petite cuillère. Et encore, vous avez été assommé par le souffle de l’explosion au tout début, vous avez manqué le meilleur. On a établit un écran de protection et une couverture de feu nourri pour se tailler un couloir de fuite. C’était vraiment super, mieux qu’en compétition !
Je suis pris d’un léger doute. Ce jeune homme malingre et souffreteux me raconte les événements comme si il y était.
— Excusez-moi mais… vous faîtes partie de l’équipe ?
— Bien sûr, c’est moi qui vous ai tiré de la voiture.
Je manque de m’étrangler.
— Pardon ?
— Je m’appelle Junior Freeman. Enchanté de faire votre connaissance !
D’un geste ample, il me tend une main moite.

*

Alors que je suis Junior Freeman à travers les couloirs aseptisés du commissariat, je pose une question qui me brûle les lèvres depuis plusieurs minutes.
— Dîtes Junior, ce n’est pas que je veux paraître grossier mais le Freeman qui m’a sorti de la voiture…
— C’est moi, réplique-t-il avec un grand sourire.
— Mais alors, comment se fait-il que vous faisiez deux mètres de haut et presqu’autant de large ? Sans vouloir vous diminuer, vous n’êtes pas exactement ce qu’on appelle une armoire à glace. Non ?
Contre toute attente, il éclate d’un rire franc.
— Bien entendu ! Je suis un soldat d’élite ultra entraîné ! Je coûte trop cher pour être envoyé directement sur le théâtre des opérations. C’est la règle : si vous êtes face à un vrai policier en chair et en os, c’est qu’il n’est pas bon et qu’il peut être sacrifié. C’est évident, non ?
— C’est évident, en effet, annoncé-je sans avoir la moindre idée de ce qu’il sous-entendait.
— Comme les avatars coûtent énormément d’argent, seules les unités d’élite en utilisent. Et puis, je ne suis pas sûr que cela soit très légal. Il y a une convention, une charte ou un brol de ce genre qui soumet leur utilisation à une autorisation gouvernementale. Mais bon, vous savez, moi, les règlements… Du coup, nos avatars sont anthropomorphes et portent nos noms. Légalement, quand mon avatar est dehors, c’est de moi qu’il s’agit.
— Ah… fais-je sans conviction. Et… c’est quoi un avatar ?
Junior s’arrête et, à son regard, j’ai l’impression que des antennes vertes et des tentacules m’ont brusquement poussé sur le visage. Après quelques secondes d’hésitation, il se reprend.
— Le mieux est que j’aille vous les montrer au garage. Suivez-moi !
Alors que je lui emboîte le pas, nous passons devant une porte ou deux policiers en armure montent une garde attentive. Sans se faire prier, Junior se lance dans une explication.
— Ce sont les appartement de votre ami John, que nous devons à tout prix protéger.
— Mais je ne connais pas ce John !
— Ah bon ? fait-il d’un air étonné. Pourtant Monsieur Farreck vous a nommé comme la seule personne de confiance autorisée à l’approcher. À part lui-même, bien entendu !
— Bien entendu…
Saluant à peine les deux gardes, il continue sur sa lancée dans le couloir. D’un geste, il me fait signe de le suivre.
— Vous venez ?
— Je veux voir ce fameux John.
Campé sur mes deux jambes face à la porte, la voix ferme, je tente d’adopter une posture d’autorité.
— Mais… je voulais vous montrer les avatars.
— Ils attendront.
— Mais… je ne sais pas si le règlement permet…
Je me tourne vers les deux gardes qui ne semblent même pas prêter attention à notre existence.
— Conduisez-moi à John !
L’un des policiers daigne abaisser vers moi un regard hautain.
— Seul Monsieur Farreck a le droit de voir Monsieur John. Ainsi que les personnes de confiance désignée.
— J’en suis une ! Ouvrez !
Il pousse un profond soupir et hausse les épaules en regardant son collègue. Sans aménité, il saisit ma main qu’il applique sur un lecteur. Un léger bruit se fait entendre et la mention “autorisé” s’affiche sur l’écran. Aussitôt, le garde se recule et m’adresse un salut.
— Excusez-moi monsieur, je ne savais pas ! Mais pour des raisons de sécurité, je dois rester avec vous.
Junior a fait demi-tour et arrive à ma hauteur.
— Vous ne préférez pas voir les avatars ? Parce que je ne suis pas sûr que le règlement permette…
Je lui lance un regard teinté d’ironie.
— Je ne suis pas sûr que le règlement permette l’utilisation des avatars sans accord du gouvernement. Alors, vous savez, moi, les règlements…
Il n’a pas le temps de me répondre que l’un des deux gardes a ouvert la porte et m’introduit dans un sas d’entrée. Il toque à une seconde porte et appelle.
— Monsieur John ? Une visite pour vous.
Derrière moi, j’entends le premier garde discuter avec junior. Dans sa voix perce une pointe de respect, de déférence. Junior, qui mesure deux têtes de moins et pourrait se tenir trois fois dans le pantalon du policier est visiblement un soldat respecté et expérimenté. Mais je n’ai pas le temps de m’intéresser au comique de la situation. Monsieur John vient d’arriver.
— C’est vous Monsieur Farr…
Sa voix s’étrangle dans sa gorge.

 

Photo par Tanakawho.

 

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Printeurs 23

dimanche 17 août 2014 à 20:34
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Ceci est le billet 23 sur 24 dans la série Printeurs

— Tu ne te souviens vraiment de rien ?
La voiture privée de Georges nous emmène à toute allure vers l’aéroport. J’ai décidé de me montrer coopératif. Après tout, s’il avait voulu se débarrasser de moi, Georges n’aurait eu qu’à claquer des doigts. Peut-être est-il sincère ? Je dois la jouer subtile, feindre l’acceptation totale tout en restant sur mes gardes. Alors que le véhicule nous emporte à toute vitesse hors de la ville, je regarde Georges dans les yeux et secoue négativement la tête.
— Rien. Le mur blanc.
— Bizarre… Bizarre…
— Au fait Georges, qu’ai-je fait avec toi durant tout ce temps ? Quel est ce grand projet dont je ne me souviens pas ?
— Tu dois te souvenir que je me bats pour améliorer les conditions de travail des ouvriers dans la zone industrielle.
— Euh… c’est possible. Quel est le rapport ?
— Les ouvriers sont aujourd’hui forcé d’accomplir des actions dangereuses, de manipuler des produits toxiques pour la simple raison que la robotisation de l’industrie coûte cher et ne permet pas la personnalisation extrême qui est aujourd’hui en vogue parmi les consommateurs. Si nous parvenons à industrialiser les printeurs, les ouvriers pourront travailler dans de meilleures conditions.
— Voire plus du tout.
— En effet…
— Tu espères donc transformer la majorité des ouvriers en télé-passifs ? Imagines-tu l’impact social ? C’est criminel Georges !
— Criminel ? Et forcer les individus à travailler 8h par jour, 4 jours par semaine dans des conditions dangereuses ce n’est pas criminel peut-être ? Le tout pour une situation qui n’offre aucun réel avantage par rapport à celle des télé-passifs !
— Oui mais personne ne veut devenir télé-passifs. C’est une question d’honneur, d’identité. Tu vas arracher à des milliers de personnes la seule chose qui leur donne le sentiment d’exister. Ils vont te haïr, te détester !
Les mots sont sortis spontanément de ma bouche mais ils ont un goût amer, artificiel. J’ai l’impression de ressasser des idées pré-mâchées, une propagande qui n’est pas la mienne. Depuis que je ne suis plus soumis à la publicité, je me surprends à être en désaccord avec moi-même, à découvrir des paradoxes dans les valeurs que je pensais les plus établies.
— Justement Nellio, il n’y a que moi qui puisse mener cela à bien. Toi tu es le créateur, l’ingénieur. Moi je serai la face publique. Les gens m’aiment Nellio. Les gens me reconnaissent. Si c’est moi qui parle, ils comprendront. Et même s’ils doivent me détester, c’est un prix à payer bien faible par rapport à la liberté que nous apportons à l’humanité. Peut-être que, libérés des contraintes, de l’obligation de présence, de la fatigue nerveuse, ils deviendront créatifs. Combien de Mozart, de Tolstoï, de Rowling, de Mercury, de Peegou n’ont jamais découvert leur propre talent car nous avons arbitrairement décidé que les télé-passifs sont une abomination morale, parce que nous avons érigé l’occupation inutile en sens ultime de l’existence ?
Je reste un instant sans rien dire, le regard perdu par la fenêtre. Les rues me semblent bien calmes. Georges m’a acheté une nouvelle paire de lentilles avec l’abonnement non-publicitaire total. Le ciel me semble à présent dégagé, aucune publicité ne vient plus perturber mes pensées et mon champ de vision.
— Georges, tu ne crois pas que tu exagères un peu les conditions de travail des ouvriers ?
— J’oubliais que tu ne te souviens plus du témoignage de John.
— Non, je ne m’en souviens plus. Mais pourquoi ne pas être plus progressif ? Il faut laisser le temps…
Ma phrase se termine en un hurlement bestial de terreur alors que que retentit une explosion assourdissante. La voiture semble faire un bon de plusieurs mètres. Pendant une fraction de secondes, je sens mon corps flotter en apesanteur avant de percevoir une douleur sèche dans le creux de l’estomac. Le genou de Georges. Ses mains agrippent mes épaules nous tourbillonnons dans un monde opaque et duveteux. Mon corps s’enfonce dans une mousse pâteuse qui s’insère dans ma bouche, mes narines. Je suis aveugle. J’étouffe.

J’inspire violemment une gorgée d’air. La mousse s’évapore. La voiture est sens dessus dessous. Des flammes dansent autour de nous, j’entends la voix de Georges.
— Intervention immédiate maximale.
— Georges ! crié-je.
— Nellio, ne bouge pas !
— Les flammes !
— Ne bouge pas ! Nous sommes dans un habitacle sécurisé. Les flammes brouilleront les capteurs du drone pendant quelques secondes et retarderont le prochain missile. La mousse airbag a parfaitement fonctionné et fait également écran.
— Mais… après ? On fait quoi ?
— Mes gardes du corps sont en route. Je les avais assigné à la protection de John.
— Qui serait assez fou pour envoyer un drone d’attaque en pleine ville ? hurlé-je. C’est de la démence !
Tournant légèrement la tête, je vois le visage de Georges. Un fin filet de sang lui dégouline du front, traverse ses sourcils avant de rejoindre sa lèvre. Un bruit violent me fait sursauter. Un main gantée de noire m’attrape soudain par le col et m’extirpe hors de la voiture. Je n’ai pas le temps de me débattre que je me retrouve nez-à-nez avec un policier caparaçonné des pieds à la tête. Une dizaine de ses collègues s’affairent autour de la voiture et pointent leurs armes vers le ciel tandis que Georges se relève en s’époussetant. Des coups de feu retentissent.
— Ne t’inquiètes pas Nellio, ce sont mes hommes.
— Ah… Et bien merci ! fais-je au géant noir qui se tient à mes côtés et dont je n’arrive pas à apercevoir le moindre morceau de chair. Sur la veste, je déchiffre un badge d’identification. J. Freeman.
— Merci J. Freeman !
— De rien monsieur, me réponds une voix caverneuse issue du masque. Monsieur Farreck nous paie pour ça.
— L’élite de l’élite, me fait Geroges avec un clin d’œil. Rien à voir avec tout ceux que tu as déjà vu qui ne sont, au fond, que des télé-pass à qui on a trouvé une occupation.
— Il y a quand même ceux qui ont tué Eva, fais-je en grinçant des dents.
— Les gouvernementaux ? De dangereux amateurs !
Dans la rue, les rares passants ont complètement disparu. Contrairement à la curiosité intrinsèque à tout citadin, les banlieusards semblent donner plus de valeur à leur tranquillité et à leur intégrité physique qu’au spectacle de voitures qui brûlent. Calmement, avec des gestes posés et mesurés, les policiers se rapprochent rapidement de nous pour former un mur humain.
— Escadrille de drones kamikazes en approche. Il faut évacuer la zone.
Le visage de Georges devient soudain pâle comme la mort.
— Warren, murmure-t-il. Je n’aurais jamais cru qu’il en arriverait à de telles extrémités.
— Quoi ? Le mec du conglomérat de la zone industrielle ?
Je lève les yeux au ciel. Au dessus de nous, des centaines de points bourdonnants semblent grossir.
— Qu’est-ce…
L’enfer se déchaîne soudain.

 

Photo par Norm Lanier.

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Les opportunités viennent toujours par deux…

mercredi 13 août 2014 à 18:04
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Lorsque des opportunités s’offrent à moi et qu’un proche me fait remarquer que j’ai de la chance, je réponds que la chance, ça se provoque. Et que les opportunités se cultivent avant d’éclore. L’éclosion est le plus souvent totalement inattendue et se fait généralement par paire. Je viens d’ailleurs d’en faire l’expérience.

Alors que j’avais décidé de prendre du temps pour réfléchir à mes nombreux projets, je fus invité par Olivier Verbeke à passer une partie de mon temps dans le cadre idyllique de Nest’Up. Grâce à son enthousiasme, je me suis découvert une passion pour le partage d’expérience et l’accompagnement des startups. Après plusieurs mois de doute, d’exploration et d’incertitude, voilà que se présente enfin l’opportunité de transformer cette passion diffuse en un projet concret, solide.

C’est évidemment ce moment-là qu’a choisi mon ami Antoine Perdaens pour me proposer une opportunité complètement différente et inattendue.

Vous le savez certainement, je suis un grand utilisateur des réseaux sociaux. Je les trouve très pertinents pour partager l’information. Je collecte cette information dans Pocket et, afin d’alimenter mon blog, je trie les articles Pocket avec des tags suivant des thèmes avant de les regrouper dans des brouillons au format txt.

Or, Antoine est le CEO de Knowledge Plaza, une plateforme qui propose de faire… exactement ce que je fais pour mon blog mais au niveau de l’entreprise, pour des équipes allant d’une dizaine à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Knoweldge Plaza, c’est le Facebook de l’entreprise agrémenté d’un Pocket sous stéroïdes, le tout enveloppé dans un moteur de recherche ultra puissant.

Le principal challenge de Knowledge Plaza est qu’il est complexe. L’outil est puissant et difficile à appréhender. Si les clients sont tous aux anges et chantent les louanges de KP, les nouveaux utilisateurs ont plus de peine à prendre leurs marques. De plus, comme Facebook ou Twitter à leur début, la valeur ajoutée et l’utilité de KP ne sautent pas immédiatement aux yeux. Y compris pour moi, qui suis pourtant assez sensible à la question.

Antoine étant bien conscient de ces défis, il m’a proposé de les relever. « KP a besoin d’élargir sa vision à long terme, de se projeter dans le futur. J’ai pensé que tu pourrais nous aider ».

Je me suis donc retrouvé face à deux opportunités complètement différentes, passionnantes. J’aime à croire que ces opportunités, je les ai provoquées.

Choisir, c’est renoncer.

Vous le savez, je résiste difficilement aux mots « vision » et « futur ». Je n’ai pas pu refuser. J’ai donc officiellement rejoint l’équipe de Knowledge Plaza sous le titre de Product Manager. Si Knowledge Plaza est un produit qui pourrait intéresser votre entreprise, n’hésitez pas à me contacter ou à demander une invitation pour rejoindre la Sphère, notre espace de test.

Mais si je tenais à partager ce nouveau cap avec vous, c’est parce qu’il illustre un principe qui m’est cher : ne cherchez pas à faire grandir une seule et unique opportunité particulière. Soyez actifs, faites ce que vous aimez et donnez de votre temps sans rien attendre en retour. Préparez un terrain fertile. Avec un peu de patience, les opportunités se présenteront d’elles-mêmes. Pas toujours de la manière dont vous les attendez mais toujours par deux.

Peut-être est-ce dans la surprise de l’inattendu et la difficulté du choix que se trouve tout le plaisir, vous ne trouvez pas ?

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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Le principe d’inefficacité maximale

dimanche 10 août 2014 à 18:43
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Dans cet article, je montre que l’objectif réel d’une société recherchant le plein emploi est de devenir le plus inefficace possible. Force est de constater que nous sommes sur la bonne voie.

Nous avons souvent tendance à considérer un individu ou un système comme stupide parce qu’il ne remplit pas les objectifs prévus, qu’il n’a pas les résultats escomptés. Or, dans l’immense majorité des cas, une recherche un peu plus approfondie démontrera qu’il n’en est rien. La majorité des humains et des systèmes fonctionnent très bien. C’est juste que nous nous méprenons souvent sur l’objectif réel.

L’exemple de la politique

L’exemple le plus typique est la politique. Les politiciens sont critiqués mais quel est leur seul et unique objectif ? Être réélu. Tout le reste n’est qu’accessoire, même s’ils s’en défendent en toute sincérité. Pourquoi un politicien ordonne-t-il la construction d’une crèche ? Afin de pouvoir poser dans le journal lors de l’inauguration et l’ajouter à son bilan lors de la prochaine élection. Une crèche de 5 enfants avec un bel article dans le journal est plus rentable qu’une crèche de 50 enfants dont personne ne parle. Au fond, tout nos impôts ne servent qu’à financer une gigantesque campagne électorale permanente.

Et lorsqu’on observe le peu de renouvellement parmi les politiciens et la capacité des vétérans à se faire réélire d’année en année, il faut se rendre à l’évidence. Le système est très efficace, l’objectif est atteint.

L’objectif de l’emploi

Un autre objectif qui est devenu central dans notre société est celui de l’emploi. Le rêve ultime ? L’utopique plein-emploi ! Il faut donc créer de l’emploi. Pour l’individu moyen, le but principal est désormais de trouver puis de conserver un emploi à tout prix. Et cet emploi est défini en nombre d’heures par semaine.

Malheureusement, tout travailleur sait que s’il fait bien son travail, il devient plus efficace. Avec l’expérience, il parvient à passer moins d’heures pour le même résultat. Pire, les innovations permettent de réduire voire de faire disparaître complètement le travail humain. Toute activité humaine efficace, tout progrès tend à vouloir faire disparaître le travail. En termes d’emploi, c’est inacceptable.

Heureusement, la société dans son ensemble a trouvé une parade : l’inefficacité et le rejet du progrès.

L’inefficacité du secteur public

Désormais, toute la société humaine est axée sur un objectif principal : maximiser l’inefficacité. Des procédures complexes, de l’administration et de la bureaucratie à outrance, des règlements abscons et absurdes. Tout est bon afin d’être le moins efficace possible.

Le secteur public est le pionnier incontesté de l’inefficacité maximale. À travers les arcanes de l’administration, les obscurs bureaux et cabinets, vous essaierez en vain de vous faire une image précise de ce que sont les différents impôts, les subsides, les abattements fiscaux, les aides, les taxes et de la manière dont tout cela fonctionne. Souvent, vous vous retrouverez entre deux administrations qui vous adresseront des recommandations contradictoires ou, pire, ne sauront même pas comment vous aider, démontrant par là l’incroyable absurdité de leur existence.

La raison est toute simple : au plus le secteur public est complexe, au plus il crée de l’emploi. Directement (les fonctionnaires) et indirectement (comptables, experts fiscaux, juristes, …).

Outre qu’il pourra s’enorgueillir d’avoir créé de l’emploi, le politicien un peu malin pourra même ajouter un peu de complexité grâce à un module ou une structure qui portera un nom particulier, si possible le sien ! Être créateur du plan Machin ou avoir une mesure à son nom, quelle aubaine avant la prochaine élection !

Et du secteur privé

On pourrait croire que, dans le secteur privé, la situation serait différente. Après tout, le but d’une entreprise n’est-il pas de gagner de l’argent ?

Malheureusement, ce n’est plus le cas. Le but d’une entreprise est devenu de… créer de l’emploi. Cet intérêt complètement artificiel pour une entreprise est créé de toutes pièces via tous les mécanismes d’aide à l’emploi. Pour une entreprise bien installée d’une taille déjà importante, il devient paradoxalement parfois plus rentable de créer de l’emploi artificiellement que d’essayer d’être efficace.

Au sein de l’entreprise, l’inefficacité est maximisée tous les jours grâce, une fois encore, à des procédures administratives internes lourdes et complexes. On observe également la mise en place de boucle fermées. Par exemple, un service comptabilité qui se consacre à un service achat qui se consacre à un service informatique qui, lui-même, se consacre aux deux services sus-cités (exemple vécu). La particularité d’une boucle fermée est que vous pouvez la supprimer complètement de l’entreprise sans que cela affecte le reste de l’entreprise. Mais cela crée de l’emploi.

Une autre manière de maximiser l’inefficacité est de refuser toute avancée technologique. Il m’arrive régulièrement de rencontrer des services entiers qui font un travail qui pourrait être fait par un simple logiciel. Des dizaines de personnes remplaçables par un logiciel existant et fonctionnel ! Et, vous vous en doutez, le logiciel est bien plus rapide, fiable et performant. Mais cela détruirait l’emploi. Alors ne parlons même pas de la robotisation

La création d’emploi permet également de bénéficier du soutien inconditionnel de l’état en cas de coup dur. Pour un politicien, avoir permis à l’entreprise X de passer de 1000 à 2000 employés est une victoire politique. Le même politicien pourra ensuite se vanter de sauver 2000 emplois lorsqu’il aidera l’entreprise qui est à présent en difficulté suite à son inefficacité.

Enfin, la création d’emploi est surtout devenu un moyen de pression et de chantage sur la société toute entière. Celui qui peut créer ou détruire des emplois d’un claquement de doigts, ce qui est encore plus facile avec des emplois inutiles, détient le pouvoir réel.

Bénéficiaires et victimes

Cette situation d’inefficacité maximale est souhaitable pour les politiciens, qui se font réélire car ils créent ou protègent l’emploi, et pour les patrons des grandes sociétés. Ceux-ci ne cherchent plus, à travers leurs entreprises, à créer de la valeur dont tirer les dividendes. Ils cherchent simplement à créer de l’emploi ou à faire semblant de le faire. La rémunération n’est plus tant sous forme de dividendes que sous forme de très hauts salaires, justifiés par la responsabilité d’avoir beaucoup d’employés. Salaires qui continuent à être payés par l’état une fois que l’entreprise va mal. Les hauts salaires permettent également aux politiciens de s’attribuer régulièrement des augmentations par simple comparaison avec leurs homologues du privé.

Les victimes sont bien entendus les petites structures, les entrepreneurs qui font face à une administration kafkaïenne qui tente de justifier son existence en compliquant la moindre démarche. Ainsi que la toute grande majorité des citoyens, forcée d’accepter des emplois absurdes et inutiles tout en finançant le système avec des impôts très lourds. Heureusement, chaque emploi pris individuellement ne semble pas inutile. Il s’inscrit dans le système et son absurdité n’est pas flagrante. Et puis l’emploi étant tellement essentiel à l’identité individuelle, chacun s’accrochera bec et ongles à son illusoire utilité.

En conclusion, on peut en déduire que toute société qui cherche à créer de l’emploi va tendre vers son inefficacité maximale. Les individus tendront vers la position la plus inutile. L’inefficacité étant génératrice d’inégalité, elle accentuera la fracture sociale.

Heureusement, personne n’osera jamais avouer son inutilité. Personne n’osera jamais reconnaître qu’il passe la moitié de sa vie à creuser des trous avant des les reboucher.

Ou peut-être est-ce dommage

 

Photo par GTPS.

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Printeurs 22

vendredi 8 août 2014 à 17:14
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Ceci est le billet 22 sur 24 dans la série Printeurs

Emportés dans le torrent impétueux de la vie, obnubilé par le présent, terrifié par le futur, nous en oublions parfois du prendre du recul, de savourer les moments de bonheur et les tournants inattendus que prend notre existence.

Par exemple se réveiller dans des draps doux et propres. Se faire apporter le petit déjeuner au lit par Georges Farreck. Le grand, l’unique Georges Farreck. Mater subrepticement le dessin de ses fesses à travers sa robe de chambre. Ajouter le piment de l’interdit en dégustant un croissant prohibé au beurre animal. Observer en silence les muscles saillants du cou de Georges se fondre avec le col en soie de son peignoir. Déguster. Profiter.

Alors, oui, Georges est peut-être un traître. Il est sans doute l’assassin d’Eva. Mais, sincèrement, aurais-je pu imaginer que Georges Farreck m’apporterait un jour le petit déjeuner au lit ? Que de chemin parcouru depuis cette désormais lointaine conférence où mon regard croisa celui d’Eva. Que de douleur et de sang. Eva. Max. Mais, en cet instant, en cette sublime seconde, peu me chaut. Je suis à moitié nu sur un lit avec Georges Farreck tandis que les miettes d’un croissant fondent sur ma langue.

— Alors Nellio, bien dormi ? Bien remis des émotions de hier soir ?
Georges me dégaine ce sourire irrésistible avec lequel il a bâtit sa carrière.
— J’avoue que je n’espérais pas te revoir, poursuit-il. J’étais réellement convaincu de ta mort.
— Ah ? fais-je tout en mastiquant soigneusement mon croissant.
— Il est vrai que l’on n’a pas retrouvé ton cadavre. Juste cette bille ensanglantée sur la nacelle. Et comme tu m’avais dit en rigolant que c’était ton porte-bonheur…

Je manque de m’étouffer et tousse bruyamment. Georges me tape amicalement dans le dos.
— De… Quoi ? Quelle nacelle ?
Georges paraît surpris.
— Et bien, celle du zeppelin bien entendu. L’enquête a déterminé que tu étais tombé dans le vide au cours d’une lutte avec un ouvrier temporaire, un ancien télé-pass en période de stage qui a lui aussi disparu. Ce que j’aimerais savoir c’est par quel miracle tu t’en es sorti vivant et pourquoi tu as attendu toutes ces semaines pour réapparaître. Et pourquoi es-tu retourné à proximité de notre ancien local ? Tu sais pourtant bien qu’il était grillé !
— Zeppelin ? Grillé ? Toutes ces… semaines ? Mais… quelle date sommes-nous ?
Malgré tout son talent, je perçois un net mouvement de recul chez Georges.
— Nellio ?
Sans qu’il n’aie esquissé le moindre mouvement, le moindre geste, la porte s’ouvre brutalement. Quatre hommes habillés de blanc se jette avec une rapidité effrayante sur moi et me maintienne au sol. Je sens une fine aiguille s’enfoncer dans la peau de mon bras.
— Excuse-moi Nellio, mais ton comportement est étrange. Je dois m’assurer que tu es bien celui que tu prétends être.
— Bien sûr que je suis Nellio ! Qui veux-tu que je sois ?
— Nellio, quel est ton dernier souvenir avec moi.
Je le regarde dans les yeux.
— Je suis dans ton appartement. Les policiers font irruption. Eva est tuée. Je saute par la fenêtre.
Georges ouvre la bouche, reste un instant interdit et se reprend.
— Continue Nellio. Raconte-moi !
— J’arrive au sol sans dommage grâce au câble d’évacuation. Je m’enfuis et je me cache dans notre local. Là…
J’hésite un instant. Puis-je révéler à Georges l’existence de la pièce secrète ?
— Continue ! m’encourage-t-il. Continue !
— Et bien, là, je… je fouille les décombres.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas trop pourquoi. Par désespoir peut-être. Bref, je m’approche d’une armoire en équilibre instable. Je sens un grand choc sur ma tête. Je ne sais pas combien de temps je suis assommé mais je me réveille. Je titube dehors et je suis arrêté par une patrouille de policiers.
— Tu parles de policiers. Quelques télé-pass à qui on donne une arme afin de calmer les autres. Quelle bande d’amateurs ! Mais au fait Nellio, tu n’as pas oublié un épisode ?
Je panique un instant. Georges serait-il au courant de l’existence de la pièce secrète ? Après tout, peut-être l’a-t-il lui-même installée !

D’un geste de la main, il me montre la bille blanche et noire.
— Je veux parler de ça. Et des vêtements que tu portais. Comment te les es-tu procuré ?
Je pousse un soupir.
— J’ai trouvé refuge provisoire chez une télé-pass. Mais c’est un détail.
— Son nom ?
— Isabelle. Mais pourquoi cet interrogatoire ? Et pourquoi suis-je maintenu de force par tes quatre cerbères ? Pourquoi sont-ils entrés ?
— Ils sont entrés car je les ai appelés.
De l’index, il me désigne son neurex avant de s’adresser à l’homme qui a enfoncé l’aiguille dans le pli de mon coude.
— ADN ?
— Identique monsieur. Aucune tentative de masquage ou d’altération.
— C’est bon, lâchez-le. C’est bien lui.
Aussi rapidement qu’ils étaient entrés, les hommes se retirent en silence. Tandis que je me masse les poignets et m’assieds sur le lit, Georges me regarde d’un air dubitatif.
— Je les ai appelé car j’ai eu un doute quand à ton identité réelle. Mets-toi à ma place. Un ami que je crois mort et disparu depuis plusieurs semaines fait une soudaine réapparition. Il agit bizarrement et ne semble pas se souvenir du dernier mois passé ensemble.
— Du… du dernier mois passé ensemble ?
Georges semble hésiter. Nerveusement, il frotte ses doigts sur ses lèvres. Je l’entends murmurer machinalement : « Amnésie, amnésie ». Il se tourne brusquement vers moi.
— Nellio, j’aimerais continuer avec toi le travail commencé. Mais tu dois me faire confiance.
— Mais… Mais je te fais confiance Georges.
— Non Nellio. Tu mens. Tu me crois responsable de la mort d’Eva. Je le sais. Je sais ce que tu penses. Je sais également que j’arriverai à te prouver mon innocence, à te convaincre de coopérer avec moi à un plan pour délivrer l’humanité toute entière. Mais cela va prendre du temps et, malheureusement, ce temps ne nous est plus imparti. Il faut accélérer. Il faut agir comme si je t’avais déjà convaincu.
— Mais comment peux-tu être aussi sûr ? bredouillé-je.
— Parce que, Nellio, il y a deux mois d’ici, nous avons eu exactement la même conversation.
— La même conversation ?
— Oui. Le lendemain de l’accident dans mon appartement, une patrouille de commissariat indépendant t’as trouvé au même endroit que hier, tenant le même discours et portant les même vêtements. Tu as passé la nuit dans cette même chambre. Chambre qui fût ensuite la tienne jusqu’à ta disparition.
— Il y a deux mois ? Mais… Mais ce n’est pas possible ! Tu inventes ! Tu essayes de me manipuler !
Georges se lève et dépose un petit objet dur entre mes mains.
— Réfléchis Nellio ! Réfléchis !

Par l’entrebâillement de la porte restée entrouverte, une forme rousse se glisse brusquement dans la chambre. En un éclair, la forme bondit et atterrit sur mes genoux où elle se met à ronronner en frottant son museau contre mon corps. George rigole.

— Si j’avais encore le moindre doute, le voilà levé. Guenièvre déteste les étrangers. Visiblement, tu n’en es pas un !

Tout en caressant l’énorme chat roux, je déplie les doigts et j’observe la bille que Georges vient d’y déposer. Une bille bicolore où le noir et le blanc se mélangent sans logique apparente.

 

Photo par Robyn Lee.

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Ce texte est publié par Lionel Dricot sous la licence CC-By BE.

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